Zéro-cycles de degré un sur les espaces homog`enes - IMJ-PRG

Z´ero-cycles de degr´e un sur les espaces
homog`enes
Mathieu Florence
Abstract
We explain how to build homogeneous spaces of a connected linear
algebraic group, having zero-cycles of degree one but no rational point,
even on a smooth compactification. Thus, we give a negative answer
to a recent question asked by Burt Totaro. Roughly speaking, the
strategy is as follows: we apply a nonabelian cohomological machinery
to some extension of finite groups, which is non-split, but split over
every p-Sylow of the base. We give two precise examples: the first and
easiest one, over the field C((x))((y)); the second one, which requires
a little more work, over a local or global field, and with finite abelian
stabilizers. Both are rational varieties. 1
1 Introduction
Nous nous ineressons dans cet article `a la question suivante, pos´ee par Burt
Totaro ([?], Question 0.2) :
Question. Soit Gun groupe alg´ebrique lisse connexe d´efini sur un corps
k. Soit Xune vari´et´e quasi-projective, munie d’une structure d’espace ho-
mog`ene sous G. Supposons qu’il existe un 0-cycle de degr´e d > 0sur X.
Peut-on alors dire que Xposs`ede un point dans une extension s´eparable de
k, de degr´e divisant d ?
Nous donnons dans cette article une r´eponse n´egative `a cette question. Plus
pr´ecis´ement, nous exposons, sur un corps de caract´eristique nulle, une m´ethode
1AMS Classification: 14L30
1
g´en´erale de construction d’un espace homog`ene X, sous un groupe r´eductif
G, `a stabilisateurs finis non ab´eliens, sans point rationnel mais poss´edant un
0-cycle de degr´e 1 (th´eor`eme ??). Nous donnons ensuite deux exemples par-
ticuliers: le premier, quasi imm´ediat, sur le corps C((x))((y)) (section ??);
le second, demandant une ´etude quelque peu plus pouss´ee, sur un corps lo-
cal ou un corps de nombres (th´eor`eme ??). D’autres contre-exemples, d’une
toute autre nature cependant, ont ´et´e r´ecemment obtenus par Parimala ([?])
de fa¸con ind´ependante. Plus pr´ecis´ement, Parimala a construit, sur un corps
du type k((t)) (pour kun corps p-adique convenable), un espace homog`ene
sous un groupe sp´ecial unitaire, qui est une vari´et´e projective, poss´edant un
0-cycle de degr´e 1 mais pas de point k-rationnel.
Cet article n’aurait pas vu le jour sans les conseils et le soutien de Philippe
Gille; nous l’en remercions vivement. Nous remercions ´egalement Jean-
Claude Douai, David Harari, Boris Kunyavskii et Burt Totaro pour d’´eclairantes
conversations et pour l’int´erˆet qu’ils ont port´e `a ce travail. Nous remercions
enfin Mikha¨ıl Borovoi et Ofer Gabber pour leurs pr´ecieuses suggestions.
Notations.
