Revue de presse - Compagnie the party

publicité
Revue de presse
Un beau ténébreux
De Julien Gracq
Mise en scène : Matthieu Cruciani
Photo : Jean-Louis Fernandez
Création du 5 au 9 janvier 2016 à La Comédie - CDN de Saint-Etienne
Production : The Party, La Comédie - CDN de Saint-Etienne, CDN Dijon-Bourgogne, CDN de Haute-Normandie
UN BEAU TENEBREUX - 2016
Julien Gracq / Matthieu Cruciani
BILAN DES PARUTIONS ET DIFFUSIONS
SUPPORT
JOURNALISTE
TYPE
Patrick Sourd
Aïnhoa JeanCalmettes
Dominique Darzacq
Evelyne Trân
Cécile Strouk
Dashiell Donello
Véronique Hotte
Critique
Critique
DATE DE
PARUTION
PRESSE ÉCRITE
NATIONALE
Les Inrockuptibles
Mouvement
Web Théâtre
Blog Le Monde
Rue du Théâtre
Mediapart
Hotello
Mouvement - Agenda
Scène Web
Mai 2016
26/03/2016
Critique
Critique
Critique
Critique
Critique
Avant Papier
Avant-papier
30/01/2016
11/01/2016
10/01/2016
09/01/2016
08/01/2016
Mai 2016
02/01/2016
Antonio Mafra
Laurence Veullein
Gilette Duroure
Florence Barnola
Florence Barnola
Marie Carrière
Florence Barnola
Critique
Critique
Critique
Avant-papier
Avant-papier
Avant-papier
Avant-papier
Avant-papier
05/03/2016
13/02/2016
06/01/2016
Janvier 2016
Janvier2016
Janvier 2016
25/12/2016
Mars 2016
Arnaud Laporte
Interview
08/02/2016
Julien Trambouze
Agenda
05/01/2016
Journal
07/01/2016
Journal
Reportage (26
minutes)
07/01/2016
Stéphane Capron
PRESSE ECRITE
REGIONALE
Le Tout Lyon Affiches
Le Dauphiné Libéré
La Tribune / Le Progrès
Le Petit Bulletin
Lever de rideau
Loire Magazine
L’Essor de la Loire
491
RADIO
Le coup de fil de La
Dispute – France Culture
France Bleu
TÉLÉVISION
TL7
Françoise
Boissonnat
Chantale Joassard
TL7 – Côté Scène
Chantale Joassard
France 3 Loire
02/02/2016
Presse Nationale
Critiques
le feu sous les planches
Narcisse et
Goldmund
Panorama de découvertes théâtrales, Théâtre en mai poursuit son soutien
à la jeune création. Le renouvellement des formes et le dialogue constant avec
les autres disciplines articulent un programme au plus brûlant de notre monde.
de Simon Pineau,
Camille Roy
et Paul Schirck
Un beau ténébreux
de Matthieu Cruciani
PIEUX OU JOUISSEUR :
ITINÉRAIRE D’UNE
ÉMANCIPATION.
UN ANGE DE PASOLINI PERTURBE LA LANGUEUR
D’UNE PLAGE BRETONNE.
I
Associer le thème
de Mutter, du groupe
allemand de heavy-metal
Rammstein, aux
ambitions spirituelles
de l’œuvre romanesque
d’Hermann Hesse
est une des réjouissantes
mises en perspective
proposées par Simon
Pineau, Camille Roy
et Paul Schirck.
Une manière d’actualiser
le débat incarné
par les héros de Narcisse
et Goldmund : l’un
consacrant son existence
de dévot à une quête
spirituelle ; l’autre
se revendiquant des
plaisirs d’un parcours
dionysiaque. L’occasion
de faire le point sur
la place à accorder
à la croyance dans la
construction de soi, en
regard de la confrontation
à l’expérience de vivre,
qui permettent à chacun
d’inventer sa propre
morale. Patrick Sourd
l y a un certain romantisme
à explorer et enchaîner ainsi
les mises en scène d’œuvres
romanesques. Après Melville,
Goethe et Selby, le metteur
en scène stéphanois Matthieu
Cruciani plonge dans la langue
ouvragée et dense, cryptique parfois
mais prodigieusement détaillée,
de Julien Gracq.
C’est à l’hôtel des Vagues, donnant
sur une plage bretonne, que se déploie
au cœur de l’été et de l’ennui l’une
des œuvres majeures du poète :
Un beau ténébreux, paru en 1945.
Couleurs pastel et pulls en mohair,
cocktails et délicieuses baignades,
oisiveté lascive et golf trépidant,
la petite société estivante est dérangée
dans le fil de son insouciance par
l’arrivée inopinée d’un couple étrange
et sentant le soufre : Dolorès et Allan.
Qui est cet homme semblant séduire
tous ceux qu’il croise ?
On pense évidemment au héros
de Théorème de Pasolini, mais en plus
bavard… La mise en scène de Cruciani,
aux accents rohmériens, dévide cette
intrigue noire en de longs épisodes
phrasés, savourant chaque instant
de la poétique de Gracq. Manuel Vallade
excelle en figure pasolinienne, et Pierre
Maillet éclaire de son espièglerie cette
inquiétante et obsédante histoire. Et là,
sur cette plage, s’étale toute la vacuité
et l’indécence humaine que porte haut
la petite bourgeoisie, telle que la décrit
Julien Gracq dans son sublime roman.
