Les bases d`une croissance inclusive dans les villes européennes

publicité
Les bases d’une croissance
inclusive dans les villes
européennes
Paul Soto
Responsable de pôle thématique
Urbact
2
Parmi les trois objectifs de la stratégie de l’Union européenne pour la décennie à venir figure celui de
« croissance inclusive ». Or, ces trois dernières années, les villes européennes ont dû faire face à un
revirement violent de l’économie, passant d’un contexte de croissance à la récession, de la mise en
œuvre de dispositifs de relance à une phase d’austérité et de rigueur. Trois ans, c’est également la
durée d’un projet Urbact. Dans ce chapitre, nous nous intéressons à quatre d’entre eux (OPEN Cities,
FIN-URB-ACT, Urban NOSE et WEED) qui se sont penchés sur différents moyens de faire émerger un
mode de développement urbain plus inclusif. Nous ferons part des principaux enseignements issus de
ces projets, en présentant des exemples d’actions concrètes pouvant être mises en œuvre par les villes
dans l’optique de se rapprocher d’une croissance inclusive.
Ce texte est la traduction de l’article « Laying the foundations for inclusive growth in European cities » publié dans la brochure
Urbact results de décembre 2011.
La croissance inclusive, c’est quoi ?
devrait
par
conséquent
contribuer
à
la
création d’une société où tous les citoyens
Diverses interprétations existent, et l’importance
ont accès au marché du travail et bénéficient
accordée à tel ou tel élément peut changer
des
subrepticement au fil du temps, avec des
économique ».
conséquences importantes sur les politiques
l’économie et au marché du travail est clairement
mises en œuvre et les conditions de vie des
énoncée.
populations. La politique économique actuelle de
concentrons sur les projets Urbact qui se sont
l’UE définit ce que constitue la croissance
concentrés
inclusive en affirmant que « les Etats membres
reconnaissant que cet angle exclut la question de
devraient garantir à tous les citoyens l’égalité
la pauvreté et des inégalités dont souffrent les
d’accès à l’économie. La croissance inclusive
populations qui, pour diverses raisons, n’ont pas
retombées
Dans
sur
de
la
L’importance
cet
cette
article,
croissance
de
l’accès
nous
question,
tout
à
nous
en
3
la possibilité d’être présentes sur le marché du
S’ajoutant à la pénurie d’emplois et à leur
travail
distribution inégale, la tendance actuelle est à la
ou
souffrent
d’autres
formes
de
discrimination.
polarisation du marché du travail. Aux Etats-Unis
et en Europe, la combinaison de nouvelles
Même en se limitant à la problématique précise
technologies,
de l’égalité de l’accès au marché du travail, la
concurrence
possibilité d’atteindre une croissance inclusive
disparition de nombreux emplois manuels ou non
dans nos villes s’est sérieusement détériorée ces
manuels moyennement qualifiés. Simultanément,
trois dernières années. D’après Eurostat, le
on assiste d’un côté à la multiplication des
nombre de demandeurs d’emploi a augmenté
emplois très bien payés occupés par une main-
d’1,6 millions de personnes en 2010, atteignant
d’œuvre
22,9 millions de personnes, soit 9,6% de la
développement d’emplois précaires mal payés
population active. Depuis le début de la crise, ce
mais
sont plus de 6,5 millions de personnes qui sont
l’industrie du service à la personne. D’après le
devenus chômeurs. On compte 11 chercheurs
Centre européen pour le développement de la
d’emploi pour chaque offre disponible, et plus de
formation
40% des chercheurs d’emploi le sont depuis plus
changements, structurels et autres, auxquels
d’un an.
nous assistons sont en passe de créer de
des
délocalisations
mondiale semble
qualifiées
non
et
délocalisables,
professionnelle
de
et
de
la
à
la
mener
l’autre
notamment
(Cedefop),
au
dans
« les
nombreux emplois hautement qualifiés et un
La dure réalité est qu’il n’y a simplement pas
nombre encore plus important d’emplois à l’autre
suffisamment d’emplois pour l’ensemble de la
extrémité du spectre, mal payés et précaires.
population active, et tel un jeu de chaises
Cela posera des problèmes majeurs pour les
musicales, la baisse du chômage pour une
décideurs qui se préoccupent des questions
catégorie de la population (par exemple les
d’équité et de cohésion sociale ».
seniors) se traduit par une hausse pour d’autres
(par exemple les jeunes, les migrants, les
Ces changements dans la structure du marché
femmes). Dans ce cadre, l’accessibilité au
du travail se combinent à une autre tendance.
marché
d’inégalités
D’après le dernier rapport de la Commission
grandissantes. Les jeunes et les ressortissants
européenne sur l’emploi en Europei , « les
de pays extérieurs à l’UE sont sujets à des taux
réformes du droit du travail réalisées au cours de
de chômage qui atteignent le double de la
la dernière décennie ont souvent été partielles ou
moyenne communautaire, avec parfois des taux
à deux vitesses… Elles ont d’abord permis la
scandaleux comme celui de 2 jeunes chercheurs
multiplication d’emplois de courte durée. Ensuite,
d’emploi sur 5 en Espagne. Si le chômage des
ces réformes ont engendré l’émergence de deux
femmes a tendance à être légèrement inférieur à
marchés du travail distincts, l’un pour les
celui des hommes, c’est seulement parce qu’un
employés permanents qui occupent des postes
grand nombre d’entre elles ne sont pas sur le
stables et ont des perspectives d’évolution de
marché du travail. Quand elles le sont, elles
carrière et de rémunérations (les insiders du
continuent
inégalités
marché du travail) et l’autre pour les employés en
significatives de salaires et à des dynamiques de
contrats à durée déterminée, qui se retrouvent
ségrégation.
souvent
du
à
travail
faire
se
face
teinte
à
des
contraints
à
occuper
des
postes
temporaires dans des conditions précaires (les
4
outsiders du marché du travail)». Les emplois à
théorie, ces mesures d’austérité doivent
durée déterminée représentent désormais 40%
permettre de restaurer la confiance et de
des emplois occupés par les jeunes dans l’UE.
