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II. Le développement durable et le capitalisme.
Le développement durable est le produit de la mondialisation. C’est à la fin de la guerre froide
que le modèle capitaliste s’étend au monde entier et avec lui la liberté d’entreprendre. Les
nouvelles technologies d’information et de communication permettent aux ONG de s’organiser à
l’échelle planétaire. Par le biais de l’humanitaire, la nouvelle religion du développement durable
se déverse au Sud grâce au droit d’ingérence humanitaire autoproclamé par les pays du Nord et
essaye d’assurer un développement qui ne menace pas les ressources de la planète (ni les vieux
pays riches). Avec le « Sommet de la Terre » à Rio, en 1992, l’auteur souligne le fait que les
problèmes du monde sont maintenant d’ordre naturel et non plus d’ordre social.
Le développement durable s’inscrit dans une logique capitaliste, l’écologie fait recette. Le
gouvernement français a promulgué en 2002 la loi NRE (Nouvelles Régulations Economiques)
qui oblige les grandes entreprises à rendre un rapport sur leurs actions en faveur de
développement durable. D’ailleurs elles profitent de cette image d‘«amies» de l’écologie car en
terme de marketing le label « vert » est très prisé aujourd’hui par les consommateurs. Ceux-là
même qui sont encouragés à prendre en charge une partie des frais qui incombaient auparavant à
l’entreprise (sacs plastiques, factures) et à remplacer leurs anciennes voitures. Un nouveau
marché s’est donc ouvert avec le développement durable et au nom de la planète nous sommes
poussés à consommer toujours plus.
D’autres problèmes sont à signaler : le développement durable peut se révéler couteux (ampoules
basses consommation), inesthétique (éolienne) et peu pratique (voitures hybrides avec un coffre
réduit). Pour que le poids du recyclage ne repose pas entièrement sur le consommateur mais que
les entreprises ne s’en déchargent pas en prenant le Sud pour une poubelle, il convient de
réfléchir à la règle des 3R (réduire les déchets dans le processus de fabrication, réutiliser et
recycler). Le développement durable correspond donc plus à une ambition qu’à une réalité.
Le développement durable se caractérise dans ce livre par l’idée qu’il instaurerait une nouvelle
frontière riche/pauvre. En 1968 parait un rapport alarmiste sur la croissance de la population
mondiale La bombe P (P pour population). De plus, on assiste dans les années 1970 à l’explosion
démographique dans le Tiers-Monde. Cela réveille en nous la peur de manquer.
En effet d’après les Nations Unies nous atteindrions 700 milliards d’hommes sur Terre en 2100.
Il s’avère que ce chiffre a été surestimé, aujourd’hui on parle de 9 à 10 milliards d’hommes pour
2100. De plus les politiques natalistes défendues n’ont pas vraiment eu d’effet car aujourd’hui la
Chine pratique la politique de l’enfant unique et la population des pays du Sud, voyant le risque
de perdre son enfant diminuer, s’est autorégulée.
Par une « coïncidence étrange » on voit aujourd’hui les vieux pays développés remettre en
question la société de consommation au moment où le Sud émerge et prétend à son entrée dans
celle-ci. En 1972, le Club de Rome rédige le rapport Halte à la croissance dans lequel les
premières simulations chiffrées par ordinateur prévoit l’épuisement des ressources vers les années
1990. Le choc pétrolier de 1973 va justifier la peur car si les prix augmentent c’est que l’on ne va
pas tarder à manquer. Une autre ressource pose aussi beaucoup de questions, c’est l’alimentation.
Selon l’auteur nous assistons à une résurgence du malthusianisme qui consiste à dire que si les
pauvres ont faim, c’est parce qu’ils sont trop nombreux. Or il a été démontré que la nourriture
produite aujourd’hui suffirait à nourrir toute l’humanité. La question est de savoir comment
répartir cette production. L’auteur rappelle que les Etats-Unis et l’Europe payent certains paysans
pour qu’ils ne cultivent pas leurs terres.