.iiiiHiitfAifHi; la ville aujourd'hui et demain Le temps des peuples 32 Thaïlande Sur le modèle très réussi du système chinois Architectes « aux pieds nus » des médecins « aux pieds nus » (habitants de zones rurales reculées qui sont formés d'habitat qu'on rencontre dans les villages ou à la périphérie des villes. En Thaïlande, les architectes « aux pieds nus » de Baan pour dispenser des soins élémentaires), plu¬ sieurs pays envisagent actuellement de for¬ Nong Pai (« Le village de bambou ») ont recours aux techniques traditionnelles de la mer des architectes « aux pieds nus » qui aideront à résoudre les gros problèmes vannerie pour fabriquer les murs et les volets d'un jardin d'enfants. le Courrier Une fenêtre ouverte sur le monde Le Courrier du mois Mars 1985 38e année CE numéro du Courrier de l'Unesco est consacré à l'un des problèmes les plus graves de notre époque : l'explosion urbaine et ses conséquences pour l'avenir. En l'an 2000, plus de la moitié de la population de la planète sera concentrée dans les villes, où se poseront d'énormes problèmes de logement, de transport, de ravitaillement, de scolarité, d'hygiène et de sécurité. Le phénomène de la croissance urbaine touche principa¬ lement les pays en développement : le caractère dramatique qu'y prend l'expansion démesurée des concentrations urbaines ferait presque oublier le dépeuplement et la détérioration de certains quartiers du centre des villes des pays industrialisés. Alors que leurs infrastructures ne parviennent déjà plus à satisfaire aux besoins de leurs populations actuelles, les villes du tiers monde continuent d'exercer un effet magnétique sur les habitants des régions rurales qui les entourent, et reçoivent un afflux massif de nouveaux arri¬ vants. D'abord attirés par les lumières de la ville, ceux-ci se heurtent bien vite à l'amère réalité des bidonvilles, où ils doivent mener une lutte désespérée pour la survie. Certaines de ces questions et d'au¬ tres aspects des crises que traversent les grandes métropoles du Photo Unesco/Jean-Claude Bernath monde sont évoqués dans l'article intitulé « La ville, aujourd'hui et demain », qui s'inspire des conclusions d'un colloque international tenu à Paris en octobre 1984 avec la participation de plus de 800 per¬ sonnes venues de 70 villes différentes. Les conséquences d'une croissance démographique et urbaine accélérée sont beaucoup mieux perçues depuis que s'est tenue à 4 Bucarest en 1974, sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies, « Habitat de demain » Un concours mondial des jeunes. architectes une première Conférence mondiale de la population, suivie en 1984 d'une seconde Conférence, qui s'est réunie à Mexico pour procéder 4 à la révision et à l'évaluation du Plan d'action mondial sur la popu¬ L'espace urbain et architectural par Kenzo Tange lation adopté à Bucarest. L'apport de l'Unesco à la Conférence de Mexico consistait notamment en une étude, Unesco, population et 8 . développement, dont nous publions ici quelques extraits particuliè¬ « Habitat de demain » Dix projets du monde entier rement intéressants. Près du tiers de ce numéro est consacré à la présentation des pro¬ 18 jets primés au concours mondial des jeunes architectes organisé par La ville de l'an 2000 par Oscar Niemeyer l'Unesco sur le thème « Habitat de demain » à l'occasion de l'An¬ née internationale de la jeunesse. Les maquettes de ces projets figu¬ 20 reront à l'Exposition internationale de Tsukuba, qui aura lieu au Les métamorphoses du Caire par Hassan Fathy Japon du 17 mars au 16 septembre de cette année. Le jury du con¬ cours était présidé par Kenzo Tange et la présentation des projets primés s'ouvre sur un article où ce grand architecte et urbaniste 22 L'Unesco et la sauvegarde du Vieux Caire 24 La ville, aujourd'hui et demain 30 L'homme et le citadin japonais se penche sur les idées et les théories qui durant un demi siècle ont façonné son Deux autres articles de ce numéro" sont dus à des architectes de renommée internationale : Oscar Niemeyer, qui a conçu les princi¬ paux bâtiments de Brasilia, la capitale du Brésil, et dont la vision de la ville de l'an 2000 réserve une large place à la culture et aux loi¬ 31 sirs dans la vie urbaine ; et Hassan Fathy, un grand architecte égyp¬ tien, qui trace pour nous les contours du Caire de demain. L'avenir de l'architecture de terre par Jean Dethier Enfin, Jean Dethier, un architecte belge et un spécialiste de la 2 construction en terre crue, entrevoit une solution à la crise du loge¬ Le temps des peuples THAÏLANDE : Architectes « aux pieds nus » ment dans la modernisation des techniques de construction à base de ce matériau disponible partout en abondance. Notre couverture : détail du dessin de Tomás Pérez de la Partilla (Espagne), l'une des sélectionnées du Concours mondial de dessins d'enfants organisé en 1979 à l'occasion de l'Année internationale de l'enfant (voir légende de la couverture de dos). Rédacteur en chef : Edouard Glissant Photo Unesco/Jean-Claude Bernath Italien Turc Macédonien Finnois Une édition trimestrielle Hindi Ourdou Serbo-Croate Suédois en braille est publiée Tamoul Catalan Slovène Basque Persan Malais Chinois en français, en anglais, en espagnol et en Allemand Hébreu Coréen Bulgare coréen. Arabe Néerlandais Kiswahili Grec Japonais Portugais Croato-Serbe Cinghalais Mensuel publié en 31 langues par l'Unesco, Organisation des Nations Unies pour l'éducation, Français Anglais Espagnol la science et la culture Russe 7, place de Fontenoy, 75700 Paris. ISSN 0304-3118 N" 3 420 F i 1985 - OPI - 85 - 3 - ^ ^p^ Un concours mondial des jeunes architectes DANS le cadre de l'Année internationale de la jeunesse, l'Unesco a lancé, en collaboration avec l'Union interna¬ tionale des architectes, un concours mondial des jeunes architectes sur le thème « Habitat de demain ». 72 pays ont annoncé leur participation en organisant chacun un concours national pour sélectionner 5 projets parmi des présen¬ tées par des étudiants et des architectes de moins de 35 ans. Chaque projet devait être présenté sur deux panneaux de 700 x 1 000 mm et exprimer comment le candidat conçoit un modèle d'habitation enraciné dans le contexte socio-culturel de son pays, en harmonie avec son environnement et assimilant les acquis de la science et de la technologie. En mai 1 984, un jury composé de huit personnalités s'est réuni au siège de l'Unesco à Paris pour choisir 10 lauréats parmi les concurrents sélectionnés dans les concours nationaux. Selon le règlement du concours, les projets gagnants seront réalisés en maquette pour figurer dans le « Pavillon de la Paix mondiale Famille des Nations Unies » à l'Exposition internationale de Tsu- kuba (Japon), qui doit se tenir du 1 7 mars au 1 6 septembre 1 985. Le thème principal de cette exposition sera « La maison et son environnement Science et technologie au service de l'homme chez lui ». Avec la participation de Japan Airlines, les 1 0 lauréats se verront offrir par l'Unesco un séjour de deux semaines à Tokyo pour visiter « l'Expo Tsukuba'85 ». (Dans le cas d'une uuvre collective, un représentant choisi par l'équipe bénéficiera de l'invitation). Dans son appréciation des projets, le jury a noté que « le con¬ cept du futur et la notion du "demain" diffèrent selon le contexte socio-culturel et économique... Beaucoup d'architectes recon¬ naissent qu'il est déjà difficile de concevoir un habitat contempo¬ rain qui corresponde pleinement aux besoins et aux aspirations des femmes et des hommes d'aujourd'hui. D'autre part, on doit reconnaître que l'habitat de demain se construit aujourd'hui avec les connaissances conceptuelles et techniques de notre époque et que dans beaucoup de pays cet habitat ne peut être que l'adaptation d'une partie plus ou moins importante du parc immobilier existant. « Les nombreux projets reçus... montrent une grande diversité des préoccupations selon les pays. Outre les projets purement utopiques ou les projets qui relèvent du rêve, un grand nombre de plans font preuve d'un réalisme certain et montrent que les jeunes architectes sont non seulement préoccupés par l'intégra¬ tion du projet dans son environnement mais également par son insertion sociale. Par ailleurs, nombreux sont les plans qui met¬ tent en évidence que la formation des architectes s'est fortement diversifiée au cours des dernières années et que beaucoup d'écoles dans les pays en développement font aujourd'hui preuve d'une grande autonomie intellectuelle et se montrent par¬ faitement conscientes des spécificités du contexte socio-culturel du pays ou de la région dans lesquels les architectes sont appe¬ lés à opérer. » Les projets primés sont présentés de la page 8 à la page 17 et précédés, ci-contre, d'un texte où Kenzo Tange, président du jury, expose ses conceptions d'architecte et d'urbaniste. Les citations faites dans ces projets sont tirées des textes présentés par les candidats eux-mêmes. L'espace urbain par Kenzo Tange LORSQUE je fus diplômé de l'Univer¬ sité en 1938, l'architecture moderne était déjà en proie aux pièges du formalisme. Le mouvement moderne, qui se nommait lui-même rationalisme ou fonc¬ tionnalisme, avait rejeté toutes les tradi¬ tions, tous les styles du passé et était dominé par l'idée que « la boîte blanche » qui n'est en fait qu'un simple point de départ était le but à atteindre. Toute négation du passé était intégrée sans résistance. Moi, je ne pouvais m'empêcher de penser que l'ar¬ chitecture perdait ainsi de sa vitalité. J'étais alors fortement influencé par Le Corbusier, qui me semblait être le seul à placer son tra¬ vail au niveau de l'art architectural. J'étais aussi très attiré par l'architecture de la Renaissance et par Michel-Ange. L'étude de Michel-Ange me permit de comprendre la grandeur de la Grèce et de la Rome antiques. Je m'intéressais particuliè¬ rement à une collection d'immenses dessins ainsi qu'apparut le concept de typologie des fonctions. De toutes ces demandes et fonctions arbi¬ traires, nous dégageons celles qui paraissent les plus humaines, les plus essentielles, les plus orientées vers l'avenir : accompagnée d'un contenu métaphysique, la typologie des fonctions atteint alors la dimension du symbole. Mon travail sur Hiroshima m'avait per¬ mis de développer certains concepts mettant en jeu les relations entre l'architecture et la ville. Le Centre et le Parc de la Paix étaient devenus le c de la ville-mémorial d'Hiroshima... Je pris alors conscience de la nécessité d'ajouter un élément supplémentaire aux quatre fonctions définies dans la Charte d'Athènes*, et susceptible de conférer à la ville un caractère d'entité et de centralité. Cet élément fut le « noyau urbain », con¬ Entrée et jardins du sanctuaire d'Ise, au Japon. cept structurel, permettant de doter les vil¬ les, comme pour Hiroshima, d'une entité organique. Je compris qu'en termes de lieux de rencontres des habitants, l'architecture et architectural devait dépasser le point de vue fonctionnel pour aboutir à des concepts plus généraux. Clairement conscient du rôle de l'infor¬ mation dans notre société, je commençais à pressentir que l'espace urbain et architectu¬ ral, auparavant ouvert, aéré, exerçait en fait une force d'attraction. J'avais de plus en plus le sentiment que les espaces que j'avais interprétés précédemment comme étant représentant des agoras et des forums. A la même époque, je me passionnais pour l'ar¬ chitecture japonaise classique et surtout pour le Temple d'Ise qui me semblait être brute. Mais si, pour moi, la tradition agis¬ long de l'élaboration et de la conception des créés par Yécartement des objets physiques, exerçaient au contraire une force qui faisait adhérer ces objets. J'arrivais, peu à peu, à un prototype de l'architecture japonaise projets, elle n'apparaissait pas en tant que telle dans le résultat final. Cette prise en d'adhérence réellement active. Cette certi¬ compte de la tradition était liée au dessin du tude détermina une évolution fondamentale projet, bien que notre méthodologie revêtit dans ma manière de penser l'architecture et une dimension différente. l'urbanisme. et pour le Palais de Katsura. En 1946, je fus appelé à m'occuper du plan pour la reconstruction d'Hiroshima. Cette expérience se révéla pour moi d'une importance primordiale, me permettant alors d'entrevoir la difficulté d'ancrer l'ar¬ chitecture contemporaine dans la réalité japonaise, derrière laquelle nous pouvions discerner encore le poids de la tradition. sait comme un catalyseur, stimulant le déve¬ loppement de mes idées et présente tout au Tout d'abord, il fallait adopter une posi¬ tion critique vis-à-vis du fonctionnalisme. Il existe dans un bâtiment autant de fonctions différentes que d'usagers. Il convenait donc de tenir compte de la totalité de ces fonc¬ tions, définies d'ailleurs arbitrairement. considérer l'espace comme une énergie L'espace, lui-même, transmet des messa¬ ges aux hommes. En termes linguistiques, la structure établit la grammaire des messages. Elle est le réseau des moyens par lesquels les hommes peuvent communiquer entre eux. Nous parvenions à la conclusion qu'il est Dans le cas d'un hôtel de ville, par exem¬ impossible de comprendre un bâtiment, un s'amplifiait. Mon intérêt pour la tradition ple, il est clair que l'on doit faire face à tou¬ Yayoi, base de la société aristocratique, le céda alors à celui que je portai à la tradition tes sortes de demandes imposées par le groupe de bâtiments ou un espace urbain, sans introduire le concept de structure dans A cette époque, le débat sur la tradition maire, les conseillers, le personnel, les visi¬ Jomon, d'essence populaire. En quelque teurs... Etant donné cette variété, savoir sorte, la culture Yayoi pourrait être consi¬ quelle est la fonction véritable d'un hôtel de dérée comme apollinienne ou raffinée, et la ville devient d'une importance primordiale culture dans une approche méthodologique. C'est Jomon comme dy'onisiaque ou notre réflexion. La proposition de réorganisation structu¬ relle contenue dans notre plan pour Tokyo en 1960 était un premier pas vers une appro¬ che structurelle et non plus fonctionnelle. Nous tentions, dans ce plan, de saisir la structure de Tokyo, en termes de mobilité et de communications. A partir de là, nous proposions une réorganisation structurelle faisant de la forme centripète et fermée de la ville une structure linéaire, ouverte et extensible. De cette approche naquit le concept d'axe urbain, concept qui a maintenant acquis une certaine universalité. Dans le plan pour Tokyo, l'axe urbain apparaissait non seule¬ ment comme une structure physique, mais aussi comme une structure symbolique. Dans les années 1970, des situations de crise rendirent plus aiguës encore la com¬ plexité et la diversité des choses. Politi¬ quement, le monde devait faire face à des tensions entre l'Est et l'Ouest, le Nord et le Sud. Tous les éléments des problèmes à traiter étaient à ce point liés les uns aux autres, que des solutions indépendantes à des problèmes isolés devinrent impossibles. Comprendre la réalité devenait une entre¬ prise difficile, nécessitait une approche multi-dimensionnelle des problèmes. Pen¬ sés auparavant en termes d'équations linéaires, les problèmes devaient être réso¬ lus désormais par dimensionnelles. des équations Certains multi- prétendaient même qu'aucune approche n'était parfaite¬ ment acceptable. Ils décidèrent d'abandon¬ ner le champ de cette réflexion et de le contourner en parlant de la diversité des cri¬ tères de valeurs. Mais, ce qui, à mon sens, émergeait de tout cela, n'était pas la diversité. C'était plutôt la confusion. Dans de telles périodes, on a tendance à égarer l'architecte dans les méandres, les complications de la société de l'informa¬ tion. Sentant alors qu'il n'a plus personne à qui se fier, sinon lui-même, il revient à une esthétique hautement individuelle. Histori¬ quement, dans les périodes de fin de siècle, les hommes ont ainsi tendance à placer toute leur foi dans la seule beauté, à devenir des esthètes qui, peu capables de juger quelle sorte de beauté convient, recherchent toute chose nouvelle ou inhabituelle. Ils sont persuadés qu'afin de s'exprimer au sein de cette multiplicité de valeurs, il est Vue partielle du couvent de Notre-Damede-la-Tourette (1957-1959) construit en France par l'architecte français d'origine suisse Charles Edouard Jeanneret-Gris dit Le Corbusier (1887-1965), dont les conceptions influencèrent Kenzo Tange. On reconnaît dans cette réalisation le goût de Le Corbusier pour les effets plas¬ tiques et la liberté avec laquelle il traita le béton : celui-ci est laissé à l'état brut et garde l'empreinte coffrage. des planches du i Cet ensemble architectural situé à Riyad, en Arabie Saoudite, a été entrepris en 1976 par Kenzo Tange pour abriter le siège de la Fondation du roi Faysal ibn Jp 9 Abd al Aziz. Les bureaux de la Fondation sont situés dans les deux tours triangulai¬ res, au premier plan. Ce vaste ensemble comprend notamment une mosquée, une bibliothèque, une école religieuse et un bâtiment d'habitation. Des formes géo¬ métriques simples ont été partout adoptées. 