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HORS SERIE : UN JOURNAL DE
LA DYSLEXIE
Et si un recueil de témoignages, de ressentis permettait dans un collège de mieux comprendre les Troubles Spécifiques du Langage
Ecrit et donc de déclencher le désir de les prendre en compte ?
TEMOIGNAGES
Claude, maintenant adulte, nous raconte sa souffrance d’enfant à lire en page 2
C. maman d’un élève dyslexique, raconte son parcours et celui de son fils
Le collège : quatre années de galère ! Ames sensibles s'abstenir…p 3
S. auxiliaire de vie scolaire, donne son point de vue sur la question. Comment travailler en
individualisant sa démarche dans un cadre collectif ? p 5
DES DONNEES SCIENTIFIQUES
Un glossaire utile pour comprendre le
jargon scientifique p 7
Des extraits de l’article « De l’origine
biologique de la dyslexie » écrit par M.
Franck Ramus, Pour ne plus ignorer que la
dyslexie est un handicap. p 8
UNE INTERWIEW EXCLUSIVE : UNE
ORTHOPHONISTE EXPLIQUE ! P 11
Tout ce que vous voulez savoir sur les
TSLE sans jamais avoir osé le demander !
Non ! il ne s’agit pas de maladies
sexuellement transmissibles ! Ces sigles
obscurs désignent les troubles
spécifiques du langage écrit. A ce sujet,
P. orthophoniste, a bien voulu répondre
aux questions de notre envoyée très
spéciale.
LES REMEDIATIONS LES MOYENS POUR AGIR VOIR EN PAGE 12
ET AUSSI Le coin des pouëts p 4
Inspiré de Montesquieu, un article ironique de notre journaliste vedette p 6
2
UN TEMOIGNANGE POIGNANT :
CLAUDE NOUS RACONTE SA
SCOLARITE DE DYSLEXIQUE
Nota : par respect pour le courage et les
efforts de Claude Reygnier (cet écrit lui
a demandé plusieurs heures), nous avons
choisi de publier ce témoignage sans
correction.
Pour moi, tout cela a commencé au CP.
Dès le début de l'apprentissage de la
lecture et de l'écriture, tous les acpects
liés à la dyslexie tels la lenteur,
l'incompréhension des mots et des
phrases et la diffuculté à lire à haute
voix sont apparus.
Lorsqu'un enseignant a mis le doigt
sur mon problème, la solution envisagée
fut la mise en place d'un suivi par un
orthophoniste, un psychologue, la prise
de cours de rattrapage les après-midi
d'école pendant quelques années (2 ou3
ans).Pour le psy, les problèmes venaient
de moi, et je devait faire un effort sur
moi pour vaincre mes craintes, mon
émotivité, etc... Pour lui, il était
impossible de faire le distinguo entre ce
qui pouvait être lié à la dyslexie, et ce
qui venait de moi (mon « sale
caractère »). Finalement, il lui semblait
que si je n'y parvenait pas, c'est que j'y
mettais de la mauvaise volonté. J'aie
redoublée 3 classes, je me suis senti de
plus en plus coupable de n'être pas
comme les autres, mon émotivité n'a fait
que grandir encore, et je me suis senti
mise en infériorité par rapport aux
copains et copines qui passaient devant
moi.
L'accumulation de recevoir en fin
de trimestre des bulletin disant
«beaucoup de bonne volonté, mais
n'arrive toujours pas à surmonter ses
difficultés » ont fini par me démotiver.
C'était manifestement à leurs yeux Mon
problème, mais pas le leur et certains
n'hésitaient pas à me donner des heures
de colle présumant que je ne travaillais
pas suffisement.
Pour exemple, je me souvient
d'une poesie pour laquelle je me suis
retrouvée devant toute la classe à ne
pouvoir dire un seul mot (peur de
l'enseignant), ce qui a énervé la prof (la
poesie je la savait par coeur à la
maison).
Tous les symptômes n'ont fait
qu'augmenter au fil des année, alimentés
également par le manque de confiance en
moi qui devenait de plus en plus fort et
me bloque encore dans de nombreux
domaines.
Bien évidemment, tout cela n'était
pas sans conséquences sur la vie de
famille les discutions devenaient
vivent entre les parents de n'entendre
que de mauvais jugement à mon sujet de
la part des profs. Me parents
n'entrevoyaient aucune solution, et ne
savaient plus que faire de moi. Entendant
régulièrement les discutions à mon sujet,
cela ne faisait qu'accroître ma
culpabilité.
Aujourd'hui, restent présent en
moi à chaque instant:
Echec de n'avoir aucun diplôme.
Avoir manqué ma vie professionnelle.
