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Nicolas GOMBAULT
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C’est
(presque) réglé !
an dernier, nous soulignions l’absolue
nécessité d’une réforme législative
du régime de l’assurance de res-
ponsabilité civile médicale, marqué par des
risques de ruine pesant sur les praticiens,
tout d’abord pour les sinistres les plus
lourds (risque d’épuisement de la garantie)
et en second lieu pour les risques se décla-
rant de nombreuses années après les faits
(risque d’expiration de la garantie). Ces
préoccupantes difficultés sont en grande
partie liées à une mutualisation insuffi-
sante : les risques les plus importants sont
concentrés sur la tête d’un nombre très fai-
ble de praticiens, pour lesquels les cotisations
d’assurance deviennent insupportables, et
la garantie minimum que les sociétés d’as-
surance doivent proposer aux praticiens
n’est fixée qu’à hauteur de 3 millions
d’euro, alors que quelques sinistres dépas-
sent déjà le double de ce montant.
Les deux rapports rédigés par Gilles Johanet
avaient laissé espérer une solution politique
rapide. Rendons hommage à Xavier Ber-
trand qui a recherché, au terme de travaux
parlementaires riches et ouverts, une so-
lution pour régler de façon définitive cet
épineux dossier.
Aboutissement de cette réflexion, la loi
Fourcade a créé un fonds de garantie des
dommages consécutifs à des actes de pré-
vention, de diagnostic ou de soins dispensés
par les professionnels de santé exerçant à
titre libéral. Le Conseil Constitutionnel a
malheureusement censuré l’ensemble de
ces dispositions, pour des motifs de forme,
estimant qu’elles étaient sans lien avec
l’objet principal de la loi. Dans un commu-
niqué du 4 août 2011, le ministère de la
Santé a cependant précisé qu’elles seraient
introduites dans les textes financiers pour
2012 et pourraient ainsi s’appliquer dès le
1erjanvier 2012.
Le fonds de garantie sera chargé de verser
les indemnisations dépassant les montants
de garantie des contrats d’assurance, les-
quels, a annoncé le ministre, devraient être
tout prochainement relevés à hauteur de
8 millions d’euro. En pratique, l’assureur
indemnisera jusqu’à 8 millions et au-delà,
ce sera le fonds qui interviendra, sans re-
cours possible à l’encontre du praticien.
Ainsi, la coïncidence parfaite entre le nou-
veau plancher de garantie réglementaire
et le seuil de déclenchement du dispositif
de mutualisation supprime tout trou de ga-
rantie pour les sinistres à venir ; on peut
simplement s’interroger sur l’intention du
législateur qui, de façon surprenante, n’a
pas supprimé l’article de la loi du 4 mars
2002 selon lequel, en cas d’épuisement de
la garantie, l’Office national d’indemnisa-
tion des accidents médicaux (ONIAM) doit
intervenir, avec un recours contre le prati-
cien…
Parallèlement, le ministre a annoncé une
révision du barème de l’aide financière à
la souscription du contrat d’assurance.
Ce fonds, qui devrait être géré par la Caisse
centrale de Réassurance, sera alimenté par
une contribution forfaitaire à la charge des
professionnels de santé libéraux, dont le
montant – fixé par décret - pourra être mo-
dulé en fonction de la profession exercée.
C’est donc cette contribution, perçue par
les sociétés d’assurance et aussitôt reversée
au fonds, qui va permettre de mutualiser
le risque.
Deuxième réforme intervenue : l’amélioration
de la problématique liée à l’expiration des
garanties, qui avait jusque-là été traitée de
façon très partielle par le législateur. Do-
rénavant, en cas de condamnation à la
suite d’une plainte tardive contre un chi-
rurgien, un anesthésiste, un obstétricien
ou une sage-femme, régi par la convention
et exerçant dans un établissement, et alors
que la garantie du contrat d’assurance est
expirée, c’est l’ONIAM qui indemnisera la
victime, sans recours possible, et ce quelle
que soit la nature de l’accident médical
(seuls étaient auparavant concernés les ac-
cidents de naissance).
Le texte de la loi est par ailleurs complété
par un certain nombre d’outils d’harmoni-
sation de l’indemnisation du dommage cor-
porel, que nous commenterons à d’autres
occasions.
Cette réforme, qui devrait donc prendre
effet au 1er janvier 2012 sous réserve de
sa reprise dans les textes financiers à venir,
apportera des solutions majeures qui ne
peuvent qu’être approuvées. Nous regret-
terons seulement qu’elle ne s’applique pas
au stock des sinistres en cours, certains
dossiers pouvant eux aussi, à la suite d’ag-
gravations, dépasser le seuil des 8 millions
d’euros.
BCJ9A6F9