Autour du dernier Th´eor`eme de Fermat Cours de Licence

Autour du dernier Th´
eor`
eme de Fermat
Cours de Licence - Module OpA
Thomas Hausberger
9 F´
evrier 2004
Table des mati`eres
1 L´equation de Fermat 2
1.1 Un peu d’histoire : avant Fermat ..................... 2
1.2 G´
en´
eralit´
es .................................. 2
1.3 L´
equation de Fermat de degr´
e 1 ..................... 2
1.4 L´
equation de Fermat de degr´
e 2 sur Z.................. 2
1.5 L´
equation de Fermat de degr´
en3 sur C[t].............. 2
1.6 L´
equation de Fermat de degr´
e 4 sur Z.................. 2
1.7 Excursion au pays des corps de nombres ................ 2
1.8 L’anneau Z[i] et le th´
eor`
eme des deux carr´
es .............. 2
1.9 L’anneau Z[j] et l’´
equation de Fermat de degr´
e 3 sur Z........ 2
1
1. L´equation de Fermat
1.1. Un peu d’histoire : avant Fermat
1.2. G´en´eralit´es
1.3. L´equation de Fermat de degr´e 1
1.4. L´equation de Fermat de degr´e 2 sur Z
1.5. L´equation de Fermat de degr´e n3sur C[t]
1.6. L´equation de Fermat de degr´e 4 sur Z
1.7. Excursion au pays des corps de nombres
1.8. L’anneau Z[i]et le th´eor`eme des deux carr´es
1.9. L’anneau Z[j]et l’´equation de Fermat de degr´e 3 sur Z
Nous allons travailler dans le sous-anneau A=Z[j], avec 1 +j+j2=0, de C. La
m´
ethode est toujours la mˆ
eme : factorisation apr`
es adjonction des racines troisi`
eme
de l’unit´
e, et descente infinie. Pour l’argument de descente, il est n´
ecessaire de
d´
emontrer un r´
eultat l´
eg`
erement plus fort :
Proposition 1.9.1. Supposons que x,y et z sont dans A et u dans A×tels que x3+y3=uz3.
Alors xyz =0.
Corollaire. L’´equation x3+y3=z3ne poss`ede pas de solution non triviale (i.e. telle que
xyz ,0) en entiers x,y,z.
Commenc¸ons par quelques pr´
eliminaires sur l’anneau A:
Proposition 1.9.2. La conjugaison complexe z 7→ z induit sur A un automorphisme d’an-
neau. L’application N :A3a7→ aa =|a|2Nest multiplicative et s’appelle la norme de
la Z-alg`ebre A. L’anneau A est Euclidien pour le stathme N. Le groupe A×des ´elements
inveribles est 1,±j,±j2}. L’´el´ement λ=1j de A est premier, et le quotient AA est un
corps `a trois ´el´ements. Dans A, 3se factorise en 3=j2λ2.
Remarque. t2+t+1 est le polynˆ
ome minimal de jsur Q;Q(j)=Q[j]'Q[t]/(t2+t+1) est
un corps quadratique (i.e. une extension de Qde degr´
e 2) dont Z[j]={x+yj|x,yZ}
est l’anneau des entiers.
Pour calculer la norme, on utilise la formule :
N(x+yj)=(x+yj)(x+yj2)=x2xy +y2.
Remarquer que les ´
el´
ements de Aforment un r´
eseau de C(Aest un Z-module libre
de rang 2) ; g´
eom´
etriquement, ce r´
eseau est l’ensemble des sommets d’un pavage de
Cpar des triangles ´
equilat´
eraux de cˆ
ot´
e 1.Pour montrer que Aest Euclidien, on se
2
donne aet b,0 dans A; il s’agit de trouver qet rtel que r=0 ou N(r)<N(b). On prend
pour ql’un des ´
el´
ements de Ale plus proche de a/b, de sorte que |a/bq|<1/3<1
(faire un dessin du r´
eseau A) ; puis l’on pose r=abq. Alors
|r|=|b|·|a/bq|<|b|.
D’autre part, les ´
el´
ements inversibles sont ceux de norme 1, c’est-`
a-dire les points du
r´
eseau qui sont sur le cercle unit´
e.
Pour voir ce qu’est AA, notons que A'Z[t]/(t2+t+1). En eet (attention : Z[t]
n’est pas principal, donc on ne peut pas parler du polynˆ
ome minimal de jsur Zet
raisonner comme Q[j]) le noyau de l’application Φ:Z[t]3P7→ P(j)Aest l’id´
eal
(t2+t+1) : consid´
erant Pker φ, on peut soit eectuer la division euclidienne de P
par t2+t+1 dans Z[t] (car ce dernier polynˆ
ome est unitaire) et argumenter que le
reste est nul car de degr´
e inf´
erieur ou ´
egal `
a un, soit raisonner dans Q[t] : t2+t+1
divise Pdans Q[t] et t2+t+1 est de contenu 1, donc divisant le contenu de P, aussi
t2+t+1 divise-t-il Pdans Z[t]. Il en r´
esulte :
AA'Z[t]/(1 +t+t2,1t)'Z[t]/(3,1t)'(Z/3Z)[t]/(1 t)
'Z/3Z=F3.
Remarque. λest donc premier dans Z[j] (ce que l’on savait d´
ej`
a : N(λ)=3 est premier,
donc λest irr´
eductible).
Enfin, calculons :
λ2=(1 j)2=12j+j2=1+j+j23j=3j.
