Témoignage de Claude Reygnier
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ETAT D'AME D'UNE MERE
CONFRONTEE A UNE GALERE …
Le passage d’un enfant dyslexique au collège
signifie souvent, pour ses parents comme
pour lui, quatre longues années de galère… C.
nous propose un témoignage émouvant de ce
qu’elle a vécu en tant que maman d’un enfant
dyslexique.
« En 2000, il n’est pas facile d’être parent
d’enfant dyslexique au collège de R. La
dyslexie est très peu connue, certains
enseignants m’avoueront même n’en avoir
jamais entendu parler !
Le plus difficile à vivre, c’est le poids des
mots, sur les copies, sur les bulletins ou
oralement lors des rencontres parents-
professeurs : « ne se concentre pas », « est
à la traîne », « ne travaille pas assez », « n’a
pas appris ses leçons », ou encore : « la
dyslexie n’explique pas tout », « c’est
psychologique », « c’est politique » !!!
Que de mots vécus comme une injustice !
Nous essayons d’expliquer que notre fils a un
problème de dyslexie, dysorthographie, a
des difficultés de compréhension du langage
oral et (pour les initiés à la gestion mentale)
est uniquement auditif.
Notons que nous avons obtenu ces
diagnostics au compte-goutte, après s’être
battu pour les avoir car des comportements
nous échappaient encore et agaçaient les
profs : pour eux, un dyslexique ne finit pas
de copier avant tout le monde… sauf notre
fils, qui ne regarde que rarement par le
tableau car il écrit directement ce que dit
l’enseignant ! Et oui, difficulté
supplémentaire : tous les dys sont
différents !
Alors, parfois, face à tous ces adultes qui ne
comprennent pas toujours, vous baissez la
tête, vous rentrez chez vous et vous pleurez
en famille.
Comment oser insister ? Comment
continuer à expliquer aux enseignants que
notre enfant a passé de longs moments à
essayer de comprendre chaque matière et
n’a pas retenu grand-chose ? Qu’il s’est
obligé, durant des semaines, à lire un livre et
qu’il n’a même pas retenu le nom du héros ?
Qu’il est incapable de restituer une gamme à
partir d’une autre note que le do ? Que sa
lenteur et sa concentration sont le fait de
ce trouble ? Que son comportement, aussi
déplaisant soit-il, n’est que le résultat d’une
obligation de se protéger des mots qui font
mal ?
Lui-même se qualifie de nul.
Comment pourrait-il en être autrement,
quand un enseignant nous déclare un jour
« Non, je ne vois pas ce que je pourrais vous
dire de positif sur votre enfant. » ?
Mon fils n’est pourtant ni agressif, ni très
agité, ni très opposant, pas complètement
indiscipliné et sûrement pas violent. Et il a
(nous l’avons suffisamment fait tester pour
en être certains !) une intelligence normale !
Comment lui éviter d’entrer dans le cercle
vicieux des troubles de l’apprentissage
troubles du comportement ?
Nous avons par ailleurs noté une différence
de comportement chez notre fils,
dépendant du respect qu’il éprouvait pour
l’enseignant qui ne le "cassait" pas.
Je souhaiterais vraiment que le
comportement, disons « inadapté », d’un
enfant fasse systématiquement l’objet d’un
questionnement : pourquoi est-il agressif ?
Pourquoi plonge-il sous la table ? Pourquoi
s’évade-t-il dans son monde ?
Il m’est insupportable de voir un enfant
s’enfoncer dans l’échec et la souffrance. Il
m’est encore moins tolérable que cela se
passe dans notre école publique car, si
celle-ci n’est pas faite pour ces enfants-là
aussi, alors, que leur reste-t-il ?