3 H i <» 1 '- -e^SLmXm i*ljtfí ¿-~-~ Kenzo Tange réussit à fondre les formes de l'architecture moderne et celles de la tradition populaire japonaise, dont l'un des plus anciens exemples est le sanc¬ tuaire shinto d'Ise, probablement bâti au 7' siècle. Ci-contre, le temple intérieur du sanctuaireou naigu. Les pavillons de bois qui le composent représentent l'évolu¬ tion savante des modestes maisons pay¬ sannes primitives. Montés sur pilotis, ils portent un toit de chaume à forte pente que couronne un important appareil faîtier. Le Akasaka Prince Hotel de Tokyo, une tour de 40 étages aux ailes déployées, qui a été construite par Kenzo Tange. Les premiers plans de cet hôtel de 1 000 * -*> chambres furent réalisés en 1972 et la construction achevée en 1982. Bien que les façades soient partiellement revêtues d'aluminium, l'emploi de verre réfléchis¬ sant produit l'effet de légèreté et de transparence voulu par l'architecte. essentiel de créer quelque chose de diffé¬ rent. C'est ainsi que j'interprète les tentati¬ ves du post-modernisme, apparu dans les années 70 comme une antithèse de l'archi¬ tecture moderne. L'architecture moderne se définit, je pense, par deux périodes. Dans la première, elle s'est adaptée à la société industrielle. Dans la seconde, où nous sommes aujourd'hui, elle doit s'adapter à la société de l'information. La première période de l'architecture moderne était celle des projets de Le Corbu¬ sier et Walter Gropius, expressions de la société industrielle, qui revêtaient chacun la marque unique de ces Maîtres de l'architec¬ ture. Mon propre travail n'a d'autre inten¬ tion que de répondre à la question : que devrait être l'architecture de la société de l'information ? Je ressens comme une évidence le fait que l'architecture moderne est entrée dans sa seconde période. Bien que je ne sois pas friand du terme de post-modernisme, il représente des moyens et un vocabulaire visuel nouveaux qui contribueront peut-être à l'élaboration d'un nouveau langage, pour l'âge architectural à venir. Je ne pense pas, cependant, que le post¬ modernisme puisse devenir l'expression de la société de l'information. Découvrir le langage architectural et urbain propre à convenir à cette nouvelle société, tel est l'objet de ma recherche. © * La Charte d'Athènes, élaborée par' le quatrième Congrès international d'architecture mondiale (CIAM) en 1933, traitait de ce qui apparaissait alors comme les quatre fonctions majeures de la ville : le logement, les loisirs, le travail et les transports. KENZO TANGE, du Japon, est un architecte et urbaniste de renommée internationale. Le début de sa carrière fut marqué par la création du Centre de la Paix à Hiroshima 11951-1 956). Parmi ses réalisations les plus récentes, il faut citer le « Akasaka Prince Hotel » à Tokyo et le Siège de la Fondation du roi Faysal à Riyad, en Arabie Saoudite (voir nos photos). En 1984, Kenzo Tange a été élu à l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France, à Paris. L'article publié ici est tiré de son discours de réception. A - Dix projets du monde entier ARGENTINE ^ * ARCHITECTES Bibiana A. Ponzini v/ Eduardo A. González Susana N. Nari Eduardo H. Piaggio - Roberto O. Monteverdi Les fortes crues du Río Paraná font réguliè¬ rement des centaines de milliers de sans- abri, en majorité parmi des populations qui vivent de la chasse et de la pêche. Nom¬ r r h 'l éÊÊÊ^ breux sont ceux qui ne peuvent pas revenir au bord du fleuve pour y reprendre leur vie habituelle et doivent loger dans des abris « provisoires », où leur situation est déplo¬ rable. Ce projet préconise une solution urgente à ce problème, afin que les person¬ \Ji 1. *"^ nes touchées puissent rentrer chez elles et reprendre leur activité, mais à un degré d'organisation supérieur, de type collectif, reposant sur un mode d'habitation qui bénéficierait de tous les avantages de la technique moderne et conserverait en même temps l'essentiel de ses caractères traditionnels. Il s'agit donc de construire en bordure du fleuve des habitations dotées de toutes les installations nécessaires et d'équipements tels que des chambres à biogaz, des éoliennes, des fours à charbon, etc. Bâties seront à sur l'abri pilotis, des ces crues. Les habitations matériaux employés sont ceux que l'on trouve sur place : bois, paille, osier, sable, etc. - M -" #V 1 RSS DE BIELORUSSIE ARCHITECTES Valéry G. Keskévitch Nicolas A. Pouchkov Le projet a pour cadre la Polésie, contrée marécageuse qui couvre près d'un tiers du territoire de la Biélorussie. Son objectif est de créer « une structure écologique de type agro-industriel, Incorporant harmonieuse¬ ment des unités d'habitation, de logement et d'entretien, et équipée d'un système énergétique autonome fonctionnant sur l'énergie solaire, éolienne, hydraulique, ainsi que sur la biosynthèse. La khata biélo¬ russe traditionnelle (maison paysanne en bois) a servi de modèle pour la cellule d'ha¬ bitation. Les matériaux de construction sont produits à partir de résidus industriels et agricoles... Chaque cellule d'habitation est dotée d'une vaste terrasse ». " TUM KMPTHJ H» D UtEMNTS LiU 11 . * y*" M M nam coupe mm «*(* CUBA ARCHITECTES Jorge Tamargo González Alberto Rodríguez Alvarez Andrés Hernández Jiménez Marisela Biebla Aguiar r I II jdL. r^Ër. n » ÉáWtSf Mi -MH -BT mm menee U« >.», \\>-V', , ; j( Ce projet se propose de préparer la commu¬ nauté rurale de base aux transformations en cours ou à venir d'une société socialiste en progression constante sur le plan social, technique, économique et culturel... Au terme de cette évolution, « les différences entre la ville et la campagne auront été en grande partie effacées. Les habitants des zones rurales seront des techniciens, des professionnels ou des ouvriers hautement qualifiés. L'ensemble du système culturel leur sera parfaitement accessible et ils pren¬ dront une part active à la vie sociale, politi¬ que, culturelle et aux loisirs ». Le projet envisage des unités de 2 à 5 000 habitants de manière à enrayer la tendance actuelle à la formation de conurbations. La technolo¬ gie mise en mettre aux devra être simple et per¬ intéressés de construire eux- mêmes leur habitat. Les matériaux seront essentiellement ceux obtenus sur place. La structure urbaine devra être dynamique pour pouvoir évoluer avec le temps et selon les besoins. La communauté rurale sera dotée d'installations lui permettant de tirer de l'énergie du biogaz, du rayonnement solaire et de la force éolienne, et disposera d'un verger communal destiné à sa propre consommation. 10 FRANCE ARCHITECTES Pierre Alain Uniack Christian Menu Christophe Daguin Ewa Struzynska Le projet Aquapole est une « mégastructure pour une ville de la mer ». Cette unité flot¬ tante et mobile est à la fois un outil d'exploi¬ tation des richesses marines et une cité autonome conçue pour 1 0 000 habitants et leurs familles en fonction des impératifs du milieu. Aquapole se consacre, entre autres, à l'aquaculture, la conchyliculture, l'exploi¬ tation des nodules polymétalliques et des hydrocarbures, le dessalement de l'eau de mer, la pétrochimie, recherche. la métallurgie et la Cette structure tubulaire tridi¬ mensionnelle est composée de 8 pyramides doubles. Sept d'entre elles reçoivent en leur partie supérieure un quartier d'habitation regroupant environ 3 000 personnes, qui sont réparties dans des îlots plus réduits, véritables villages dotés des services, équi¬ pements de loisirs et commerces nécessai¬ res. Des panneaux captant l'énergie solaire sont intégrés aux structures d'habitation. La circulation se fait également sur trois niveaux : sur des noeuds secondaires des¬ servis par le réseau principal d'Aquapole (aérotrains, tubes élévateurs, héliports), se greffe un ensemble d'ascenseurs et de pla¬ teformes mobiles donnant accès aux « vil¬ lages ». Afin de résister à la salinité du milieu marin, sont surtout utilisés des maté¬ riaux de synthèse (résines, fibres optiques, fibres de carbone). 11 INDONESIE ARCHITECTES Arig Hidayat Hendro Sangkoyo Ce projet offre un modèle de développe¬ ment pour les villages de pêcheurs de la baie de Serui, dans l'Irian Jaya en Indoné¬ sie. La plupart des membres de ces petites communautés côtières en difficulté survi¬ vent grâce à une économie de subsistance et sont considérés comme des marginaux que l'on tente de replacer ailleurs ou de per¬ suader de prendre d'autres emplois. Les architectes ont prévu des structures grou¬ pées sur pilotis comportant des unités d'ha¬ bitation, des viviers, une école profession¬ nelle, un marché, ainsi que des coopérati¬ ves et des bâtiments administratifs. « Il est évident que pour les habitants de Serui, l'habitat de l'avenir ne saurait prendre la forme de mégastructures répondant aux données économiques et sociales des pays développés. Plus important encore, tout progrès réalisé dans l'expression de l'envi¬ ronnement physique (c'est-à-dire dans l'ex¬ pression architecturale) devra s'inscrire dans le cadre d'un développement commu¬ nautaire multidimensionnel. Aussi, l'ex¬ pression architecturale proposée ici pour la baie de Serui pourra être modifiée selon la configuration d'une autre localité dont les conditions économiques et sociales sont différentes. » 12 JAPON ARCHITECTES Munetoshi Kawaguchi Ryoko Kawaguchi Ce projet d'une « communauté agricole de banlieue » a pour ambition de créer un lien entre les collectivités rurales et urbaines, et de mettre à profit les techniques de pointe tout en respectant structure le milieu principale, de naturel. forme La linéaire, ' regroupe des unités de logement, un insti¬ tut de formation et un complexe agro¬ industriel. Les logements des agriculteurs se situent de part et d'autre d'un « couloir collectif » au rez-de-chaussée d'un bâti¬ ment de trois étages. D'autres bâtiments abritent les élevages de visons, de poulets et de lombrics. A gauche du bâtiment prin¬ cipal, des bassins circulaires permettent la culture des jacinthes d'eau et des chlorelles (algue verte d'eau douce). Les bâtiments communautaires sont entourés de champs et de vergers. L'énergie produite est d'ori¬ gine solaire et éolienne, ou tirée du méthane obtenu par fermentation des déchets et de la biomasse. Le cours d'eau (à droite) et le réservoir (en haut, à droite) offrent un espace pour les loisirs, ainsi qu'un habitat pour les espèces sauvages. Ils permettent également citadins d'éviter peuvent les inondations. Les s'associer aux travaux menés dans la ferme expérimentale en fin de semaine et durant les vacances. Les agri¬ culteurs vendent le surplus de leur produc¬ tion sur un marché ouvert le dimanche. 13 MEXIQUE ARCHITECTE José de Arimatea Moyao López Le projet « Habitat rural modulaire » envi¬ sage de regrouper les petites aggloméra¬ tions rurales dispersées, tout en préservant le caractère traditionnel de la vie dans les campagnes, par la création de cellules de 16 a 20 unités d'habitation, abritant un nombre égal de familles. La conception des cellules est inspirée des habitudes de voisi¬ nage au Mexique, où les habitations sont regroupées d'ordinaire autour d'une cour centrale. Les cellules modulaires ont la forme d'ailes de moulin et présentent des accès séparés pour les hommes et pour les bêtes. Un noyau d'installations sanitaires sera placé au centre de chaque cellule et son fonctionnement sera assuré par des techniques écologiques, permettant de tirer parti de l'énergie solaire et éolienne, ou de la pluie... De plus, grâce à la mise en place d'un système coopératif, la construction de ces cellules modulaires pourra être réalisée à bas prix. Enfin; la réunion de plusieurs cel¬ lules permettra de former des quartiers. 14 NIGERIA ARCHITECTES A. Duncan Ereomjuwa O. Sobóla Olusegun E. Ndem Bassey D.A. Adaramola Japhet Ce projet a pour objet la réhabilitation de Jenta Adamu, une zone située à la périphé¬ rie de la ville de Jos. « Cette zone est consi¬ dérée comme un bidonville car elle s'est for¬ mée spontanément, comme une sorte d'ex¬ croissance de Jos, et semble obéir davan¬ tage aux lois traditionnelles de la croissance urbaine qu'aux règles préétablies d'un plan directeur ». La majeure partie de sa popula¬ tion appartient aux ethnies haoussa et birom. Aussi, le projet tire-t-il son inspira¬ tion de l'ancienne tradition haoussa, qui veut que la communauté s'organise autour de deux pôles principaux qui communi¬ quent l'un avec l'autre ; ces deux pôles, qui étaient dans le passé le marché et le palais, sont en l'occurrence le point de conver¬ gence des activités sociales et économi¬ ques (comme le centre communautaire), et celui des activités éducatives (centre de formation professionnelle, espaces de loi¬ sirs, etc.), lesquels se trouvent reliés par une rue piétonnière. Les unités d'habitation, (pour une population de 2 736 personnes) sont des groupes de petites maisons en bri¬ ques construites autour du cikin gida, une cour intérieure servant à de multiples usages. 