Les bases d’une croissance inclusive dans les villes européennes Paul Soto Responsable de pôle thématique Urbact 2 Parmi les trois objectifs de la stratégie de l’Union européenne pour la décennie à venir figure celui de « croissance inclusive ». Or, ces trois dernières années, les villes européennes ont dû faire face à un revirement violent de l’économie, passant d’un contexte de croissance à la récession, de la mise en œuvre de dispositifs de relance à une phase d’austérité et de rigueur. Trois ans, c’est également la durée d’un projet Urbact. Dans ce chapitre, nous nous intéressons à quatre d’entre eux (OPEN Cities, FIN-URB-ACT, Urban NOSE et WEED) qui se sont penchés sur différents moyens de faire émerger un mode de développement urbain plus inclusif. Nous ferons part des principaux enseignements issus de ces projets, en présentant des exemples d’actions concrètes pouvant être mises en œuvre par les villes dans l’optique de se rapprocher d’une croissance inclusive. Ce texte est la traduction de l’article « Laying the foundations for inclusive growth in European cities » publié dans la brochure Urbact results de décembre 2011. La croissance inclusive, c’est quoi ? devrait par conséquent contribuer à la création d’une société où tous les citoyens Diverses interprétations existent, et l’importance ont accès au marché du travail et bénéficient accordée à tel ou tel élément peut changer des subrepticement au fil du temps, avec des économique ». conséquences importantes sur les politiques l’économie et au marché du travail est clairement mises en œuvre et les conditions de vie des énoncée. populations. La politique économique actuelle de concentrons sur les projets Urbact qui se sont l’UE définit ce que constitue la croissance concentrés inclusive en affirmant que « les Etats membres reconnaissant que cet angle exclut la question de devraient garantir à tous les citoyens l’égalité la pauvreté et des inégalités dont souffrent les d’accès à l’économie. La croissance inclusive populations qui, pour diverses raisons, n’ont pas retombées Dans sur de la L’importance cet cette article, croissance de l’accès nous question, tout à nous en 3 la possibilité d’être présentes sur le marché du S’ajoutant à la pénurie d’emplois et à leur travail distribution inégale, la tendance actuelle est à la ou souffrent d’autres formes de discrimination. polarisation du marché du travail. Aux Etats-Unis et en Europe, la combinaison de nouvelles Même en se limitant à la problématique précise technologies, de l’égalité de l’accès au marché du travail, la concurrence possibilité d’atteindre une croissance inclusive disparition de nombreux emplois manuels ou non dans nos villes s’est sérieusement détériorée ces manuels moyennement qualifiés. Simultanément, trois dernières années. D’après Eurostat, le on assiste d’un côté à la multiplication des nombre de demandeurs d’emploi a augmenté emplois très bien payés occupés par une main- d’1,6 millions de personnes en 2010, atteignant d’œuvre 22,9 millions de personnes, soit 9,6% de la développement d’emplois précaires mal payés population active. Depuis le début de la crise, ce mais sont plus de 6,5 millions de personnes qui sont l’industrie du service à la personne. D’après le devenus chômeurs. On compte 11 chercheurs Centre européen pour le développement de la d’emploi pour chaque offre disponible, et plus de formation 40% des chercheurs d’emploi le sont depuis plus changements, structurels et autres, auxquels d’un an. nous assistons sont en passe de créer de des délocalisations mondiale semble qualifiées non et délocalisables, professionnelle de et de la à la mener l’autre notamment (Cedefop), au dans « les nombreux emplois hautement qualifiés et un La dure réalité est qu’il n’y a simplement pas nombre encore plus important d’emplois à l’autre suffisamment d’emplois pour l’ensemble de la extrémité du spectre, mal payés et précaires. population active, et tel un jeu de chaises Cela posera des problèmes majeurs pour les musicales, la baisse du chômage pour une décideurs qui se préoccupent des questions catégorie de la population (par exemple les d’équité et de cohésion sociale ». seniors) se traduit par une hausse pour d’autres (par exemple les jeunes, les migrants, les Ces changements dans la structure du marché femmes). Dans ce cadre, l’accessibilité au du travail se combinent à une autre tendance. marché d’inégalités D’après le dernier rapport de la Commission grandissantes. Les jeunes et les ressortissants européenne sur l’emploi en Europei , « les de pays extérieurs à l’UE sont sujets à des taux réformes du droit du travail réalisées au cours de de chômage qui atteignent le double de la la dernière décennie ont souvent été partielles ou moyenne communautaire, avec parfois des taux à deux vitesses… Elles ont d’abord permis la scandaleux comme celui de 2 jeunes chercheurs multiplication d’emplois de courte durée. Ensuite, d’emploi sur 5 en Espagne. Si le chômage des ces réformes ont engendré l’émergence de deux femmes a tendance à être légèrement inférieur à marchés du travail distincts, l’un pour les celui des hommes, c’est seulement parce qu’un employés permanents qui occupent des postes grand nombre d’entre elles ne sont pas sur le stables et ont des perspectives d’évolution de marché du travail. Quand elles le sont, elles carrière et de rémunérations (les insiders du continuent inégalités marché du travail) et l’autre pour les employés en significatives de salaires et à des dynamiques de contrats à durée déterminée, qui se retrouvent ségrégation. souvent du à travail faire se face teinte à des contraints à occuper des postes temporaires dans des conditions précaires (les 4 outsiders du marché du travail)». Les emplois à théorie, ces mesures d’austérité doivent durée déterminée représentent désormais 40% permettre de restaurer la confiance et de des emplois occupés par les jeunes dans l’UE. créer des conditions favorables pour que le secteur privé remplace le secteur public sur Pour les villes veulent un certain nombre d’activités, mais même les promouvoir des modes de croissance inclusifs, prévisions