loin en mettant prochainement en place un nouveau comité qui donnera son agrément
précisément sur la mise en place de nouvelles collections. Ce comité, dont le décret de
création est en préparation, sera chargé d'établir la déontologie d'un domaine aussi sensible.
En décidant de promouvoir un tel comité, dont il n'existe à ma connaissance d'équivalent dans
le monde, j'ai souhaité mettre en place un organe capable de prendre en compte la diversité
des problèmes rencontrés: dans quelles limites peut-on utiliser certains résultats? A qui
appartient une collection?
La naissance de comités nouveaux entraîne un risque: celui d'une multiplication des
démarches légales, d'où bureaucratisation et lenteur. J'en ai conscience. Il ne s agit pourtant
pas - je 1'ai dit - de nuire le moins du monde à l'activité de recherche, mais je crois, tout en
étant conscient de la nécessaire liberté dont doit jouir un chercheur, qu'il est indispensable de
respecter certains impératifs collectifs. Actuellement, nous sommes dans une phase
transitoire qui nécessite la mise en place d'organes consultatifs ayant autant une mission de
réflexion que de décision. C'est un passage obligé tant les problèmes sont nouveaux et
multiples. Il importe de privilégier la transparence aussi bien dans les échanges
d'informations entre comités que pour la mise à disposition des informations et, plus
généralement, dans le travail nécessaire d'uniformisation et de simplification des procédures
de consultation.
Je crois, et c'est le deuxième point que je souhaite aborder ce soir, que sur de tels
problèmes le consensus doit être le plus large possible. Le problème posé est celui de la
diffusion des avancées scientifique qui inclut en particulier la dimension de valorisation et de
publication. Nous retrouvons une règle éthique majeure: celle d'avoir la volonté de diffuser,
à tous et pour tous, tout ce qui se fait dans un domaine aussi crucial de la recherche
scientifique. Il est clair qu'une réflexion sur la bioéthique doit prendre en compte cet aspect
essentiel. Pensons à certaines informations hâtives données par de grands médias et qui
soulèvent beaucoup d'espoirs! Nous devons être capables d'établir une certaine pondération
pour éviter qu'une annonce prématurée n'ait en fait un impact social négatif.
Dans le programme de vos travaux, vous avez également fait une place de choix aux
problèmes liés à l'enseignement. Je crois en effet qu'il s'agit d'un axe particulièrement
important. En tant que Ministre de l'Enseignement supérieur, je suis particulièrement
soucieux que les futurs médecins français bénéficient au cours de leur formation d'une prise
de conscience aux problèmes éthiques. Ils doivent recevoir une formation spécifique, ce qui
suppose entre autres l'intervention d'enseignants d'autres disciplines comme l'éthique ou la
philosophie, pour conserver à la bioéthique son caractère pluridisciplinaire.
En présentant la situation française, je n'ai bien sûr pas voulu démontrer que seule la
France est en pointe dans ce domaine. Je crois seulement que l'expérience française dans le
domaine de la bioéthique représente une contribution pour une prise de décision qui doit être
européenne, puis mondiale. Je reprendrai l'exemple des problèmes concernant le brevetage
du génome humain. L'Europe et les Etats-Unis d’Amérique avaient sur ce problème une
position différente et je me félicite que cette opposition ait pu être dépassée, pour adopter une
solution commune qui est de breveter les seules applications. Cette concertation est
nécessaire pour que se dégage une éthique véritablement internationale. Elle est d'autant plus
nécessaire que le problème dépasse largement les sciences du vivant et concernent toutes les
activités humaines, de l'agriculture avec la transgenèse à l’environnement avec les différentes
formes de lutte contre la pollution. La vigilance doit être constante et partagée par tous.
Je suis convaincu en ce sens, comme nous le rappelle constamment l'action de
l'UNESCO et en particulier de son Comité international de bioéthique, que toute solution
efficace passe par l'établissement d'un rapport Nord/Sud fructueux. Aujourd'hui, il est
malheureusement évident que certaines découvertes récentes, par exemple en thérapie
génique, sont pratiquement inapplicables dans les pays en voie de développement. L'obstacle
n'est pas tant un transfert de connaissances insuffisant qu'un problème de diffusion des