15 URSS ARCHITECTES Alexander Zusik Sergueï Ryspekov Anatoly Zagrudny Tatyana Ryspekova ; Ce projet consiste à créer un ensemble d'habitations pour 40 familles d'anciens nomades kirghiz installées au bord du lac Issyk-Koul, en République socialiste soviéti¬ que de Kirghizie. « Le passage des Kirghiz nomades à la vie sédentaire a introduit de nombreux changements dans le mode de vie de la famille et du clan, ainsi que dans les loisirs et les formes traditionnelles de com¬ munication. Néanmoins, la cohabitation de trois générations sous le toit familial reste une coutume vivace... Le plan du complexe d'habitations respecte l'organisation du campement nomade kirghiz, qui exige que les yourtes (tentes de peau) soient dispo¬ sées en fer à cheval... Par ailleurs, le village sédentaire traditionnel d'Asie centrale a servi de prototype pour l'utilisation des dif¬ férents niveaux... Les habitations qui épou¬ sent les plis du relief à la façon d'un tapis sont traversées par trois rues couvertes où se succèdent les commerces et les établis¬ sements de services, et où a été prévue une maison de thé. » 16 LE VILLAGE DES FLEURISTES AUX 'ALENTOURS DU HO TÂY (LAC DE L'OUEST) À HANOI VERS LE XI . SIÈCLE . AUX ALENTOURS DU HO TÄV DANS LES BANLIEUX NORD ET NORD -EST DE THANG LONG .CAPITAL ROYAL. SURGISSAIENT DES VILLAGES . SPÉCIALISÉS EN DIVERSES BRANCHES DE L'HORTCULTURE ET DE L'ARTISANAT LA FLORI¬ CULTURE Y JOUAIT UN RÔÏE HONORABLE CAR ON AIME LES FLEURS. OU SE TROUVENT PARTOUT AUX JOURS DE FÊTE . AUX MARIAGES . AUX FUNÉRAILLES A L'OCCA¬ SION DU TÊt( NOUVEL AN LUNAIRE) ON CRÉE DES MARCHÉS SPONTANÉS DE FLEURS DANS LES RUELLES DE HANOI LA FLORICULTURE DEMANDE DE ,,TECHNOJES,,MINUTEUSES ET DÉLICATES. MAE LES CAPRCES DU CLIMAT RESTENT NUISSLES LA CHALEUR DE LETE.LE FROC DE NORD-EST EN ! THÀNG LONG LA TOUJOURS MOUSSON HIVER... 1010 if*,«.* REPUBLIQUE Le projet de reconstruction d'un village lacustre des environs de Hanoi spécialisé SOCIALISTE dans la floriculture tient compte de la tradi¬ tion tout en tirant profit des techniques DU VIETNAM ARCHITECTES modernes de culture en serre et d'utilisation de l'énergie géothermique. Le plan prévoit un ensemble d'unités d'habitation familia¬ Nguyen Hoang Ha les, dotées chacune d'un jardin, ainsi qu'un Le Thi Dim Dung marché aux fleurs. « Chaque unité servira à Huang Dinh Tuan la fois au logement et à la floriculture... Le rez-de-chaussée sera aéré et communi¬ quera de plain-pied avec le jardin. Des cloi¬ sons amovibles en bambou ou en osier per¬ mettront d'isoler la pièce intérieure durant la saison froide. Cet espace sera réservé aux activités culturelles, sociales et écono¬ miques, ainsi qu'à la détente et aux loisirs. Les pépinières... se situeront également à ce niveau. La salle de séjour et les chambres à coucher composeront le premier étage. Les combles seront aménagés en serres pour la culture des fleurs fragiles ou le trai¬ tement des semis. » 17 La ville de l'an 2000 par Oscar Niemeyer L'EVOLUTION des villes a toujours ont disparu, grignotés par l'extension des été le résultat du progrès, des avan¬ commerces nés de la multiplication des cées de la technique, des nouveaux besoins quotidiens. moyens de communication, mais aussi de l'indifférence des hommes. Les nouveaux moyens de production et de transport, les nouvelles activités urbaines Dans les villes anciennes, tout était plus facile. La vie y était plus naturelle et la soli¬ et comme une zone urbaine en osmose avec la nature, la croissance démesurée de darité plus grande. Et puis, les petites places ques et trépidantes, mais où il ne subsiste . Säo Paulo a pratiquement éliminé tous où tout le monde se retrouvait, les ruelles plus les espaces verts. Ci-dessous, la tour Coàn, qui y fut construite par Niemeyer. étroites bordées de marchés animés et les jadis. A la différence de Brasilia, qui fut conçue quartiers résidentiels noyés sous la verdure surtout la révolution industrielle ont transformé les villes en métropoles dynami¬ rien de l'indispensable intimité de Les villes existent depuis des millénai¬ res... Certains des problèmes que nous y affrontons aujourd'hui se posaient peut- être déjà aux habitants de Ninive ou Babylone, et sans aucun doute à ceux de Rome et d'Alexandrie. Cependant, les métropoles étaient alors si rares qu'on peut dire qu'elles constituent véritablement un phénomène contemporain. Ainsi, dans On the Populousness of the Ancient Nations, le philoso¬ phe David Hume (1711-1776) soutenait, comme un ville ne fait d'expérience, compterait à qu'aucune l'avenir plus de 700 000 habitants: Pour sa part, William Pelter était persuadé que Londres attein¬ drait au maximum 5 millions d'habitants. Plus réaliste, Jules Verne (1828-1905) ima¬ ginait des villes pouvant avoir jusqu'à 10 millions d'habitants. Or, la croissance démographique des villes a dépassé aujour¬ d'hui toutes ces prévisions. Les maisons familiales ont été remplacées par des immeubles pouvant loger 200 per¬ sonnes, les rues ont été envahies par les voi¬ tures et les passants, la densité démographi¬ que des concentrations urbaines s'est accrue de façon incontrôlée et des problèmes de circulation, de bruit et même de sécurité ont commencé de s'y poser avec acuité. De grandes artères, des viaducs et des passages à niveaux ont entaillé le tissu urbain, laissant d'inévitables cicatrices, et l'homme s'est trouvé menacé d'asphyxie par sa propre imprévoyance, perdu et ignoré au milieu des masses anonymes. Devenus trop exigus, les anciens espaces urbains ont été livrés à la démolition par le pouvoir immobilier. Alignant d'énormes constructions, celui-ci a défiguré le paysage avec la même indifférence pour l'homme que pour la nature. L'unité que présentaient autrefois les vil¬ les a été rompue par l'implacable monoto¬ nie des cubes de verre de l'architecture rationaliste. Telle est l'explication qu'il est aujour¬ d'hui convenu de donner du phénomène de la croissance urbaine, en passant presque toujours sous silence l'odieuse discrimina¬ tion sociale qu'il recouvre. Seuls les pays qui ont aboli la propriété foncière ont pu offrir de nouvelles formules. En revanche, les mêmes erreurs continuent d'être commi¬ ses dans toutes les villes occidentales, qui sont accaparées sans vergogne par les riches, les pauvres se trouvant relégués dans de misérables baraquements de la périphérie. 18 « ... Ce sera une ville verticale, où les dis¬ tances seront réduites, ce qui répond à sa vocation première. » Dessin de O. Niemeyer. Du projet de « Cité industrielle » conçu consacrer, conscients et solidaires, à la lutte préserver dans les villes modernes, victimes en 1907 par l'architecte et urbaniste français politique et crier notre indignation et notre du progrès et de l'incompréhension des Tony Garnier, à la « Charte d'Athènes » révolte ? hommes. La ville de l'avenir ne sera pas (voir note de la page 7) publiée en 1933 par les Congrès internationaux d'architecture moderne, d'innombrables schémas urbains ont été envisagés, mais tous, y compris celui que propose la Charte d'Athènes, sont aujourd'hui fortement contestés. Les solu¬ tions qui s'imposent doivent être plus cohé¬ rentes et plus humaines, afin que l'on puisse rendre les rues aux piétons, redonner à la trame urbaine son unité organique et éviter conçue pour la machine mais, tout au con¬ Mais nous pouvons toujours rêver un peu et dire modestement comment nous imagi¬ nons cette ville du futur. Commençons par préciser qu'elle ne devrait pas, à notre sens, traire, pensée exclusivement pour l'homme, qui pourra la parcourir à pied d'un bout à l'autre, comme il le faisait autrefois. ces villes Ce sera donc une ville verticale, où les dis¬ médiévales qui aujourd'hui encore nous tances seront réduites, ce qui répond à sa tranquillité et les dimensions attirent tant, mais simplement en retenir la humaines, vocation première. La densité de la popula¬ tion y sera fixée à l'avance, afin d'éviter ces deux qualités essentielles que l'on n'a pas su explosions urbaines qui ont défiguré les se tourner vers le passé, vers cités du monde entier. Pour permettre aux que ne se créent de grandes zones désertes et abandonnées en dehors des heures piétons d'y circuler librement, les véhicules de automobiles seront laissés en stationnement travail. dans des parcs de la périphérie ayant direc¬ Les spécialistes de l'urbanisme discutent tement accès aux différents secteurs de la à en perdre haleine des problèmes des gran¬ des villes, à propos desquels ils ne ménagent ville, y compris au centre urbain, où seront placés les bâtiments administratifs, les pas leurs critiques : pollution, abus du pou¬ bureaux et les commerces. Les secteurs des¬ voir immobilier, densités insupportables, tinés à la santé, à la culture, à l'éducation et distances excessives entre les lieux de travail enfin au logement s'échelonneront, selon la et de résidence, etc. Mais dès qu'il s'agit des logique de l'organisation urbaine, du centre fa'velas (bidonvilles), des enfants qui traî¬ à la périphérie. nent dans les rues, de l'ouvrier qui quitte sa Cette ville sera multipiiable. Une série de maison à l'aube pour n'y revenir qu'à la villes sur ce modèle seront réparties le long nuit sans jamais voir ses enfants, le débat d'un axe, séparées les unes des autres par est tout de suite éludé, comme s'il s'agissait d'immenses là de choses naturelles et acceptables. espaces verts réservés à la détente et aux loisirs. Parallèlement à elles, Dans un contexte social aussi défavora¬ des zones seront consacrées à l'agriculture, ble, il est impossible de construire la ville de à la recherche scientifique et aux grandes l'an 2000. Telle qu'on l'envisage aujour¬ industries. d'hui, celle-ci ne ferait que reproduire de manière plus esthétique, peut-être les dis¬ criminations et les injustices monde du Telle est la formule que nous proposons. Il s'en présentera certainement beaucoup Devenir un véritable service pour tous les © capitaliste. Que faire dans ce pourrions-nous, nous cas ? Comment autres Latino- américains, sur qui pèsent encore les privilè¬ ges archaïques que s'est octroyés la bour¬ geoisie, concevoir la ville de l'avenir, qui ne peut avoir pour cadre qu'une société sans classes, juste et solidaire ? Comment pourrions-nous imaginer cette usagers ou bien cultiver le mirage d'un environnement toujours meilleur, réservé 1 à une fraction toujours plus restreinte de la population mondiale, voilà l'alternative à laquelle se trouve confrontée l'architec¬ ture moderne et que ce dessin de Le Cor¬ busier pose en ces termes : Le désastre contemporain, ou la liberté de l'organisa¬ tion spatiale ? ville idéale alors que nous ployons toujours sous le joug des dictatures et les chaînes de la servitude, et que les privilèges, le régime de la propriété foncière et l'autoritarisme nous privent de tout moyen d'agir ? Com¬ ment tracer les contours de cette ville du futur alors que la misère nous accable de plus en plus et que l'injustice nous contraint d'abandonner les tables de dessin pour nous s d'autres, mais nous estimons que c'est dans cette ville de petites dimensions, plus intime, plus humaine, que l'homme retrou¬ vera un jour la solidarité perdue et le charme de la vie urbaine d'autrefois, dont il a toujours conservé la nostalgie. OSCAR NIEMEYER, du Brésil, est l'un des plus grands représentants de l'école moderne d'architecture de l'Amérique latine. Sa con¬ tribution à l'édification de Brasilia, la nouvelle capitale du Brésil, lui valut une renommée mondiale. En 1956, le président nouvellement « Cette ville sera multipiiable. Une série de villes sur ce modèle seront réparties le long d'un axe... Parallèlement à elles, des zones seront consacrées à l'agriculture, à la recherche scientifique et aux grandes industries. » Dessin de O. Niemeyer. élu, Juscelino Kubitschek, lui confia la réalisa¬ tion des bâtiments officiels. A la demande de Niemeyer, un concours national fut ouvert pour le plan d'urbanisme de Brasilia, qui fut at¬ tribué à l'architecte Lucio Costa, l'ancien maître de Niemeyer. Agriculture Recherche scientifique Industries Villes tb6 Les métamorphoses du Caire Un séminaire consacré à l'un des problèmes par Hassan Fathy QUE les plus préoccupants qui se posent actuelle¬ ment aux pays du monde en développement demain ? Le développement de la ville moderne date Question d'autant plus stimulante sera Le Caire de du 19e siècle. Peu à peu, à mesure que l'on pour le chercheur que Le Caire est parvenait à régulariser le cours du Nil et à s'est l'exemple typique de la plupart des maux dont assécher ses abords marécageux, la ville gagna tenu au Caire du 11 au 15 novembre 1984. souffrent actuellement de nombreuses villes Ce séminaire de cinq jours intitulé L'Ex¬ du monde arabe. vers l'ouest jusqu'à occuper complètement l'espace compris entre la citadelle et le fleuve. En même temps, la construction de quartiers la croissance accélérée des villes pansion des mégalopoles : Comment faire face au développement urbain du Caire, était le neuvième séminaire international parrainé par la Fondation Agha Khan, qui a créé en 1976 un prix d'architecture afin « de favoriser la prise de conscience de la vigueur et de la diversité de la culture islami¬ que qui, combinée à un usage judicieux des technologies modernes, débouchera sur une architecture mieux adaptée au monde isla¬ mique de demain ». Le présent article s'ins¬ pire de la remarquable communication pré¬ sentée à ce séminaire par l'architecte égyp¬ tien Hassan Fathy, lui-même lauréat du prix En effet, l'agglomération cairote se trouve aujourd'hui confrontée à d'énormes problè¬ mes dans pratiquement tous les domaines de l'urbanisation : congestion du trafic, crise du logement, insuffisance des transports publics, absence de tout centre digne de ce nom, pénu¬ rie d'infrastructures administratives convena¬ blement situées, etc. Surtout, la ville souffre d'un syndrome d'aliénation et de dépersonna¬ lisation, les responsables de la planification urbaine et de l'architecture ayant emprunté à La construction de ponts fut le signal de l'ur¬ banisation de la rive occidentale avec la créa¬ tion des quartiers de Zamalek, Al-Awqaf et Madinat-al-Muhandisin (ville des ingénieurs), qui prolongeaient la zone construite jusqu'au désert occidental mais empiétaient aussi sur les terres agricoles qui alimentaient en légumes les marchés du Caire. l'Occident des modèles inadaptés, qui ont La pression démographique se traduisit par compromis le développement naturel de la cité un développement de l'agglomération le long en harmonie avec son environnement. d'un axe nord-sud donnant au plan de la ville en 1980. Le compte rendu des travaux du séminaire paraîtra cette année dans la série Le surpeuplement actuel, qui risque encore Transformation de l'architecture dans le de s'aggraver dans un proche avenir, exige la monde islamique que publie la Fondation création Agha Khan. s'ajouter à l'agglomération existante pour en d'une doubler encore, ville nouvelle pratiquement quelques la questions qui viendra superficie. Là essentielles se posent. Pour commencer, comment choisir le une physionomie très étirée. En même temps, le centre se déplaçait vers l'ouest, perpendicu¬ lairement à cet axe principal de prolifération du tissu urbain, ce qui ne correspondait guère aux conditions optimales d'un fonctionne¬ ment efficace ; d'où le chaos et la congestion du trafic. site de cette ville nouvelle ? Quel plan d'urba¬ Vers l'est, les constructions ont buté sur les nisme adopter ? Et quel style architectural ? escarpements du Moqattam et les baraque¬ Le site de la ville historique