Jean-Louis Fernandez
les 24 et 26 mai à 14 h 30,
le 25 à 19 h, le 27 à 18 h 30 et
le 28 à 21 h, Bourse du travail
Hervé Pons
les 27 et 28 mai à 21 h et le 29 à 16 h,
salle Jacques-Fornier
8 les inrockuptibles théâtre en mai
théâtre en mai les inrockuptibles 9
MOUVEMENT
26 MARS 2016
© Jean-Louis Ferandez.
CritiquesThéâtre
Faust à la plage
Matthieu Cruciani
En adaptant Un beau ténébreux, Matthieu Cruciani est le
premier à porter l’écriture de Julien Gracq à la scène. Initié par
l’auteur lorsqu’il était en camp de travail, et achevé en 1942,
ce texte d’une beauté fulgurante met en jeu les désirs de
transcendance d’individus oisifs. Et offre par là une étrange
résonnance au contexte politique actuel.
Par Aïnhoa Jean-Calmettespublié le 26 mars 2016
Compagnie The Party
Intrigue qui tient à un fil, roman laboratoire qui vient se questionner lui-même, langue d’une virtuosité
presque effrayante, monologues infinis sur d’obscurs sujets : il fallait un peu de culot pour s’attaquer à
Gracq même pour un metteur en scène habitué à l’exercice de l’adaptation romanesque (1). « Je vais m’en
prendre plein la gueule. On va appeler ça "pour un théâtre réactionnaire" ou "pour un théâtre muséal". »
laissait entendre Matthieu Cruciani en 2013, à propos de ce projet. Trois ans plus tard, force est de constater
que, sous couvert d’inactualité classique, la pièce - en questionnant le besoin d’absolu dans une société qui
en manque - percute l’actualité brûlante.
À première vue, il est possible d’en douter. Années 1920, dans un hôtel du littoral, une micro société
bourgeoise se forme le temps de la saison estivale. Ce qu’il se passe : rien. Parties de tennis, bains de mer,
joutes verbales… interprétés avec brio par des comédiens de haute volée, tous les personnages essaient de
briller pour mieux cacher leurs brèches et la conscience aiguë qu’ils ont de leur vacuité. Gérard (Sharif
Andoura) par exemple, frustré de n’être qu’un commentateur de l’actualité littéraire ; Chrystelle (Clara
Bonnet) qui raconte à qui veut l’entendre son goût des révélations et son insatisfaction à l’égard de sa vie.
Ces jeunes mariés, trop démonstratifs de leur bonheur pour ne pas éveiller le soupçon.
L’arrivée du messie
Ça aurait pu continuer comme ça, sur un fil, mais sous le visage d’Allan (Manuel Vallade) et de sa fiancée
Dolorès (Pauline Panassenko), le miracle tant attendu survient. Qu’a-t-il de plus, ce beau ténébreux pour
fasciner à ce point tout ce petit monde ? Cela tient-il de lui, ou de ceux qui le regardent ? Matthieu Cruciani
s’interroge : « C’est une communauté qui a l’air de convention, mais elle devait bien avoir une faille en
plus, une attente en plus, pour qu’ils versent tous comme ça dans une fascination pour quelqu’un qui ne
fait rien ! Allan et Dolorès tombent sur un terreau favorable… »
Photo : Jean-Louis Fernandez.
Toujours est-il que, de façon palpable, cette nouvelle présence recouvre l’atmosphère de quelque chose de
mystérieux, si ce n’est de mystique. Le marivaudage perd sa légèreté, les flux de parole se densifient. Et si
le sens des dialogues et des monologues se soustrait toujours un peu plus à l’entendement, l’idée qu’un
secret se cache au fond du texte devient, elle, de plus en plus présente.
Il ne reste alors qu’à s’accrocher à la matière sonore et rythmique de la langue. Un état de torpeur
s’instaure. « Il me semblait passionnant de mener cette expérience avec le public, l’amener à lâcher prise
dans la saturation et la disproportion. Le faire basculer dans une écoute plus musicale et plus
énergétique. » explique Matthieu Cruciani.
Là est la grande intelligence de sa mise en scène : doser les effets scéniques avec une précision minutieuse
pour que le verbe, toujours, reste le personnage principal.
L’humour qui parfois se dessine, comme la scénographie, les effets de lumière ou la musique n’ont pas
pour fonction de divertir du texte. Ils viennent lui donner un espace de résonnance et le faire respirer dans
les moments où il risquerait d’asphyxier le spectateur.
Mourir pour ses idées
On accepterait de se perdre encore un peu dans cette overdose textuelle, mais au pic de l’intrigue, un
tournant s’opère. Quelque chose s’adoucit, le jeu des acteurs gagne en simplicité, un vrai rapport s’instaure
enfin entre les personnages et les raisons de la fascination se dévoilent.
Jean-Louis Fernandez.