créer des conditions favorables pour que le
secteur privé remplace le secteur public sur
Pour
les
villes
veulent
un certain nombre d’activités, mais même les
promouvoir des modes de croissance inclusifs,
prévisions les plus optimistes ne s’attendent
se dessine ainsi en toile de fonds une pénurie
pas à ce que cela arrive dans les deux ou
d’emplois,
trois prochaines années.
une
européennes
distribution
qui
inégale
de
ces
emplois et une polarisation grandissante entre
•
Etant donné l’état actuel du marché intérieur,
les ‘insiders’ et les ‘outsiders’ du marché du
une grande importance est accordée à la
travail.
contexte
concurrence avec les économies émergentes
macroéconomique est devenu moins favorable.
sur le marché mondial (on dit souvent qu’il
Seulement six mois avant la rédaction de cet
s’agit
article, le programme Urbact a publié un rapport
européen). Cependant, cette priorité donnée
sur l’impact de la crise sur les villes européennes
au marché mondial met en péril l’objectif de
et
tenter
croissance inclusive pour les villes. Dans un
d’apporter . De nombreux exemples présentés
premier temps, cela crée une tendance à la
dans ce rapport s’inscrivaient dans le cadre de
concentration des investissements et des
dispositifs de relance destinés à éviter la crise.
ressources dans les secteurs, emplois et
Depuis, la pression exercée par les dettes
territoires les plus productifs, puisqu’ils sont
souveraines
des
le plus susceptible d’être compétitifs sur le
gouvernements, passant de la lutte contre le
marché mondial, avec les effets néfastes de
chômage à la consolidation des dettes, ce qui a
polarisation sociale et territoriale que cela
ouvert la voie à un certain nombre de politiques
pourrait engendrer. Dans un second temps,
créant des contraintes et des risques majeurs
cette priorité donnée au marché mondial
pour les villes en termes de croissance inclusive :
incite à ne pas augmenter les salaires, pour
•
De nombreux rapports pointent vers l’impact
tous les travailleurs mais en particulier pour
négatif des mesures d’austérité mises en
les plus mal payés.
les
De
surcroît,
réponses
le
qu’elles
peuvent
ii
a
modifié
les
priorités
œuvre dans des pays comme la Grèce,
•
de
protéger
le
modèle
social
L’initiative phare de l’Union européenne
l’Espagne, l’Irlande et le Royaume-Uni d’une
«Une
part sur les services publics essentiels et les
compétences et les nouveaux emplois »iii met
dispositifs d’aide et d’allocations, et d’autre
en avant deux priorités d’intervention sur la
part sur l’augmentation du coût de la vie pour
demande de travail pour : a) promouvoir la
les populations locales (loyers, énergie,
création d’emploi et la demande de travail, et
transport…). Des effets sur le marché du
b) améliorer la qualité des emplois et des
travail sont également observés : disparition
conditions
de nombreux emplois dans le secteur public,
majorité des mesures prévues par cette
diminution des salaires et réduction des
initiative phare, comme c’est le cas des
investissements publics. Tout cela a pour
initiatives phares sur la jeunesse ou sur la
conséquence de déprimer encore davantage
pauvretéiv,
la consommation domestique et de réduire le
interventions sur l’offre de travail, par le biais
marché pour les entreprises locales. En
de
stratégie
de
mesures
se
pour
travail.
les
Cependant,
concentrent
visant
nouvelles
à
sur
développer
une
des
les
compétences
de
la
main-d’oeuvre.
Cependant, si ces mesures sur l’offre de
5
les discours et mettre en œuvre des modes de
développement plus inclusif.
travail ne s’accompagnent pas de mesures
pour augmenter la demande, le résultat ne
peut être qu’un déplacement du chômage
Sur quoi les travaux d’Urbact sur la
croissance inclusive ont-ils porté ?
entre diverses catégories de la population.
•
Dans cette optique, les mesures visant à
Dans cet article, nous tirons les enseignements
repousser l’âge de la retraite agissent
des travaux de quatre projets Urbact centrés sur
clairement contre les objectifs de réduction
le thème de la croissance inclusive dans les
du chômage des jeunes et d’augmentation
villes. Tous ont terminés leur cycle de travail et
du taux d’activité des femmes.
d’échange au cours du premier semestre 2011.
La méthode privilégiée pour dynamiser le
marché du travail est de renforcer la
Deux des quatre projets se sont penchés sur les
« flexicurité ». Dans sa version originale,
étapes à franchir pour stimuler la demande de
développée dans les pays nordiques, la
travail. Bien que le projet FIN-URB-ACT ne se
méthode implique de développer la flexibilité
soit pas concentré en premier lieu sur les
du travail en échange d’allocations chômage
questions d’emploi et de marché du travail, il
plus généreuses et de mesures de soutien à
formule des propositions réalistes visant à
la recherche d’emploi plus développées.
améliorer la coordination entre les villes ou leurs
Cependant, les mesures d’austérité signifient
organismes
souvent une diminution ou un gel des
gouvernement, dans l’optique de mieux soutenir
allocations chômage et des
ressources
le développement des entreprises high-tech et
recherche
des très petites entreprises ou projets. Le projet
d’emploi. Dans ce contexte, le risque est bien
Urban N.O.S.E va encore plus loin en se
de voir la flexicurité se transformer en simple
demandant comment les villes peuvent soutenir
flexibilité, renforçant ainsi la multiplication
les entreprises de l’économie sociale et solidaire,
des emplois précaires mal rémunérés et la
qui créent des emplois pour les populations
polarisation du marché du travail.
défavorisées dans des secteurs qui répondent à
disponibles
pour
soutenir
la
et
les
autres
niveaux
de
une demande sociale et environnementale.
