Performance

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En Quête de
Performance
Master “Expertise, Performance, Intervention”
3
Prévention
Préparation
t
=
Optimisation
:
Technologie
UFR STAPS Nantes
2012-2013
Présentation de
la formation
Copyright©
Coordination éditoriale :
Arnaud GUEVEL & Antoine NORDEZ
Ligne éditoriale et mise en page :
Lucile MOUNE & Justine MAGNARD
Quatrième de couverture : Germain KNAUBLICH
Crédit Photo : Antoine MERLET
Le master « Expertise, Intervention, Performance » ouvert à l’UFR STAPS de l’Université
de Nantes vise à répondre à de nouveaux besoins exprimés par différentes structures sportives. Il
s’agit de former des professionnels capables : d’étudier l’activité des « acteurs sportifs » (entraîneurs,
athlètes, enseignants d’EPS, formateurs) dans leur globalité et complexité, c’est-à-dire en prenant
en compte de manière simultanée différentes facettes de l’activité (en privilégiant des approches
interdisciplinaires); de concevoir des recherches poursuivant à la fois des objectifs scientifiques et
sportifs, et qui soient réalisées dans un cadre de collaboration explicite et contractuelle entre les
chercheurs et les acteurs sportifs.
Plus concrètement, le diplômé du master « Expertise, Performance, Intervention »
est capable d’assurer la conception, le pilotage et l’expertise de programmes d’entraînement et
d’optimisation de la performance sportive ou motrice et doit pouvoir organiser son activité professionnelle en relation avec trois grandes familles de tâches : 1. La conception, le développement,
et l’optimisation de programmes d’intervention ; 2. la mise en place, la coordination, la conduite
et l’évaluation de ces programmes d’intervention ; 3. la formalisation et l’optimisation des compétences des intervenants (entraîneurs, préparateurs physiques ou mentaux, formateurs, kinésithérapeutes, psychomotriciens, etc.) et de leurs modalités de travail collectif. Dans le cadre de leur
dernière année de formation, les étudiants de master 2 « Expertise, Performance, Intervention »
ont engagé une démarche originale visant à proposer aux professionnels et acteurs sportifs une
revue présentant les travaux développés dans le cadre de leur cursus ou une synthèse des connaissances nouvelles dans un domaine en lien avec une activité sportive ou une activité de recherche
ayant retenu leur intérêt. Un de leurs objectifs est de susciter votre curiosité et un intérêt qui, au
delà de cette revue, inviteraient à des interactions entre vos structures et eux.
Cette belle initiative, que je salue et qui je l’espère se pérennisera, démontre le dynamisme
des étudiants de cette promotion, et leur volonté de communiquer vers les professionnels et des
acteurs du milieu sportif auprès desquels ils aspirent à valoriser et développer leurs compétences.
Je suis certain que vous serez sensibles et intéressés par cette initiative, et au delà, je vous remercie
par avance de l’accueil que vous réserverez aux futurs professionnels issus de cette année de formation.
Christophe Cornu
Responsable Pédagogique du Master 2 EPI
UFR STAPS Nantes
Sommaire
Edito
Technologie et Performance
Evolution des matériaux : impacts sur les performances sportives
Ce recueil d’articles écrits par les étudiant(e)s de Master 2 « Expertise, Performance, Intervention » - promotion 2012 – 2013 - s’adresse aux professionnels du sport, aux cadres techniques,
entraîneurs, dirigeants, directeurs sportifs, ainsi qu’aux professionnels de la santé, susceptibles
d’être intéressés à des titres divers par des problématiques liées à la motricité humaine et son
adaptation ou son développement. Chaque étudiant (en fin d’étude de Master) a traité un thème
de son choix, et propose au lecteur l’état d’une réflexion s’appuyant sur des connaissances scientifiques et techniques actualisées dans le domaine concerné, avec un souci de la rendre accessible
et utile pour les praticiens visés. A ce titre, l’encadré « Recommandations » inséré dans chaque
article permet au lecteur de disposer de quelques principes ou idées pouvant être mobilisés dans
une pratique professionnelle. Ce recueil est donc une illustration concrète d’une partie des compétences et qualités que les étudiantes et les étudiants de cette formation ont développé au cours de
leur formation, et de leur capacité à traiter de toute question en relation avec l’expertise sportive,
la performance, et les techniques d’intervention.
Les articles présentés dans ce recueil concernent 4 thèmes : « Technologie et Performance »,
« Entraînement et Performance », « Préparation physique et mentale et Performance », et « Santé,
Prévention, Rééducation ». Ces thèmes sont représentatifs des connaissances que les étudiant(e)
s acquièrent lors de leur cursus en Master, et des compétences qu’ils développent au fil de cette
formation.
Cette publication vise aussi à inciter à des rencontres ou à initier des collaborations avec des professionnels et dirigeants du domaine sportif et/ou de la santé par les activités physiques. Au-delà,
l’insertion professionnelle des diplômés étant un objectif essentiel de ce Master, il s’agit de faire découvrir l’étendue de leur potentiel à d’éventuels futurs employeurs (les coordonnées électroniques
de chaque étudiant sont indiquées pour tout contact ou offre d’emploi à leur adresser).
.......................................... 4
La technique en course à pied : Devenir performant en s’économisant
................................... 8
Utilisation de l’électrostimulation dans l’entrainement de haut niveau .................................. 12
Vibration et électrostimulation : les nouveaux outils de la préparation physique .................. 16
Entrainement et Performance
Les temps pronostics en aviron
.................................................................................................. 20
Les stratégies de coactivation et la performance sportive ........................................................ 24
La gestion d’équipe en sport individuel ...................................................................................... 28
Football : Les jeux réduits avec ballons ....................................................................................... 32
Préparation physique et mentale et Performance
La récupération active chez des joueurs de tennis ................................................................... 36
La coordination : Un pré requis fondamental de la réussite sportive ? .................................... 40
Mental et sport d’opposition : Comment aborder le Stress ? .................................................... 43
Le type d’effort à privilégier pour améliorer sa composition corporelle.................................... 47
Arnaud Guével
Professeur des Universités
Coordinateur de la publication M2 EPI 2013
Santé, Prévention, Rééducation
Rupture du ligament croisé antérieur du genou : actualité, prédiction et prévention ........... 51
« Kinesio-Taping » : Nouvelle technologie de soins .................................................................. 54
L’ostéopathe : un partenaire de soins dans la pratique sportive ................................................ 58
L’intérêt du renforcement excentrique dans la prévention des lésions musculaires ............. 62
Exercice intense et bienfaits sur la santé. Quelle place pour l’EPS ? ....................................... 66
Justine MAGNARD, Judokate depuis mon enfance et ancienne athlète du pôle Espoir et du pôle
France de Rennes, c’est naturellement que je me suis orientée vers des études liées aux activités physiques et sportives. Après une spécialisation en entraînement sportif, j’ai choisi de me diriger vers les
populations fragiles (personnes âgées, dialysées) afin de leurs faire bénéficier de programmes d’activités
physiques adaptées individualisés visant l’amélioration de leur qualité de vie. Curieuse de nature et passionnée par la recherche, je m’intéresse tout particulièrement aux travaux des cellules d’aide à la performance liés aux nouvelles technologies et à leurs conséquences sur les pratiques sportives et l’entraînement,
d’où le sujet de mon article.
Mail : [email protected]
Evolution des matériaux : impacts sur les performances
sportives
D
ans un contexte international toujours plus exigeant, où la victoire se joue au moindre détail, chaque paramètre de la performance nécessite d’être optimisé. Les nouvelles technologies, et notamment les nouveaux
matériaux, jouent un rôle majeur dans cette quête de succès en contribuant à l’amélioration des équipements
et autres dispositifs sportifs. Dès lors que la technologie interpelle la performance sportive, certaines questions
s’imposent : comment des matériaux peuvent-ils améliorer les performances ? Quelles sont les grandes innovations de ces dernières années ? Influencent-elles les pratiques sportives et leurs évolutions ? Comment sont-elles
règlementées ? Pour quelles perspectives d’avenir? Des sports de glisse à la natation, en passant par l’athlétisme,
l’objectif de cet article sera de montrer l’impact des nouveaux matériaux sur les performances, les pratiques ainsi
que les règlements sportifs internationaux.
Depuis la fin du XIXe siècle et la naissance du sport
moderne, les athlètes ont toujours cherché à aller plus
vite, plus loin, plus haut. Cette quête, au delà de la quantité et de la qualité de l’entraînement, s’est rapidement
appuyée sur le développement du matériel et des équipements sportifs. C’est pourquoi à partir de 1920, leur
production, qui était jusqu’alors exclusivement artisanale, est devenue industrielle. La finalité de l’ingénieur est
alors de proposer des matériaux qui répondent le mieux
possible aux objectifs d’usage.
L’élaboration d’équipements innovants a progressivement nécessité des matériaux aux propriétés
multiples et contradictoires, à savoir : performants
mais peu coûteux, résistants mais souples, rigides mais
légers… Par conséquent, les matériaux anciens couramment utilisés tels que le bois, le cuivre ou le chanvre ont
été remplacés par des matériaux modernes issus des industries métallurgiques et chimiques.
Au cours des années 1970, cette incessante recherche de performance s’accélère grâce à l’apparition
de nouveaux matériaux synthétiques, en particulier les
matériaux composites (Price, 2002). Constitués de fibres renforts immergées au sein d’une matrice, les matériaux composites résultent d’un assemblage d’éléments
aux propriétés différentes, non miscibles mais ayant une
forte capacité d’adhésion, leurs permettant ainsi de posséder des propriétés que les éléments seuls ne possèdent
pas.
4
Toujours plus résistants, plus précis et plus performants, ces nouveaux matériaux et par extension ces
nouveaux équipements sportifs, garantissent à l’athlète
une pratique sûre et confortable, tout en lui permettant
de repousser ses limites.
Comment des nouveaux matériaux peuvent-ils
amener à de nouveaux records ? L’évolution d’un matériel peut-elle avoir une incidence sur celle d’un geste technique, voire d’une discipline entière ? Ces innovations
sont-elles contrôlées par les fédérations ?
En se basant sur des travaux scientifiques ainsi
que sur les règlements officiels, le but de cet article est de
répondre à ces interrogations sous jacentes à l’évolution
technologique du matériel sportif.
Quand les matériaux optimisent la performance : exemple du ski de vitesse
Le ski de vitesse, ou kilomètre lancé, est une
course de vitesse pure sur une pente en ligne droite dans
laquelle le skieur s’élance afin d’atteindre la vitesse la plus
élevée possible. Le premier record du monde homologué
par la Fédération Internationale de Ski fut établi par
l’Autrichien Léo GASPERL en 1931 (Figure 1a), avec une
vitesse de 136,6 km/h. C’est alors que la composition et la
structure du ski commencent à se modifier. Les planches
de bois sont remplacées par du métal et du polymère,
leur design s’affine et devient un véritable témoin de leur
évolution (Figure 1b). Les courses en position de soufflerie se démocratisent et amènent de nouveaux records
; elle devient ainsi la position de référence en terme de
performance (Figure 1abc). En 1978 au Chili, Steve McKINNEY entre dans la légende en franchissant la barre
des 200 km/h. Suite à cette performance, une évolution
fulgurante de l’équipement du skieur est observée (Figure 1c):
•
Des ailerons en mousse compressible, glissés
sous la combinaison, ont été crées afin d’améliorer le
coefficient de traînée des corps (Cx) et réduire ainsi le
frein aérodynamique. De par une meilleure stabilisation
du mollet et une réduction des turbulences, ces ailerons
engendrent un meilleur contrôle des skis.
Le saut à la perche est une discipline dont
l’évolution des performances est la plus directement proportionnelle à celles des matériaux (Figure 2). En effet,
d’abord en bois (Figure 3a) puis en bambou, l’apparition
de l’aluminium a permis d’améliorer la rigidité de la
perche permettant ainsi une meilleure restitution de
l’énergie élastique. Depuis les années 1960, les perches en
matériaux composites (fibres de verre et de carbone), plus
légères, plus souples et plus résistantes, ont permis aux
athlètes de sauter deux fois plus haut qu’à l’origine de la
discipline, avec un record du monde actuel de 6,14 mètres,
détenu depuis 1994 par l’Ukrainien Sergueï BUBKA.
•
Les bâtons courbés, ou en forme de Z, fournissent un appui antéropostérieur au niveau des mains, offrant ainsi davantage de stabilité au skieur.
•
La combinaison, très moulante, est conçue en
fibres synthétiques plastifiées assurant ainsi une pénétration dans l’air optimale.
•
Le casque, réalisé en fibre de verre ou en matériaux composites, est adapté à la morphologie du skieur,
améliorant ainsi l’aérodynamisme.
•
Les skis, désormais composés de matériaux synthétiques (fibres de verre, aluminium, polyamide), sont
plus légers et plus stables. Leurs semelles, conçues en
polyéthylène, s’épaississent assurant ainsi une meilleure
glisse (Casey, 2000).
L’amélioration du coefficient de pénétration
dans l’air permise grâce à l’ensemble de ces innovations
technologiques fait qu’aujourd’hui le record du monde,
détenu depuis 2006 par l’Italien Simone ORIGONE, est
de 251,4 km/h.
(a)
(b)
Figure 2: Evolution du record du monde de saut à la perche de
1850 à nos jours : une nette amélioration est observée au fur
et à mesure que la structure de perche évolue.
En imposant des contraintes plus importantes
au niveau du complexe musculo-tendineux, ces nouveaux matériaux ont révolutionné la discipline (Burgess,
1998). Outre l’allongement de la course d’élan propice à
l’atteinte d’une vitesse maximale, l’athlète doit maitriser
l’impact violent de la torsion de la perche au moment où
celle-ci touche le butoir. Lors de la phase de suspension,
la flexibilité de la perche combinée à l’élan du perchiste
provoque le renversement total de l’athlète. L’extension
du bassin et des jambes est alors nécessaire pour continuer l’ascension. Enfin l’athlète pivote et produit une forte
poussée sur la perche afin de franchir la barre (Figure
3b).
La réception se fait désormais sur des tapis en mousse
favorisant ainsi des hauteurs de chute plus importantes
tout en garantissant la sécurité de l’athlète qui se réceptionne sur le dos.
(c)
Figure 1: Evolution de l’équipement du skieur de kilomètre
lancé au cours du XXe siècle. Illustration de position de course
en soufflerie. (a). 1931, Léo GASPERL: skis en bois. (b). Années 1950, skis en métal, casque intégral profilé, combinaison
moulante. (c). Années 1990, optimisation du matériel existant,
ajout d’ailerons en mousse au niveau des mollets.
Quand l’évolution du matériel fait évoluer
une discipline sportive : exemple du saut à
la perche
(a)
5
5.5) et souligne qu’ils doivent s’assurer que les combinaisons soient bien disponibles pour tous les nageurs (GR
5.6). Aux Jeux Olympiques de Londres, la FINA a imposé aux hommes le jammer : une combinaison couvrant
uniquement au dessus du genou (Figure 4d).
Burgess S. (1998). The modern Olympic vaulting pole.
Materials & design. 19:197-204.
(b)
Figure 3: Impacts des matériaux sur l’évolution du saut à la
perche. (a). 1860, la perche est en bois et l’athlète se réceptionne sur les pieds dans un bac à sable. (b). A partir de 1960,
la perche est composée de fibres de verre, l’athlète se réceptionne sur le dos sur des tapis en mousse.
Quand la technologie dénature l’activité :
exemple de dérive en natation
L’objectif de la natation est d’atteindre une vitesse
maximale avec un minimum d’effort. Rapidement le textile est considéré comme un acteur de la performance.
Dès lors, l’intérêt porté par chercheurs et ingénieurs à la
tenue du nageur a conduit à de nombreuses innovations
: la combinaison en tissu est détrônée par le maillot de
bain (Figure 4a & b), lui-même remplacé par les combinaisons.
En 2008, la combinaison LZR Racer (Figure
3c), décrite comme étant une véritable innovation technologique, est homologuée par la Fédération International de Natation (FINA). Entièrement composée de
polyuréthane, assemblée et soudée par ultrasons, cette
combinaison inspirée de la peau de requin réduit les frottements et améliore la flottabilité. D’après l’étude de Moria et al. (2011), grâce à une contention efficiente de la
cheville au torse, la LZR Racer optimise l’aérodynamisme
et l’hydrodynamisme assurant ainsi une meilleure glisse
sur l’eau.
Depuis l’arrivée de cette combinaison high-tech,
les performances se sont considérablement améliorées et
bouleversent la discipline. En effet, en 2008 le bilan annuel fait état de 105 records du monde battus, dont 79
réalisés en portant la LZR Racer. Animées par une médiatisation sans précédant, les controverses s’amorcent et
la combinaison est remise en cause.
En réponse aux polémiques que ces combinaisons suscitent, la FINA en interdit l’utilisation à partir de
2010. La chartre de Dubaï fait alors état des nouvelles règles en termes d’équipement et stipule en préambule que
« La FINA tient à rappeler que la natation est un sport
dont l’essence est la performance physique du sportif, le
principe le plus fondamental ».
Depuis, le règlement officiel de la FINA sur la tenue du
nageur a été modifié, stipulant qu’elle ne doit pas couvrir
le corps au-delà du cou, des épaules et des genoux (GR
5.3). De plus, il spécifie que les confectionneurs devront
désormais soumettre toutes leurs innovations auprès de
la FINA afin d’obtenir l’approbation de la fédération (GR
6
Bibliographie
(a)
(b)
(c)
(d)
Figure 4: Evolution de la tenue du nageur. (a). 1924, Johnny
WEISSMULLER en combinaison tissu aux JO de Paris, médaillé d’or au 100m et 400m Nage Libre. (b). 1972, Mark SPITZ
septuple champion olympique à Munich en maillot. (c). 2008,
Michael PHELPS remporte 8 médailles d’or aux JO de Pékin
en portant la combinaison LZR Racer. (d). 2012, Michael
PHELPS obtient 4 titres aux JO de Londres en jammer
La technologie apporte des progrès incontestables dans
la pratique du sport. Néanmoins, en flirtant avec la question du dopage et son extension à la notion de « dopage
technologique », les innovations amènent les fédérations
à renforcer la règlementation sur le matériel et les équipements autorisés.
A l’instar de la FINA, la Fédération Internationale des Sociétés d’Aviron (FISA) a contribué à freiner
une « course à l’armement » afin de ne pas entacher le
développement et l’universalité de la discipline et ainsi
préserver l’équité dans l’aviron. Ainsi, les règlements officiels des fédérations assurent le développement pérenne
de leur discipline en veillant au respect de l’équité sportive, et en s’assurant que les progrès technologiques ne
prennent pas le pas sur la performance de l’athlète.
Pour conclure, il est important de souligner le
rôle majeur des professionnels de l’entrainement dans
cette évolution des équipements sportifs. En effet, outre le fait que leur expertise est indispensable aux chercheurs et aux ingénieurs pour améliorer et valider leurs
innovations, ils doivent également suivre leurs évolutions en veillant à ce que la technologie reste au service
de l’athlète, sans pour autant l’instrumentaliser.
Casey H. (2001). Sporting materials: ski equipment. K.
H. Buschow, R. W. Cahn, M. C. Flemings, B. Ilschner, E.
J. Kramer, S. Mahajan & P. Veyssière (Eds.), Encyclopedia of materials: science and technology (pp. 8769-8771).
United Kingdom: Elsevier Science.
Moria H., Chowdhury H., Alam F. & Subic A. (2011).
Aero/hydrodynamic study of Speedo LZR, TYR Sayonara and Blueseventy Pointzero3 Swimsuits. Jordan
Journal of Mechanical and Industrial Engineering. 5:8388.
Liens utiles
•
Règlement FINA:
www.fina.org/projet/images/help/thedubaicharter.pdf
www.fina.org/project/docs/rules/SWIMWEARAPPROVAL.pdf
•
Règlement FISA:
http://www.worldrowing.com/fisa/resources/rulebooks.pdf
(cf. Rule 60-Fairness-Innovations).
Price K. (2002). Composite win over sports market. Reinforced Plastics. 46:48-51.
Recommandations
N’hésitez pas à collaborer avec les chercheurs et les ingénieurs lorsqu’ils élaborent un
nouveau produit (tests, retour d’expertise).
Informez-vous de l’évolution des règlements nationaux et internationaux de votre discipline lorsqu’un nouveau matériel ou équipement est commercialisé.
L’essence même du sport étant le dépassement de soi, assurez-vous que la technologie ne
prenne pas le pas sur la performance de l’athlète ; il doit être au centre des préoccupations.
Ne confondez pas innovation et marketing ! En effet, étant donné l’aspect très concurrentiel de ce marché, les fabricants essayent de sortir leurs nouveautés le plus rapidement possible, parfois au détriment de la fiabilité du produit.
Afin de ne pas prendre de retard sur vos concurrents, soyez vigilant sur leurs progrès
et leurs éventuelles acquisitions (nouvel outil, équipement…) → notion de veille technologique.
7
Germain KNAUBLICH, Spécialiste du suivi et de l’analyse de la performance sportive, je me dirige
ces prochaines années vers l’exercice d’une activité de consultant et intervenant en préparation physique. Je souhaite également m’investir dans le domaine qui lie l’activité physique à la santé. Aujourd’hui,
j’interviens en tant que stagiaire dans le club professionnel du Mans Sarthe Basket, avec pour mission
de mettre en place un suivi qui permettrait d’évaluer les profils physiques ainsi que l’état de forme des
jeunes joueurs espoirs. Également j’encadre une section triathlon dans un collège Nantais et entraîne
un groupe de triathlètes amateurs à Saint Herblain.
Mail : [email protected]
La technique en course à pied : Devenir performant en
s’économisant
‘
’ Être efficace ‘’, tel est le secret de nos champions. Certains excellent dans la manière de se
déplacer. Regardez et admirez le style d’athlètes comme Alistair Brownlee (champion olympique de triathlon, à Londres, en 2012), dont on a l’impression qu’ils volent lorsqu’ils courent.
Ce résultat est le fruit d’un travail spécifique à l’entraînement qui doit nous inspirer. Cet
article synthétique, s’attache à définir les différentes caractéristiques de la foulée en course à
pied, de moyennes et longues distances, qui permettent d’optimiser les dépenses énergétiques
et qui impactent la performance.
Être performant en course à pied ne se limite pas
à de bonnes prédispositions, les meilleurs se distinguent
aussi de par leur efficience à se déplacer. Pour Di Prampero (2003), la performance repose sur 4 facteurs : la
consommation maximale d’oxygène (VO2max), la fraction d’utilisation de la VO2max en course, le coût énergétique et la capacité anaérobie. Le développement des
qualités physiologiques occupe une part conséquente
de l’entraînement. Néanmoins il ne faut pas oublier
l’importance de la mécanique dans le déplacement, qui
doit permettre d’exploiter ce potentiel physiologique. Le
coût énergétique est là pour nous le rappeler.
À niveau de VO2max égale, la distinction entre
deux athlètes passe par la capacité de ces derniers à se
déplacer efficacement, autrement dit, par le coût énergétique de leur gestuelle. Cette notion de coût énergétique
se définit comme la quantité d’énergie métabolique consommée par unité de distance parcourue (Hausswirth
& Brisswalter, 1999). Sa quantification est basée sur la
mesure des volumes d’oxygène consommés (VO2) en
fonction de distances et vitesses de déplacement données,
pour des efforts compris entre 60 et 90% de la VO2max
de l’athlète. La quantification du coût énergétique reste
complexe à cause de la multiplicité des variables qui
l’influence. Cependant nous savons qu’une efficacité
mécanique accrue a pour effet de diminuer la consommation d’énergie. Loin d’être défini génétiquement, cette
qualité peut être développée avec l’entraînement.
‘’ Bien courir pour courir plus vite ‘’, voilà ce que nous
devons rechercher. Le travail technique en course à pied
est primordial pour optimiser le rendement énergétique
des athlètes. La foulée est un mouvement complexe que
nous commencerons par décrire en mettant en avant
8
l’impact sur la performance que celle-ci peut avoir. Puis
nous introduirons quelques applications pratiques pour
l’entraînement, qui servent à améliorer les qualités techniques en course à pied.
La foulée
La foulée est un mouvement complexe, caractérisée par des phases d’appuis successives au sol entrecoupées de phases de suspensions. Une phase d’appui
peut être décomposée en 3 parties. L’amortie commence
à l’instant où l’on pose le pied au sol. Cette période est
frénatrice, la force qui s’applique sur le sujet est inverse
au sens de déplacement. C’est le moment privilégié pour
emmagasiner de l’énergie élastique. Ensuite vient la
phase de soutien, à ce moment le centre de gravité de
l’athlète est à la verticale de l’appui au sol. C’est un instant préférentiel d’observation pour analyser l’attitude
du coureur, que nous aborderons plus-tard. Enfin la
poussée, qui se termine lorsque le pied quitte le sol, est
l’instant moteur où l’athlète se projette vers l’avant dans
le sens de son déplacement. La succession de ces phases
d’appuis permet le déplacement grâce à la production de
force appliquée au sol. Pour ce qui est de la phase de suspension, le coureur se tient en équilibre et ne peut plus
agir sur sa trajectoire. Cette période plutôt passive est un
temps de repos pour le coureur. Pour le reste il existe une
multitude de façons d’harmoniser la foulée, ce qui fait
que chaque coureur possède sa foulée en fonction de différents paramètres en grande partie liés à sa morphologie.
Les aspects techniques et leurs impacts
Le mouvement de la course projette le coureur,
qui peut être décrit comme un objet poly-articulé. La
force mécanique résultante au niveau du centre de gravité est liée aux forces de chacun des membres qui interagissent de manière indépendante. Autrement dit, la
trajectoire du sujet dépend des caractéristiques des multiples forces produites par chaque segment. La foulée est
construite sur un ensemble de principes mécaniques que
nous allons aborder pour mieux comprendre la finalité
de l’entraînement technique en course à pied. Un savant
mélange entre la production, la synchronisation et la
transmission des forces permet d’améliorer l’efficacité.
L’énergie élastique
C’est en contractant ses muscles que l’athlète produit une partie de la force nécessaire à son déplacement.
Cette énergie mécanique est dite ‘’payante’’, car elle fait
appel à la mise en place de mécanismes métaboliques.
Une seconde source d’énergie mécanique existe, celle-ci
est dite ‘’gratuite’’, car elle ne requière pas l’utilisation de
substrats. On parle ici d’énergie élastique, soit la récupération de l’énergie cinétique stockée dans les structures
corporelles élastiques au cours d’un étirement préalable
(Alexander, 1991). Au moment de l’impact du pied au sol,
les structures élastiques (tendons et aponévroses étant
les structures les plus engagées) subissent une déformation, similaire à l’étirement d’un élastique. Lorsque la
force appliquée s’annule, ces structures élastiques sont
capables de restituer l’énergie qu’elles ont stocké en se
raccourcissant. Il est donc possible de diminuer le coût
énergétique en produisant de la force par ce mécanisme.
C’est autour des articulations des membres inférieurs,
et plus particulièrement la cheville, que l’on recherche
la production de cette énergie. À l’impact, l’attaque par
l’avant du pied, plus efficace et plus économique, permet
l’étirement du groupe musculaire du mollet, ce que ne
permet pas un déroulé talon-pointe du pied, plus coûteux. De plus, l’attaque par l’avant du pied limite le risque
de traumatismes articulaires et osseux, par rapport au
talon pour lequel les vibrations de l’impact se propagent directement par le système squelettique (Daoud et
al, 2012). Aux niveaux des articulations du genou et de
la hanche les possibilités sont plus limitées, mais néanmoins pas moins intéressantes. À ces niveaux, la mise en
tension des groupes musculaires des quadriceps et fessiers, passe par le verrouillage articulaire en extension
de ces deux articulations. Attention cependant, il est à
noter que ce mécanisme fait appel à des qualités musculaires particulières. Lors de l’attaque par l’avant du pied,
les structures musculaires sont mises en tensions de
manière violente à l’impact, ce qui engendre des traumatismes musculaires importants au début. Ainsi une certaine progressivité doit être respectée à l’entraînement
pour permettre aux structures musculaires de se développer et de s’adapter.
La transmission de la force
La production de la force n’est pas suffisante
pour être performant, il faut pouvoir exploiter celle-ci
au profit du déplacement. L’alignement segmentaire, soit
la position rigide-linéaire des segments jambe, cuisse et
tronc, au cours de toute la phase d’appui au sol, est un
élément déterminant pour transmettre efficacement la
force. En effet, la force, pour se propager, avec un minimum de perte d’énergie mécanique, doit passer par un
corps solide. Les flexions du membre en appui, que l’on
observe aux articulations du genou et de la hanche, sont
sources de déperdition de force. La production de force
n’est alors qu’illusoire si elle ne peut pas être transmise
pour projeter l’athlète. De plus, une position gainée-linéaire du membre en appui permet de limiter l’affaissement
du coureur au moment de la prise d’appui et augmente
la quantité d’énergie élastique stockée au cours de cette
phase. Sur le terrain, un observable préférentiel peut servir à évaluer cet alignement segmentaire. Au moment de
la phase de soutien, instant ou le centre gravité passe à la
verticale de l’appui au sol, on peut évaluer la hauteur entre le pied d’appui et le bassin (cf. figure 1). On recherche
une position dite ‘’haute sur l’appui’’. L’outil vidéo est un
excellent moyen d’investigation ici, qui doit servir pour
sensibiliser l’athlète.
Figure 1 : Sur la figure de gauche on observe que le membre
en appui est fléchi au niveau de la hanche et du genou, cette
position ne permet pas une bonne transmission de la force et
est plus coûteuse en énergie, comparativement à la figure de
droite où le membre est aligné.
L’amplitude et la fréquence
Après s’être intéressé à la force produite pour se
déplacer, arrêtons-nous sur les deux composantes de la
vitesse de course, que sont l’amplitude et la fréquence
des pas. Quand certains avancent à grandes enjambées d’autres réalisent un grand nombre de foulées. Du
point de vue de l’économie de course, il semblerait que
l’avantage soit à la fréquence. En effet, le coût énergétique est moindre lorsque l’on privilégie une fréquence
de pas plus élevée (Cavanagh & Williams, 1982 ; Hubiche
& Pradet, 1993). Ce type de foulée avec des temps de
contact court au sol, diminue les oscillations verticales
de l’athlète, induit des efforts moins importants pour
résister à l’écrasement à chaque appui, et enfin permet
d’exploiter plus efficacement l’énergie élastique en diminuant le temps entre l’étirement et le renvoi. Cette
orientation de travail à l’entraînement, reste cependant
assez discutée. Car à contrario l’amplitude permet
d’augmenter l’efficacité mécanique, soit la quantité de
force efficace pour le déplacement horizontal (Hubiche
& Pradet, 1993). En augmentant l’amplitude des foulées
il est possible d’atteindre des vitesses beaucoup plus
élevées qu’avec une augmentation de la fréquence. Par
contre d’un point de vu énergétique adopter une foulée
ample est plus coûteux, à cause de la quantité plus importante de force à produire sur chaque poussée. Il est
9
assez délicat d’augmenter conjointement ces deux paramètres de fréquence et d’amplitude. Autrement dit ce que
l’on gagne d’un côté on le perd de l’autre. Les conclusions
tirées de différentes études scientifiques font ressortir une
certaine constante des résultats. Il semble que la modulation
entre amplitude et fréquence des foulées soit dépendante de
l’épreuve. Au fur et à mesure que les distances s’allongent
en course à pied, la dimension énergétique doit être prise
en compte. Ainsi plus les distances s’allongent, plus il faut
privilégier la fréquence pour augmenter sa vitesse de façon
économique (Hubichet & Pradet, 1993).
Le rôle des bras
Comme nous l’avons souligné en introduction,
l’ensemble des forces produites par les différents segments du système athlète influence son déplacement.
Ainsi le balancier des bras, en plus d’être indispensable
à l’équilibre, joue un rôle, d’allègement en produisant
une force vers le haut, inverse au poids, et d’orientation
de la foulée vers l’avant. L’utilisation des bras influence
positivement le coût énergétique (Arellano & Kram, 2011).
De plus utiliser ses bras permet de réguler la foulée. En
effet, il existe une synchronisation naturelle entre les
bras et les jambes lorsque l’on court. L’augmentation de
la fréquence de balancier des bras permet d’augmenter
la fréquence au niveau des jambes, il en va de même si
l’on veut augmenter l’amplitude des pas en tirant sur les
bras. Le travail de coordination trouve ici tout son intérêt
pour bénéficier de ces avantages.