les plus optimistes ne s’attendent se dessine ainsi en toile de fonds une pénurie pas à ce que cela arrive dans les deux ou d’emplois, trois prochaines années. une européennes distribution qui inégale de ces emplois et une polarisation grandissante entre • Etant donné l’état actuel du marché intérieur, les ‘insiders’ et les ‘outsiders’ du marché du une grande importance est accordée à la travail. contexte concurrence avec les économies émergentes macroéconomique est devenu moins favorable. sur le marché mondial (on dit souvent qu’il Seulement six mois avant la rédaction de cet s’agit article, le programme Urbact a publié un rapport européen). Cependant, cette priorité donnée sur l’impact de la crise sur les villes européennes au marché mondial met en péril l’objectif de et tenter croissance inclusive pour les villes. Dans un d’apporter . De nombreux exemples présentés premier temps, cela crée une tendance à la dans ce rapport s’inscrivaient dans le cadre de concentration des investissements et des dispositifs de relance destinés à éviter la crise. ressources dans les secteurs, emplois et Depuis, la pression exercée par les dettes territoires les plus productifs, puisqu’ils sont souveraines des le plus susceptible d’être compétitifs sur le gouvernements, passant de la lutte contre le marché mondial, avec les effets néfastes de chômage à la consolidation des dettes, ce qui a polarisation sociale et territoriale que cela ouvert la voie à un certain nombre de politiques pourrait engendrer. Dans un second temps, créant des contraintes et des risques majeurs cette priorité donnée au marché mondial pour les villes en termes de croissance inclusive : incite à ne pas augmenter les salaires, pour • De nombreux rapports pointent vers l’impact tous les travailleurs mais en particulier pour négatif des mesures d’austérité mises en les plus mal payés. les De surcroît, réponses le qu’elles peuvent ii a modifié les priorités œuvre dans des pays comme la Grèce, • de protéger le modèle social L’initiative phare de l’Union européenne l’Espagne, l’Irlande et le Royaume-Uni d’une «Une part sur les services publics essentiels et les compétences et les nouveaux emplois »iii met dispositifs d’aide et d’allocations, et d’autre en avant deux priorités d’intervention sur la part sur l’augmentation du coût de la vie pour demande de travail pour : a) promouvoir la les populations locales (loyers, énergie, création d’emploi et la demande de travail, et transport…). Des effets sur le marché du b) améliorer la qualité des emplois et des travail sont également observés : disparition conditions de nombreux emplois dans le secteur public, majorité des mesures prévues par cette diminution des salaires et réduction des initiative phare, comme c’est le cas des investissements publics. Tout cela a pour initiatives phares sur la jeunesse ou sur la conséquence de déprimer encore davantage pauvretéiv, la consommation domestique et de réduire le interventions sur l’offre de travail, par le biais marché pour les entreprises locales. En de stratégie de mesures se pour travail. les Cependant, concentrent visant nouvelles à sur développer une des les compétences de la main-d’oeuvre. Cependant, si ces mesures sur l’offre de 5 les discours et mettre en œuvre des modes de développement plus inclusif. travail ne s’accompagnent pas de mesures pour augmenter la demande, le résultat ne peut être qu’un déplacement du chômage Sur quoi les travaux d’Urbact sur la croissance inclusive ont-ils porté ? entre diverses catégories de la population. • Dans cette optique, les mesures visant à Dans cet article, nous tirons les enseignements repousser l’âge de la retraite agissent des travaux de quatre projets Urbact centrés sur clairement contre les objectifs de réduction le thème de la croissance inclusive dans les du chômage des jeunes et d’augmentation villes. Tous ont terminés leur cycle de travail et du taux d’activité des femmes. d’échange au cours du premier semestre 2011. La méthode privilégiée pour dynamiser le marché du travail est de renforcer la Deux des quatre projets se sont penchés sur les « flexicurité ». Dans sa version originale, étapes à franchir pour stimuler la demande de développée dans les pays nordiques, la travail. Bien que le projet FIN-URB-ACT ne se méthode implique de développer la flexibilité soit pas concentré en premier lieu sur les du travail en échange d’allocations chômage questions d’emploi et de marché du travail, il plus généreuses et de mesures de soutien à formule des propositions réalistes visant à la recherche d’emploi plus développées. améliorer la coordination entre les villes ou leurs Cependant, les mesures d’austérité signifient organismes souvent une diminution ou un gel des gouvernement, dans l’optique de mieux soutenir allocations chômage et des ressources le développement des entreprises high-tech et recherche des très petites entreprises ou projets. Le projet d’emploi. Dans ce contexte, le risque est bien Urban N.O.S.E va encore plus loin en se de voir la flexicurité se transformer en simple demandant comment les villes peuvent soutenir flexibilité, renforçant ainsi la multiplication les entreprises de l’économie sociale et solidaire, des emplois précaires mal rémunérés et la qui créent des emplois pour les populations polarisation du marché du travail. défavorisées dans des secteurs qui répondent à disponibles pour soutenir la et les autres niveaux de une demande sociale et environnementale. Dans un contexte aussi délicat, il est évident que les villes seules ne peuvent pas trouver des Bien qu’ils abordent aussi la question de la solutions miracles. Leur marge de manœuvre est demande, deux autres projets Urbact se sont limitée. Elles doivent souvent nager dans le sens concentrés davantage sur l’offre de travail, et du courant tout en essayant d’orienter leur particulièrement sur les bénéfices que les villes développement dans la direction souhaitée. En peuvent tirer de l’intégration sur le marché du conséquence, projets travail de deux catégories de la population qui explorés par les projets des villes Urbact sont de sont