G. Canguilhem. : "Le normal et le pathologique", P.U.F Quadrige

G. Canguilhem. : "Le normal et le pathologique", P.U.F Quadrige, Paris, 1966, Réédition n°8, 1999.
Préambule et place dans ma thèse :
On croisera avec les travaux de Guy Tardieu en 1954 sur l'infirmité motrice cérébrale. On croisera aussi
avec le dossier médical sur le handicap ainsi que sur les traumas et la psychanalyse avec leurs notions de
transfert de contre transfert. La clinique nous guidera tout au long de notre travail avec le regard et les
thèses de Michel Foucault, d'Henri Jacques Sticker, et de Bernard Allemandou sur une approche historique
médicale et sur l'anthropologie du handicap du point de vue du tact et du soin social. On abordera aussi une
réflexion sur l'état de la maladie, de la guérison, de la pathologie qui peut atteindre les frontières de la vie.
La santé et la normalité sont aussi convoquées : que signifie être en bonne santé dans le cas de handicap
très lourd ? Être handicapé est ce être malade forcément ? Il peut paraître étrange d'être en bonne santé et
être en même temps atteint d'une infirmité grave et dire : « d'une tétraplégie ce n'est rien, je n'ai pas mal et
suis parfaitement heureux » comme le soulignent certains de mes sujets.
Pages 11 et 12 : "aujourd'hui encore il existe une hiérarchie vulgaire des maladies, fondée sur la plus ou
moins grande facilité d'en localiser les symptômes. C'est ainsi que la paralysie agitante est plus une maladie
que le zona thoracique et le zona, plus que le furoncle." ... "La maladie diffère de l'état de santé, le
pathologie du normal, comme une qualité d'une autre, soit par présence ou absence d'un principe défini,
soit par remaniement de la totalité organique."
Mon analyse : le handicap est-il une maladie ? Qui est ce handicapé qui n'est pas forcément malade?
L'aveugle, le sourd sont-ils des malades comme les autres, ou des personnes scène ? Mais qu'est-ce que la
santé comme le définit l'OMS et du bien-être social et mental, qu'en est-il ? Sommes nous tous des malades
qui s'ignorent, sommes nous tous des handicapés un peu plus ou un peu moins, en fonction des temps de la
vie ?
Pages 11 à 14 : " la maladie entre et sort de l'homme comme par la porte. Aujourd'hui encore il existe une
hiérarchie vulgaire des maladies, fondée sur la plus ou moins grande facilid'en localiser les symptômes.
C'est ainsi que la paralysie agitante est plus une maladie que le zona thoracique et le zona, plus que le
furoncle."
"La maladie diffère de l'état de santé, le pathologique du normal, comme une qualité d'une autre, soit par
présence ou absence d'un principe défini, soit par maniement de la totalité organique."
"L'identité du normal et du pathologique est affirmée au bénéfice de la correction du pathologique."
Mon analyse : On passe aujourd'hui de la physiologie à la génétique. L'identité se trouve au coeur des
cellules comme le souligne Axel Kahn dans son livre « et l'homme dans tout ça ». La guérison à tout prix
est telle recherchée systématiquement ? Quelle est la chose la plus importante sur le plan de la santé pour
une personne handicapée ? Une place sociale reconnue ou/et la guérison totale sont-elles à situer sur le
même plan ? hommage ceux qui ne peuvent guérir que pensent-ils entre l'indignation, révolte, activités
malgré tout pour rester dans sa dignité ; ne pas subir, ne pas accepter mais intégrer, voici à ce sujet ce que
pense le professeur aveugle : John Hull en 1995 dans son ouvrage « le chemin vers la nuit ».
Pages 18 et 19 : "Broussais explique en effet toutes les maladies comme consistant essentiellement « dans
l'excès ou le défaut de l'excitation des divers tissus au-dessus et au-dessous du degré qui constitue l'état
normal ». Les maladies ne sont donc que les effets de simples changements d'intensité dans l'action des
stimulants indispensables à l'entretien de la santé."
Mon analyse : Depuis la définition de l'OMS en 1947, la santé comme le silence des organes, à l'état de
bien-être physique et organique, on a rajouté social et mental voir même psychique. Dans le handicap, la
chronicité, l'irréversibilité et santé sont des pôles à mieux définir. Les maladies génétiques graves et
l'infirmité motrice cérébrale brouillent les frontières de la santé, du bonheur psychique et du silence des
organes. Voir ce sujet le travail sur ce concept de santé dans l'ouvrage de Jacques Henri Sticker sur l'OMS
entre 1935 et 1948 et le témoignage de Sylvain Hurault avec sa maladie de Duchêne, une myopathie très
grave.
Pages 25 et 26 : " Définir l'anormal par le trop où le trop peu, c'est reconnaître le caractère normatif de l'état
normal. C'est état normal ou physiologique ce n'est plus seulement une disposition décelable et explicable
comme un fait, c'est la manifestation d'un attachement à quelque valeur."
