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Il faut noter que l’expression verbale finalisée sous forme d’un énoncé
peut ne pas toujours expliciter formellement les propositions qui la fondent
comme dans l’exemple suivant :
Les gens achètent des beaux cadeaux dans le magasin.
Cette phrase sera souvent considérée grammaticalement comme une unique
proposition construite autour du verbe transitif acheter. Néanmoins le contenu
propositionnel associé à cette phrase contient trois propositions3) :
Les gens achètent des cadeaux ET des cadeaux sont beaux ET les gens sont dans
le magasin
Cette phrase s’écrit donc sous forme logique de la manière suivante :
ACHETER (les gens, des cadeaux) ET BEAU (les cadeaux) ET DANS_
MAGASIN (les gens)
Dans ce dernier exemple, ACHETER ( X, Y) est ce que l’on nomme un
prédicat binaire car il reçoit deux arguments et il construit lorsqu’on lui applique
ces deux arguments une proposition. BEAU (X) et DANS_MAGASIN (X)
sont des prédicats unaires qui reçoivent un unique argument.
De plus, ces trois prédicats ACHETER (X, Y), BEAU (X) et
DANS_MAGASIN (X) sont des prédicats du premier ordre parce qu’ils prennent
en argument des termes et non des prédicats. On dit qu’un prédicat est du
second ordre quand il prend comme argument un prédicat du premier ordre.
Par exemple, le verbe intransitif courir correspond à un prédicat unaire du
premier ordre car il prend un argument qui est un terme comme dans l’énoncé
suivant : Jean court. Le verbe courir peut lui-même devenir argument d’un
prédicat supérieur comme dans l’exemple suivant : c’est bien de courir.
L’expression c’est bien de est donc un prédicat du second ordre prenant en
3) Sur la représentation propositionnelle des énoncés linguistiques nous renvoyons le lecteur
aux travaux fondamentaux de Kintsch et Van Dijk sur la compréhension de textes
(Kintsch & Van Dijk, 1978) (Kintsch & Van Dijk, 1983).