Leek & al., 2001 ; Wilkinson, 2001 ; Ritter & al., 2004 ; Woo et Ennew, 2004 ; Eiriz et
Wilson, 2004, Saren et Tzokas, 2011 ; Strikol, Gallarza et Calero, 2016).
Dans les contributions ci-dessus, la sous-traitance se réfère généralement à une activité
basique où le fournisseur exécute des travaux bien définis, sans marge de manœuvre, à partir
d’un cahier des charges élaboré par le client. La coopération entre fournisseurs et clients, sous
l’angle proactif de la co-traitance, est rarement abordée, sauf notamment par Le Dain et al.
(2011), qui signalent que les fournisseurs jouent un rôle de plus en plus important dans les
projets de développement de nouveaux produits à cause de l’accroissement rapide de
l’outsourcing des composants.
La présente recherche s’intéresse aux relations fournisseur-client développée dans
différents travaux (Donada et Dostaler, 2005 ; Ivens et Mayrhofer, 2009), qu’on peut classer
selon le courant de recherche interactionniste (Donada et Nogatchewsky, 2005) : elle aborde
les relations fournisseur-client dans une logique de réseau et analyse les interactions dans
l’optique du marketing relationnel, comme ceux découlant de l’IMP Group.
Méthodologie de recherche
Une approche méthodologique en plusieurs phases (Tashakkori et Teddlie, 1998) est
appliquée à cette recherche depuis sa phase initiale exploratoire de nature descriptive, puis
qualitative et enfin quantitative au fur et à mesure qu’une collecte de données supplémentaires
est nécessaire pour répondre à la question de recherche posée ci-dessus.
Une étude exploratoire de nature qualitative est réalisée au moyen d’entretiens en
profondeur (Spiggle, 1994) auprès d’un échantillon diversifié d’une vingtaine de chefs
d’entreprises sous- et co-traitantes de la filière horlogère ; à la fin de chaque entretien, une
adaptation de l’échelle B2B-RELPERF (Lages et al., 2008) est remplie par chaque interviewé
pour qualifier les dimensions et l’intensité des relations entre les sous- et co-traitants et leur
client clé. L’analyse du contenu des entretiens (Weber, 1990) permet d’identifier plusieurs
thèmes développés dans la partie consacrée à l’interprétation des résultats.
Pour l’étude quantitative, une base de sondage d’environ 500 PME industrielles sous- et
co-traitantes actives dans le secteur horloger est constituée sur la base des listes d’exposants
de salons professionnels comme le SIAMS (Moutier), l’EPHJ (Genève), Micronora
(Besançon) et Midest (Paris).
Résultats clés des études qualitative et quantitative
Il apparaît que les PME sous- et co-traitantes s’insèrent dans un réseau où le marketing
se pratique de manière très personnalisée, avec des instruments traditionnels et directs :
téléphone, visites de clients et fournisseurs, déjeuners d’affaires. Ceci confirme ce qui a été
relevé concernant le marketing relationnel dans la section consacrée à la revue de la
littérature. Le plus souvent, les PME sous-traitantes subissent les exigences de leurs clients
(les marques horlogères) mais elles peuvent proposer des innovations, de la co-conception et
du co-développement de pièces et de sous-ensembles. Certaines de ces PME industrielles sont
même « sous-traitantes de sous-traitants », par exemple pour les traitements de surface et les
opérations de contrôle de qualité, d’autres sont activement des « co-traitantes ». Ce dernier
terme, moins connoté négativement par la notion de domination et donc plus valorisant que
« sous-traitant », est de plus en plus utilisé dans le secteur horloger et microtechnique par les
entreprises progressant dans la chaîne de valeur (Courvoisier et Calmelet, 2012).
La majorité des entreprises répondant à l’étude quantitative indique que leur relation
avec leurs clients (les marques) reste encore le plus souvent celle de « sous-traitant », suivie