Nous aurons besoin du lemme suivant :
Lemme 1.9.1. Les puissances troisi`emes dans A/9A=A4A sont 0,±1,±λ3.
Preuve : comme AA'F3, tout ´
el´
ement de As’´
ecrit ±1+λaou λa, avec
aA. On calcule alors la puissance troisi`
eme de ces expressions : par exemple,
(1 +λa)3=1+3λa+3λ2a2+λ3a3. Mais on peut encore ´
ecrire a=ε+λa0, o `
uε∈ {0,±1}
et a0A; on calcule les puissances de adans A4Aet obtient les ´
egalit´
es suivantes
dans A4A:
3λa=3λε, 3λ2a2=0, λ3a3=λ3ε3,
sachant que λ4=0 et 3λ2=9j=0 dans A4A. Finalement :
(1 +λa)3=1+3λε +λ3ε3=1+ελ(3 +λ2)=1+3λ2ε=1.
On traite de mˆ
eme les autres cas.
Corollaire. Les puissances troisi`emes dans A3A sont 0,±1.
D´
emontrons maintenant la proposition 1.9.1 : par l’absurde, on suppose qu’il
existe x,yet zdans Aet udans A×tels que x3+y3=uz3et xyz ,0. Quitte `
a diviser
par le pgcd, on se ramener au cas o `
ux,yet zsont premiers entre eux deux `
a deux.
3
Montrons que λ|xyz : dans le cas contraire, on aurait {x3,y3,z3} ⊂ {±1}dans
A4A(d’apr`
es ce que nous savons des cubes dans A4A). Donc λ4diviserait
u±2. Or 0 ,|u±2| ≤ 3 tandis que |λ4|=9 ; c’est donc impossible.
Montrons que si λ|xy alors u=±1 : quitte `
a´
echanger xet y, on peut supposer
que λ|y; alors uz3=x3dans A3A. Comme λne divise pas z, on a donc
±u=±1 dans A3A(d’apr`
es ce que nous savons des cubes dans A3A). Cela
veut dire que λ3divise u1 ou u+1. Or |u±1| ≤ 2 tandis que |λ3|=33>2 ;
cela n’est donc possible que si u±1=0.
Utilisant les deux points pr´
ec´
edents, on se ram`
ene au cas o `
uλ|z: en eet, si
ce n’est pas le cas alors λ|xy (disons λ|x, la situation ´
etant sym´
etrique en xet
y), donc u=±1. Notre ´
equation se r´
e´
ecrit alors x3+(uz)3=y3: cela montre
qu’il existe une ´
equation x3+y3=uz3, avec λ|z, poss`
edant une solution (x,y,z)
non triviale. On supposera alors que uet (x,y,z) sont tels que la λ-valuation
vλ(z) de zest minimale (principe de descente) parmi toutes les solutions non
triviales avec λ|zde toutes les ´
equations de la forme x3+y3=uz3, avec udans
A×, que l’on peut ´
ecrire.
Nous avons x3+y3=0 dans AA; d’autre part, comme λne divise ni xni y,
alors x3+y3=0 ou ±2 dans A4A(d’apr`
es ce que nous savons des cubes dans
A4A). Par cons´
equent, x3+y3=0 dans A4A, ou encore λ4|uz3, donc λ2|z.
Ecrivons maintenant :
(x+y)(x+jy)(x+j2y)=x3+y3=uz3.
Comme λ6|uz3, au moins l’un des facteurs `
a gauche est divisible par λ2; quitte
`
a remplacer ypar jy ou j2ysi n´
ecessaire, on a λ2|(x+y).
Calculons la λ-valuation des trois facteurs : comme x+jy =x+j2y=x+ydans
AA(car j=1 dans AA), alors λdivise x+jy et x+j2y. Par l’absurde, si λ2
divisait x+jy, on aurait x+jy =x+ydans A2A, ou encore 0 =(1 j)y=λy
dans A2A. Donc λdiviserait y, ce qui est faux. De mˆ
eme pour x+j2y; ainsi :
vλ(x+jy)=1,vλ(x+j2y)=1,vλ(x+y)=3vλ(z)2.
De plus, ces ´
el´
ements de Aont deux `
a deux λpour pgcd : par exemple,
x+y=(x+jy)+λy, donc pgcd(x+y,x+jy)=pgcd(x+y, λy)=λ(car yest
premier avec xdonc avec x+y). La factorialit´
e de Adonne alors l’existence
d’´
el´
ements α, β et γde Aqui sont premiers entre eux deux `
a deux et premiers
`
aλ, et d’´
el´
ements u1,u2et u3de A×tels que :
x+y=u1λ3vλ(z)2α3,x+jy =u2λβ3,x+j2y=u3λγ3.
La combinaison lin´
eaire avec coecients 1,jet j2de ces trois ´
equations, divis´
ee
par λ, donne :
0=u1λ3vλ(z)3α3+ju2β3+j2u3γ3.
On pose alors x1=β, y1=γet z1=λvλ(z)1α, de sorte qu’avec ε1et ε2conve-
nables dans A×on ait x3
1+ε1y3
1=ε2z3
1. Comme λ3|z3
1(car vλ(z)2), on a
ε1=±1 dans A3Adonc dans A(raisonnement d´
ej`
a vu). En remplac¸ant y1
par y1si n´
ecessaire, on obtient donc x3
1+y3
1=ε2z3
1, avec vλ(z1)<vλ(z), d’o `
u la
contradiction.
4
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