Alexis de Tocqueville
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Un an plus tard il entreprend un voyage en Algérie accompagné de son frère Hippolyte et de son ami
Gustave de Beaumont. Alexis approuve la colonisation mais critique le comportement de
l’administration française. La même année il est élu à l’Académie Française.
C’est en 1842 qu’Alexis de Tocqueville. est élu pour la première fois au Conseil Général de la Manche
comme représentant des cantons de Montebourg et de Sainte Mère Eglise. C’est là qu’il commence la
politique « de la proximité ». (V. les lettres de A. de T. à M. le Maire de Saint Sauveur le Vicomte, Mr
de Hacouville, qui traitent p.ex. des subventions pour une salle dans la commune ; des observations
sur des gens qui sont contre lui pour les élections ; questions en relation avec des fortifications de
Cherbourg ; protection d’un parent ; renseignements sur des personnes demandant une subvention ;
protection d’une cousine ; subvention pour l’abbaye de Saint Sauveur.
Au sein du Conseil Général il s’engage fortement pour le projet d’un chemin de fer entre Cherbourg –
Caen – Paris. Finalement le train atteindra Cherbourg officiellement le 4 août 1858, la ligne sera
inaugurée par Napoléon III alors qu’ Alexis de Tocqueville a démissionné de tous ses mandats.
Il insiste aussi sur le développement de Cherbourg comme port militaire. Il rejoint là les vues de
Vauban qui deux siècles plus tôt avait saisi l’importance stratégique de Cherbourg, les relations avec
l’Angleterre n’ayant pas vraiment changé au milieu du XIXe siècle. Napoléon III se laisse persuader
par Tocqueville de terminer ce qui avait été commencé 150 années auparavant. Il consacrera les
crédits nécessaires à parachever le port militaire (bassin Napoléon)
A côté de ces démarches modernes et progressistes il manifeste aussi des positions assez
bourgeoises : opposé aussi bien à l’assistance aux jeunes mères isolées qu’à l’usage séculaire des
terrains de pâture communaux, ultime refuge des petits exploitants agricoles. Pour « la politique sur le
terrain » il est en contact avec l’Association Normande : Certains nobles, propriétaires de châteaux et
terres en Manche qui avaient quitté leurs fonctions publiques en 1830 par fidélité à Charles X faisaient
partie de l’Association Normande, une association fondée en 1833 par Gerville, Caument et Prevost.
Le but était de regrouper « les hommes éminents de la province » pour se connaître et pour les faire
travailler ensemble. A travers des congrès annuels on traitait des sujets comme l’état moral de la
province, les problèmes sociaux, l’agriculture, l’industrie, les beaux-arts etc. .Cette association se
voulait le « Parlement agricole et industriel » de la Normandie, une sorte de conseil économique et
social régional avant l’heure, complètement indépendant de Paris. Tocqueville faisait partie de ce
cercle. Leurs principaux travaux concernaient l’agriculture parce qu’elle occupait 80% des normands.
Une agriculture que les membres veulent sortir de sa routine. « L’objectif est de favoriser la tendance
de la science à s’occuper de l’agriculture. » Les adhérents sont répartis pour 50 % dans le Calvados,
20 % dans la Manche et 30 % dans les autres départements de la Normandie.
Parallèlement avec ses engagements au Conseil Général de la Manche (le cumul des mandats
n’étant pas encore à l’ordre du jour) Tocqueville continue à travailler comme député à l’Assemblée à
Paris. Suite à un deuxième voyage en Algérie il demande à la Chambre de retirer les affaires
algériennes du Ministère de la Guerre et les soumettre à une autre tutelle politique. Mais il n’est pas
écouté. Il faut attendre le Second Empire pour que naisse le Ministère de l’Algérie et des Colonies.
1846 les élections législatives sont remportées par Guizot (Tocqueville reporte une belle victoire à
Valognes.). Mais il n’est pas content. A Paris égoïsme et carriérisme sont les mots d’ordre de la
bourgeoisie au pouvoir. Les intérêts privés passent au premier plan. La vie politique est morne.
Largement dominée par les fonctionnaires l’Assemblée ronronne. Plus de débats. La France s’ennuie
et Tocqueville aussi.
1847 le mécontentement envers les classes dirigeantes s’étend en France. L’opposition républicaine
ne supporte plus le suffrage censitaire ou plutôt le niveau élevé du cens (voir fac-simile »Payer pour
voter » en Page 7). Elle demande que son niveau soit porté à 100 francs et que les fonctionnaires de
Etat (ils représentaient 40% des parlementaires) ne puissent plus être élus à la députation. Avec des
difficultés économiques en plus le pays va en 1848 vers la Seconde République.
Tocqueville participe à l’élaboration de la constitution de la Seconde République qui est promulguée
en Novembre. Le suffrage universel est proclamé (enfin, universel sauf pour les femmes).
Louis Napoléon Bonaparte (neveu de Napoléon 1er) est élu premier président de la Seconde
République en Décembre 1848. Tocqueville sera son ministre des Affaires Etrangères pendant
quelques mois en 1849. La même année il est élu président du Conseil Général de la Manche, ainsi
qu’en 1850 et en 1851.