La sténose de la carotide
Le rétrécissement de l’artère carotide, en termes médicaux une sténose de la carotide, est
une affection très courante, qui peut être la cause d’une “ attaque “ d’apoplexie, d’une para-
lysie permanente ou même mener au décès.
Dans ce dossier, nous nous intéresserons aux points suivants : comment cette affection
survient-elle ? Quelles en sont les conséquences ? Quels sont les risques ? Quels sont les
traitements possibles ? A quel moment un traitement est-il nécessaire ? Quelles opérations
peut-on réaliser ? Notre dossier vous permettra d’avoir une meilleure idée des avantages et
des inconvénients d’une intervention.
1. Quelles causes ?
Dans la plupart des cas, cest la sclérose artérielle (ar-
tériosclérose) qui est la cause d’un rétrécissement de
l’artère carotide (sténose de la carotide). De la graisse se
dépose sur la paroi de l’artère. A un stade ultérieur, elle
forme une plaque lipidique et épaisse (athérome). Ceci
se produit le plus souvent à l’endroit l’artère caroti-
dienne se divise en artères carotides interne et externe.
La plaque peut obturer la carotide entièrement ou
partiellement. C’est lorsque cette plaque se fissure que
surviennent les plus graves problèmes.
2. Quelles conséquences ?
Notre cerveau reçoit du sang via quatre grandes artè-
res : les deux artères carotides, que l’on peut bien sentir
battre dans son cou, et deux plus petites, qui passent à
travers la colonne vertébrale. Ces artères confluent en
un cercle de vaisseaux sanguins situé autour du tronc
cérébral.
Lorsqu’une plaque athéromateuse apparaît dans la
carotide, elle peut grandir au point dentraîner une
obstruction complète d’un vaisseau sanguin. En cas
de sténose complète des carotides, les autres artères,
grâce à ce cercle de vaisseaux sanguins, peuvent mal-
gré tout apporter suffisamment de sang pour alimen-
ter le cerveau.
Parfois, la plaque peut se déchirer ou être endom-
magée et entraîner une réaction de coagulation. Il se
crée alors un caillot sanguin, une sorte de bouchon,
qui peut boucher l’artère et causer une thrombose.
La complication la plus redoutée de la plaque dans la
carotide survient lorsqu’un tel caillot se détache, est
emporté par le flux sanguin vers le cerveau et obstrue
brutalement une artère cérébrale : on parle alors d’une
embolie qui va secondairement être responsable d’un
infarctus cérébral. Ce qui conduit à un AVC (accident
vasculaire cérébral ou attaque cérébrale) : instanta-
nément, à cause de cette obstruction, une partie du
cerveau ne reçoit plus de sang. Les symptômes dé-
pendent de la partie du cerveau qui nest plus irriguée
: paralysies, troubles visuels et de la conscience en sont
des conséquences très courantes.
3. Qui court un risque ?
Les facteurs qui augmentent les risques de voir apparaître une sténose de la carotide sont les “suspects habi-
tuels” de l’artériosclérose : augmentation de l’âge, sexe masculin, tabagisme, hypertension artérielle, taux de
cholestérol éle, sédentarité et diabète. Si vous souffrez par ailleurs d’artériosclérose, vous avez également plus
de risques de développer un rétrécissement de la carotide.
4. Quels signaux d’alerte ?
Etant donné qu’un petit AVC (petit accident vasculaire cérébral) peut être un signal d’alarme, on doit in-
tervenir rapidement. Les symptômes surviennent parce que votre cerveau ne reçoit plus de sang. Ceci peut
provoquer une perte de conscience soudaine, des troubles de l’équilibre, des paralysies, une déformation du
visage ou des maux de tête sévères.
Chacun des dysfonctionnements suivants est un motif urgent pour rechercher de l’aide.
Ces signaux d’alerte se produisent brutalement.
Vous parlez soudain de manière désordonnée, vous ne trouvez plus vos mots ou vous avez des dicultés à parler.
• Soudain, vous voyez double ou vous ne voyez pas correctement dans une partie de votre champ de vision.