souvent considérés comme des populations manière générale plutôt modestes au regard des à problèmes. Le projet WEED a ainsi exploré les défis auxquels elles font face. Cependant, ils manières de mobiliser les femmes dans les apportent des exemples concrets d’actions que économies les villes peuvent mettre en œuvre pour dépasser participation à l’économie jouait un rôle majeur les politiques et les locales, montrant que leur pour le développement durable des villes. Le 6 projet OPEN Cities a examiné comment créer un recommandations sur les conditions de la environnement créatif et hétérogène pour attirer croissance de start-up et d’entreprises émanant et retenir les migrants, qui constituent un réel de leur travail, notamment sur le cas des très réservoir de talents. petites entreprises, ont toute leur place au sein de réflexions sur la croissance inclusive. Le projet ESIMEC poursuit le travail sur la demande de travail en se demandant comment Une des contributions de Fin-Urb-Act est la les villes peuvent tisser des liens avec les reconnaissance du manque d’expérience des employeurs pour sortir de la crise en ayant créé personnels politiques et administratifs des villes des emplois durables. Ce projet ayant seulement concernant le monde de l’entreprise, ce qui peut débuté au cours de l’été 2010, il est trop tôt pour entraîner la mise en place de structures de en analyser les résultats. soutien bien intentionnées mais peu adaptées aux besoins réels des entreprises locales. Le Tous les projets mentionnés ci-dessus ont en projet a dégagé des recommandations concrètes commun de traiter la question des avantages visant à aider les villes à clarifier le rôle qu’elle économiques liés à l’inclusion sociale : comment peuvent jouer pour faciliter la création de l’inclusion sociale peut faciliter le développement conditions favorables pour la croissance des économique la entreprises. Certaines de ces recommandations croissance économique peut créer une société coïncident d’ailleurs avec celles d’autres projets plus inclusive. D’autres projets se concentrent Urbact. et, à l’inverse, comment sur l’inclusion active de groupes cibles, comme MILE avec les migrants, MyGeneration avec les La première recommandation est que les jeunes, Active AGE avec les seniors et Roma- villes se doivent d’avoir une vue d’ensemble Net avec les Roms. des besoins des entreprises locales et des services disponibles. Cela peut paraître évident, mais ce n’est pas toujours le cas. A cette Comment les villes peuvent-elles stimuler la création d’emplois ? fin, le projet Fin-Urb-Act a mis en œuvre avec succès une méthodologie développée par la DG Fin-Urb-Act s’est demandé comment les villes Entreprise de la Commission européenne visant pouvaient créer des structures efficaces de d’une part à cartographier l’offre et la demande soutien au développement des PME et à en l’innovation. Les villes participantes affirment que entreprises et d’autre part à identifier les des structures de soutien bien organisées sont manques et les duplications. Cette méthodologie essentielles pour le développement des start-up a été mise à l’épreuve par sept villes participant et des entreprises en général. Le projet s’est en au projet. Elle a permis d’apporter les éléments grande de connaissances nécessaires à l’élaboration partie concentré sur deux types d’entreprises, les entreprises innovantes et high- termes de dispositifs de soutien aux des plans d’action locaux. tech d’un côté, et les très petites entreprises et projets de l’autre. Par conséquent, bien que les Cette approche coïncide avec celle des réseaux 10 villes participantes au projet Fin-Urb-Act financés par le FSE, tels COPIEv, qui ont n’aient pas centré leurs travaux sur la création également développé un outil d’évaluation de d’emploi l’environnement des entreprises et des services ou le marché du travail, les 7 de soutien qui leur sont disponibles, au regard peuvent bénéficier d’économies d’échelle. Par des besoins des entrepreneurs de divers groupes exemple, Leipzig a pris l’initiative de créer un cibles. D’autres projets Urbact mentionnés ci- fond de microcrédits et Gijón et Edimbourg ont dessous joué un rôle clé dans la création de nouveaux suggèrent d’effectuer des des outils exercices des permettant cartographie fonds d’investissements. nécessaires à la conception d’actions réalistes qui pouvent être mises en œuvre localement (par Troisièmement, la ville de Linz a développé exemple, la boîte à outils d’évaluation des une cartographie des acteurs du service aux inégalités hommes-femmes de WEED et l’indice entreprises. La ville a consolidé les informations d’ouverture des villes à la migration développé obtenues grâce à un échange approfondi avec par OpenCities). les parties prenantes, ce qui a également eu pour effet de transformer l’esprit de concurrence en des alliances stratégiques. Cette même méthodologie travaux d’Urbact est que les villes ont un rôle a été mise en œuvre avec succès à Aveiro, très important à jouer en tant que point de menant à un consensus entre les différents types coordination des services aux entreprises et d’acteurs qui apportent un soutien, financier ou pour faciliter la création d’un environnement non, aux entreprises. La seconde propice aux recommandation activités issue économiques. Par exemple, Rome a produit un plan d’action Quatrièmement, un consensus émerge quant coordonné à destination des jeunes entreprises, à l’importance des guichets uniques pour Aveiro et Galati ont développé des dispositifs complets de soutien aux entreprises et Gliwice a conçu un portail d’information sur les mesures disponibles au niveau local. Les villes peuvent également prendre l’initiative de créer de Durant les travaux du projet Fin-Urb-Act, Edimbourg, l’une des villes partenaires, a créé un fond d’investissement local pour les jeunes entreprises dotées de propositions économiquement viables mais ayant des difficultés à obtenir des financements par les voies habituelles. Le but de ce fond était de créer et maintenir des emplois dans des start-up ou des entreprises en expansion par l’attribution de prêts allant jusqu’à 50 000 euros. L’autorité de gestion des fonds européens a réalisé qu’un tel fond serait plus efficace s’il dépassait une certaine masse critique. Le fond a donc été élargi pour couvrir les municipalités voisines dans l’est de l’Ecosse, en s’appuyant sur l’expérience de gestion du West of Scotland Loan Fund. Le nouveau fond, qui s’élève à 5 millions de livres (East of Scotland Loan Fund), obtient son financement de trois contributeurs – 2 millions de livres sont apportées par le Feder, 1,8 million par des partenaires municipaux et 1,8 millions par des banques locales. Le contrat de gestion signé avec le fond de l’Ouest de l’Ecosse permettra de diminuer les frais généraux, de bénéficier de son expertise financière et d’encourager la collaboration au sein d’un bassin d’emploi élargi. 