Mais à force de volonté et
d'acharnement j'aie finalement amorcé
une vie professionnelle qui ne ressemble
pas à ce que je souhaite. Et
l'incompréhension dont j'aie été victime
durant toute ma scolarité et au delà
m'ont gachés, et me gache encore la vie.
3
Témoignage de Claude Reygnier
.
ETAT D'AME D'UNE MERE
CONFRONTEE A UNE GALERE …
Le passage d’un enfant dyslexique au collège
signifie souvent, pour ses parents comme
pour lui, quatre longues années de galère… C.
nous propose un témoignage émouvant de ce
qu’elle a vécu en tant que maman d’un enfant
dyslexique.
« En 2000, il n’est pas facile d’être parent
d’enfant dyslexique au collège de R. La
dyslexie est très peu connue, certains
enseignants m’avoueront même n’en avoir
jamais entendu parler !
Le plus difficile à vivre, c’est le poids des
mots, sur les copies, sur les bulletins ou
oralement lors des rencontres parents-
professeurs : « ne se concentre pas », « est
à la traîne », « ne travaille pas assez », « n’a
pas appris ses leçons », ou encore : « la
dyslexie n’explique pas tout », « c’est
psychologique », « c’est politique » !!!
Que de mots vécus comme une injustice !
Nous essayons d’expliquer que notre fils a un
problème de dyslexie, dysorthographie, a
des difficultés de compréhension du langage
oral et (pour les initiés à la gestion mentale)
est uniquement auditif.
Notons que nous avons obtenu ces
diagnostics au compte-goutte, après s’être
battu pour les avoir car des comportements
nous échappaient encore et agaçaient les
profs : pour eux, un dyslexique ne finit pas
de copier avant tout le monde… sauf notre
fils, qui ne regarde que rarement par le
tableau car il écrit directement ce que dit
l’enseignant ! Et oui, difficulté
supplémentaire : tous les dys sont
différents !
Alors, parfois, face à tous ces adultes qui ne
comprennent pas toujours, vous baissez la
tête, vous rentrez chez vous et vous pleurez
en famille.
Comment oser insister ? Comment
continuer à expliquer aux enseignants que
notre enfant a passé de longs moments à
essayer de comprendre chaque matière et
n’a pas retenu grand-chose ? Qu’il s’est
obligé, durant des semaines, à lire un livre et
qu’il n’a même pas retenu le nom du héros ?
Qu’il est incapable de restituer une gamme à
partir d’une autre note que le do ? Que sa
lenteur et sa concentration sont le fait de
ce trouble ? Que son comportement, aussi
déplaisant soit-il, n’est que le résultat d’une
obligation de se protéger des mots qui font
mal ?
Lui-même se qualifie de nul.
Comment pourrait-il en être autrement,
quand un enseignant nous déclare un jour
« Non, je ne vois pas ce que je pourrais vous
dire de positif sur votre enfant. » ?
Mon fils n’est pourtant ni agressif, ni très
agité, ni très opposant, pas complètement
indiscipliné et sûrement pas violent. Et il a
(nous l’avons suffisamment fait tester pour
en être certains !) une intelligence normale !
Comment lui éviter d’entrer dans le cercle
vicieux des troubles de l’apprentissage
troubles du comportement ?
Nous avons par ailleurs noté une différence
de comportement chez notre fils,
dépendant du respect qu’il éprouvait pour
l’enseignant qui ne le "cassait" pas.
Je souhaiterais vraiment que le
comportement, disons « inadapté », d’un
enfant fasse systématiquement l’objet d’un
questionnement : pourquoi est-il agressif ?
Pourquoi plonge-il sous la table ? Pourquoi
s’évade-t-il dans son monde ?
Il m’est insupportable de voir un enfant
s’enfoncer dans l’échec et la souffrance. Il
m’est encore moins tolérable que cela se
passe dans notre école publique car, si
celle-ci n’est pas faite pour ces enfants-là
aussi, alors, que leur reste-t-il ?
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J’aimerais que l’on considère ces enfants
comme des êtres "extra-ordinaires", pour
lesquels nous n’avons pas de mode d’emploi,
pour qui nous devons réinventer une
pédagogie positive qui les entraîne vers le
haut. Alors, se sentant épaulés, ils
trouveront leurs propres méthodes et
avanceront.
Au-delà de la dyslexie et des troubles de
l’apprentissage, c’est la différence, tout
simplement, que j’aimerais que l’on accueille
autrement à l’école.
Lorsque mon fils est entré au collège, j’ai
demandé un rendez-vous à la principale. La
première heure fut un calvaire : j’étais seule
face à l’Administration, j’étais la mère d’un
enfant difficile
Puis la principale m’a entendue, a ouvert son
cœur, a mis son intelligence et son modeste
pouvoir au service de tous ces enfants. Un
groupe d’enseignant s’est investi, a cherché
à comprendre, à évoluer… Je les en remercie
aujourd’hui chaleureusement.