Dans un contexte aussi délicat, il est évident que
les villes seules ne peuvent pas trouver des
Bien qu’ils abordent aussi la question de la
solutions miracles. Leur marge de manœuvre est
demande, deux autres projets Urbact se sont
limitée. Elles doivent souvent nager dans le sens
concentrés davantage sur l’offre de travail, et
du courant tout en essayant d’orienter leur
particulièrement sur les bénéfices que les villes
développement dans la direction souhaitée. En
peuvent tirer de l’intégration sur le marché du
conséquence,
projets
travail de deux catégories de la population qui
explorés par les projets des villes Urbact sont de
sont souvent considérés comme des populations
manière générale plutôt modestes au regard des
à problèmes. Le projet WEED a ainsi exploré les
défis auxquels elles font face. Cependant, ils
manières de mobiliser les femmes dans les
apportent des exemples concrets d’actions que
économies
les villes peuvent mettre en œuvre pour dépasser
participation à l’économie jouait un rôle majeur
les
politiques
et
les
locales,
montrant
que
leur
pour le développement durable des villes. Le
6
projet OPEN Cities a examiné comment créer un
recommandations sur les conditions de la
environnement créatif et hétérogène pour attirer
croissance de start-up et d’entreprises émanant
et retenir les migrants, qui constituent un réel
de leur travail, notamment sur le cas des très
réservoir de talents.
petites entreprises, ont toute leur place au sein
de réflexions sur la croissance inclusive.
Le projet ESIMEC poursuit le travail sur la
demande de travail en se demandant comment
Une des contributions de Fin-Urb-Act est la
les villes peuvent tisser des liens avec les
reconnaissance du manque d’expérience des
employeurs pour sortir de la crise en ayant créé
personnels politiques et administratifs des villes
des emplois durables. Ce projet ayant seulement
concernant le monde de l’entreprise, ce qui peut
débuté au cours de l’été 2010, il est trop tôt pour
entraîner la mise en place de structures de
en analyser les résultats.
soutien bien intentionnées mais peu adaptées
aux besoins réels des entreprises locales. Le
Tous les projets mentionnés ci-dessus ont en
projet a dégagé des recommandations concrètes
commun de traiter la question des avantages
visant à aider les villes à clarifier le rôle qu’elle
économiques liés à l’inclusion sociale : comment
peuvent jouer pour faciliter la création de
l’inclusion sociale peut faciliter le développement
conditions favorables pour la croissance des
économique
la
entreprises. Certaines de ces recommandations
croissance économique peut créer une société
coïncident d’ailleurs avec celles d’autres projets
plus inclusive. D’autres projets se concentrent
Urbact.
et,
à
l’inverse,
comment
sur l’inclusion active de groupes cibles, comme
MILE avec les migrants, MyGeneration avec les
La première recommandation est que les
jeunes, Active AGE avec les seniors et Roma-
villes se doivent d’avoir une vue d’ensemble
Net avec les Roms.
des besoins des entreprises locales et des
services
disponibles.
Cela
peut
paraître
évident, mais ce n’est pas toujours le cas. A cette
Comment les villes peuvent-elles
stimuler la création d’emplois ?
fin, le projet Fin-Urb-Act a mis en œuvre avec
succès une méthodologie développée par la DG
Fin-Urb-Act s’est demandé comment les villes
Entreprise de la Commission européenne visant
pouvaient créer des structures efficaces de
d’une part à cartographier l’offre et la demande
soutien au développement des PME et à
en
l’innovation. Les villes participantes affirment que
entreprises et d’autre part à identifier les
des structures de soutien bien organisées sont
manques et les duplications. Cette méthodologie
essentielles pour le développement des start-up
a été mise à l’épreuve par sept villes participant
et des entreprises en général. Le projet s’est en
au projet. Elle a permis d’apporter les éléments
grande
de connaissances nécessaires à l’élaboration
partie
concentré
sur
deux
types
d’entreprises, les entreprises innovantes et high-
termes
de
dispositifs
de
soutien
aux
des plans d’action locaux.
tech d’un côté, et les très petites entreprises et
projets de l’autre. Par conséquent, bien que les
Cette approche coïncide avec celle des réseaux
10 villes participantes au projet Fin-Urb-Act
financés par le FSE, tels COPIEv, qui ont
n’aient pas centré leurs travaux sur la création
également développé un outil d’évaluation de
d’emploi
l’environnement des entreprises et des services
ou
le
marché
du
travail,
les
7
de soutien qui leur sont disponibles, au regard
peuvent bénéficier d’économies d’échelle. Par
des besoins des entrepreneurs de divers groupes
exemple, Leipzig a pris l’initiative de créer un
cibles. D’autres projets Urbact mentionnés ci-
fond de microcrédits et Gijón et Edimbourg ont
dessous
joué un rôle clé dans la création de nouveaux
suggèrent
d’effectuer
des
des
outils
exercices
des
permettant
cartographie
fonds d’investissements.
nécessaires à la conception d’actions réalistes
qui pouvent être mises en œuvre localement (par
Troisièmement, la ville de Linz a développé
exemple, la boîte à outils d’évaluation des
une cartographie des acteurs du service aux
inégalités hommes-femmes de WEED et l’indice
entreprises. La ville a consolidé les informations
d’ouverture des villes à la migration développé
obtenues grâce à un échange approfondi avec
par OpenCities).
les parties prenantes, ce qui a également eu pour
effet de transformer l’esprit de concurrence en
des
alliances stratégiques. Cette même méthodologie
travaux d’Urbact est que les villes ont un rôle
a été mise en œuvre avec succès à Aveiro,
très important à jouer en tant que point de
menant à un consensus entre les différents types
coordination des services aux entreprises et
d’acteurs qui apportent un soutien, financier ou
pour faciliter la création d’un environnement
non, aux entreprises.
La
seconde
propice
aux
recommandation
activités
issue
économiques.
Par
exemple, Rome a produit un plan d’action
Quatrièmement, un consensus émerge quant
coordonné à destination des jeunes entreprises,
à l’importance des guichets uniques pour
Aveiro et Galati
ont
développé
des
dispositifs
complets
de
soutien
aux
entreprises
et
Gliwice a conçu
un
portail
d’information sur
les
mesures
disponibles
au
niveau local. Les
villes
peuvent
également
prendre l’initiative
de
créer
de
Durant les travaux du projet Fin-Urb-Act, Edimbourg, l’une des villes partenaires,
a créé un fond d’investissement local pour les jeunes entreprises dotées de
propositions économiquement viables mais ayant des difficultés à obtenir des
financements par les voies habituelles. Le but de ce fond était de créer et
maintenir des emplois dans des start-up ou des entreprises en expansion par
l’attribution de prêts allant jusqu’à 50 000 euros.