1 nouveaux services Les villes comme point de coordination des services aux entreprises fournis par des tiers qui bénéficient de davantage d’expérience et Linz , autre ville partenaire du projet Fin-Urb-Act, a mis en place un fond de microcrédits. La ville s’est appuyée sur un dispositif financier existant, mis en oeuvre par la banque publique allemande KfW au niveau national avec le soutien du Fond Social Européen. Le partenariat a permis d’augmenter l’effet de levier, puisque la contribution apportée par la ville a été égalée par celle d’une banque d’épargne locale et ce capital local a été multiplié par 5 par la contribution de la KfW. 8 coordonner et simplifier les procédures de Reims sont des exemples positifs de la mise en création d’entreprise, mais les villes Fin-Urb- œuvre de cette approche. Les groupes de Act pensent que cette approche doit être soutien local ont également été un outil décisif prolongée au-delà de la phase de création pour la participation des différentes parties d’entreprises prenantes. phases pour de les accompagner consolidation et en de développement. Ces services sont souvent Enfin, les villes partenaires insistent sur la disponibles au sein de lieux tels que les place des universités, qui constituent non incubateurs mais l’important seulement des partenaires clés pour la n’est pas tant de concentrer les services au sein diffusion de l’innovation, mais aussi pour d’un même lieu que d’en assurer la continuité l’apprentissage tout au long du cycle de vie de l’entreprise. Les nécessaires villes d’Aveiro, Edimbourg, Galati, Gliwice, Linz et partenaires d’Aveiro, Galati, Gliwice, Maribor, d’entreprises, à des compétences l’entreprenariat. Linz Incubateurs et systèmes intégrés de soutien aux entreprises La ville d’Aveiro a profité de l’élaboration d’un plan d'action local dans le cadre de sa participation au projet Fin-Urb-Act pour concevoir un dispositif de soutien approfondi aux entreprises, dénommé « Aveiro Entrepreneurial », constitué de cinq axes stratégiques : incubation, soutien aux PME, développement de l’esprit d’entreprise dans les écoles, et communication et culture de l’entrepreneuriat. Dans le domaine de l’incubation, la ville s’est dotée de trois espaces de travail situés à proximité de l’université, où des salles de réunion, un secrétariat et des outils de télécommunications sont mis à disposition des entrepreneurs. Les incubateurs proposent des services ciblés sur les besoins des entreprises à différentes étapes de leur développement. Plus de 100 personnes sont actuellement employées par les entreprises utilisant les incubateurs. Les villes et Reims apportent des éléments de réponse pour mieux développer cet aspect. Un deuxième Urban projet, NOSE, s’est intéressé au rôle que les incubateurs peuvent jouer dans les villes. Les villes partenaires se Pour la phase initiale de création d’entreprise, les incubateurs apportent une assistance au développement d’un business plan et des formations à destination des entrepreneurs. Dans le cadre du plan d’action local, l’Ecole de marketing (IPAM) a créé un programme dénommé Bizness Preview qui réunit des acteurs expérimentés du milieu de l’entreprises et des universités jouant le rôle de mentors et de coachs pour aider les jeunes entreprises à éviter les écueils. penchées sur Pour la deuxième phase du cycle de vie d’une entreprise, les incubateurs apportent non seulement de l’espace mais aussi une assistance sur des sujets tels que la recherche de financements et le marketing. La ville a par ailleurs investi 50 000 euros dans un nouveau fond d’investissement (Aveiro Investment Fund, ou FICA). emplois non seulement Pour la troisième phase, les incubateurs continuent à apporter un soutien à la consolidation et au développement des entreprises sous le forme d’assistance au suivi des processus de gestion, au marketing et au networking. Les entreprises peuvent bénéficier des services de l’incubateur pour une durée total de trois ans, avec un loyer progressif (augmentation de 25% par an). l’environnement En plus d’apporter des actions complémentaires dans chacun de ses cinq domaines stratégiques, le plan d’action local d’Aveiro réunit les acteurs au sein d’un site web intégré. Cela a permis d’obtenir 1,2 millions d’euros de propositions de financement, dont 800 000 du Feder. difficulté et/ou éloignés manière dont sont la les incubateurs d’entreprises peuvent sociales créer des viables économiquement mais aussi respectueux de inclusifs, et c’est-à-dire qui créent des emplois pour des publics en de l’emploi. 