Personnage faustien sur le point de s’ôter la vie, Allan ne tient son pouvoir que de la présence de la mort
qui flotte autour de lui. Et Gracq d’ouvrir soudain des pistes que Matthieu Cruciani analyse, à la lumière du
contexte post-13 novembre : « Nous sommes dans une société qui a du mal à penser qu’on pourrait se
suicider pour une idée. Par désarroi économique ou manque d’espoir, peut-être. Mais on passe à côté de
quelque chose de fou si on ne se pose pas la question du suicide par conviction. » Et sans doute, la question
que l’on pose alors au metteur en scène est-elle révélatrice de ce point aveugle : « Mais il passe à l’acte au
moment où aller au bout n’a plus de sens ! » « Il n’y a plus de sens que le sens d’aller au bout. » On
connaît le prix de ce sens-là.
1. Matthieu Cruciani a adapté, entre autres, Last Exit to Brooklyn de Shelby jr, Moby Dick ou encore Rapport sur moi de
Grégoire Bouillier.
Un beau ténébreux de Julien Gracq, mes Matthieu Cruciani (Cie The Party), a été créé à la Comédie de Saint-Etienne,
puis présenté à Rouen et au théâtre des Ateliers, Lyon. Du 27 au 29 mai au Théâtre Dijon Bourgogne (festival Théâtre en
mai).
Pays : France
Périodicité : Quotidien Paris
OJD : 38184
Date : 01 FEV 16
Page de l'article : p.22
Journaliste : Marina Da Silva
Page 1/1
Tous droits réservés à l'éditeur
SAINT-ETIENNE 0834186400503
RUE DU THÉÂTRE.EU
10 JANV. 2016
Un beau ténébreux
Scandale
Julien Gracq sur scène? Il aura fallu attendre 2016 et l’audace de Matthieu Cruciani et de sa
compagnie The Party pour que cet exploit ait lieu. Le Centre national dramatique de SaintÉtienne accueille une première historique en adaptant l’une des œuvres de celui qui refusa
un jour le Goncourt : 'Un beau ténébreux'.
Un Beau ténébreux, c’est l’histoire d’un “couple royal” qui planifie sa mort en plein mois
d’août au Grand Hôtel des Vagues, en Bretagne. Plus particulièrement, celle d’un homme,
Allan, dont la folle logorrhée fascine : il obsède les esprits, les captive, les manipule dans
des accès jouissifs de domination absolue. Son égotisme n’a d’égal que l’héroïsme d’un acte
morbide qui envenime peu à peu l’atmosphère. La bande de joyeux et triviaux lurons qui
gravite autour de lui va passer d’une joie simple à l’hébétude la plus totale.
Cette histoire est racontée par Gérard, un narrateur omniscient qui décrit non sans ironie
l’histoire de ce scandale. Lui-même se retrouve pollué, devenant un personnage à part
entière de ce conte maléfique. Le texte est rythmé par de longs monologues existentiels.
Lorsque les personnages communiquent entre eux, c’est plus pour exprimer leurs propres
maux que pour échanger. Chacun vit dans son monde, incapable de le relier à celui de
l’autre.
Adapter une telle écriture sur scène relève donc de l’exploit. Déjà, parce que montrer du
Gracq sur scène est une première historique en France et dans le monde. Ensuite, parce
que l’écriture est en tout point littéraire : dense, complexe et introspective. Le tour de force
du metteur en scène Matthieu Cruciani est de transformer un texte à ce point cérébral en un
objet vivant.
Pendant 2h20, une galerie de huit personnages - trois femmes, cinq hommes - se démène
pour composer une pièce dynamique, relevée par une scénographie qui alterne entre clairobscur et une ambiance électro-rock. Sur cette scène où trônent une grande table, quelques
chaises et des rochers, le récit se meut en un haletant roman noir, où les entrées et sorties
sont justement dosées et où les dialogues s’imposent comme de véritables conversations.
Outre la qualité du travail de réécriture mené par Matthieu Cruciani, chapeau bas à
l’ensemble des comédiens pour la qualité de leur diction et de leurs échanges, soutenus du
début à la fin. Pour la qualité de leur écoute aussi, dans un choix de mise en scène chorale.
Mention spéciale aux deux comédiens principaux, très convaincants dans leur genre :
Gérard, interprété par Sharif Andoura, se distingue par une voix profondément animée et par
une occupation à-propos de l’espace ; Allan, joué par Manuel Vallade, saisit par un regard
fiévreux et des mouvements de corps nerveux. Sans oublier les rôles féminins et notamment
celui de la femme du ténébreux, Pauline Panassenko, alias Dolorès, d’une élégance
retenue, et d’une vacancière, Emilie Capliez, alias Irène, d’une séduisante légèreté.
Déjà connu pour ses adaptations de Fassbinder et de Bégaudeau, Matthieu Cruciani livre
une proposition finement tressée qui - et on l’en remercie - donne envie de (re)découvrir
l’auteur méconnu du Rivage des Syrtes.
Cécile Strouk
Ruedutheatre.eu – 10 janvier 2016
THÉÂTRE AU VENT / BLOG- LE MONDE.FR
11 JANV. 2016
Un beau ténébreux de Julien Gracq / Matthieu Cruciani / Cie The Party à la
COMEDIE DE SAINT ETIENNE du mar. 5 au ven. 8 janvier / 20 h
Cet écrivain énigmatique, Julien GRACQ dont le nom résonne dans la bouche de façon ensoleillée
et montante comme un chemin de montagne à parcourir, est un véritable compagnon de voyages.
