Le New Labour & La « Troisième Voie
1
Tony Blair, le New Labour
&
La « troisième voie »
( Notes de synthèse )
Document préparé par : A. KRIKEB
Paris le 13/01/04
Le New Labour & La « Troisième Voie
2
Table des matières
1 FAIRE FACE AUX NOUVEAUX DEFIS ..................................................................................................................... 3
2 LE SYSTEME POLITIQUE BRITANNIQUE & LE PARTI TRAVAILLISTE ...................................................... 6
2.1 LE PARTI TRAVAILLISTE DE 1900 A NOS JOURS ......................................................................................................... 6
2.2 LA REFORME DE LA « CLAUSE IV » .......................................................................................................................... 8
2.3 LA NAISSANCE DU « NEW LABOUR » ........................................................................................................................ 8
3 LA TROISIEME VOIE : LA VOIE DE LA REFORME…? .................................................................................... 10
3.1 LA GAUCHE, LA DROITE ET LE « CENTRE ACTIF » .................................................................................................... 10
3.2 LES ELEMENTS DOCTRINAIRES DE LA « TROISIEME VOIE » ...................................................................................... 11
3.3 LE ROLE DE LA SOCIETE CIVILE ............................................................................................................................... 12
3.4 LE SENS DE LEGALITE ............................................................................................................................................ 13
3.5 LA « PROTECTION SOCIALE POSITIVE » ................................................................................................................... 13
3.6 LA POLITIQUE ECONOMIQUE ................................................................................................................................... 14
3.7 LA RETRAITE : UNE NOUVELLE CARRIERE ............................................................................................................... 15
4 LE BLAIRISME : LA « TROISIEME VOIE » MISE EN PRATIQUE ................................................................... 15
4.1 LE « NEW LABOUR » ET LA CULTURE DENTREPRISE .............................................................................................. 16
4.1.1 Stakeholding versus Shareholding ..................................................................................................................... 16
4.1.2 Etat, Individus et Entreprise : Une responsabilité partagée ............................................................................. 17
4.1.3 La compétitivité ................................................................................................................................................. 17
4.2 LE « NEW DEAL » : EMPLOI ET ALLOCATIONS CONDITIONNELLES .......................................................................... 18
4.3 LA REPARTITION DES REVENUS ............................................................................................................................... 19
4.4 L’ENSEIGNEMENT ET LA FORMATION ...................................................................................................................... 19
4.5 LA REFORME DE L’ETAT-PROVIDENCE .................................................................................................................... 19
4.6 LA POLITIQUE SECURITAIRE .................................................................................................................................... 20
4.7 LA NOUVELLE ARCHITECTURE INSTITUTIONNELLE ................................................................................................. 21
5 DISCUSSION CRITIQUE ............................................................................................................................................ 21
5.1 OBLIGATION ET AUTORITARISME ............................................................................................................................ 21
5.2 ENJEUX ET LIMITES DE LA POLITIQUE SOCIALE........................................................................................................ 22
5.3 EN CONCLUSION .................................................................................................................................................. 23
6 ABECEDAIRE ............................................................................................................................................................... 24
7 BIBLIOGRAPHIE NON EXHAUSTIVE… ............................................................................................................... 26
Le New Labour & La « Troisième Voie
3
1 Faire face aux nouveaux défis
Issue des élections du 21 avril 2002, à la fois chargées de symboles et d’espoir et dans un pays
près du quart des personnes interrogées se disent proches des idées de l’extrême droite
1
, le
gouvernement se devait, sur le terrain des réformes sociales et institutionnelles, d’envoyer un signal fort
sans quoi il courrait le risque de passer aux yeux de l’opinion comme celui qui aurait trahi le formidable
élan populaire. Depuis, la France semble connaître une ferveur réformatrice particulière. Certaines de
ces formes, à l’image de la forme des retraites, n’ont en effet que trop tardées ; d’autres initiées par
les gouvernements précédents, sans être totalement remises en cause, subissent de profondes
« adaptations », on peut citer la loi sur les 35 heures ou la réforme de la sécurité sociale à venir. Plus
récemment encore et suite au rapport de la commission sur la laïcité, le gouvernement se prépare à
légiférer. Bien qu’une telle décision semble faire l’objet d’un large consensus au sein de la classe
politique, reste qu’une loi sur la laïcité risquerait, si elle est mal traduite sur le terrain, de se muer en une
véritable machine à exclusion. Car en donnant ainsi corps à une référence légale sous la forme d’une loi
sensée gommer les différences par l’interdiction tous les signes religieux ostensibles avec des mesures
coercitives d’accompagnement pour la faire respecter, signera d’implicitement l’échec du modèle
d’intégration à la française en creusant une ligne de fracture, inutile, par rapport à laquelle la quasi-
totalité des citoyens qui se considéraient jusque-là pleinement intégrés au sein de la communauté
nationale, seront sommés de se déterminer en mettant en balance leurs engagements sincères pour un
idéal républicain et leurs convictions spirituelles les plus profondes. Mais ce qui frappe le plus
l’observateur au regard de l’action gouvernementale, c’est incontestablement un certain manque de
lisibilité et une absence de doctrine politique clairement identifiée qui puisse la sous-tendre, voir à ce
sujet l’épisode du vote du budget, la malheureuse gestion du différent du non-respect du Pacte de
stabilité, les contradictions et les carences du financement du système de santé mises en lumière par le
drame de la canicule ou plus récemment la politique de la recherche publique pour les prochaines
décennies et les exemples sont légion. Cela se traduit sur le terrain par un message politique confus et
démobilisateur et une perte de repères qui risque d’être préjudiciable à la partie noble et respectable de
la classe politique, celle attachée aux valeurs de la démocratie, de la république, de la solidarité, de la
tolérance et des droits humains. Et si, c’était là le véritable message du 21 avril ?