Analyse : il faut travailler la limite entre les concepts de normal et anormal, la valeur et le préjugé, quelles
sont les valeurs, les nuances et complexités générées par la situation de handicap ? Quelles sont les formes
que prennent donc la santé et la normalité chez les différentes personnes handicapées.
Page 37 : " Ces idées de lutte entre deux agents opposés, d'antagonisme entre la vie et la mort, la santé et la
maladie, la nature brute et la nature animée ont fait leur temps. Il faut reconnaître partout la continuité des
phénomènes, leur gradation insensible et leur harmonie."
Claude Bernard, leçon sur la chaleur animale, Jean-Baptiste Baillière, Paris, 1876.
Mon analyse : il faut différencier le malade et le malade sain par rapport à la maladie, le handicap est porté
par une personne irréductible à son seul handicap, ce même handicap forge et force la construction de son
identité. Voir à ce sujet les thèses sur l'identité de Lipiansky, Dubar et Goffman.
Page 41 : "dire que la santé parfaite existe pas c'est seulement dire que le concept de santé n'est pas celui
d'une existence, mais d'une norme dont la fonction et la valeur est d'être mise en rapport avec l'existence
pour en susciter la modification. Cela ne signifie pas que santé soit un concept vide."
Mon analyse : faire la liaison entre les handicaps et la santé, la cécité, la surdité, les infirmités motrices
cérébrales etc... La notion de santé est large et réversible... Et de elle touche à l'immortalité et au bonheur.
Page 49 : " un art de vivre -- et la médecine l'est en plein sens du mot [technê] - implique une science de la
vie. Une thérapeutique efficace suppose une pathologie expérimentale, une pathologie expérimentale ne se
sépare pas d'une physiologie. « Physiologie et pathologie se confondent et sont une et même chose ». Mais
fallait-il en déduire, avec une brutale simplicité, que la vie est identique à elle-même dans la santé et dans
la maladie, qu'elle n'apprend rien dans la maladie et par elle ?"
Mon analyse : un témoin aveugle nous dit que c'est son infirmité qui a fait de lui ce qu'il est malgré
l'angoisse et la dépression. D'autres veulent redevenir aveugles pour redevenir ce qu'ils étaient (in Oliver
Sachs : un anthropologue sur mars -- sept histoires paradoxales). La maladie s'exprime par infirmités dans
le handicap comme espace de reconnaissance et de connaissances sur soi et sur les autres. On retrouve ces
idées étranges dans les entretiens et dans les dialogues avec les 17 témoins. Les étrangetés autour du cri, du
corps, du coeur et de la cognition se retrouvent aussi bien dans les ouvrages scientifiques que dans les
témoignages des histoires de vie.
Page 50 : "quand on qualifie de pathologie un symptôme ou un mécanisme fonctionnel isolés, on oublie
que ce qui les rend tels c'est leur rapport d'insertion dans la totalité indivisible d'un comportement
individuel. En sorte que si l'analyse physiologique de fonctions séparées se sait en présence de faits
pathologiques, c'est à une information clinique préalable qu'elle le doit, car la clinique met le médecin en
rapport avec les individus complets et concrets et non avec des organes et leurs fonctions."
Mon analyse : bien sûr, le handicap c'est une petite partie d'une personne complète et le sujet lui appartient
à tous. Sujet qui se définit par l'angoisse, le désir, le déni, et l'écriture. Le sujet et l'acteur social peuvent
peuvent-ils être dissociés : les handicapés a pu un corps et il habite son corps quelquefois mais ce corps
n'habite pas la société.
Pages 52 et 53 : " La santé, dit Leriche, c'est la vie dans le silence des organes". Inversement, " la maladie,
c'est ce qui gêne les hommes dans l'exercice normal de leur vie et dans leurs préoccupations et surtout ce
qui les fait souffrir".
"Leriche montre en effet que « le silence des organes » n'est pas nécessairement équivalent à l'absence de
maladie, qu'il existe dans l'organisme des lésions et des perturbations fonctionnelles pendant longtemps
imperceptibles pour ceux dont elles mettent la vie en danger."
Mon analyse : On croisera pour analyse avec les travaux sur les traumas S.Freud et J. Lacan et la résilience
B. Cyrulnik et la douleur dans les témoignages plus quotidiens comme ceux de A. Jollien, J. Hull, etc
...Mais on trouve chez E.Goffman, dans la presse et la littérature la citation suivante " Ce n'est rien une
tétraplégie ..." Le malade se fait par la maladie, non ! C'est un homme qui retrouve un autre équilibre (R.
Dubos ) par contre le corps est un espace , une limite ou un déni voir l'analyse des "4C" entre la douleur, le
cri au quotidien car la situation de handicap c'est la durée et l'irréversibilité il faut intégrer. C'est le cas de
Sylvain qui ne savait pas s'il serait encore présent avec nous dans cinq ans.
Citation de R.Leriche, Introduction générale. De la santé à la maladie, la douleur dans les maladies, ou va
la médecine, Encyclopédie française, Tome VI, 1936.
