4
outsiders du marché du travail)». Les emplois à
durée déterminée représentent désormais 40%
des emplois occupés par les jeunes dans l’UE.
Pour les villes européennes qui veulent
promouvoir des modes de croissance inclusifs,
se dessine ainsi en toile de fonds une pénurie
d’emplois, une distribution inégale de ces
emplois et une polarisation grandissante entre
les ‘insiders’ et les ‘outsiders’ du marché du
travail. De surcroît, le contexte
macroéconomique est devenu moins favorable.
Seulement six mois avant la rédaction de cet
article, le programme Urbact a publié un rapport
sur l’impact de la crise sur les villes européennes
et les réponses qu’elles peuvent tenter
d’apporterii. De nombreux exemples présentés
dans ce rapport s’inscrivaient dans le cadre de
dispositifs de relance destinés à éviter la crise.
Depuis, la pression exercée par les dettes
souveraines a modifié les priorités des
gouvernements, passant de la lutte contre le
chômage à la consolidation des dettes, ce qui a
ouvert la voie à un certain nombre de politiques
créant des contraintes et des risques majeurs
pour les villes en termes de croissance inclusive :
• De nombreux rapports pointent vers l’impact
négatif des mesures d’austérité mises en
œuvre dans des pays comme la Grèce,
l’Espagne, l’Irlande et le Royaume-Uni d’une
part sur les services publics essentiels et les
dispositifs d’aide et d’allocations, et d’autre
part sur l’augmentation du coût de la vie pour
les populations locales (loyers, énergie,
transport…). Des effets sur le marché du
travail sont également observés : disparition
de nombreux emplois dans le secteur public,
diminution des salaires et réduction des
investissements publics. Tout cela a pour
conséquence de déprimer encore davantage
la consommation domestique et de réduire le
marché pour les entreprises locales. En
théorie, ces mesures d’austérité doivent
permettre de restaurer la confiance et de
créer des conditions favorables pour que le
secteur privé remplace le secteur public sur
un certain nombre d’activités, mais même les
prévisions les plus optimistes ne s’attendent
pas à ce que cela arrive dans les deux ou
trois prochaines années.
• Etant donné l’état actuel du marché intérieur,
une grande importance est accordée à la
concurrence avec les économies émergentes
sur le marché mondial (on dit souvent qu’il
s’agit de protéger le modèle social
européen). Cependant, cette priorité donnée
au marché mondial met en péril l’objectif de
croissance inclusive pour les villes. Dans un
premier temps, cela crée une tendance à la
concentration des investissements et des
ressources dans les secteurs, emplois et
territoires les plus productifs, puisqu’ils sont
le plus susceptible d’être compétitifs sur le
marché mondial, avec les effets néfastes de
polarisation sociale et territoriale que cela
pourrait engendrer. Dans un second temps,
cette priorité donnée au marché mondial
incite à ne pas augmenter les salaires, pour
tous les travailleurs mais en particulier pour
les plus mal payés.
• L’initiative phare de l’Union européenne
«Une stratégie pour les nouvelles
compétences et les nouveaux emplois »iii met
en avant deux priorités d’intervention sur la
demande de travail pour : a) promouvoir la
création d’emploi et la demande de travail, et
b) améliorer la qualité des emplois et des
conditions de travail. Cependant, une
majorité des mesures prévues par cette
initiative phare, comme c’est le cas des
initiatives phares sur la jeunesse ou sur la
pauvretéiv, se concentrent sur des
interventions sur l’offre de travail, par le biais
de mesures visant à développer les