a changé plu¬ sieurs fois au cours des âges. Fustat, noyau du Caire actuel, a été fondée au début de la période islamique par Amr ibn al-As, qui y construisit son palais et une mosquée en 643. Deux siècles plus tard, en 872, Ahmad ibn Tulun, constatant que ce palais était devenu trop petit pour son administration et sa nom¬ breuse suite, édifia à son tour un vaste palais dans un nouveau quartier, au pied de la colline où sera érigée plus tard la citadelle, et distribua toutes les terres environnantes à ses officiers et courtisans. Ce nouveau quartier, baptisé alQata'i, ou lotissements, s'étendait du palais jusqu'au fleuve. En 875, Ibn Tulun construisit également la fameuse mosquée qui porte son nom. ments militaires ; les abords orientaux de la ville jusqu'au canal du Suez sont donc restés vacants et pourraient constituer le site du nou¬ veau Caire. La meilleure solution consisterait en effet à développer la ville future vers l'est lé long d'un axe qui la relierait à la vieille ville. La Cité Nasr, construite à partir de 1958 à l'est du Caire, permet de se faire une idée de ce que cela pourrait donner. La route Saleh Salem, qui mène à l'aéroport, aurait pu cons¬ tituer la grande artère vitale du projet si on avait vu suffisamment large au moment de sa conception pour permettre la construction de bâtiments administratifs et commerciaux, de voies de communication ordinaires et rapides, de parcs à voitures, etc. Malheureusement, elle a été conçue comme une simple rue, et au moment de l'édification de la Cité Nasr, des En 971 enfin, après l'invasion de l'Egypte constructions anarchiques ont proliféré vers par les Fatimides, le général Jawhar, com¬ l'est, justement à l'emplacement théorique de mandant des troupes victorieuses, fonda une la nouvelle ville et de son axe principal. cité entourée de remparts plus au nord pour son maître le calife fatimide Al-Mu'izz. Pre¬ nant possession de la ville pour en faire sa capitale dynastique, le calife lui donna le nom qu'elle devait conserver jusqu'à nos jours : Àl-Qahirah (« la victorieuse »), autrement dit Le Caire. La ville couvrait alors une superficie de quelque 150 hectares, mais en peu de temps, sous le règne du calife Al-Hakim, la popula¬ tion atteignit 100 000 habitants et Le Caire commença à s'étendre au nord et au sud. 20 modernes à l'européenne déplaçait le centre de la ville de Muski à Al-Khadra et Qasr-an-Nil. D'ailleurs, la Cité Nasr n'a pas été conçue comme partie intégrante du Grand Caire. Il devient urgent de tracer les plans de la ville future dans cette zone géographique, d'en définir le style architectural et d'empêcher la construction de tout bâtiment qui ne répon¬ drait pas aux normes du site ou à sa concep¬ tion architecturale. La planification de la future ville du Caire pourrait s'inspirer d'une conception modu¬ laire favorisant un développement organique et écologiquement équilibré de façon que cha¬ A l'époque médiévale, Le Caire atteignit que quartier, ou unité modulaire, de la plus son apogée sous les Mamelouks. Au milieu du petite à la plus grande, dispose d'infrastructu¬ 14e siècle, ses quelques 500 000 habitants en res correspondant au nombre de ses habitants. faisaient la plus importante ville d'Afrique, Les unités de base pourraient regrouper une Vue de la zone 2. mais aussi d'Europe et du Levant, en même centaine de personnes, riveraines d'une même (Voir article p. 22). temps que le centre intellectuel de l'Islam. rue ; on passerait ensuite à des unités de 500 personnes qui devraient disposer d'une épice¬ rie et d'une aire de jeux pour les enfants ; une troisième catégorie de modules regroupant un millier de personnes devrait disposer d'une école primaire. Quant aux modules numéro Construite vers 1170 (an 566 de l'hégire) par Salah al-Din al-Ayyubi (Saladin), le fondateur de la dynastie ayyubide, la cita¬ tecture qui n'auraient jamais pu se développer delle domine du haut d 'une saillie des col¬ notre héritage culturel. Ces normes aliénantes quatre, comptant de 5 à 10 000 habitants, ils lines al-Muqattam la partie historique de la ville du Caire. Ses éléments les plus constitueraient intéressants sont les murailles, les tours de véritables ensembles urbains disposant d'une école secondaire, et la mosquée de Nasr Mohammed. d'un marché, de bâtiments administratifs, tels si nous avions su nous mettre à l'écoute de notre environnement naturel en respectant nous furent imposées dans le passé par des puissances étrangères ; on peut y voir aussi une des retombées du bouleversement histori¬ que, culturel et économique lié à la révolution industrielle européenne. que banques, bureaux de poste, etc. Un exemple frappant du caractère aliénant En comptant 100 personnes pour 4 000 m2, chaque habitant de s'exprimer individuelle¬ de la conception architecturale et de la planifi¬ chacun de ces modules numéro quatre devrait ment tout en respectant l'harmonie esthétique cation des villes arabes modernes est l'aban¬ occuper une superficie de quelque 360 000 m2. Cet ordre de grandeur permet¬ trait à la majorité des habitants enfants des de l'ensemble. Cette diversité dans l'harmonie don de la maison arabe traditionnelle, tournée pourrait donner aux différentes unités archi¬ vers l'intérieur, où les pièces de séjour donnent tecturales ainsi créées le rythme d'un mouve¬ sur la cour avec sa fontaine de marbre, ses ment de sonate. arbres et ses buissons aromatiques qui rafraî¬ écoles primaires et secondaires, ménagères, public assistant aux réunions sportives et autres manifestations publiques de vaquer à leurs occupations à pied, ce qui permettrait de réduire d'au moins 80 % le trafic automo¬ On dit souvent que l'architecture constitue l'un des éléments le plus important de la cul¬ ture, si l'on entend par culture un dialogue chissent l'air et préservent une intimité dont la famille arabe est particulièrement jalouse ; à l'opposé, on a favorisé un type d'architecture harmonieux entre la nature et l'homme sou¬ tournée vers l'extérieur, où les pièces habitées donnent sur une rue goudronnée, bruyante et Avec les modules numéro cinq (50 000 per¬ cieux de satisfaire ses besoins spirituels et matériels. Le meilleur moyen de mesurer la sonnes) et six (1 million de personnes et plus), valeur artistique d'un projet est de se poser Le nouveau Caire de demain pourrait être on passe de la métropole à la mégalopole. cette question : cherche-t-il à satisfaire les une réalisation architecturale comparable aux Les urbanistes modernes s'efforcent d'éloi¬ besoins psychobiologiques de l'homme ou plus belles réussites de l'urbanisme mondial. gner des piétons le gros de la circulation auto¬ répond-il à une autre finalité ? Si le but pre¬ mier est bien de servir l'homme, alors on peut Mais si l'on parvient à concilier dans cette ville en débattre. Mais si l'objectif visé est d'une moderne et celles de l'identité arabe, elle cons¬ autre nature, politique ou économique par exemple, alors toute discussion préalable est tituera en tous cas un modèle pour l'ensemble bile à l'intérieur de l'agglomération. mobile. Pour ce faire, un boulevard périphéri¬ que devrait permettre aux automobilistes de pénétrer à l'intérieur des zones résidentielles par des rues sans issue, qui desserviraient uni¬ quement les riverains, et de laisser leur véhi¬ cule dans un parc à voitures central. nouvelle les caractéristiques de la ville du monde arabe et islamique. superflue. Il nous reste à définir le type d'homme pour Pour que Le Caire de demain soit à l'échelle qui nous entendons planifier et concevoir Le humaine, on pourrait prendre comme unité de base les modules numéro quatre. Et pour que Caire de demain et à connaître ses exigences spirituelles et matérielles en matière de loge¬ l'homme continue à s'identifier à son environ¬ empestée par les gaz d'échappement. ment avant d'entreprendre la conception HASSAN FATHY, architecte et urbaniste égyptien, a consacré sa vie au développement de techniques permettant une construction économique et adaptée aux besoins du tiers nement urbain, on pourrait prévoir des rues architecturale et le plan d'urbanisme. Cela monde. En 1946, il commença à travailler au sinueuses, dont les perspectives linéaires n'ex¬ céderaient pas 50 m, comme dans les villes arabes traditionnelles. Ainsi, la rue jouerait le même rôle de régulateur de température que la entraîne des recherches spécifiques. Du point nouveau village de Gourna, près de Louxor en de vue de la culture et de la'civilisation arabes, Egypte. Avec son architecture d'une grande nous devons faire face à un phénomène d'alié¬ beauté utilisant la terre crue et inspirée des cour traditionnelle des maisons arabes ; en même temps, l'architecture des maisons serait suffisamment diversifiée pour permettre à nation, si courant dans les pays arabes en traditions locales, ce village apparut comme matière d'urbanisation. une solution révolutionnaire. Fathy a exposé ses conceptions de l'architecture, de la con¬ Les villes arabes modernes ont adopté des normes étrangères de planification et d'archi struction économique et coopérative dans son livre Construire avec le peuple (1970). 21 L'Unesco et la sauvegarde du Vieux Caire L'INSCRIPTION en 1979 de la vieille ville du Caire sur la Liste du patri¬ moine mondial, au titre de la Convention de l'Unesco pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, a confirmé la valeur universelle de la par¬ tie historique de cette ville. Néanmoins, la préservation de plus de 600 bâtiments classés, dans une ville en pleine expan¬ sion dont la population passera probable¬ ment de 12 à 16 ou 20 millions d'ici à l'an 2000, pose des problèmes considérables. En février 1980, à la demande du gou¬ vernement égyptien, l'Unesco a décidé d'envoyer au Caire une mission chargée d'établir un rapport sur la marche à suivre pour sauvegarder la vieille ville. Les mem¬ Vue de la zone 6. bres de cette mission se sont rendus à L'équipe a proposé que deux mesures plusieurs reprises sur les lieux entre les prioritaires soient envisagées pour le sec¬ teur à l'étude. La première est une mois de février et d'août 1980. L'équipe a concentré son étude sur un secteur d'environ 3,5 km2 (voir plan), con¬ tenant 450 bâtiments classés. Elle a pu constater que les ressources prévues pour l'entretien de ces monuments histo¬ riques étaient tout à fait insuffisantes vu l'ampleur des problèmes posés. Les ruel¬ les médiévales sont inextricablement mesure d'ordre général consistant à réno¬ ver les logements, restreindre le volume, le nombre et la vitesse de circulation des véhicules autorisés dans le secteur et améliorer l'entretien des chaussées, le nettoyage des rues et la collecte des ordures. première, réglementer la construction, remettre en état les sites et les édifices existant, développer et améliorer les ser¬ vices sociaux de quartier. Les six groupes de monuments ont été choisis pour former d'éventuelles zones de conservation et de restauration. Prati¬ quement équidistants les uns des autres, ils se succèdent des portes septentriona¬ les de la vieille ville à la Mosquée Ibn Tulun (voir dessin), chacun étant concen¬ et des petits commerçants traditionnels, Sur un plan plus spécifique, l'équipe a proposé dans son rapport l'adoption d'ur¬ gence d'un programme quinquennal por¬ tant sur six zones prioritaires contenant des groupes de monuments. Dans cha¬ et les édifices menacent ruine, à cause de cune de ces zones, une action immédiate rents, ces groupes de monuments ont été espacés de façon que leur réhabilitation produise le maximum d'effets sur l'en¬ leur vétusté, du manque d'entretien et des ravages que provoque l'élévation du niveau de la nappe phréatique. doit semble du centre de la vieille ville. embouteillées, des industries et des entreprises mal assorties à ce cadre y ont été implantées au détriment des artisans être engagée pour restaurer les monuments et leur affecter de nouveaux usages compatibles avec leur vocation tré dans une même rue sur un périmètre d'environ 250 m. Tout en étant très cohé¬ Ces six zones prioritaires située dans sont les suivantes : Zone un : le shari' (rue) Secteur d'étude englobant Mu'izz-li-Din-Allah, le clur fatimide du les six zones de conservation prioritaires Caire, à l'emplacement des anciens palais fatimides qui furent remplacés par d'autres bâtiments importants sous les Ayyubides (1171-1250) et les Mamelouks (1390-1517). Du point de vue historique, cette zone témoigne de l'essor de la typi¬ que mosquée-maoYasa (école coranique), flanquée du mausolée de son fondateur. Les structures d'importants bâtiments publics et commerciaux y subsistent encore, souvent cachées par les devantu¬ Cimetière res des magasins. En raison de la proxi¬ mité du Khan Al Khalili et du shari' Al- Azhar, ce secteur est très touristique et donne, grâce à son exceptionnel patri¬ moine architectural, un parfait aperçu du Caire islamique. Zone deux : située sur le shari' Al- Gamaliya, l'une des rues les plus belles et les plus homogènes du Vieux Caire. Allant de Bab-el-Nasr (une porte de la ville) au tombeau de Hussein, elle tra¬ verse du nord au sud la vieille ville fati¬ A / \y Vieux Caire ' i C s O 1Km Plan schématique de la partie historique du Caire. 