• Brusquement, vous n’avez plus de force ou vous êtes paralysé dans un bras ou dans une jambe.
Votre visage est tout à coup paraly, un coin de la bouche pend.
Vous êtes soudain pris de vertiges, vous ne parvenez pas à coordonner vos mouvements ou vous avez perdu votre
sens de léquilibre.
Vous ressentez tout à coup un fort mal de tête, sans cause claire.
SIGNAUX D’ALERTE
paralysie ou
insensibilité au
niveau d’un bras,
d’une jambe ou du
visage (souvent
d’un seul côté
du corps)
maux de tête soudains et très violents
troubles de la parole,
paroles incohérentes
troubles soudains de la vision
(souvent à un des deux yeux)
troubles de la marche
et de l’équilibre, vertiges
Tout ceci peut indiquer qu’un petit caillot s’est déta-
ché de la plaque. Un caillot suivant , plus grand, peut
avoir des conséquences désastreuses. Il n’y a donc pas
de temps à perdre.
5. Comment poser le
diagnostic ?
Un diagnostic peut être posé de deux manières. Ce
qui aura des conséquences très importantes pour le
traitement.
1. Premièrement, le diagnostic peut être posé après
un signal d’alarme : par les symptômes d’un accident
vasculaire cérébral (une attaque”) ou d’un accident
ischémique transitoire (AIT), un AVC plus petit, de
courte durée et sans conséquence durable. Les méde-
cins parlent ici d’un rétrécissement symptomatique”
de la carotide (sténose symptomatique de la carotide).
Un tel AVC peut indiquer que la plaque dans la ca-
rotide nest plus stable, ce qui pourrait entraîner une
seconde attaque, qui peut être plus grave.
2. Deuxièmement, une sténose de la carotide peut être
détectée à la suite d’un examen de la carotide chez
un patient souffrant d’une maladie cardio-vasculaire.
Il s’agit d’une sténose de la carotide asymptomati-
que“. Ici, il y a une plaque qui ne cause pas forcément
de problème. La plaque est stable. C’est pourquoi les
avantages et les inconvénients d’un éventuel traite-
ment doivent être soigneusement évalués.
6. Quels examens ?
Lobjectif principal d’un examen de la carotide est de
déterminer le degré de rétrécissement (sténose) : plus
il sera sévère, plus le flux de sang sera diminué.
Un rétrécissement sévère correspond à une sténose
entre 70 et 99%.
Un rétrécissement moyen est une sténose entre 50
et 70%.
• Un rétrécissement irrégulier suggère une plaque ins-
table.
Actuellement, le rétrécissement est mesuré par réso-
nance magnétique nucléaire (RMN) ou par CT-scan-
ner des vaisseaux sanguins.
Le meilleur test pour déterminer la sévérité du -
trécissement est un scanner RMN des vaisseaux avec
administration d’un produit de contraste en intravei-
neux.
Examen Duplex”
Le nom duplex vient de la double application dondes
sonores. Lexamen est sans danger. Il permet à la fois de
déterminer la vitesse de la circulation sanguine (Dop-
pler) et la forme des vaisseaux sanguins (échographie).
Leffet Doppler permet de déterminer la vitesse du
sang : le médecin peut ainsi rendre audible le flux de
sang dans les veines. En cas de rétrécissement, le sang
coule plus rapidement. Un changement de hauteur de
son permet donc au médecin de localiser le rétrécisse-
ment et den évaluer l’ampleur.
Le retour des ondes sonores permet quant à lui de
déterminer sur l’échographie la construction des vais-
seaux sanguins, leur position et leur grandeur.
Cet examen permet souvent de détecter un rétrécisse-
ment asymptomatique de la carotide, mais il est ina-
déquat pour l’évaluer correctement.
RMN des vaisseaux sanguins
La résonance magnétique nucléaire (RMN) est une
autre façon d’analyser les vaisseaux sanguins. On la
dénomme également MRA (le A représentant le mot
angiographie”, recherche sur les vaisseaux sanguins).
A l’aide de champs magnétiques puissants, votre corps
et les vaisseaux sanguins sont étudiés, après injection
d’un colorant (produit de contraste) qui permet de
faire ressortir les vaisseaux sanguins. Une RMN est
inoffensive. Cest le meilleur test pour déterminer la
gravité du rétrécissement.
CT-scanner des vaisseaux sanguins
Un CT-scanner (tomographie par ordinateur)
utilise des rayons ntgen (rayons X), le plus sou-
vent pour avoir des images de votre cerveau. On
recherche alors déventuels dégâts causés au cer-
veau par des petites attaques. Ceci permet éga-
lement de chercher s’il n’y a pas d’autres causes
à un AVC (attaque) que le rétrécissement de la
carotide. Lorsqu’on effectue un CT-scanner, des
rayons röntgen sont émis, ce qui est potentielle-
ment nuisible. Lors de cet examen, on peut éga-
lement colorer le sang d’une artère, pour que les
vaisseaux sanguins soient colorés sur le scanner.
Ce produit de contraste ne provoque que rarement
des complications graves, mais il peut être la cause
de réactions d’hypersensibilité. Le colorant doit
être évacué par les reins, ce qui peut représenter
une charge supplémentaire pour ceux-ci.
Angiographie
Aujourd’hui, cet examen nest plus réalisé qu’excep-
tionnellement, dans la mesure la RMN et le CT-
scanner offrent de bonnes alternatives.
Une angiographie est un test contraignant, qui peut
occasionner des complications vères. Lors d’une
angiographie, on introduit un cathéter par une ar-
tère de l’aine pour aller jusqu’à la carotide. On in-
jecte ensuite un produit de contraste. Cela permet
d’avoir de très bonnes images, mais le produit de
contraste peut occasionner des réactions d’hyper-
sensibilité. Le produit de contraste est éliminé par
les reins, ce qui peut constituer une charge supplé-
mentaire pour ceux-ci.
7. Traitements non
chirurgicaux
Les traitements qu’on peut recommander à tout le
monde sont une bonne hygiène de vie et des traite-
ments préventifs pour éviter les thromboses et les em-
bolies.
Un style de vie sain
En vivant sainement, vous améliorez l’état de vos vais-
seaux sanguins. Il nest jamais trop tard pour commen-
cer.
Médicaments
Afin déviter que le sang ne forme des caillots sur la plaque,
le médecin va le plus souvent prescrire des antiagrégants.
Ces médicaments empêchent les plaquettes sanguines de
s’agréger, ce qui est une phase importante dans la coagula-
tion. L’antiagrégant le meilleur et le moins cher est l’aspi-
rine à faible dose. Comme la dose est très faible, il y a peu
deffets secondaires. Le risque d’hémorragie augmente -
gèrement. Le dipyridamole (Persantine®) ou le clopidogrel
(Plavix®) sont d’autres antiagrégants. Le clopidogrel nest
remboursé que dans des indications spécifiques. Les stati-
nes sont appelées “réducteurs de cholestérol”. Elles ont été
développés pour abaisser le taux de cholestérol, mais leur
fonction la plus importante est leur capacité de stabiliser la
plaque athéromateuse. Ce nest pas le cholestérol sanguin
mais bien la plaque instable qui vous menace. Pour cette
raison, les statines sont des médicaments particulièrement
actifs en cas d’artériosclérose. La prise régulière de statines
prolonge votre durée de vie et diminue le risque de voir
survenir un nouvel infarctus ou un AVC, malgré le taux de
cholestérol. Bien sûr, d’autres causes médicales d’artério-
sclérose comme l’hypertension ou le diabète doivent égale-
ment être traitées le mieux possible.
Arrêtez de fumer. Si vous n’y parvenez
pas, demandez conseil à votre médecin
généraliste.
Variez votre alimentation en consom-
mant beaucoup de poisson, de fruits et de
légumes. Diminuez le sel et les graisses.
Bougez au minimum trente minutes par
jour.