Le titre de son roman « Un beau ténébreux » dont il commença l'écriture en 1941 alors qu'il était
prisonnier dans un camp, opère comme une apparition, et c'est dans notre imaginaire, Julien
Gracq lui même qui surgit.
Dans un hôtel en bordure de mer appelé banalement « Les Vagues » de jeunes vacanciers riches,
dégagés de toute préoccupation matérielle ou professionnelle, se trouvent livrés à eux mêmes.
Jacques le narrateur s'ennuie, les états d'âme de la jeune bande ne suffisent plus à occuper son
esprit . L'arrivée d'un couple extraordinaire, selon lui, vient mystérieusement jeter le trouble dans
cet hôtel calme et sans histoires.
C'est la forte personnalité d'Allan dont les propos ont les accents ténébreux d'un Lautréamont,
d'un Rimbaud ou de Byron qui déroutent les vacanciers et notamment Jacques fasciné par la
beauté de l’épouse d'Allan, Dolorès. Tout le monde s'inquiète de la raison de leur présence dans
un lieu si paisible.
Le roman a l'étoffe d'une véritable tragédie sauf que contrairement aux tragédies raciniennes ou
cornéliennes, la fatalité n'est pas mise en cause. Nous le saurons, le couple a rendez vous avec la
mort parce que les deux époux se sont promis de se suicider. Personne ne le sait mais quelque
chose transpire du comportement de couple qui trouble le narrateur au plus profond de lui même.
Parole de jeune, rêve exalté. Parce qu'il a décidé de mourir, Allan a pu croire que s’ouvrait devant
lui la possibilité de tout vivre en toute liberté . Ce ne sera pas le cas parce que son secret se
révèle trop lourd, donnant une importance à la mort que les autres ne peuvent entendre.
Défi orgueilleux de celui qui lève son verre à la vie, à la mort. Allan n'est pas un kamikaze, mais il
croit peser le prix de la vie en affrontant la mort. Le prix, c'est aussi le regard des autres, leur
suspicion, leur incompréhension, leurs peurs, leur amour ou leur haine.
Dans ce roman où l’œil semble vouloir toujours toucher les silences, il y a les traversées
fulgurantes des monologues des personnages qui éclaboussent comme de hautes vagues,
trahissant la jeunesse des protagonistes, celle de Christel, fragile parce que trop ardente, celle de
Dolorès trop belle, celle d'Allan, exalté, celle de Jacques trop curieux.
La force incantatoire des monologues et dialogues du texte, nous la découvrons de façon tout à
fait inattendue grâce à l'adaptation et mise en scène de Matthieu CRUCIANI. C'est une révélation
d'éprouver que la langue de Gracq si poétique et réfléchie à la fois, puisse, incarnée par de
grands comédiens, révéler sa puissance émotionnelle.
Les mots chez Gracq sont pleins, tels quels ils traversent les corps, ils ont été traversés par eux,
ils sont ouverts aux sortilèges de Rimbaud qu'évoque le narrateur.
Sortilèges et fantômes, toute cette nuit fabriquée par les songes sont-ils ceux que renvoient les
paysages mouvants, sombres, inquiétants , très suggestifs, en fond de scène tels des
paraphrases des âmes tourmentées de ces jeunes gens.
THÉÂTRE AU VENT / BLOG - LE MONDE.FR
11 JANV. 2016
A dessein, la scénographie est dépouillée, juste quels bancs de sable, des tables et des chaises,
tant il est vrai qu'il n'ait pas besoin de se substituer à l'imaginaire de Gracq qui découle de
sa langue propre.
Gracq dût être « un beau ténébreux » à sa façon, invisible, élégante, mais jamais sournoise. Dans
ce spectacle, toute l'équipe rend hommage de façon vibrante à un auteur réputé difficile, mettant
en lumière, l'éclat de son style.
Jeunesse insolente aux portes de la nuit, instinct de vie et de mort à la fois. Jolie gamme de
mélancolie exaltée et pénétrante aussi captivante qu'une vague qui avance. Il s'agit d'émotions
presque convulsives, sortilège d'une eau qui n'est jamais endormie chez Gracq et sur laquelle
marchent radieusement les interprètes Sharif ANDOURA, Clara BONNET, Manuel VALLADE,
Emilie CAPLIEZ, Frédéric de GOLDFIEM, Pierre MAILLET, Maurin OLLES, Pauline PANASSENKO.
Remercions les !
Théâtreauvent – 11 janvier 2016
Evelyne Trân
WEB THEATRE
31 JANV. 2016
Un Beau ténébreux de Julien Gracq
Un pari gagné haut la main
Astre singulier au ciel des Lettres, Julien Gracq (1910-2007) de glorieuse réputation mais mauvais
coucheur, s’est toujours tenu à distance du charivari enfiévré de ce qu’il appelait la « bourse aux
valeurs ». Avant d’être un écrivain dont on parle, il voulait être celui qu’on lit. Celui-là pour qui « le
public, ce sont ces petites lampes anonymes qui s’allument après le repas du soir » comme il le définit
dans La Littérature à l’estomac un court opus au vinaigre sur les mœurs littéraires du temps.