22 mide et contient de superbes wakalas (bâtiments donnant sur une cour et occu¬ pés au rez-de-chaussée par des échop¬ pes surmontées de locaux d'habitation), ainsi que des sabil-kuttabs (bâtiments d'une seule pièce avec au centre une fon¬ taine publique que surplombe une galerie où on enseigne aux enfants à réciter le Coran). Cette rue constitue également le pôle d'attraction des quartiers résiden¬ tiels adjacents, qui y ont accès par de nombreuses voies latérales. Zone trois : entourant la Ghourlya, cette zone contient les bâtiments élevés par le sultan mamelouk Al-Ghoury et plusieurs souks (marchés) traditionnels. Ceux-ci s'étendaient au départ vers le sud, du shari' Muski jusqu'au complexe Mu'ayyad (Zone quatre), et étalent coupés par le shari' Al-Azhar. Vers l'est, près du shari' Hammam Al-Masbaha, se trouve un mar¬ ché aux légumes qui attire la clientèle des quartiers environnants. Encore plus loin à l'est, à la bordure de cette zone, la Mos¬ quée Al-Azhar est à la fois un grand centre touristique et religieux. Zone quatre : centrée sur Bab Zuweila, la porte de l'enceinte de la ville fatimide qui permet le passage au sud vers les quartiers extérieurs aux murailles. Cette porte marque dans la vieille ville le début d'un ensemble architectural unique, regroupé le long d'un axe qui va du petit espace dégagé devant la porte jusqu'à la rue couverte des tisseurs de tentes. Cette zone souffre de l'intense circulation auto¬ mobile qu'entraînent les activités indus¬ trielles du voisinage et on y trouve de nombreux îlots délabrés et abandonnés. Elle n'en demeure pas moins un centre vital pour la partie sud de la ville fatimide. Zone cinq: le long du shari' Ba AlWazir, une section de la rue qui joint Bab Zuweila à la citadelle et qui est elle-même une ramification du principal axe nord-sud du Caire islamique. Cette rue a bien mieux conservé son caractère et ses acti¬ vités traditionnelles que l'axe qui s'étend au sud de Bab Zuweila. Plusieurs mos¬ quées et mausolées datant de l'époque des Mamelouks, ainsi que quelques beaux bâtiments résidentiels anciens A la suite des conclusions de la mission la crise du logement, quelque 500 000 envoyée personnes au Caire (voir ci-contre), vivent dans les cimetières, dont les structures subsistent encore, en l'Unesco chargea en 1982 l'architecte Jim font une zone de réhabilitation potentielle¬ Antoniou de « délimiter dans le plan de Ces cimetières contiennent quelques-uns ment Importante. Elle comprend égale¬ sauvegarde les zones de conservation pour les secteurs de al-Fustat, du Vieux Caire, de la Citadelle et des cimetières des plus beaux mausolées et monuments nord et sud » (voir plan page 22). En rai¬ son de la pression démographique et de des Mamelouks burjites (1382-1517 de ment de nombreux ensembles résiden¬ tiels modernes, ainsi qu'un vaste espace ouvert aux formes irrégulières situé der¬ rière la Mosquée Bleue, qui fait office de centre pour la jeunesse. La circulation y est moins intense que dans d'autres sec¬ teurs, bien que de grands autobus desser¬ vant cette ligne y provoquent souvent des embouteillages. autour des tombes et dans les caveaux. du monde islamique. Ci-dessus, le cime¬ tière nord, où se trouvent les tombeaux l'ère chrétienne/785-924 de l'hégire). Bab Zuweila, la porte sud de la ville fatimide (zone 4). Zone six : le long de la rue qui va de la Mosquée Ibn Tulun à la citadelle, se suc¬ cèdent de beaux bâtiments de l'époque des Mamelouks et des Ottomans. Cette zone est traversée par le grand axe nordsud qui mène de Bab Zuweila au cime¬ tière de Saida Nafisa, et dispose de possi¬ bilités d'extension. C'est celle qui a leplus souffert du changement et de la pro¬ motion immobilière, la rue Saliba étant devenue une très grosse artère. à zñ, Ce texte est tiré du rapport technique intitulé Conservation de la vieille ville du Caire qu'a établi la mission envoyée par ¡'Unesco dans cette ville. Les dessins qui en illustrent le texte sont de Jim Antoniou, le directeur local du pro¬ -> Ä . jet, qui est également l'auteur de Islamic Cities and Conservation (Les villes islamiques et leur conservation), publié par ¡'Unesco en 1982. 23 ; La ville ¡ Les problèmes et l'avenir des grandes métropoles mondiales, tel fut le thème débattu par les huit cents participants d'un symposium international, « Metropolis 84 », organisé à l'initiative du conseil régio¬ nal d'Ile-de-France et qui a eu lieu à Paris du 10 au 12 octobre 1984. Le compte rendu des débats, dont cet article est tiré, a paru dans les Cahiers de l'I.A. U.R.I.F. (Institut d'aménagement et d'urbanisation de la région d'Ile-de-France), Paris, n° 74. Il reprend les quatre thèmes principaux du symposium : démographie et urbanisation, mutations économiques et technologiques, transports, culture et cadre de vie. , , E 1900 à 1975 le nombre des villes millionnaires a décuplé, celui des villes de plus de 5 millions d'habi¬ tants a été multiplié par 20. Au cours de la même période, la population totale des 25 plus grandes villes a plus que quadruplé et sera multipliée par 8 ou 10 en l'an 2000. Leur taille moyenne passera ainsi de 2 à 16 millions d'habitants et elles regrouperont pratiquement 6 % de la population mon¬ V-r \ diale et 12 % de la population urbaine. En : l'an 2000, plus de la moitié des 25 villes de plus de 10 millions d'habitants et près de la moitié des villes de plus de 4 millions d'ha¬ bitants seront situées en Asie. L'universalisation de l'urbanisation est un fait nouveau. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, le monde comptera vers l'an 2000 plus d'urbains que de ruraux. Si l'on qualifie de métropoles les agglomé¬ rations dépassant le million d'habitants, celles-ci rassembleront alors 60 % de la population urbaine, soit plus d'un milliard et demi d'individus. Autre changement, l'universalisation de l'urbanisation va s'accompagner d'un bas¬ culement du poids respectif des métropoles du tiers monde et des pays développés. Cel¬ les des pays industrialisés stagnent ou régressent (Londres a perdu 2 millions d'ha¬ bitants en 40 ans) ; celles des pays en déve¬ loppement connaissent une très forte expansion. En 1975, il y avait 262 millions de personnes dans les métropoles des pays développés contre 244 millions dans celles Avant l'an 2000, pour la première fois dans l'histoire, les villes compteront plus d'habitants que les campagnes. Les cita¬ dins (qui seront plus de 1,5 milliard), vivront pour la plupart dans des conurba¬ tions de plus d'un million d'habitants. L'encombrement des villes est illustré par cette vision de la foule compacte qui se presse dans une rue de Tokyo. En 1980, Tokyo et sa région regroupaient, avec leurs 28,9 millions d'habitants, le quart de la population japonaise. aujourd'hui et demain du tiers monde ; vers l'an 2000, ces derniè¬ res compteront 914 millions d'habitants, plus du double des 444 millions prévus pour les métropoles des pays développés. Cette évolution démographique et urbaine va se dérouler dans un contexte de crise économique. Le déséquilibre dans la répartition des populations va donc s'ac¬ compagner d'un écart grandissant dans la répartition des richesses. Et cela dans un monde de plus en plus unifié par l'accroisse¬ ment des facilités de transports, la multipli¬ cation des échanges commerciaux, la per¬ méabilité des frontières et des cultures à la diffusion de l'information. L'augmentation de la mobilité des hom¬ mes y est inéluctable, d'une région à l'autre, d'un pays à l'autre, d'un continent à l'au¬ tre, sous l'effet de l'attrait qu'exerceront, par delà les barrières dressées aujourd'hui aux frontières, les potentialités réelles ou supposées des métropoles. L'exemple de la Californie, qui agit vis-à-vis de l'Améri¬ que latine comme un puissant aimant, est peut-être prémonitoire. Dans les métropoles des pays développés, en faible croissance ou en perte de popula¬ tion, l'enjeu aujourd'hui réside dans la revi¬ talisation des activités, la mise en valeur du patrimoine, la lutte contre la dévalorisation de certains quartiers, avant leur transfor¬ mation en ghettos, l'optimisation de l'utili¬ sation des infrastructures existantes. Au contraire, les métropoles des pays en développement cherchent à contrôler leur croissance démographique, à organiser les extensions urbaines, à combler leur déficit en équipements et services et à absorber de façon productive la main-d' disponible. Les responsables des métropoles des pays en développement sont confrontés à des problèmes de croissance alarmants par leur rapidité. Les agglomérations urbaines y ont, en moyenne, des taux de croissance qui se situent entre 5 °Io et 7 % l'an, ce qui entraîne leur doublement tous les 15 ans. C'est par centaines de milliers que se comp¬ tent, chaque année, les populations nouvel¬ les (350 000 au Caire, 300 000 à Bangkok, 750 000 à Mexico), et par milliers d'hectares les surfaces soustraites à l'agriculture, sou- Problème réservé d'abord aux pays qui ont les premiers fait un usage massif des véhicules automobiles, les encombre¬ ments de la circulation urbaine sont deve¬ nus également une préoccupation crois¬ sante dans de nombreuses villes du tiers monde. Des embouteillages gigantes¬ ques se produisent régulièrement dans les rues de Lagos, Bangkok et Säo Paulo (ci-contre). Faute d'un nombre suffisant d'infrastructures pour répondre aux besoins actuels, les villes des pays en développement sont confrontées aujour¬ d'hui à une demande croissante de trans¬ ports publics de la part d'un nombre immense d'usagers aux faibles revenus. vent dans les secteurs agricoles les plus riches du pays. Tous les éléments dont on dispose mon¬ NeVM trent que cette croissance rapide va se pour¬ suivre durant de nombreuses années. population rurale représente 15-20 m- La encore aujourd'hui des effectifs considérables. Son paulo taux de natalité, plus fort que celui des vil¬ les, y génère une croissance démographique bien supérieure à ce que l'agriculture peut pS**fi* intégrer (1,5 % l'an selon les experts). Si la natalité est plus faible dans les villes, pour des raisons culturelles, la mortalité y est V°S ^ de Janeiro 20 m- beaucoup plus faible encore. La croissance naturelle de la population urbaine est de ce fait plus rapide que celle de la campagne, comme en témoignent les exemples mexi¬ cains, indiens ou chinois. Face à cela, nombre de pays et de métro¬ poles s'attachent par tous les moyens à con¬ trôler la croissance métropolitaine : politi¬ que démographique et encouragement national à la dénatalité dont la Chine donne l'exernple le plus frappant, promotion des activités agricoles et développement d'acti¬ vités connexes dans les bourgs ruraux, déve- _ loppement des villes de taille intermédiaire. « N»'eS Tout le monde s'accorde à penser cepen¬ dant que la croissance métropolitaine demeurera, pendant plusieurs décennies, à un niveau analogue à celui que l'on connaît IW aujourd'hui. Les responsables des métropo¬ 2025 les du tiers monde devront donc prévoir et 16 "i \\ organiser l'accueil de ces flux imposants d'habitants nouveaux. complémentaires : création de zones de développement, de quartiers nou¬ veaux, de villes nouvelles ; extension des réseaux d'infrastructure, industrialisée ou Bueno* ^ etc. auquel on sait réaliser de telles opérations et celui qui serait nécessaire du fait de la pous¬ sée démographique. A cela s'ajoute le pro¬ blème du faible niveau de solvabilité des populations, que la crise actuelle ne fait qu'accentuer. Les métropoles des pays en développe¬ ment sont confrontées à un accroisse¬ ment démographique d'une ampleur sans précédent. développement économique, et donc l'em¬ Ci-dessous, immeubles en construction à Abidjan, capitale de la Côte d'Ivoire. La population de la ville, ploi, estimée en 1982 à deux millions d'habi¬ Partout est mis en avant le fait que le ne progresse C'est au pas au travers rythme des des difficultés d'emploi, de la pauvreté, que les métropoles du tiers monde offrent l'image la plus dou¬ loureuse, depuis l'inquiétude du travailleur dont le prix du logement rogne de plus en plus le budget, jusqu'à l'angoisse de ceux qui se savent irrégulièrement installés. L'emploi est le défi numéro 1. C'est en même temps la voie vers une solution de tous les problèmes évoqués, qu'ils se mani¬ festent dans la métropole ou ailleurs. A cela s'ajoute le coût élevé de l'urbanisa¬ tion dans les agglomérations "de grande taille. Dans les pays en développement, les ressources nationales sont limitées. Et il n'est pas facile de définir une politique urbaine qui permette un développement satisfaisant des métropoles sans hypothé¬ quer le développement économique et social du pays dans sa totalité. Les métropoles des pays développés ont connu, au cours de ce siècle, des phases de croissance rapide que la plupart des respon¬ sables ont tenté de juguler par des mesures diverses. La situation est bien différente aujourd'hui, et si certaines agglomérations progressent encore (Los Angeles, Moscou, Madrid), d'autres semblent stabilisées SUITE PAGE 29 26 \VSp construction auto-construction, Mais il existe un décalage entre le rythme besoins. lsâo \\ Les solutions retenues sont diverses, et souvent a tants, double tous les sept ans. 1984 L 'explosion urbaine dans le monde Selon les prévisions actuelles de L 'Orga¬ nisation des Nations Unies, en 2025 il y aura 93 métropoles de plus de 5 millions d'habitants. Pointillés : métropoles des pays développés Traits continus : métropoles des pays en développement 1984 34 métropoles de plus de cinq millions d'habitants Carte et graphique reproduits avec l'aimable autorisation de National Geographic Magazine, Washington, D.C Graphiques produits par le Laboratoire de cartographie élec¬ tronique de la National Geographic Society. Cane établie par Daniela Collins â partir des données de la Division de la population de l'Organisation des Nations Unies. Recherches : Susan B. Malcolm et Barbara W. McDonnell. Population en milliards d'habitants Pays en développement Pays développés Schéma de la croissance démographique dans les pays industrialisés (à gauche) et les pays en développement (à droite). Les pourcentages du nombre de citadins apparaissent en gris, ceux des habitants laire, mais la population totale s'est pres¬ que stabilisée et ne fera sans doute plus que progresser légèrement, passant de 1,2 milliard à 1,4 milliard en 2025. Dans le tiers monde, les chiffres doubleront pres¬ des zones rurales en couleur. Dans les que, atteign n? ç 8 milliards d'habitants, pays industrialisés, le pourcentage des premiers a augmenté de façon spectacu localisés surtout dans les zones urbaines. 27 Des nattes et des sacs de toile offrent un abri de fortune à ces Immigrants installés devant des tours d'habitation à Bombay. Comme beaucoup de villes du tiers monde qui connaissent une croissance rapide, Bombay, qui possède un parc immobilier vétusté et insalubre, subit une crise aiguë du logement : 84 % des loge¬ ments n 'ont qu 'une pièce et 52 % d'entre eux sont occupés par six personnes au moins. On a constaté que même les loge¬ ments les moins chers n'étaient accessi¬ bles qu 'à 40 % de la population de la ville. Celle-ci reçoit tous les jours 500 nou¬ veaux arrivants. SI ce rythme se main¬ tient, l'Organisation des Nations Unies estime que d'Ici à l'an 2000, le Grand Bombay comptera plus de 17 millions d'habitants. Les coupoles et les flèches de l'église de Salnt-Baslle-Ie-Bienheureux dominent la Place Rouge, au cpur de Moscou. La conurbation de Moscou comprend la ville même (qui compte actuellement 8,3 mil¬ lions d'habitants) et sa banlieue (4,2 mil¬ lions d'habitants). Le développement de la ville est régi par des plans directeurs s 'étendant sur 20 à 25 ans. La population s'accroît en moyenne de 90 000 person¬ nes par an, mais cette croissance est ralentie par les restrictions Imposées à la création de nouvelles zones d'emploi. L'un des graves problèmes auxquels se heurtent actuellement les grandes métro¬ poles est de parvenir à la décentralisation et à une plus grande participation sociale à la gestion urbaine. Ci-contre, l'Univer¬ sité nationale autonome de Mexico, ville dont la population s'augmente chaque année du nombre 750 000 personnes. 