Théorie Générale des Obligations 5
Cette permanence est en partie illusoire car ces règles en apparence inchangées ont en
réalité subi les assauts du temps : elles ont subi une évolution voire une révolution qui
procède de deux tendance :
3.2.1 ATTAQUES INDIRECTES VENANT DE L’EXTÉRIEUR
En marge du Code Civil, et sans toucher à ses textes, le législateur a développé
progressivement une série de réglementation spéciales, qui réglementent des pans
entiers du droit des obligations.
Par exemple, la loi sur les pratiques du commerce du 14.07.91 qui entraîne le
consumérisme – protection du consommateur, est une qui régit les ventes des biens et
la fourniture de services des professionnels aux consommateurs ; elle régit donc des
contrats entre consommateurs entre consommateurs à titre privé et professionnels (ex.
vente d’une voiture). Le champs d’application de la loi est donc très large. Certains
articles se penchent d’ailleurs sur une matière des obligations : conclusion et exécution
des contrats.
Autre exemple : loi du 11.06.91 sur le crédit à la consommation pour protéger le
consommateur qui emprunte.
3.2.2 REMARQUE : LES OBLIGATIONS DU CODE CIVIL NE
DISPARAISSENT PAS POUR AUTANT.
Prenons, par exemple, le problème d’un contrat passé entre une banque et un
consommateur pour ses vacances. On applique certes la loi sur le crédit à la
consommation mais ces lois « spéciales » ne sont jamais complètes ni exhaustives et
donc si l’on ne trouve pas la réponse dans la loi particulière, on se tournera vers la loi
plus générale, c’est-à-dire la loi sur les pratiques du commerce du 14.07.91 (ici
fourniture de services finis entre le banquier professionnel et le consommateur). Si la
solution ne s’y trouve pas davantage, on retombe dans le régime de la théorie générale
des obligations du Code Civil qui est le véritable fondement de tous les contrats. En
conclusion, il faut bien avoir à l’esprit que les lois « spéciales » ne règlent que certains
aspects et non tous.
3.2.3 ATTAQUES INDIRECTES VENANT DE L’INTÉRIEUR
Les juges en interprétant et en appliquant les textes peuvent les faire évoluer même si
la formulation ne change pas.
Ex. arts 1134, al.3 : le contrat est comme un loi pour les parties contractantes. Les
conventions doivent être exécutées de bonne foi (= principe d’interprétation). Mais au
fil du temps, cet alinéa 3 a pris de plus en plus d’importance au point de fragiliser le
concept fondamental. En 1804, le Code Civil était basé sur la liberté, l’individualité et
l’égalité. Au cours du siècle, c’est l’idée de solidarité qui a émergé : les contrats
doivent être exécutés de bonne foi.
Rédaction : Jean-Christophe Wérenne – 2001/2002 5