L’écrivain qui, fâché d’avoir vu sa pièce Le Roi pêcheur boudé par la critique refusa d’être
« goncourisé » pour son roman Le Rivage des Syrtes est plus connu que son œuvre. C’est que Julien
Gracq, dont la plume aime à s’égarer sur les terres limitrophes du surréalisme et des songes n’est pas
de ceux qui se lisent d’une traite. Avec lui, il faut savoir prendre son temps, revenir en arrière, faire
des pauses pour savourer l’étincelant du style, la profondeur de l’écriture. C’est dire que mettre sur la
scène les personnages du roman de Gracq Un Beau ténébreux relève du pari à haut risque mais
gagné avec doigté par Matthieu Cruciani qui en assure l’adaptation et la mise en scène .
Ce roman paru en 1945 trouve son parfait résumé dans la bouche même de son héros : « Il n’est pas
bon de laisser la mort se promener trop longtemps à visage découvert, elle éveille la mort encore
endormie au fond des autres ». L’histoire -racontée par l’un d’eux, Gérard, occupé d’une étude sur
Rimbaud mais que la littérature fatigue et qui tient son journal,- est celle d’un petit groupe d’estivants
élégants et désœuvrés qui passent leurs vacances dans une petite station balnéaire bretonne au
Grand Hôtel des vagues « où leur rumeur parvient comme une rumeur d’émeute ». On se baigne, joue
au tennis, aux échecs, on discute sans vraiment échanger, bref on tente d’échapper à l’ennui et même
on songe à partir lorsqu’apparaît « une chose plus confondante que l’harmonie des sphères, un
couple royal ». Brusquement l’atmosphère change, personne ne songe plus à partir, chacun comme
aimanté par ce couple magnifique. Allan, beau ténébreux à la brillante éloquence, et Dolorès vont
exercer une irrésistible attraction et provoquer « une hémorragie intarissable de rêve ». Leur présence
autour de laquelle rôdent le mystère et le pressentiment de noirs desseins chamboule les têtes et les
cœurs, détraque les pendules mais on fait comme si rien ne devait bouger excepté le rythme des
marées.
A l’occasion du bal costumé qui marque la fin de la saison estivale, la petite bande passera de
l’insouciance à la sidération absolue en découvrant qu’à l’instar des « Amants de Montmorency »
d’Alfred de Vigny « c’était pour mourir qu’ils étaient venus là ».
Dans la scénographie de Marc Laîné tout à la fois concrète et allusive où autour d’une vaste table
encombrée de bouteilles cohabitent tout à la fois la lande confuse, le hall de l’hôtel et le fracas des
vagues, Matthieu Cruciani ne cherche pas à faire le malin avec Julien Gracq, mais à être au plus près
d’une écriture d’une densité vertigineuse. Son adaptation attentive à suivre les mouvements du roman
fait judicieusement alterner dialogues et monologues et imprime à sa mise en scène un mouvement
choral où s’entrechoquent le réel et le surréel, suggère des atmosphères où affleurent les ombres
d’Edgard Poe et de Maeterlinck que Julien Gracq appréciait tout particulièrement
WEB THEATRE
31 JANV. 2016
Pour faire passer de la page au plateau ce roman où s’imbriquent d’une même main les bourrasques
du vent et les palpitations d’âme, l’ironie lucide et les divagations, le metteur en scène a réuni une
équipe de comédiens à sa main et dans l’ensemble assez bien ajustés à son propos avec une
mention toute particulière pour Sharif Andoura, Gérard ambigu, juge et partie, et Pauline Panassenko,
Dolorès toute d’élégants mystères.
Dans une lumière (Bruno Marsol) dont les variations, de plein soleil en clair-obscur, épousent toutes
les humeurs, celles du ciel breton et des esprits et une ambiance sonore électro-rock (Clément
Vercelletto) qui pour inattendue qu’elle soit colle comme une évidence, Matthieu Cruciani donne tout
son jus à ce conte funèbre éclaboussé de vie et se fait judicieux passeur d’une œuvre qu’il donne
envie de revisiter ou de découvrir, ce qui n’est pas rien.
Créé à la Comédie de Saint Etienne le spectacle est à voir actuellement en tournée.
Un Beau ténébreux de Julien Gracq. Adaptation et mise en scène Matthieu Cruciani avec Sharif
Andoura, Clara Bonnet, Emilie Capliez, Frédéric de Goldfiem, Pierre Maillet, Maurin Olles, Pauline
Panassenko, Manuel Vallade ( 2h 20)
Centre dramatique national de Caen : 2 et 3 février tel 02 35 03 29 78
Le Dôme Théâtre à Alberville tel 04 79 10 44 80
Les Ateliers à Lyon 04 78 37 46 30
Dijon Festival en mai tel 03 80 30 12 12
Web Théâtre – 30 janvier 2016
Dominique Darzacq
HOTELLO
31 JANV. 2016
Un beau ténébreux de Julien Gracq, mise en scène
de Matthieu Cruciani
Un beau ténébreux de Julien Gracq, mise en scène
de Matthieu Cruciani
Les œuvres de Julien Gracq fraient avec le principe du
palimpseste qui superpose des textes divers du XIX é siècle,
Poe, Wagner, Balzac, Vigny … Le palimpseste se présente
comme une vaste répétition, une reprise, une renaissance
recouvrant des textes effacés et transformés qui ressurgissent
autrement à chaque roman.