Il est sain de modérer sa consomma-
tion d’alcool. Evitez de boire excessive-
ment. Ne buvez pas plus de deux (pour
les femmes) ou trois (pour les hommes)
verres d’alcool par jour (le vin ou la bière
pendant les repas sont également de
l’alcool, ne loubliez pas).
Faites attention à votre poids et évitez
den prendre. Un bon régime amaigris-
sant fait partie d’un changement radical
de style de vie. Ce nest donc pas un luxe
de demander conseil à votre généraliste
ou à un diététicien.
Veillez à vous détendre et à dormir suf-
fisamment.
8. Comment traiter par
opération ?
Chirurgie ouverte : lopération de la caro-
tide (endartériectomie)
Principe
Dans le cas d’une opération de la carotide ou endar-
tériectomie, le chirurgien vasculaire pratique une in-
cision dans la carotide et retire la couche interne de
la paroi vasculaire, se trouve la plaque. Dans la
mesure où une incision est pratiquée dans le corps, on
parle d’une technique ouverte. Le chirurgien vascu-
laire ne doit clamper (pincer) l’artère que pendant un
temps limité. Si la circulation sanguine est insuffisante,
le chirurgien la rétablit en plaçant temporairement un
shunt. Il s’agit d’un petit tube qui dévie le sang autour
du vaisseau traité. Après l’opération, l’ouverture dans
l’artère est fermée à l’aide d’un patch : un morceau de
tissu synthétique ou d’un petit morceau de paroi vas-
culaire prélevé dans une vaisseau de la jambe. L’artère
est ainsi plus large qu’avant l’opération.
Risques
En pratique, une opération de la carotide est une opé-
ration dangereuse, qui peut entraîner de nombreuses
complications sévères comme :
- une infection de la plaie (les bactéries sont responsa-
bles de ce type d’infection);
- une pneumonie (causée par l’alitement et une respi-
ration plus superficielle);
- une thrombose ou une embolie pulmonaire (suite au
repos, des caillots peuvent se former dans les veines
des membres inférieurs et obstruer les vaisseaux san-
guins dans les poumons.
En cours d’opération, des caillots peuvent se détacher
et provoquer un AVC. Les personnes souffrant d’un
rétrécissement de la carotide présentent également un
risque accru d’infarctus du myocarde. A cause d’un
rétrécissement et d’un infarctus, le risque de décès est
élevé. Des nerfs peuvent avoir été endommagés, ce qui
peut entraîner des troubles de la déglutition ou des
mouvements de la langue.
Après l’opération, une hémorragie peut se produire,
due à une fuite entre les sutures. Ce risque est relati-
vement élevé lors d’une opération de la carotide dans
la mesure on augmente la dilution du sang pour
prévenir une thrombose. Après l’opération, la pression
sanguine peut être temporairement élevée, ce qui aug-
mente le risque –sans doute faible- de voir survenir
une hémorragie cérébrale.
Résultats
Dans le cas d’une sténose symptomatique, selon le
patient et le chirurgien, le risque de décès ou d’AVC
peut atteindre 8%.
Dans le cas de rétrécissements asymptomatiques, le
risque de complications vères est moins élevé, mais
les avantages d’une opération sont également beau-
coup plus faibles.
Chirurgie fermée : angioplastie carotidienne
Dans le cas de l’angioplastie de la carotide (Carotis
Artery Stenting), le radiologue ouvre l’artère au ni-
veau de l’aine. Il y insère un serpentin terminé par un
petit ballon non gonflé, qu’il va positionner à l’endroit
du rétrécissement de la carotide : en passant par l’aorte
abdominale vers la crosse de l’aorte, puis vers le haut à
travers de la carotide commune, vers la division entre
la carotide interne et externe. Dès que le petit ballon
se trouve à lendroit du rétrécissement, il est gonflé. Ce
qui permet de dilater la paroi vasculaire et déliminer
le rétrécissement. Ce traitement est toujours combiné
avec la mise en place d’un petit tuyau (stent) qui per-
met de garder le vaisseau perméable. Dans la mesure
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