L’influence de la fatigue
Le prolongement des efforts en course à pied
engendre un épuisement progressif de l’organisme. La
fatigue est synonyme d’une altération des capacités de
production de force qui induit l’augmentation du coût
énergétique. Celle-ci est d’origine multiple. Elle provient
de l’appauvrissement des ressources énergétiques, de
dommages musculaires induits par l’exercice ou encore
de l’épuisement de la commande nerveuse centrale et
périphérique (Millet et al, 2009 ; Hausswirth et al, 1999).
L’athlète en situation de fatigue modifie progressivement
son attitude. Par exemple, l’augmentation de l’amplitude
de la foulée, observée en situation de fatigue, permet
d’augmenter les temps de repos en phase d’envol. Cependant, nous avons vu que ce comportement entraîne
aussi une augmentation du coût énergétique qui influence négativement le niveau de fatigue. Il existe donc un
cercle vicieux autour de l’installation de la fatigue. Si l’on
ne peut pas stopper le mécanisme de la fatigue, il est important de pouvoir ralentir son apparition au maximum.
Pour cela il semble qu’un travail technique à l’entraînement
sur le maintien de la gestuelle de course au cours de l’effort
puisse être une prescription adaptée en complément des
diverses recommandations nutritionnelles et autres équipements technologiques utilisés en course.
Les applications à l’entraînement
La programmation de la technique
10
Comme pour toutes les autres disciplines, le
travail technique en course à pied engendre des perturbations du schéma moteur de l’athlète. Une période
d’adaptation à ces changements est nécessaire si l’on veut
que l’organisme s’adapte pour optimiser le coût énergétique de ce nouveau mode de déplacement. Ainsi, il est
préférable que ce travail ne soit pas effectué en période
pré-compétitive et compétitive. Pour ce qui est de la
programmation d’exercices techniques dans une séance
celle-ci peut varier. En début de séance, en l’absence de
fatigue, l’intégration de la gestuelle est plus appropriée.
Placé en fin de séance ce travail trouve également sa
place, l’apparition de la fatigue entraînant une dégradation de la technique de course, il est intéressant de pouvoir travailler sur le maintien de la foulée dans cette situation. L’apprentissage d’un nouveau geste est fastidieux
et long, c’est pourquoi ce travail doit être fait de manière
longitudinale et progressive.
Le travail de gammes athlétiques
L’apprentissage technique doit faire l’objet d’une
appropriation de la part de l’athlète. Pour ce faire la décomposition du geste est nécessaire afin d’obtenir des
adaptations progressives sans bousculer complètement
le schéma moteur en place. Le travail de gammes athlétiques permet cette dissociation par phases de la foulée.
On retrouve ainsi des exercices de montées de genoux ou
de talons-fesses pour la phase de retour de la jambe libre,
des foulées bondissantes pour le travail de propulsion,
de jambes tendues pour le gainage et l’attaque du pied au
sol, et d’autres encore. Chacun de ces exercices doivent
être effectués en alternance avec de la course libre non
contrainte, pour favoriser l’intégration au schéma moteur. Il est très simple de mettre en place ce type de travail, en début de séance pour terminer un échauffement
par exemple, ce qui permet de répéter la gestuelle de
manière longitudinale.
Le travail de musculation et de gainage
Dans le cadre de la production et de la trans-
mission des forces, il est important de développer chez
l’athlète une musculature homogène des différents segments. Bien entendu l’hypertrophie n’est pas l’objectif
recherché, car celle-ci entraîne une augmentation excessive de la masse plutôt défavorable en course à pied sur
moyenne et longue distance. Cependant, nous avons pu
remarquer l’importance de la contrainte de poids au moment de l’impact à laquelle l’athlète doit résister et également l’intérêt d’être gainé tout au long de la phase d’appui
au sol pour ensuite se projeter vers l’avant. Un travail pliométrique en musculation, semble offrir de bons résultats
pour améliorer les performances en course à pied (Spurrs
et al., 2003). Ce type d’exercice provoque des dommages
musculaires pouvant être importants si l’on excède un certain volume, c’est pourquoi il faut être vigilant en intégrant
ce travail progressivement et en limitant le nombre de
répétitions. La musculation et le gainage des muscles du
tronc est indispensable à la transmission de la force, il est
intéressant d’intégrer ces exercices tout au long de la préparation. La musculation n’est pas seulement pratiquée
en salle de musculation, il est très facile et intéressant de
pouvoir l’intégrer à chaque séance.
Le travail en côte
Le travail en côte serait un bon moyen de progresser du point de vue de l’économie de course. En effet
les contraintes ajoutées en côte, liées à l’augmentation de
l’influence de la force de pesanteur, entraîne une modification naturelle de l’attitude de l’athlète qui devient plus
efficace. C’est ce qui a pu être constaté par un groupe
de chercheurs qui ont comparé le coût énergétique de
coureurs entraînés pour des courses en montagne et
d’autres qui courent exclusivement sur le plat (Praz et al.,
2011). Ce résultat est d’autant plus vrai que la vitesse de
course est faible. L’hypothèse que nous pouvons faire est
que l’amélioration de la puissance développée en montée
permet une diminution du coût énergétique. Il serait intéressant d’explorer cette piste de travail aussi bien sur le
terrain que dans le cadre d’études scientifiques futures.
Les outils d’aide à l’analyse sur le terrain
Les progrès technologiques nous permettent
aujourd’hui de disposer d’outils d’investigations abordables pour analyser et suivre l’évolution d’un geste
comme la foulée. Le premier étant la vidéo, qui reste le
plus simple. La vidéo permet de sensibiliser les athlètes à
travers des feed-backs directs. Mais son utilisation peut
être aussi plus pointue avec des logiciels de traitement
vidéo permettant de quantifier certains paramètres mécaniques, tels que des angles articulaires et d’envols, par
exemple. Si l’on poursuit du côté de l’analyse mécanique,
les systèmes optojump ou myotest, permettent d’analyser
de manière qualitative et quantitative la foulée à travers
le calcul de vitesses de déplacements, d’accélération, de
temps de vol et de contact et également la fréquence ou
l’amplitude des pas. Plus coûteuse mais aussi plus pointue, l’utilisation de plateformes de force sur tapis roulant
ou sur piste, offre des données de production de force très
intéressantes pour analyser le rendement d’une foulée.
Pour ce qui est de la définition du coût énergétique, nous
l’avons vu celle-ci est possible grâce à la mesure des volumes d’oxygènes consommés via un dispositif d’analyse
des échanges gazeux. Beaucoup moins fiable mais plus
abordable, la mesure des dépenses caloriques à partir de
la fréquence cardiaque est également une solution exploitable pour rendre compte des dépenses énergétiques
de la foulée. L’observation visuelle basique ne suffit pas
à analyser finement un geste technique. L’utilisation de
moyens technologiques de plus en plus simplifiée, doit
être intégrée à l’entraînement pour accroître la précision
du travail en faveur de la performance.
Conclusion
Il est donc important de ne pas oublier que les
déterminants de la performance en course à pied ne se
limitent pas aux simples qualités physiologiques. Le coût
énergétique de la foulée est indissociable de l’aspect mécanique de celle-ci. C’est pourquoi un travail technique
régulier doit être intégré à l’entraînement. Trop souvent
cette dimension de l’entraînement est négligée par les entraîneurs par ignorance de sa maîtrise et de son impact
sur la performance. Pourtant la technique peut très facilement être intégrée aux séances sans risque de perte de
temps. Le travail technique est d’autant plus bénéfique
que les athlètes seront novices. Alors il est inutile de faire
passer des séries de 1000m avant la maîtrise gestuelle de
la foulée. La mécanique sert la physiologie en permettant
d’exploiter complètement le potentiel de l’athlète.
Bibliographie
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Hubiche JL. & Pradet M. (1993). Comprendre l’athlétisme : sa
pratique et son enseignement. Collection Entraînement.
Millet GY., Morin JB., Degache F., Edouard P., Feason L., Verney J. & Oullion R. (2009). Running from Paris to Beijing: biomechanical and physiological consequences. Eur J Appl Physiol.107(6):731-8.
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Spurrs RW., Murphy AJ. & Watsford ML. (2003). The effect of
plyometric training on distance running performance. Eur J Appl
Physiol. 89(1):1-7.
Recommandations
Le coût énergétique de la course à pied est un déterminant
majeur de la performance sur moyenne et longue distances.
Le travail technique à l’entraînement vise l’amélioration de ce
rendement.
L’intégration du travail technique doit respecter une certaine
progressivité pour ne pas perturber brutalement le schéma
moteur en place et limiter le risque de blessures liées aux adaptations musculaires nécessaires.
Favoriser l’attaque par l’avant du pied au sol permet
d’augmenter la quantité d’énergie restituée au moment de la
poussée.
La transmission de la force qui projette l’athlète dans son déplacement doit passer par un corps linéaire et rigide.
La fatigue influence négativement la qualité de la foulée, il est
donc intéressant de travailler à l’entraînement sur le maintien
du schéma moteur au cours de l’effort.
Au delà des exercices de gammes athlétiques connues maintenant, il semble que le travail de renforcement musculaire
global et les exercices en côte soient des pistes intéressantes
pour améliorer l’économie de course.
11
Benjamin BLANCHARD, A la « frontière » entre le monde professionnel et le monde de la recherche,
je suis en stage au laboratoire « Motricité, Interactions, Performance » de l’UFR STAPS de Nantes, et parallèlement Educateur de Football au sein du FC NANTES où j’ai en charge l’encadrement de la promotion
née en 2001 (U12). Actuellement en Master 2 et impliqué dans un processus de recherche scientifique
depuis ma 3ème année de licence (Entraînement Sportif), j’estime que les passerelles entre la recherche et
l’entraînement sont fondamentales. La recherche doit répondre aux problématiques de l’entraînement
quand celui-ci doit se construire sur des bases scientifiques. Ces deux domaines sont donc intimement
liés et complémentaires.
Mail : [email protected]
Utilisation de l’électrostimulation dans l’entraînement de
haut niveau
L
e monde du sport est étroitement lié à un univers de techniques. Celles-ci sont tout d’abord corporelles, au sens où elles mettent en jeu le corps mais peuvent également renvoyer à divers objets
intervenant dans les progrès sportifs. Ces « objets techniques » mobilisés dans le monde du sport sont
de natures diverses, ils peuvent être directement liés à la réalisation du geste (la perche en athlétisme,
la raquette en tennis) ou être utilisés pour l’entraînement (appareils de musculation par exemple).
Depuis une trentaine d’années, on observe l’apparition d’une technique particulière au service de
l’entraînement du sportif de haut niveau : l’électrostimulation (ES) (ou électromyostimulation : EMS).
L’électrostimulation est une technique qui consiste à provoquer la contraction des fibres musculaires
par le biais de sollicitations électriques de formes, de durées et d’intensités variables. L’impulsion électrique provoque donc la contraction musculaire du ou des muscles choisis sans que le système nerveux
central (cerveau) ne soit directement mis à contribution.
Introduction
L’électrostimulation (ES) fut très tôt utilisée en
rééducation dans le domaine médical et en kinésithérapie. La possibilité d’isoler un groupe musculaire précis
est un avantage important dans un travail de rééducation, qui plus est post - opératoire. Puis, elle fut introduite dans l’entraînement dans les pays d’Europe de l’Est.
Dans les années 1970, en URSS, Kotz a commencé à
utiliser l’ES dans le cadre de l’entraînement des sportifs sur une population de lutteurs. Dès les années 1980,
cette technique semble se répandre dans le monde de
l’entraînement en France, et ce, dans la perspective d’une
amélioration de la performance. Elle remplirait un rôle
dans le développement de la force et de l’endurance musculaire mais aussi dans un certain nombre d’autres domaines (récupération, échauffement musculaire). Cette
revue tend à présenter, de manière liminaire et succincte,
les intérêts que peut revêtir l’ES. Puis dans un second
temps, nous chercherons à expliciter les mécanismes
physiologiques sous jacents ainsi que les adaptations
aiguës et chroniques à l’ES.
12
Pourquoi utiliser l’électrostimulation ?
Quels sont les intérêts concrets ?
L’entraînement sportif à haut niveau nécessite
une somme de travail considérable afin de provoquer
une adaptation de l’organisme qui soit la plus efficiente
possible. Cependant, en raison des impératifs du calendrier « sportif », la problématique d’un entraînement efficace doit s’insérer dans un volume et un temps de récupération restreint.
Pour obtenir des gains significatifs, les programmes de musculation doivent tendre vers des sollicitations musculaires importantes, on parle de tensions musculaires maximales et même supra maximales
(de l’ordre de 150% en excentrique). Quand on sait que,
par exemple, des lanceurs de haut niveau sont capables
de développer 300Kg dans un mouvement de flexion –
extension de jambes, cela les amènerait à un travail de
l’ordre de 450 kg en excentrique. Outre les dangers en
terme de blessure, on comprend la difficulté pour mobiliser ces charges en pratique. Il en va de même pour le
travail dit pliométrique, qui consiste à rebondir après un
saut en contrebas et constitue une autre méthode intense
de musculation. Cependant, des hauteurs de saut excessives (de l’ordre de 2 à 3m) seraient nécessaires pour atteindre des forces maximales.
De plus, les tensions maximales qu’exigent aujourd’hui les
entraînements les plus efficaces sont destinées à recruter
principalement les fibres de types II (dites rapides). Les
travaux d’Enoka et Duchateau (1988) ont montré que
l’originalité de l’électrostimulation sur le plan physiologique réside dans une sollicitation aléatoire des fibres
rapides. En d’autres termes, il est possible de recruter des
fibres rapides à de faibles niveaux de force, ce qui est impossible lors de contractions volontaires. Il est nécessaire de tendre vers des niveaux de force plus élevés pour
solliciter un maximum de fibres rapides.
On comprend que les chercheurs, les entraîneurs et
les athlètes s’intéressent à d’autres techniques moins
contraignantes et dangereuses. C’est dans cet esprit que l’électrostimulation peut être introduite dans
l’entraînement afin de constituer une alternative intéressante et efficace au travail classique. Cependant,
l’électrostimulation occupe une place controversée. Pour
certains, l’entraînement par ES semble raccourcir à la
fois le temps d’entraînement et le temps de récupération
et se présente donc comme une alternative intéressante
aux exigences contemporaines du sport de haut niveau
(Cometti, 1988). Pour d’autres, l’ES peut avoir un effet
semblable, mais pas supérieur aux techniques de musculation utilisant des contractions volontaires (Duchateau &
Hainaut, 1988). L’électrostimulation ne peut pas être vue
comme plus efficace que des contractions volontaires, en
revanche, elle s’avère intéressante puisqu’elle permet un
gain de temps et une sollicitation différente, donc complémentaire.
Physiologiquement, comment cela fonctionne ?
Lors d’une contraction volontaire, les unités motrices (UMs) d’un muscle sont recrutées suivant un ordre
défini. Selon le principe de taille énoncé par Henneman
(ou loi d’Henneman), les UMs de petits diamètres (dites
lentes), qui possèdent un seuil de recrutement plus bas,
sont recrutées avant les UMs de gros diamètres (dites
rapides). En revanche, lors de contractions électro – induites, on observe un recrutement aléatoire (Feiereisen,
1997). En effet, lorsque la contraction se fait par stimulation électrique, les fibres nerveuses sont activées par
l’intermédiaire des terminaisons axonales. Or, il semblerait que les axones de plus gros diamètres soient plus
facilement excitables, ainsi les plus grosses UMs sont
activées avant les plus petites. De plus, les UMs de plus
gros diamètres ont tendance à être situées dans les régions superficielles, ce qui favoriserait leur recrutement
préalable puisque la distance entre les axones moteurs
et l’électrodes de stimulation influence également l’ordre
de recrutement. Les travaux d’Enoka et Duchateau ont
prouvé ce recrutement spécifique où les fibres rapides
sont préférentiellement sollicitées. L’électrostimulation
pourrait donc provoquer un « sur – recrutement » des
fibres musculaires, particulièrement intéressant dans
le cadre de la musculation dans la mesure où certaines
fibres musculaires, difficilement recrutables en CV car
appartenant à des unités motrices à haut seuil, deviendraient plus facilement entrainables sous ES.
Pour aller dans ce sens, Vanderthommen et al. (1997) ont
constaté un flux sanguin plus important dans les régions superficielles du muscle par rapport aux régions
profondes lors de contractions électro – induites, ce qui
suggèrent un recrutement spatial spécifique. Ce résultat tend à corroborer les travaux d’Enoka puisque nous
savons que les fibres rapides se trouvent majoritairement
dans les régions superficielles du muscle. Dans la même
étude, Vanderthommen et al. (1997) observent un flux
sanguin plus important lors des contractions électro induites par rapport aux contractions volontaires pour
un même niveau de force. Cette demande métabolique
supérieure en ES serait due à un recrutement synchrone
des UMs, contrairement aux contractions volontaires où
le recrutement est dit asynchrone.
En terme d’adaptations ?
L’augmentation de la performance motrice
suite à un entraînement par ES regroupe une littérature
abondante et discutée. L’hétérogénéité des protocoles
expérimentaux mis en œuvre dans les méthodologies
de recherches rend difficile la comparaison et la généralisation. Il a été clairement admis l’intérêt de l’ES sur
un muscle atrophié et/ou pendant une période d’arrêt de
l’activité, mais également sur un muscle sain lors d’un
processus d’entraînement.
La grande majorité des études incluant un protocole
d’entraînement par ES ont mis en avant la possibilité de
gains sur la force maximale volontaire (FMV). Ces gains
sont très variables, et selon Hainaut et al. (1992), ils sont
au mieux équivalents à ceux obtenus par des contractions volontaires, mais ne peuvent dépasser ces derniers.
Ces gains peuvent être, en partie, expliqués par une augmentation du volume musculaire. En effet, on sait que la
production de force d’un muscle est en relation avec sa
surface de section transversale (CSA). Il a été montré la
possibilité d’une hypertrophie des fibres musculaires au
bout de plusieurs semaines d’entraînement par ES. Pour
prouver cette possibilité, il a été montré qu’un entraînement en électrostimulation provoquait les mêmes modifications au niveau de l’activité des cellules responsables
de l’hypertrophie. L’ES peut activer les mécanismes
moléculaires responsables de l’hypertrophie.
Cependant, au delà des facteurs structuraux, des
adaptations nerveuses ont également été mises en avant.
Certains auteurs observent des gains en force maximale
sans augmentation de la CSA du muscle étudié. Ainsi,
Romero et al. (1982) ont étudié la force ainsi que la circonférence du quadriceps avant et après un protocole
d’entraînement en ES. Il en ressort une augmentation de
la force de l’ordre de 21% cependant aucune modification de la masse musculaire en terme de volume ne fut
observée. Un autre témoin de la manifestation de facteurs nerveux est l’effet controlatéral de l’entraînement
par stimulation électrique.
13
Le principe de ce transfert est que l’entraînement d’un
segment provoque une modification du schéma de recrutement des unités motrices de l’autre segment. Ainsi,
bien qu’il ne soit pas stimulé directement, on observe
une amélioration de la force des muscles du mollet
(Cabric, 1987) et du quadriceps (Lai, 1988) non stimulés
après un cycle d’entraînement par stimulation électrique.
Cette adaptation peut être expliquée par une meilleure
synchronisation des unités motrices du segment non
stimulé.
Et dans la pratique sportive en elle – même ?
La question fondamentale de l’entraîneur est de
savoir, si les modifications observées grâce à l’ES se traduisent également par des modifications de l’efficacité
dans les disciplines sportives.
En Natation
Augmentation de 43% en force excentrique, 15%
en force isométrique et 10% en force concentrique (sur
un mouvement de flexion – extension d’épaule) suite à
un protocole d’entraînement en électrostimulation du
grand dorsal. Et parallèlement, des tests de natation ont
été effectués. Il en ressort des gains de 0,19 s pour un 25
m crawl bras seuls et 0,38 s sur un 50 m nage complète.
En conclusion, un entraînement en électrostimulation
du grand dorsal est en mesure d’améliorer la performance en natation.
En Aviron
Augmentation de 4,4% de la puissance développée sur 15 s et de 5,1% sur 30 s sur un ergomètre spécifique à l’activité (rameur) suite à un cycle d’entraînement
par électrostimulation.
En Hockey sur Glace
Diminution de 4,8% sur un 10m skating suite à
un entraînement de 3 semaines d’électrostimulation des
quadriceps.
En football
Augmentation de 5,6% de la performance à un
test de CMJ et de 6,7% de la vitesse maximale du ballon
lors d’un test de frappe, suite à un entraînement en électrostimulation de 5 semaines.
Comment insérer une séance
d’électrostimulation dans ma planification ?
La séance
La durée moyenne de la séance de stimulation
est de 10-15 minutes par muscle stimulé. Cependant,
une importance doit être accordée à la longueur musculaire à laquelle on impose la stimulation.
Il ne faut pas dépasser 3 muscles par séance. La séance
type pour les membres inférieurs comporte les stimulations des quadriceps (10 min chacun), des ischio-jambiers (5 min chacun) et des fessiers (10 min chacun)
Pour le haut du corps, les muscles étant plus nombreux,
il faut faire un choix. Les pectoraux sont faciles à stimuler, le grand dorsal et les deltoïdes également. Les abdominaux représente un autre cas particulier. On peut en effet réaliser jusqu’à 20 minutes de stimulation par séance
avec des durées de contractions longues (10 secondes).
Le cycle
Le nombre de séances optimal par semaine est
de 3. Pour les muscles des jambes nous conseillons 3 séances. Il est recommandé de laisser une journée de repos
entre les séances. Pendant cette journée, il faut faire fonctionner les muscles stimulés de manière non intensive.
La course étant une solution intéressante pour les jambes.
Le cycle de travail se structure généralement sur 3 semaines.
Conclusion
Parmi les avantages à utiliser l’électrostimulation,
nous pouvons citer une augmentation de force qui
touche tous les paramètres liés à la force, y compris la
possibilité de gain de masse musculaire (hypertrophie).
Ces résultats sont également en lien, d’un point de vu
plus spécifique, avec l’amélioration des performances
sportives propres à chaque activité. Au delà de l’optique
de l’entraînement à des fins d’améliorations, la méthode
peut également être intéressante pour faire travailler un
membre quand on ne peut soulever de charge (blessure), pour l’échauffement d’avant compétition ou encore
l’entretien de la force en période de compétition.
Bibliographie
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induced contractions in the tibialis anterior. Experimental Brain Research. 114:117-123.
Recommandations
La pose des électrodes, ainsi que les réglages tels que l’intensité du courant et la durée de
stimulation doivent être réfléchis en amont de la séance d’entraînement.
Lors de la première séance, incrémenter l’intensité petit à petit afin d’habituer le sportif
aux contractions électro-induites.
Fixer les articulations afin de travailler en isométrie est préférable.
L’électrostimulation ne peut se substituer entièrement aux contractions volontaires, mais
doit être utilisée avec celles-ci, puisqu’elle représente une méthode complémentaire.
Ces différentes études, non–exhaustives d’une
littérature abondante, nous montrent que les bénéfices,
liés à un protocole d’entraînement en électrostimulation,
observables lors de tests non spécifiques se traduisent
aussi par des gains dans l’activité.
14
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Ludovic LETARD
Après avoir effectué sa licence à Angers, il effectue son master à l’université de Nantes. Durant son
master, il s’intéresse aux impacts des vibrations localisées afin de savoir si cet outil aurait un intérêt
pour la préparation physique Il pratique le tir à l’arc et l’ultimate frisbee. Il fut préparateur physique
de l’ASB Rezé handball (2011-2012 national 2 ; 2012-2013 National 1)
Mail : [email protected]
Vibration et électrostimulation : les nouveaux outils de la
préparation physique
L
es nouvelles technologies occupent aujourd’hui une place croissante dans le milieu sportif. La
préparation physique reste constamment à la recherche de nouveaux moyens d’amélioration de
la performance. Deux appareils, celui de la vibration et de l’électrostimulation sont au cœur de cette
évolution et présentent à l’heure actuelle des enjeux importants dans ce domaine.
Le but de cet article sera donc de présenter ces
deux appareils. Quel est leur intérêt mais quelles sont
aussi leurs limites ?
La vibration
La vibration est une méthode qui se développe de plus en plus au sein des salles de musculation et/ou de remise en forme. Elle est appliquée sur le
corps entier. Les exercices de vibrations s’effectuent par
l’intermédiaire d’une plate forme vibrante, constituée
d’une colonne avec des poignets et d’un plateau vibrant.
Celle-ci génère des vibrations qui sont globales, c’est
à dire que l’ensemble du corps est soumis à des vibrations. En général la personne est debout sur la machine
avec une flexion de genou à 90°. La position peut varier
selon les groupes musculaires que l’on souhaite travailler. Il n’existe pas une méthode précise avec des durées
de vibrations et de repos bien définies pour améliorer la
force. Le temps moyen de vibrations en continu est de 10
à 20 minutes. Les vibrations peuvent être aussi localisées.
Elles sont induites par un petit appareil appelé vibrateur
qui se positionne au niveau des tendons. Cela permet
ainsi de faire vibrer l’ensemble du muscle ciblé.
Beaucoup d’études se sont intéressées à cet outil. Sur le
plan de l’entraînement, la majorité ont montré des résultats positifs.
Cardinale et al. (2005) ont effectué un bilan des
effets des vibrations globales. Sur le plan des effets aigus, une période de vibration supérieure à 5 minutes
engendre une diminution de la performance de détente.
En d’autres termes, une période de vibration provoque
une fatigue au niveau musculaire. En ce qui concerne un
programme d’entraînement en vibration, Cardinale et
16
al. (2005) indiquent que les effets sont différents selon
la population. Chez une population de sportifs de haut
niveau, la vibration seule n’aurait pas ou peu d’effet sur la
performance. Il faudrait plutôt associer la vibration avec
un travail de résistance du type isométrique. La vibration
globale permet une augmentation de l’activation musculaire. Ce travail est intéressant chez des sportifs de haut
niveau.
Les auteurs ont aussi cherché les effets des vibrations globales chez des personnes âgées ou sédentaires.
Ils ont alors constaté qu’un programme de vibration
globale a des bénéfices sur la performance de cette population.
Ainsi Cardinale et al. (2005) montrent les bienfaits des
vibrations globales.
En ce qui concerne la vibration localisée, beaucoup d’études ont été réalisées sur les effets aigus. Elles
ont essentiellement montré un effet d’inhibition de la
performance suite à une période de vibration. En ce qui
concerne les effets chroniques, peu d’études ont été réalisées sur la vibration locale. Nous pouvons citer l’étude de
2009 de Lapole et al. qui ont montré qu’un programme
de vibration de 14 jours avec une heure de vibration par
jour engendre une amélioration de l’excitabilité réflexe
du soléaire. Leur étude s’était intéressée à la flexion plantaire. Les auteurs avaient fixé le vibrateur au niveau du
talon d’Achille afin de faire vibrer l’ensemble des muscles qui composent le mollet. Cette amélioration fut
expliquée par l’inhibition présynaptique induite par les
vibrations. Ces améliorations auraient surtout un impact au niveau neuromusculaire. Une amélioration du
recrutement des unités motrices seraient probablement
à l’origine des gains de force constatés. De plus, les vibrations auraient un impact important sur les fibres rapides.
Nous constatons ainsi que les études menées sur les vibrations ont abouti à des résultats intéressants. Ils ont
montré que l’utilisation de cet outil avait un impact au
niveau musculaire.
Intérêt de la vibration
La vibration serait un outil à utiliser en complément des méthodes classiques pour faciliter le développement des capacités musculaires. Un travail isométrique permettrait une efficacité optimale. Le but de la
vibration devrait alors permettre une augmentation plus
importante des capacités musculaires. De plus c’est une
méthode qui est complémentaire aux méthodes traditionnelles de musculation. Ceci implique la possibilité
pour le préparateur physique d’augmenter les performances de son athlète et cela en jouant sur d’autres paramètres.
De plus, cet outil pourrait s’utiliser seul au début d’une
réathlétisation. Ce serait une méthode douce pour que
l’athlète retrouve ses capacités musculaires initiales et sa
tonicité musculaire. Nous pouvons envisager son utilisation dans un protocole standardisé. Son intégration aurait lieu avant le travail de charge.
Mais pouvons nous le prescrire dans la récupération ?
En effet, aucune étude n’a permis de mettre en évidence
l’intérêt des vibrations dans le domaine de la récupération.
Les intérêts que nous avons présentés sont à relier au niveau de la préparation physique. Il y a également
un intérêt pratique de cet appareil. En effet, pour la vibration localisée, son intérêt serait aussi situé au niveau
de sa taille. C’est un appareil qui est facilement transportable et qui ne possède pas d’inconvénient de logistique
comme les plates formes vibrantes ou les appareils de
musculation. Ainsi, les exercices ou les séances peuvent
être facilement réalisés. Mais il faut cibler le groupe musculaire que nous voulons solliciter car l’appareil stimuler
deux groupes musculaires en même temps.
Enfin, sa facilité d’utilisation n’oblige aucune surveillance
particulière comme peut impliquer une séance de musculation et aucune étude n’a montré que la vibration occasionnait des blessures suite à son utilisation.
Limites de la vibration
Les limites se situent au niveau de la calibration
de la vibration. Les études qui ont été réalisées présentent des protocoles différents. Ainsi, les temps de vibrations sont assez larges puisque pour une vibration sur
plate forme vibrante le temps est compris entre 3 min et
20 min. Au niveau de la vibration localisée, la vibration
dure entre 30min et 60 min. Cette remarque peut également être faite au niveau de la fréquence de vibrations
qui est différente d’une étude à une autre. L’intervalle
de fréquence est compris entre 20 Hz et 100 Hz. Nous
pouvons penser que l’impact du temps et de la fréquence
est différent d’un protocole à un autre. Ceci ne permet
pas de standardiser une vraie méthode d’entraînement
afin de faciliter la progression de l’athlète.
De plus, peu d’études ont été réalisées sur un programme
d’entraînement en vibration localisée. Nous ne pouvons
donc pas savoir si cette vibration a un impact. Le seul
point qui est certain c’est que celle-ci engendre une fatigue après une séance (Turner et al 2003). Il est donc
probable que la répétition de séance permette des adaptations chroniques, mas ces adaptations restent à étudier.
L’électrostimulation
L’électrostimulation est une méthode qui fut utilisée pour la première fois pour l’entraînement en 1971
par Kost. Elle permet d’avoir des impactes réels dans la
performance sportive. Cette méthode consiste à stimuler
les terminaisons nerveuses musculaires afin d’évoquer
une contraction musculaire
par l’intermédiaire
d’électrodes posées à la surface de la peau.
L’appareil de stimulation est composé d’un générateur et
d’électrodes. Le générateur a plusieurs voies pour permettre une stimulation optimale du muscle. Il existe différentes tailles d’électrodes, ce qui permet de jouer sur
la sensation électrique. En effet si l’électrode est trop petite, la sensation sera plus douloureuse. Les fréquences
de stimulation électrique sont comprises entre 50 et 120
Hz afin d’évoquer un haut niveau de force. Les études estiment qu’un programme de quatre à huit semaines de
trente minutes de stimulation par jour permet d’avoir
des améliorations (Bacquaert, 2008).
Des études ont montré des gains de force. Cometti et al
ont mis en évidence ces gains de force à travers plusieurs
populations sportives. Ces études ont permis de montrer
que l’impact des stimulations électriques était réel mais
qu’il était plus ou moins important selon les groupes
musculaires. Ainsi, les quadriceps présentaient une amélioration plus importante que le triceps brachial.
Gondin et al., (2011) se sont intéressés aux différents effets de l’électrostimulation. Pour des personnes saines,
cet outil permet d’avoir des gains de force en isométrique
sur long et court terme. Ils ont constaté que pour la force
dynamique et les mouvements explosifs, peu d’études
ont montré des améliorations quand l’électrostimulation
était utilisée seule. En revanche lorsque celui-ci est associé à une autre méthode, l’amélioration est plus importante que si nous utilisons la méthode seule ou
l’électrostimulation seule. Ce constat fut aussi vérifié
pour les athlètes de haut niveau. Ainsi, un travail en
plyométrie associé à l’électrostimulation permet une
amélioration de la performance en détente et en force
maximale (Maffiuletti et al., 2000).
Ces améliorations font suite à des adaptations.
Les études ont montré une adaptation au niveau musculaire de type hypertrophique. La stimulation électrique
permet de solliciter également le recrutement des fibres
musculaires rapides pour des faibles niveaux de force.
17
Intérêts de l’électrostimulation
L’électrostimulation peut présenter différents
intérêts dans la préparation physique. Tout d’abord, il
présente un intérêt dans l’amélioration de la force musculaire et de la performance musculaire. En 1988 Ratton et Cometti ont montré chez des coureurs de vitesse
une augmentation de la force musculaire suite à un cycle de 6 semaines d’entrainement en électrostimulation.