Un beau ténébreux (1945), deuxième roman après Au Château
d’Argol (1939), accède au rang de palimpseste, ne serait-ce que
par la désignation emblématique des noms des personnages. Le narrateur et auteur du journal intime
dans le roman, Gérard, anagramme d’Edgar, renvoie à Nerval et à Poe, et Dolores à « Our Lady of
Pain » de Swinburne.
Le couple mythique de l’intrigue, qui exerce attrait, séduction et fascination, avec Allan le ténébreux et
la belle Dolorès, revêt les costumes sombres et un rien gothiques des Amants de Montmorency du
poème d’Alfred de Vigny, ces deux jeunes amoureux célèbres qui décident ensemble d’en finir avec la
vie.
L’écriture singulière de Gracq travaille sur la fuite du temps, sur les saisons qui passent – entre le blé
jaune d’été et les feuilles rougeoyantes d’automne -, des sensations passéistes et mélancoliques de
luminosité et de couleurs changeantes.
Dans la mise en scène adaptée du roman par Matthieu Cruciani, la scénographie de Marc Lainé se
révèle plutôt judicieuse avec ses dunes de sable jetées sur le plateau et sa lande sèche dont les
roseaux se penchent sous le vent, ses tables blanches de fêtes nocturnes tardives, son rideau de
scène et son théâtre d’ombre, ses apparitions et ses disparitions, enfin ses rochers simulés près de
l’écran de la vidéo de Jean-Antoine Raveyre qui fait se fracasser les vagues bretonnes d’une mer à
vent fort et agitée. Sous un dais de lumière, réceptacle céleste privilégié de variations climatiques
marines – plage, mer et nuages grondants dans le firmament -, les changements gracquiens
d’éclairage et de tonalité dues à Bruno Marsol font rage sur la scène en même temps que dans la
mémoire du narrateur et de ses acolytes pour un bonheur tout juste perçu, un sentiment existentiel
sombrant aussitôt dans la perte. Le souvenir a des vertus salvatrices dans l’éloge même de l’enfance
et de la jeunesse enfuie, une vie insaisissable à peine entrevue et aussitôt passée.
Lors de vacances prolongées, une petite bande d’amis se retrouve en Bretagne, sur la plage de
Kérantec, à l’Hôtel des Vagues qui « appareille comme un navire pour la traversée de l’été ». Les
jeunes gens sont vifs et enthousiastes, les scènes s’enchaînent dans l’énergie, entrelacées grâce aux
interventions du narrateur (Sharif Andoura) qui raconte les faits et les atmosphères tout en jouant avec
brio sa partition d’acteur. Pour le metteur en scène, Un beau ténébreux est le roman de celui qui n’a
rien à perdre, celui qui « libre de tout… se découvre maître de tout. » Beau parleur, le héros se laisse
observer, tentateur et figure du Mal, tel que le jeune homme de Théorème de Pasolini qui sème le
trouble alentour. Il s’est gagné des amitiés fanatiques et désintéressées qui dureront la vie entière,
détenant le pouvoir de pousser sans effort les idées et les choses au pire, le pouvoir de « détraquer »
la vie. Christel, séduite par ce personnage lointain et énigmatique, n’a nulle prise sur lui, et Clara
Bonnet dans le rôle joue un peu trop la jeune fille plutôt qu’elle ne l’est tout simplement. Le rôle-titre
d’Allan est interprété par Manuel Vallade, mal assuré parfois mais pas toujours, et dont la voix peut
dépasser les intentions dans une nervosité et une colère exacerbées. Les rôles sont difficiles, il faut
parfois se laisser être sans jouer trop. Pauline Panassenko pour Dolorès et Émilie Capliez pour Irène
sont justes et vraies. Il n’est pas facile de donner vie à cette écriture mais le pari est tenu, et la
représentation qu’on croyait impossible invite le spectateur à pénétrer et à contempler depuis l’hôtel
mythique d’une jeunesse perdue cette « plage noble, mélancolique et glorieuse, les vitres du fond de
mer toutes à la fois incendiées par le soleil couchant comme un paquebot qui s’illumine. »
Un rêve devenu théâtre.
Véronique Hotte
MÉDIAPART
09 JANV. 2016
Un beau ténébreux de Julien Gracq
« Un beau ténébreux », le roman de Julien Gracq, adapté pour la première fois
au théâtre par Matthieu Cruciani, à La Comédie de Saint-Étienne
jean-louis-fernandez
Dans le roman de Julien Gracq, Un beau ténébreux, la vie laisse son empreinte dans
le sable d’un pays de légende, à la marée du temps d’un soleil couchant ; point
d’arrivée d’un voyage sans retour. Sur les côtes de Kérantec, la mer, la mer toujours
recommencée comme poétisait Paul Valery*. Une mer musicienne qui fait danser les
ajoncs, aux notes des vagues, dans le vent baryton. C’est dans cette ambiance
bretonne que de riches estivants passent leurs vacances, au Grand Hôtel des
Vagues. Ces jeunes oisifs trompent l’ennui entre la baignade en mer, le badminton,
le golf, et les soirées dansantes au casino. Un couple mystérieux, Dolorès et Allan,
arrive peu après. À la façon des Amants de Montmorency du poème d’Alfred de
Vigny** ; ils vont révéler, à cette jeunesse, un conte séduisant et terrible.