9 Comme Fin-Urb-Act, Urban NOSE insiste sur exemple, le Centre basque pour l’innovation, l’importance d’élargir le concept d’incubateur au- l’entrepreneuriat et la création d’entreprises, a delà de la simple provision d’un espace de obtenu une subvention de 3 millions d’euros du travail. Le projet a exploré les possibilités de faire Feder, et d’un montant équivalent de la région, des incubateurs des hubs, ou plateformes, pour pour la création d’un parc pour l’innovation cartographier et sociale en périphérie de Bilbao. Le parc sera environnementaux des villes et formuler des constitué de start-up, d’autorités nationales et stratégies de mobilisation des acteurs publics, régionales et d’organisations caritatives. Une privés et associatifs en vue de faire ressortir des école de l’innovation sociale répondra aux projets économiques permettant de pourvoir à besoins en recherche et développement. Le ces centre accueillera également un « générateur les besoins. besoins Par exemple, sociaux des modèles économiques combinant des financements publics et privés avec du volontariat peuvent constituer des réponses innovantes à la réduction du financement public. Pour créer des conditions favorables au développement d’entreprises sociales telles que Big Lemon, Urban NOSE recommande d’inclure incubateurs L’économie sociale et solidaire pour créer des services de qualité et des emplois locaux les d’entreprises sociales dans la stratégie de Brighton and Hove, l’une des villes partenaires du projet Urban NOSE, compte approximativement 110 entreprises dans le secteur de l’économie sociale et solidaire qui emploient environ 1 300 personnes dans différents domaines. The Big Lemon Community Interest Company1 est un excellent exemple du rôle que les entreprises sociales peuvent jouer dans une économie inclusive. L’entreprise a commencé son activité en 2007, juste avant le lancement du projet Urban NOSE. Elle fournit des services de transports locaux respectueux de l’environnement et à prix raisonnable (transports en commun, location de bus et de car, bus scolaire, services de cars pour des festivals et un service de collecte des huiles usées). L’entreprise assure le service de deux lignes de bus qui couvrent cinq villes différentes avec sept véhicules. provision de services publics et d’adapter les règles de marchés publics en conséquence. De même, les villes devraient penser à faire participer tous les acteurs qui interviennent aux différentes étapes des « chaînes d’approvisionnement sociales », utilisant incubateurs clés les comme pour points développer des approches intégrées. D’autres villes d’approfondir ont les décidé concepts mis en oeuvre par Urban NOSE. Denokinn par Ce qui distingue ce service, c’est que tous les véhicules utilisent de l’huile de cuisine recyclée, collectée auprès de restaurants locaux et purifiée par Big Lemon. L’entreprise a également créé un modèle économique nouveau basé sur le concept de ‘club’, où les membres paient un droit d’inscription et en retour ont la possibilité de participer à la gestion du service et bénéficient de voyages gratuits illimités. L’entreprise est autonome et le chiffre d’affaires a augmenté de manière continue, de 100 000 livres en 2008, la première année d’exploitation, jusqu’à 600 000 livres en 2010. Elle emploie 20 personnes, dont la moitié à temps complet, et compte 7 bénévoles. Big Lemon estime que son service réduit la pollution de 55% par rapport aux bus traditionnels. Le service est également moins cher (1,5£ pour un aller-retour et 2,5£ la journée, comparé à 2£ et 3,70£ avec les entreprises traditionnelles). Enfin, l’implication de la population locale dans l’entreprise signifie que le service peut être adapté aux besoins de différentes catégories d’usagers et s’accompagne d’actions de sensibilisation des enfants et de la population locale à l’importance d’un transport respectueux de l’environnement. L’entreprise a remporté le premier prix du concours « ethiconomy » pour les entreprises sociales créées dans les villes partenaires du projet Urban NOSE. d’entreprises 10 sociales » permettant aux de l’économie sociale et solidaire. C’est ce qu’a entrepreneurs d’être couverts par la sécurité fait Nantes en introduisant des clauses sociales sociale. dans ses marchés publics depuis une quinzaine d’années. Pour que les petites initiatives réussies Les partenaires du projet Urban NOSE ont prennent de l’ampleur, il est également important travaillé sur des mesures concrètes qui peuvent de concevoir des dispositifs de financements être mises en place dans des contextes variés. flexibles Les travaux ont abouti à l’élaboration de lignes entreprises à différentes étapes de leur cycle de directrices à destination de deux publics cibles, vie. pour répondre aux besoins des les décideurs et les acteurs de l’économie sociale et solidaire. L’enseignement principal est la Malgré cela, les partenaires d’Urban NOSE nécessité d’analyser tant les opportunités que les reconnaissent que les entreprises sociales ont barrières à la provision de biens et de services clairement besoin de formation pour développer par des entreprises sociales dans les villes. Il leurs compétences dans certains domaines, s’agit également d’adapter les règlements qui notamment dans la gestion et l’utilisation d’outils régissent la provision de services aux contraintes administratifs et financiers, le partenariat entre l’économie sociale et le secteur privé (et pas seulement le secteur public), les règles de Incubateurs sociaux et systèmes de soutien à l’économie sociale La ville de Grenoble a mis en avant deux initiatives clés pour le soutien à l’économie sociale. La première est un ensemble d’espaces de travail pour les jeunes entreprises sociales, gérés par la Pousada, une association à but non lucratif. Comme dans les exemples précédents, les entreprises locataires bénéficient d’équipements partagés et de conseils, en échange d’un loyer peu élevé pendant une période initiale. La seconde initiative, également gérée par une association non lucrative appelée Métro Création d’Activités Economiques (MCAE), est centrée sur le soutien personnalisé et l’assistance financière plutôt que la provision de locaux. Les projets sont évalués par un comité local, composé de bénévoles issus du monde des affaires (directeurs de banque, comptables, hommes ou femmes d’affaires et conseillers en affaires), qui conçoit un dispositif de soutien adapté à chaque cas. Cela peut prendre la forme de conseil, coaching, aide à la recherche de financement et parfois soutien financier à échelle réduite. Depuis sa création 12 ans auparavant, MCAE a aidé 500 start-up à démarrer, créant ainsi plus de 1 000 emplois. Environ 200 projets concernaient des entreprises sociales. concurrence et le networking. Comment les villes peuvent-elles assurer l’égalité d’accès au marché du travail ? Deux autres