Ainsi dans le domaine de la préparation physique, nous
pouvons l’utiliser comme outil de musculation sans
avoir toute les contraintes de placement de la personne.
De plus, les séances d’électrostimulation ont une durée
d’environ 25 minutes pour plusieurs groupes musculaires qui est assez faible par rapport à des séances de
musculation classique. C’est un élément important à
prendre en compte dans la planification pour des athlètes de haut niveau.
L’autre point important de l’utilisation de cet
appareil se situe au niveau de la sollicitation des unités
motrices qui est différente du volontaire. En effet,
l’électrostimulation permettrait de repousser la fatigue
et de stimuler les fibres lentes ainsi que les fibres rapides.
Ensuite, l’électrostimulation peut être utilisée dans un
programme d‘ échauffement afin de stimuler le muscle
de manière progressive. Il pourrait permettre de réveiller les muscles.
L’électrostimulation est aussi utilisé pour la récupération dans le cadre de douleur post entraînement
ou post compétition. La fréquence choisit pour ce type
de travail est de basse fréquence (max 10hz) (Bacquaert,
2008).
L’utilisation actuelle de l’électrostimulation est plus orientée vers la réadaptation. L’intérêt pour la réadaptation
est le fait de pouvoir stimuler le muscle de manière identique à un mouvement de musculation avec des charges
lourdes.
Limites de l’électrostimulation :
Nous pouvons catégoriser les limites de
l’électrostimulation en deux groupes : le premier est en
rapport avec la séance et ces conséquences et l’autre est
en rapport avec la fiabilité du matériel.
Lors
d’une séance d’électrostimulation,
l’intensité doit permettre de solliciter au maximum la
force musculaire volontaire. Ceci provoque alors une
forte contraction qui ne peut pas être tolérée par toutes
les personnes. Ainsi, il faut trouver le juste milieu au
niveau de l’intensité pour avoir une sollicitation suffisante sans trop de douleur.
En outre, une séance d’électrostimulation durant moins
longtemps qu’une séance de musculation classique sollicite les muscles et provoque une fatigue musculaire.
Ceci implique donc un temps suffisamment important
entre les différences séances.
La stimulation électrique est induite par
18
l’intermédiaire d’électrodes qui sont posées sur la peau.
Cela provoque donc des contraintes. Ainsi, l’impédance
corporelle et la massa adipeuse inhibent la stimulation.
De plus le pH de la peau rentre en compte dans la tolérance à la stimulation. Après un entraînement en endurance, la stimulation électrique sera inhibée par la déshydratation.
Il existe deux autres limites de l’électrostimulation
qui se situent au niveau du matériel. Le type et la qualité des électrodes doivent être pris en compte. De plus,
selon la taille et la marque, la stimulation sera différente.
Une étude de Martin et al a mis en évidence des différences de gain de force selon les appareils. Les auteurs
avaient réalisé une étude qui comparait 3 stimulateurs
électriques. Ils ont comparé la force maximale volontaire
(FMV) induite par chaque appareil sur 10 sujets. Les résultats ont montré que l’appareil le plus performant engendre 79% de la FMV et le plus faible 58% de la FMV.
Il y a donc une différence entre les appareils sur un élément important pour l’entraînement. Ainsi si la stimulation n’est pas assez importante durant le programme
d’entraînement alors les résultats seront plus ou moins
intéressants.
Bibliographie
Cardinale M. & Wakeling J. (2005); Whole body vibration exercise: are vibrations good for you? Br J Sports
Med. 39:585–589.
Cometti G. Effet de l’électrostimulation dans
l’entraînement des sportifs de haut niveau, université de
Boulogne
Gondin J., Cozzone P. & Bendahan D. (2011). Is highfrequency neuromuscular electrical stimulation a suitable tool for muscle performance improvement in
both healthy humans and athletes? Eur J Appl Physiol.111:2473–2487
Lapote T. & Perot C. (2009). Hoffmann reflex is increased
after 14 days of daily repeated Achilles tendon vibration
for the soleus but not for the gastrocnemii muscles. Appl
Physiol Nutr Metab. 37:657-663.
Maffieletti NA., Cometti G., Amiridis IG., Martin A.,
Pousson M. & Chatard JC. (2000). The effects of electromyostimulation training and basketball practice on
muscle strength and jumping ability. Int J Sports Med.
21:437–443
Martin L., Cometti G., Pousson M. & Morlon B. (1991).
Influence d’un entrainement par électrostimulation
sur différentes caractéristiques mécaniques et morphologiques du triceps sural, communication au colloque de la société de biomécanique, Lille.
Jackson SW. & Turner DL. (2002). Prolonged muscle
vibration reduces maximal voluntary knee extension
performance in both the ipsilateral and the contralateral
limb in man. Eur J Appl Physiol. 88:380–386
Dr Bacquaert P. http://www.irbms.com/renforcementmusculaire-par-electrostimulation. publié 03-11-2008
Conclusion
Différents éléments sont donc à retenir de cette
présentation. Nous avons remarqué que ces appareils
possèdent des intérêts pour la préparation physique. Ils
permettent essentiellement l’amélioration des capacités
musculaires. Ils ont la particularité d’intervenir plus au
niveau neuromusculaire. Ce sont deux outils complémentaires de la musculation classique pour le développement du muscle et de la force musculaire. Ce qui
veut dire que le préparateur physique possède par ces
deux outils, un moyen supplémentaire pour faire progresser ses athlètes. Ce sont ensuite des appareils qui
peuvent être utilisés pour permettre la réadaptation progressive des sportifs de retour de blessures.
Leurs limites sont plus liées aux protocoles
qui ne sont pas standardisés surtout pour la vibration
car les études ont utilisé des durées et des fréquences très différentes. De plus peu d’études ont été faites
au niveau des vibrations localisées. Au niveau de
l’électrostimulation, la limite se trouve essentiellement
au niveau de la tolérance des sujets à la douleur. En effet,
si nous ne pouvons pas solliciter de manière optimale,
les gains de force ne seront pas énormes voir inexistan
ts.
La préparation physique et un métier dans
lequel il faut faire des choix pour le bien être de l’athlète.
Par cet article nous vous donnons de nouvelles pistes
pour élaborer vos programmes. A vous de vous faire votre propre opinion.
Recommandations
Avant d’utiliser l’un ou l’autre des appareils, il faut cibler l’objectif d’utilisation.
Le programme doit être planifié et progressif.
Pour la vibration, la durée des séances doit être au minimum de 5 min pour la vibration corps et 30 min pour la vibration locale pour que nous puissions avoir une fatigue
musculaire.
Au niveau de l’électrostimulation, l’intensité doit permettre de solliciter 50% de la force
maximale volontaire ou être à la limite de la tolérance à la douleur du sujet. La fréquence
doit être comprise entre 50 et 120 Hertz.
Pour la récupération, l’électrostimulation ne doit pas dépasser une fréquence de 10
Hertz.
19
En pratique
Jacky COTINAT
Entraîneur d’aviron depuis 1995, employé fédéral depuis 2000 au sein des Pôles France
et Espoirs d’Aviron de Nantes. Il a entraîné en équipe de France junior pendant 12 ans.
Maintenant, il fait parti des entraîneurs qui encadrent l’équipe de France senior femme.
Mail : [email protected]
Les temps pronostiques en aviron
D
ans le sport de l’aviron, il est de plus en plus nécessaire d’objectiver l’entraînement. Les
contrôles de la cadence, de la fréquence cardiaque et parfois une mesure de lactates ne
sont pas suffisants. Depuis quelques années déjà, les entraîneurs internationaux s’appuient
sur des paramètres objectifs pour évaluer la performance des bateaux et des rameurs. Parmi
ces outils d’évaluation, nous trouvons les temps pronostiques qui servent à fixer la vitesse de
leurs bateaux pour l’entraînement au quotidien.
De quoi s’agit-il ?
Rappelons tout d’abord que le temps pronostique est une hypothèse du temps qu’il faudra réaliser
pour être champion olympique. « Refuser de l’utiliser
comme orientation et fondement de l’entraînement, signifierait que l’on renonce à terme à atteindre le niveau
mondial. » (Mund, 1997).
Deux méthodes s’affrontent
De 1990 à 2002 les temps pronostiques français
ont été établis d’après la méthode de P. SCHWANITZ
(Coordonnateur des activités scientifiques de la Fédération d’Aviron de la RDA). Depuis 2003, les temps pronostiques (appelés alors temps de référence) ont été fixés
à partir d’observations de terrain. Au début de cette nouvelle olympiade, il semble donc essentiel de faire le point
pour choisir une méthode.
La méthode de P. SCHWANITZ est basée sur le
calcul de régressions linéaires des meilleurs temps réalisés lors des finales des championnats du Monde ou des
Jeux Olympiques dans chaque cycle olympique. Cette
méthode suppose une stabilité, qui est discutable, dans
l’évolution des performances sur la période d’analyse.
Enfin, cette méthode d’analyse mathématique ne prend
pas en compte la réalité du terrain : le meilleur temps
mondial qui peut être réalisé en dehors d’une compétition terminale.
KLESHNEV montre une amélioration moyenne de 0,12% par an de 1992 à 2009 sur l’ensemble des
performances des bateaux olympiques (Kleshnev, 2009)
soit une amélioration des meilleurs temps mondiaux de
20
0,48% par cycle olympique.
Utiliser le meilleur temps mondial moins 1% (World
Best Time -1% : WBT-1%) semble le choix le moins
discutable, le plus simple et le plus clair pour prédire la
performance. Même avec le WBT-1%, les temps pronostiques ne prédisent pas parfaitement la performance
des équipages. Un travail statistique est à mener sur la
densité des épreuves. L’observation du comportement
des équipages lors des compétitions préparatoires doit
compléter cette analyse.
Les juniors ne possèdent pas de « meilleur temps
mondial » établi par la FISA. Le faible nombre de régates
internationales rend aléatoire les statistiques. La référence des séniors est sans doute la plus claire et la plus
juste possible. Il faut noter que ce calcul concerne toutes
les classes de bateaux ; bateaux olympiques et bateaux
non-olympiques. Cependant, on constate que l’évolution
des temps dans la catégorie non olympique ne progresse
plus du fait certainement d’un manque d’intérêt des
nations à présenter leurs meilleures équipes dans des
championnats non médiatisés.
La FISA répertorie des WBT pour les bateaux
-23 ans. Créer un temps pronostique spécifique pour eux
irait à l’encontre de l’émulation nécessaire pour battre
la meilleure performance sénior. Il ne faut pas oublier
que certains équipages -23 brillent déjà sur les podiums
mondiaux seniors ou détiennent le WBT senior.
Pour conclure, chaque discipline des championnats du
monde senior, moins de 23 ans et junior doit garder un
temps pronostique égal au meilleur temps mondial senior - 1%.
Cette méthode est choisie pour sa simplicité, sa
clarté et l’ambition qu’elle suscite.
Paraissant complètement irréalistes au départ,
certains temps pronostiqués il y a huit ans sont réalisés
aujourd’hui. Il suffi de prendre pour exemple le temps
réalisé par le deux sans barreur Néozélandais en série
éliminatoire des Jeux de Londres 2012 : 6’08’’50. Non
seulement ils battent le meilleur temps mondial de
6’13’’18, mais « tombent » aussi notre temps pronostique
de 6’10’’00 d’une seconde et demi.
Nous pouvons constater également, que la vitesse des bateaux femmes qui couraient sur 1000m jusqu’en 1984, est
désormais la même aujourd’hui, sur 2000m.
Pour appliquer correctement cet outil, il est nécessaire de
connaître la vitesse d’un bateau. Pour cela, il faut relever
la distance parcourue (avec comme unité le mètre) et
le temps qu’il lui est nécessaire pour le parcourir (avec
comme unité la seconde). Pour illustrer notre propos,
nous prendrons comme exemple, le calcul de la vitesse
d’un skiff senior femme toute catégorie (que nous appellerons « Géraldine »). Le calcul sera le suivant :
Estimons que Géraldine fasse une course de
2000m en 8’10’’00 (soit 490’’). La vitesse de son bateau
est de : 2000m / 490’’ = 4,0816 m/s
Sur notre table de référence (fin de cet article),
il est établi que 7’05’’00 (soit 425’’) soit le temps que sera
capable de réaliser le skiffeuse championne olympique
en 2016 à Rio. La vitesse pronostique est donc :
2000m / 425’’ = 4,7058 m/s
En divisant la vitesse pronostique par celle qu’a
mis Géraldine pour parcourir 2000m, nous obtiendrons
:(4,0816 / 4,7058) x 100 = 85,78%
85,78% est le pourcentage établi par rapport au temps
pronostique de Géraldine lors de sa compétition.
Le tableau 1 présente les temps réalisés lors du
parcours handicap préparatoire aux JO 2012. Figure
pour chaque équipage le temps intermédiaire par 500m,
son temps total et le pourcentage du temps pronostique.
Le tableau 2 ci-dessous montre un classement
des vainqueurs lors des championnats de France bateaux-courts. Le classement prend en compte le temps
de référence du cycle olympique du moment. Cet exemple permet également d’illustrer cette application au plan
national.
Grâce à ces tableaux, on constate aisément la possibilité
de comparer les bateaux les uns par rapport aux autres et
d’une catégorie par rapport à l’autre.
Ceci est très intéressant pour l’entraîneur dans
les équipes nationales mais aussi dans le club, pour évaluer ses bateaux et organiser une (saine) concurrence
entre eux en compétition mais aussi à l’entraînement,
comme nous allons le voir.
Que peut-on en déduire ?
Ce mode de calcul vaut, bien sûr, pour l’ensemble
des bateaux et sur n’importe quelle distance comme nous
le verrons plus loin. Suivant un mode d’application plus
empirique, le pourcentage de nos équipes, dont certaines
ont connu les plus hautes marches des podiums olympiques, permet d’établir la règle suivante. Pour viser un
podium olympique un rameur doit atteindre un minimum de 95% du temps pronostique lors du cycle olympique. A 93%, il doit pouvoir entrer dans une finale et en
dessous, il sort du niveau mondial ! Bien entendu, cette
règle est fluctuante, et très dépendante de la densité dans
certaine classe de bateaux. Quelques jours avant de se
rendre aux Jeux Olympique de Londres en 2012, lors des
courses organisées entre les français (conditions météo
comparables), trois bateaux remplissaient ces critères
(Tableau 1). Le deux sans barreur homme toute catégorie (2-SH), médaillé d’argent, le deux de couple homme
poids-légers (2xSHPL), 4ème (alors qu’il subissait le faux
départ des anglais pour cause mécanique), et le quatre
sans barreur poids-légers (4-SHPL), 7ème, qui a dû déplorer de fortes fièvres d’un rameur lors des séries.
Tableau 1. Légende ; 4x : quatre de couple, 4- : quatre sans, 2- :
deux sans, 2x : deux de couple, 1x : skiff, PL : poids-léger, S :
senior, J : junior, H : homme, F : femme.
Source : Direction Technique Nationale – FFSA
Tableau 2. Légende ; 4x : quatre de couple, 4- : quatre sans, 2- :
deux sans, 2x : deux de couple, 1x : skiff, PL : poids-léger, S :
senior, J : junior, H : homme, F : femme.
Source : Direction Technique Nationale - FFSA
21
Comment utiliser ces temps pronostiques
à l’entraînement ?
Car jusqu’à maintenant nous n’avons parlé que
de l’évaluation du niveau de la compétition. Mais quel
intérêt peut-on avoir dans le quotidien à travailler avec
le temps pronostique ?
En fin de compte, c’est en s’appuyant sur cette
base de temps pronostique que s’élabore toute notre démarche d’entraînement. Notre catalogue d’entraînement
est constitué de 7 séances types, allant du B1 au B8. Les
cinq premières sont assujetties à un pourcentage du
temps pronostique.
Les deux séances les plus utilisées sont le B1 et
le B2 (70% de la charge d’entraînement des rameurs de
haut-niveau s’effectue au travers de ces séances). Leurs
références habituelles d’intensité d’entraînement sont 70
à 75% du temps pronostique en B1 et 75 à 80% en B2.
Pour les juniors, les repères du B1 sont 67% à
72% du WBT-1% et le B2 72% à 77%.
Ces indications sont rassurantes mais parfois
trompeuses notamment pour les bateaux non olympiques, certains bateaux longs et les équipages très rapides à l’entraînement. En B1 et B2, l’objectif doit rester la
vitesse la plus élevée possible avec des exigences minimum de durée (2x40min en B1 et 2x25min en B2), des
exigences maximum de cadence (18cps/min en B1 et
20cps/min en B2) et d’engagement physiologique (2
mml/L, soit env. 80% de FC Max en B1 et 3 mml/L soit
environ 85% de FC Max en B2).
Nous pouvons observer « Géraldine », qui lors d’une
séquence de travail en skiff de type B2 réalise par exemple, la distance de 5000m en 23’10’’ (soit 1390’’).
Le calcul est le suivant :
5000/1390 = 3,5971m/s soit :
(3,5971/4,7058) x 100 = 76,44% par rapport au temps
pronostique du skiff senior femme toute catégorie. Ce
pourcentage représente une vitesse de coque très satisfaisante pour un travail en B2 dans ce cas de figure. Reste
encore à juger des conditions météorologiques, et des
données réalisées récemment par « Géraldine ».
Nous pouvons remarquer que, quelle que soit
la distance dont on dispose pour l’entraînement, il est
toujours possible de se référer à ce mode de calcul. En
connaissant la distance exacte on peut être plus précis
sur le plan international. Aussi, même si l’on ne dispose
que d’une distance approximative, pour une référence de
club ou de pôle, on est également capable de comparer
un rameur à un autre.
La discussion peut s’établir autour du niveau de
pourcentage qu’une équipe atteint. En effet, on se pose
souvent la question pour un rameur de club qui, par
ce mode de calcul, atteint seulement 65% d’une vitesse
établie pour un futur champion olympique ! Cependant,
22
en procédant de la sorte, on peut mesurer les progrès
restant à effectuer, et mesurer la progression d’un rameur
ou d’un équipage dans le temps. Il est donc évident que
pour ces rameurs, les fourchettes de vitesse établies en
B1 (70 à 75%) ou B2 (75 à 80%) ne pourront pas être
atteintes. C’est en procédant de la sorte, que l’entraîneur
est capable de vérifier la performance de chacun de ses
bateaux sur l’ensemble du catalogue d’entraînement.
Et au plan international ?
Au travers de nombreux colloque et visite sur
des centres d’entraînement nationaux, nous constatons
que toutes les nations utilisent des temps pronostiques.
L’usage qu’ils en font sont les mêmes que les nôtres. Ce
qui diffère sont les temps eux-mêmes, car la majorité des
équipes nationales étrangères utilisent une des deux méthodes que nous avons citées plus haut.
L’Afrique du Sud a pris le parti de retirer 1,5%
aux WBT (0,5% de mieux que ceux que nous utilisons). Ce qui ne fait que décaler les pourcentages obtenus. Certaines équipes ont fait le choix de ne retenir
que leurs records nationaux pour apprécier le travail de
leurs rameurs (Egypte, Tunisie). Ce système ne tient pas
compte du niveau international. Même s’il est probable
qu’ils possèdent des rameurs de classe internationale,
aucune nation aujourd’hui n’excelle dans toutes les disciplines. La comparaison ne peut donc pas s’effectuer
entre les différentes catégories. Aussi, certaines équipes
comme l’équipe du Canada, adapte leur temps selon une
interprétation libre. Enfin, et la France le fait elle-même,
quelques soient les temps retenus, l’interprétation pratique lors des confrontations internationales permet
toujours de juger du niveau de pertinence de ces temps
pronostiques.
Conclusion
Cette vision « mathématique », peut donner à
notre démarche d’entraîneur, une rigueur plus importante dans le suivi de l’entraînement. Bien sûr, le mode
de calcul constitue peut-être une difficulté ou une contrainte, mais il est possible de se constituer des repères
simples pour les bateaux dont on a la charge et surtout de
les adapter au bassin sur lequel s’effectue l’entraînement.
L’utilisation maintenant régulière des GPS nous permet
de simplifier les mesures. Les paramètres tels que le courant ou la température de l’eau sont autant d’éléments qui
entrent en compte dans l’évaluation. Correctement utilisés, les temps pronostiques sont en fin de comptes, pour
les rameurs comme pour les entraîneurs, non seulement
un mode d’évaluation efficace de la qualité du travail,
mais également une aide à la prédiction de la performance.
Temps pronostiques 2013 – 2016
Bibliographie
Légende ; 4x : quatre de couple, 4- : quatre sans, 2- : deux
sans, 2x : deux de couple, 1x : skiff, PL : poids-léger, S :
senior, J : junior, H : homme, F : femme.
Klesnev V., Rowing Biomechanic newsletters - Volume 9
N°101 - Aout 2009
Source : Direction Technique Nationale - FFSA
Mund E., Revue des entraineurs n°1 – Analyse de la saison 1996-1997 - Octobre 1997
Mund E., Revue des entraineurs n°6 - Analyse de la performance sur la base des temps pronostiques - Juin 1999.
Schwanitz P. (1997). Revue des entraîneurs d’aviron
numéro 1 – Les temps pronostiques de l’an 2000 - Octobre 1997.
Recommandations
Afin d’optimiser son entraînement et de juger de sa qualité, voici les fourchettes cibles pour chacun
de nos entraînements. Pour les meilleures conditions d’entraînement, nous prendrons les pourcentages supérieurs. S’il n’y a pas de bonnes conditions, il faut prendre le pourcentage inférieur :
o
entraînement de type B1 : 70 à 75 %
o
entraînement de type B2 : 75 à 80%
o
entraînement de type B3 : 80 à 85%
o
entraînement de type B4 : 85 à 93 %
o
entraînement de type B5 : 100%
Il est nécessaire de soustraire 3% à ces données pour les équipages juniors.
Un autre aspect important est la température de l’eau. Entre 5°C et 22°C, il y a une différence sur la
vitesse du bateau de l’ordre de 1,6% ! Soit, presque 7 secondes gagnées sur 2000 mètres pour un skiff
dans une eau plus chaude…
o
de 5°C à 10°C: 0,55 %
o
de 10°C à 15°C: 0,40 %
o
de 15°C à 20°C: 0,35 %
o
de 20°C à 25°C: 0,30 %
Il n’est pas nécessaire de mesurer le temps au centième de seconde… Par contre, il est indispensable
de contrôler l’efficacité de l’entraînement.
23
Valentin DOGUET, Après avoir effectué ma licence entraînement sportif au STAPS de Nantes, où
j’ai découvert l’univers de la recherche, je me suis dirigé vers un Master à Grenoble pour poursuivre
ma formation avec un stage de recherche dans le domaine de la physiologie cardiovasculaire. Je suis
revenu au STAPS de Nantes pour effectuer ma deuxième année de Master et orienter ma problématique de recherche vers le domaine de la fonction neuromusculaire, thème que j’espère continuer à
investiguer lors d’un Doctorat à l’issu de cette année.
Mail : [email protected]
Les stratégies de coactivation et la performance sportive
L
e domaine du sport a motivé de nombreuses recherches sur les stratégies de mobilisation des muscles,
cherchant à comprendre comment améliorer l’entraînement et la performance des sportifs. Dans cette optique, il a été démontré que des mécanismes nerveux influençaient la production de force lors de
contractions volontaires. En effet, la contraction musculaire est le fruit d’une avalanche d’évènements
aboutissant au chevauchement des unités contractiles du muscle mais dont la commande motrice provient
des aires du système nerveux central (SNC). Ainsi, quand le SNC active un groupe musculaire pour une
tâche motrice, comme les extenseurs de la jambe pour le shoot en football par exemple, ces muscles sont
dits agonistes au mouvement. On distingue un phénomène de « coactivation » ou « cocontraction » des
muscles dont l’action s’oppose au mouvement (i.e. fléchisseurs de la jambe), définis comme antagonistes
au mouvement. Les mécanismes de cette stratégie de coactivation des muscles antagonistes ainsi que les
conséquences qu’elle induit sur la réalisation de gestes sportifs mérite d’être éclaircie. Cette présentation
s’attachera donc à expliquer brièvement quels sont les intérêts et désavantages d’un tel phénomène, quels
mécanismes en sont responsables et de quelle manière peut-on l’influencer à l’entraînement.
Généralités
Le terme de coactivation désigne l’activité des
muscles antagonistes survenant lors d’une contraction
volontaire des muscles agonistes en conditions statiques
ou dynamiques (Remaud et al., 2007). Le couple de force
produit par les muscles antagonistes s’oppose au couple
de force produit par les muscles agonistes, le couple résultant appliqué à l’articulation est donc le résultat du couple des agonistes auquel il faut soustraire celui produit
par les antagonistes. Le niveau de coactivation des antagonistes prend cependant une part relativement faible, de
l’ordre de 5 à 10%, par rapport à l’activité maximale qu’ils
sont capables de développer en lorsqu’ils sont utilisés en
tant qu’agonistes du mouvement (i.e. 100%).
La stratégie adoptée par le SNC permettrait à la contraction simultanée des antagonistes de stabiliser et protéger
l’articulation. En effet, elle semblerait réduire les tensions et les pressions au sein de l’articulation et stabiliser
les segments lors de la rotation, notamment en évitant
le glissement antérieur du plateau tibial dans le cas de
l’extension du genou (Baratta et al., 1988; Remaud et al.,
2007). D’autre part, le niveau de coactivation augmente
fortement en fin d’amplitude, permettant de freiner suffisamment le mouvement avant la butée articulaire, là où
24
l’étirement musculaire et la vulnérabilité de l’articulation
sont les plus importants. Cependant, un tel mécanisme
peut constituer un frein à la performance dans certaines
activités sollicitant des forces maximales, le couple de
force produit par les agonistes étant limité par la coactivation des antagonistes. La résistance au mouvement que
la coactivation induit nécessite également un travail des
agonistes plus important pour un même couple de force
sous maximal, par rapport à des conditions sans coactivation. Il apparaît donc que la demande métabolique
requise soit supérieure dans ces conditions (Baratta et al.,
1988), favorisant probablement l’apparition d’une fatigue
neuromusculaire plus précoce.
Mécanismes et facteurs d’influences
Les muscles et le SNC sont en étroite relation
au sein de la fonction neuromusculaire grâce à un réseau de neurones assurant la transmission des influx
nerveux entre les deux composantes. Les chercheurs se
sont donc intéressés à l’influence des aires spinales (i.e.
moelle épinière) et supra-spinales (i.e. encéphale et tronc
cérébral), composantes du SNC, sur le mécanisme de la
coactivation.
Figure 1: Représentation schématique des différentes voies
nerveuses pouvant influencer la coactivation des muscles antagonistes: cas de l’extension de jambe. L’activation des muscles agonistes induit (i) une diminution de la coactivation des
muscles antagonistes par activation des afférences Ia des fuseaux neuromusculaires des agonistes et (ii) une augmentation
de la coactivation par l’activation des afférences Ib des organes
tendineux de Golgi et des cellules de Renshaw du muscle agoniste. Figure tirée de Remaud et al. (2007).
L’influence des aires supra-spinales a été démontrée par une réduction du degré de coactivation après un
entraînement isométrique des extenseurs du genou pour
la jambe entraînée mais également, dans une moindre
mesure, pour celle non-entraînée (Carolan & Cafarelli, 1992). D’autre part, l’évolution proportionnelle de
l’activité des muscles agonistes et antagonistes lors d’une
contraction musculaire impliquerait une commande
motrice commune par lesquels les centre supra-spinaux
contrôleraient simultanément l’activation des unités motrices des deux groupes musculaires (Remaud et al., 2007).
Il existe également des preuves de l’intervention des centres spinaux sur le processus de coactivation. Chaque
muscle est munit de récepteurs sensoriels lui permettant
de renseigner le SNC son état à chaque instant. Les fuseaux neuromusculaires (FNM), placés parallèlement aux
fibres musculaires, sont des récepteurs proprioceptifs
sensibles à la variation de longueur des muscles, renseignant le SNC sur le degré et la vitesse d’étirement musculaire. Ainsi, les FNM activent les neurones moteurs
du muscle étiré pour limiter la contrainte. Les organes
tendineux de Golgi (OTG), situés dans les tendons,
détectent la tension appliquée sur ceux-ci et donc les
contractions exagérées des muscles. La stimulation des
OTG induit alors une décontraction du muscle agoniste
grâce à des inter-neurones inhibiteurs pendant que des
inter-neurones excitateurs activent son antagoniste pour
contrecarrer la tension sur les tendons de l’agoniste et
l’articulation.
Lors de la mobilisation d’un groupe musculaire, comme celui des quadriceps, de tels mécanismes
peuvent expliquer la présence d’une coactivation des
muscles antagonistes. En effet, dans le cas de l’extension
de jambe, la combinaison d’une forte contraction du
quadriceps stimulant ses OTG et d’un étirement simultané des FNM des muscles ischio-jambiers sont deux
facteurs favorisant la contraction des antagonistes via les
aires spinales. Par ailleurs, l’étirement des FNM des muscles ischio-jambiers, tendrait à augmenter avec l’angle
articulaire (i.e. extension de jambe) et devrait induire
un degré de coactivation plus important aux angles ouverts. Cependant, il semblerait que la coactivation des
antagonistes soit en fait modulée selon la variation du
bras de levier (Baratta et al., 1988), correspondant à la distance entre l’axe d’application de la force par rapport à
l’insertion du muscle et le centre de rotation articulaire.
En fonction du bras de levier, le degré de coactivation est
modulé pour appliquer un couple de force constant sur
toute l’amplitude du mouvement permettant ainsi une
répartition constante des pressions sur la surface articulaire (Baratta et al., 1988). Cette régulation suivant l’angle
articulaire semble souligner l’importance des récepteurs
kinesthésiques, sensibles à la déformation mécanique de
la capsule articulaire, dans la modulation de la coactivation selon la variation du bras de levier (Baratta et al.,
1988; Solomonow et al., 1988).
Les récepteurs proprioceptifs (i.e. FNM et OTG)
et kinesthésiques seraient donc les principaux responsables de la coactivation des muscles antagonistes lors de
la mobilisation des muscles agonistes (Solomonow et al.,
1988), mais il existerait également un contrôle sensorimoteur initié par les récepteurs situés dans les ligaments
articulaires (Baratta et al., 1988). En effet, dans le cas de
l’articulation du genou, la force appliquée par les extenseurs de la jambe sur l’insertion du tibia induit un glissement antérieur du plateau tibial. Ce glissement provoque
un étirement du LCA qui stimulerait ses récepteurs ligamentaires et déclencheraient l’activation des muscles antagonistes pour contrecarrer le glissement (Solomonow
et al., 1988). Cependant, l’influence des récepteurs ligamentaires reste encore controversée en raison du délai
d’apparition du réflexe moteur, trop long pour éviter la
rupture ligamentaire (Remaud et al., 2007).
Nous avons vu que la coactivation des muscles
antagonistes possédait des origines spinales et supraspinales (Baratta et al., 1988; Carolan & Cafarelli, 1992; Remaud et al., 2007; Solomonow et al., 1988) et que la position articulaire en serait un facteur d’influence (Baratta et
al., 1988; Solomonow et al., 1988). Il semblerait également
que la vitesse de mouvement et le type de contraction
effectué fassent varier ce degré de coactivation (Remaud
et al., 2007). Bien que les mécanismes responsables de
ce phénomène ne fassent pas l’objet d’un consensus arrêté, la plupart des auteurs s’accordent malgré tout sur
le caractère entraînable de ce phénomène et relève des
variations du niveau de coactivation avec l’entraînement
(Carolan & Cafarelli, 1992).
Entraînabilité
La plasticité de la fonction neuromusculaire lui
confère un intérêt particulier dans l’entraînement sportif. En
effet, l’entraînement permet d’améliorer les capacités physiques en jouant à la fois sur des adaptations structurales,
comme l’hypertrophie musculaire, mais également sur
25
des adaptations nerveuses, en modulant l’activation des
muscles agonistes et antagonistes. Il est utile de noter que
ce dernier type d’adaptation intervient dès les premières
semaines d’entraînement alors que les adaptations structurales sont plus tardives à apparaître.
Le niveau de coactivation n’est pas sous contrôle
conscient de la part des individus et dépend purement
des composantes nerveuses (Carolan & Cafarelli, 1992).
En conséquence, ce phénomène peut être diminués avec
l’entraînement afin d’augmenter, de manière relativement rapide, le moment net appliqué à l’articulation en
réduisant le couple des antagonistes s’opposant à celui
des agonistes. En effet, le degré de coactivation est souvent élevé lors des tâches nouvelles mais semble diminuer avec l’expertise (Carolan & Cafarelli, 1992). De plus,
il a été relevé chez certains sujets pourvus de quadriceps hypertrophiés un degré de coactivation relativement faible (Baratta et al., 1988). Ces différences selon le
niveau d’expertise témoignent de l’adaptabilité du niveau
de coactivation, reste maintenant à savoir quel type
d’entraînement induit des diminutions efficaces.