Dans toute la suite, la lettre kesigne un corps de caract´eristique nulle, et k
une clˆoture alg´ebrique de k. On note Γkle groupe de Galois de k/k. Si Xest
un k-scema, nous notons Xle k-sch´ema XNkk. On s’autorisera cependant
parfois `a noter Xun k-sch´ema quelconque, qui n’est pas n´ecessairement
obtenu par extension des scalaires `a partir d’un k-scema. Si Yest un k-
scema et si σΓk, on note σYle k-sch´ema obtenu `a partir de Ypar
changement de base par le morphisme Spec(k)Spec(k) correspondant `a
σ. Par d´efinition, une k-vari´et´e Xest dite rationnelle si Xest k-birationnelle
`a un espace affine. Par k-groupe, nous entendons un k-sch´ema en groupes
lisse, localement de type fini. Dans la section ??, les k-groupes consid´er´es
seront tous lin´eaires. Un exemple simple de k-groupe, dont nous faisons usage
dans la suite, est le groupe multiplicatif d’une k-alg`ebre Ade dimension finie
sur k, not´e GL1(A). Pour toute k-alg`ebre commutative B, nous avons donc
GL1(A)(B) = (AkB). Soit Gun k-groupe. On note Z(G) le centre de G;
si HGest un k-sous-groupe de G, on note CG(H) le centralisateur de H
dans G. On note Aut(G) le k-groupe des automorphismes de G, Inn(G) =
G/Z(G) le k-sous-groupe distingu´e form´e des automorphismes inerieurs, et
Out(G) = Aut(G)/Inn(G) le k-groupe des automorphismes ext´erieurs. Si
gG(k), l’automorphisme int´erieur x7→ gxg1est not´e ig. Soit HG
un k-sous-groupe de G, et X un G-espace homog`ene (`a droite). On dit
2
que Xest un espace homog`ene de stabilisateur Hsi Xposs`ede un point
g´eom´etrique dont le stabilisateur est H. Nous notons H1(k, G, H) les classes
d’isomorphie de tels espaces. Par k-forme d’un k-sch´ema Y, on entend la
donn´ee d’un k-scema Xet d’un k-isomorphisme Y'X. Si Yest un k-
groupe, on suppose de plus que Xest un k-groupe et que l’isomorphisme
donn´e est un isomorphisme de groupes.
2 Cohomologie
Nous ´etablissons dans cette section les r´esultats de nature cohomologique qui
servent `a la construction des contre-exemples. La th´eorie utilis´ee ici est celle
du H2non-ab´elien en cohomologie galoisienne (cf [?] pour une exposition
d´etaill´ee, voir aussi [?] pour une excellente introduction). Nous avons jug´e
utile d’en rappeler d’abord bri`evement les fondements.
2.1 Rappels
Soit Gun k-groupe de type fini, ne poss´edant pas n´ecessairement de k-forme.
D´efinition. On appelle automorphisme k-semi-alg´ebrique de Gla donn´ee
d’un ´el´ement σΓket d’un isomorphisme de k-groupes s:σGG
(il est clair que σest alors uniquement determin´e par s, vu comme auto-
morphisme du Z-scema G). On note SAut(G/k) l’ensemble des automor-
phismes k-semi-alg´ebriques de G. Si s:σGGet t:τGGsont
deux automorphismes k-semi-alg´ebriques de G, on peut former le compos´e
st :στ G=σ(τG)σt
σGs
G. On munit ainsi SAut(G/k) d’une structure
de groupe.
Par exemple, si Gposs`ede une k-forme G, tout ´el´ement de Γkpeut ˆetre vu
comme un automorphisme k-semi-alg´ebrique par son action naturelle sur G.
On a la suite exacte 1 Aut(G)(k)SAut(G/k)π
Γk, o`u πest le
morphisme qui `a sassocie σ. A une k-forme Gde Gcorrespond une section
sde π, autrement dit une ´ecriture SAut(G/k)'Aut(G)(k)oΓk. Ce dernier
produit est bien sˆur direct si Aut(G) est constant (par exemple si Gest fini
constant, ce qui sera souvent le cas dans la suite, ou si Gest un tore d´eploe).
3
Il est possible de munir SAut(G/k) d’une structure de groupe topologique
(cf [?], 1.6); il y a mˆeme plusieurs fa¸cons d’y parvenir. Nous n’en parlerons
pas ici, car seule importe pour notre propos la notion de fonction continue
ΓkSAut(G/k), qui peut ˆetre d´efinie comme suit (cf [?], condition (ii) de
la proposition 1.7).
D´efinition. Soit lune extension finie de k, telle qu’il existe une l-forme G
de G, d´efinissant une section sdu morphisme π|l: SAut(G/l)Γl. Une
fonction Γk
f
SAut(G/k) est continue si, pour tout τΓk, le morphisme
ΓkAut(G)(k), σ 7→ s(σ)1f(τ)1f(τσ)
est localement constant.