projets Urbact se sont concentrés sur la question de l’intégration sur le marché du travail de certains groupes, souvent considérés comme des populations à problème, en insistant sur le potentiel économique qu’ils représentent. Dans le cas des femmes, le projet WEED a souligné l’urgence d’intervenir en période de crise malgré les difficultés accrues que cela représente. De nombreux emplois ont été supprimés dans toutes les villes et les travailleurs les plus vulnérables, en particulier les femmes, ont été sévèrement touchés. A Celje, en Slovénie, par exemple, la situation s’est particulièrement détériorée pour les travailleurs au salaire minimum, qui sont en majorité des femmes. A augmentation Amiens, de la en France, demande une d’assistance 11 alimentaire de la part des familles a montré que pratiques aux contraintes familiales et à s’assurer les que les formations et les entreprises oeuvrent femmes subissaient fortement les conséquences de la crise. dans le sens d’une ouverture des métiers traditionnellement féminins ou masculins à l’autre Le projet WEED s’est concentré d’une part sur la sexe. stimulation de la demande de travail, visant à augmenter le nombre d’emplois disponibles pour Enfin, la participation des femmes aux postes les femmes par le biais de mesures de soutien à exécutifs de l’économie de la connaissance peut l’entrepreneuriat des femmes, et d’autre part sur être améliorée dans un premier temps en faisant l’offre de travail, par des mesures visant à réduire de cet objectif une priorité pour des actions de la ségrégation hommes-femmes et améliorer partenariat entre les municipalités l’accès universités, dans un deuxième des femmes à l’économie de la connaissance. et les temps en assurant un travail de proximité à partir des pôles de connaissance à destination des femmes et en Par ailleurs, les enseignements tirés des projets leur Fin-Urb-Act et Urban NOSE sur l’entrepreneuriat contraintes familiales, et dans un troisième sont tout à fait valables pour stimuler l’emploi des temps, en créant des conditions de travail plus dédiant des formations adaptées aux femmes. Le projet WEED insiste notamment sur le rôle que l’économie sociale et solidaire, sujet de travail du projet Urban NOSE, peut jouer pour fournir des services à la personne qui créent de Les entreprises sociales, créatrices d’emplois et de services pour les femmes l’emploi pour des femmes tout en permettant à d’autres de travailler. En sus d’un soutien global à l’entrepreneuriat sous ses différentes formes (sociales et autres), le projet WEED recommande la mise en place de trois mesures spécifiques à destination des femmes : • organiser des interventions très tôt dans les écoles pour défaire les conceptions genrées des métiers, • créer des services d’accompagnement spécifiques pour les femmes tels que les mentors féminins, • faciliter l’accès des femmes aux microcrédits. Concernant l’amélioration de la qualité des emplois exercés par les femmes et la réduction de la ségrégation sur le marché du travail, le projet a apporté des exemples concrets visant à encourager les employeurs à adapter leurs Les partenaires du projet WEED se sont notamment penchés sur le cas de PAN1, une initiative soutenue par les trois associations les plus importantes du secteur de l’économie sociale et solidaire en Italie (CGM, FIS et DROM of LegaCoop), qui représentent plus de 70% des entreprises sociales du pays, regroupant environ 130 000 employés et près de 3 milliards d’euros de chiffres d’affaires. PAN offre essentiellement une assistance à la planification et à la création d’entreprise aux organisations et personnes intéressées par l’établissement de nouveaux services pour la petite enfance sous la forme d’entreprises sociales. L’initiative met également à disposition des outils financiers conçus pour aider à la décision. Les entreprises remplissant un certain nombre de critères de qualité font l’objet d’une certification, et PAN organise des formations visant à aider les entreprises à se mettre à niveau. En quatre ans, 140 structures d’accueil de la petite enfance ont été construites (4 311 places), créant ainsi 943 emplois, ce qui fait de PAN le réseau de services d’accueil de la petite enfance le plus important d’Italie. 1 CASA (Care and Share Associates) au RoyaumeUni, fournit un exemple de développement des entreprises sociales dans le domaine du service à domicile par le système de franchise sociale. Cette initiative compte cinq antennes locales qui emploient chacune environ 40 personnes, en majorité des f 12 favorables pour les femmes et les familles dans locaux. Il faut rappeler le rôle que les villes les métiers scientifiques. Ces éléments montrent, peuvent jouer en identifiant les besoins sociaux, en outre, l’importance d’une coopération étroite en stimulant l’entrepreneuriat, notamment social, entre les municipalités, les universités, les écoles pour fournir des biens et services répondant à et ces besoins, et en encourageant les femmes à établissements de formation et les employeurs. occuper les postes ainsi créés. Les partenaires du projet WEED ont tenté de Le projet Open Cities s’est concentré sur les regrouper ces questions en un ensemble intégré migrants, une autre catégorie de la population et cohérent en élaborant des plans d’action parfois soumise à la discrimination sur le marché du travail, ce qui implique la sous-utilisation de Le plan d’action local pour l’égalité hommes-femmes, Celje, Slovénie ses ressources. Les partenaires d’Open Cities avancent que la mixité, tant ethnique que religieuse, devient progressivement la norme dans la plupart des villes européennes, les Le groupe d’action locale de Celje est composé de membres des services sociaux locaux, du service municipal en charge de l’emploi, de la chambre de commerce et d’ONG. Le plan d’action local qu’ils ont construit ensemble se concentre d’une part sur l’égalité des hommes et des femmes face à l’emploi et l’entrepreneuriat, d’autre part sur l’amélioration des conditions de vie des familles dans un contexte de mutations démographique et économique. Le plan d’action local a pour