L’entraînement en résistance améliore les gains
de force musculaire par hypertrophie mais aussi par
adaptations nerveuses. La sollicitation des muscles agonistes en résistance isométrique semble être un choix
efficace lorsque l’on souhaite diminuer le degré de coactivation des antagonistes. En effet, l’entraînement
isométrique permettrait des diminutions de la coactivation des muscles antagonistes allant jusqu’à 20% du
niveau initial dès les premières semaines d’entraînement
(Carolan & Cafarelli, 1992). Dans de moindres mesures,
l’entraînement concentrique serait également bénéfique
à la baisse du niveau de coactivation avec une diminution d’environ 5% suite à un entraînement concentrique
sur les extenseurs de la jambe (Hakkinen et al., 1998). Cependant, l’entraînement excentrique des muscles agonistes n’apporterait pas ou peu de diminution de coactivation des antagonistes (Colson et al., 1999; Remaud et al.,
pathologie, de manière à exercer leur action de frein au
mouvement et éviter le glissement antérieur du plateau
tibial lors des extensions de la jambe (Baratta et al., 1988).
Pour finir, il est important de noter que le degré de
coactivation ne doit pas être abordé de la même manière
selon l’activité pratiquée. Si cette présentation s’est plutôt
focalisée sur les mouvements mono-articulaires, faisant
du degré de coactivation un frein à la force maximale,
celui-ci est un élément majeur des mouvements polyarticulés complexes. Si l’on s’intéresse à des mouvements
tels que le saut vertical ou le pédalage, l’action des membres inférieurs suit une séquence chronologique allant
d’une mobilisation de la hanche jusqu’aux chevilles. La
coactivation des muscles antagonistes bi-articulaires lors
de chaque phase de cette séquence constitue une stratégie de transfert de force à l’articulation suivante (Van
Ingen Schenau et al., 1992). En effet, dans le cas du saut
vertical illustré en Figure 2, la pré-activation des gastrocnémiens (i.e. chefs bi-articulaires du mollet), en plus de
protéger le genou en phase terminale d’extension, permet d’utiliser la force appliquée par les extenseurs de la
jambe pour mobiliser la cheville au fur et à mesure du
mouvement et ainsi optimiser la vitesse d’exécution du
saut et augmenter la puissance musculaire. Si les gastrocnémiens n’étaient pas activés (Schéma a) le mouvement
se résumerait à la succession de contractions mono-articulaires isolées, dans la mesure où ils sont pré-activés
(Schéma b et c) un transfert de force est possible d’un
segment à l’autre, permettant une rotation de la cheville
avant même la fin de l’extension du genou. Dans ce cas, la
coactivation des muscles antagonistes devient alors une
stratégie nécessaire à la performance, notamment en fin
de mouvement lorsque le muscle antagoniste est étiré et
où l’articulation est vulnérable.
26
La coactivation des muscles antagonistes est
donc une stratégie protectrice adoptée par le SNC pour
préserver l’intégrité du muscle lors de son étirement
et de l’articulation proche de l’amplitude maximale. Sa
diminution apparaît une alternative efficace pour augmenter le couple total de force appliquée à une articulation, notamment dans les activités où la force maximale
est déterminante. Cependant, un équilibre réfléchi doit
alors être envisagé entre recherche de performance et
santé du sportif, une coactivation suffisante en fin de
mouvement étant essentielle pour éviter les blessures.
Les entraîneurs doivent également garder à l’esprit que
selon l’activité pratiquée, la coactivation peut être un
élément clé de la réussite, en témoigne l’amélioration de
la coordination intermusculaire qu’elle apporte lors des
mouvements poly-articulaires.
Bibliographie
Baratta R., Solomonow M., Zhou B. H., Letson D., Chuinard R. & D’Ambrosia R. (1988). Muscular coactivation.
The role of the antagonist musculature in maintaining
knee stability. Am J Sports Med. 16(2):113-122. Carolan B., & Cafarelli E. (1992). Adaptations in coactivation after isometric resistance training. J Appl Physiol.
73(3):911-917. Colson S., Pousson M., Martin A., & Van Hoeck, J.
(1999). Isokinetic elbow flexion and coactivation following eccentric training. J Electromyogr Kinesiol. 9(1):1320. Hakkinen K., Kallinen M., Izquierdo M., Jokelainen
K., Lassila H., Malkia, E. & Alen M. (1998). Changes in
agonist-antagonist EMG, muscle CSA, and force during strength training in middle-aged and older people.
J Appl Physiol. 84(4):1341-1349. Remaud A., Guevel A. & Cornu C. (2007). Antagonist
muscle coactivation and muscle inhibition: effects on
external torque regulation and resistance training-induced adaptations. Neurophysiol Clin. 37(1):1-14.
Solomonow M., Baratta R., Zhou BH. & D’Ambrosia R.
(1988). Electromyogram coactivation patterns of the
elbow antagonist muscles during slow isokinetic movement. Exp Neurol. 100(3):470-477.
Van Ingen Schenau GJ., Boots PJ., de Groot G., Snackers
RJ. & van Woensel WW. (1992). The constrained control
of force and position in multi-joint movements. Neuroscience. 46(1):197-207. Recommandations
Quelle que soit l’activité pratiquée, la coactivation des muscles antagonistes est un mécanisme sur lequel les entraîneurs peuvent jouer à l’entraînement.
Dans les activités où la force maximale est déterminante (e.g. haltérophilie, mêlée de rugby) ou nécessitant des contractions sous-maximales répétées (e.g. natation), il peut être
bénéfique de diminuer le degré de coactivation des muscles antagonistes pour augmenter
la force ou réduire le cout énergétique.
2007).
Une diminution du niveau de coactivation des
antagonistes tend à perturber la stabilité de l’articulation
durant le mouvement et risque d’exposer les ligaments
à des tensions plus importantes notamment en fin de
mouvement si le degré de coactivation est trop faible.
En effet, la coactivation est nécessaire aux amplitudes
extrêmes pour freiner le mouvement, diminuant à la
fois les contraintes articulaires et le risque de claquage
des muscles antagonistes. Ainsi, un équilibre entre activation des agonistes et des antagonistes est nécessaire pour préserver l’intégrité de l’articulation. Aussi,
les entraîneurs doivent veiller à inclure des exercices
spécifiques de renforcement des muscles antagonistes
dans leurs séances. D’autre part, l’implication des ischiojambiers dans la stabilisation de l’articulation du genou
permet d’envisager des programmes de prévention ou
rééducation sur le LCA. Il semblerait que le renforcement excentrique des ischio-jambiers soit préférable par
rapport à des exercices du quadriceps pour traiter cette
Conclusion
Figure 2: Modèle « Jumping Jack ». La force produite par
les quadriceps (ressort) est mieux transmise à l’extrémité
du segment avec la pré-activation des gastrocnémiens (b, c;
corde=14cm) que sans (a; corde=26cm). Figure tirée de Van
Ingen Schenau et al. (1992).
L’entraînement isométrique apparaît le moyen le plus efficace pour diminuer la coactivation. Des exercices avec enchaînement de contractions contre résistances statiques aux
angles utilisés lors de la pratique sont alors conseillés. La coactivation des antagonistes
ainsi que sa diminution avec l’entraînement reste de faible ampleur, elle peut cependant
être envisagée pour les sportifs très entraînés, pour qui la force des muscles agonistes est
déjà élevée.
Les activités à haut degré de coordination intermusculaire (e.g. patinage, cyclisme, sauts)
requièrent un degré de coactivation important en fin d’amplitude, de manière à transférer
la force entre les segments. Un travail excentrique des muscles antagonistes permettra
alors d’améliorer leur niveau d’activation en fin de mouvement, la vitesse de mouvement
choisie devra être la plus proche possible de celle rencontrée dans la pratique.
La stratégie de coactivation des muscles antagonistes reste un mécanisme protecteur de
l’articulation et des muscles antagonistes, un juste dosage doit être trouvé entre performance et intégrité du sportif.
27
Lucile Mouné, étudiante en master 2 à l’UFR STAPS de Nantes, elle est également entraineur dans
un club de judo, sa spécialité sportive. Sensible aux questions relatives au groupe, elle a engagé un
mémoire de M1 sur la coordination interpersonnelle et l’activité collective en basket. Un article
sous forme de retour aux sources, mais également après une longue réflexion de terrain en lien avec
son groupe de jeunes compétiteurs.
Mail: [email protected]
L’«équipe» dans les sports individuels : des configurations
variées, et problématiques spécifiques pour l’entraîneur
C
’est une évidence : la pratique d’un sport individuel de compétition n’est jamais une
pratique solitaire. Dans de nombreuses disciplines individuelles, les entrainements impliquent des groupes de sportifs, et certaines disciplines demandent même une collaboration
étroite entre sportifs pour permettre une optimisation des performances individuelles. On
peut alors se demander dans quelles mesures l’implication de l’autre et du groupe influencent
la progression individuelle, et si dans le cas des sports individuels, le groupe représente toujours une aide à la réalisation de hautes performances. Cela est une question cruciale pour
l’entraineur, qui doit autant que possible favoriser une organisation collective performante
pour chacun des sportifs dont il a la responsabilité.
La mise en question de la notion d’équipe
s’impose dans les sports individuels à un autre titre.
Dans de nombreux sports individuels, il existe en effet des épreuves dites « par équipes ». Le format de ces
épreuves est particulier puisque la rencontre consiste
généralement en une succession de rencontres individuelles, et la performance collective, en une addition des
performances individuelles. Elles mettent donc en jeu un
degré d’interdépendance très faible entre les « coéquipiers ». Quelle est donc la place et l’importance du groupe
et des partenaires en sports individuels ? Quels facteurs
l’entraîneur doit-il prendre en compte pour favoriser
dans la gestion des relations ? Quels leviers permettant
d’optimiser la performance de chacun peut-il exploiter ?
Dans cet article, nous tentons d’apporter des éléments de réponse à ces questions, tout d’abord en évoquant l’importance de l’équipe en sports individuels et sa
distinction avec l’équipe de sports collectifs, puis en tentant une classification des différentes formes d’équipes et
les phénomènes émergeant auxquels l’entraineur peut
être exposé.
Réflexion de l’équipe en sports individuels
et critères de distinctions
28
Un sportif n’évolue jamais complètement seul.
Il fait partie d’un club, d’une structure d’accès à la performance, d’un petit groupe d’entrainement. Il est en
relation avec d’autres sportifs de sa discipline, notamment sur le moment de l’entrainement. La formation du
groupe d’entrainement s’organise autour du sentiment
d’appartenance « à partir du moment où [l’individu] établit
avec d’autres individus des relations d’interdépendance reposant sur des croyances et un projet communs» (Rey et
al, 2000). L’ensemble du groupe forme alors un groupe
d’entrainement et s’organise selon les caractéristiques de
la structure et avec un entraineur commun. L’autre (le
partenaire d’entraînement) permet de se dépasser, de
repousser ses limites d’être un soutien moral et affectif,
et d’être une aide au perfectionnement technique et tactique «Renforcer une force individuelle dans l’équipe, mais
aussi grâce à l’équipe».
La notion d’équipe et de collectif est importante
à prendre en compte dans les procédés d’entrainement et
ce même en sports individuels. L’individu seul ne peut
pas progresser il a besoin d’être entouré, de mesurer sa
performance par rapport à celle d’autrui, pour pouvoir
s’évaluer. Dans certaines disciplines la présence de l’autre
est même indispensable à la pratique et à la progression. G. Santoro, entraineur national de lutte, évoque
l’importance du partenaire pour l’activité du sportif
« il faut prendre en compte la singularité des individus,
mais le contexte fait que celui-ci dépend d’un partenaire
d’entrainement». En voile, la performance n’est évaluable que par rapport à celle des autres athlètes, le modèle
de préparation olympique de Sydney 2000 au sein de la
Fédération Française de Voile visait une « optimisation
des compétences et ressources collectives» donc une véritable coopération des sportifs entre eux. De nombreux
sports individuels demandent une relation de partenariat dans l’entrainement, comme par exemple, les sports de
combats, de duels ou encore de navigation, où l’autre est
un repère permettant d’évaluer sa propre performance
et sa progression. L’entraineur est le catalyseur de cette
dynamique collective et doit faire face à l’ambivalence
entre la progression individuelle de son sportif et la gestion collective de l’entrainement.
La gestion d’une équipe en sports individuels n’est pas la même que pour les sports collectifs, cependant la frontière semble mince et il est important
d’en préciser des éléments de distinction.
La littérature en psychologie sociale s’appuie
sur trois axes pour définir une équipe. Elle est constituée de deux joueurs minimum avec un certain degré d’interdépendance, les joueurs partagent un but et
chacun a un rôle dans la performance collective. On
parle d’interdépendance lorsque les activités des individus interfèrent mutuellement, cela va de l’addition
des performances à une interdépendance collective. En
sports collectifs, l’équipe constitue l’effectif des joueurs
sur le terrain (titulaires et remplaçants), les membres
poursuivent un but commun et s’attribuent des fonctions, ou rôles spécifiques, au sein du jeu. On s’attache
au fonctionnement d’une unité autonome et d’une articulation fluide des joueurs. L’équipe s’organise autour
des postes de jeu et du règlement du sport pratiqué, la
tâche est structurellement collective et ne peut exister sans la présence de plusieurs acteurs. A ce titre, les
matchs de double, ou par paires dans les sports duels, ou
même les relais, peuvent plutôt être considérés comme
des activités collectives. Dans le cas des sports individuels (i.e., dans lesquels la performance est jugée dans
une tâche compétitive individuelle), l’interdépendance
entre membres concerne seulement le résultat (on parle
de pooled interdependence, Saavedra et al.1993), la réalisation de la performance en elle-même ne demandant
pas l’interaction avec un partenaire.
Michel Bouet reprend la nuance de cette distinction en évoquant le cas des sports individuels en
équipes, ou encore les sports de combats où il existe un
perpétuel appui sur l’autre. Pour autant, les configurations d’équipes peuvent être très différentes dans les
sports individuels, d’une discipline à une autre. Une
tentative de classification est donc nécessaire pour préciser les caractéristiques distinctives des équipes dans les
sports dits communément individuels.
Classifications des différentes configurations d’équipes en sports individuels
Selon les conditions de pratique et la culture de la discipline, une équipe peut être se construire à partir de plusieurs possibilités, créant des configurations collectives
différentes.
Equipes de partenaires d’entrainement
On peut constituer une équipe à partir du
groupe de partenaires d’entrainement. Les sportifs, issus
de la même structure d’entrainement avec un entraineur
commun et pratiquant ensemble, deviennent coéquipiers et concourent en équipe lors du même évènement
et dans un but commun et affiché. Mais ils peuvent, devenir concurrents lors des épreuves individuelles. C’est
le cas par exemple, des équipes interclubs en athlétisme
ou en natation, ou encore des équipes de clubs lors des
rencontres dans les sports de duels et/ou de combats.
L’équipe est alors constituée par des individus partageant
des principes de groupe construits lors des entrainements et fonctionnent sur des normes partagées. C’est
au niveau national et inférieur que cette configuration
semble la plus fréquente.
Pour l’entraineur, la problématique se situe dans
la gestion des objectifs individuels dans un ensemble collectif et le partage de différents espaces de collaboration.
Les sportifs collaborent sachant qu’ils sont de potentiels
concurrents, ce qui peut poser problème aux entraineurs.
Au sein de certaines équipes de ce type, on a décrit des
collaborations qui s’organisaient au sein de deux espaces
différents selon le niveau d’interactions : (a) un espace
public correspondant aux moments d’entrainement, la
collaboration s’effectuant de façon ouverte et manifeste
vis-à-vis de l’ensemble des membres de l’équipe et (b) un
espace de collaboration privé, correspondant à la dyade
entraîneur- athlète. Le tout forme un équilibre précaire
pour apporter à chaque athlète l’aide dont il a besoin.
L’entraineur joue un rôle essentiel dans le maintien de
cet équilibre et dans la gestion relationnelle au sein du
groupe d’entrainement.
Une certaine paresse sociale peut aussi se développer au contact de personnes moins motivées sur
le moment. Par exemple, dans les sports de combats
les sportifs peuvent s’entendre pour baisser le niveau
d’opposition et faire « des combats de copains », ce qui
peut être un frein à leur progression. La responsabilisation de chacun vis-à-vis de l’ensemble des membres de
l’équipe et (b) un espace de collaboration privé, correspondant à la dyade entraîneur- athlète. Le tout forme
un équilibre précaire pour apporter à chaque athlète
l’aide dont il a besoin. L’entraineur joue un rôle essentiel
dans le maintien de cet équilibre et dans la gestion relationnelle au sein du groupe d’entrainement.
29
Une certaine paresse sociale peut aussi se développer au
contact de personnes moins motivées sur le moment.
Par exemple, dans les sports de combats les sportifs
peuvent s’entendre pour baisser le niveau d’opposition
et faire « des combats de copains », ce qui peut être un
frein à leur progression. La responsabilisation de chacun vis-à-vis des ses objectifs personnels semble être indispensable pour poursuivre la progression.
Dans certains cas les partenaires du groupe
d’entrainement peuvent être des coéquipiers mais ne
seront pas concurrents sur les phases individuelles,
comme par exemple, lors de la constitution d’équipes
dans les sports à catégorie de poids. La problématique
n’est pas tant sur la gestion de l’espace de collaboration,
mais davantage sur la gestion du collectif et de la pratique commune malgré les divergences physiques.
Equipes de regroupement occasionnel pour former
une équipe
Pour les besoins de certaines compétitions, les
entraineurs peuvent rassembler au sein d’une équipe de
« sélection » des sportifs provenant de diverses structures d’entrainement, ou de diverses équipes de clubs.
Cette configuration est poussée à son extrême sur des
sélections de types régionales ou nationales. L’équipe
s’appuie sur la sélection des supposés meilleurs éléments
sans articulation entre les sportifs, ceux-ci étant placés
sous la responsabilité de l’entraîneur national ou régional.
Les coéquipiers se connaissent peu et ont rarement pratiqué ensemble. C’est le cas en tennis (la Coupe Davis et
la Fed Cup), des équipes de sélections régionales et nationales en sports de combats, en biathlon, gymnastique
artistique, etc.
Ces organisations est le plus souvent fondée sur
l’idée que la performance est une addition de performances collectives et néglige l’aspect environnemental
et affectif. Pour l’entraineur, la gestion collective en est
rendu plus complexe. Il peut faire face à des problèmes
d’intégration et de motivation des sportifs. Le manque
de partage de valeurs communes peut entrainer un désinvestissement des sportifs par rapport aux objectifs du
collectif et une possible perte de motivation à des moments importants. Cela peut aussi se traduire par un détachement du résultat du groupe en favorisant la mise
en avant de sa propre performance, ce qui va à l’encontre
de l’idée de collectif. Dans une moindre mesure, la problématique d’intégration peut aussi faire surface lorsque
les sportifs s’entrainant sur un autre lieu (pôles espoirs,
autres villes…) reviennent pour les besoins du club au
moment de la compétition.
L’entraineur est le premier lien de ce collectif.
L’organisation des rassemblements des membres de
l’équipe en amont par des stages de préparation, permet
une émergence d’un collectif. Pendant la compétition, le
30
rappel des objectifs communs aux sportifs par un discours d’avant rencontre, et un débriefing, par l’entraineur
permet de rappeler le but commun et l’importance de
l’investissement de chacun pour l’équipe. De même,
l’acceptation d’une stratégie collective comprise par tous
peut jouer sur la considération du rôle de chacun dans
l’équipe.
Equipes autour d’un entraineur, d’un staff ou d’une
écurie sportive
Pour des besoins individuels, des sportifs font
appel à certains entraineurs, ou staff de leur choix. Ils
parlent en termes d’association d’expertise et ne fonctionnent pas sur une idée de groupe d’entrainement.
Les entraineurs collaborent avec quelques sportifs sur
un projet individuel. Souvent, ils s’occupent de quelques
sportifs en même temps. Le niveau de partenariat n’est
pas tant entre les sportifs entre eux mais davantage avec
un staff, et un regard expert. Le sportif s’appuie sur une
structure comme les écuries en sports mécaniques pour
pouvoir mettre en œuvre sa performance. L’aspect collectif se situe dans l’environnement du sportif. On retrouve aussi cet état de fait en natation ou athlétisme,
où certains sportifs s’expatrient dans une ville ou un
pays étranger pour être suivi pour une personne de leur
choix. Ils se retrouvent avec quelques autres sportifs
mais sont totalement indépendants les uns des autres,
avec des objectifs différents, mais toujours dans l’idée
d’être le meilleur. Par exemple, en athlétisme John Smith
entrainait Ato Boldon et Marie José Perec.
La problématique de l’entraineur ou du staff est
basée essentiellement sur la partie technique du sport
pratiqué et non sur les relations interindividuelles.
L’entraineur cloisonne les entrainements entre les sportifs et se situe dans une véritable individualisation de
l’entrainement. Il doit également organiser sa disponibilité envers chacun. La performance s’effectue grâce à
une organisation dédiée à l’exploit individuel du sportif
et dans une démarche très techniciste.
Conclusion
Même en sports individuels, l’équipe a un impact sur la dimension psychologique, la prise en considération de l’objectif commun par chaque membre
permet de partager une vision commune. Le sportif
s’engage dans la réussite ou l’échec du collectif. Tiffany
Fanjat, parle des championnats par équipes « J’ai besoin
que les autres comptent sur moi, ça me rend plus forte de
sentir qu’ils ont besoin de moi8. ». Cette responsabilisation est un levier sur l’investissement personnel et sur
la motivation de chacun, sans quoi il ne peut y avoir de
réussite collective.
L’équipe est un appui psychologique, le groupe
un élément fondateur de la performance sportive. Mais
la construction d’un collectif doit répondre avant tout
aux objectifs personnels pour que chacun y trouve sa
place.
L’entraîneur joue un rôle essentiel dans la coordination
des membres de son groupe, pour créer et entretenir une
dynamique de groupe de progrès et de performance. Il
doit également faire face à des problématiques variées
en fonction du type de configuration de l’équipe formée.
En sports collectifs comme en sports individuels, se
jouent des phénomènes liés au groupe et influençant la
performance. La question de la cohésion serait alors intéressante à interroger dans la situation du groupe ou de
l’équipe en sports dits individuels, et du lien possible à la
performance.
Bibliographie
Bouet M (2000), Signification du sport, l’harmattan
Bourbousson J (2009), Approcher la notion d’équipe, revue EPS, p12
Krantz N. & Dartnell L(2007), Les experts en questions,
savoirs professionnels en matière d’entrainement, collection entrainement
Saavedra, Earley, & Van Dyne (1993), Complex interdependence in task-performing groups, Journal of Applied
Psychology, Vol 78(1), Feb 1993, 61-72
Saury J & Salou J-P(2000), Le groupe, éditions pour
l’action, p73-87
Intérieur sport (2012), Drôle de dan, canal +
Recommandations
La dimension collective et le degré d’implication du partenaire doit être pris en compte
dans la progression individuelle et dans les procédés d’entrainement.
Ne pas négliger les différents espaces de collaboration (collectif : public, et individuel
: privé).
La création d’un collectif pour des phases de compétition demande un minimum de
préparation en amont pour constituer le groupe. Le collectif se structure autour d’un
vécu commun et marquant (entrainement, vie quotidienne etc.).
Multiplier les phases de collaboration à l’entrainement (jeux d’affrontements en équipe…), pour favoriser la création d’une coppération au sein d’une tâche définie
Organiser des moments communs en dehors du cadre de la pratique (stage sportif,
prolongation post-entrainement...)
31
Sébastien CORNUAULT, il a 22 ans et il est étudiant en Master 2 au sein de l’Université de
Nantes. Il est engagé dans le football en tant que joueur mais surtout il est éducateur de football
depuis 5 ans. Il souhaite travailler en tant qu’entraineur avec des catégories de jeunes au sein
d’une école de football.
Mail : [email protected]
Dans ce cas bien précis, les joueurs réalisent 3
périodes de jeu de 4 minutes chacune. Elles sont interrompues par des périodes de récupération de 3 minutes.
L’espace de jeu est de 30 et 25 mètres, respectivement
en longueur et en largeur. Des consignes peuvent y être
ajoutées comme la limitation à trois touches de balles
maximum par joueur.
Vers un objectif de travail physique
Football : Les jeux réduits avec ballons,
une alternative au travail strictement physique dans le
football amateur
L
a préparation physique est souvent vécue comme une partie de l’entrainement « appréhendé » par le joueur de footballeur. Cependant, elle reste essentielle pour aborder la
compétition de la meilleure des manières. Elle a pour but d’optimiser les performances grâce
à l’amélioration des qualités physiques. Cependant, il ne faut pas que celle-ci affaiblisse la
composante mentale. C’est pourquoi cet article encourage les entraineurs, les préparateurs
physiques de football à utiliser les jeux réduits comme une alternative de développement des
qualités physiques. Notre argumentation s’appuiera notamment sur les études réalisées par
Dellal en 2007 et 2008.
Introduction
Comme dans toutes les activités physiques,
le football est découpé en quatre facteurs essentiels
de la performance : la technique, la tactique, le physique et le mental. Afin d’être plus précis dans la charge
d’entrainement, l’entraineur ou le préparateur physique
peut dissocier tous ces éléments.
L’analyse de l’activité physique du footballeur au
cours d’un match, nous apprend que l’effort du joueur
est principalement de type aérobie. Au regard de la littérature, les exercices intermittents courses de courtes
durées sont les plus pertinents et surtout les plus utilisés
par l’entraineur au cours d’une saison pour la préparation physique.
Un staff technique ou un entraineur peut utiliser, dans des conditions bien définies, les jeux réduits avec
ballon, dans le but de travailler l’aspect physique, tout en
intégrant la spécificité technique et tactique propre à
l’activité. L’association de ces facteurs permet de travailler dans des situations se rapprochant des conditions de
compétition.
Le travail avec ballon peut :
-
Représenter une modalité intéressante de préparation physique.
-
Augmenter la qualité technique et de coordination des joueurs
-
Amener du plaisir au joueur
32
Les jeux réduits
Le jeu réduit est bien souvent utilisé par les entraineurs afin de finir l’échauffement ou bien la séance
d’entrainement. C’est une situation qui correspond à une
réduction du nombre de joueurs, de l’espace de jeu et du
temps de jeu. Serait-il intéressant de l’utiliser à des fins
de travail physique ?
Les jeux réduits sont multiples, voici l’exemple d’un 4
contre 4 avec gardien de but (ci-dessous figure 1) :
Il ne faut pas omettre que dans le milieu amateur comme celui du football, le joueur arrive souvent
à l’entraînement en fin de journée, peut-être après une
journée de travail ou d’étude. Les jeux réduits permettent,
à l’entraineur ou au préparateur physique, de remplacer
les exercices purement physique afin de venir masquer la
charge de travail. Les exercices sous forme ludique sont
acceptés plus facilement par les joueurs. L’intégration
du ballon est ici une variable très appréciée des footballeurs. Il est bien évident que dans le milieu amateur, les
joueurs sont là pour se faire plaisir et donc pour jouer au
football. En outre un entraînement créatif et stimulant,
même s’il est éprouvant physiquement, peut apporter
dans le groupe un plus grand enthousiasme. C’est aussi
une façon de créer une atmosphère positive au sein de
l’équipe et qui ne doit pas être oubliée, sous-estimée de
la part de l’entraineur. Dans le milieu amateur, beaucoup
d’entraîneurs manquent de temps pour traiter tous les
aspects athlétiques, techniques et tactiques. Par conséquent, il s’orientent de plus en plus vers la préparation
physique intégré afin de ne plus les travailler séparément.
Un entrainement intégrant des jeux réduits passera mieux et permettra de maintenir plus facilement un
grand nombre de joueurs en éveil. Á la fin de cet entrainement, la charge de travail sera la même que si les
joueurs avaient uniquement chaussé leurs chaussures de
sport. Toutefois avec des notions de technique, de tactique de plaisir et de motivation en plus.
Selon Barthelemy (2011), la prise en compte des variables mises en place est importante. L’activité des
joueurs est difficilement contrôlables lors des jeux réduits. Le niveau technique et tactique des footballeurs
influence directement sa participation dans l’exercice
et par conséquent sa réponse cardiaque. Selon Owen et
al (2004), la réponse cardiaque est variable suivant les
caractéristiques propres du jeu réduit c’est-à-dire selon
le nombre de joueur ou encore la taille des terrains. Ces
paramètres doivent être pris en compte par l’entraineur
afin d’évaluer si la situation mise en place permettra
d’atteindre l’objectif souhaité.
Les sollicitations cardiaques et les outils
de contrôle pouvant être utilisés
Figure 1: Schématisation d’un 4 contre 4 avec gardien de but.
a été montrée par Rampinini et al. (2007). Ceci rejoint
les conseils apportés aux coachs d’inclure des exercices
physiques spécifiques intégrés dans les séances. Ces jeux
réduits induisent une réponse cardiaque similaire à des
exercices intermittents courses. Entre ces deux types
d’exercices, l’intégration du ballon engendre une activité
plus spécifique et développe autrement les qualités physiques du footballeur.
L’entraineur, le préparateur physique souhaitent connaître les sollicitations de ces différents types d’exercices.
La possibilité d’avoir des comparaisons directes
sur l’efficacité de l’exercice peut se faire grâce à des cardiofréquencemètres. Dans le football professionnel,
les préparateurs physiques travaillent avec des cardiofréquencemètres effectuant des mesures sur plusieurs
joueurs en même temps grâce au système POLAR
TEAM². Les données de fréquence cardiaque sont enregistrées et peuvent ensuite être traitées sur un ordinateur.
La mesure de lactate tout de suite après la réalisation de
l’exercice peut aussi être une solution intéressante. Cependant, le coût d’une telle mesure est beaucoup trop
onéreux pour des clubs amateurs.
Ces contrôles permettent à l’entraineur, au préparateur physique, d’identifier les joueurs s’impliquant
à leur maximum dans ces exercices. Ils remarqueront
aussi ceux qui évoluent en quelque sorte comme des «
tricheurs » d’un point de vue des objectifs visés. Face
à ces résultats, les différents jeux réduits pourront être
gardés ou non afin d’être réutilisés par la suite. L’intérêt
et l’attractivité du jeu réduit proposé peuvent influencer
fortement les réponses cardiaques.
Dans un milieu amateur, ces méthodes de contrôle restent très difficiles à mettre en place. Il apparait important de solliciter l’objectivité des joueurs afin
d’identifier la « réussite » ou l’ « échec » de tel ou tel exercice ou situation mise en place par l’entraineur, le préparateur physique.
Les chiffres évoqués par Dellal
Les études menées par Dellal reposent sur des
chiffres mettant en avant le %FCres. Ceci correspond à
la fréquence cardiaque de réserve de chaque individu.
Celle-ci repose sur la formule suivante :
%FCres = [(FC moyenne au cours de l’exercice – FC de
repos) / (FC max – FC de repos)] * 100
La fréquence cardiaque maximale est le nombre
maximum de pulsations cardiaques par minute que votre corps peut endurer à l’occasion d’un effort physique.
La fréquence cardiaque désigne le nombre de battements
par minute lorsqu’il n’y a pas d’exercice physique. Cette
prise de mesure peut s’effectuer au lever.
L’amélioration de l’endurance des joueurs par la
pratique des jeux réduits lors des séances d’entrainement
33
Les résultats présentés dans le tableau ci-dessus
(tableau 1) montrent que les fréquences cardiaques relevées lors de cette étude ne sont pas significativement
différentes entre les exercices intermittents courses de
courtes durées et les jeux réduits. Selon Dellal (2007)
: « Les jeux réduits peuvent alors être utilisés comme
une méthode d’entrainement intégrant l’aspect tactique,
l’aspect technique mais aussi l’aspect physique en approchant des intensités semblables à celles d’exercices
intermittents courts ».
GK : présence de gardiens de buts. X vs. Y : jeux réduits avec x contre
y joueurs. vVO2max : la vitesse minimale associée au VO2max. PR :
récupération passive. AR : récupération active, le joueur devait courir
à une allure de 9 km.h-1. CV inter-sujet : coefficient de variation intersujet.
Tableau 1. Réponses cardiaques lors des exercices intermittents et les jeux réduits (Dellal, 2007)
Nous remarquons aussi qu’avec la variable gardien de but (avec ou sans), les réponses cardiaques sont
bien différentes pour un même nombre de joueurs sur le
terrain. En effet, la présence de gardiens de but semble
être un plus pour l’engagement des joueurs dans l’activité.