L’autorité de gestion des fonds européens a réalisé qu’un tel fond serait plus
efficace s’il dépassait une certaine masse critique. Le fond a donc été élargi pour
couvrir les municipalités voisines dans l’est de l’Ecosse, en s’appuyant sur
l’expérience de gestion du West of Scotland Loan Fund. Le nouveau fond, qui
s’élève à 5 millions de livres (East of Scotland Loan Fund), obtient son
financement de trois contributeurs – 2 millions de livres sont apportées par le
Feder, 1,8 million par des partenaires municipaux et 1,8 millions par des banques
locales. Le contrat de gestion signé avec le fond de l’Ouest de l’Ecosse permettra
de diminuer les frais généraux, de bénéficier de son expertise financière et
d’encourager la collaboration au sein d’un bassin d’emploi élargi.
1
nouveaux
services
Les villes comme point de coordination des services
aux entreprises
fournis
par des tiers qui
bénéficient
de
davantage
d’expérience
et
Linz , autre ville partenaire du projet Fin-Urb-Act, a mis en place un fond de
microcrédits. La ville s’est appuyée sur un dispositif financier existant, mis en
oeuvre par la banque publique allemande KfW au niveau national avec le soutien
du Fond Social Européen. Le partenariat a permis d’augmenter l’effet de levier,
puisque la contribution apportée par la ville a été égalée par celle d’une banque
d’épargne locale et ce capital local a été multiplié par 5 par la contribution de la
KfW.
8
coordonner et simplifier les procédures de
Reims sont des exemples positifs de la mise en
création d’entreprise, mais les villes Fin-Urb-
œuvre de cette approche. Les groupes de
Act pensent que cette approche doit être
soutien local ont également été un outil décisif
prolongée au-delà de la phase de création
pour la participation des différentes parties
d’entreprises
prenantes.
phases
pour
de
les
accompagner
consolidation
et
en
de
développement. Ces services sont souvent
Enfin, les villes partenaires insistent sur la
disponibles au sein de lieux tels que les
place des universités, qui constituent non
incubateurs
mais l’important
seulement des partenaires clés pour la
n’est pas tant de concentrer les services au sein
diffusion de l’innovation, mais aussi pour
d’un même lieu que d’en assurer la continuité
l’apprentissage
tout au long du cycle de vie de l’entreprise. Les
nécessaires
villes d’Aveiro, Edimbourg, Galati, Gliwice, Linz et
partenaires d’Aveiro, Galati, Gliwice, Maribor,
d’entreprises,
à
des
compétences
l’entreprenariat.
Linz
Incubateurs et systèmes intégrés de soutien aux
entreprises
La ville d’Aveiro a profité de l’élaboration d’un plan d'action local dans le cadre
de sa participation au projet Fin-Urb-Act pour concevoir un dispositif de soutien
approfondi aux entreprises, dénommé « Aveiro Entrepreneurial », constitué de
cinq axes stratégiques : incubation, soutien aux PME, développement de
l’esprit d’entreprise dans les écoles, et communication et culture de
l’entrepreneuriat.
Dans le domaine de l’incubation, la ville s’est dotée de trois espaces de travail
situés à proximité de l’université, où des salles de réunion, un secrétariat et des
outils de télécommunications sont mis à disposition des entrepreneurs. Les
incubateurs proposent des services ciblés sur les besoins des entreprises à
différentes étapes de leur développement. Plus de 100 personnes sont
actuellement employées par les entreprises utilisant les incubateurs.
Les
villes
et
Reims
apportent
des
éléments de réponse
pour mieux développer
cet aspect.
Un
deuxième
Urban
projet,
NOSE,
s’est
intéressé au rôle que
les
incubateurs
peuvent jouer dans les
villes.
Les
villes
partenaires
se
Pour la phase initiale de création d’entreprise, les incubateurs apportent une
assistance au développement d’un business plan et des formations à
destination des entrepreneurs. Dans le cadre du plan d’action local, l’Ecole de
marketing (IPAM) a créé un programme dénommé Bizness Preview qui réunit
des acteurs expérimentés du milieu de l’entreprises et des universités jouant le
rôle de mentors et de coachs pour aider les jeunes entreprises à éviter les
écueils.
penchées
sur
Pour la deuxième phase du cycle de vie d’une entreprise, les incubateurs
apportent non seulement de l’espace mais aussi une assistance sur des sujets
tels que la recherche de financements et le marketing. La ville a par ailleurs
investi 50 000 euros dans un nouveau fond d’investissement (Aveiro
Investment Fund, ou FICA).
emplois non seulement
Pour la troisième phase, les incubateurs continuent à apporter un soutien à la
consolidation et au développement des entreprises sous le forme d’assistance
au suivi des processus de gestion, au marketing et au networking. Les
entreprises peuvent bénéficier des services de l’incubateur pour une durée total
de trois ans, avec un loyer progressif (augmentation de 25% par an).
l’environnement
En plus d’apporter des actions complémentaires dans chacun de ses cinq
domaines stratégiques, le plan d’action local d’Aveiro réunit les acteurs au sein
d’un site web intégré. Cela a permis d’obtenir 1,2 millions d’euros de
propositions de financement, dont 800 000 du Feder.
difficulté et/ou éloignés
manière
dont
sont
la
les
incubateurs
d’entreprises
peuvent
sociales
créer
des
viables
économiquement mais
aussi respectueux de
inclusifs,
et
c’est-à-dire
qui créent des emplois
pour des publics en
de l’emploi.
