Le New Labour & La « Troisième Voie
1 Faire face aux nouveaux défis
Issue des élections du 21 avril 2002, à la fois chargées de symboles et d’espoir et dans un pays où
près du quart des personnes – interrogées – se disent proches des idées de l’extrême droite
, le
gouvernement se devait, sur le terrain des réformes sociales et institutionnelles, d’envoyer un signal fort
sans quoi il courrait le risque de passer aux yeux de l’opinion comme celui qui aurait trahi le formidable
élan populaire. Depuis, la France semble connaître une ferveur réformatrice particulière. Certaines de
ces réformes, à l’image de la réforme des retraites, n’ont en effet que trop tardées ; d’autres initiées par
les gouvernements précédents, sans être totalement remises en cause, subissent de profondes
« adaptations », on peut citer la loi sur les 35 heures ou la réforme de la sécurité sociale à venir. Plus
récemment encore et suite au rapport de la commission sur la laïcité, le gouvernement se prépare à
légiférer. Bien qu’une telle décision semble faire l’objet d’un large consensus au sein de la classe
politique, reste qu’une loi sur la laïcité risquerait, si elle est mal traduite sur le terrain, de se muer en une
véritable machine à exclusion. Car en donnant ainsi corps à une référence légale sous la forme d’une loi
sensée gommer les différences par l’interdiction tous les signes religieux ostensibles avec des mesures
coercitives d’accompagnement pour la faire respecter, signera d’implicitement l’échec du modèle
d’intégration à la française en creusant une ligne de fracture, inutile, par rapport à laquelle la quasi-
totalité des citoyens qui se considéraient jusque-là pleinement intégrés au sein de la communauté
nationale, seront sommés de se déterminer en mettant en balance leurs engagements sincères pour un
idéal républicain et leurs convictions spirituelles les plus profondes. Mais ce qui frappe le plus
l’observateur au regard de l’action gouvernementale, c’est incontestablement un certain manque de
lisibilité et une absence de doctrine politique clairement identifiée qui puisse la sous-tendre, voir à ce
sujet l’épisode du vote du budget, la malheureuse gestion du différent né du non-respect du Pacte de
stabilité, les contradictions et les carences du financement du système de santé mises en lumière par le
drame de la canicule ou plus récemment la politique de la recherche publique pour les prochaines
décennies et les exemples sont légion. Cela se traduit sur le terrain par un message politique confus et
démobilisateur et une perte de repères qui risque d’être préjudiciable à la partie noble et respectable de
la classe politique, celle attachée aux valeurs de la démocratie, de la république, de la solidarité, de la
tolérance et des droits humains. Et si, c’était là le véritable message du 21 avril ?
La France, à l’instar des autres grands pays, vit une période de profondes mutations. Mutations sociales
avec entre autre l’émergence d’une génération issue de l’immigration, jusque là marginalisée et qui
dorénavant aspire à jouer rôle qui légitimement lui revient au sein de la communauté nationale ;
Mutations politiques avec la recomposition du paysage politique et la poussée des extrêmes qui
développent un discours de haine dans un environnement devenu, hélas, de plus en plus réceptif ;
Mutations économiques, car depuis la chute du mur de Berlin, le libéralisme et la mondialisation règnent
sans partage sur le monde ; Mutations technologiques qui depuis une décennie ne cessent de redessiner
notre quotidien et de nos rapports aux autres. Toutes ces mutations s’accompagnent de nouveaux défis.
Défis auxquels tous les gouvernements seront contraints de faire face. Malheureusement, devant des
problématiques souvent inédites et d’une ampleur inhabituelle, les solutions du passé se révéleront vites
inadaptées, il faudra alors imaginer des nouvelles solutions à la fois novatrices et radicales, en explorant
des voies jusque là insoupçonnées dans l’espoir de trouver des réponses à ces grandes questions parmi
lesquelles :
- Le vieillissement rapide de la population et ses répercussions sur la pérennité du système des
retraites, et de santé publique avec la nécessité de prise en charge des personnes du troisième et du
quatrième âge. Par extension, cela nous obligera tôt ou tard va à revoir notre attitude vis-à-vis du
travail et de la retraite, qui ne devrait plus forcément signifier cessation de toute activité. De même,
que de la maîtrise des flux migratoires inéluctables du fait du déficit de main d’œuvre.
- Le combat contre l’insécurité et la délinquance juvénile par une meilleure éducation et des actions de
préventions conçues sur la durée pour et avec les concernés. La contrepartie serait une plus grande
1 “22% des Français adhèrent aux idées du Front National’’ - Le monde du mercredi 10 décembre 2003.