La sollicitation cardiaque est de 71,7% et de 80,3% de la
fréquence cardiaque de réserve, respectivement pour un
jeu réduit en 8 contre 8 et un 8 contre 8 avec gardiens.
C’est une des variables possible afin d’affecter les sollicitations physiques du joueur. Le 4 contre 4 avec gardiens de but est le jeu réduit le plus contraignant pour le
joueur, avec un pourcentage de 80,3% de la fréquence
cardiaque de réserve individuelle.
Dellal (2007) révèle que les réponses cardiaques
induites lors des jeux réduits est moins homogène que
lors des exercices intermittents courses. Respectivement les résultats montrent une variation de 11,8% et de
5,9%. Les jeux réduits ne permettent pas de contrôler de
manière similaire les efforts produits par les joueurs.
34
D’autres avantages venant des jeux réduits
Kirkendall (2001) considère que le football est
un ensemble de phases de jeu à 4 contre 4 (ou moins)
dans un espace restreint du terrain. Les jeux réduits permettent de remettre en situation ces phases de jeu. Les
jeux réduits ajoutent à la notion de travail physique différentes composantes de la technique individuelle.
Se rapprocher au plus près des situations de
matches constitue l’objectif recherché tout en effectuant un travail physique mais avec des notions de technique et de tactique. Inclure un jeu réduit dans une
séance permet d’augmenter la motivation des joueurs.
Pour un travail physique et des résultats similaires, le
joueur préfèrera toucher le ballon plutôt que de courir
sur des distances définies. Le travail physique serait variable comme lors d’un match tout en étant influencé par
les caractéristiques propres du jeu réduit. Les exercices
avec ballon, au-delà des avantages apportés pour l’aspect
technique, développe la prise d’information, la réactivité, l’imagination, la rapidité d’exécution, l’entente avec les
coéquipiers, la communication etc.…
D’un point de vue défensif, les joueurs sont en
opposition. Les duels sont donc présents. Les joueurs
sont en confrontation ce qui permet de perfectionner les
techniques défensives comme le tacle ou encore le recul
frein. Offensivement, les joueurs sont amenés à dribbler,
à changer de rythme de façon à éliminer leurs adversaires mais aussi à conserver le ballon collectivement.
Les jeux réduits de conservation avantagent le déplacement des joueurs et par conséquent travaillent la notion
de démarquage.
De plus, contrairement à des exercices intermittents courses, les jeux réduits amènent les joueurs
à communiquer. Les relations entre eux peuvent ainsi
se développer et se perfectionner. Des automatismes se
créent, se perfectionnent et plus tard se retrouvent lors
de la compétition.
Conclusion
Les jeux réduits ne permettraient pas un contrôle rigoureux de l’activité des joueurs. Ainsi, en accord
avec les objectifs de l’entrainement, le coach devra choisir entre un entrainement physique contrôlé (exercices
intermittents) et un entrainement physique intégré plus
difficilement contrôlable (jeux réduits).
Dans le milieu amateur, les joueurs veulent
avant tout prendre du plaisir, c’est pourquoi l’entraineur
ou le préparateur physique doit cibler les séances physiques où il souhaite travailler de manière vérifiable les
sollicitations cardiaques. Le jeu sous toutes ces formes
constitue un moyen d’entraînement : technique, tactique, physique et mental.
En passant donc à l’aspect méthodologique, il
est opportun d’alterner exercices avec ballon, séances
entières de préparation physique pure. Les semaines
à grande charge de travail peuvent se réaliser à base
d’exercices intermittents et celles où la charge de travail
est moins importante peuvent se faire avec des jeux réduits. Cette organisation permettrait d’avoir une certaine
« homogénéité » entre les joueurs de semaine à semaine.
De plus, la monotonie du travail purement physique affectera moins les joueurs.
Quelques questions à se poser…
Un entraînement à base de jeux réduits ne serait-il pas davantage bénéfique aux joueurs sur du long
terme ? Au football, les exercices physiques intégrés ne
seraient-ils pas une solution d’entraînement dans les
catégories de jeunes, en intégrant l’aspect technique,
l’aspect tactique au travail physique, et constituer des
joueurs aux qualités plus adaptées au football moderne,
en favorisant le travail technique ?
Bibliographie
Dellal J. (2007). De l’entraînement à la performance. Edition De Boeck. Chapitre 5:138-60.
Dellal J. (2008) Analyse de l’activité physique du footballeur et de ses conséquences dans l’orientation de
l’entraînement : Applications spécifiques aux exercices
intermittents courses à haute intensité et aux jeux réduits. Thèse de Doctorat d’université, Université de
Strasbourg, 260 pages.
Kirkendall D. (2001). Training to mimic the game : in
praise of 4 v 4 Master’s thesis, University of North Carolina, Chapel Hill.
Karnoven K., Kentala S. & Mustala S. (1957). The effect of training on heart rate. A longitudinal study. Ann.
Med. Exp. Biol. Fenn. 35:307-315.
Owen T., Twist N. & Ford P. (2004). Small-sided games
: The physiological and technical effect of altering pitch
size and player numbers. The F. A. Coaches Association
Journal. 7(2), 50-53
Rampinini I., Impellizzeri R., Castagna S., Abt S.,
Chamari C, Sassi M. & Marcora N. (2007). Factors influencing physiological responses to small-sided soccer
games. J Sport Sci. 25(6):659-66.
Stolen S., Chamari S., Castagna C. & Wisloff P. (2005)
Physiology of soccer: an update. Sports Med. 35:501-36
Recommandations
L’objectif souhaité par l’entraineur, le staff ou le préparateur physique doit être ciblé.
Identifier si l’on souhaite avoir une certaine homogénéité dans les réponses physiologiques entre les joueurs dans le travail à réaliser.
Évaluer les conséquences sur les sollicitations physiques des variables lors des jeux
réduits (exemple : présence de gardien de but).
L’encadrement technique doit mettre en place des situations qui permettent aux footballeurs de s’épanouir dans leur pratique amateur.
35
Alexandre MELLET, est spécialisé dans le Tennis, il a obtenu sa Licence Staps mention « Entraîne-
ment Sportif » à l’UFR STAPS de Rennes avant de poursuivre son Master à Nantes et obtenir en marge
de celui-ci son Certificat de Qualification Professionnel d’Assistant Moniteur Tennis. Depuis plus d’un
an, il est entraineur et préparateur physique à Sainte-Luce Tennis et intervient également en tant que
préparateur physique dans diverses associations sportives. A compter de cette année, il est entraîneur
de Tennis à l’AS Mangin Beaulieu ainsi qu’au Nantes Etudiant Club. Il en profite également pour développer le Coaching Sportif. Son domaine de recherche de prédilection est la récupération active au
Tennis.
Mail : [email protected], Site : alexandremellet.wix.com/training
Récupération active chez des joueurs de deuxième et
troisième série au Tennis :
Avantage ou désavantage sur la performance anaérobie
alactique lors d’un exercice de longue durée ?
L
e but de cette étude est d’analyser les effets d’une récupération active lors des matchs de tennis, et donc son éventuel intérêt, sa mise en place, sa tolérance par les joueurs. Il s’agit plus
particulièrement de trouver un point pouvant s’avérer être clef dans la recherche perpétuelle d’une
amélioration de la performance. Pour cela il fallut comparer les deux modalités de récupération
(active et passive) au cours d’un match et observer la performance à un test de détente verticale
(CMJ bras libres), la fréquence cardiaque, le temps de jeu effectif et la perception de la fatigue
(échelle de Borg). Les résultats ont montré une amélioration de la performance à ces tests de sauts
suite à la récupération active. Par ailleurs les résultats de % FC max moyen ont montré que lors
match de tennis de 3h : Fcmoy = 143.8 ± 7.8 bpm ce qui va dans le sens de Girard & coll. (2008)
mais également que le temps de jeu effectif mesuré fut de 20% du temps total, soit en accord avec
la littérature (Kovacs, 2007) et que cette modalité de récupération active fut classée parmi les efforts « un peu difficile ».
L’alternance de phases d’exercices brefs et intenses avec des phases de repos est l’une des spécificités
du tennis. En effet, lors d’un match, les temps de repos
relatifs, qui sont les 20 s autorisés entre chaque point, les
90 s entre chaque jeu, les 2 min entre chaque set, peuvent
représenter 2/3 à 4/5 du temps total selon Kovacs (2007).
D’après les images que l’on peut avoir, depuis le début du
siècle dernier, les joueurs se sont toujours assis lors des
temps de récupération pendant les changements de côtés. Cependant, il y a eu une évolution de l’effort en Tennis au cours de cette période. En effet, Kovacs en 2007
a démontré qu’il y avait, au cours d’un match de tennis,
une diminution des temps de jeu effectif et une augmentation de l’intensité. Il est possible de se demander à partir d’ici, si tout comme l’effort en Tennis, l’exploitation
des temps de repos n’aurait, quant à elle, pas pu évoluer ?
Données de la Littérature
La particularité de l’activité Tennis réside dans
le fait qu’elle propose une alternance entre des phases
d’exercices brefs et intenses et entre des phases de repos
36
comme dit précédemment selon Kovacs (2007). Dupuy
et al. (2006) ont montré lors d’une étude réalisée sur terre
battue que 70% des points avaient une durée comprise
entre 0 et 10 sec ce qui permet de montrer que la filière
anaérobie alactique est principalement sollicitée. Il est
important ici de préciser la nature de la surface de jeu
car Zouhal et al. (2011) ont montré que la surface de jeu
influait sur les caractéristiques du match ainsi que sur les
réactions physiologiques des joueurs.
Concernant les caractéristiques physiologiques,
les études sont divisées sur la demande énergétique en
Tennis. En effet, Bergeron et al. (1991) ainsi que Dansou
et al. (2001) ont déterminé que le Tennis était une activité à dominante aérobie alors que Fox (1979) et Kovacs
(2006) ont mis en avant que l’activité était majoritairement anaérobie. Il est donc possible de définir cette activité comme étant une activité anaérobie nécessitant un
haut niveau de conditionnement aérobie. Christmas et
al. (1998) ont démontré que la consommation d’oxygène
maximale des joueurs de haut niveau est comprise entre
44 et 69 mL.min-1.kg-1, et classe donc ces joueurs parmi
des individus spécialistes d’efforts anaérobies hautement
entrainés.
Pour ce qui est de la récupération active sur
des efforts dits « alactiques », Edwards (1973) a montré
l’intérêt d’une récupération aérobie pour les efforts anaérobies montrant que l’oxygène aide la régénération des
phosphagènes. Blei (1993) a montré quant à lui que la
vitesse de resynthèse de la Phosphoryl Créatine dépend
de la quantité d’oxygène consommé par le muscle après
l’effort.
Le constat posé est le suivant : Une étude réalisée
antérieurement nous a permis de voir qu’une récupération active à une intensité comprise entre 50 et 60% de
la FC de réserve semblait optimal dans le but de réaliser un effort nous permettant d’avoir une estimation
de la capacité anaérobie alactique, effort représentatif
de l’activité Tennis. Cependant, la durée de cette expérimentation fut très brève (≈40 min). L’objectif de cette
étude sera donc de vérifier, sur une expérimentation
plus longue, l’amélioration de la performance anaérobie
alactique suite à une récupération active à 50% de la FC
réserve mais également de vérifier si une telle intensité
de récupération est supportable par l’athlète sur une telle
durée de recherche de performance.
Méthode
Pour mener à bien cette étude, 6 joueurs de Tennis volontaires de deuxième [N=4] et de troisième série
[N=2] ont participé à celle-ci. Leurs principales caractéristiques étaient les suivantes : Âge : 19,7 ans (± 1,4),
Poids : 76,7 kg (± 11,0), Taille : 182 cm (± 7,9).
Chaque participant a pris part à : 1 test
d’évaluation physique préalable et 2 matchs en 3x10 jeux
(règlement ITF) avec un adversaire tiré au sort (le même
pour les deux matchs) réalisés dans des conditions identiques (échauffement, familiarisation avec le test, balles
neuves, surface, terrain, heure de la journée). Matchs à
l’intérieur desquels nous avons inclus des tests de détente
verticale dans le but d’avoir un indice nous permettant
d’estimer la puissance des membres inférieurs.
Concernant le déroulement, le test physique fut
le test 30-15 IFT de Buchheit et al. (2008). Ce test est intermittent en course navette, progressif et permet de déterminer à la fois la Vitesse Maximale Aérobie (VMA), la
FC maximale, mais également d’estimer la VO2max, tout
en tenant compte des qualités aérobies, de la capacité de
récupération et des qualités d’explosivité des membres
inférieurs. A la suite de ce test, deux matchs en 3x10 jeux
avec une semaine d’intervalle furent réalisés. L’un avec
une récupération passive lors des changements de côtés
où les joueurs se sont assis lors de ces moments dans le
but d’apporter le moins de variation possible, et l’autre
avec une récupération active à une intensité de 50% de
la FC réserve lors de ces changements de côtés. L’ordre
des matchs fut tiré au sort, et la performance au test de
détente verticale relevée tous les 3 changements de côtés. Les données mesurées au cours de cette étude ont été
: la performance anaérobie alactique (CMJ bras libres)
tous les 3 changements de côtés au terme de la période
de récupération (90 s), la fréquence cardiaque, le temps
de jeu effectif (TJE) et la perception de la fatigue (échelle
de Borg).
Résultats
Parmi les principaux résultats à cette étude, on
trouve suite au 30-15 IFT que la VMA moyenne (en
km/h) est de 17,8 ± 0,6, la FC maximale (bpm) de 196,3
± 2,25, et la VO2max (mL.min¯¹.kg¯¹) de 47,8±1,5 estimée suivant la formule :
VO2max”30-15IFT” = 28.3 – 2.15 G – 0.741 A – 0.0357
P + 0.0586 A x VMA”30-15IFT” + 1.03 VMA”30-15IFT”
(où G correspond au genre [féminin = 2; masculin = 1],
A à l’âge, et P au poids du sportif.).
En récupération passive, les joueurs sont en moyenne à
41,0% FC réserve. L’intensité de récupération active fût
bien respectée (51%FC réserve contre 50% demandée).
La détente verticale moyenne suite à la récupération active est supérieure à la détente moyenne en récupération passive, et ce pour chaque passage. La différence de
détente verticale entre la récupération passive et active
est quant à elle, relativement stable. De plus, la récupération active à une intensité égale à 50% FC réserve semble
supportable sur le long terme. En effet, on n’observe pas
d’évolution négativement significative de la performance
en détente verticale au cours du temps. Les résultats de
% FC max (ici = 76,3±3,7 en récupération passive) et FC
moy (= 148,7±5,0) quant à eux vont dans le sens de Girard et al. (2008) qui ont montré lors match de tennis de
3h : FC moyenne = 143.8 ± 7.8 bpm, soit une intensité
moyenne = 74,1 ± 4,0% (FC max estimée à 220-âge).
Pour ce qui est de la perception de la fatigue
(RPE), l’intensité égale à 50% FC réserve semble être
supportable sur du long terme. En récupération passive,
la difficulté perçue est égale à 12 en récupération passive et 13,7 en récupération active ce qui place ces deux
valeurs dans la perception d’un effort « un peu difficile ».
Les temps de jeu effectif quant à eux nous permettent de dire, que les matchs se sont déroulés dans les
mêmes conditions suivant les modalités de récupération.
En effet, ceux-ci furent de 20,7% et les temps de repos
relatifs de 79,3% ce qui est en accord avec les 20-25% de
TJE selon Kovacs (2007).
Discussion
Au vu des variables mesurées telles que les
caractéristiques des matchs, les valeurs des paramètres cardiaques et des performances au test de détente verticale, une récupération active à une intensité de 50 % FC réserve permettrait d’augmenter la
performance au test de détente verticale, indicateur
de la performance anaérobie alactique.
37
Les résultats obtenus semblent donc aller dans le sens
d’une validation de l’hypothèse émise. En effet, la performance au test proposé fut meilleure en récupération active à une intensité de 50% FC réserve (454.0 ± 26.8 mm
à 50% FC réserve) qu’en récupération passive.
Certaines données isolées par le protocole nous
permettent de dire que la seule différence entre les deux
matchs disputés par les sujets est bien l’intensité de récupération lors des changements de côtés. En effet, les
matchs se sont déroulés dans les mêmes conditions.
D’ailleurs les données du jeu que nous avons mesurées
le confirment. Les matchs ont opposé les mêmes adversaires et les scores sont restés sensiblement les mêmes,
du match en récupération passive au match en récupération active. De plus les temps de jeux (% TJE) sont quasiment identiques entre les différentes modalités de récupération, les matchs ont été joués au même moment de la
journée, même surface, même terrain, même échauffement. Si l’on observe les résultats de l’intensité de récupération (en % FC réserve), 40% en récupération active
pour 51,1% en récupération active, cette intensité de récupération semble donc être le seul paramètre changeant
significativement d’un type de modalité de récupération
à l’autre. On peut alors tenter d’expliquer cette amélioration de la performance au test de sauts par une intensité
de récupération significativement supérieure.
Ces résultats vont dans le sens de Blei et al.
(1993) qui montrent qu’il y a, uniquement en présence
d’oxygène, une réelle régénération de Phosphoryl créatine
(PCr). La vitesse de cette resynthèse dépend alors de la
quantité d’oxygène arrivant aux muscles. Pour cela deux
facteurs doivent être mobilisés : a) central, la consommation d’oxygène de l’organisme, sa capacité à l’apporter
jusqu’aux muscles, et b) périphérique, la capacité oxydative du muscle, c’est-à-dire sa faculté à recevoir l’oxygène.
En augmentant la FC du joueur pendant sa récupération,
on va susciter une ventilation et un apport en oxygène
plus important. Ainsi, si le muscle a la capacité de consommer plus d’oxygène, la régénération de PCr sera plus
importante et rapide. La PCr étant le principal substrat
de la filière anaérobie alactique, on peut mieux comprendre l’augmentation de la performance au test des sauts
qui est un effort anaérobie alactique.
De plus, l’amélioration de la performance au test
de détente verticale au fil du match peut être due au fait
que le muscle strié squelettique soit composé de plusieurs types de fibres (Saltin & Gollnick, 1980), et que ces
différentes fibres soit recrutées dans un ordre progressif.
Le muscle étant de plus en plus chaud au fil du match,
on peut supposer que le recrutement des fibres soit plus
rapide. Néanmoins, on peut se demander si cette tendance aurait été confirmée si l’on avait poursuivi le jeu.
Genovely et Stamford (1982) trouvent qu’à la longue un
échauffement avant un exercice anaérobie ne contribue
38
pas à améliorer la performance, ils constatent par ailleurs
une augmentation de la lactatémie et une diminution du
glycogène. Ils assistent alors à une sollicitation de la filière anaérobie lactique. Des prélèvements sanguins auraient été intéressants à réaliser dans notre étude dans le
but de savoir si cette intensité de récupération active ne
stimule pas la filière anaérobie lactique.
Cependant, la récupération active à 50% FC réserve peut s’avérer être une bonne intensité de récupération car elle permet d’améliorer sa performance, mais
c’est aussi cette intensité qui élimine le mieux les lactates
d’après la cinétique de la disparition des lactates selon
Hermansen et Stenvold (1972). Cette intensité de récupération pourrait donc être un gage de performance, en
plus de prévenir une éventuelle stimulation de la filière
anaérobie lactique.
Conclusion
Cette étude montre qu’une récupération active
lors des changements de côtés d’un match de tennis semble bénéfique pour réaliser un effort de type anaérobie
alactique, à une intensité de 50% de la FC de réserve.
Une meilleure resynthèse de la Phosphoryl Créatine
grâce à un apport en oxygène plus important est sans
doute à l’origine de cette amélioration de la performance
lorsqu’il y a utilisation de la récupération active. Pour
poursuivre dans cette quête de l’optimisation de la performance, les tennismen pourraient peut-être optimiser
les temps de repos dont ils bénéficient. D’un point de vue
purement physiologique et dans le cadre de cette étude,
dont il faut bien le notifier, la durée moyenne des matchs
est de 115 min, il semblerait que les joueurs aient intérêt
à effectuer une récupération active.
Néanmoins, l’application pratique d’une récupération active au tennis semble, aujourd’hui encore, difficile. En effet, la plupart des joueurs de tennis essaient de
mettre ces temps de repos, lors des changements de côtés,
à profit des ressources mentales et tactiques. On pourrait
donc proposer la récupération active à l’aide d’une corde
à sauter, permettant à la fois de travailler les muscles des
jambes, ceux des bras, ce qui pourrait, de plus, induire
un apport en oxygène plus important au niveau du haut
du corps et, éventuellement, permettre au tennisman
en plus de récupérer activement, de se décrisper. Ainsi, on serait moins en rupture avec l’habitude de rester
assis que lors de la course autour du terrain, de par le
schéma moteur d’ores et déjà intégré par le sportif et on
aurait moins de traumatisme ainsi qu’une récupération
d’avantage propice à la concentration.
Bibliographie
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performance during an intermittent exercice model in
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physiology. 93:145-152.
Recommandations
Les règles à suivre pour la mise en place d’une récupération active lors des changements de côtés
au cours d’un match de Tennis :
- Réaliser préalablement un test VMA, de préférence le 30-15 IFT qui s’accorde bien avec l’activité
tennis pour définir sa FC max et ainsi à l’avenir définir une intensité de travail à un % FC réserve.
- S’assurer d’être en bonne condition physique le jour du match pour pouvoir supporter les efforts réclamés par celui-ci en plus de réaliser la récupération active ce qui ne laissera que peu de
temps à une récupération passive.
- Être en possession d’un cardio-fréquence mètre pour contrôler en temps réel sa fréquence
cardiaque et ainsi veiller à ce qu’elle soit proche de la valeur préalablement déterminée et voulu
pour une bonne récupération active.
- Veiller à toujours profiter des temps de repos quelle que soit la modalité de récupération choisie pour les mettre à profit des ressources mentales et tactiques.
39
Clémentine DUBREIL, Après avoir obtenu l’an passé le diplôme universitaire d’évaluation et de
préparation physique de la faculté de Poitiers, elle s’intéresse, dans le cadre de sa deuxième année de
Master, à la rééducation post-opératoire des ruptures des ligaments croisés par le biais du tir en basketball. Ses spécialités sportives sont l’arbitrage (football) et la danse, et elle intervient comme préparatrice physique depuis 4 ans auprès des joueurs cadets et juniors du club de Rugby de Saint Sébastien Basse Goulaine.
Mail: [email protected]
La coordination :
Un pré requis fondamental de la réussite sportive?
L
a performance repose sur un ensemble de déterminants techniques, tactiques, physiques
ou encore physiologiques. Parmi les déterminants physiques, on peut constater que la coordination motrice a une influence non négligeable sur la réussite sportive. Mais qu’est ce que
réellement la coordination motrice? Comment agit elle sur les performances sportives? Y a-til un âge optimal pour son apprentissage? Le but de cet article est de démontrer l’importance
de la coordination dans l’entraînement sportif.
Qu’est ce que la coordination ? Et
quels sont ses mécanismes sous-jacents ?
Selon Kuznetsov, « la coordination est la capacité d’une personne à apprendre rapidement de nouveaux
mouvements et à adapter son comportement en fonction
des exigences de l’environnement ». Être coordonné, c’est
réaliser avec efficacité, fiabilité et efficience un mouvement intentionnel pour résoudre une tache concrète.
L’efficacité fait référence à l’atteinte de l’objectif, l’efficience
signifie que le résultat est obtenu en maîtrisant le coût et
la fiabilité correspond à un taux de reproduction qui est
élevé. Il s’agit de la réalisation d’un geste précis grâce à
l’action conjointe de la musculature squelettique et du
système nerveux central. La coordination motrice permet au sportif d’acquérir une maîtrise des actions dans
des situations prévisibles (stéréotypes) ou imprévisibles
(adaptation), de les exécuter de façon économique ainsi
que d’apprendre rapidement de nouveaux gestes sportifs
(Frey & Hirtz, cités par Weineck, 1997).
La réalisation d’un mouvement aussi simple soitil (marcher, ouvrir une porte...) sollicite de nombreux
muscles, articulations et récepteurs sensoriels en charge
de la transmission de divers signaux du système nerveux
central. Cette apparente simplicité résulte d’une mise en
ordre de tous ces éléments, appelés degrés de liberté. Cette mise en ordre étant également nommée processus de
coordination. Autrement dit, il s’agit de l’organisation du
40
contrôle de l’appareil moteur. La coordination motrice
n’est pas innée, elle s’acquiert par l’apprentissage.
La capacité de coordination joue un rôle indispensable
dans les déplacements quotidiens de chaque être humain. Une bonne coordination nous aide à maitriser des
situations prévisibles, comme par exemple se lever d’une
chaise, se baisser pour ramasser quelque chose ou pour
déplacer une charge. Elle nous permet également de faire
face à des situations imprévisibles, comme par exemple
se faire bousculer par une autre personne. Développer
la capacité de coordination favorise la protection contre
les chutes dans la vie active de tous les jours et participe
également à une meilleure qualité de vie.
La coordination se décline sous trois formes, à
savoir la coordination inter-segmentaire, la coordination action perception et la coordination sociale. Les
coordinations inter-segmentaires portent sur la construction de relations spatio-temporelles stables entre
plusieurs segments, articulations ou systèmes. Des mouvements sportifs tels que le swing en golf ou la course
à pied s’inscrivent dans cette catégorie. La coordination
action- perception désigne quant à elle la construction
de relations spatio-temporelles entre un segment et un
évènement présent dans l’environnement. La coordination du batteur en baseball est à ranger dans cette catégorie puisqu’il s’agit d’une tâche d’interception où l’on doit
synchroniser sa réponse motrice, son geste technique
avec la balle. Enfin, les coordinations sociales portent sur
l’élaboration de relations spatio-temporelles stables entre
plusieurs individus. On les retrouve dans des sports
d’équipes où tous les membres doivent se coordonner (
gymnastique rythmique par équipe, match en double au
tennis)
La coordination et les performances sportives
La coordination se compose de cinq qualités
essentielles (Hotz, 1986); les qualités d’orientation, de
différenciation, de réaction, d’équilibre et de rythme.
La première d’entre elles permet de tenir compte en
permanence, dans son propre comportement moteur,
des modifications spatiales de l’environnement. C’est
par l’information visuelle que cette qualité est développée, puis c’est par le biais d’informations kinesthésiques
qu’elle est complétée. La pratique sportive entraîne des
modifications visuelles. Ainsi, Di Russo et al. (2003)
ont mis en évidence que les experts présentent une plus
grande étendue visuelle et que ces caractéristiques perceptives visuelles sont entraînables.
La qualité de différenciation (modification musculo articulaires dues à la pratique) permet d’ajuster sa
réponse motrice afin d’obtenir une bonne harmonie du
mouvement et des modifications musculo-articulaires
sont à mettre en lien avec la pratique sportive. Ensuite, la
qualité de réaction est le processus de prise de décision
permettant des réponses motrices adaptées à la situation. Son intérêt dans la pratique sportive est fondamental, le joueur devant analyser très rapidement la situation
dans laquelle il se trouve afin d’y répondre au mieux.
Ainsi avec de grandes quantités de pratique, les athlètes
de haut niveau peuvent produire des réponses avoisinant
le traitement automatique. Ces réactions sont très rapides et sont peu, ou pas, ralenties par l’augmentation du
nombre de choix (Schmidt, 1993). Dans le cadre du temps
de réaction les experts produisent une quantité donnée
de travail mécanique en dépensant moins d’énergie que
les débutants (Bernstein, 1967).
La qualité d’équilibre représente l’aptitude, soit à
maintenir en place une position, soit à la retrouver rapidement dans des mouvements ou des situations difficiles. Enfin, la qualité de rythme est la capacité à réaliser
un mouvement de manière rythmée et dynamique, ou à
saisir un rythme donné.
Ces qualités de coordination sont entraînables
et prennent forme dans trois aspects de l’exécution d’un
mouvement; le guidage d’un mouvement par la maîtrise
et la précision des gestes, l’adaptation à des conditions
changeantes et l’élaboration et l’affinement des possibilités de résolution par apprentissage.
L’apprentissage de la coordination permet la
mise en place de schémas moteurs spécifiques en stimulant le système nerveux central. Ces schémas moteurs incluent les muscles qui doivent être contractés, la force et
la séquence des contractions musculaires, ce qui permet
l’amélioration de la technique de certains gestes spécifiques
Enfin, Fleishman (1964) distingue cinq facteurs
représentatifs de l’efficience motrice du jeune adulte à
partir d’un ensemble de tests. Il s’agit de la force (explosive, dynamique et statique des membres inférieurs et
supérieurs), de la souplesse (statique et dynamique), de
l’équilibre corporel général, de la coordination globale et
de l’endurance cardio-respiratoire. Comme il semblerait
que la coordination soit parmi les facteurs clés de la réussite future des sportifs, il pourrait être intéressant de
l’utiliser dans le cadre de tests de détection.
Y a- t-il un âge optimal pour l’apprentissage
de la coordination ?
La coordination doit être abordée dès le plus
jeune âge et tout au long de la croissance et de la maturation psychomotrice de l’enfant et de l’adolescent, afin de
permettre la mise en place de schémas moteurs spécifiques.
De 7 à 9 ans, il y a développement du système
nerveux permettant l’apprentissage de nouvelles acquisitions motrices limitées cependant par la faiblesse
musculaire. C’est pendant cette période que s’installe
une coordination motrice globale. De 9 à 11 ans, c’est la
tranche d’âge optimale pour les acquisitions motrices car
l’organe de l’équilibre et les organes sensoriels atteignent
alors leur maturation morphologiques et fonctionnelles
(Turpin, 2002). Lors de la puberté les jeunes adolescents
voient leur apparence se modifier tant au niveau de la
taille que de la corpulence. Cela aura pour conséquence
d’entraîner une modification des schémas moteurs. Ils
seront alors plus maladroits, ne maîtriserons pas totalement leur gestuelle dans des gestes de précision et leur
coordination en sera alors chamboulée du fait de la
construction, de la mobilisation et de l’appropriation de
nouveaux schémas moteurs. C’est entre l’adolescence et
l’âge de 30 ans que l’être humain atteint ce qu’on appelle «
le plateau de coordination ». S’il atteint son maximum de
façon naturelle, sans entraînement, il est par contre possible d’augmenter le capital par des exercices spécifiques.
« Il y a apprentissage lorsqu’un organisme, placé plusieurs fois de suite dans la même situation, modifie sa
conduite de façon systématique et durable » (Reuchlin,
1983). Alors que l’apprentissage renvoie à une problématique d’acquisition, le contrôle moteur concerne les
problèmes de production, c’est-à-dire à la manière dont
sont produits les mouvements nécessaires à la résolution
d’un problème moteur actuel posé par l’environnement.
La coordination motrice peut être apprise par le biais de
la méthode de coordination générale et par la méthode
de coordination spécifique.
41
Dans le cadre des coordinations spécifiques on
retrouve un travail portant sur, les changements rapides
des situations de jeu, des combinaisons de différentes
action de déplacement avec ou sans ballon, des changements rapides des situations de jeu et des duels avec
l’adversaire .
Pour un processus d’entraînement à long terme,
il s’agirait de respecter la règle suivante : lorsque les qualités de coordination sont acquises suffisamment tôt,
l’entraînement de la technique et de la condition physique qui s’ensuit est optimisé.
Bibliographie
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Schmidt RA. (1993). Apprentissage moteur et performance. Paris: Vigot.
Weineck J. (1997). Manuel d’entraînement. Paris: Vigot.
Recommandations
Commencer l’apprentissage de la coordination dès le plus jeune âge, sans l’oublier dans
les préparations physiques destinées à un public adolescent et adulte.
Romain SOUBRE, Après être passé par le pôle espoir Badminton de Dinard, je suis arrivé à l’UFR
STAPS de Nantes avec la conviction d’enrichir et d’interroger mes connaissances ainsi que mon niveau
de compétences dans l’entrainement et la recherche en sport. En marge de mon Master j’ai obtenu
mon Brevet d’Etat d’Educateur Sportif 1er degré, option badminton. Depuis 4 ans, je suis auto entrepreneur, j’interviens dans l’encadrement du badminton à tous les niveaux. A l’heure actuelle, j’effectue
mon stage de recherche au sein du laboratoire« Motricité, Interactions, Performance » à l’UFR STAPS
de Nantes, dans le domaine de la neurophysiologie. Aborder ici un des facteurs psychologiques de la
performance me permet de mettre en avant l’aspect multidimensionnel de la performance.
Mail: [email protected]
Mental et sport d’opposition: Comment aborder le Stress ?