La France, à l’instar des autres grands pays, vit une période de profondes mutations. Mutations sociales
avec entre autre l’émergence d’une génération issue de l’immigration, jusque marginalisée et qui
dorénavant aspire à jouer rôle qui légitimement lui revient au sein de la communauté nationale ;
Mutations politiques avec la recomposition du paysage politique et la poussée des extrêmes qui
développent un discours de haine dans un environnement devenu, hélas, de plus en plus réceptif ;
Mutations économiques, car depuis la chute du mur de Berlin, le libéralisme et la mondialisation règnent
sans partage sur le monde ; Mutations technologiques qui depuis une décennie ne cessent de redessiner
notre quotidien et de nos rapports aux autres. Toutes ces mutations s’accompagnent de nouveaux défis.
Défis auxquels tous les gouvernements seront contraints de faire face. Malheureusement, devant des
problématiques souvent inédites et d’une ampleur inhabituelle, les solutions du passé se révéleront vites
inadaptées, il faudra alors imaginer des nouvelles solutions à la fois novatrices et radicales, en explorant
des voies jusque là insoupçonnées dans l’espoir de trouver des réponses à ces grandes questions parmi
lesquelles :
- Le vieillissement rapide de la population et ses répercussions sur la pérennité du système des
retraites, et de santé publique avec la nécessité de prise en charge des personnes du troisième et du
quatrième âge. Par extension, cela nous obligera tôt ou tard va à revoir notre attitude vis-à-vis du
travail et de la retraite, qui ne devrait plus forcément signifier cessation de toute activité. De même,
que de la maîtrise des flux migratoires inéluctables du fait du déficit de main d’œuvre.
- Le combat contre l’insécurité et la délinquance juvénile par une meilleure éducation et des actions de
préventions conçues sur la durée pour et avec les concernés. La contrepartie serait une plus grande
1 “22% des Français adhèrent aux idées du Front National’’ - Le monde du mercredi 10 décembre 2003.
Le New Labour & La « Troisième Voie
4
responsabilisation, dans le cadre d’un nouveau contrat qui devra embrasser des domaines aussi
variés que l’éducation, le travail, les loisirs, la promotion individuelle…etc.
- L’évolution des structures de la famille traditionnelle avec l’apparition de familles monoparentales
ou recomposées, de l’union libre et des couples « pacsés », n’est sous doute pas le moindre de ces
défis auquel la société devra faire face si elle veut préserver son équilibre et sa cohésion.
- La réforme de l’Etat-providence. Une telle réforme nécessitera une redéfinition des valeurs
républicaines les mieux établies telles la solidarité nationale, l’égalité, la liberté individuelle et
collective, l’aide aux plus démunis.
- L’avènement des nouvelles technologies de l’information et leur impact sur nos habitudes de vie, de
travail et de consommation. Comme toutes les nouvelles inventions, leur méfait ou leur bienfait
dépendra de l’usage que nous en ferons.
- Rendre à la politique sa valeur première : « servir et non se servir ». Pour cela, quelles seront les
nouvelles sources de légitimation face à la désaffection grandissant pour la chose politique et la
montée de l’abstention. Ne pourrait-on pas alors ressusciter l’antique Agora, la politique n’a
jamais été aussi proche du citoyen et le citoyen de la politique, et ce sans préjudice de temps, de lieu
ou de fortune ? Et dans ce domaine, les nouvelles technologies de l’information et de communication
auront indéniablement un rôle à jouer.
- L’homme politique devra aussi tenir compte l’émergence d’une forte aspiration à la gouvernance de
proximité. Car, c’est à la fois une aspiration démocratique gitime et une impérieuse nécessité
dictée par l’Europe de demain qui sera celle des grands ensembles régionaux. La décentralisation ne
devrait plus alors être considérée comme une faveur du prince mais un impératif de préservation et
de survie.
- Les questions environnementales préoccupent de plus en plus de personnes qui commencent à
prendre conscience du fait que nous vivons une période charnière. D’où l’adhésion à la nécessité de
mesures vigoureuses pour préserver l’équilibre écologique fragile de notre planète qui, faut-il le
rappeler, n’est le monopole d’aucun individu ni d’aucun courant politique.
