M2 Math – Topologie Alg´ebrique
(version du 19 janvier 2009)
2. Complexes de groupes ab´eliens et homologie
Groupes ab´eliens de type fini
Soit f:ABun morphisme de groupes ab´eliens (ou homomorphisme). On appelle noyau de fet on note
ker(f) la partie de Aform´ee des ´el´ements atels que f(a) = 0. On appelle image de fet on note im(f) la
partie de Bform´ee des ´elements f(a), aecrivant A. Tous deux sont des sous-groupes ab´eliens de Aet de B
respectivement.
Soit Aun sous-groupe ab´elien de A. On appelle quotient de Apar Aet on note A/Al’ensemble des parties
de Ade la forme a+A={a+a, aA},aerivant A, munie de l’unique structure de groupe telle que la
projection p:AA/A,a7→ a+Asoit un homomorphisme. Les ´el´ements de A/Aforment une partition de
A. La somme de a+Aet de b+Adans A/Aest (a+b) + A) ; l’´el´ement neutre est 0 + A=A.
Ex. Les groupes quotients de Zsont les groupes Z/nZ,nun entier, qu’on notera pour faire court Z/n.
Lemme 2.1 Soit f:ABun morphisme de groupes ab´eliens et AAun sous-groupe ab´elien de A. Il
existe un homomorphisme g:A/ABtel que fsoit la compos´ee gpsi et seulement si Aest contenu dans
le noyau de f, auquel cas le morphisme gest unique.
Si A= ker(f) alors l’homomorphisme gci-dessus est unique. On l’appelle l’homomorphisme A/ABinduit
par f.
Plus g´en´eralement soient Aun groupe ab´elien et une relation sur les ´el´ements de A. On forme le sous-groupe
Bde Aengendr´e par tous les ´elements qui s’´ecrivent aaavec aa. Le groupe quotient A/B erifie la
propri´et´e universelle suivante :
Lemme 2.2 Un morphisme de groupes ab´eliens f:ACs’´ecrit comme la compos´ee de la projection
AA/B avec un morphisme A/B Csi et seulement si on a
a, aA, a af(a) = f(a)
(auquel cas le morphisme A/B Cest unique).
Le quotient A/B s’appelle le groupe quotient de Apar la relation , le morphisme A/B Cs’appelle le
morphisme induit par f:AC.
Soit Sun ensemble fini. On note ZSle groupe ab´elien des applications de Sdans Z. Pour chaque sSnotons
esl’application SZqui vaut 1 en set 0 ailleurs. Toute application f:SZs´ecrit f=PsSf(s)eset
cette ´ecriture est unique. On dit que ZSest un groupe ab´elien libre et que la famille (es)sS, qu’on identifie `a
S, en est une base.
Lemme 2.3 Soit Aun groupe ab´elien et f:SAune application (d’ensembles). Alors fs’´etend de fa¸con
unique en un homomorphisme ZSA.
On dit qu’un groupe ab´elien Aest de type fini s’il existe une partie finie Sde Aqui engendre A,i.e. telle que
tout ´el´ement de As’´ecrive comme combinaison lin´eaire `a coefficients entiers d’´el´ements de S. Il revient au mˆeme
de dire qu’il existe un ensemble fini Set un homomorphisme surjectif ZSA.
Soit Aun groupe ab´elien de type fini. Une pr´esentation de Aest la donn´ee d’ensembles finis Set S, d’un
homomorphisme surjectif f:ZSAet d’un homomorphisme surjectif de ZSdans le noyau de f. Comme
cons´equence de la proposition suivante, toute groupe ab´elien de type fini admet une pr´esentation finie :
Prop. 2.4 Soit n > 0 un entier et fun homomorphisme de Zndans un groupe ab´elien A. Alors il existe une
famille (e1,...,en) d’´elements de Znet des entiers positifs d1,...,dntels que didivise di+1 pour 1 i < n,
erifiant :
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(i) la famille (ei) est une base de Zn;
(ii) la sous-famille de (diei) form´ee des ´el´ements non nuls est une base du noyau de f. (En particulier le noyau
de fest un groupe ab´elien libre de dimension n.)
On dit que (ei) est une base de Znadapt´ee `a ker(f).
Sommes directes
Soient Aun groupe ab´elien et H, G deux sous-groupes de A. On note H+Gle sous-groupe de Aform´e des
sommes d’un ´el´ement de Havec un ´el´ement de G. Si l’intersection HGne contient que 0 on dit que la somme
de Het de Gest directe et on la note.
Soient Aet Bdeux groupes ab´eliens. On identifie A, respectivement B, avec le sous-groupe de A×Bform´e
des couples (a, 0), aecrivant A, respectivement (0, b), bd´ecrivant B. Alors la somme de Aet de Bdans A×B
est directe, on ´ecrira aussi bien ABpour A×B.
On dispose des inclusions canoniques AABet BABet des projections ABA,ABB.
La donn´ee d’un homomorphisme d’un groupe ab´elien Cdans AB´equivaut `a celle des deux compos´ees
CABAet CABB. On ecrira un tel homorphisme par le couple des morphismes associ´es.
La donn´ee d’un homomorphisme ABC´equivaut `a celle des deux restrictions AABCet
BABC. On d´ecrira un tel morphisme par le couple des morphismes associ´es.
Plus en´eralement un homorphisme d’une somme directe A1⊕ · · · ⊕ Andans une somme directe B1⊕ · · · ⊕ Bm
se ecrit par une matrice `a mlignes et ncolonnes de morphismes AjBi. Lorsque les Ajet les Bisont tous
´egaux `a Zet en notant kl’homomorphisme ‘ultiplication par k”, on retrouve la matrice d’un homomorphisme
ZnZm.
Ex. Quels sont les homomorphismes Z/4Z/4Z/8Z/2 ?
Corolaire 2.5 Avec les hypoth`eses et les conclusions de la proposition 4, finduit un isomorphisme
Z/d1 · · · Z/dnIm(f).
Complexes de groupes ab´eliens et homologie
D´ef. Un complexe de groupes ab´eliens est la donn´ee d’une suite (Cn)n0de groupes ab´eliens et d’une suite
(dn:CnCn1)n1d’homomorphismes v´erifiant dndn+1 = 0 pour tout entier n1.
On pose C1={0}et d0= le morphisme nul.
L’application (dn) : nCn→ ⊕nCn1est appel´e la diff´erentielle du complexe et ´egalement not´e d. Les
´el´ements du noyau de dnsont appel´es les cycles de Cnet on note, ceux de l’image de dnsont appel´es les bords
de Cn1. Le complexe (Cn, dn) est aussi not´e Cou (C, d).
L’homologie d’un tel complexe est la suite des groupes ab´eliens quotient Hn(C) := ker(dn)/im(dn+1), n0.
On la note H(C).
Ex. ···0Z(id,id)
ZZ2id,2id
Z0 o`u le groupe 0 le plus `a droite est en degr´e 1. L’homologie de ce
complexe est 0 en degr´e 2 et 1, Z/2 en degr´e 0.
Un morphisme d’un complexe (de groupes ab´eliens) Cdans un complexe Dest une suite d’homomorphismes
fn:CnDn,n0, telle que les diagrammes
Cn+1
fn+1
Dn+1
y
dn+1
y
dn+1
Cn
fn
Dn
commutent pour tout n0, i.e. telle que dn+1 fn+1 =fndn+1 pour tout n0.
Une telle suite de morphismes transforme les cycles, respectivement bords, de Cnen cycles, respectivement
bords, de Dndonc induit une suite de morphismes Hn(C)Hn(D), n0 : pour chaque entier nla compos´ee
ker(dn:CnCn1)fn
ker(dn:DnDn1)Hn(D) est nulle sur im(dn+1 :Cn+1 Cn) donc se factorise
via Hn(C).
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