Q
ui n’a jamais ressenti la peur de ne pas remporter un match pourtant dominé de la tête et
des épaules ? Qui n’a jamais été déstabilisé par un adversaire ? Pire encore, qui n’a jamais
eu la sensation de subir une pression, pourtant involontaire, de sa famille venue le soutenir
lors d’un match ? Ces situations ont un point commun : le stress. Comment en faire un élément positif ? Présentation de cet état particulier et tentative de réponse.
Gagner est une chose essentielle dans la pratique
du sport, pas seulement à haut niveau. La performance
sportive dépend de nombreux facteurs : physiologique,
biomécanique, nutritionnel, psychologique… C’est à ce
dernier facteur que nous allons nous intéresser. Tout
sportif sait que le « mental » prend une place prépondérante dans sa performance. D’ailleurs, il n’est pas rare
d’entendre des sportifs expliquer leur échec par une
mauvaise gestion du stress. Martens et al. (1990) définit
cet état particulier comme un processus qui implique
une perception d’un déséquilibre entre la demande environnementale et la capacité de réponse du sportif.
D’autres auteurs nous montrent que la présence du stress
à des conséquences dans la réalisation de performance,
comme l’illustre la figure 1 ci-dessous :
Le développement de la coordination permet l’optimisation de la technique sportive.
Stress et compétition
Les exercices de coordination doivent être variés afin que le sportif apprenne à s’adapter
à une situation nouvelle.
Figure 1: Relation entre le stress et la performance (Yerkes &
Dodson, 1908)
42
Selon Debois (2000), l’anxiété et le stress cognitif sont des facteurs qui diminuent le niveau de performance. Ainsi, si le stress est trop faible ou trop important, il conduit à une altération des capacités du sportif.
Yerkes et Dodson (1908) ont proposé un modèle caractérisant le lien entre le niveau de stress et la performance
(figure 1), celui-ci décrit une zone optimale fonctionnelle (ZOF) dans laquelle le niveau de stress est optimal.
Le stress a plusieurs origines. Il peut être dû à une menace portant sur l’intégrité physique du corps, ou liée aux
émotions et aux interactions avec nos semblables. Il se
caractérise par une modification de l’état physiologique
(accélération du rythme cardiaque, augmentation de la
pression artérielle), endocrinien (influence sur le système digestif) ou psychique (anxiété) (Graham-Jones &
Hardy, 1990). En sport, ces conditions d’apparition se retrouvent notamment en situation de compétition.
La compétition engendre un stress que l’on appelle le stress précompétitif. Le sportif met en cause
sa propre compétence. Ce stress est variable selon
l’importance de la compétition et également selon la
personnalité de l’athlète. On a vu que la gestion du stress
conditionnait en partie la performance, l’intérêt pour
le sportif va donc être de conserver suffisamment de
lucidité pour ne pas l’altérer. Cela va lui permettre de «
dédiaboliser les matchs » : une formule forte pour une
réalité simple. Celle-ci consiste par exemple à préparer
minutieusement son matériel, ainsi qu’à s’échauffer physiquement et techniquement de manière précise.
43
L’idée c’est de mettre en place une dynamique
positive dès le début de journée. Cela commence donc
par une précaution : vérifier dans le détail son matériel
avant le début de la compétition, de telle sorte à éviter les
phases de stress de dernière minute, qui sont souvent les
plus mauvaises. Il s’avère également important de ne pas
négliger son alimentation quand il en est encore temps.
Dès que l’’on est stressé, on perd l’appétit. Un rappel de
base : il est préférable de manger 3h avant le début du
match. Tout le monde le sait mais il est toujours utile de
le rappeler. L’idée est d’adopter un menu type qui convient au sportif, il n’est pas conseillé à ce moment précis
de faire des expériences culinaires. Enfin, la préparation
et l’échauffement doivent se faire toujours de la même
manière, dans le but de conserver toujours la même routine.
Pour relever tous ces défis, des techniques
de maintien et de régulation du tonus psycho-physiologique vont permettre au sportif de se maintenir en
zone de stress positif (semblable à la ZOF). Que ce soit
à travers des exercices de respiration, de sophrologie,
de relaxation ou même d’imagerie mentale, l’idée est
de rester mobilisé et efficace. Par exemple, Guillot et
al. (2013) nous expose deux solutions, très simples. La
première réside à trouver un moment durant la compétition pour s’évader de cet environnement oppressant, où
l’on ressasse ses erreurs et où on est incapable d’émettre
une pensée positive. Il s’agit de se vider l’esprit, en sortant
du gymnase par exemple, ou en trouvant un endroit plus
calme que les tribunes des joueurs. L’idée est de penser à
autre chose qu’au match précédent et à venir, mais plutôt
d’évoquer ses proches, un moment plaisant entre amis,
une destination de vacances… Cela va permettre de
chasser les manifestations du stress. Nous évoquons ici
une technique de relaxation. La seconde solution est intéressante pour se remettre dans le tournoi. Elle consiste
à visualiser des situations de réussite à l’entrainement ou
au cours de matchs antérieurs : une anticipation réussie,
un bon déplacement, un coup gagnant, un smash bien
exécuté... Le sportif a donc à sa disposition différentes
techniques afin de gérer son stress, seulement, il ne faut
pas attendre d’être en tournoi pour les mettre en place.
Trouver un rituel lors de l’entrainement
Tout commence à l’entrainement. L’intensité de
stress y est plus faible que lors d’une compétition, c’est ici
que le badiste va pouvoir adopter un rituel de fin de séance. Celui-ci, dans un état de détente, va chercher à ressentir et revivre des sensations positives ressenties lors
d’échanges remportés durant la séance d’entrainement.
Cela va permettre de réactiver des stratégies qui ont
déjà été efficaces. C’est ce qu’on appelle le renforcement positif, technique qui va permettre au badiste de
se redonner confiance. Les travaux de Guillot (2013),
démontrent que le calme lié à la fin de l’activité couplé
au relâchement musculaire peut permettre au joueur de
44
se concentrer, de prendre du recul, et d’ainsi visualiser
ses mouvements. Néanmoins, cette routine mentale doit
être répétée de nombreuses fois afin d’être maitrisée, avec
pour but final, la capacité pour le sportif à la reproduire
en compétition. Plusieurs techniques permettent donc
au badiste de maintenir son stress à un niveau optimum,
et notamment l’imagerie mentale. Technique sur laquelle
nous allons investiguer un peu plus profondément.
L’imagerie mentale
L’imagerie est une technique très utilisée en préparation mentale. Derrière le concept un peu abrupt, se
cache une activité qui selon Fontani et al. (2007) consiste
pour un sportif à se représenter mentalement l’exécution
d’un pattern (schéma). L’imagerie mentale est une
représentation mentale qui peut être de nature visuelle,
kinesthésique), olfactive, auditive, gustative… Comme
le souligne Fontani et al. (2007): cette technique est à
la base de presque toutes les techniques utilisées par les
préparateurs mentaux ou les psychologues du sport, elle
peut être utilisée seule ou associées à d’autres techniques.
En effet, lorsque l’on travaille la respiration par exemple,
on demande de se représenter mentalement le trajet de
l’air pour bien apprendre à respirer. La relaxation de
Schultz (1958) utilise également l’imagerie pour focaliser
l’attention sur les différentes parties du corps. Enfin, la
sophrologie est également une technique de préparation
mentale qui s’appuie beaucoup sur l’imagerie.
L’’imagerie s’avère donc intéressante car c’est une technique facilement accessible pour les entraîneurs les préparateurs mentaux et les athlètes. Il faut cependant bien
circonscrire son domaine d’utilisation et rester focalisé
sur la préparation à la performance.
Le rôle de l’imagerie
En sport, la performance est multifactorielle, et
l’aspect mental est un des déterminants. Ce qui est intéressant, c’est que cela concerne tous les joueurs, quel que
soit leur niveau. Ainsi, tout le monde peut utiliser la respiration accompagnée de l’imagerie et l’intérêt est manifeste dans le sport mais aussi dans la vie en général. Cette
technique peut être utilisée pour atteindre différents objectifs. Dans un premier temps elle permet de récupérer,
aussi bien mentalement que physiquement. On évoque
des images de détente, des images relaxantes qui vont
nous apaiser. Deuxièmement, elle peut aussi servir à anticiper une situation. Il arrive à de nombreux badistes là
encore de haut niveau comme dans un tournoi de club,
de perdre leurs moyens avant le premier match, ou parfois avant un match important, voire une finale avec ce
que l’on appelle la « peur de gagner ». Grace à l’imagerie,
ils peuvent se débarrasser de cette peur en anticipant
la victoire. Le principe est d’emmener le sportif vers un
stress positif pour favoriser l’action. Enfin, l’imagerie est
très utile pour les sportifs blessés.
Elle permet de continuer à travailler des gestes bien précis malgré la blessure, un service par exemple, en les reproduisant mentalement. D’ailleurs, dans une
étude de Guillot et al. (2013), ces derniers expliquent
qu’allier le geste à la pratique mentale (imagerie dynamique) contribuerait à améliorer la qualité et l’efficacité de
l’imagerie mentale. En somme, cette technique de préparation mentale permet d’atteindre des objectifs multiples
tels que l’intégration de nouveaux gestes et comportements, la majoration de sa motivation, la favorisation de
la récupération après l’effort… mais également de lutter contre le découragement, de gérer le stress précompétitif, de renforcer la confiance en soi…etc. (Weinberg
& Gould, 1997). De manière générale, en plus de gérer le
stress, l’imagerie va permettre aux badistes d’optimiser
leurs préparations physique, technique et tactique, afin
d’obtenir une meilleure performance.
On peut utiliser cette technique de différentes manières.
En effet, chacun est différent devant la gestion des images mentales. Lorsque l’on commence à pratiquer
l’imagerie il est préférable d’être accompagné, guidé afin
d’apprendre à construire des images claire, précises, durables dans le temps. Voici deux exercices correspondant
à deux situations « classiques » qui peuvent être testées
avant une compétition, avant un match important (préparation) puis à la fin (récupération).
Situation 1 : Se mettre dans les meilleures dispositions
avant le premier match de la journée.
Positon : assis, adossé ou debout contre un mur.
Durée : 5 minutes.
Exercice : L’objectif est de se projeter, durant quelques
minutes seulement pour ne pas se ramollir, sur le match
à venir, en s’imaginant combatif, agressif et positif,
s’imaginant appliquer la tactique et le plan de match.
Associé à cela, un travail sur la respiration peut s’avérer
important. Il existe des techniques de respirations dynamisantes qui peuvent être combinées à de l’imagerie.
Etant donné que nous sommes en amont de la compétition, il est important que cet exercice soit bien préparé
avant, que le sportif soit conditionné, autrement on peut
très vite s’écarter du résultat souhaité. L’intérêt serait que
le sportif puisse récupérer cette sensation de bien-être
directement en mémoire en fonction des mises en applications précédentes. Il ne s’agit donc pas de se remémorer les compétitions précédentes, ni de faire un focus
sur les erreurs du passé contre tel ou tel adversaire, mais
de se mettre dans une situation de stress optimale pour
aborder la compétition du mieux possible.
par le match. Pour ce faire, l’exercice consiste à respirer
profondément par le ventre. Cela va amener le badiste
de se détendre. Puis un travail de respiration lente (bien
souffler) associé à une image mentale de détente choisie
par le sportif (allongé sur une plage, dans son lit…) va
permettre d’effectuer un retour au calme tout en récupérant.
Conclusion
Il faut anticiper le stress, limiter les effets négatifs de ce dernier. Les facteurs internes de résistance au
stress doivent être gérés à la même échelle que les facteurs physiques. Bien s’alimenter, se détendre, se relaxer,
déterminer les causes de stress, sont autant de techniques
utiles et nécessaires pour le sportif. Elles permettront
également de mieux aborder les situations stressantes de
la compétition qui peuvent venir des attentes des parents, des entraîneurs et/ou du sportif, par rapport aux
performances. On peut donc améliorer la performance
en apprenant des techniques de préparation mentale
qui accroissent l’efficacité du compétiteur ou qui aident
l’athlète à surmonter les obstacles qui l’empêchent d’être
efficace. En préparation mentale, on dit souvent que l’on
doit préparer le sportif à être « prêt à tout et surpris de
rien ». D’où la nécessité d’avoir anticipé les situations
qu’il pourra vivre en compétition lors de l’entraînement.
Tout ceci s’effectue donc dans la durée, sur le long terme,
ce qui nécessite de faire de l’exercice régulièrement.
Ainsi, nous pouvons donc nous apercevoir qu’il est primordial pour un joueur de badminton, et pour le sportif
en général, de ne pas occulter le versant mental durant
l’entrainement, ce dernier faisant partie intégrante des
facteurs liés à la performance sportive.
En outre, en dehors de l’activité physique à proprement
parler, rire ou sourire le plus fréquemment possible peut
être considéré comme un antistress. Comme l’expliquent
Miller et Fry (2009), le rire c’est la liberté du corps et de
l’esprit, apportant calme et détente ainsi qu’une conservation de l’énergie et de l’efficacité, afin d’aboutir à ses
fins. Qu’il soit artificiel ou sincère, peu importe, le rire
libère dans les deux cas des endorphines bienfaisantes.
Situation 2 (Récupérer après un match)
Position : allongé.
Durée : 10 minutes.
Exercice : L’idée est de se relâcher après la tension créée
45
Adrian MORARD, Etudiant en Master 2 EPI à l’UFR Staps de Nantes, j’ai effectué mon stage profes-
Bibliographie
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Yerkes RM. & Dodson JD. (1908). The relation of strength
of stimulus to rapidity of habit-formation. Journal of
Comparative Neurology and Psychology, 18:459-48.
Recommandations
Le volet technico-tactique de l’entrainement ne doit pas occulter celui du mental.
Le recourt à l’imagerie mentale est une réalité au quotidien, une technique qui demeure très personnelle
Travailler sa respiration et les images positives est un travail qui s’acquiert assez rapidement. Par contre, un
entrainement mental nécessite au même titre que la préparation physique une planification à long terme ainsi
qu’une évaluation régulière si on veut espérer des progrès et de l’efficacité. C’est une technique qui impose
donc un suivi régulier.
Il faut comprendre que ce n’est pas parce que l’on s’imagine quelque chose, que l’on se « fait le film », que cela
va arriver. L’imagerie mentale est une expertise que l’on affine. Ce n’est donc pas parce que ca ne marche pas
une fois ou deux que ce n’est pas fait pour vous.
46
sionnel au sein du NLA Handball (D2 féminine), en tant que préparateur physique de l’équipe première. Par ailleurs, je suis aussi entraîneur de football et titulaire du brevet d’état premier degré de football. A l’issue de mes études, je souhaite me diriger vers la préparation physique dans le sport de haut
niveau (football, handball, rugby, tennis, basket, volley..) et éventuellement vers le coaching personnel de particuliers sportifs ou non et souhaitant se remettre en forme, augmenter leur capacité physique ou atteindre un objectif particulier.
Mail : [email protected]
Quel type d’effort physique à privilégier
pour améliorer sa composition corporelle (diminuer sa
masse grasse) ?
A
u sein d’une société qui a de plus en plus tendance à pousser à la sédentarité, de nombreuses
personnes pratiquent une activité physique afin de rester en forme ou de retrouver la forme.
Bien souvent, l’objectif à travers l’activité physique est de « perdre du poids ».autrement dit ces
personnes souhaitent améliorer leur composition corporelle en diminuant leur pourcentage de
masse grasse (tissu adipeux) au profit de leur masse maigre (os, muscles...). Pour autant, quel
type d’activité physique ces personnes doivent-elles privilégier? Cet article vise à comparer les
effets des activités physiques longues et peu intenses (footings, marche....) couramment utilisées
dans les programmes visant à « perdre du poids » et les effets des activités intenses et intermittentes qui commencent à être privilégiées par quelques professionnels de la forme et de la santé.
Dans la vie de tous les jours, de nombreux individus déclarent pratiquer une activité sportive dans le
but avoué de « perdre du poids » comme peuvent en témoigner, par exemple, les nombreuses salles de fitness
qui rivalisent d’imagination afin d’attirer une clientèle
de plus en plus désireuse de prendre soin de son corps.
Autrement dit, ces personnes souhaitent perdre de la
masse grasse au profit de leur masse maigre (composée
notamment des os et des muscles). Cette problématique
liée à la composition corporelle (rapport masse grasse/
masse maigre) intéresse aussi les sportifs de haut niveau
qui sont en recherche bien souvent d’un pourcentage de
masse grasse le plus faible possible. Afin de caractériser
la composition corporelle d’un individu, ce pourcentage
de masse grasse est bien plus pertinent que l’indice de
masse corporelle (IMC = masse/taille²) qui, lui, ne distinguera pas un individu présentant une masse musculaire très importante et un individu en surpoids par exemple.
La pratique sportive semble légitime dans une
recherche de perte de masse grasse car, de nombreuses
études scientifiques le montrent (Sijie et al., 2012), l’activité
sportive est un facteur sinon indispensable au moins favorisant à la fonte du tissu adipeux.
Cependant, il ne s’agit pas du seul « élément » à mettre en place dans sa vie quotidienne afin d’atteindre
cet objectif. En premier lieu, la nutrition semble incontournable. En effet, une alimentation adaptée et équilibrée est bien entendu le facteur le plus important pour
qui veut perdre de la masse grasse. Aucun résultat ne
peut être obtenu si l’alimentation est inadaptée (Redman
et al., 2007). La balance entre apports et dépenses caloriques doit être équilibrée et maîtrisée. D’autres facteurs
liés à « l’hygiène de vie » (la qualité de sommeil..) rentrent aussi en compte mais ne sont pas l’objet de notre
attention dans cet article.
Ainsi cela fait consensus, pour maintenir une perte de
poids et/ou favoriser la perte de masse grasse, l’activité
physique constitue un facteur très intéressant et non
négligeable.
Mais, au regard de ce constat, la question que l’on peut
se poser est quelle type d’activité physique ou plutôt quel
type d’effort physique (sur le plan physiologique) est le plus
adapté pour quiconque souhaite perdre de la masse grasse.
Dans la pensée courante, dans les médias, dans
le monde de la forme, sur les terrains, mais aussi dans de
nombreux articles scientifiques, l’activité physique quasi-systématiquement privilégiée pour perdre de la masse
grasse est une activité de longue durée (bien souvent supérieure à 40 minutes), continue et donc peu intense.
47
Activité continue, peu intense et de longue
durée : pourquoi ?
Les arguments des défenseurs de ce type
d’activité dans un but de perte de poids sont principalement basés sur la notion de « lipoxmax » (ou « fatmax »
en anglais). En effet, ce concept physiologique désigne
l’intensité d’un exercice physique à laquelle l’oxydation
des graisses est la plus importante.
On sait que l’utilisation des nutriments varie selon
l’intensité de l’exercice. Ainsi si l’on observe, la courbe ciaprès d’utilisation des lipides et des glucides en fonction
de l’intensité de l’exercice (% VO2 max) telle qu’elle est
définie par les concepteurs de la notion de « lipxomax
», on remarque que plus l’intensité d’exercice est importante plus la part des glucides utilisée par l’organisme est
importante. Concernant les lipides, la relation est un peu
plus complexe. Leur utilisation commence par augmenter avec l’intensité de l’exercice puis elle atteint un maximum appelé « lipoxmax » (entre 55 et 75% VO2max)
avant de décroître et de devenir nulle à partir de 85/90%
VO2max.
On peut donc déduire logiquement de cette
courbe que pour oxyder un maximum de graisses, il faut
adopter une intensité d’exercice faible à moyenne correspondant au « lipoxmax » (dépense énergétique majoritairement liée à l’oxydation des lipides) d’où la promotion des footings longs et des efforts continus de longue
durée, et donc relativement peu intenses, (entre 55 et
75% VO2max pour entrer dans la zone « lipoxmax »)
dans les programmes de perte de poids.
Source: Sport & Vie 2010; 119.
Cependant, ce constat laisse penser que seuls
les efforts longs et peu intenses sont appropriés pour
modifier sa composition corporelle. L’objectif est donc
de comparer les effets sur la composition corporelle de
ce type d’exercice et ceux induits par des efforts intenses
intermittents qui ont pour avantage préalable
d’être moins longs en terme de durée totale (gain de
48
temps) et qui permettent, contrairement aux efforts aérobies de longue durée, de conserver la « masse musculaire intacte » et notamment les fibres rapides (ce qui
constitue un avantage pour des sportifs plutôt « explosifs
» et ce qui est intéressant au sein de programmes de remise en forme couplant travail cardio-vasculaire et travail de renforcement musculaire).
Le concept controversé du « lipoxmax »
Concernant le lipoxmax, il convient de préciser
que ce concept physiologique est en réalité largement
remis en cause. Tout d’abord, comme l’indique Jeukendrup dans ses travaux d’études s’intéressant à cette relation
entre composition corporelle et exercice de différentes
intensités, le lipoxmax n’est pas un pic mais une zone
d’intensité donc l’éventail d’intensités d’exercices possibles est important.
De plus, il s’agit d’un concept variable qui change
en fonction du niveau de forme et aussi et surtout en
fonction de l’alimentation (l’organisme est capable de
prendre en compte les apports énergétiques récents pour
varier la formule de carburation au cours de l’exercice).
Enfin, et c’est ce qui est le intéressant, de récentes études,
telles que celle de Thivel et al. (2013) et celle de Grémeaux
et al. (2012), montrent que des lipides sont aussi oxydés
au cours des heures qui suivent l’exercice et cette quantité
de lipides oxydés doit aussi être pris en compte dans le
bilan des pertes liées à l’exercice. Si le sujet oxyde plus
de lipides pendant l’exercice, il en oxyde moins pendant
la récupération (le même processus a lieu pour les glucides). Ainsi, le bilan s’équilibre parfaitement.
Pour une quantité totale donnée d’énergie dépensée
et une quantité totale donnée d’énergie apportée par
l’alimentation, on s’aperçoit en définitive que l’intensité
de l’effort n’influence pas la quantité totale de lipides oxydés.
De plus, l’intérêt du lipoxmax est mis en cause
par les faits. En effet on dénombre plusieurs études montrant que l’exercice à faible intensité ne maximisait pas
forcément la perte de masse grasse. Ainsi, par exemple,
une étude comparant deux groupes suivant respectivement un régime alimentaire et un régime alimentaire
combiné à des exercices physiques de faible intensité (exercices dans la « zone lipoxmax ») pendant 6 mois (les
régimes des deux groupes étaient identiques) n’a montré
aucune différence significative entre les deux groupes
concernant la composition corporelle.
Donc, l’exercice au lipoxmax ne paraît pas nécessairement maximiser la perte de graisse.
L’exercice intense peut-il être utilisé afin
d’améliorer la composition corporelle ?
En effet, comme expliqué précédemment, si
l’exercice intense induit, il est vrai, une oxydation de lipides moins importante pendant l’exercice, cette oxydation
est en revanche accrue dans les heures suivant la séance
comparativement à une séance aérobie peu intense et de
longue durée. Ce phénomène est démontré notamment
par Thivel et al. (2103) dans leur récente étude sur des
adolescents obèses. De plus, certaines études tendent
même à montrer que les exercices intermittents à haute
intensité (en anglais, HIT pour « high intermittent training ») induisent une perte de masse grasse plus importante que les exercices peu intenses.
Ainsi, Sijie et al. (2012) ont comparé l’effet
d’exercices aérobies peu intenses et l’effet d’exercices intermittents à haute intensité (85% VO2max et plus) sur
des jeunes filles en surpoids. Les résultats ont montré
que les exercices à haute intensité permettent de meilleurs résultats en termes de perte de masse grasse mais
aussi en ce qui concerne les bénéfices sur le plan cardiovasculaire.
Ces résultats sont relayés par plusieurs études
telles que celles de MacPherson (2011), Farah (2013) ou
Gremeaux (2012) qui démontrent elles aussi l’intérêt des
exercices à haute intensité chez des personnes obèses
mais aussi chez des personnes sédentaires n’ayant pas de
surcharge pondérale importante.
Ainsi, à partir des résultats de ces différentes
études, il peut sembler intéressant, dans une perspective de perte de masse grasse, de privilégier des séances à
haute intensité et de courte durée sous forme d’exercices
intermittents plutôt que des efforts longs, continus et peu
intenses. Cependant, ce type d’exercice à haute intensité
nécessite un degré d’expertise afin de calibrer les séances
de manière adéquate (l’appel à un entraîneur spécialiste
ou à un préparateur physique paraît donc nécessaire).
L’aspect motivationnel est aussi prépondérant. En effet,
ce type d’exercice demande un engagement important de
la part du pratiquant qui sera certainement facilité par la
présence d’un entraîneur ou d’un préparateur physique.
gereux ou accidentogènes que les exercices peu intenses
et de longue durée
- ce type d’exercice induit des séances plus courtes, plus
diversifiées et peut être plus ludiques (rupture avec une
certaine monotonie des séances aérobies de longue durée) ce qui représente un intérêt pour le monde de la
forme (gain de temps et d’attractivité pour les sédentaires souhaitant reprendre une activité sportive)
- pour les sportifs, ils semblent représenter un travail
plus proche de la « réalité sportive » notamment pour
les athlètes riches en fibres rapides dits « explosifs », ces
dernières étant mieux préservées avec un tel type de travail (tout en maintenant un travail aérobie important)
alors que la répétition des efforts longs et peu intenses
est plus propice à la fonte musculaire. Cependant, on
ne trouve pas encore d’articles traitant le sujet de l’effet
des exercices à haute intensité sur la modification de la
composition corporelle chez des athlètes de haut-niveau
Conclusion
Si les exercices intermittents à haute intensité
semblent permettre des gains relatifs à la composition
corporelle (perte de masse grasse) identiques voire supérieurs aux gains obtenus avec des exercices de longue
durée notamment chez des individus en surpoids, ils
semblent présenter aussi d’autres « avantages » qui peuvent toucher d’autres publics :
- ce type d’exercice semble induire des améliorations cardiovasculaires plus importantes que les efforts aérobies
de longue durée (Farah BQ et al. 2013, Gremeaux et al. 2012)
(intérêt sur le plan de la santé) et ne sont pas plus dan-
49
François DAUSSE, Kinésithérapeute au sein de l’Institut Sport Atlantique à Saint-Herblain exerce
Bibliographie
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Recommandations
Les efforts longs, peu intenses et continus sont à privilégier pour les athlètes d’endurance, les fondeurs, les
pratiquants hédonistes ou dans un souci de variété au sein d’un programme de perte de poids (à combiner
avec des efforts intermittents de haute intensité).
Les efforts intermittents à haute intensité doivent être des efforts pouvant durer de quelques secondes à
quelques minutes (avec une intensité pouvant varier de 85% VO2max jusqu’à l’effort maximal et une période
de récupération dépendante de l’intensité de l’effort et du nombre de répétitions). Le nombre de séries et de
répétitions est lié à l’objectif et la planification de la séance dans un programme de perte de masse grasse.
Les efforts intermittents à haute intensité sont à privilégier pour les sportifs dits « explosifs », pour les pratiquants souhaitant briser la monotonie des courses longues et continues, pour les personnes souhaitant se
remettre en forme ou préserver leur santé (améliorations cardiovasculaires plus importantes) à condition de
faire appel à un professionnel (surface de course et intensité de course à prendre en compte notamment lors
d’une reprise d’activité afin d’éviter un stress mécanique trop important sur le plan ostéo-articulaire) et pour
les personnes n’ayant que peu de temps à consacrer à l’activité physique.
Il est possible et même recommandé de composer des séances « hybrides » favorisant le côté ludique et varié
: introduire dans la séance d’intermittent, en plus des courses rectilignes classiques, des courses variées, des
sauts, des exercices musculaires en fonction des objectifs et de jouer sur les temps d’effort et de récupération
toujours en fonction des objectifs fixés.
50
depuis vingt ans dans le monde du sport. En se rapprochant de l’université (Bordeaux II en évaluation
et préparation physique, l’UFR STAPS de Nantes en tant que vacataire sur la réadaptation après blessure puis candidat au master 2 en Expertise Performance et Intervention), François souhaite rationnaliser les prises en charge rééducatives avec une démarche plus universitaire, mais aussi, développer
en collaboration avec le monde de l’entraînement et de la préparation physique des stratégies de
prévention. La validation de protocoles préventifs permettra de faire chuter le nombre de pathologies
liées au sport.
Mail : [email protected]
Rupture du ligament croisé antérieur du genou: actualité,
prédiction et prévention
N
ous voyons arriver aujourd’hui dans nos cabinets de kinésithérapie du sport de nombreux cas d’entorse du ligament croisé antérieur du genou. Ce fléau touche tous les sportifs (de haut niveau ou amateurs) et constitue un enjeu de santé publique (coût d’intervention
chirurgicale, arrêt maladie). Le sportif blessé voit sa carrière au mieux interrompue sinon
réorientée, au pire arrêtée.
Le ligament croisé en danger
Cette population augmente, se rajeunie et se
féminise : 3 fois plus chez les sportives (Sutton et al.,
2013) 2 fois plus de risque chez les footballeuses que chez
leurs homologues masculins (Laboute et al., 2006).
Les facteurs morphologiques en sont les raisons : formes
des échancrures intercondyiliennes, élasticités tissulaires, orientation des plateaux tibiaux, genu valgum, tonicités musculaires (Laboute et al., 2006).
La chirurgie, la rééducation et la réadaptation ont beaucoup progressé et les suites de blessure sont optimisées :
le reprise du sport au même niveau est l’objectif, mais le
Dr Rodineau nous rappelle dans son éditorial du Journal
de Traumatologie du Sport de Mars 2013 que seulement
53% (Dauty et al., 2008) à 65% (Gobbi et al., 2006) reprennent à leur niveau antérieur, et ce taux est d’autant
plus faible que le niveau est élevé. Mais la réparation et la
réadaptation ne suffisent plus il faut agir à la source et la
prévention de ces blessures est la solution d’avenir.
Des recommandations (Cardinale et al., 2012) dans le
rugby vont dans le bon sens : la limitation de l’utilisation
des crampons à lamelles diminuerait de façon significative le risque d’entorse du ligament croisé (risque multiplié par 2 dans le cas des lésions sans contact). Un
programme d’entraînement neuro-musculaire préventif
réduit le nombre de blessures chez les femmes (Sutton
et al., 2013).
La FIFA, elle–même, préconise une routine
d’échauffement visant à limiter les lésions du croisé antérieur chez les filles (Soligard et al., 2008). En football,
pourtant sport de contact, ces blessures interviennent
chez les hommes ou les femmes à 65% sans contact.
Dans les autres sports tels que le hand-ball, le judo ou
le basketball, la proportion de blessures sans contact
est bien supérieure. Ceci nous encourage à explorer des
pistes de prévention. Concernant les blessures avec contact, l’application des règlements sportifs qui protègent
les athlètes constitue la meilleure des préventions. Des
outils de prévention des blessures et des récidives existent : tests de laxité (GNRB), de stabilité (Y BALANCE
TEST) et d’équilibre musculaire (ratios isocinétiques).
Laximètrie : le GeNouRoB
Depuis 2006, le GeNouRoB ou GNRB permet
de mesurer la laxité du ligament croisé antéro–externe
(LCAE) avec une bonne reproductibilité.
Le GNRB peut être utilisé dans le dépistage des ruptures
incomplètes ou complètes du LCAE et dans le suivi des
lésions du LCAE opéré ou non (Robert et al., 2009).
Ainsi, après un traumatisme du genou nous pouvons
évaluer de façon non invasive la laxité et l’élasticité du
ligament et ainsi définir le type de lésion dont souffre le
LCAE (rupture totale, mono-faisceau, mise en nourrice
sur le ligament croisé postérieur). Ce test permet d’aider
à la prise de décision du traitement, donne les orientations de l’aménagement de l’entraînement et de la mise
en place de mesures préventives.
Lors de la prise en charge du genou lésé (opéré ou non) nous suivrons son évolution et pourrons
le solliciter de façon idéale, ni trop, ni trop peu. Selon
l’évolution de sa laxité (cicatrisation ou ligamentisation
dans le cas de la ligamentoplastie) la difficulté des exercices en rééducation sera adaptée et les passages d’une
phase à l’autre sont objectivés.
51
Le test GNRB devient un critère pour la reprise de course
et pour l’évolution du travail neuro-moteur (complexification du travail de proprioception et de coordination).
Lors d’un dépistage systématique (test de pré-saison par
exemple) nous pouvons détecter un genou en danger et
lui proposer un programme de prévention personnalisé
sous forme de renforcement musculaire, reprogrammation neuro–motrice et d’allègement des contraintes
temporaires si nécessaire, ou encore d’adaptations techniques ou matérielles en collaboration avec le staff physique et technique.
La stabilité en question
Quelles sont les possibilités pour évaluer la stabilité ?