28 impressionnant de SUITE DE LA PAGE 26 (ITle-de-France, la Randstad Holland), ou se dépeuplent (Londres, New York, Bruxel¬ les). La limitation recherchée est atteinte, et pourtant persiste une certaine insatisfaction. une citadelle isolée. les, régionales, fédérales, nationales, il est Elle entretient des échanges multiples avec les régions environnantes. Même quand elle perd des habitants, la métropole continue d'en accueillir des dizaines, des centaines de organisme statique, clair que partout la région urbaine doit être C'est que, même lorsque la population des agglomérations ne progresse plus, voire régresse, l'espace occupé, lui, ne cesse de milliers. Des échanges intenses et perma¬ s'étendre, jusqu'aux limites de l'acceptable lation diminuer notamment en ce qui réseaux et les équipements concerne les dans le con¬ texte économique que nous connaissons nents se produisent en son sein : certaines parties de l'agglomération voient leur popu¬ les centres souvent alors que d'autres progressent. C'est pour¬ quoi l'extension urbaine et le réaménage¬ ment des centres sont souvent des problè¬ mes à affronter simultanément. aujourd'hui. Dans le même temps, sous l'effet de la La diversité des situations autorise-t-elle crise, les problèmes qualitatifs se multi¬ des réponses communes ? Les différences plient : démographiques, sociales, économiques et mutations socio-professionnelles liées aux tranformations industrielles, pau¬ périsation croissante de larges fractions de la population métropolitaine et développe¬ ment des problèmes sociaux qui s'appellent délinquance, drogue, criminalité. La multi¬ culturelles sont évidentes entre les conti¬ nents. Au surplus, chaque situation con¬ crète, fruit d'un site et d'une histoire, est unique. Un point essentiel est celui de la faisabi¬ lité technique, culturelle et financière des diverses politiques urbaines. L'expérience mondiale nous montre bien ce qui différen¬ cie les expériences réussies des échecs : ce n'est pas la qualité urbanistique ou esthéti¬ que des projets, leurs qualités intrinsèques, mais leur adéquation à un contexte local technique, administratif et financier. Dans ce domaine, d'immenses progrès sont à faire, que la crise économique comme la fai¬ ble solvabilité des populations urbaines du tiers monde ne rendent que plus nécessaires. C'est pourquoi la participation des citoyens aux choix d'aménagement est par¬ tout mise en avant. La rapidité de la crois¬ sance, la diversité des cultures, l'impor¬ l'échelon métropolitain s'im¬ tance des populations concernées, la com¬ plication du nombre des démunis est un signe de mauvaise santé de la société tout pose de plus en plus comme un niveau privi¬ plexité des procédures sont autant d'obsta¬ légié de réflexion et d'intervention. Si les cles qui restent à surmonter pour assurer entière. Dans la ville, ces populations vulné¬ contours de la métropole restent flous et rables se concentrent, accentuant les strati¬ évolutifs, une réelle participation des citoyens... et les meilleures chances de succès aux opérations fications sociales dans l'espace. action avec celle des collectivités communa Pourtant l'expérience accumulée au cours des 50 dernières années a permis de dégager une « technique urbaine » qui fait l'objet d'un assez large consensus. Mise en euvre, sous des formes variées, dans la plu¬ part des pays, ses traits principaux sont : le polycentrisme. L'idée s'est imposée que l'organisation urbaine ne peut reposer que sur un réseau de centres hiérarchisés, démultipliant les services offerts aux habi¬ tants ; en témoignent les expériences de l'Ile-de-France, de la Randstad Holland, de Londres ou de Los Angeles ; la notion de discontinuité. Les coupures vertes permettent de briser la continuité d'une urbanisation en nappe que tous les pays refusent désormais ; Montréal, Los Angeles, Moscou, Bruxelles, Copenhague, l'Ile-de-France, la Randstad Holland en donnent des exemples variés ; l'importance de la réhabilitation. Elle apparaît comme un facteur essentiel d'un meilleur enracinement de la population ; l'optimisation des opérations d'aména¬ gement. Leur taille s'est considérablement amenuisée, permettant d'introduire des techniques d'intervention plus fines et, par conséquent, plus adaptées, plus humaines et mieux intégrées au cadre urbain ; le souci des économies d'énergie. Après le tournant des années 70, il a modifié les perspectives de l'urbanisation ; une disper¬ sion excessive s'avère coûteuse : axes privi¬ légiés, pôles de rabattement, regroupement des services sont autant de thèmes qui gui¬ dent l'aménagement aujourd'hui. L'expérience permet aussi de dégager la grande complexité des phénomènes métro¬ politains. La grande métropole n'est pas un Après avoir connu des périodes de crois¬ sance rapide au cours de ce siècle, beau¬ coup de métropoles des pays industriali¬ sés semblent voir aujourd'hui leur popu¬ lation stagner ou même diminuer. Lon¬ dres, ci-contre, est l'une des grandes vil¬ les qui connaissent un recul démographi¬ que. Le Grand Londres a perdu quelque 2 millions d'habitants en 40 ans (8,6 millionsen 1939 contre 6,7 millions en 1981). Selon les prévisions, ce dépeuplement se poursuivra, mais dans des proportions moindres. Partout, appréhendée dans son ensemble. si celle-ci doit conjuguer son futures. L'homme et le citadin L'HOMME est de plus en plus un cita¬ din. Alors qu'en 1960 environ un tiers de la population mondiale vivait dans des villes de moyenne Impor¬ tance et de grandes métropoles, cette proportion devrait atteindre environ 50 % à la fin du siècle. Par ailleurs, la taille de ces grandes métropoles augmente elle aussi. En 1950, ¡I n'y avait que six agglo¬ mérations urbaines de plus de 5 millions d'habitants ; aujourd'hui il y en a 26 et à la fin du siècle il pourrait y en avoir 60, dont 48 situées dans des pays en dévelop¬ pement. C'est dans les grandes villes que les problèmes de croissance démographi¬ que prennent des proportions effrayan¬ tes : la population urbaine du tiers monde augmente au rythme de 3,6 % par an, presque deux fois plus vite que la popula¬ tion en général et certaines métropoles se développent trois ou quatre fois plus rapi¬ dement, quelques-unes à un rythme de plus de 10% paran. Les conséquences sont énormes pour les pays du tiers monde qui devront assu¬ rer services de base, alimentation et emploi à une population au moins deux fois plus nombreuse que celle qui réside actuellement dans les zones urbaines. Beaucoup de métropoles connaissent déjà bien ce problème (mais peu d'entre visant à identifier ce qui rend les systèmes urbains vulnérables à mesure qu'ils évo¬ luent et exposer, dans leurs grandes lignes, divers moyens d'accroître leur résistance et leur capacité d'adaptation aux changements. Tenant compte d'une des principales recommandations du Plan d'action les politiques relatives à la répartition de la population doivent être Intégrées aux poli¬ tiques économiques et sociales l'Unesco rattache de plus en plus ses tra¬ vaux de recherche dans le domaine des migrations aux perspectives plus larges du développement national. Cette recher¬ che vise surtout à étudier les variations des structures migratoires et leurs cau¬ ses, ainsi que leurs conséquences pour les zones d'origine et de destination des migrants. Elle étudie les interactions entre environnement rural et urbain et leur inci¬ dence sur la croissance et les change¬ ments démographiques dans diverses régions. La migration a des conséquen¬ ces complexes sur la vie et le bien-être des migrants et de leurs familles ainsi que de leurs communautés d'origine et d'ac¬ cueil. Les récentes études, par pays, effectuées par l'Unesco portent sur des périodes et des lieux très variés : migra¬ tions vers la ville de Mexico de 1930 à elles disent l'avoir résolu de façon satisfai¬ 1970, trois siècles de mobilité spatiale en sante) : à Säo Paulo et à Mexico par exemple la population augmente déjà France, migrations internes en Inde et croissance des villes moyennes au Nigeria. d'un demi-million d'habitants par an. On estime que le transport jusqu'à Mexico des quantités d'eau supplémentaire dont elle aura besoin d'Ici à l'an 2000 nécessi¬ tera autant d'électricité qu'en consom¬ ment actuellement les immeubles de la La recherche que l'Unesco a faite sur la dynamique des migrations a mis en relief la complexité des facteurs « négatifs » et « positifs » dans les mouvements migra¬ toires des travailleurs et de leurs familles. ville, ce qui est un exemple extrême de l'ampleur du problème. Le fait qu'un à La densité de population des terres, la pression de la densité potentielle, le degré deux tiers des habitants de la plupart des de grandes villes du tiers monde vivent dans des colonies de squatters sans eau ni ser¬ vices de base, aggrave encore la régime foncier et les modes d'utilisation situation. Souvent, les programmes destinés à améliorer les conditions de vie dans les différents secteurs urbains sont planifiés et exécutés indépendamment les uns des autres, si bien que leurs avantages s'an¬ nulent parfois. Les responsables de la planification des grandes villes modernes sont donc confrontés à des problèmes d'une com¬ plexité considérable. Comme l'indique la commercialisation, les formes de de la main-d' uvre, les techniques agri¬ coles, la réforme du régime foncier et les services sociaux et économiques dont bénéficient les campagnes sont autant de facteurs qui influent directement sur le processus de l'exode rural et risquent de prendre encore plus d'importance à l'ave¬ nir, la croissance démographique des zones rurales marginales contribuant à aggraver, en un cercle vicieux, la dégra¬ dation de l'environnement. Recommandation 39 des Nations Unies politiques concernant la poursuite de l'exécution du Plan d'action mondial sur la population, adopté à Bucarest en 1974, il faut de plus en plus étudier l'urbanisation dans le con¬ texte de plans de développement et de stratégies d'investissement d'ensemble devraient être élaborées dans le contexte « en vue... de réduire le taux élevé de migration vers les capitales et autres grands centres urbains, de développer les villes de moyenne importance et de réduire les disparités entre les zones rura¬ les et urbaines et entre les régions ». Mieux comprendre le processus d'ur¬ banisation est l'un des objectifs du pro¬ gramme de l'Unesco dans ce domaine. Lors d'une récente réunion d'experts, on a approuvé un programme commun 30 matière ments et des interventions bien pensées dans la région d'origine ont de meilleures chances de réussite que le contrôle de la migration ou des mesures prises dans la seule région d'accueil. Les travaux de recherche de l'Unesco font également apparaître que dans le tiers monde la planification ne tient, le plus souvent, pas compte de la com¬ plexité des relations entre les pôles d'at¬ traction urbains et les zones rurales envi¬ ronnantes. A mesure qu'elles grandis¬ sent, les villes en arrivent à dépendre de régions de plus en plus éloignées pour leur approvisionnement en eau, en éner¬ gie, en produits alimentaires et en maté¬ riaux de construction et le surcroît de demande ainsi créé entraîne souvent la dégradation de terres voisines et plus éloi¬ gnées par surexploitation. On peut aussi agir auprès du public et des responsables locaux et régionaux des zones rurales et urbaines qui ignorent ou méconnaissent presque totalement les causes et les con¬ séquences des migrations. L'Unesco s'in¬ téresse de plus en plus à ce domaine de l'information et de la communication en matière de migration. Bien que les migrations entre régions rurales soient plus répandues et plus importantes qu'on ne le pensait il y a seu¬ lement quelques années en Inde par exemple on sait maintenant qu'elles représentent environ 70 % de tous les mouvements migratoires c'est l'impor¬ tant afflux de population vers les villes et grandes métropoles du tiers monde qui préoccupe le plus les gouvernements. L'Unesco appelle également l'attention sur la nécessité de faire participer la popu¬ lation à l'amélioration de l'habitat urbain car la société peut souvent résoudre ellemême ses problèmes de développement : les habitants peuvent faire beaucoup de choses eux-mêmes avec un soutien exté¬ rieur minime. Des « architectes aux pieds L'idée clé qui ressort des travaux de l'Unesco dans ce domaine est que les en cipaux éléments du processus de déve¬ loppement. Si toutefois elle se produit dans un vide politique, elle peut avoir de graves conséquences et rendre les servi¬ ces de base plus difficiles à assurer. Les gouvernements devraient s'en rendre compte et élaborer leurs plans et politi¬ ques en conséquence. Les études de l'Unesco indiquent que des encourage¬ de migration nus » capables de résoudre un grand nombre de problèmes des bidonvilles après avoir reçu une formation simplifiée seraient une solution possible. Ces per¬ de plans généraux de développement et que ces plans et politiques devraient avoir pour objectifs d'abolir les disparités entre villes et campagnes, de créer davantage de petites villes pour détourner la popula¬ tion des grandes villes et servir de pôles d'attraction pour le développement rural, ainsi que d'Inclure dans les programmes de développement rural une forte compo¬ sonnes seraient en mesure de résoudre sante sociale et la fourniture des services ques simples pour mieux utiliser les res¬ de base. sources locales. Dans bien des pays, la migration interne est un élément indispensable à l'établissement et au maintien d'un équili¬ bre entre les divers secteurs productifs de l'économie et, en tant que tel, un des prin des problèmes fondamentaux de voies d'accès, d'approvisionnement en eau, de drainage, de construction de logements et de bâtiments communautaires tels que des écoles. Issues de la communauté même, elles seraient à même de mobiliser le soutien de celle-ci et d'indiquer à ses membres comment se servir de techni¬ Ce texte est tiré de l'étude Unesco, population et développement, rédigée à l'occasion de la Conférence internationale sur la population (Mexico, 6-13 août 1984). L'avenir de l'architecture de terre par Jean Dethier SI l'on veut esquisser de façon réaliste Depuis quelques années, l'Unesco a Immeubles d'habitation entièrement en un panorama international des prin¬ contribué à valoriser ce patrimoine univer¬ terre crue de la ville de Shibam, dans la cipales tendances nouvelles de l'ar¬ sel trop souvent méconnu en proposant le vallée du Wadi Hadramaout, en Républi¬ que démocratique populaire du Yémen. chitecture et de l'habitat appelées à marquer classement la fin de ce siècle, il est indispensable d'évo¬ trouve des bâtiments en terre crue telles que Cette cité, édifiée aux environs du 4' siè¬ quer un domaine qui connaît désormais un Ouro Prêto au Brésil, Sanaa au Yémen ou développement significatif et rapide : Shibam au Yémen démocratique. cle, est l 'un des plus remarquables témoi¬ gnages de l'art et de l'architecture yémé- la construction en terre crue. Si, pour faire face aux défis et aux enjeux de notre temps, cette technologie moderni¬ sée est plus que jamais d'actualité, son his¬ toire, en revanche, est très ancienne. de villes admirables où l'on nites. Ses immeubles en terre crue ont Si ce savoir-faire empirique propre aux été construits entre le 16' et le 20' siècle. sociétés pré-industrielles a donné lieu aux En décembre 1984, le Directeur général de ¡'Unesco a lancé deux appels à la soli¬ darité internationale pour la sauvegarde, d'une part, de Shibam, inscrite depuis 1982 sur la Liste du patrimoine mondial, ainsi que du Wadi Hadramaout, et, d'au¬ tre part, de Sanaa, capitale au passé mil¬ lénaire de la République arabe du Yémen. quatre coins du monde à des exemples remarquables d'architectures domestiques ou monumentales depuis des siècles, la science moderne a toutefois cherché, dès ses Depuis l'invention des villes, il y a 10 000 ans, les hommes ont utilisé ce matériau pour origines, à rationaliser et à améliorer ces édifier des cités entières : palais et temples, techniques et leurs possibilités. églises ou mosquées, entrepôts et châteaux, Le premier grand pionnier de cette fut l'architecte français enceintes fortifiées ou orgueilleux