Benoît Chénais décembre 2003
Hematol. 64:319-21). D’autres essais récents ont tenté d’évaluer l’intérêt du butyrate ou de la tributyrine
dans le traitement de tumeurs solides ou, en association avec l’interleukine-2, dans le cas de cancer
colorectal (Conley et al., 1998, Clin. Cancer Res. 4:629-34. Douillard et al., 2000, Cancer Immunol. Immunother.
49:56-61).
Il nous a donc semblé pertinent d’étudier le(s) mécanisme(s) moléculaire(s) de la différenciation
érythroïde des cellules K562 induite par l’acide butyrique, et d’en faire une comparaison avec ce que nous
connaissions concernant les anthracyclines. Nous avons obtenu, pour une dose optimale de 0,5 mM, une
différenciation de 50% des cellules et une inhibition de croissance de 70% après 3 jours dans nos
conditions de culture. De plus, nous avons montré le caractère irréversible de l’induction de différenciation
par l’acide butyrique (Leukemia 1997). L’analyse de l’expression des gènes érythroïdes en fonction du
temps à permis de mettre en évidence la surexpression des gènes de γ-globine, PBGD et des facteurs de
transcription GATA-1 et NF-E2 (Leukemia 1997). Par ailleurs, la liaison à l’ADN de GATA-1 et NF-E2 est
stimulée par l’acide butyrique dans les cellules K562 (Bridges et al., 1996, Eur. J. Haematol. 56:62-7).
L’implication des facteurs de transcription GATA-1 et NF-E2 dans le mécanisme d’action de l’acide
butyrique a été confirmée par l’utilisation d’oligonucléotides antisens. L’inhibition de la synthèse des
protéines GATA-1 et NF-E2 par les oligonucléotides antisens, visualisée par Western blot, empêche la
différenciation induite par l’acide butyrique (Biochem. Biophys. Res. Commun. 1998). Ces résultats font
apparaître une certaine similitude entre l’acide butyrique et l’ACLA qui provoquent tous deux une
activation transcriptionnelle des gènes érythroïdes dépendante de GATA-1 et NF-E2. Néanmoins, le gène
du récepteur à l’érythropoïétine (R-EPO) qui est stimulé par l’ACLA ne l’est pas par l’acide butyrique
(Leukemia 1997).
Un des multiples effets de l’acide butyrique est d’augmenter l’acétylation des protéines histones, en
inhibant l’histone-déacétylase, et de favoriser ainsi l’accessibilité des sites d’initiation de transcription et
de liaison des facteurs-cis. Un tel mécanisme intervient probablement dans l’induction de différenciation
par l’acide butyrique. Mais peut-il en expliquer le caractère spécifique ? Par ailleurs, il a été montré
récemment que des protéines non-histones peuvent être substrat des histone-acétyltransférases, et en
particulier le facteur de transcription GATA-1 dont l’activité est alors réduite (Boyes et al., 1998, Nature
396:594-8). A l’inverse, des coactivateurs de transcription, tels que CBP, portent une activité histone-
acétyltransférase (Bannister and Kouzarides, 1996, Nature 384:641-3). L’utilisation de Trichostatine-A, un
inhibiteur d’histone-déacétylase, ainsi que l’étude de l’acétylation de GATA-1 pourraient apporter des
éléments de réponse.
sommaire
A-3 Inhibition de la différenciation érythroïde par le monoxyde d’azote (NO).
L’effet de NO sur l’expression des gènes érythroïdes a surtout été étudié dans le contexte de la régulation
du taux de fer intracellulaire. Néanmoins, NO peut influer sur la croissance et la différenciation cellulaire
comme cela a été montré pour certaines lignées cellulaires d’origine hématologique (Magrinat et al., 1992,
Blood 88:1880-4. Shami et al., 1995, Leukemia Res. 19:527-32. Dugas et al., 1996, Blood 88:3528-34. Yamazaki
and Birnboim, 1995, Leukemia Res. 19:325-35. Suhasini et al., 1995, Cell Growth Differ. 6:1559-66).
En utilisant des donneurs chimiques de NO tels que le nitroprussiate de sodium (SNP), la S-nitroso-N-
acétyl-penicillamine (SNAP), ou le 3-morpholinosydnonimine (SIN-1), nous avons montré que la
différenciation des cellules K562 induite par l’ACLA, la DOX ou l’acide butyrique est inhibée efficacement
par une faible dose de donneur de NO (100 µM) (Biochem. Pharmacol. 1999). A cette dose l’expression
des gènes érythroïdes n’est pas affectée par les donneurs de NO et il faut une concentration plus forte (1
mM de SNP) pour observer une diminution de l’expression des gènes de globine et PBGD. L’expression
des facteurs de transcription GATA-1 et NF-E2 reste inchangée (Biochem. Pharmacol. 1999). Par ailleurs,
la différenciation induite par l’hémine n’est sensible qu’au SIN-1, connu donner naissance au peroxynitrite
en générant non seulement NO mais aussi des ions superoxydes.
Plusieurs hypothèses peuvent être formulées pour expliquer l’effet inhibiteur de NO au niveau post-
traductionnel : 1) une augmentation de l’expression de l’hème oxygénase, 2) l’inactivation d’un enzyme de
la voie de synthèse de l’hème tel que la δ-aminolévulinate synthase érythroïde (eALAS), ou 3) une
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