Matthieu Cruciani ose rendre visible au théâtre l’adaptation du roman de Julien
Gracq Un beau ténébreux. Il nous donne ses raisons et nous avertit que : « Porter
un roman de Gracq à la scène ne peut être innocent ni naïf ». Si, comme on peut le
lire dans la note d’intention, les choses se font, dans la nature et l’homme, via la
perversité, la question de cette déviance doit se poser. Il ajoute :
Ce que je cherche n’est ni mélancolie, ni nostalgie. C’est, par exemple, tenter de
comprendre cette poussée de désir, cette étonnante vivacité, cette liberté de pensée,
de forme, ce sourire d’après la catastrophe qui a jailli dans l’immédiate après-guerre,
en 1945, quand paraît Un beau ténébreux.
Il y aurait donc dans l’écriture de Gracq un pouvoir émancipateur, une puissance
structurante du rêve, du mystère. En portant un texte non théâtral au théâtre, le
metteur en scène cherche le rêve actif. Du désir et de la vitalité dans le corps et
BLOG MÉDIAPART
09 JANV. 2016
l’esprit. Deux heures de vie pour parler plus simplement. Le programme est
ambitieux. Mais rêvons-nous vraiment ? Le temps est-il appréhendé sous tous ses
angles ? Pour voir le roman se muer en théâtre, il faudrait rendre la littérature à la vie
justement. Or, cette vie « rêvée » est entravée de mots loin de l’image que projette le
rêve. Les projections d’une vidéo ne suffissent pas. C’est dans les corps, les
situations et les actions que cela est possible théâtralement parlant. Dans ce que
nous voyions, le texte de Gracq se bat contre le théâtre.
Lire Gracq n’est pas un ennui ou un travail. Ses livres se dévorent. Nous dévorent.
Si, comme le dit fort justement Matthieu Cruciani, le roman nous dévore, l’adaptation
scénique qu’il nous propose fait un rejet dramaturgique. L’alchimie scènes
monologues ne fait pas un rêve actif ; même si le théâtre apparaît dans les partitions
jouées. Cela tient plutôt d’un tour de magie où nous verrions le truc.
L’histoire ensuite, étrange et comme suspendue, reste toujours dynamique,
haletante, passionnante. C’est tout à la fois une tragédie grecque, un drame
intimiste, un puissant opéra, un conte diabolique et un roman hanté.
Certes, mais une tragédie n’est-elle pas terreur et pitié ; où la catharsis agit sur le
public ? Nous n’avons pas vu, hélas, sur le théâtre ce que le roman nous donne à
imaginer. Le puissant opéra, le drame intimiste, le conte diabolique en devenant
théâtre a perdu de ce que promet le roman hanté. Peut-être que l’invitation à
l’onirisme a trompé ce qui se regarde aisément, mais ne fait pas rêver.
Pour cette adaptation Matthieu Cruciani retrouve ses artistes associés : Émilie
Capliez, Pierre Maillet et Sharif Andoura. La distribution a des hauts et des bas.
Manuel Vallade n’a pas toute la maitrise d’un beau ténébreux qui n’a rien à perdre.
Son jeu nerveux et trop en force va contre la séduction et la passion que devrait
susciter Allan. Clara Bonnet cherche bien trop loin, l’interprétation de la jeune fille
qu’elle est. Sharif Andoura incarne avec brio le narrateur et son rôle. Émilie Capliez a
trouvé la simplicité de la jeune mariée troublée. Pauline Panassenko, quant à elle,
n’a rien à changer au mystère et à l’aura qu’elle donne à la belle Dolores. Malgré
l’argumentation réservée, ce « beau ténébreux » ne doit pas être boudé. Ne serait-ce
que pour l’audace du pari.
Médiapart – 9 janvier 2016
Dashiell Donello
Presse Nationale
Avant-papiers
MOUVEMENT
MAI 2016
SCÈNE WEB.FR
02 JANV. 2016
Un beau ténébreux de Julien Gracq par Matthieu Cruciani
Après Melville, Bouillier, Goethe, Selby, etc., Matthieu Cruciani poursuit son exploration des
écritures romanesques. Il se penche aujourd’hui sur l’ouvrage d’un des rares auteurs publiés
de son vivant par la « Bibliothèque de la Pléiade », Julien Gracq. Inspirée par le romantisme
allemand et le surréalisme, l’écriture de Gracq a pour particularité de débusquer le poétique
dans les paysages, les situations, les figures et de le faire valoir dans une prose littéralement
somptueuse.
Paru en 1945, Un beau ténébreux met en scène un petit groupe d’estivants fortunés qui passe
ses vacances au Grand Hôtel des Vagues, quelque part en Bretagne. Entre légèreté et ennui,
ces jeunes gens meublent leur oisiveté par la baignade, le golf, des soirées de bal et de casino.