Le Y balance test validé dans le basket universitaire américain pour des problématiques de stabilité de cheville,
évalue la stabilité fonctionnelle du membre inférieur
(Lauren et al., 2003). Il s’agit d’un test dérivé du STAR excursion balance test (Coughlan et al., 2012), celui-ci préconisant 8 mesures est difficilement interprétable. Sa
simplification en Y balance test avec 3 mesures par genou
est plus facilement utilisable en test de suivi ou même en
prévention primaire. En appui unipodal le sujet doit réaliser un touché léger avec l’autre pied, en avant sur un
axe, et deux touchés en postéro latéral et postéro médial
sur les deux autres branches du Y inversé. Les comparaisons entre les deux membres inférieurs ou avec les autres
sportifs du groupe ou entre plusieurs dates donnent une
idée assez précise de la stabilité unipodale du sujet testé
et de son évolution dans le temps.
La combinaison avec un HOP test monopodal
affine l’évaluation de la stabilité monopodale du sportif.
Le HOP test consiste à mesurer un saut horizontal, en
avant à cloche pied sur un axe sans élan, les mains restant
sur les hanches. Le saut est validé si l’atterrissage est stable, sans chute ni sursaut (Reid et al., 2007).
Dans une série en cours (concernant un centre de formation de rugby et un pôle espoir de volley féminin), ces
tests semblent se corréler.
D’autres pistes de tests de stabilité, ou de qualité d’appuis
n’ont pas été encore suffisamment explorées : utilisation
du Myotest® ou de l’Optojump® ou encore des plateformes de force.
Les ratios isocinétiques
Dans les structures sportives professionnelles,
les tests isocinétiques sont réalisés systématiquement
au moins une fois en début ou en fin de saison (avant la
phase de renforcement musculaire à l’intersaison pour
le rugby par exemple). Ces tests nécessitent l’utilisation
d’un dynamomètre isocinétique, matériel coûteux, acquis par certains clubs professionnels, centre de rééducation ou quelques cabinets libéraux spécialisés.
Le test isocinétique fait également partie du suivi des
sportifs opérés d’une ligamentoplastie. Le principe du
52
dynamomètre isocinétique est de mesurer les forces
musculaires maximales à vitesse constante. La valeur retenue (Rochcongar, 2007) pour évaluer l’équilibre musculaire d’articulation du genou est le ratio extenseurs sur
fléchisseurs à 60°/s en concentrique. On considère que
le genou est musculairement protégé si ce ratio est supérieur à 60%. C’est la valeur de référence aujourd’hui
la plus utilisée mais ce ratio est très éloigné de la physiologie du genou. Il semble plus opportun de retenir le
ratio extenseurs en concentrique à vitesse élevée (240°/s
ou 180°/s) sur fléchisseurs en excentrique à vitesse lente
(30°/s), celui-ci est défini comme équilibré s’il est proche
de 1 (Rochcongar, 2007).
En effet, ce ratio correspond un peu plus à la
physiologie car la valeur retenue pour les extenseurs est
le pic de force en vitesse élevée comme en situation fonctionnelle, et, le mode de contraction évalué (le mode excentrique) pour les fléchisseurs est également plus fonctionnel.
La vitesse lente ne répond pas à des critères fonctionnels,
mais c’est à vitesse lente que les évaluations excentriques
sont le plus reproductibles. Par ailleurs, on sait que les
valeurs de couples maximales retenues pour ces ratios
sont comparables dans le mode excentrique quelques
soient les vitesses (Rochcongar, 2007).
Le choix du ratio extenseurs en concentrique à 240°/s
sur fléchisseurs en excentrique à 30°/s nous semble plus
opportun même si la reproductibilité des tests en excentrique reste discutée. Les publications à ce sujet ne
concernent encore que des petits échantillons de sujets
(Rochcongar, 2007).
Une autre valeur nous intéresse pour l’équilibre
du genou quant à la reprise des activités après une ligamentoplastie, c’est le pic de force des extenseurs en concentrique à 60°/s (confirmé à une vitesse rapide : 180°/s
ou 240°/s). A ce jour, il est retenu 60% par rapport au
côté opposé pour la reprise de la course (Rochcongar,
2007) et 90% pour la reprise de la compétition. Il en est
de même pour les fléchisseurs de genou.
Pour les tests préventifs, sans pathologie préexistante
connue, la comparaison se fera avec le côté opposé, une
différence de 10% étant tolérée, au delà si cet écart se vérifie à plusieurs vitesses, un examen clinique est nécessaire et une stratégie de renforcement compensateur est
préconisée. D’autre part, les valeurs de chaque sportif
seront confrontées à celles de son groupe et à des valeurs
références de son sport et de son âge.
De la prédiction à la prévention
Cette stratégie prédictive ne vise bien entendu
pas à écarter des sportifs de leur passion, mais l’objectif
est de mettre en œuvre des programmes de prévention
personnels et collectifs. Tous les facteurs de risques
devront être pris en compte : âge, sexe, morphologie,
traumatismes antérieurs, matériel, surfaces, rythmes,
progression. Tout déficit mesuré pourra être exploré et
compensé : articulaire, musculaire, fonctionnel.
Les schémas corporels devront être renforcés. C’est au
prix d’une prévention multifactorielle que tous les acteurs du sport (entraîneurs, préparateurs physiques, kinésithérapeutes, médecins, podologues) pourront avoir
une influence sur la réduction du nombre d’entorses du
genou et a fortiori du ligament croisé antérieur.
Bibliographie
Cardinale M. & Curet PM. (2012). Incidence des équipements modernes sur les lésions traumatiques du membre inférieur chez le rugbyman. Journal de Traumato du
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Am Acad Orthop. Surg. 21(1):41-50.
Recommandations
La prévention des entorses du ligament croisé peut se décliner selon 3 axes :
1.
La prévention primaire
Identifier les populations à risque (pratiquantes féminines de sports pivots par exemple) et mettre en œuvre des
séances de préparation physique spécifiques.
Veiller à ce que les chaussures soient adaptées aux surfaces.
Graduer les difficultés des exercices et intégrer progressivement les débutants dans les compétitions.
Anticiper ou repérer les périodes de fatigue et aménager les contraintes.
2.
Le dépistage systématique ou ciblé
Les tests articulaires (GNRB), musculaires (isocinétiques) et fonctionnels (Y balance test) permettent de repérer des sujets ou groupes à risque et entreprendre un travail de prévention spécifique.
3.
La prévention de la récidive
Toute reprise du sport après traumatisme du genou doit être graduée et motivée par une réadaptation rigoureuse et au besoin validée par des tests.
L’entorse grave du ligament croisé antérieur est, comme beaucoup de blessures, d’origine multifactorielle. Nous
avons aujourd’hui les moyens de maîtriser une bonne partie de ces causes. Tous les acteurs du sport (entraîneur,
préparateurs physiques, médecins, kinésithérapeutes) sont responsables de la santé des sportifs.Un sportif qui
ne se blesse pas est un sportif qui s’entraîne plus et qui est donc plus performant pour lui-même ou pour son
équipe.
N’attendons pas que les sportifs se blessent pour les réparer, intervenons avant.
53
Mathieu BOURGAULT, a comme spécialité sportive le football qu’il pratique depuis de
nombreuses années. Après avoir fait un Master 1 à Lyon en préparation physique, mentale et
réathlétisation. Il s’occupe maintenant de la préparation physique du groupe U17 - U16 de
Carquefou Football.
Mail : [email protected]
« Kinesio-Taping » : Nouvelle technologie de soins
Les avantages, comparés aux bandes « classiques », ainsi
que leurs effets concrets sur le corps.
D
ans le sport moderne, les compétitions sont très rapprochées, ce qui sollicite fortement
l’organisme des athlètes. Tout cela entraîne alors des douleurs musculaires, tendineuses ou ligamentaires. Avez-vous remarqué ces bandes de toutes les couleurs sur le corps des
sportifs lors de retransmissions sportives à la télévision ? Au football, au tennis, et dans de
nombreux sports, nous utilisons déjà beaucoup ces bandes appelées « Kinesio », qui sont un
véritable outil thérapeutique. Dans cet article, nous allons faire la revue des effets annoncés
et voir ceux démontrés scientifiquement.
Selon son créateur, le Dr Kenzo Kase, la nouvelle technologie « Kinesio » Taping est une façon différente d’aborder les désordres musculaires, tendineux,
ligamentaires et circulatoires. Ces bandes ont alors de
nombreux avantages comparées au strapping classique.
En effet, elles apportent un effet sur la fonction musculaire en facilitant notamment la contraction musculaire,
elles améliorent la circulation sanguine et lymphatique,
et aident à la réadaptation de la fonction articulaire. Cet
outil thérapeutique est donc principalement un outil
curatif, mais il peut être utilisé de manière préventive
afin de réussir à maintenir ses performances. Nous allons donc définir ce qu’est un strapping avant de nous
intéresser aux avantages du « Kinesio » Taping par rapport au strapping classique. Puis, nous étudierons les effets positifs sur le corps ainsi que les inconvénients de ce
nouvel outil thérapeutique.
une articulation défaillante. Avant la mise en place du
strapping, nous devons tenir compte de son support,
c’est-à-dire la peau. S’il existe des lésions cutanées de
type érosion, plaie ou phlyctène, une désinfection est alors recommandée avant de poser le strapping ainsi que la
réalisation d’un pansement si nécessaire. Une fois la peau
protégée, la réalisation d’un strapping efficace et confortable nécessite le respect de certaines règles, quelle que
soit la topographie : les embases ou ancrages sont indispensables et la tension des bandes ne doit pas être excessive pour éviter une compression et “un effet garrot”.
Différence entre le strapping classique et le
« Kinesio » taping
Définition du strapping
Les bandes élastiques classiques sont utilisées
principalement pour le strapping afin de créer une stabilisation articulaire. Cette stabilisation est possible car
le stapping limite les amplitudes et exerce une pression
sur la zone lésée, ce qui induit alors une réduction de la
circulation sous cutanée.
Pour rappel, le strapping est donc une méthode
d’immobilisation ou de contention souple. Si les bandes
suivent les ligaments et leur trajet, elles peuvent effectivement améliorer le maintien, voire même suppléer
54
Figure 1: Différence entre un strapping et un «Kinesio» taping
au genou
Le « Kinesio » taping utilise des bandes élastiques de
couleur permettant une liberté de mouvement et fonctionne
comme une pompe en stimulant la circulation lymphatique.
A la différence des bandages classiques, ces bandes « Kinesio »
ont la propriété de la peau (poids, épaisseur, élasticité).
En effet Delaunay (2011) nous dit qu’après la pose,
celles-ci vont augmenter l’espace interstitiel en soulevant
la peau et en créant des circonvolutions à la surface de
celle-ci. Cela se traduit par une diminution de la pression
et de l’irritation des mécano-récepteurs sous cutanés. A
la différence du strapping classique, les bandes « Kinesio
» ne vont pas fortement limiter l’amplitude articulaire et
ne réduiront pas la circulation sous-cutanée, pour réduire la douleur liée à une blessure. Elles vont jouer sur
la fonction musculaire et sur la circulation sanguine et
lymphatique. Il existe donc une réelle différence entre
l’application des bandes classiques et celle des bandes «
Kinesio ». De plus, l’auteur du bandage va agir sur les
tensions de la bande, sur la longueur, sur la leur largeur, mais aussi sur la forme. Les techniques de pose des
bandes vont alors varier selon les effets recherchés. Les
kinésithérapeutes utilisent aujourd’hui six techniques
d’application différentes :
- La technique de correction circulatoire, pour réduire
les œdèmes et hématomes.
- La technique de correction antalgique, pour diminuer
la pression sur les récepteurs sous-cutanés.
- La technique de correction des fascias, pour mobiliser
les fascias et l’information proprioceptive.
- La technique de correction mécanique, pour créer un
mouvement correctif sans non plus limiter ce mouvement.
- La technique de correction ligamentaire et tendineuse,
pour stimuler la zone du ligament ou du tendon. Elle
améliore ainsi la perception proprioceptive et stimule le
tissu.
- La technique de correction fonctionnelle, pour favoriser ou limiter le mouvement de l’articulation grâce à une
tension importante sur la bande.
Effet sur la stabilisation articulaire
Selon Delaunay (2009), afin d’avoir un effet sur
les articulations, il est nécessaire d’appliquer plusieurs
techniques correctives. Il est alors possible d’améliorer
la proprioception avec l’application de bandes « Kinesio
» sur les tendons et les ligaments. L’action est immédiate sur la position d’une articulation grâce à des interventions sur les fascias. Dans ces conditions, la fonction
articulaire est sensiblement améliorée en diminuant les
douleurs. Afin d’augmenter l’amplitude articulaire, il est
nécessaire de jouer sur la balance agoniste/antagoniste,
c’est-à-dire agir sur l’équilibre musculaire et donc jouer
sur le rapport de force entre agonistes et antagonistes.
Nous comprenons alors que les bandes « Kinesio » ont
plus un effet de prévention et de correction autour de la
blessure, qu’un effet de stabilisation.
Dans l’étude Bicici en 2012, les bandes « Kinesio » ont été
testé sur des basketteurs sains mais ayant des problèmes
récurrents d’entorse de la cheville. Ces joueurs ont passé
des tests de saut, d’agilité, d’endurance, d’équilibre et de
coordination. Il apparaît que les bandes « Kinesio » n’ont
aucun effet négatif sur les performances lors des tests. En
outre, nous observons des améliorations de performances lors de tests fonctionnelles, comme passer un obstacle
avec une jambe par exemple.
Effets sur la fonction musculaire
Le « Kinesio taping » est parfois utilisé pour
améliorer la performance des membres inférieurs, même
si peu de preuves objectives ont été publiées. Dans l’étude
de Huang en 2011. L’objectif est de montrer l’effet des
bandes « Kinesio » sur le triceps sural lors d’un saut vertical maximal. Il a été émis l’hypothèse que les bandes
« Kinesio » placées sur le triceps sural vont augmenter
l’activité musculaire et provoquer un effet positif sur la
hauteur de saut. Cette étude, faite sur 2 groupes (groupe
A « Kinesio » taping, groupe B « Mplacebo »), a montré
que la hauteur de saut évolue peu. Cependant, la force
de réaction au sol augmente de manière significative (p
= 0,02) dans le groupe A, mais ne change pas dans le
groupe B (p = 0,86). De plus, la hauteur de saut a montré
une amélioration mineure après l’application de ruban
« Kinesio » (groupe A). Les bandes Mplacebo, bandes
classiques, étant plutôt adaptées au maintien des articulations plutôt qu’à l’amélioration des performances.
En outre, ces bandes classiques « Mplacebo » entraînent
une diminution significative de la hauteur de saut, mais
ne démontrent pas de changement dans l’activité EMG
des muscles et de la force verticale de réaction au sol
sur tous les tests. Nous voyons donc la différence entre
les bandes provoquant alors des effets variés au cours
de l’activité. La structure distincte et le degré d’élasticité
produiraient des effets biomécaniques différents. Les
bandes « Kinesio » facilitent alors l’effort musculaire
pour les muscles à l’endroit où la bande est appliquée,
alors que les bandes classique limite cet effort. Les effets
de ruban Kinesio, dans cette étude, étaient semblables à
d’autres études réalisées. Hsu et al. (2009), ont noté des
effets positifs sur l’activité musculaire et sur les performances du mouvement de la scapula avec les bandes «
Kinesio ». Par conséquent, il en ressort ici qu’il est préférable d’utiliser des bandes « Kinesio » quand l’excitation
de la fonction musculaire est importante pour l’exercice
ou la réhabilitation.
Effets sur la circulation sanguine et lymphatique
Dans l’étude de Stedge publiée en 2012 il est noté
qu’après l’application de bande « Kinesio » sur les gastrocnemiens, il n’y a eu aucune amélioration au niveau
de la circulation sanguine, aucune différence significative
repérée, ni aucune remarque sur le volume musculaire et
cela sur une population en bonne santé. Cependant, en
2011, dans l’article de Delaunay et al., nous constatons
que l’application des bandes « Kinesio » peut malgré tout
avoir un effet sur la circulation sanguine et lymphatique
sur des individus blessés.
55
Cela va permettre une augmentation de la circulation
sous-cutanée. Ce genre d’application est très utilisée
pour lutter contre les œdèmes (traumatiques ou type
lymphoedèmes), les hématomes (traumatiques ou postchirurgicaux), mais aussi pour la récupération. Prenons
l’exemple du traitement d’un œdème et d’un hématome
post-chirurgicaux : ce traitement fait suite à une ligamentoplastie du ligament croisé antérieur.
L’application des bandes se fait 4 jours après l’opération.
48h après la pose, il est observé une disparition totale de
l’œdème et un drainage partiel de l’hématome. Les sensations de « tiraillements » dans la loge postéro-externe
distale de la cuisse, qui accompagnaient l’œdème disparaissent également.
Conclusion des effets réels et des effets encore non prouvés
Dans cet article nous avons remarqué que les
bandes « Kinesio » ont de nombreux effets sur le corps,
au niveau des articulations, au niveau musculaire et au
niveau de la circulation sanguine et lymphatique. Grâce
à l’apport d’études sur les effets du « Kinesio » taping,
nous constatons que les résultats de ces bandes sont bien
concrets, autant dans l’amélioration de la stabilisation articulaire que de la fonction musculaire. Néanmoins, une
nuance peut être faite sur l’amélioration de la circulation,
discutable chez les individus en bonne santé.
En outre, une revue de littérature a été faite par
Mostafavifar en 2012. Deux études ont indiqués que
l’utilisation du « Kinesio » taping n’a pas d’effet sur la
performance. Dans deux études sur les blessures musculo-squelettique impliquant la colonne vertébrale. Les
chercheurs démontrent qu’avec l’application de « Kinesio » taping, on réduit significativement la douleur
et l’amplitude des mouvements chez les patients souffrant de troubles aigus associés à l’entorse cervicale de
la colonne vertébrale, immédiatement et 24 heures après
l’accident. Deux études ont examiné les blessures musculo-squelettiques sur l’épaule. La première avait des résultats jugées insuffisantes pour indiquer que le « Kinesio »
taping diminue la douleur et l’invalidité de l’épaule chez
les patients (choc et tendinite), tandis que la seconde a
suggéré que les bandes « Kinesio » soulagent la douleur
à court terme pour les patients souffrant d’un choc à
l’épaule. Cette revue systématique trouve des preuves
suffisantes pour appuyer l’utilisation du « Kinesio » taping sur des blessures musculo-squelettiques. Il existe
quelques études de qualité portant sur l’utilisation « Kinesio » taping suite à des blessures musculo-squelettiques.
Cependant, il apparaît nécessaire de garder un bandage
strapping classique sur certaines blessures articulaires
pour permettre de maintenir fortement l’articulation.
Dès lors, les « Kinesio » taping comportent peu
d’inconvénient quand nous recherchons à maintenir nos
performances. Les seuls inconvénients sont de maîtriser
les méthodes de pose des bandes, selon les six techniques
56
énoncées précédemment. Nous comprenons alors qu’il
est nécessaire de connaître le corps parfaitement, insertions musculaires, ligamentaires, de connaître le trajet
du muscle. De plus comme il a été dit précédemment sur
des blessures sévères, il est conseillé de mettre en place
un bandage classique. Il faut donc impérativement avoir
parfaitement diagnostiqué la blessure.
Ainsi, nous notons que malgré l’ancienneté du produit,
créé en 1970, celui-ci apparaît encore comme une nouvelle technologie principalement parce que les études
faites pour prouver son efficacité sont très récentes.
Pourtant, elles tendent à montrer que ces bandes « Kinesio » ont des effets positifs, autant dans la stabilisation,
dans la fonction musculaire que dans la circulation sanguine.
Bibliographie
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Source images
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-http://www.kinesport.info/Physiotaping-et-Quadriceps-Fiche-pratique_a930.html
Recommandations
Lors de l’application des bandes, il faut être capable de diagnostiquer parfaitement la blessure, sinon les
bandes n’auront aucun effet, voir un effet négatif.
Lors de la pose, il ne faut pas appliquer les bandes sur une plaie ouverte. De plus, il est nécessaire de
maîtriser les techniques de pose selon l’amélioration recherchée et le résultat souhaité.
Sur des blessures musculo-squelettiques sévères, il est conseillé de mettre en place un bandage classique.
Ces bandes sont faites pour compléter un désordre physique, il ne faut donc pas en abuser. Si le retour à la
forme optimale peut se faire sans elles, il est préconisé de se rétablir sans les bandes.
57
Céline HESLAN, En cours de fin d’étude d’ostéopathie précédée de la licence ES, je complète ce
cursus par le master EPI en vue de développer des connaissances scientifiques dans le champ de
l’ostéopathie.
Ancienne compétitrice nationale et internationale d’aviron, je mets à profit mon expérience du sport
de haut niveau dans la prise en charge ostéopathique lors d’événements sportifs tels que le marathon
de Paris.
Mail : [email protected]
L’ostéopathe : Un partenaire de soins dans la pratique
sportive
L
es entraînements sportifs sont parfois déclencheurs de douleurs transitoires, récurrentes et/ou
persistantes dans le temps. Parfois, ils exacerbent des douleurs déjà présentes ce qui limite ou
empêche la poursuite du programme d’entraînement. L’ostéopathie peut alors permettre au corps
de retrouver son équilibre postural, physiologique et biomécanique afin de l’aider à supporter les
contraintes de la vie quotidienne et les charges de l’entraînement. Lors d’une pratique sportive régulière voire quotidienne avec pour échéances des compétitions tous les week-ends, tous les mois ou à
l’année, la question se pose : Quand consulter l’ostéopathe pour que le traitement soit le plus efficace
et durable possible ?
Qu’est-ce que l’ostéopathie ?
L’ostéopathie reconnue en France depuis 2002,
est une thérapie exclusivement manuelle. En effet,
l’ostéopathe effectue un examen palpatoire qui permet
d’évaluer la mobilité des articulations et la qualité des tissus environnants dans une perspective de compréhension du schéma global de fonctionnement du patient,
propre au concept de l’ostéopathie. Cette vision globale
du corps du patient inclut, entre autre, ses habitudes de
vie (position de travail, conduite automobile, alimenta-
tion, stress, etc.), ses activités professionnelles et extraprofessionnelles telle que l’activité sportive. Ces éléments
sont susceptibles de créer un déséquilibre ayant pour conséquences des douleurs, des blessures, des troubles fonctionnels, et des phases de stagnation dans l’endurance,
l’apprentissage ou le perfectionnement d’une activité.
C’est à partir de l’interprétation des données du
patient entendues, observées, palpées, testées et ressenties sur la base des connaissances anatomiques, physiologiques et biomécaniques, que l’ostéopathe va définir
un diagnostic ostéopathique. Ce dernier prend en
compte l’interrogatoire, les attentes du sportif, l’examen
palpatoire spécifique et les résultats d’éventuels examens
complémentaires médicaux afin de définir un plan de
traitement spécifique au patient. Ce traitement aura
pour fil conducteur d’amener le patient à retrouver son
état d’équilibre en levant les zones de restriction de mobilité articulaire et tissulaire à différents niveaux comme
illustré à la figure 1.
Quand consulter l’ostéopathe ?
À visée préventive
Figure 1: Exemple de raisonnement ostéopathique
58
Il est possible de consulter tout au long de l’année
mais certaines périodes sont plus propices au maintien
des effets thérapeutiques dans le temps. En effet, d’un
point de vue ostéopathique, le corps intègre mieux et
plus longtemps les soins apportés en période de repos.
La plus appropriée est celle de la trêve sportive et professionnelle. D’autre part, il est conseillé de prévoir deux à
trois jours de repos suivant une consultation étant donné
les effets secondaires parfois observé 4 à 48h après une
séance (Cagnie et al., 2004).
À visée thérapeutique
- Les douleurs peuvent apparaître suite à des traumatismes (chutes, coups, entorses, fractures), des microtraumatismes (gestes répétés, chocs répétés, vibrations
excessives), des changements de position, de matériel ou
d’outil liés à l’activité physique ou professionnelle.
Lorsqu’une douleur est installée et maintenue par des
mécanismes histochimiques et neuronaux, l’ostéopathe
agira en vue d’interrompre la boucle itérative de la
douleur mise en place (Haavik & Murphy, 2012). Cependant, l’efficacité des traitements sera dépendante de l’ancienneté des symptômes, des mécanismes
d’apparition et du type de tissu en souffrance. Par exemple, dans certains cas de tendinite d’apparition progressive, liée le plus souvent à la répétition de gestes
identiques, l’ostéopathe a une action limitée tant que
le facteur causal n’est pas soustrait. Pour compléter le
traitement, l’ostéopathe peut être amené à conseiller ou
déconseiller certains gestes, certaines habitudes de vie,
considérés comme des facteurs déclencheurs, d’entretien
ou prévenant des douleurs.
- Un autre champ de compétences de l’ostéopathie est la
prise en charge du patient après une blessure, une opération ou une pathologie autre. Cette prise en charge est
complémentaire du suivi médical et du travail de rééducation par un masseur-kinésithérapeute.
Selon le type de blessures, d’opérations ou de
pathologie, l’ostéopathe peut conseiller sur le moment
le plus opportun pour son intervention.
Dans les cas de blessures, le traitement de
l’ostéopathe vise à annihiler les contraintes installées
suite aux traumatismes ou aux microtraumastismes répétés. Son travail est donc en interrelation avec la rééducation, qui a aussi pour objectif d’améliorer la vascularisation locale afin de diminuer l’inflammation.
Les douleurs en lien avec sa pratique sportive ; action de l’ostéopathe ?
Selon l’activité physique pratiquée il a été observé des plaintes typiques, non exhaustives qui peuvent
être prises en charge par un ostéopathe (Chantepie & Pérot, 2009). Voici quelques exemples de douleurs les plus
couramment rencontrées selon les activités physiques
auxquelles l’ostéopathie peut apporter ou non une réponse de traitement.
En cyclisme professionnel
58% des coureurs souffrent de lombalgies c’est-à-dire
de douleurs au niveau du bas du dos et 36% connaissent une douleur de la face antérieure au genou (Clarsen
et al., 2010). Or plusieurs études montrent l’efficacité de
l’ostéopathie dans la prise en charge des douleurs de dos
(Licciardone et al., 2005 ; Vincent et al., 2012). Concernant les douleurs antérieures de genou aucune étude
ne porte sur les effets de l’ostéopathie dans ce cas précis. Cependant, l’étude de Clarsen et al. (2010) indique
que la prédisposition aux douleurs de membre inférieur
chez les cyclistes élites peut être associée à une perturbation du flux sanguin des artères iliaques externes. Dans
une étude s’intéressant aux effets hémodynamiques de
l’ostéopathie après chirurgie coronarienne, il est noté une
diminution du volume sanguin total, pouvant signifier
une amélioration de la circulation périphérique après un
traitement ostéopathique (O-Yurvati et al., 2005). Ces
résultats concernant une population précise peut laisser
supposer des effets semblables dans les cas plus généraux
de perturbations du flux sanguin.
Dans les cas de sport de raquettes,
des douleurs fréquentes se situent sur les membres inférieurs caractérisées par des souffrances des tendons
d’Achille ou des gastrocnémiens médiaux (Jacobson et
al., 2005). Des douleurs d’épaule, de coude ou de poignet sont également présentes selon le niveau d’activité
(Jacobson et al., 2005; Fahlström et al., 2006). Concernant la pratique du golf, les douleurs sont prédominantes
aux membres supérieurs caractérisées par des syndromes
de la coiffe des rotateurs, des épicondylites et des ténosynovites de poignet (Jacobson et al., 2005). D’un point
de vue ostéopathique les principales prises en charge
sont les douleurs du rachis, les douleurs du bord médial
du genou gauche chez le droitier et les golfs elbow (épicondylites médiales) (Chantepie & Pérot, 2009). Dans le
cas des épicondylites liées à des activités aux gestes répétitifs des membres supérieurs, les thérapies additionnelles comprenant un traitement ostéopathique, des exercices thérapeutiques et un système de taping (bandes
proprioceptives) permettent un soulagement précoce de
la douleur et une meilleure guérison (Vicenzino, 2003).
Comme précisé précédemment, tant que le facteur déclencheur, le plus souvent l’activité professionnelle et/ou
sportive, n’est pas diminué voire arrêté, l’ostéopathe aura
une action limitée dans le temps.
En judo et dans les sports de combat,
les principales douleurs et pertes de mobilité sont localisées au niveau cervical, liées aux chutes, aux coups
répétés et aux étranglements possibles survenant lors de
la pratique. Il est alors conseillé dans ce genre d’activité
soumise à des traumatismes répétés (coups, chocs, pertes
de connaissance) de consulter son ostéopathe régulièrement après les compétitions. Les contraintes infligées
59
aux structures anatomiques lors de certains gestes techniques peuvent créer des lésions musculaires des membres (élongations, contractures, micro-déchirures) ainsi
que des lésions ligamentaires (entorses, hyperlaxité) des
doigts, pouces, orteils, chevilles ou genoux. Dans ce type
de blessures, l’ostéopathie est indiquée en cas de faible
récupération de mobilité globale suite aux séances du
masseur-kinésithérapeute ou en cas de persistance de
douleurs ou de gênes.
En natation,
différentes zones sont le siège de douleurs selon le
type de nage le plus couramment pratiqué (Chantepie
& Pérot, 2009). En brasse, la propulsion s’effectue par
la détente des membres inférieurs entraînant une hyperlordose lombaire et pouvant engendrer sur le long
terme des lombalgies. En crawl, la poussée de l’eau sur
l’abdomen entraîne à l’inverse une délordose qui est peu
contraignante pour les structures vertébrales et discales
(Chantepie & Pérot, 2009). Les patients consultent principalement pour des douleurs d’épaules qui s’expliquent
par une laxité des structures capsulo-ligamentaires antéro-inférieures (Olivier et al., 2008). En ostéopathie, des
techniques à visée d’ajustement des structures de maintien permettent d’éviter cette tendance liée à la pratique
intensive en natation.
Dans le cas des gymnastes
les microtraumatismes sont dus aux chocs sur l’agrès ou
au sol, et aux vibrations créées en retour des impacts.
Les sportifs présentent le plus souvent des lombalgies
du fait de la sursollicitation de la zone lombo-sacrée
due aux alternances de phases statiques et dynamiques
en pression, étirement et rotation (Chantepie & Pérot,
2009). D’autre part, les tendinites du membre inférieur
et les lésions des muscles postérieurs du membre inférieur à type d’élongations, déchirures sont plus fréquemment rencontrées et peuvent nécessiter l’intervention
complémentaire d’un masseur-kinésithérapeute et d’un
ostéopathe. En effet, les impacts répétés créent une onde
qui se propage dans le corps pouvant entraîner des lésions sur des zones déjà sollicitées de façon excessive.
Lorsqu’une blessure survient, il y a donc la zone locale
de souffrance liée à la blessure, mais aussi des zones
adjacentes compensant la perte de fonction. Ceci peut
se traduire par une persistance des douleurs, de gênes
ou d’une récupération insuffisante lors des séances du
masseur-kinésithérapeute. L’ostéopathe pourra apporter
une solution en s’intéressant aux structures sus et sousjacentes à la blessure qui peuvent empêcher la récupération fonctionnelle complète. Le meilleur travail sera apporté en amont de la blessure en agissant sur les zones
hypersollicitées, d’où l’intérêt de consulter en prévention
lors de phase d’accalmie de la saison sportive.
60
En basketball et handball
les entorses de genou arrivent en tête des douleurs les
plus fréquentes, suivies des lombalgies et des sciatalgies.
De même, une prise en charge par un masseur-kinésithérapeute et un ostéopathe suite aux entorses de tous types
est conseillée en vue d’une meilleure récupération. Une
étude de 2001 montre, par ailleurs, que les manipulations
thérapeutiques ajoutées au taping diminuent la douleur,
augmentent la mobilité et améliorent la fonction globale
de la cheville sur le court et le long terme après une entorse sub-aiguë (Pellow & Brantingham, 2001).
D’autres douleurs ou plaintes ressenties lors de
la pratique sportive peuvent constituer des motifs de
consultations entrant dans le champ de compétence des
ostéopathes. Par exemple, les ‘points de côté’ récurrents
lors de la course, les nausées ou vomissements pendant
ou après l’effort, les incontinences liées à l’effort, les difficultés à respirer de type ‘manquer d’air’, ‘être à court de
souffle’ ou encore les maux de têtes récurrents sont susceptibles d’être améliorés par une prise en charge globale
qu’offre l’ostéopathie. Cependant, les dommages musculaires plus connus sous le nom de courbatures, induits
par certains entraînements sportifs, sont un processus
physiologique qui ne nécessite pas d’intervention ostéopathique spécifique.
