La prédication et les prédicats d`ordre supérieur dans le langage*

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La prédication et les prédicats d’ordre supérieur
dans le langage*
Antoine Blais
(Université Hankuk des langues étrangères)
Table des matières
Ⅰ. L'opération de prédication dans le langage
Ⅱ. La notion de prédicat
1. La notion de prédicat chez Aristote
2. La notion de prédicat dans la logique moderne
3. Description des différents prédicats
Ⅲ. Quelques cas de prédicats d'ordre supérieur
1. Les nombres dans le langage
2. La distinction ontologique essence / existence
3. Les transcendantaux
Ⅳ. Conclusion
. L’opération de prédication dans le langage
Parmi les différentes opérations langagières, l’opération de prédication est
certainement la plus fondamentale1). Cette opération permet de construire le
contenu propositionnel qui sous-tend tout énoncé linguistique. En effet dans
le processus de production d’une expression verbale, l’opération de prédication
est suivie par d’autres opérations (quantification, détermination, modalisation,
énonciation…) qui opèrent sur le contenu propositionnel qu’elle a élaboré2).
* Ce travail a été supporté par l’université Hankuk des études étrangères / This paper
has been supported by the Hankuk University of Foreign Studies.
1) Sur la prédication en linguistique, voir (Desclés J-P., 2008)
2) A propos de la notion d’opération dans le cadre du langage, voir l’ouvrage suivant
(Desclés J-P., 1991)
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■ 불어불문학연구 97집 2014년 봄호
Il faut noter que l’expression verbale finalisée sous forme d’un énoncé
peut ne pas toujours expliciter formellement les propositions qui la fondent
comme dans l’exemple suivant :
Les gens achètent des beaux cadeaux dans le magasin.
Cette phrase sera souvent considérée grammaticalement comme une unique
proposition construite autour du verbe transitif acheter. Néanmoins le contenu
propositionnel associé à cette phrase contient trois propositions3) :
Les gens achètent des cadeaux ET des cadeaux sont beaux ET les gens sont dans
le magasin
Cette phrase s’écrit donc sous forme logique de la manière suivante :
ACHETER (les gens, des cadeaux) ET BEAU (les cadeaux) ET DANS_
MAGASIN (les gens)
Dans ce dernier exemple, ACHETER ( X, Y) est ce que l’on nomme un
prédicat binaire car il reçoit deux arguments et il construit lorsqu’on lui applique
ces deux arguments une proposition. BEAU (X) et DANS_MAGASIN (X)
sont des prédicats unaires qui reçoivent un unique argument.
De plus, ces trois prédicats ACHETER (X, Y), BEAU (X) et
DANS_MAGASIN (X) sont des prédicats du premier ordre parce qu’ils prennent
en argument des termes et non des prédicats. On dit qu’un prédicat est du
second ordre quand il prend comme argument un prédicat du premier ordre.
Par exemple, le verbe intransitif courir correspond à un prédicat unaire du
premier ordre car il prend un argument qui est un terme comme dans l’énoncé
suivant : Jean court. Le verbe courir peut lui-même devenir argument d’un
prédicat supérieur comme dans l’exemple suivant : c’est bien de courir.
L’expression c’est bien de est donc un prédicat du second ordre prenant en
3) Sur la représentation propositionnelle des énoncés linguistiques nous renvoyons le lecteur
aux travaux fondamentaux de Kintsch et Van Dijk sur la compréhension de textes
(Kintsch & Van Dijk, 1978) (Kintsch & Van Dijk, 1983).
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