Mais l’arrivée d’un couple énigmatique va déclencher un maelström dans cette petite
communauté. Sur fond de roman noir et de romances amoureuses, le Grand Hôtel des Vagues
prend alors des accents kubrickiens… Qui est cet Allan qui semble séduire tous ceux qu’il
croise ? Et pourquoi lui et son envoûtante maîtresse Dolorès se sont-ils donnés rendez-vous
précisément ici ?
Drame intimiste, puissant opéra, tragédie grecque autant que conte diabolique, Un beau
ténébreux ne cesse de nous surprendre. Matthieu Cruciani transmue ce roman en une pièce
songe, musicale et très visuelle. Il retrouve pour cette nouvelle production nombre de fidèles
collaborateurs parmi lesquels Émilie Capliez, Pierre Maillet et Sharif Andoura. C’est la
première fois que Julien Gracq est adapté au théâtre.
Création à La Comédie de Saint-Étienne × du mar. 5 au sam. 9 janvier 2016
2 et 3 février 2016 × Centre dramatique national de Haute-Normandie, Rouen
10 février 2016 × Le Dôme Théâtre, Scène conventionnée l’Albertville
du 10 au 13 mars 2016 × Les Ateliers, Lyon – en coréalisation : Célestins, Théâtre de Lyon, Théâtre Nouvelle
Génération – Centre dramatique national
Festival Théâtre en mai × édition 2016, Théâtre Dijon Bourgogne – Centre dramatique national
Scène Web – 2 janvier 2016
Stéphane Capron
Presse Régionale
Critiques
Date : 05 MARS 16
Page de l'article : p.28
Journaliste : A.M.
Pays : France
Périodicité : Hebdomadaire
OJD : 4467
427175c355007c0332394aa4630285320aa6bb4f01126a5
Page 1/1
LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ
13 FEV. 2016
LA TRIBUNE / LE PROGRÈS
06 JANV. 2016
LA TRIBUNE / LE PROGRÈS
15 DEC. 2015
Presse Régionale
Avant-papiers
L'ESSOR DE LA LOIRE
Pays : France
Périodicité : Hebdomadaire
OJD : 4009
Date : 25 DEC 15
Journaliste : F.B.
Page 1/1
LE PETIT BULLETIN
JANV. 2016
Un beau Ténébreux
Pourquoi chroniquer un ouvrage paru en 1945 ? Parce que le 2e roman de Julien
Gracq fait l’objet pour la première fois d’une adaptation théâtrale, et de plus par une
compagnie stéphanoise, The Party. Un beau ténébreux, c’est le récit apparemment
d’une bourgeoisie insouciante et oisive, rentière, pour qui le temps des vacances
s’expand, qui pique nique sur la plage, joue au casino, badine, intellectualise et attend
qu’un événement brise son ennui… Bien loin de nos préoccupations actuelles. Cette
"société" là paraît désuète mais l’était sans doute tout autant au sortir de la Seconde
Guerre mondiale. L’auteur ne date pas le prologue de son narrateur, lui aussi écrivain,
qui suspend le siècle, le XXe, et laisse au lecteur le choix de la décennie. Cette histoire
assez viscontienne, pourrait prendre place avant la première guerre mondiale, un
groupe d’estivants passe le temps dans un hôtel au bord d’une plage bretonne quand
un couple au charisme magique fait son apparition. Le talent de Gracq exprime
davantage que les vicissitudes d’un groupe de nantis désoeuvrés en vacances.
L’écriture, élitiste, demande un effort au lecteur pour y entrer, elle est abrupte pour
l’œil, habitué à une littérature contemporaine plus libérée. Les longues descriptions,
les sentiments et élans amoureux dont l’analyse est plus intellectuelle qu’organique,
responsabilise le lecteur qui devient un observateur méticuleux. Comment alors
adapter ce type d’œuvre sur une scène de théâtre ? La réponse à ce challenge
risqué le 5 janvier prochain.
Un beau ténébreux de Julien Gracq aux éditions José Corti.
Adapté par la compagnie the Party à la Comédie de Saint-Etienne du 5 au 9
janvier.
Le Petit Bulletin – 8 janvier 2016
Florence Barnola
LEVER DE RIDEAU
2015 / 2016
LOIRE MAGAZINE
JANVIER 2016
Date : MARS 16
Page de l'article : p.12
Pays : France
Périodicité : Mensuel
Page 1/1
CONTACTS
THE PARTY
Association Loi 1901
N° Siret : 529 906 703 000 25
APE : 9001Z
N° Licence : 2-1045137 / 3-1045138
Siège social : 17 rue Etienne Dolet 42000 Saint-Étienne
Adresse administrative :Chez le Bureau Éphémère - 6, place Colbert 69001 Lyon
____________________________________________________________________________
Direction artistique :
Matthieu Cruciani, metteur en scène :
00 33 (0)6 10 77 57 89
[email protected]
Direction administrative :
Stéphane Triolet, administrateur de production
00 33 (0)6 13 46 25 37
[email protected]
Diffusion/production :
Claire Leconte, chargée de production
[email protected]
00 33 (0)6 82 33 06 40
Téléchargement