
qu'elle s'observe dans un nombre croissant de projets d’économie  inclusive où entreprises, société civile et 
pouvoirs publics, travaillent ensemble dans une logique de « cocréation ». Il est nécessaire de repenser l'aide 
au  développement,  de  sortir  impérativement  de  la  logique  « souveraine »  largement  prépondérante,  pour 
mieux  l'articuler  avec  la  richesse  et  la  complexité  des  nouvelles  démarches  de  l'économie  inclusive.  En 
complétant, voire en rénovant les dispositifs et les organisations d’APD construits par accumulation depuis des 
décennies, c’est cette nouvelle articulation qui permettra de redonner des marges de manœuvre, une efficacité 
et  un  sens  à  l’aide ;  et  c’est  ce  qui  permettra  à  l’économie  inclusive  d’aller  plus  loin,  en  termes  d’impacts 
sociaux,  environnementaux  ou  économiques,  qu’elle  n’en  a  la  possibilité  aujourd’hui.  Il  est  important  de 
revisiter les priorités et les modalités d’intervention  de la politique de développement  pour qu’elle soit  plus 
qualitative, catalytique et durable dans ses effets : l’APD doit innover. 
Se focaliser sur les grands enjeux de l’Afrique  
Compte  tenu  de  la  rareté  de  ses  ressources,  et  pour  continuer  à  enraciner  sa  légitimité  politique  (donc  sa 
pérennité)  nous  pensons  que  l’aide  française  doit  aussi  être  concentrée  sur  le  plan  géographique,  en  se 
focalisant  sur  le  continent  dont  nous  sommes  voisins,  et  où  vont  se  jouer  les  plus  grandes  évolutions  des 
30 prochaines années : l’Afrique. 
L’analyse des dynamiques à l’œuvre sur les territoires africains fait ressortir quatre grands enjeux : la jeunesse 
africaine et la question de son sous-emploi (en 2025, l’Afrique  subsaharienne  verra  arriver  sur le marché du 
travail 25 millions de jeunes chaque année, qu’il est impératif de former et d’intégrer pour qu’ils constituent 
une opportunité et non un défi supplémentaire) ; l’agriculture familiale (délaissée par les politiques publiques, 
elle  est  pourtant  au  cœur  d’enjeux  essentiels  que  sont  l’emploi,  la  lutte  contre  la  pauvreté,  la  sécurité 
alimentaire,  la  préservation  des  territoires,  alors  que  la  population  rurale  va  encore  croître  de  300  millions 
d’habitants d’ici 2030) ; les conditions de vie en ville, qui ne sont pas au cœur des préoccupations aujourd’hui 
et  qui,  si  rien  n’est  fait,  vont  engendrer  à  termes  des  situations  sociales  explosives  et  des  dégradations 
insupportables de l’environnement ; l’accès à l’énergie, à la fois condition décisive de développement et levier 
le plus important pour dessiner une trajectoire à intensité carbone décroissante. 
Les enjeux climatiques, de sécurité, d’emploi et de cohésion sociale sont tels dans cette région du monde que 
vivre ensemble devient un objectif en soi. Ainsi, le développement ne sera durable que si l’équité devient le fil 
conducteur  des  politiques  de  développement.  Il  ne  sera  durable  que  si  l’on  concilie  développement  et 
croissance à intensité carbone décroissante, tout en ayant le souci de l’amélioration des conditions de vie et de 
l’équité  avant  toute  chose.  Pour  être  crédible  dans  les  pays  en  développement,  la  poursuite  de  ce  double 
agenda doit privilégier l’objectif d’un développement qui soit d’abord équitable. 
10 propositions et des recommandations mobilisant avant tout les acteurs de terrain  
S’articulant  sur  les  axes  précédents,  le  rapport  propose  de  privilégier  les  réponses  aux  problèmes  de 
développement durable fondées sur l’équité et sur les capacités d’initiative et d’innovation locales ; et de miser 
sur la volonté et la capacité des acteurs publics, privés et de la société civile à travailler ensemble, selon des 
modalités  d’aide  plus  appropriées,  plus  efficaces  et  de  plus  grande  portée.  Il  apporte  ainsi  une  vision 
renouvelée de ce que peut être notre présence dans les pays du Sud, en mobilisant les acteurs présents sur les 
territoires  au  service  du  développement  durable,  au  premier rang desquels  les  entreprises qui développent, 
dans leur cœur d’activité, des projets ou initiatives d’économie inclusive qui ont souvent un impact important 
en termes de développement durable. 
Le rapport  met en avant l’opportunité d’accompagner ces  initiatives d’économie d’inclusive, où entreprises, 
ONG,  pouvoirs  publics,  collectivités  locales,  fondations  inventent  ensemble  des  modèles  « hybrides »  pour 
répondre à des problèmes concrets de développement durable, engagées dans des projets ou programmes au 
plus  proche  des  réalités  de  terrain.  Il  montre  comment,  dans  les  domaines  prioritaires  retenus,  des 
innovations  technologiques,  sociales  ou  organisationnelles  ouvrent  la  voie  à  des  solutions  prometteuses, 
dont  il  faut  favoriser  le  « passage  à  l’échelle ».  La  multiplication  de  telles  innovations  et  leur  passage  à 
l’échelle  constituent  à  la  fois  une  nécessité  et  une  opportunité  de  faire  évoluer  les  modalités  de  l’aide  au 
développement.