augmenté, tandis qu'aux Etats-Unis d'Amérique (où le phénomène est né) l'évolution s'est
actuellement arrêtée, du moins sur la base des données qu'on nous a fournies.
Par ailleurs, nous nous devons de constater qu'on commence à respecter
l'interdisciplinarité de l'enseignement de la bioéthique. En Egypte, par exemple, on a créé
trois nouveaux centres au sein des facultés consacrées à l'éducation (Magistère) en conjuguant
la bioéthique et la philosophie, dans les facultés de biologie et d'anthropologie, de même dans
une autre université, pour ce qui est des facultés de philosophie et de jurisprudence. Aux
Etats-Unis d'Amérique se sont les facultés des sciences de l'éducation et des affaires
internationales, de biologie, de médecine et de philosophie, qui sont concernées. Pour ce qui
est de la Tunisie, on s'est, pour le moment, limité à la Faculté de médecine. En Italie,
plusieurs centres étudient la bioéthique et, parallèlement, d'autres abordent ces questions dans
un contexte plus vaste, dans toutes, ou presque toutes, les sciences. A cet effet, une
collection de livres intitulée "Global Bioethics" a été envisagée, confirmant l'exigence
interdisciplinaire dont a été soulignée l'importance. En outre, on a déjà publié des
anthologies et des collections d'études abordant les différents sujets liés aux sciences,
considérées séparément, et on est en train de créer des bases de données informatisées sur les
résultats des recherches menées.
En 1995, le Conseil de l'Europe a parrainé une anthologie. Nous nous devons, en
outre, de rappeler l'ouvrage réalisé par l'Association Descartes, publié sous l'égide du
Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche de la République française, qui fait
l'état des centres existant, entre 1993 et 1994. Il sera mis à jour cette année (en France, quatre
nouveaux centres ont été créés).
En conclusion, on peut souligner que le principe exigeant d'étudier et d'enseigner la
bioéthique en tant que science interdisciplinaire - considérée sous plusieurs points de vue (par
exemple, médecine, chirurgie, anthropologie, droit, philosophie, etc.) - est en train de se
généraliser. Ceci entraîne une spécialisation des enseignants ainsi qu'une coordination de
toutes les sciences se rapportant à la vie. Il suffit de constater qu'à Bilbao on a envisagé une
chaire spécialement consacrée aux problèmes liés au génome humain (Prof. Romeo
Casabona). On peut donc aisément comprendre comment à partir d'un sujet aussi important,
mais spécifique, on peut aborder des questions interdisciplinaires beaucoup plus complexes.
L'Université de Coïmbra, au Portugal, est en train d'aborder les problèmes éthiques découlant
des nouvelles découvertes en matière de neurologie et de maternité (Hôpital Benayer Barret).
Aujourd'hui, de nouveaux problèmes se posent suite à la généralisation de la médecine
préventive et de celle qu'on appelle la "médecine prédictive". Le prix Nobel Jean Dausset est
le partisan le plus illustre de ce nouveau type de médecine, qui permet d'affirmer que des
individus donnés peuvent être sujets à certaines maladies, lorsque des conditions, identifiables
à l'avance, se manifestent. Il s'agit là, évidemment, d'une possibilité et non d'une certitude,
mais il faut que la bioéthique la prenne en considération, aussi bien lorsqu'une personne est
soumise aux premiers tests, et qu'on lui annonce qu'une maladie pourrait se manifester, que
dans la période comprise entre l'information et la manifestation éventuelle de la maladie.
Dans ces derniers cas, il faut être en mesure de pouvoir conseiller l'intéressé, notamment d'un
point de vue psychologique, d'où l'importance d'une approche interdisciplinaire de la
bioéthique.
Il reste toutefois un problème fondamental qui concerne toutes les sciences et, donc, la
bioéthique : celui de l'information. Il n'y a, à l'heure actuelle, aucun média compétent
pouvant expliquer aux citoyens de tous les pays les découvertes faites grâce à la recherche
scientifique dans chaque discipline et les conclusions éthiques et juridiques qu'il faut en tirer.
Il suffit de rappeler que la Commission des Communautés européennes a décidé de confier à
l'Académie royale de médecine de Belgique la tâche de faire circuler, autant que possible, les
conclusions du groupe ESLA. Il faudrait donc encourager la diffusion par tous les moyens de
communication, dans les populations, des informations concernant les conséquences positives
et négatives découlant de l'exploitation des techniques du génie génétique.
C'est pourquoi le Comité international de bioéthique devrait s'engager à faire en sorte
que, partout dans le monde, on puisse, d'une part, sensibiliser les médias et, d'autre part,