Réfléchissons ensemble et travaillons pour
laisser à tous une véritable chance de
progresser et de s’épanouir au collège : tout
enfant mérite notre attention.
P.S. : notre fils a été très fier d’obtenir son
brevet au terme de sa troisième »
C. maman d’un garçon dyslexique
Voilà le hic !
Voilà le hic : je suis un enfant dyslexique !
Syllabes inversées, erreurs orthographiques
Les mots dans les cahiers jouent à me faire la
nique
Le jour de la dictée souffle un vent de panique.
J’aimerais tant jouer avec la poétique
Pourvoir rêver ma vie sans l’ordre alphabétique
Ecrire des chansons à l’encre sympathique
Mais mon cerveau ne prend que des chemins
obliques !
Je m’acharne pourtant, en un cri héroïque,
Sur le métier cent fois, j’applique les
techniques,
Les lettres pour moi livrent une bataille épique
Mais ma plume égarée n’a que piètre réplique
Elle est tarie pour moi la source de Musique
Et c’est en maladroit que je vous communique
Mon profond désarroi. Ecoutez ma supplique !
Voilà le hic : je suis un enfant dyslexique.
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COMMENT TRAVAILLER AVEC UN AVS-CO ?
Il ne s’agit pas du dernier ordinateur
portable à la mode mais d’un Auxiliaire de
Vie Scolaire et Collective.
Ces personnes sont recrutées dans le but de
favoriser l’intégration des élèves handicapés
et/ou à TSLE. Elles constituent une aide
appréciable (et très appréciée !) pour
l’enseignant.
S., AVS-Co depuis 2 ans, répond à mes
questions :
- Comment avez-vous obtenu ce poste ?
S. : - Je me suis porté candidat car j’étudie
pour devenir professeur des écoles et il me
semblait intéressant de mettre un pied dans
la place. Cela dit, n’importe qui (ou presque !)
peut devenir AVS car seul le bac est exigé.
- Quel est votre rôle précis au sein de la
classe ?
S. : - J’aide l’enseignant, quelle que soit sa
matière, en prenant en charge les élèves les
plus en difficultés. Par exemple, je vais
relire les consignes avec un enfant,
m’assurer qu’il a compris ce qu’on attend de
lui, l’aider à commencer un exercice… Je
peux aussi prendre des notes à la place d’un
élève trop lent, vérifier qu’il a ouvert son
livre à la bonne page, recopier la leçon sans
erreurs et lisiblement, qu’il a écrit le travail
à faire dans son cahier de texte…
- Mais n’est-ce pas le rôle de
l’enseignement, celui-ci n’a-t-il pas le
sentiment que vous empiétez sur son
domaine ?
S. : - Pas vraiment car l’enseignant n’a pas le
temps de passer derrière chaque élève. De
plus, je dispose d’une marge de manœuvre
dont l’enseignant ne peut pas bénéficier : par
exemple, je peux isoler un élève en le faisant
travailler dans une salle à part, ou sur
ordinateur, ou encore faire des recherches
au CDI avec lui.
De plus, comme nous ne sommes pas des
spécialistes de chaque matière, quand je
réexplique une notion aux élèves, j’emploie
souvent des termes plus simples et j’essaie
de varier les approches du problème. L’élève
est davantage en confiance car il est dans
une relation individuelle et peut me poser
des questions sans crainte des jugements.
- Justement, comment les autres élèves vous
regardent-ils ? Ne sont-ils pas jaloux de
l’aide que vous apportez à certains ?
S. : - On peut, si besoin, donner un coup de
main à d’autres ! Il m’arrive de circuler dans
la classe, par exemple, en cours
d’orthographe, pour aider d’autres enfants à
corriger leurs exercices. Mais il faut faire
attention à ne pas se disperser. A priori, on
nous a embauché pour les élèves à besoins
spécifiques. Là, c’est aux professeurs, en
particulier au professeur principal, de mener
un travail d’explications avec les élèves.
Mais, jusqu’à présent, je dois dire que les
élèves acceptent bien ma présence.
- Et avec les enseignants, comment cela se
passe-t-il ?
S. : - Plutôt bien car les enseignants qui
réclament ma présence sont volontaires.
Ceux qui ne me souhaitent pas dans leur
classe (peut-être parce qu’ils sont gênés,
qu’ils craignent que je ne juge leur travail…)
ne font pas appel à moi. Je m’adapte aux
demandes et à la personnalité de chacun.
On essaie d’échanger au maximum pour être
constructifs et efficaces, mais ce n’est pas
toujours facile car il n’y a aucune plage
horaire prévue pour une concertation dans
nos emplois du temps respectifs. On
s’arrange donc souvent en début ou en fin de
cours, voire dans les couloirs, entre deux
portes ! C’est dommage…
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