monu¬ modernisation ments. Depuis la fameuse Muraille de Chine François Cointeraux (1740-1830). Dès 1787, bâtie en terre sur de longs tronçons il y a il invente divers procédés permettant de plus de 20 siècles, jusqu'aux maisons urbai-. nés ou rurales les plus modestes ou les plus « stabiliser » la terre pour la rendre plus prestigieuses, sur tous les continents et sous tous les climats, sous toutes les latitudes et que et plus assimilable aux courants de la dans quasi toutes les cultures et civilisations pré-industrielles, on a fait usage de ce maté¬ riau, apparemment si humble, et disponible sur la majorité de la surface terrestre. Il a su s'amorce au Siècle des Lumières, avec ses Boullée Il y a déjà deux siècles, Cointeraux inven¬ prouver la diversité de ses usages, l'extraor¬ (1728-1799). Théoricien, praticien et péda¬ gogue éclairé, Cointeraux publie de nom¬ tait ainsi l'architecture moderne en terre. dinaire multiplicité des formes et des fonc¬ tions qu'il peut assumer. Il a su aussi prou¬ ver sa force et sa solidité quand on l'utilisait correctement à cette fin architecturale. résistante sur le plan mécanique ou chimi¬ création architecturale moderne qui contemporains aussi célèbres que les archi¬ tectes visionnaires Claude Nicolas Ledoux (1736-1806) ou Etienne Louis ses plans, on édifiera pendant près d'un siè¬ cle des usines et des écoles, les bâtiments publics les plus divers aussi bien que des habitats en tous genres : châteaux aristocra¬ tiques ou demeures bourgeoises, cités ouvrières ou immeubles urbains de cinq étages. En France, dans la région de Grenoble et de breux ouvrages qui connaîtront une grande Lyon où il habitait, il subsiste aujourd'hui, diffusion l'Europe, en parfait état, de multiples témoignages de jusqu'aux Amériques et en Australie. Selon son talent créatif qui complètent les diverses à travers toute 31 Vaste demeure moderne en terre crue construite en 1980 près de Louxor, en Egypte, par l'architecte français Olivier Sednaoui. formes d'un patrimoine d'architectures actualiser. Sa démarche théorique et prati¬ que, philosophique et militante, fera de lui le premier gourou d'une architecture démo¬ médiaire entre la technologie lourde, chère et complexe des pays industrialisés et les dépassées. région est ainsi une sorte de vaste « musée cratique spécifiquement adaptée aux réali¬ tés culturelles et économiques d'un pays du de plein air » des architectures en terre les tiers monde. populaires traditionnelles, rurales et urbai¬ nes, construites en terre depuis des temps immémoriaux. Au coeur de l'Europe, cette plus anciennes et les plus modernes aussi. Mais malgré les apports importants de ces techniques traditionnelles, archaïques et Dès 1972, les crises énergétiques et écono¬ miques internationales ont imposé une révi¬ sion urgente des modes de pensée et d'ac¬ Mais en France comme ailleurs, les usa¬ architectes et de bien d'autres à travers le tion tant pour les pays nantis que les pays ges de la terre vont connaître dès le début du monde, le sort de la construction en terre démunis. Subitement on réclamait des solu¬ 20e siècle un déclin progressif face à l'irré¬ durant les années 50 et 60 restait marginal et sistible maté¬ précaire par rapport aux systèmes domi¬ riaux industrialisés : ciment et béton, bri¬ nants de la pensée et de la production. En tions de remplacement notamment pour économiser de l'énergie dans le secteur du bâtiment qui en consomme une large part ques cuites ou aciers. Il faudra attendre des cite un retour aux usages de la terre crue. Ce cette période d'euphorie économique en Occident et d'euphorie politique dans divers pays du tiers monde qui accédaient alors à l'indépendance, nombreux étaient fut le cas en Europe pendant et après cha¬ les partisans d'un « progrès à tout'prix » : cune des deux guerres mondiales. Des dizai¬ nes de milliers de logements furent ainsi, ils méprisaient et rejetaient a priori les pos¬ sibilités d'un emploi officiel de la terre groupe international d'architectes et d'ingé¬ surtout en Allemagne, édifiés durant les comme matériau de construction. nieurs avait pressenti cette inéluctable évo¬ ascension commerciale des situations violentes de crise pour qu'une rupture de production de ces matériaux sus¬ années 20 puis pendant les années 40. C'est au cours des années 40 également que cer¬ « tous azimuts » et de la technologie lourde moderne vont concevoir des projets en que tant de pays non encore industrialisés terre : Lloyd prenaient aussi comme principal ou unique modèle de développement économique, technique et culturel. Wright (1867 ou 1869-1959) aux Etats-Unis et Le Corbusier (1887-1965) en France. A la même époque, cette démarche des architectes trouve ses premiers échos en dehors des pays industrialisés. En 1943, un les matériaux usuels de construction ciment, béton, acier et même briques cuites étaient par essence très énergivores. Dès le début des années 70, un petit lution. Discrètement, ils avaient commencé C'était l'âge d'or du « style internatio¬ nal » en architecture, de l'industrialisation tains grands « ténors » de l'architecture Frank dans chaque pays. On découvrait alors que d'élaborer d'autres solutions en fondant au sein de l'école d'architecture de Grenoble une association sans but lucratif : le groupe « Craterre ». Il se fixe un triple but. D'abord, étudier de façon scientifique, sans préjugés, et moderniser toute la gamme et toute la filière de la construction en terre Depuis lors, pour bien des raisons, déci¬ pour la rendre opérationnelle, fiable et éco¬ deurs et planificateurs sont devenus plus nomique dans le cadre des exigences actuel¬ réalistes et plus nuancés. A divers mythes du développement ont succédé des doutes puis des recherches plus réalistes de solutions les et futures. Ensuite, participer directe¬ ment à des opérations de construction en terre aussi bien en Europe que dans le tiers Belge Michel Luyckx tandis qu'en Egypte moins grandioses, moins « passe-partout » monde pour démontrer pratiquement de Hassan Fathy entame une longue marche et plus adaptées aux réalités locales. La nouvelles façons d'aborder la. question du culturelle qui, durant 40 ans, va l'amener à notion de « technologie appropriée » à un logement ou des équipements publics. Sur redécouvrir les traditions millénaires de la contexte spécifique est apparue comme celle la base de cet équilibre entre la recherche et terre dans son pays, à les réhabiliter et à les de « technologie intermédiaire » ses applications, créer enfin un enseigne- très rationnel et imposant hôpital régional est construit à Adrar, en Algérie, par le inter L 'adobe et le pisé Il existe à travers le monde une ving¬ taine de techniques traditionnelles de construction en terre crue. Mais on distin¬ Carte montrant les principales régions du monde où l'usage de la construction en terre crue correspond à une tradition locale. Au total, un milliard et demi de personnes, soit 30 % de la population mondiale, habitent dans des construc¬ © a C tions en terre crue. Dans les pays en développement ce type d'habitat est celui de 50 % de la population : la majorité de la population rurale et au moins 20 % des m citadins. 32 gue deux principaux procédés de murs porteurs en terre crue : la brique en adobe (mot d'origine arabe ou berbère, assimilé en espagnol et transmis aux Amériques où il est aussi utilisé en anglais) et le mur en pisé de terre (mot français apparu à Lyon en 1562 et repris dans de nombreuses langues). La brique traditionnelle d'adobe est moulée à la main dans un cadre en bois où l'on tasse un mélange de terre, d'eau et de paille hachée, puis séchée au soleil. La fabrication moderne des adobes se fait en préparant un mélange approprié de terre, d'eau et d'un stabilisant (par exemple un très faible pourcentage de ciment : 2 à 3 %). Ce mélange est ensuite fortement comprimé dans des presses mécaniques qui produisent beaucoup plus vite des adobes beaucoup plus performantes et robustes. Le pisé traditionnel consiste à compri¬ mer de la terre mélangée d'eau et de paille hachée dans des coffrages en bois mobiles placés de part et d'autre du mur à élever (de 40 cm d'épaisseur au mini¬ mum). Cette technique a été aussi moder¬ nisée en remplaçant, dans le mélange de terre, la paille par un faible dosage de « stabilisant » et la compression manuelle au pilon par un damage pneumatique. La réactualisation de l'architecture en terre crue connaît une grande vogue aux Etats-Unis. Dans la banlieue d'Albuquer¬ que, au Nouveau-Mexique, le quartier de « La Luz », achevé en 1975, groupe 100 logements ultra-modernes. Les murs, en briques d'adobe enduites, sont ceinturés dans leur partie haute par une armature de béton qui se prolonge en dalle de toi¬ ture. Cette réalisation de l'architecte américain Antoine Predock est déjà clas¬ sée dans son pays comme monument historique. ment de niveau universitaire et spécialisé qui faisait défaut partout et combler ainsi 0T [phim«i TS <Mtnrn *p uwî e*» un redoutable vide en matière de formation. Profitant de cette triple dynamique, l'école d'architecture de Grenoble devenait, dès le début des années 80, la seule au .vu*. MMT m monde à dispenser un tel enseignement, ouvert aux architectes et ingénieurs de tous r^^ pays. Ainsi prenait forme un premier outil de réflexion et de travail réaliste pour abor¬ TF der l'avenir de la construction économique qui est désormais confronté à une double conjoncture : Il 1 1 d'une part, la très rapide 1 croissance de la demande urbaine et rurale 1 1 1 piU- en logements ultra-économiques dans le tiers monde (les seuls besoins de l'Afrique urbaine d'ici à quinze ans sont estimés à 50 1 millions de logements) ; de l'autre, la crise économique qui s'aggrave dans nombre de blissements scolaires pour lesquels on pour¬ ces rait adopter cette technologie. pays par un endettement extérieur énorme. Partant à la fois du constat de la réussite Face à ce dilemme, le recours au matériau terre permet notamment d'éviter des impor¬ tations de matériaux onéreux (ou d'énergie pour les produire localement). L'option terre permet d'envisager un développement « auto-centré » sur les propres ressources économiques et naturelles, culturelles et et de l'intérêt international suscité par cette première expérience d'habitat en terre, les auteurs du projet envisagent désormais d'élargir cette démarche en lançant en France un deuxième projet plus ambitieux et plus structuré pour répondre à une demande croissante dans ce domaine. humaines du pays ou de la région concer¬ nés. Un transfert approprié de technologies C'est ainsi que doit se mettre en place L 'architecte français François Cointeraux (1740-1830) fut le premier à moderniser les techniques de construction en terre crue et lutta toute sa vie pour la défense et la diffusion de cette forme d'architec¬ ture. Il conçut des maisons d'habitation urbaines et rurales aussi bien que des bâtiments à usage agricole ou industriel. Ci-dessus, trois types de logements construits en France au 19' siècle « pour diverses classes sociales » d'après les plans de Cointeraux. modernes de la terre permet de passer direc¬ cette année (autour de Craterre et en asso¬ tement des techniques archaïques aux pro¬ ciation avec divers partenaires scientifiques, cédés les plus performants tout en inté¬ grant, si on le souhaite, le principe de l'auto-construction des logements. techniques, universitaires et culturels), un dans cette région, un important colloque international, appelé provisoirement « Le « Institut international de la construction sommet de la terre », qui se propose notam¬ en terre ». Il devra amplifier ses actions ment d'établir un bilan sérieux des vérita¬ selon quatre axes privilégiés : la recherche, bles enjeux politiques, économiques, ' sociaux, techniques et culturels de la cons¬ Depuis quelques années, on observe un changement notoire d'attitude des publics et des décideurs à l'égard des atouts de ce matériau si souvent victime, jusque-là, de préjugés défavorables, voire hostiles. Chan¬ gement que confirment le succès internatio¬ nal d'une exposition comme « Des architec¬ tures de terre ou l'avenir d'une tradition millénaire » (conçue par le Centre de Créa¬ tion Industrielle à Paris en 1981) ou la cons¬ truction en France d'un quartier expérimen¬ tal d'habitat unique en son genre, dans la les applications pratiques, l'enseignement universitaire et l'information. Cette straté¬ truction en terre dans le monde. gie correspond exactement aux actions réclamées en « urgente priorité » lors du accueillera à Beijing un autre séminaire Avant cela, en novembre 1985, la Chine vote des résolutions finales du « Premier international qui fera déjà le point des mul¬ colloque international sur la construction en terre » organisé à Bruxelles, en décembre 1984, sous l'égide des Nations Unies. tiples recherches récentes auxquelles ce pays, comme tant d'autres, accorde désor¬ Un deuxième quartier pourrait être édifié en terre à l'Isle d'Abeau pour accueillir le mais une attention vigilante. Ces bilans et perspectives seront indis¬ pensables pour marquer de façon opéra¬ futur Institut qui serait complété par une « Université de la terre », une « Ambas¬ tionnelle et réaliste 1'« Année internationale ville nouvelle de l'Isle d'Abeau (à Villefontaine, près de Lyon). sade de la terre », un « Musée des architec¬ les Nations Unies pour 1987. L'intérêt suscité par cette dernière réali¬ sation a amené de nombreux experts et tech¬ niciens à venir d'Europe et d'Asie, d'Afri¬ que ou des Amériques à l'Isle d'Abeau pour analyser in situ les possibilités d'extrapola¬ tions dans leurs pays respectifs. En novem¬ bre 1984, l'Unesco a organisé sur place, avec Craterre, un séminaire d'une semaine de l'habitat et des sans-abri » décrétée par tures de terre », un hôtel et divers logements individuels et collectifs. La nature de cet ensemble permettrait d'offrir une large gamme de variations architecturales et JEAN DETHIER, architecte et urbaniste urbaines, techniques et fonctionnelles avec belge, est architecte-conseil et réalisateur d'expositions d'architecture au Centre Geor¬ ges Pompidou à Paris. Particulièrement atta¬ le matériau terre. ché Ce projet devrait être édifié d'ici à l'été 1987. C'est à cette date que la France a à l'avancement et à la diffusion des connaissances sur les architectures de terre, il est devenu un expert international en commu¬ nication dans ce domaine. Il est notamment pour un groupe d'architectes et de décideurs de six pays d'Afrique et du Moyen-Orient prévu, à l'initiative du « Plan construc¬ tion » un organe de recherche et d'expé¬ l'auteur du livre et de l'exposition « Des archi¬ confrontés à la nécessité de construire très rimentation du ministère de l'Urbanisme et millénaire » diffusés à travers le monde en plu¬ économiquement un grand nombre d'éta- du Logement sieurs langues et versions. d'organiser avec l'Institut, tectures de terre ou l'avenir d'une tradition 33 Deux nouvelles éditions I nesco" Kurireñ du Courrier de ¡'Unesco Nous avons le plaisir d'annoncer le lance¬ ment de deux nouvelles éditions du Cour¬ rier de l'Unesco, l'une en suédois, l'autre en basque. L'édition en suédois est publiée, sous les