objectif de réduire l’écart qui existe entre les besoins des familles et la capacité du secteur public à y répondre, un écart qui s’est agrandi avec la crise économique et les différents changements auxquelles sont sujettes les structures familiales traditionnelles. rapprochant de villes telles que New York où environ 37% de la population, soit 3 millions de personnes, sont nées à l’étranger. L’arrivée d’un grand nombre de nouveaux habitants crée des opportunités l’innovation et le développement culturel tout en présentant un défi réel pour la stabilité et la cohésion sociale. Dans ce contexte, Open Cities s’est donné pour objectif d’ « identifier ce qui rend une ville attirante pour les populations internationales et d’élaborer Partant d’un état des lieux donnant une vue d’ensemble des familles et des femmes à la recherche d’emploi d’un côté, et des services sociaux, formations et autres ressources disponibles localement de l’autre, le groupe d’action locale a élaboré une proposition de projet pour un Centre d’information, de conseil et d’éducation. Il s’agissait d’avoir une vision objective tant qualitative que quantitative des services existants et de présenter l’ébauche d’un nouveau programme d’éducation visant à aider personnes actives à apporte un soutien aux personnes âgées et aux familles en période de crise. Le programme comprend le recrutement et la formation de femmes à la recherche d’emploi, ainsi que l’établissement d’un registre avec les noms des chercheurs d’emplois ayant suivi la formation et un programme de formation à destination de ceux qui voudraient s’installer à leur compte. A la fin du projet WEED, 300 000 euros avaient été obtenus de la part du Fond social européen pour ce projet. pour des stratégies d’intégration économique et sociale pour aider les villes à attirer et retenir les populations internationales dans l’optique de contribuer à la compétitivité de la ville ». Un élément clé de réussite du projet était de réunir des villes situées à l’origine et à l’arrivée des flux migratoires, celles qui attirent un grand nombre de migrants et celles qui sont victimes d’une fuite de leurs entrepreneurs. Les villes partenaires ont vu leur situation se détériorer à cause de la crise, qui a « causé un changement de paradigme, modifiant simultanément les priorités des administrations, le discours politique général et les inquiétudes des populations ». Face à ce « nouveau climat de récession, de peur et d’insécurité », Open Cities a tenu à 13 défendre l’idée que les villes « devaient absolument s’ouvrir à différents types et niveaux de compétences afin de sortir de la crise ». Le programme “Start Wien” pour l’intégration des migrants, municipalité de Vienne • Les villes se sont penchées sur les réponses mises en œuvre par des villes en Europe et dans • • le reste du monde aux défis que pose l’accueil des migrants dans trois domaines : leadership et gouvernance, internationalisation, intégration et inclusion. Compte tenu de l’évolution de la crise et de la situation des villes partenaires, le thème de l’intégration a fait l’objet d’échanges plus fournis que les deux autres thèmes, sur la base d’études de cas fournies par les villes partenaires. La question de l’intégration faisant • • • • partie intégrante de la croissance inclusive, il est tout à fait utile de se pencher sur les exemples concrets de mesures et dispositifs mis en œuvre • Mesures d’accueil et d’information, y compris un rendez-vous d’orientation en langue maternelle centré sur le marché du travail ; Coaching ; Livret ‘éducation’ indiquant les informations sur les cours de langues, les événements d’information, les programmes d’éducation et de formation à destination des migrants, accompagné d’un bon d’une valeur de 300€ pour des classes d’allemand ; Conseils d’orientation pour les nouveaux arrivants, en différentes langues ; Informations et conseil pour la reconnaissance des qualifications étrangères ; Modules de conseil sur le renouvellement des permis de résidence, la nationalité… Opération “Living together” – mise en contact d’un nouvel arrivant avec un immigrant qui vit à Vienne depuis longtemps ; Recours au soin : conseil et information en différentes langues sur les services publics, les assurances, les parcours de santé, etc. par les villes pour promouvoir l’intégration des migrants dans un contexte difficile. réponses flexibles et individualisées basées sur le dialogue interculturel, en évitant à tout prix de Notons l’exemple particulièrement marquant du programme « Start Wien », mené par la Ville de Vienne. Il est fondé sur l’analyse systématique des obstacles qui empêchent les migrants de participer pleinement à la vie de la ville (travail, éducation, santé, vie culturelle et sociale…) et présente un ensemble intégré d’actions pour y remédier. Parmi les considérer que les migrants sont une catégorie homogène. Un autre enseignement à noter, faisant écho aux recommandations issues du travail d’autres projets mentionnés dans cet article, est l’importance d’actions tant sur l’offre de travail que sur la demande, c’est-à-dire autant avec les migrants qu’avec les employeurs. L’exemple de la Ville de Belfast illustre ce point. enseignements issus de cette expérience figure le besoin de mettre l’individu au centre de la politique municipale et de fournir des 14 Enfin, les partenaires insistent sur l’importance clair que la croissance inclusive est un puzzle de la mise en place de mécanismes permettant composé de nombreux éléments qui peuvent être aux initiatives réussies de prendre de l’ampleur, assemblés de manières différentes. Les projets en leur accordant une certaine notoriété et la mentionnés approchent la question par quatre masse critique nécessaire pour les appliquer aux points d’entrée différents – du point de vue des agglomérations dans leur ensemble. femmes, des migrants, du soutien aux PME ou de Programme Allstate Northern Ireland pour la diversité et l’égalité l’économie sociale et solidaire. Ils ne prétendent pas à l’exhaustivité, mais apportent des conclusions préliminaires quant aux solutions qui peuvent être mises en