- La promotion d’un développement durable, avec le partage équitable des ressources en veillant à ce
que le bien-être de quelques-uns ne se fasse pas égoïstement au détriment de celui de la grande
majorité des « autres ». Cela ne peut aller sans une juste redistribution des richesses, un transfert de
technologies efficace vers les pays du sud et un soutien effectif à une démocratie véritable et à une
meilleure gouvernance dans ces pays.
Ces sujets, et bien d’autres, doivent être constamment au centre de nos préoccupations.
En Grande-Bretagne, le gouvernement travailliste du Premier ministre Tony Blair met en
pratique depuis 1997 l’idée qu’une autre voie politique est possible, entre la vieille social-démocratie qui
n’arrive plus à faire sa mue et s’adapter aux nouvelles exigences d’un monde plus libre et plus ouvert, et
la nouvelle droite décomplexée pour qui le retour au conservatisme social dans un monde soumis au
dictat de la mondialisation et à la flexibilité économique est la seule solution de réforme possible. Cette
nouvelle voie, popularisée sous le nom de « troisième voie », n’est pas nouvelle en soi, en effet, de tous
temps les hommes politiques ont cherché une voie politique médiane pouvant servir de voie de synthèse.
L’originalité de l’expérience britannique tient au fait que pour la toute première fois, nous assistons à
une expérience grandeur nature, de la mise en pratique d’idées nouvelles directement sorties du secret
des laboratoires pour se confronter aux dures lois de la realpolitik. Car au moment où les clivages droite-
gauche s’estompent au profit d’une uniformisation économique et idéologique, le risque serait grand
qu’une absence d’alternative crédible, capable de répondre aux nouveaux défis, laisse le champ libre à
des forces extrêmes qui n’hésiteront pas à imposer leur vision d’un monde apocalyptique. D’où
l’impérieuse nécessité d’explorer d’autres voies de réformes.
Le New Labour & La « Troisième Voie
5
Dans une démarche à la fois novatrice et volontariste « la troisième voie » tente d’assimiler ce que
chacune des idéologies politiques traditionnelles de gauche et de droite a à offrir de positif et de viable,
sans pour autant s’assimiler ni à l’une ni à l’autre. Elle met l’accent sur la promotion de l’individu en
donnant à chacun le moyen de réaliser son potentiel, comme l’écrit Tony Blair : « Non pas le pouvoir du
peuple en général, mais le pouvoir à chacun de réaliser son potentiel ». De même, elle encourage la
société civile à se prendre en charge, en réhabilitant les actions de solidarité et d’entraide dans des
sociétés leur sens se perd. Et le nombre croissant de sans abris ainsi que les tragiques événements de
l’été dernier sont pour nous le rappeler. En effet, Il est vrai que l’apport de l’état dans de pareilles
situations ne peut être qu’en terme de mesures d’ajustement, par la mise à disposition de lits
supplémentaires dans les hôpitaux ou de mise en place de mesures d’aide et d’accompagnement à
domicile, des procédures d’alertes et d’interventions plus efficaces, mais nullement celui d’insuffler les
valeurs de solidarité, qui reste indéniablement du ressort de la société toute entière. Et jusqul’Egalité,
valeur centrale de la république qui n’échappe à une relecture. Car au-delà de l’égalité de tous devant la
loi, les droits et les devoirs, qu’en est t-il de la dimension sociale et humanitaire de ce mot ? L’égalité ne
serait-elle pas avant tout « Intégration », comme le proclame la « troisième voie ». Elle est alors définie
par opposition à l’inégalité, et plus précisément à l’inégalité des chances, et donc à l’exclusion du flux
des opportunités. Selon cette nouvelle vision, l’Etat ne devrait renoncer à viser l’égalité économique
absolue, au profit de l’égalité de chances prise au sens effectif dans l’offre d’enseignement, de formation
et d’emploi. Ainsi, ni individualiste ni collectiviste, la « troisième voie » se définit en terme d’individus
inscrits dans le cadre d’une communauté. C’est la définition d’une relation nouvelle entre l’individu et la
société, et la conciliation du réalisme économique (le libéralisme) et de la justice sociale.
Bien évidemment, à l’instar de toute action politique partisane, celle du Premier ministre britannique
Tony Blair n’est pas exempte de critiques, et ses mesures, qu’elles soient d’aide sociale, de retour à
l’emploi ou de combat contre l’insécurité, sont pour certaines mal perçues par l’opinion. Néanmoins, et
pour ce qu’il nous est donné de constater, la société britannique semble mieux armée pour réussir sa
mutation, et ce grâce à une compétitivité économique accrue, un niveau de chômage parmi les plus bas
en Europe, une politique de décentralisation reconnue et efficace, une politique étrangère décomplexée
et une visibilité sur la scène internationale que beaucoup lui envient. De là, sans pour autant être tenu
d’y adhérer complètement, une telle démarche politique mériterait, à mon sens, que l’on s’y intéresse de
plus près ne serait-ce que pour nourrir notre inspiration.
1 / 26 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !