puissance, son statut et ses ressources pour s’étendre. La paix de Westphalie constitue une étape importante.
L’Europe devient un système laïc d’espace indépendant. A partir de 1648, le principe d’équilibre sera sans cesse
invoqué. On fera la théorie de l’équilibre qui donnera naissance au droit international, notamment Vattel, l’un des
fondateurs du droit international moderne, dans son traité Du droit des gens de 1668, qui définit l’équilibre comme
« une disposition des choses au moyen de laquelle aucune puissance ne se trouve en état de préempter absolument et
de faire la loi aux autres ». L’équilibre européen est l’idée qu’entre les États voisins, si un État abuse de sa puissance,
les autres États doivent se coaliser pour rétablir l’unité et l’égalité de droit qui doit exister. Le système d’équilibre est
donc aussi un système fragile. L’équilibre est toujours sous la menace d’être remis en cause, et il le sera sous les
poussées révolutionnaires de Napoléon Ier, les conquêtes de Napoléon et la chute de l’Empire, à Waterloo, en 1815.
C’est la défaite des armées françaises et la fin de l’ordre européen. L’Europe est épuisée, et naît chez les diplomates
européens l’idée de rendre impossibles de nouvelles guerres: c’est l’émergence du concert européen.
Section 3 L’émergence du concert européen
L’Europe est fatiguée. Elle a besoin de paix et de repos. Comment mettre fin, contenir, tempérer les souverainetés
qui, inéluctablement, conduisent à la guerre? Comment restaurer le principe d’équilibre dans des conditions qui
assurent sa pérennité? Il faut contenir la France dans ses frontières et ses limites. Il faut trouver un système qui
empêche que de nouveaux foyers de dissensions arrivent en Europe. Il faut éviter de troubler le repos des européens.
L’idée est de créer un ordre nouveau, plus solide, plus durable, dont le droit de conquête sera exclu. Ce sont les
origines du concert européen. Il faut l’envisager par l’autrichien Peternich qui veut organiser un Directoire
européen, mais cela est rejeté par les autres puissances. D’où l’idée de mettre en place le concert européen: si la paix
est menacée en Europe, il appartient aux grandes puissances de s’allier et de s’opposer à la volonté de toute-
puissance troublant le repos de l’Europe. Ce principe trouve son expression dans des accords signés à Vienne lors du
Congrès de 1815. C’est un grand congrès qui réunit toutes les grandes monarchies européennes, qui fêtent la défaite
de la France, et qui veulent redessiner les contours de l’Europe et stabiliser les frontières. Ces accords, texte de 300
pages rédigées en français, lient les quatre grandes puissances de l’époque: la Russie, l’Autriche, la Prusse et
l’Angleterre et, par le génie de Talleyrand, la France va être associée à ce concert. Ils décident du partage territorial
de l’Europe. Première ébauche d’une organisation internationale, une organisation de l’Europe qui se traduit de la
manière suivante: le concert introduit une nouvelle méthode: non seulement ces grandes puissances s’instaurent en
gardiennes de la paix mais, en outre, elles mettent en place un système de congrès qui se réunit régulièrement
(réunions multilatérales et non plus seulement bilatérales) chargé de régler les problèmes communs. Cette idée est
très importante, car marque la volonté de ces États de régler les problèmes de façon commune. Il y a développement
d’un état de droit international en Europe. Le congrès de Vienne consacre la liberté de navigation sur les cours d’eau
internationaux. Un accord international est adopté qui décide des conditions de navigation sur le Rhin et autres cours
d’eau. On note la Convention de Londres de 1841 sur l’abolition de l’esclavage. En 1815, un règlement est adopté
sur les droits et obligations, le rang et le statut des agents diplomatiques. Il y a un droit de la guerre élaboré. On va
régler des problèmes techniques. Prennent naissance les premières unions administratives qui sont l’embryon
d’unions internationales. Ainsi naissent, en 1856, la Commission européenne du Danube, en 1861, l’Union
télégraphique internationale, en 1874, l’Union générale des postes. On note l’organisation des enceintes de
collaboration où s’élaborent des normes techniques. On est dans la seconde moitié du XIX ème s.
Se développent des congrès qui ne sont plus des congrès entre États, mais des congrès de nature privée, qui ont leur
importance dans la construction européenne, de militants pour la paix. Se tient, en août 1849, le Congrès pour la
paix, à Paris, mené par Victor Hugo qui prononça un discours qui resta célèbre. Son discours a un ton tout à fait
prophétique, messianique, il parle des « États-Unis d’Europe ». Cette une vision prophétique des choses sera, aussi
généreuse soit-elle, incapable d’arrêter les forces de division.
II L’échec du concert européen
Ce système du concert européen, d’une pentarchie, censée assurer la stabilité de l’Europe, portait en lui les germes de
son propre échec, car se trouvait en contradiction avec les principes sur lesquels il était supposé reposer, et surtout le
premier: le principe d’égalité. Il devint évident que, par l’exploitation de ce système, les grandes puissances
s’arrogeaient le droit de dominer les autres, et étaient les moins enclines à respecter les règles établies en commun.
Ces efforts pour mettre en place un gouvernement de fait ne vont pas résister aux poussées nationalistes, aux
revendications nationales. La Révolution a propagé, avec Napoléon, le principe de chaque Nation a se doter d’un
État souverain, en Italie, en Grèce, en Allemagne. Tout cela va précipiter le continent européen vers le premier
conflit mondial, qui fait éclater le principe du premier concert européen. La guerre de 1914-1918 a des conséquences
désastreuses.