Pour finir, l’ostéopathe, professionnel de première intention, est capable, par des tests spécifiques, de
discriminer dans une pathologie, les signes fonctionnels
relevant de l’ostéopathie, de la part organique relevant
de la médecine. Il sera amené à réorienter vers un autre membre de l’équipe médicale avant sa prise en charge
s’il est considéré nécessaire. C’est en ceci que l’ostéopathe
constitue un partenaire de soin.
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Recommandations
Consulter l’ostéopathe lors des périodes de trêves sportives et professionnelles pour prévenir les douleurs.
Prévoir deux à trois jours de repos suivant la consultation.
Après un traumatisme (chocs, chutes, coups) occasionnant des douleurs intenses, à réveil nocturne consulter le médecin au préalable. Au vu des résultats médicaux, le plan de traitement de l’ostéopathe sera
adapté et adéquat.
En cas de persistance de douleurs et/ou d’un manque de récupération fonctionnelle d’une partie du corps
pourtant suivi par le masseur-kinésithérapeute, pensez à consulter l’ostéopathe en complément.
L’ostéopathe garantira un soin optimal en fonction des échéances sportives à court et long termes. Il est
donc possible de consulter la veille d’une compétition pour des douleurs aiguës, sinon préférer en début
de semaine d’affûtage (1 semaine avant).
61
Maxime BROUXEL, Etudiant en Master 2 EPI, Maxime s’est intéressé pendant 2 ans à la quan-
tification de la Charge d’entrainement sous la direction de Stéphane MORIN. Maxime est spécialisé dans le football et est titulaire du Brevet d’Etat 1er degré. Il est actuellement préparateur
physique de l’USJA Carquefou (National).
Mail : [email protected]
L’intérêt du renforcement excentrique dans la prévention
des lésions musculaires
D
ans le sport, qu’il soit professionnel ou amateur, les blessures et notamment celles qui sont d’origine
musculaire (élongations, déchirure…) sont des contraintes pour les entraineurs et les éducateurs. Plus
souvent on les retrouve juste après les trêves sportives (estivales et hivernales). Leurs origines sont multiples
: L’augmentation inadaptée des charges d’entrainement, le changement de surface, un manque de souplesse,
une mauvaise routine d’échauffement, le froid, la fatigue etc.
Les membres inférieurs et notamment ceux des
quadriceps (Q) et des ischio-jambiers (IJ), sont souvent
contraint à ces lésions. Les quadriceps sont moins souvent touchés que les ischio-jambiers par des lésions musculaires mais elles sont généralement plus grave (stade 2
à 3 selon la classification des lésions musculaires de Rodineau). Avec des atteintes irréversibles de nombreuses
fibres musculaires et du tissu conjonctif entrainant un
désentrainement partiel ou total pendant 3 à 6 semaines.
Petersen et al. (2011) a montré que les lésions des IJ
représentent 12 à 16% des lésions sportives. De plus, le
taux de rechute est spécifique des ischio-jambiers : 22 à
25 % ! Le manque de force a été incriminé pour favoriser
les lésions musculaires. Il a mis en évidence un lien entre les lésions musculaires et le déficit de force qui était
attribué à un défaut de rééducation. Une comparaison
entre les deux membres inférieurs était alors proposée.
Heiser et al. (1984) ont évalué la force à l’aide d’un dynamomètre isocinétique pour déterminer les conséquences
et la prévention des lésions des ischio-jambiers. Le ratio
entre la force des quadriceps et des ischio-jambiers (ratio
IJ/Q) inférieur à 0,6 et une asymétrie des fléchisseurs de
5 % représenteraient des facteurs de risque de survenue
de lésions musculaires des ischio-jambiers (Ostenberg &
Roos, 2000). Ainsi, la correction de ces paramètres par
un renforcement musculaire permettrait de diminuer le
taux de lésions des ischio-jambiers de 7,6 à 1 % et le taux
de récidives de 31,7 à 0 % lors de la pratique du football
américain.
Nous nous intéressons plus particulièrement à
la lésion musculaire de type intrinsèque, c’est-à-dire qui
n’est pas dû à un contact par exemple (béquilles). Selon
la littérature scientifique, la lésion musculaire de type
62
intrinsèque est due à l’overstretching et à la contraction excentrique. Une contraction excentrique se défini
« comme force externe accompagnée d’une montée en
tension pendant l’allongement physique de l’unité tendino-musculaire ». Ceci peut paraitre contradictoire, car
ces contractions excentriques permettent également de
prévenir des lésions.
Revue de Littérature
Nous connaissions déjà les effets des régimes
excentriques avec l’utilisation de l’isocinétisme dans la
rééducation après une lésion musculaire. Mais les dernières études se sont plus intéressées aux effets de ces
régimes dans un rôle préventif. Les différentes études
montrant les bienfaits du régime excentrique dans un
rôle préventif. Petersen et al. (2011) ont réalisé un protocole d’entraînement excentrique sur 26 équipes de football élites du championnat Danois. Cette étude utilisait
un protocole manuel de Stanish sur 10 semaines. Ils ont
comparé les résultats avec un groupe contrôle représentant 28 équipes de même niveau. Les résultats ne montrent pas de différence significative entre les groupes «
excentrique » et le groupe « contrôle » lors des 10 premières semaines de présaison. Par contre, passées ces 10 semaines, le groupe « excentrique » à subit environ 7 fois
moins de lésions musculaires que le groupe « contrôle ».
Une autre étude de Dauty et al. (2003) du CHU de Nantes
a également étudié l’intérêt du régime excentrique dans
la prévention des blessures. L’évaluation de la force musculaire des ischio-jambiers (IJ) et des quadriceps (Q)
en excentrique est un bon indicateur pour mesurer des
déficits.
Et le ratio mixte IJ(exc)/Q(con) inférieur ou égal à 0,6
représente le meilleur indicateur (probabilité : 77,5 %).
Le taux de récidive de lésions des ischio-jambiers est de
30 % (3 cas sur 10).
Les principes et intérêt du renforcement
excentrique
Une contraction excentrique se caractérise par
la production d’une force musculaire associée à un allongement du complexe muscle-tendon. Ce mode de
contraction est paradoxal car c’est un mécanisme lésionnel lorsque les contraintes externes excèdent les capacités de résistance, mais aussi un mécanisme protecteur
car il induit des bénéfices au niveau musculaire, métabolique et nerveux. Le travail excentrique peut être réalisé
contre une charge externe constante (isotonique) ou à
vitesse constante (isocinétiques). Ces contraintes mécaniques différentes pourraient induire des adaptations
structurales et nerveuses spécifiques à chaque mode
d’exercice.
Les effets désirés du travail excentrique sont
nombreux. Au niveau musculaire, il permet une hypertrophie musculaire (gain de masse), une augmentation des fascicules musculaires et des angles de pennation. Cela permet respectivement d’améliorer la vitesse
de contraction musculaire et la capacité de production
de force. Au niveau métabolique, ce type de contraction mobilise moins d’énergie métabolique pour une
même production de force qu’en mode concentrique.
Des études électromyographique montrent que pour
une même force développée à une vitesse donnée, le recrutement d’unités motrices est deux fois moindre lors
du travail excentrique que lors du travail concentrique
(Heiser et al., 1984). La force maximale développée par
un groupe musculaire lors d’actions excentriques est supérieur au couple de force produit en contraction isométrique et concentrique atteignant 100 à 180 % de la force
maximale isométrique selon les études.
Lors d’un travail excentrique isotonique ou
isocinétique, le complexe muscle-tendon est soumis à
des tensions et entrainant des microlésions au niveau des
myofibrilles (ruptures des ponts d’actine et myosine) et
également au niveau des membranes plasmiques entourant le muscle. Cela va induire une inflammation localisée responsable de douleurs musculaires à effet retardé
appelées « delayed onset muscular soreness » (DOMS)
(Guilhem, Cornu & Guevel, 2012). Des études ont montré que la réalisation d’une première séance d’exercice
excentrique a pour effet de limiter les DOMS perçus à
la suite d’une seconde session d’exercice excentrique. Cet
effet protecteur se nomme « repeated bout effect » (Declan et al., 2002). Au niveau nerveux, les gains de force
pourraient être la conséquence d’une diminution de
l’activité des muscles antagonistes (co-activation). Sur le
plan nerveux, un degré de co-activation moindre permet
de réduire le niveau d’inhibition réciproque et réduire les
réflexes myotatiques. Néanmoins, l’entrainement excen-
trique ne semble pas avoir d’impact sur le niveau de coactivation, celui-ci restant stable entre le début et la fin
de la période d’entrainement (Colson et al., 1999).
Travail excentrique avec différent mode de
résistance
•
Résistance manuelle
Figure 1: Résistance manuelle avec contraction excentrique
des ischio-jambiers.
Le travail excentrique avec résistance manuelle est
utilisé par la totalité des kinésithérapeutes dans le cadre d’une
lésion musculaire et articulaire. La méthode la plus utilisé
est celle de Stanish. L’intérêt principal est de pouvoir se mettre rapidement en place auprès des sportifs. Cette pratique a
pour avantage d’être très facile d’utilisation dans les clubs. Une
résistance manuelle permet d’être également indolore (arrêt à
la demande du sportif). La difficulté est d’être sur une charge
et vitesse non-constante. C’est une méthode efficace dans la
prévention des blessures. Les limites majeures sont de ne pas
pouvoir quantifier les gains potentiels en période de « réathlétisation ».
•
A poids de corps
Figure 2: Résistance à poids de corps en position de squat.
La méthode suivante est celle la plus utilisée dans les
clubs dans un cadre préventif. L’utilisation du poids du corps
permet d’être sur des résistances sous-maximales. Entrainant
moins de dommages sur le sarcomère et la structure musculaire. Les effets désirés seront également moins importants.
C’est donc une méthode qui peut être mise en place même à
plusieurs jours d’une compétition. Comme pour le renforcement sur machine de musculation, le principal inconvénient
est d’avoir un « retour » concentrique non-négligeable dans ce
type de protocole (freiner la descente sur jambe et remonter à
deux jambes).
63
•
Sur machine isocinétique
est le poids maximum que l’on pourra soulever, tirer ou
pousser lors d’une seule répétition. La différence avec le
renforcement à poids de corps, c’est de travailler sur la
totalité de l’angle articulaire. Lorsque ces exercices sont
maitrisés par les sportifs, ceux-ci peuvent se gérer facilement. L’inconvénient principal est de ne pas avoir un
système de blocage en cas de gêne musculaire ressenti.
•
Résistance combinée avec élastique
•
Sur machine de musculation
Connolly A., Reed B. & McHugh M. (2002). The repeated bout effect: does evidence for a crossover effect exist?
Journal of Sports Science and Medicine. 1:80-86.
Figure 5: Travail excentrique des Q au squat guidé.
Cette méthode fait son apparition depuis peu
dans les cycles de renforcement musculaire. Lors d’un
mouvement sur machine, la résistance est identique tout
le long, que ce mouvement soit en chaine ouverte ou
fermé. Mais cette résistance n’est pas vraiment constance
du fait de l’accélération et de la vitesse non constante
de l’objet. D’où l’intérêt d’utiliser des chaines ou encore
des élastiques afin d’accroitre la résistance au cours de
l’amplitude articulaire. Par exemple sur un exercice excentrique en squat sur cadre guidée (ci-dessus figure 5),
les élastiques vont permettre d’avoir une résistance qui
va diminuer constamment au cours de l’amplitude articulaire.
Conclusion
Figure 4: Résistance externe sur les ischio-jambiers.
Le travail excentrique sur machine est encore
très peu utilisé par les staffs techniques, lors des périodes
de préparation en renforcement musculaire. L’objectif
est de trouver sur certaine machine, une stabilité articulaire se rapprochant des dynamomètres isocinétiques.
Mais tout en restant sur un système isotonique avec une
charge externe constante. L’utilisation en prévention des
lésions musculaires permet d’être sur un système évaluable, où l’on peut objectiver les progrès en % d’1 répétions maximale (RM). Une répétition maximale (1RM)
64
Colson S., Pousson M., Martin A. & Van Hoecke J.
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Figure 3: Travail excentrique des IJ sur machine isocinétique
Les premières machines isocinétiques ont fait
leurs apparitions dans les années 60 pour la NASA. Mais
il faut attendre les années 80 en France pour son utilisation dans la rééducation fonctionnelle sur les sportifs
de haut niveau. L’intérêt d’un dynamomètre isocinétique
c’est de pouvoir travailler avec une vitesse constante tout
le long du mouvement. L’avantage de ce système c’est de
pouvoir l’utiliser dans l’axe et régler la machine en fonction des butées articulaires. L’objectif est donc d’avoir un
travail musculaire maximal sur la totalité de l’amplitude
du mouvement et une donnée objective de la force musculaire. Cela permet la définition d’une « courbe cible »
pour la rééducation.
Par contre, un tel système à un coût relativement
important. Les protocoles sont longs à mettre en place,
du fait de la mise en place des tests. Il faut retenir que
l’intérêt principal dans la prévention des lésions musculaires, c’est la possibilité d’évaluer l’existence de déséquilibre des muscles agonistes et antagonistes (Déséquilibre
si ratio ischio-jambier/ quadriceps < 0.47).
Bibliographie
Le travail excentrique a montré son intérêt dans
la phase de réathlétisation. Mais il faut désormais mettre
ce travail excentrique dans un rôle préventif, en amont
d’une éventuelle lésion.
Il faut être très vigilant sur ce type de renforcement. Des exercices excentriques non contrôlés sont responsables de lésions tendineuses et musculaires (Middleton & Montero, 2004). Cependant un travail effectué
en toute sécurité avec des protocoles bien définis, permet
de « protéger » le muscle en cas de contraintes trop importantes (Overstretching par exemple).
En plus d’avoir beaucoup d’intérêts et de limiter les lésions musculaires, d’autres études ont montré
l’intérêt du travail excentrique sur de multiples composantes. Le travail excentrique est aussi utilisé dans la
prévention et le traitement de tendinopathie. Il permet
également d’améliorer la composante proprioceptive du
muscle et donc efficace dans la prévention des entorses.
Guilhem G., Cornu C. & Guével A. (2012). Neuromuscular Adaptations to Isoload versus Isokinetic Eccentric
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Recommandations
Effet retardés : En général de 6 à 8 semaines.
Privilégier les résistances combinées ou à poids de corps en prévention.
Sensibiliser les joueurs à l’intérêt de ce type de renforcement, mais également sur les « dangers » de celui-ci.
Varier les angles et vitesses articulaires, plus communément appelé « tempo » sur le terrain (entre 15° et
60°.s-1).
En période de compétition : être de préférence sur des charges légères (entre 60% et 80% d’1 RM) avec peu
de répétitions (8-10) et des séries courtes (2 à 3 séries au maximum). Afin de répondre musculairement
aux contraintes des entrainements et des compétitions.
Faire à la fin de la séance, car il y a une atteinte des myofibrilles et du tissu conjonctif. Et il peut être fait 1
fois / semaine au maximum sur des sportifs « sains », voire 2 fois / semaine sur des sportifs en « réathlétisation ».
Faire un macrocycle important durant sa période de préparation général (PPG). Puis ensuite des séances
de rappel en cours de période de compétition (PC), de préférence éloignés des matchs.
65
Yann LE MANSEC, Si sa spécialité sportive est le tennis de table, Yann Le Mansec est avant tout
enseignant d’EPS depuis une quinzaine d’années. Impliqué dans la formation des formateurs au
sein du groupe académique CP5, il s’intéresse à la question de l’intensité des situations proposées
aux élèves. C’est dans le cadre de cette problématique qu’il a écrit cet article sur les bienfaits possibles de l’exercice intense.
Mail: [email protected]
Exercice intense et bienfaits sur la santé. Quelle place pour
l’EPS ?
P
endant longtemps a prévalu l’idée selon laquelle la santé allait de pair avec une activité physique mesurée, raisonnée. Depuis une dizaine d’années cependant, de nombreuses études tendent à montrer, au
contraire, que l’exercice intense pratiqué à tout âge était un bon moyen d’améliorer son Capital Santé ou
au moins de le préserver en luttant plus efficacement contre les effets du vieillissement. Nous avons retenu
ici 3 critères qui nous paraissent pertinents pour caractériser un état de santé physique : la densité osseuse,
la fonction cardiovasculaire et la fonction cérébrale. Cet article veut donc défendre l’idée selon laquelle
l’amélioration de ces trois paramètres est corrélée à l’exercice intense et que l’EPS peut/doit contribuer à
l’amélioration du Capital Santé. Contrairement aux idées reçues et comme le souligne le Professeur Timmons de l’Université d’Edimburgh : « Les directives actuelles, qui consistent à mettre en place les meilleurs
programmes pour obtenir les meilleurs résultats en terme de santé, pourraient ne pas être optimales et
nécessitent que l’on en discute. »
Cas de la densité osseuse
«L’expression « la fonction crée l’organe »
s’applique particulièrement bien à la masse osseuse.
L’activité des ostéoblastes augmente quand le tissu osseux est soumis à des contraintes prolongées et les os
deviennent plus denses ». (Brooker et al., 2001).
Selon Blanchet et al. (2008), la santé osseuse
peut être considérée comme la résistance des os ainsi que
l’aptitude à éviter les fractures en cas de chute, de coup,
de torsion ou de tout autre stress mécanique auquel les os
peuvent être soumis. Chaque mouvement entraîne des
microtraumatismes qui lèsent l’os. Au cours du repos,
l’os se reconstruit et, si l’alimentation est adaptée, il se
reconstitue plus fort qu’auparavant, comme s’il voulait se
préparer à de nouvelles agressions. Cette masse osseuse
augmente jusqu’à environ 25 ans, chez l’actif comme
chez le sédentaire pour ensuite diminuer plus ou moins
vite selon la présence ou pas d’activité physique chez le
sujet considéré. Le capital osseux acquis à cet âge peut
donc être considéré comme un stock qui servira pour
le reste de la vie. On sait que les activités à impacts sont
les plus efficaces pour le squelette. Blanchet et al. (2008)
ont montré une différence de contenu minéral chez
des tennismen entre le bras tenant la raquette et l’autre.
L’absence de gain osseux, voire des valeurs anormalement basses de densitométrie osseuse constatées chez
66
les nageurs, les cyclistes ou chez les spationautes, malgré
la pratique intense d’exercice, confirme cet état de fait.
L’INSERM (2008) estime que les contraintes doivent être
égales à au moins 3G et différentes des contraintes habituelles (marche, course). En effet, pour Duclos (2007), la
sécrétion de l’hormone de croissance (GH), dont le lien
avec la densité osseuse a été démontré (INSERM 2008),
est stimulée par l’exercice physique, proportionnellement à l’intensité de celui-ci. Or, de nombreuses études
montrent que la réponse de l’os à l’exercice avec charge
est maximale chez l’enfant de 10 à 18 ans (Blanchet et al.,
2008). Il est par ailleurs spécifié que les effets positifs obtenus sur la résistance osseuse lors de ce type d’exercices
pourront perdurer. La faible masse corporelle des élèves
lors de la phase de pré-puberté (6ème, 5ème) implique
qu’il n’y a pas de contre indication sérieuse à la pratique
d’activités sollicitantes de ce point de vue du fait d’une
charge trop importante lors de la phase d’amortissement.
Bien au contraire les cartilages, qui ne reçoivent pas de
vaisseaux sanguins, ont besoin de mouvements pour assurer leur pérennité, pour autant que les activités se fassent dans l’axe des articulations et qu’elles soient diversifiées afin de mieux répartir les contraintes articulaires. A
cette période, la densité est proportionnelle au nombre
d’impacts. Par la suite, l’augmentation de la masse corporelle s’accompagne d’un renforcement musculaire ainsi
que des cartilages qui deviennent moins déformables au
stress mécanique.
Si le gain en densité osseuse n’est plus évident, les activités à impact permettent de freiner la perte qui débute
dès l’arrivée dans l’âge adulte.
L’amélioration du capital osseux en EPS ne semble pas être
une utopie. En effet, les données scientifiques s’accordent
relativement avec les conditions d’enseignement de la
discipline :
-
Les meilleurs résultats sont obtenus lors de la
phase de pré-puberté. Le squelette n’est pas à maturité
(turn over osseux facilité), la sensibilité du tissu osseux
aux contraintes mécaniques est alors plus élevée et les
gains obtenus à cet âge se conservent bien.
-
Des séances courtes (10min) suffisent pour avoir
un impact réel (INSERM, 2008).
-
En raison d’une efficacité site-spécifique, la variété des activités est une donnée importante.
« Atteindre un pic de masse osseuse élevé, puis conserver
ce capital osseux à l’âge adulte grâce à une bonne hygiène
de vie, constitue un facteur de protection contre les facteurs ostéoporotiques. » (Beck & Snow, 2003)
Cas de la fonction cardiovasculaire
La consommation maximale d’oxygène
(VO2max) est considérée comme le marqueur de santé
et de condition physique par excellence.
Marin et Danion (2005) ont montré qu’entre 20 et 75 ans,
VO2max diminuait en moyenne de 9% par décennie. Or,
la valeur minimale pour accomplir des activités motrices
journalières de manière indépendante est située autour
de 14ml d’O2.minˉ¹.kgˉ¹. Là encore on mesure l’enjeu de
maximiser ce paramètre bioénergétique lors de l’enfance
afin de faire face à la sénescence le plus efficacement possible.
Si la fréquence cardiaque maximale (FCmax)
semble être une constante et ne pas être influencée par
l’entraînement, le volume d’éjection systolique (Vs)
dépend, entre autres, du retour veineux. Or, l’exercice intense améliore le remplissage ventriculaire diastolique.
Le travail intermittent, qui grâce à des périodes de récupération permet d’aborder des intensités élevées sans
risque de surcharge, semble être le support idéal pour
obtenir des résultats favorables. L’American Heart Association (AHA, 2009) insiste sur l’importance de ne pas
s’en tenir aux 30min d’exercice. L’association américaine
défend l’idée selon laquelle l’activité physique intense
est plus efficace que l’activité modérée pour atténuer les
facteurs de risque associés au syndrome métabolique.
De même, une étude de Juneau (2008) montre qu’il est
préférable de s’entraîner à intensité élevée plutôt qu’à
intensité modérée pour accroître sa capacité cardiorespiratoire et diminuer ainsi les risques de maladies
coronariennes. Enfin, Helgerud (2007) montre qu’une
séance de HIT (High Intensity Interval Training) à 95%
de FCmax est plus performante qu’une course longue à
70% FCmax. Comme le souligne Juneau (2008), il semble bien que pour maximiser les bienfaits pour la santé
liés à l’exercice, « être actif ne suffit pas ».
La question qui se pose ensuite est de savoir si cet intérêt pour l’exercice aigu est identique de la 6ème à la
terminale, où si certaines classes d’âge sont plus propices que d’autres. Mercier et al. (1987) montrent que si
l’entraînement améliore la VO2max dès 10 ans (variable suivant les études), les résultats sont les meilleurs
lors de la période pubertaire. C’est pourquoi il semble
préférable d’utiliser le travail intermittent dans le cadre
du développement de la puissance anaérobie alactique
au début de la scolarité (20 à 60m à vitesse max) pour
viser le développement de la puissance aérobie vers la
fin du collège (entre 90 et 110 % VO2max). Cette approche est d’autant plus pertinente qu’elle correspond à
la motricité spontanée des enfants de 10 ans qui multiplient naturellement des courses explosives n’excédant
jamais quelques secondes (Bailey et al., 1995). De fait,
ce type de travail se retrouve assez bien en EPS à travers certaines activités qui présentent cette configuration
(badminton, handball, vitesse…). Des résultats prometteurs ont ainsi été relevés chez le rat adulte suite à un
entraînement (4 semaines) intense. Ces résultats concernent aussi bien l’hypertrophie des cellules cardiaques
existantes (ayant pour conséquence une amélioration
de la fraction d’éjection systolique) qu’une hyperplasie
(apparition de nouvelles cellules) (Waring et al., 2012).
Au-delà de l’aspect préventif, essentiel en EPS, s’ajoute
donc un aspect curatif lié à ce phénomène de régénération cardiaque pour les sujets atteints de pathologies cardiovasculaires.
Cas de la fonction cérébrale
Longtemps on a considéré que le nouveau né
disposait d’un stock de neurones avec lequel il devrait
composer durant toute son existence. La neurogénèse
embryonnaire était vue comme le moment unique et
donc fondamental de fabrication neuronale. Or on a
constaté que les sujets, quotidiennement, fabriquaient
de nouveaux neurones (neurogénèse secondaire). Le
New York Times (2007) fait état de plusieurs études qui
mettent en évidence le rôle de l’activité physique dans
cette neurogénèse secondaire. Bien que les mécanismes
soient encore mal connus, les effets bénéfiques concerneraient l’amélioration de la vascularisation cérébrale,
une amélioration de l’action du BDNF (neurotrophine
important régulateur de la plasticité synaptique) et de
l’IGF-1 (hormone à effet neurotrophique puissant) (INSERM, 2008). Des neuroscientifiques de l’Université de
Columbia ont montré que l’entraînement physique augmentait l’afflux sanguin dans une partie de l’hippocampe
(bulbe olfactif), partie du cerveau responsable de la neurogénèse. La traduction fonctionnelle est d’importance
puisqu’elle s’accompagne d’une amélioration des performances dans les tâches spécifiques liées à l’hippocampe,
de même qu’elle favorise la récupération fonctionnelle en
augmentant la survie de cellules lésées et en stimulant la
croissance d’axones au niveau des zones du cerveau
67
et de la moelle épinière impliquées dans l’activité motrice. Si la littérature scientifique ne met pas en avant une
période plus favorable qu’une autre pour stimuler la neurogénèse (il n’est jamais trop tôt, il n’est jamais trop tard),
deux paramètres de l’activité physique sont à prendre en
compte : l’intensité et la complexité des tâches motrices.
Plusieurs études montrent que des activités de type endurance aérobie sont bénéfiques pour des fonctions
cognitives comme l’amélioration de la prise de décision
face à une tâche de réaction au choix ou pour la résolution de problèmes (Saint-Laurent, 2009). En revanche,
l’exercice intense s’avère plus efficace pour la mémoire à
court terme, certaines tâches d’apprentissage ou encore
dans la réalisation de la tâche de Stroop (filtrage d’une
information non pertinente) (Saint-Laurent, 2009). Le
principe de complémentarité joue ici un rôle important,
même si, pour l’INSERM (2008), la vitesse de l’exercice
(i.e. intensité) joue un rôle plus important que la distance
totale parcourue (i.e. volume).
Une tâche motrice a pour fonction de solliciter la mobilisation de certaines ressources (Famose, 1986). Sa complexité dépend de 2 facteurs :
-
tâche
Les caractéristiques objectives intrinsèques de la
-
Les possibilités du sujet
Les variables pour jouer sur la difficulté de la tâche
sont multiples. Hyman (1953) en distingue 3 : incertitude évènementielle (quel évènement va arriver),
temporelle (quand), discrimination (distinguer dans
l’environnement les signaux pertinents). Pour l’INSERM
(2008), la richesse du milieu environnemental est le paramètre essentiel pour obtenir des effets bénéfiques à long
terme.
En EPS, cela peut se traduire par une planification qui prend en compte la complémentarité des APSA.
Le nombre de signaux à prendre en compte, la durée de
présentation de ces signaux le tout à haute vitesse font
partie des éléments à prendre en compte pour aller dans
ce sens. Ainsi, des configurations atypiques que l’on retrouve dans certains jeux traditionnels, la multiplication
du nombre de ballons et/ou de buts en football, ou encore des parcours multitâches en athlétisme sont des exemples de tâches complexes telles que les définit Famose,
faciles à mettre en place en EPS et qui contribuent efficacement à l’amélioration de ce paramètre pour autant
qu’elles soient adaptées aux capacités du sujet.
des exercices recherchant un volume important et une
intensité faible.
Les évolutions sociales ont diminué de manière drastique la part des dépenses énergétiques dans notre quotidien. En même temps, la crainte des excès, le souci du
dosage, de la mesure et de la rationalité ont conduit les
autorités médicales à bannir l’exercice intense au profit
quasi exclusif des activités de type aérobie. Ainsi, comme
le souligne Pierre Fraser (2011) : «Nous sommes des êtres
du paléolithique engoncés dans des costumes ou des
tailleurs et fonctionnant en mode aérobique la majeure
partie du temps. Autrement dit, nous sommes en dehors
de notre propre courbe évolutive. Peut-être que ceci explique en bonne partie pourquoi nous avons développé
des maladies. »
Bibliographie
Bailey RC. et al. (1995). The level and tempo of children’s
physical activities : an observational study. Med Sci Sport
Exerc. 27(7):1033-1041.
Beck B. & Snow C. (2003). Bone health across the
lifespan. Exercising our options. Exerc Sport Sci Rev.
31(3):117-122.
Blanchet C., Chaire-Lucie PD., Chagnon A. (2008). Activité physique et santé osseuse. Revue Kino Québec.
Duclos M. (2007). Modifications hormonales en rapport avec l’entraînement intense, réalité, conséquences,
attitudes pratiques. 4ème conférence nationale médicale
interfédérale.
Gibala MJ. et al. (2012). Physiological adaptations to
low-volume, high1 intensity interval training in health
and disease. J of Physiol. 590(5):1077-1084.
INSERM (2008). Activité physique : Contextes et effets
sur la santé.
Juneau CE. (2008). Bienfaits santé de l’exercice. Plus intense, c’est mieux. Le Médecin du Québec. 43(4):85-89.
Marin L. & Danion F. (2005). Neurosciences : contrôle et
apprentissage moteur. Ed Ellipses
Mercier J. et al. (1987). Effect of aerobic training quantity on the VO2max of circumpubertal swimmers. Int J
Sports Med. 8(1):26-30.
Saint-Laurent M. (2009). Evaluation de la durée des effets aigus de l’exercice sur la cognition. Thèses et mémoires de l’Université de Montréal. Département de kinésiologie.
Waring CD. et al. (2012). The adult heart responds to increased workload with physiologic hypertrophy, cardiac
stem cell activation, and new myocyte formation. European Heart Journal (publication internet).
Recommandations
L’exercice stimule l’activité des ostéoblastes, proportionnellement à l’intensité de celui-ci.
La phase pré-pubertaire semble être la plus efficace pour obtenir un gain en masse osseuse.
Le travail intermittent permet des charges de travail supérieures pour un volume horaire moindre.
Il vaut mieux viser le développement de la puissance anaérobie alactique au début du collège pour
s’intéresser à la puissance aérobie à la fin de cette période.
La richesse/complexité du milieu et l’intensité de l’exercice sont les deux variables essentielles pour la sollicitation de telle ou telle fonction cognitive.
Conclusion
L’exercice intense apparaît donc comme une voie
prometteuse pour améliorer le Capital Santé des élèves
de collège et de lycée selon les trois critères considérés.
Certes, des débats voire des controverses subsistent,
mais les prescriptions médicales visant à l’optimisation
des programmes pour le développement et le maintien
de la santé semblent de moins en moins se cantonner à
68
69
Master « Expertise, Performance, Intervention »
« Le Master Expertise Performance Intervention s’articule autour d’une double
compétence, scientifique et professionnelle. Cette formation vise à répondre à de nouveaux
besoins exprimés par différentes structures sportives. Les professionnels qui y sont formés,
sont capable de répondre à l’étude de l’activité des ‘’ Acteurs Sportifs ‘’ (entraîneurs, athlètes, enseignants, élèves, formateurs) dans leur globalité et complexité, c’est à dire en prenant en compte de manière simultanée différentes facettes de l’activité, en privilégiant des
approches interdisciplinaires. Également, ils sont en mesure de concevoir des recherches
poursuivant à la fois des objectifs scientifiques et sportifs, qui soient réalisées dans un
cadre de collaboration explicite et contractuel entre les chercheurs et les acteurs sportifs
tenant compte des intérêts respectifs des différents protagonistes. Ces techniciens du sport
se destinent à la conception et mise en œuvre de programmes d’intervention (planification et programmation de plans d’entraînements ou de ré-entraînement, conception de
plan de formation) sur la base d’une analyse préalable et rigoureuse des caractéristiques
du contexte d’exercice. Ils coordonnent les interventions des différents intervenants d’un
staff technique en proposant des modalités de fonctionnement collectif. En résumé, ces
professionnels mettent au service de la performance sportive leurs compétences pluridisciplinaires, en vu d’optimiser la préparation des athlètes à travers l’analyse de l’activité et la
conception de programme élaborés. »
UFR STAPS de Nantes
‘’ Chaque difficulté rencontrée doit être l’occasion d’un nouveau progrès. ‘’
Pierre de Coubertin.
Université de Nantes – UFR STAPS
Mater 2
« Expertise, Performance, Intervention »
Promotion 2012-2013
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