Cette notion de continuit´e ne d´epend pas de l’extension let de la l-forme de
Gchoisies.
D´efinition. Le groupe des automorphismes k-semi-alg´ebriques ext´erieurs
de G, not´e SOut(G/k), est d´efini comme le conoyau de l’injection naturelle
Inn(G)(k)SAut(G/k).
D´efinition. Un k-lien est un morphisme de groupes κ: ΓkSOut(G/k),
qui se rel`eve en une section ensembliste continue de π.
Par exemple, si Gposs`ede une k-forme G, l’action de Γksur Gfournit na-
turellement un k-lien, appel´e lien trivial. Si Aut(G) est constant, un k-
lien est simplement un morphisme continu (c’est-`a-dire localement constant)
ΓkOut(G).
Nous avons introduit le mat´eriel requis pour d´efinir la notion de H2non
ab´elien:
D´efinition. Soit κun k-lien. On appelle 2-cocycle (`a coefficients dans κ)
un couple (f, g) d’applications continues
f: ΓkSAut(G/k), s 7→ fs, et g: Γk×ΓkG(k),(s, t)7→ gs,t
v´erifiant les conditions suivantes:
(i) fmod Inn(G) = κ,
(ii) fsft=igs,t fst et fs(gt,u)gs,tu =gs,tgst,u.
On note Z2(k, G, κ) l’ensemble des 2-cocycles. Deux cocyles (f, g) et (f0, g0)
4
sont dits ´equivalents s’il existe une application continue h: ΓkG(k)
v´erifiant f0
s=ihsfset g0
s,t =hsfs(ht)gs,th1
s,t .
L’ensemble de 2-cohomologie H2(k, G, κ) est par d´efinition l’ensemble des
classes d’´equivalences de cette relation.
Lorsque Gest commutatif, auquel cas κn’est autre qu’une action de Γk
sur G, on retrouve le second groupe de cohomologie usuel. En g´en´eral,
H2(k, G, κ) peut toujours s’interpr´eter en termes d’extensions de groupes.
Plus pr´ecis´ement, consid´erons les extensions de groupes topologiques:
1G(k)i
Eq
Γk1,(1)
o`u G(k) est comme auparavant muni de la topologie discr`ete, iet q´etant
continues et ouvertes sur leurs images. Deux telles extensions Eet E0sont
dites ´equivalentes s’il existe un isomorphisme EE0induisant l’identit´e
sur G(k) et sur Γk.
Proposition 2.1 Il existe une bijection naturelle entre H2(k, G, κ)et les
classes d’extensions (??) telles que le morphisme ΓkOut(G(k)) qui leur
est associ´e co¨ıncide avec le compos´e Γk
κ
SOut(G/k)Out(G(k)).
D´emonstration. [?], Lemme 1.19.
En particulier, si Gest fini constant, on voit que la donn´ee d’un k-lien κet
d’une classe dans H2(k, G, κ) correspond simplement `a une extension E(de
groupes topologiques) de Γkpar G. Une telle extension provient toujours
de la th´eorie des groupes finis. Autrement dit, il existe un sous-groupe ou-
vert distingu´e Ude Γk, et une extension 1 GE0Γk/U 1,
telle que Esoit isomorphe au pull-back de E0par la surjection canonique
ΓkΓk/U. La th´eorie du H2non ab´elien, dans le cas d’un groupe fini
constant, se ram`ene donc `a la th´eorie des extensions de groupes finis, telle
qu’expos´ee dans [?].
Soit κun k-lien. L’ensemble H2(k, G, κ) est marqu´e par l’ensemble des classes
neutres, c’est-`a-dire qui correspondent, par la proposition pr´ec´edente, `a des
extensions scind´ees. Il revient au mˆeme de dire qu’une telle classe peut ˆetre
repr´esenee par un 2-cocyle de la forme (f, 1). Par exemple, si Gposs`ede une
k-forme G, et si κest le lien trivial associ´e `a G, on dispose d’une classe neutre
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