Les limites de l’objection de conscience DemAnDeZ À un étHicien FEA TUR

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Les limites de l’objection de conscience
par Blair Henry
CAS : N
ous venons de lancer une politique
sur la question de ne pas réanimer
(et sur les directives préalables) au sein de
notre régie de santé. Un de nos pédiatres
a déclaré qu’il ne pouvait pas se soumettre
à cette politique à cause de sa culture.
Dans sa culture, il dit que tous les enfants
doivent être ressuscités. Que devons-nous
faire à ce sujet? Comment pouvons-nous
gérer ceci?
RÉPONSE DE BLAIR :
C’est une situation délicate. Je
veux m’y prendre de deux façons pour
répondre à cette question : du point de
vue administratif puis du point de vue
éthique. Du point de vue administratif, la plupart des médecins travaillent
comme sous-traitants indépendants
dans les hôpitaux. Pour ce faire, selon la
Loi sur les hôpitaux publics, ils doivent
être agréés et être approuvés par le
comité médical consultatif (CMC) de
l’hôpital avant de pouvoir pratiquer
dans un milieu spécifique. L’agrément
implique l’octroi à un médecin de privilèges qui varient selon sa position
particulière. Certains font partie du
personnel permanent, d’autres sont cliniciens adjoints, consultants, médecins invités, etc. Une des obligations
du personnel agréé est de respecter
les politiques de l’hôpital. S’il s’agit ici
d’une politique de l’hôpital, ils doivent y
adhérer (ou au moins en tenir compte
sérieusement). Vous aurez peut-être
à demander des précisions au médecin principal de l’hôpital et/ou au CMC
afin de résoudre votre problème en
particulier.
Sur le plan éthique, je suis surpris
des commentaires qui ont été émis. J’ai
de la peine à croire qu’il maintiendrait
sa position devant le cas d’un enfant en
phase terminale sur le point de mourir. Ou devant le cas d’un enfant né 23
semaines prématurément. Je serais
très intéressé de savoir de quel milieu
Au sujet de l’auteur
Blair Henry M.É.Th., Éthicien, Centre des sciences de la santé Sunnybrook, professeur,
Département de médecine familiale et communautaire. Membre au Centre conjoint de
bioéthique. Université de Toronto, Toronto, ON
Canadian Oncology Nursing Journal • Volume 25, Issue 2, spring 2015
Revue canadienne de soins infirmiers en oncologie
culturel provient ce type de position.
Les médecins qui refusent de prodiguer certains traitements pour des raisons religieuses ou morales doivent le
faire avec beaucoup de circonspection
afin de ne pas aller à l’encontre des lois
sur les droits de la personne. Les sociétés professionnelles consentent généralement aux prérogatives des médecins
qui refusent de prodiguer des traitements non urgents pour des raisons
morales ou religieuses. Cependant,
à travers tout le pays, les politiques
varient, en particulier lorsqu’il s’agit de
décider si les médecins qui refusent de
prodiguer un traitement ont le devoir de
référer les patients à un autre docteur.
Ce qui suit découle aussi de la
question du consentement : si une
ordonnance Ne pas réanimer apparaît
clairement dans le dossier du patient et
qu’un médecin procède à la RCR dans
ces circonstances, il peut être accusé de
voies de fait définies comme attouchements illicites.
Les questions de fin de vie sont le
plus souvent contentieuses au niveau
éthique; et le recours à la RCR en fin de
vie est particulièrement épineux. Bonne
chance avec le développement de votre
politique et en particulier avec cette
contrariété. J’aimerais bien savoir comment cela se résoudra.
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