9
Comme Fin-Urb-Act, Urban NOSE insiste sur
exemple, le Centre basque pour l’innovation,
l’importance d’élargir le concept d’incubateur au-
l’entrepreneuriat et la création d’entreprises, a
delà de la simple provision d’un espace de
obtenu une subvention de 3 millions d’euros du
travail. Le projet a exploré les possibilités de faire
Feder, et d’un montant équivalent de la région,
des incubateurs des hubs, ou plateformes, pour
pour la création d’un parc pour l’innovation
cartographier
et
sociale en périphérie de Bilbao. Le parc sera
environnementaux des villes et formuler des
constitué de start-up, d’autorités nationales et
stratégies de mobilisation des acteurs publics,
régionales et d’organisations caritatives. Une
privés et associatifs en vue de faire ressortir des
école de l’innovation sociale répondra aux
projets économiques permettant de pourvoir à
besoins en recherche et développement. Le
ces
centre accueillera également un « générateur
les
besoins.
besoins
Par
exemple,
sociaux
des
modèles
économiques combinant des
financements publics et privés
avec du volontariat peuvent
constituer
des
réponses
innovantes à la réduction du
financement public.
Pour créer des conditions
favorables au développement
d’entreprises sociales telles
que Big Lemon, Urban NOSE
recommande
d’inclure
incubateurs
L’économie sociale et solidaire pour créer des
services de qualité et des emplois locaux
les
d’entreprises
sociales dans la stratégie de
Brighton and Hove, l’une des villes partenaires du projet Urban
NOSE, compte approximativement 110 entreprises dans le secteur de
l’économie sociale et solidaire qui emploient environ 1 300 personnes
dans différents domaines. The Big Lemon Community Interest
Company1 est un excellent exemple du rôle que les entreprises
sociales peuvent jouer dans une économie inclusive.
L’entreprise a commencé son activité en 2007, juste avant le lancement
du projet Urban NOSE. Elle fournit des services de transports locaux
respectueux de l’environnement et à prix raisonnable (transports en
commun, location de bus et de car, bus scolaire, services de cars pour
des festivals et un service de collecte des huiles usées). L’entreprise
assure le service de deux lignes de bus qui couvrent cinq villes
différentes avec sept véhicules.
provision de services publics
et d’adapter les règles de
marchés
publics
en
conséquence. De même, les
villes devraient penser à faire
participer tous les acteurs qui
interviennent aux différentes
étapes
des
« chaînes
d’approvisionnement
sociales »,
utilisant
incubateurs
clés
les
comme
pour
points
développer
des
approches intégrées.
D’autres
villes
d’approfondir
ont
les
décidé
concepts
mis en oeuvre par Urban
NOSE.
Denokinn
par
Ce qui distingue ce service, c’est que tous les véhicules utilisent de
l’huile de cuisine recyclée, collectée auprès de restaurants locaux et
purifiée par Big Lemon. L’entreprise a également créé un modèle
économique nouveau basé sur le concept de ‘club’, où les membres
paient un droit d’inscription et en retour ont la possibilité de participer à
la gestion du service et bénéficient de voyages gratuits illimités.
L’entreprise est autonome et le chiffre d’affaires a augmenté de
manière continue, de 100 000 livres en 2008, la première année
d’exploitation, jusqu’à 600 000 livres en 2010. Elle emploie 20
personnes, dont la moitié à temps complet, et compte 7 bénévoles.
Big Lemon estime que son service réduit la pollution de 55% par
rapport aux bus traditionnels. Le service est également moins cher
(1,5£ pour un aller-retour et 2,5£ la journée, comparé à 2£ et 3,70£
avec les entreprises traditionnelles).
Enfin, l’implication de la population locale dans l’entreprise signifie que
le service peut être adapté aux besoins de différentes catégories
d’usagers et s’accompagne d’actions de sensibilisation des enfants et
de la population locale à l’importance d’un transport respectueux de
l’environnement. L’entreprise a remporté le premier prix du concours
« ethiconomy » pour les entreprises sociales créées dans les villes
partenaires du projet Urban NOSE.
d’entreprises
10
sociales »
permettant
aux
de l’économie sociale et solidaire. C’est ce qu’a
entrepreneurs d’être couverts par la sécurité
fait Nantes en introduisant des clauses sociales
sociale.
dans ses marchés publics depuis une quinzaine
d’années. Pour que les petites initiatives réussies
Les partenaires du projet Urban NOSE ont
prennent de l’ampleur, il est également important
travaillé sur des mesures concrètes qui peuvent
de concevoir des dispositifs de financements
être mises en place dans des contextes variés.
flexibles
Les travaux ont abouti à l’élaboration de lignes
entreprises à différentes étapes de leur cycle de
directrices à destination de deux publics cibles,
vie.
pour
répondre
aux
besoins
des
les décideurs et les acteurs de l’économie sociale
et solidaire. L’enseignement principal est la
Malgré cela, les partenaires d’Urban NOSE
nécessité d’analyser tant les opportunités que les
reconnaissent que les entreprises sociales ont
barrières à la provision de biens et de services
clairement besoin de formation pour développer
par des entreprises sociales dans les villes. Il
leurs compétences dans certains domaines,
s’agit également d’adapter les règlements qui
notamment dans la gestion et l’utilisation d’outils
régissent la provision de services aux contraintes
administratifs et financiers, le partenariat entre
l’économie sociale et le secteur privé (et pas
seulement le secteur public), les règles de
Incubateurs sociaux et
systèmes de soutien à
l’économie sociale
La ville de Grenoble a mis en avant deux
initiatives clés pour le soutien à l’économie
sociale. La première est un ensemble
d’espaces de travail pour les jeunes
entreprises sociales, gérés par la Pousada,
une association à but non lucratif. Comme
dans les exemples précédents, les entreprises
locataires bénéficient d’équipements partagés
et de conseils, en échange d’un loyer peu
élevé pendant une période initiale.
La seconde initiative, également gérée par une
association non lucrative appelée Métro
Création d’Activités Economiques (MCAE), est
centrée sur le soutien personnalisé et
l’assistance financière plutôt que la provision
de locaux. Les projets sont évalués par un
comité local, composé de bénévoles issus du
monde des affaires (directeurs de banque,
comptables, hommes ou femmes d’affaires et
conseillers en affaires), qui conçoit un dispositif
de soutien adapté à chaque cas. Cela peut
prendre la forme de conseil, coaching, aide à
la recherche de financement et parfois soutien
financier à échelle réduite. Depuis sa création
12 ans auparavant, MCAE a aidé 500 start-up
à démarrer, créant ainsi plus de 1 000 emplois.
Environ 200 projets concernaient des
entreprises sociales.
concurrence et le networking.
Comment les villes peuvent-elles
assurer l’égalité d’accès au marché
du travail ?
Deux autres projets Urbact se sont concentrés
sur la question de l’intégration sur le marché du
travail de certains groupes, souvent considérés
comme des populations à problème, en insistant
sur le potentiel économique qu’ils représentent.
Dans le cas des femmes, le projet WEED a
souligné l’urgence d’intervenir en période de
crise malgré les difficultés accrues que cela
représente. De nombreux emplois ont été
supprimés dans toutes les villes et les travailleurs
les plus vulnérables, en particulier les femmes,
ont été sévèrement touchés. A Celje, en
Slovénie,
par
exemple,
la
situation
s’est
particulièrement détériorée pour les travailleurs
au salaire minimum, qui sont en majorité des
femmes.
A
augmentation
Amiens,
de
la
en
France,
demande
une
d’assistance
11
alimentaire de la part des familles a montré que
pratiques aux contraintes familiales et à s’assurer
les
que les formations et les entreprises oeuvrent
femmes
subissaient
fortement
les
conséquences de la crise.
dans le sens d’une ouverture des métiers
traditionnellement féminins ou masculins à l’autre
Le projet WEED s’est concentré d’une part sur la
sexe.
stimulation de la demande de travail, visant à
augmenter le nombre d’emplois disponibles pour
Enfin, la participation des femmes aux postes
les femmes par le biais de mesures de soutien à
exécutifs de l’économie de la connaissance peut
l’entrepreneuriat des femmes, et d’autre part sur
être améliorée dans un premier temps en faisant
l’offre de travail, par des mesures visant à réduire
de cet objectif une priorité pour des actions de
la ségrégation hommes-femmes et améliorer
partenariat
entre
les
municipalités
l’accès
universités,
dans
un
deuxième
des
femmes
à
l’économie
de
la
connaissance.
et
les
temps
en
assurant un travail de proximité à partir des pôles
de connaissance à destination des femmes et en
Par ailleurs, les enseignements tirés des projets
leur
Fin-Urb-Act et Urban NOSE sur l’entrepreneuriat
contraintes familiales, et dans un troisième
sont tout à fait valables pour stimuler l’emploi des
temps, en créant des conditions de travail plus
dédiant des
formations
adaptées
aux
femmes. Le projet WEED insiste notamment sur
le rôle que l’économie sociale et solidaire, sujet
de travail du projet Urban NOSE, peut jouer pour
fournir des services à la personne qui créent de
Les entreprises sociales, créatrices
d’emplois et de services pour les
femmes
l’emploi pour des femmes tout en permettant à
d’autres de travailler.
En sus d’un soutien global à l’entrepreneuriat
sous ses différentes formes (sociales et autres),
le projet WEED recommande la mise en place de
trois mesures spécifiques à destination des
femmes :
•
organiser des interventions très tôt dans les
écoles pour défaire les conceptions genrées
des métiers,
•
créer
des
services
d’accompagnement
spécifiques pour les femmes tels que les
mentors féminins,
• faciliter l’accès des femmes aux microcrédits.
Concernant l’amélioration de la qualité des
emplois exercés par les femmes et la réduction
de la ségrégation sur le marché du travail, le
projet a apporté des exemples concrets visant à
encourager les employeurs à adapter leurs
Les partenaires du projet WEED se sont notamment
penchés sur le cas de PAN1, une initiative soutenue
par les trois associations les plus importantes du
secteur de l’économie sociale et solidaire en Italie
(CGM, FIS et DROM of LegaCoop), qui représentent
plus de 70% des entreprises sociales du pays,
regroupant environ 130 000 employés et près de 3
milliards d’euros de chiffres d’affaires. PAN offre
essentiellement une assistance à la planification et à
la création d’entreprise aux organisations et
personnes intéressées par l’établissement de
nouveaux services pour la petite enfance sous la
forme d’entreprises sociales. L’initiative met
également à disposition des outils financiers conçus
pour aider à la décision. Les entreprises remplissant
un certain nombre de critères de qualité font l’objet
d’une certification, et PAN organise des formations
visant à aider les entreprises à se mettre à niveau.
En quatre ans, 140 structures d’accueil de la petite
enfance ont été construites (4 311 places), créant
ainsi 943 emplois, ce qui fait de PAN le réseau de
services d’accueil de la petite enfance le plus
important d’Italie.
1
CASA (Care and Share Associates) au RoyaumeUni, fournit un exemple de développement des
entreprises sociales dans le domaine du service à
domicile par le système de franchise sociale. Cette
initiative compte cinq antennes locales qui emploient
chacune environ 40 personnes, en majorité des
f
12
favorables pour les femmes et les familles dans
locaux. Il faut rappeler le rôle que les villes
les métiers scientifiques. Ces éléments montrent,
peuvent jouer en identifiant les besoins sociaux,
en outre, l’importance d’une coopération étroite
en stimulant l’entrepreneuriat, notamment social,
entre les municipalités, les universités, les écoles
pour fournir des biens et services répondant à
et
ces besoins, et en encourageant les femmes à
établissements
de
formation
et
les
employeurs.
occuper les postes ainsi créés.
Les partenaires du projet WEED ont tenté de
Le projet Open Cities s’est concentré sur les
regrouper ces questions en un ensemble intégré
migrants, une autre catégorie de la population
et cohérent en élaborant des plans d’action
parfois soumise à la discrimination sur le marché
du travail, ce qui implique la sous-utilisation de
Le plan d’action local pour
l’égalité hommes-femmes, Celje,
Slovénie
ses ressources. Les partenaires d’Open Cities
avancent que la mixité, tant ethnique que
religieuse, devient progressivement la norme
dans la plupart des villes européennes, les
Le groupe d’action locale de Celje est composé
de membres des services sociaux locaux, du
service municipal en charge de l’emploi, de la
chambre de commerce et d’ONG. Le plan
d’action local qu’ils ont construit ensemble se
concentre d’une part sur l’égalité des hommes et
des femmes face à l’emploi et l’entrepreneuriat,
d’autre part sur l’amélioration des conditions de
vie des familles dans un contexte de mutations
démographique et économique.
Le plan d’action local a pour objectif de réduire
l’écart qui existe entre les besoins des familles et
la capacité du secteur public à y répondre, un
écart qui s’est agrandi avec la crise économique
et les différents changements auxquelles sont
sujettes les structures familiales traditionnelles.
rapprochant de villes telles que New York où
environ 37% de la population, soit 3 millions de
personnes, sont nées à l’étranger. L’arrivée d’un
grand nombre de nouveaux habitants crée des
opportunités
l’innovation
et
le
développement culturel tout en présentant un défi
réel pour la stabilité et la cohésion sociale.
Dans ce contexte, Open Cities s’est donné pour
objectif
d’ « identifier ce
qui
rend
une
ville
attirante pour les populations internationales et
d’élaborer
Partant d’un état des lieux donnant une vue
d’ensemble des familles et des femmes à la
recherche d’emploi d’un côté, et des services
sociaux, formations et autres ressources
disponibles localement de l’autre, le groupe
d’action locale a élaboré une proposition de
projet pour un Centre d’information, de conseil et
d’éducation. Il s’agissait d’avoir une vision
objective tant qualitative que quantitative des
services existants et de présenter l’ébauche d’un
nouveau programme d’éducation visant à aider
personnes actives à apporte un soutien aux
personnes âgées et aux familles en période de
crise. Le programme comprend le recrutement et
la formation de femmes à la recherche d’emploi,
ainsi que l’établissement d’un registre avec les
noms des chercheurs d’emplois ayant suivi la
formation et un programme de formation à
destination de ceux qui voudraient s’installer à
leur compte. A la fin du projet WEED, 300 000
euros avaient été obtenus de la part du Fond
social européen pour ce projet.
pour
des
stratégies
d’intégration
économique et sociale pour aider les villes à
attirer et retenir les populations internationales
dans l’optique de contribuer à la compétitivité de
la ville ».
Un élément clé de réussite du projet était de
réunir des villes situées à l’origine et à l’arrivée
des flux migratoires, celles qui attirent un grand
nombre de migrants et celles qui sont victimes
d’une fuite de leurs entrepreneurs. Les villes
partenaires ont vu leur situation se détériorer à
cause de la crise, qui a « causé un changement
de
paradigme,
modifiant
simultanément
les
priorités des administrations, le discours politique
général et les inquiétudes des populations ».
Face à ce « nouveau climat de récession, de
peur et d’insécurité », Open Cities a tenu à
13
défendre
l’idée
que
les
villes
« devaient
absolument s’ouvrir à différents types et niveaux
de compétences afin de sortir de la crise ».
Le programme “Start Wien” pour
l’intégration des migrants,
municipalité de Vienne
•
Les villes se sont penchées sur les réponses
mises en œuvre par des villes en Europe et dans
•
•
le reste du monde aux défis que pose l’accueil
des migrants dans trois domaines : leadership et
gouvernance, internationalisation, intégration et
inclusion. Compte tenu de l’évolution de la crise
et de la situation des villes partenaires, le thème
de l’intégration a fait l’objet d’échanges plus
fournis que les deux autres thèmes, sur la base
d’études
de
cas
fournies
par
les
villes
partenaires. La question de l’intégration faisant
•
•
•
•
partie intégrante de la croissance inclusive, il est
tout à fait utile de se pencher sur les exemples
concrets de mesures et dispositifs mis en œuvre
•
Mesures d’accueil et d’information, y compris
un rendez-vous d’orientation en langue
maternelle centré sur le marché du travail ;
Coaching ;
Livret ‘éducation’ indiquant les informations
sur les cours de langues, les événements
d’information, les programmes d’éducation et
de formation à destination des migrants,
accompagné d’un bon d’une valeur de 300€
pour des classes d’allemand ;
Conseils d’orientation pour les nouveaux
arrivants, en différentes langues ;
Informations
et
conseil
pour
la
reconnaissance
des
qualifications
étrangères ;
Modules de conseil sur le renouvellement
des permis de résidence, la nationalité…
Opération “Living together” – mise en contact
d’un nouvel arrivant avec un immigrant qui
vit à Vienne depuis longtemps ;
Recours au soin : conseil et information en
différentes langues sur les services publics,
les assurances, les parcours de santé, etc.
par les villes pour promouvoir l’intégration des
migrants dans un contexte difficile.
réponses flexibles et individualisées basées sur
le dialogue interculturel, en évitant à tout prix de
Notons l’exemple particulièrement marquant du
programme « Start Wien », mené par la Ville de
Vienne. Il est fondé sur l’analyse systématique
des obstacles qui empêchent les migrants de
participer pleinement à la vie de la ville (travail,
éducation, santé, vie culturelle et sociale…) et
présente un ensemble intégré d’actions pour y
remédier.
Parmi
les
considérer que les migrants sont une catégorie
homogène. Un autre enseignement à noter,
faisant écho aux recommandations issues du
travail d’autres projets mentionnés dans cet
article, est l’importance d’actions tant sur l’offre
de travail que sur la demande, c’est-à-dire autant
avec les migrants qu’avec les employeurs.
L’exemple de la Ville de Belfast illustre ce point.
enseignements
issus
de
cette
expérience figure le besoin de mettre l’individu au
centre de la politique municipale et de fournir des
14
Enfin, les partenaires insistent sur l’importance
clair que la croissance inclusive est un puzzle
de la mise en place de mécanismes permettant
composé de nombreux éléments qui peuvent être
aux initiatives réussies de prendre de l’ampleur,
assemblés de manières différentes. Les projets
en leur accordant une certaine notoriété et la
mentionnés approchent la question par quatre
masse critique nécessaire pour les appliquer aux
points d’entrée différents – du point de vue des
agglomérations dans leur ensemble.
femmes, des migrants, du soutien aux PME ou
de
Programme Allstate Northern
Ireland pour la diversité et
l’égalité
l’économie
sociale et
solidaire. Ils
ne
prétendent pas à l’exhaustivité, mais apportent
des conclusions préliminaires quant aux solutions
qui peuvent être mises en place.
Allstate Northern Ireland est une filiale du géant
des assurances américain Allstate. La filiale
emploie plus de 1 500 personnes en Irlande du
Nord dans les services de développement de
softwares et les solutions d’externalisation des
processus industriels. Un important facteur de
succès expliquant la croissance sans précédent
de la filiale en Irlande du Nord est sa capacité à
attirer, retenir et former une main-d’œuvre
hétérogène. Elle a mis en place une série d’outils
et de techniques visant à maintenir un
environnement de travail diversifié qui réponde
aux
besoins
des
travailleurs
immigrés,
encourage la diversité hommes-femmes et offre
des opportunités de travail pour les travailleurs
handicapés.
Allstate NI est parti du constat que les
travailleurs étrangers nouvellement recrutés
avaient des difficultés à s’intégrer aux équipes de
travail, ce qui les incitait à se regrouper en
fonction de leur langue maternelle, réduisant
ainsi leurs capacités de communication et leurs
opportunités de carrière.
1. Premièrement, les villes ont une position
privilégiée qui leur permet de comprendre les
barrières et les opportunités pour que le
développement
économique
puissent
bénéficier à l’ensemble de la population.
Trois projets ont conçu ou appliqué des outils
spécifiques de cartographie, qui permettent
souvent de positionner les différentes parties
prenantes sur la carte (cartographie de l’offre
et la demande en matière de soutien aux
entreprises, guide d’évaluation de l’égalité
hommes-femmes, indice Open Cities). Cela
peut paraître évident mais c’est une étape
essentielle
vers
la
compréhension
des
dynamiques des différents « mondes » qui
constituent la ville et la construction d’un
La filiale a décidé de prendre l’initiative de mettre
en place un ensemble de mesures d’accueil,
telles que l’aide au voyage, l’accueil à l’aéroport,
la mise à disposition d’un logement pendant les
premiers mois, l’aide aux formalités bancaires et
une visite guidée de Belfast. En outre, la filiale
s’est faite accompagner d’un prestataire
spécialisé dans la formation (GEMS NI) pour
offrir des cours de langue à tous les travailleurs
immigrés centrés sur la communication au
travail.
terrain d’entente entre acteurs. Une vue
d’ensemble du problème et une analyse
systématique des acteurs forment les bases
des plans d’actions locaux sui s’ensuivent.
2. Deuxièmement, cet exercice a eu pour
résultat d’insuffler un certain sens de la
modestie
et
du
réalisme
vis-à-vis
des
objectifs que les villes peuvent se donner et
des moyens d’y arriver. Plusieurs projets
Conclusions
insistent sur le fait que les villes n’ont ni les
Les quatre projets Urbact ont permis de mieux
compétences
comprendre quelles mesures les villes pouvaient
l’expertise pour fournir certains services,
mettre
un
comme par exemple le conseil financier et
développement économique plus inclusif. Il est
non financier aux entreprises. Cependant, les
en
oeuvre
pour
aboutir
à
requises
ni
la
taille
et
15
études de cas montrent que les villes
solidaire représente pour des services de
peuvent faire plus pour asseoir leur rôle de
qualité répondant aux besoins locaux et
point focal pour la mobilisation des acteurs
créant des emplois stables (par exemple
du monde de l’entreprise, des universités, de
grâce aux clauses d’insertion). Cependant,
la société civile et d’autres institutions autour
l’économie sociale n’est pas la seule solution
d’un projet commun.
et elle nécessite que la municipalité crée les
conditions de son développement. Le défi
3. Troisièmement, certains projets se basent
principal
est
d’examiner
les
modèles
sur des incubateurs ou des institutions
économiques permettant à des opérateurs
référentes, par exemple des universités. Ils
publics, privés et de l’économie sociale et
en concluent cependant que la création d’un
solidaire de fournir des services adaptés à la
espace ou le type d’institution référente
demande locale tout en créant des emplois
choisie est moins important que leur rôle en
pour la population, dans un contexte de
tant que guichet unique dans une chaîne
crise.
d’activités intégrée conçue pour éliminer les
barrières au changement.
4. Quatrièmement, bien que certains projets se
soient concentrés sur la demande de travail
et d’autres sur l’offre, tous insistent sur la
nécessité de prendre en compte les deux
aspects de la question pour augmenter les
chances de réussite. WEED et Open Cities
fournissent des exemples concrets d’actions
mises en œuvre par des grandes entreprises
(par exemple Allstate NI), des entreprises de
l’économie sociale et solidaire (PAN et Casa)
et
des
universités
pour
créer
des
opportunités d’emploi pour des catégories de
la population qui sont par ailleurs souvent
exclues du marché du travail.
i
“Employment in Europe 2010”. DG Employment. European
Commission. October 2010.
ec.europa.eu/social/BlobServlet?docId=6288&langId=en
ii
“URBACT Cities facing the Crisis. Impact and Responses”.
November 2010.
http://urbact.eu/fileadmin/general_library/Crise_urbact__1611_web.pdf
iii
« Une stratégie pour des compétences nouvelles et des
emplois : une contribution européenne au plein emploi ».
Commission européenne, COM (2010) 682 Final.
http://eurlex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2010:068
2:FIN:FR:PDF
iv
5. Cinquièmement, plusieurs projets (Urban
NOSE et WEED) affirment que les villes
doivent avoir une vue d’ensemble des
besoins sociaux (et environnementaux) et
des services disponibles sur leur territoire,
puisqu’ils
constituent
un
réservoir
d’opportunités d’activités économiques et
donc d’emplois pour les populations locales.
Dans ce cadre, les deux projets pointe vers
le
potentiel
que
l’économie
sociale
et
« Jeunesse en mouvement. Une initiative pour libérer le
potentiel des jeunes aux fins d’une croissance intelligente,
durable et inclusive dans l’Union européenne » COM (2010)
477 Final (http://ec.europa.eu/education/yom/com_fr.pdf) et
la Plateforme européenne contre la pauvreté et l'exclusion
sociale
(http://ec.europa.eu/social/main.jsp?langId=fr&catId=961)
v
COPIE. Community of Practice on Inclusive
Entrepreneurship http://www.cop-ie.eu/
Téléchargement