
NF-CF-PLG Que / Comme
comparaison fonctionnant alors comme un conséquent. Mais ces emplois intégratifs sont
restreints au regard de l’extension des emplois comparatifs.
En emploi comparatif, que nécessite d’être corrélé à un terme antécédent (situé dans le cotexte
gauche) qu’on appellera ‘déclencheur’ ; ce déclencheur peut être de deux types : a) soit un
adverbe de degré (aussi, plus, moins, davantage), b) soit un adverbe de manière (ainsi,
autrement) ou un adjectif de la série même, tel, autre, qui signale le rapport de comparaison
comme une identité ou une altérité (Paul est médecin, ainsi que son frère ; Paul a acheté la
même voiture que son frère) ; d’où deux types de comparaison corrélative : a) une corrélation
quantitative et b) une corrélation qualitative.
3. Contrairement au que de comparaison, le terme comme suffit, à lui tout seul, à cheviller les
deux relations prédicatives : ‘la manièrex, est identique à la manièrey, quelle qu’elle soit’. La
valeur de comparaison est la contrepartie sémantique de ce fonctionnement intégratif, ainsi
que de l’interaction d’un certain nombre d’autres paramètres, que nous essaierons de cerner
dans le présent article. Il en résulte que, par différence avec la comparaison corrélative en que,
la comparaison exprimée à l’aide de comme constitue une valeur sémantique plus ou moins
stable, plus ou moins typique, selon les cas — comme nous le verrons plus loin.
4. Du point de vue strictement syntaxique, la question se pose de savoir si la subordonnée
comparative introduite par que ou comme est à considérer comme un constituant secondaire
(complément d’adjectif ou « complément du comparatif »), ou bien comme un constituant
primaire (c’est-à-dire comme un constituant de phrase) ; autrement dit, dans :
(9) Marie est aussi jolie qu’elle est gentille
faut-il considérer la subordonnée qu’elle est gentille comme complément de l’adjectif jolie
(ou comme « complément du comparatif » aussi jolie), ou bien la rattacher au prédicat de la
matrice (est jolie) ? La question est difficile, car des arguments peuvent être avancés en faveur
de chacune de ces deux solutions opposées. Nous présenterons plus loin les éléments qui nous
ont conduits à opter pour la seconde solution.
5. Dans cette perspective de rattachement de l’adverbe au prédicat de la matrice et à celui de
la subordonnée, nous verrons que la portée (faut-il parler d’incidence plutôt que de portée ? si
oui, à corriger dans tout le texte) de cet adverbe est variable. Il peut avoir une portée
intraprédicative :
(10)Marie est plus jolie que sa sœur
(11) Marie parle comme sa sœur
Dans ce cas il est adverbe de prédicat, intégré — relation « serrée ». Il peut avoir une portée
extraprédicative et fonctionner comme adverbe de phrase ; dans ce cas, il est détaché —
relation « lâche » — et la subordonnée peut être antéposée :
(12) Comme il sonna la charge, il sonne la victoire
(13) De même qu’il sonna la charge, il sonne la victoire