auspices de la Commis¬ sion nationale de Suède pour l'Unesco, par Nordan, à Stockholm. Le premier numéro a paru en janvier 1 985. L'édition en basque est publiée par le Département de la culture du gouvernement basque, à San Sebastián (Espagne). Le premier numéro a paru en février 1 985. Avec ces deux nouvelles éditions, le Courrier de l'Unesco paraît désormais en 31 langues, sans compter l'édition trimestrielle en braille. $own£v4jtm*s fpzùvjttacU väUci Lectures Le guide des égarés (3 volumes) Le monde du bouddhisme Les marches de la faim Traité de théologie et philosophie par Moïse sous la direction de Heinz Bechert L'aide alimentaire en question ben Maimoun dit Maïmonide et Richard Gombrich par Pascal Erard, Frédéric Mounier Ed. Maisonneuve & Larose, Paris, 1981 Ed. Bordas, Paris, 1984 La découverte/Maspéro, Paris, 1984 Fastueuse Afrique Les ¡taliques/l'art Le tiers monde peut se nourrir Angela Fisher Sabatino Moscati Rapport du Club de Rome Sté nouvelle des Editions du Chêne Weber diffusion, Paris, 1984 Ed. Fayard, Paris, 1984 Paris, 1984 Le corps peint Venise par Fernand Braudel Ed. Arthaud, Paris, 1984 de langue française Ed. d'Art Albert Skira, Genève, 1984 par Adrien Huannou Les 36 eskimos de l'Ile aux L'architecture des gares La littérature béninoise par Michel Thévoz Mouettes Ed. Karthala, Paris, 1984 africain Michel Ragon par Jean-François Le Mouël par M.C. et E. Ortigues Ed. Denoël, Paris, 1984 Ed. Berger-Levrault, Paris, 1984 Ed. l'Harmattan, Paris, 1984 H Hadrien et l'architecture romaine La santé dans le tiers monde Des sciences de la nature par Henri Stierlin par Claire Brisset aux sciences de l'Homme Ed. Payot, Paris, 1984 La Découverte/Maspéro, Paris, 1984 par Jacques Gadille et Régis Ladous Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1984 Illustration-histoire d'un art La ville en Afrique noire Texte de Michel Melot par Jean-Marc Ela Ed. d'Art Albert Skira, S.A. Genève, 1984 Ed. Karthala, Paris, 1983 et les légendes des photos sont de la rédaction. Enfin, les Ventes et distributions : Unesco, PUB/C, 7, place de Fontenoy, 75700 Paris. Belgique : Jean de Lannoy, 202, avenue du Roi, Bruxelles 6. Reproduction sous forme de microfiches : 1 50 francs (1 an). frontières qui figurent sur les cartes que nous publions n'impliquent pas reconnaissance officielle par l'Unesco ou les Nations Unies. Edition coréenne : Paik Syeung-Gil (Séoul) Edition kiswahili : Domino Rutayebesibwa (Dar-es-Salaam) Editions croato-serbe, macédonienne, serbo-croate, Rédacteur en chef adjoint : Olga Rodel Slovène : Vitomir Sudarski (Belgrade) Secrétaire de rédaction : Gillian Whitcomb Edition chinoise : Shen Guofen (Pékin) Rédacteurs : Edition bulgare : Goran Gotev (Sofia) Abonnement Edition française : Alain Lévêque (Paris) 1 an : 68 francs français. 2 ans (valable uniquement en France) : 1 20 francs français. Reliure pour une Edition anglaise : Howard Brabyn (Paris) année : Edition russe : Nikolai Kouznetsov (Paris) Edition finnoise : Marjatta Oksanen (Helsinki) Edition arabe : Sayed Osman (Paris) Edition suédoise : Inger Raaby (Stockholm) Edition allemande : Werner Merkli (Berne) Edition basque : Gurutz Larrañaga (San Sebastián) 52 francs. Paiement par chèque bancaire, mandat, ou CCP 3 volets à l'ordre de : l'Unesco. Bureau de la Rédaction : Unesco, 7 place de Fontenoy, 75"' 0 Paris, France Les articles et photos non copyright pavent être reproduits à condition d'être accompagnés du nom de l'auteur et de la mention « Reproduits du Courrier de l'Unesco », en précisant la date du numéro. Trois justificatifs devront être envoyés à la direction du Courrier. Les photos non copyright seront four¬ nies aux publications qui en feront la demande. Les manus¬ crits non sollicités par la Rédaction ne sont renvoyés que s'ils sont accompagnés d'un coupon-réponse international. Les articles paraissant dans le Courrier de l'Unesco priment Edition espagnole : Francisco Femandez-Santos (Paris) Edition grecque : Nicolas Papageorgiou (Athènes) Edition cinghalaise : S.J. Sumanasekera Banda (Colombo) Edition japonaise : Seiichiro Kojima (Tokyo) Editions braille : Frederick H. Potter (Paris) Edition italienne : Mario Guidotti (Rome) Rédacteurs adjoints : Edition hindie : Rajmani Tiwari (Delhi) Edition française : Neda el Khazen Edition tamoule : M. Mohammed Mustafa (Madras) Edition anglaise : Roy Malkin Edition hébraïque : Alexander Broïdo (Tel-Aviv) Edition espagnole : Jorge Enrique Adoum Edition persane : Hossein Razmdjou (Téhéran) Documentation : Christiane Boucher Edition néerlandaise : Paul Morren (Anvers) Illustration : Ariane Bailey Edition portugaise : Benedicto Silva (Rio de Janeiro) Maquettes : Georges Servat Edition turque : Mefra llgazer (Istanbul) Promotion-diffusion : Fernando Ainsa Edition ourdoue : Hakim Mohammed Said (Karachi) Projets spéciaux : Peggy Julien l'opinion de leurs auteurs et non pas nécessairemei .elle de Edition catalane : Joan Carreras i Marti (Barcelone) Toute la correspondance concernant la Rédaction doit l'Unesco articles Edition malaise : Azizah Hamzah (Kuala Lumpur) être adressée au Rédacteur en Chef. 34 ou de la Rédaction. Les titres des Un patrimoine pour tous Album en couleur. Les 57 premiers sites figurant sur la liste du patrimoine mondial illustrés par des Les principaux sites naturels, photographies en couleur et décrits par un texte culturels et historiques dans le monde explicatif. Vestige rare, représentatif de l'histoire de notre planète, fruit extraordinaire d'une de ses innombrables cultures, chaque site témoigne de P^^^PV l'évolution de l'humanité et de la nature, et X ce titre à a une valeur universelle. L'Unesco, après en avoir établi l'inventaire, euvre à leur sauvegarde qui nous concerne tous. PATRIMOINE France : En vente dans les librairies universitaires ou à la Librairie de l'Unesco, 7, place de POUR TfiPî 1 Fontenoy, 75700 Paris et par correspondance en joignant votre règlement par chèque bancaire, mandat ou CCP 3 volets libellé à l'ordre de -i V l'Unesco. Autres pays : Consulter notre agent de vente (voir liste). 1984, Unesco 22 x 30 cm 141 p. illustré en couleur ISBN 92 3 202025 4 Prix : 120 FF LES PRINCIPAUX SITES NATURELS, CULTURELS ET HISTORIQUES DAMS LE MONDE Existe également en anglais et en espagnol. Comment obtenir les publications Unesco Les publications de l'Unesco peuvent être commandées par l'intermédiaire de toute librairie. Dans chaque pays il existe un ou plusieurs libraires qui assurent le rôle de distributeurs nationaux (voir liste ci-dessous). A défaut, elles peuvent être obtenues par correspondance, au Siège de l'Organisation avec règlement joint par chèque libellé en une monnaie convertible ou sous forme de mandat poste international ainsi que de bons internationaux Unesco. ALGÉRIE. ENAMEP, 20, rue de la Liberté, Alger GABON. Librairie Sogalivre, à Libreville, Franceville ; -Librairie PAYS-BAS. Keesmg Boeken B V , Joan Muyskenweg, 22, RÉP. FED. D'ALLEMAGNE. Mr. Herbert Baum Deutscher Hachette, B Postbus 1 1 18, 1000 B C Amsterdam Unesko-Kurier Vertrieb, Besaitstrasse 57 5300 BONN 3 GRÈCE. Librairie H. Kauffmann, 28, rue du Stade, Athènes ; POLOGNE. ORPAN-Import ARGENTINE. Librería El Correo de la Unesco EDILYR S R L. Librairie Eleftheroudakis, Nikkis 4, Athènes : John Mihalopoulos Ars-Polona-Ruch, Krakowskie- Przedmiescie N° 7, 00-068 Tucumán 1685 1050 Buenos Aires and Son, 75, Hermou Street, P.O Varsovie P. 3923, Libreville Box 73, Thessalonique , AUTRICHE. Gerold and Co , Graben 31, A-1011 Wien Commission nationale hellénique pour l'Unesco, 3 rue BELGIQUE. Jean de Lannoy, 202, Avenue du Roi, 1060 Akadimias, Athènes Bruxelles, CCP 000-0070823-1 3. , N V Handelmaatschappij PORTUGAL. Dias & Andrade Ltda ROUMANIE. ARTEXIM, Export/Import, Piata Scienten n° 1, guinéenne pour l'Unesco, B P RÉP. POP. DU BÉNIN. Librairie nationale, B P. 294 Porto HAÏTI. Librairie A la Caravelle, 26, rue Roux, B P. 111, Port-au- Novo ; Ets Koudjo G. Joseph, B P Prince 964, Conakry. HAUTE-VOLTA. Lib Caixa Postal 9 052-ZC-02, Praia de Botafogo, 188 Rio de Catholique « Jeunesse d'Afrique ». Ouagadougou Janeiro RJ HONGRIE. Kultura-Buchimport-Abt., P O B Attie B P. 64, Ouagadougou - Librairie Budapest 62 IRAN. Commission nationale iranienne pour l'Unesco, 1 188 Enghlab Av., Rostam Give Building, Zip Code 13158, P O 763, Yaounde ; Commission nationale de Stationery Office P O. Box 276, London S W.8. 5 DT ; Third World Publications, 151 Stratford Road, Birmingham B II IRD Quatre-Vents, 91, rue Blanchot-avenue Georges Pompidou, B P. Librairie de l'Unesco, Palais populaire de la culture, 1000 Sofia Librairie St-Paul, B P Box 33-16, 70005 Bucarest SÉNÉGAL. Librairie Clairafnque, B P. 2005, Dakar Librairie des 149-H-1389, CAMEROUN. Librairie des Editions Clé, B P 1501, Yaounde , P O ROYAUME-UNI. H M BRÉSIL. Fundaçao Getulio Vargas, Editora-Divisao de Vendas, BULGARIE. Hemus, Kantora Literatura, bd Rousky 6, Sofia Livrana Portugal, rua do Carmo, 70, Lisbonne. RÉP. POP. REV. DE GUINÉE. Commission nationale Keesmg, Keesinglaan 2-18,21000 Deurne-Antwerpen 1 530 Cotonou Palac Kultury, 00-901 Varsovie, Box 1820, Dakar. SUÈDE. Svenska FN- Forbundet, Skolgrand 2, Box 150-50. S-10465 Stockholm ; Wennergren-Williams AB Box 11365-4498, Teheran IRLANDE. The Educational Co Yaounde ; Líbrame « Aux messageries », avenue de la Liberté, Wal kin stow n, Dublin 12 B P. 5921, Douala ; Librairie « Aux frères réunis », B P. 5346, Crofton Terrace, Dun Laoghaire Co., Dublin. SUISSE. Europa Verlag, 5, Ramistrasse, Zurich, CH 8024 Douala ISRAEL. ABC Bookstore Ltd, P O. Box 1283, 71 Allenby Librairie Payot, 6, Rue Grenus, 1211, Genève 1 1 . C C P Buma Kor and Co , Bilingual Bookshop, Mvog-Ada, of Ir Ltd , Ballymount Road 30004-S-104 25 Stockholm , Esselte Tidskriftscentrale Gamla la République-Unie du Cameroun pour l'Unesco, B.P. 1600, Tycooly International Publ. Ltd, 6 Brogatan 26 Box 62 - 101 20 Stockholm B P. 727, Yaounde , Centre de diffusion du livre camerounais, Road, Tel Aviv 61000 12 236 B P. 338, Douala. ITALIE. Licosa (Librería Commissionaria Sansoni, S p A ) via Montreux, Neuchâtel et Zurich CANADA. Editions Renouf Limitée, 2182, rue Ste. Catherine Lamarmora, 45, Casella Postale 552, 50121 Florence SYRIE. Librairie Sayegh Immeuble Diab, rue du Parlement, B P Ouest, Montréal, Que H3H IM7 JAPON. Eastern Book Service, Inc CHINE. China National Publications Import and Export Bunkyo-ku, Tokyo 1 13 TCHAD. Librairie Abssounout, 24, av Corporation, P O LIBAN. Librairie Antoine, A. Naufal et frères, B P. 656, 8 P.388, N'Djamena COMORES. Librairie Masiwa 4, rue Ahmed Djoumoi, B P. 124, Beyrouth TCHÉCOSLOVAQUIE. S N T L., Spalena 51, Prague 1 Moroni. LUXEMBOURG. Librairie Paul Brück, 22, Grande-Rue. Ve Smekach 30, P O Box 790, 111-27 Prague 1. Pour la Slovaquie RÉP. POP. DU CONGO. Librairie Maison de la presse, Luxembourg ; Service du Courrier de l'Unesco, 202 avenue du seulement B P Roi, 1060 Bruxelles - CCP 26430-46 Box 88, Beijing 2150, Brazzaville ; Commission nationale congolaise pour 37-3 Hongo 3-chome MADAGASCAR. Toutes les publications . Commission RÉP. DE CORÉE. Korean National Commission for Unesco, nationale de la Rép. dem P 0 331, Antananarivo de Madagascar pour l'Unesco, B P. MALI. Librairie populaire du Mali, B P Nationale Ivoirienne pour l'Unesco, B P MAROC. Librairie « Aux belles images », 282, avenue 28, Bamako CUBA. Ediciones Cubanas O'Reilly N° 407, La Habana Mohammed-V, Rabat ; Librairie des Ecoles, 12, avenue Hassan DANEMARK. Munksgaard Export, OG Tidssknftservice, 35 II, Casablanca , Commission nationale marocaine pour l'Unesco Norre Sogade, DK-1970 Kobenhavn K. 19, rue Oqba, B P EGYPTE (RÉP. ARABE D'). National Centre for Unesco MAURICE. Nalanda Co Publications, N° 1, Talaat Harb Street, Tahrir Square, Le Caire MAURITANIE. Grahcoma, 1, rue du Souk X, avenue Kennedy, ESPAGNE. MUNDI-PRENSA Libros S A., Castelló 37. Madrid 1, Nouakchott. Ediciones LIBER, Apartado 17, Magdalena 8, Ondárroa MEXIQUE. Librería El Correo de la Unesco, Actipán 66, Colonia (Viscaya) del Valle, Mexico 12 DF. DONAIRE, Aptdo de Correos 341, La Coruña , Librería Al- Andalus, Roldana, 1 y 3, Sevilla 4 Librería CASTELLS, Charles de Gaulle, Alfa Verlag Publishers, Hurbanovo nam Artia, 6, 893 31 TOGO. Librairie Evangélique, B P Pasteur, B P 378, Lomé ; Librairie du Bon 1 164 , Lomé, Librairie universitaire, B P 3481, Lomé CÔTE-D'IVOIRE. Librairie des Presses Unesco, Commission 2871, Abidjan 704, Damas Bratislava. l'Unesco, B P. 493, Brazzaville Box central 64, Séoul Librairie Payot aussi à Lausanne, Bâle, Berne, Vevey, 420, Rabat Agdal Ltd , 30, Bourbon Street, Port-Louis MONACO. British Library, 30, bd TRINITÉ-ET-TOBAGO. Commission Nationale pour l'Unesco, 18 Alexandra Street, St. Clatr, Trinidad, W I. TUNISIE. Société tunisienne de diffusion. 5, avenue de Carthage, Tunis ; Société chérifienne de distribution et de presse, Sochepress, angle rues de Dînant & St Saens, B P 683, Casablanca 05 TURQUIE. Haset Kitapevi A S , Istiklâl Caddesi, N° 469, Posta Kutusu 219, Beyoglu, Istambul U.R. S. S. Mejdunarodnaya Kniga, Moscou, 121200 des Moulins, Monte-Carlo. URUGUAY. Edilyr Uruguaya, S A. Maldonado, 1092. Ronda Universidad 13, Barcelona 7 MOZAMBIQUE. Instituto Nacional do livro e do Disco (INLD), Montevideo ÉTATS-UNIS. Unipub, 1 180 Ave. of the Americas, New York, Avenida 24 de Julho, 1921 r/c e 1* andar, Maputo. YOUGOSLAVIE. Mladost, Mica 30/11, Zagreb ; Cankarjeva N.Y., 10036 NIGER. Líbrame Mauclert, B P. 868, Niamey Zalozba, Zopitarjeva 2, Lubljana , Nolit, Terazije 13/VIII, 1 1000 FINLANDE. Akateeminen Knrjakauppa, Keskuskatu 1, 00100 NORVÈGE. Johan Grundt Tanum, P O B. 1177 Sentrum, Oslo Belgrade. Helsinki Suomalainen Kirjakauppa Oy, Koivuvaraan Kuja 2, 1 ; Narvesen A/S Subscription and Trade Book Service 3, P O B RÉP. DU ZAIRE. La librairie. Institut national d'études 01640 Vantaa 64 6125 Etterstad, Oslo 6 ; Universitets Bokhandelen, politiques, B P. 2307, Kinshasa FRANCE. Librairie Unesco, 7, place de Fontenoy, 75700 Pans ; Universttetssentret, Postboks 307 Blindem, Oslo 3 Rép. du Zaïre pour l'Unesco, Ministère de l'Education nationale, et grandes librairies universitaires NOUVELLE-CALÉDONIE. Reprex SARI, B P. 1572. Nouméa. B P 32, Kinshasa Commission nationale de la « Comment je vivrai en Van 2000 » Tel était le thème du Concours mondial de dessins d'enfants qui fut organisé en 1979 par l'Unesco. l'Unicef et le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à l'occasion de l'Année interna¬ tionale de l'enfant et auquel participèrent près d'une centaine de pays. Plus de 600 000 .uvres furent soumises à l'approbation du jury. Celles qui furent sélectionnées firent l'objet d'une exposition qui fut présentée à Paris. Montréal. New York et Genève avant d'être mise en circulation dans les Etats membres de l'Unesco. Les sept dessins figu¬ rant sur cette page furent tous sélectionnés pour ce concours : le numéro deux reçut l'un des dix pre¬ miers prix. / \ .^r¡JmÍmt 1. Nare Ismaïla. 11 ans. Burkina Faso (ancienne Haute-Volta). 2. Claudia Chesi. 9 ans. Autriche. 3. Maria Martha. 12 ans. Argentine. 4. Rose Micallef. 10 ans. Malte. 5. Kazi Zinat Hoque. 6 ans. Bangladesh. 6. Katarzyna Zielenda. 8 ans. Pologne. 7. Rima Salam. Se: 11 ans. Liban.