place. Allstate Northern Ireland est une filiale du géant des assurances américain Allstate. La filiale emploie plus de 1 500 personnes en Irlande du Nord dans les services de développement de softwares et les solutions d’externalisation des processus industriels. Un important facteur de succès expliquant la croissance sans précédent de la filiale en Irlande du Nord est sa capacité à attirer, retenir et former une main-d’œuvre hétérogène. Elle a mis en place une série d’outils et de techniques visant à maintenir un environnement de travail diversifié qui réponde aux besoins des travailleurs immigrés, encourage la diversité hommes-femmes et offre des opportunités de travail pour les travailleurs handicapés. Allstate NI est parti du constat que les travailleurs étrangers nouvellement recrutés avaient des difficultés à s’intégrer aux équipes de travail, ce qui les incitait à se regrouper en fonction de leur langue maternelle, réduisant ainsi leurs capacités de communication et leurs opportunités de carrière. 1. Premièrement, les villes ont une position privilégiée qui leur permet de comprendre les barrières et les opportunités pour que le développement économique puissent bénéficier à l’ensemble de la population. Trois projets ont conçu ou appliqué des outils spécifiques de cartographie, qui permettent souvent de positionner les différentes parties prenantes sur la carte (cartographie de l’offre et la demande en matière de soutien aux entreprises, guide d’évaluation de l’égalité hommes-femmes, indice Open Cities). Cela peut paraître évident mais c’est une étape essentielle vers la compréhension des dynamiques des différents « mondes » qui constituent la ville et la construction d’un La filiale a décidé de prendre l’initiative de mettre en place un ensemble de mesures d’accueil, telles que l’aide au voyage, l’accueil à l’aéroport, la mise à disposition d’un logement pendant les premiers mois, l’aide aux formalités bancaires et une visite guidée de Belfast. En outre, la filiale s’est faite accompagner d’un prestataire spécialisé dans la formation (GEMS NI) pour offrir des cours de langue à tous les travailleurs immigrés centrés sur la communication au travail. terrain d’entente entre acteurs. Une vue d’ensemble du problème et une analyse systématique des acteurs forment les bases des plans d’actions locaux sui s’ensuivent. 2. Deuxièmement, cet exercice a eu pour résultat d’insuffler un certain sens de la modestie et du réalisme vis-à-vis des objectifs que les villes peuvent se donner et des moyens d’y arriver. Plusieurs projets Conclusions insistent sur le fait que les villes n’ont ni les Les quatre projets Urbact ont permis de mieux compétences comprendre quelles mesures les villes pouvaient l’expertise pour fournir certains services, mettre un comme par exemple le conseil financier et développement économique plus inclusif. Il est non financier aux entreprises. Cependant, les en oeuvre pour aboutir à requises ni la taille et 15 études de cas montrent que les villes solidaire représente pour des services de peuvent faire plus pour asseoir leur rôle de qualité répondant aux besoins locaux et point focal pour la mobilisation des acteurs créant des emplois stables (par exemple du monde de l’entreprise, des universités, de grâce aux clauses d’insertion). Cependant, la société civile et d’autres institutions autour l’économie sociale n’est pas la seule solution d’un projet commun. et elle nécessite que la municipalité crée les conditions de son développement. Le défi 3. Troisièmement, certains projets se basent principal est d’examiner les modèles sur des incubateurs ou des institutions économiques permettant à des opérateurs référentes, par exemple des universités. Ils publics, privés et de l’économie sociale et en concluent cependant que la création d’un solidaire de fournir des services adaptés à la espace ou le type d’institution référente demande locale tout en créant des emplois choisie est moins important que leur rôle en pour la population, dans un contexte de tant que guichet unique dans une chaîne crise. d’activités intégrée conçue pour éliminer les barrières au changement. 4. Quatrièmement, bien que certains projets se soient concentrés sur la demande de travail et d’autres sur l’offre, tous insistent sur la nécessité de prendre en compte les deux aspects de la question pour augmenter les chances de réussite. WEED et Open Cities fournissent des exemples concrets d’actions mises en œuvre par des grandes entreprises (par exemple Allstate NI), des entreprises de l’économie sociale et solidaire (PAN et Casa) et des universités pour créer des opportunités d’emploi pour des catégories de la population qui sont par ailleurs souvent exclues du marché du travail. i “Employment in Europe 2010”. DG Employment. European Commission. October 2010. ec.europa.eu/social/BlobServlet?docId=6288&langId=en ii “URBACT Cities facing the Crisis. Impact and Responses”. November 2010. http://urbact.eu/fileadmin/general_library/Crise_urbact__1611_web.pdf iii « Une stratégie pour des compétences nouvelles et des emplois : une contribution européenne au plein emploi ». Commission européenne, COM (2010) 682 Final. http://eurlex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2010:068 2:FIN:FR:PDF iv 5. Cinquièmement, plusieurs projets (Urban NOSE et WEED) affirment que les villes doivent avoir une vue d’ensemble des besoins sociaux (et environnementaux) et des services disponibles sur leur territoire, puisqu’ils constituent un réservoir d’opportunités d’activités économiques et donc d’emplois pour les populations locales. Dans ce cadre, les deux projets pointe vers le potentiel que l’économie sociale et « Jeunesse en mouvement. Une initiative pour libérer le potentiel des jeunes aux fins d’une croissance intelligente, durable et inclusive dans l’Union européenne » COM (2010) 477 Final (http://ec.europa.eu/education/yom/com_fr.pdf) et la Plateforme européenne contre la pauvreté et l'exclusion sociale (http://ec.europa.eu/social/main.jsp?langId=fr&catId=961) v COPIE. Community of Practice on Inclusive Entrepreneurship http://www.cop-ie.eu/