Page 59 : "la maladie est au principe de l'attention spéculative que la vie attache à la vie par le truchement
de l'homme. Si la santé est la vie dans le silence des organes, il n'y a pas à proprement parler de sciences de
la santé. La santé c'est l'innocence organique [...]. Il en est de la physiologie comme de toute science, selon
Aristote, elle procède de l'étonnement. Mais l'étonnement proprement vital c'est l'angoisse suscitée par la
maladie."
Mon analyse : et je suis très étonné par ce que j'entends et je vois .Voilà qui est posé avec l'angoisse
(kierkegaardien en contre point). Le handicap comme révélateur de soi et de l'autre, de l'humain comme
"soi même comme un autre " de P.Ricœur.
Page 71 :" Tout d'abord dans l'anomalie il y a primauté du négatif ; le mal se détache de la vie tandis que le
bien se confond avec le dynamisme vital et trouve son sens uniquement « dans une progression constante
appelée à déborder toute formule conceptuelle relative à cette prétendue norme »".
Dans Georges Canguilhem : E. Minkowski, A la recherche de la norme en psychopathologie, dans
l'évolution psychiatrique, numéro un, 1938.
Mon analyse : la place handicap de la personne handicapée dans l'évolution de l'anomalie, du mal et du
négatif par rapport au poids du médical. Réfléchir sur le handicap au Colloque de Clermont-Ferrand à
partir du nombre de médecins présents !
Pages 72 et 73 :" Nous pensons avec Sigerist que « la maladie isole », et que même si « cet isolement
n'éloigne pas des hommes, mais rapproche au contraire que c'est derniers du malade », aucun malade
perspicace ne peut ignorer les renoncements et les limitations que s'imposent les hommes sains pour se
rapprocher de lui. [...] Nous pensons en résumé que considérer la vie comme une puissance dynamique de
dépassement, à la façon de Minkowski dont les sympathies pour la philosophie bergsonienne se
manifestent dans les ouvrages comme La schizophrénie ou Le temps perdu, c'est s'obliger à traiter
uniquement l'anomalie somatique et l'anomalie psychique. Lorsque Ey, approuvant les vues de Minkowski,
déclare : « Le normal n'est pas une moyenne corrélative à un concept social, ce n'est pas un jugement de
réalité, c'est un jugement de valeur, c'est une notion limite qui définit le maximum de capacité psychique
d'un être. Il n'y a pas de limite supérieure de la normalité »."
"Redevenir normal, pour un homme dont l'avenir est presque toujours imaginé à partir d'expérience passée,
c'est reprendre une activité ininterrompue, ou du moins une activité jugée équivalente d'après les goûts
individuels ou les valeurs sociales du milieu. Même si cette activité est réduite , même si les
comportements possibles sont moins variés, moins souples qu'ils se n'étaient auparavant, l'individu n'y
regarde pas toujours de si près. L'essentiel est d'être remonté d'un abîme d'impotence ou de souffrance où le
malade a failli rester ; l'essentiel est de l'avoir échappé belle. Soit l'exemple d'un jeune homme, récemment
examiné, qui était tombé sur une scie circulaire en action, dont le bras avait été sectionné transversalement
aux trois-quarts, le papier vasculo-nerveux interne étant resté indemne. [...] Ce malade est heureux de
savoir qu'il récupérera une très large possibilité d'usage de son membre."
Mon analyse : à croiser le travail de Vygotsky. L'isolement qui réduit ou le combat pour aller vers l'autre,
tout est encore difficile dans le social pour le handicap. La personne handicapée peut être tout à fait
normale ; ceci est étrange et étonnant. Le rêve est-il de redevenir normal, certains ne le veulent pas
absolument. Posez la question aux différents témoins : si un jour la technique le permet voudrait-on une
guérison totale ?
Pages 75 et 76 : "Ce qui les intéresse [les médecins], c'est de diagnostiquer et de guérir. Guérir c'est en
principe ramener à la norme une fonction ou un organisme qui s'en sont écartés. La norme, le médecin
l'emprunte usuellement à sa connaissance de la physiologie, dite science de l'homme normal, à son
expérience vécue des fonctions organiques, à la représentation commune de la norme dans un milieu social
un moment donné."
"Le vocabulaire technique et critique de la philosophie de Lalande est plus explicite : est normale ,
étymologiquement , puisque norma désigne l'équerre, ce qui ne penche ni à droite ni à gauche, donc ce qui
se tient dans un juste milieu, d’où deux sens dérivés : est normal ce qui est tel qu'il doit être : est normal ,
au sens le plus usuel du mot, ce qui se rencontre dans la majorité des cas d'une espèce déterminée ou ce qui
constitue soit la moyenne soit le module d'un caractère mesurable".
Mon analyse : Annie Triomphe de l'INSERM sur l'économie du handicap et l'exemple des cérébraux lésés :
une limite à aux sciences économiques et physiologiques mais ils sont dans l'université, alors que faire ?
(Voir la pque du SACEH). On cache certains l'économie recycle les plus visibles (voir Yann et le
marketing, le Colloque de Clermont-Ferrand sur l'esthétique des personnes handicapées qui trouve un
travail dans le milieu social.)
A croiser avec les parties d'analyses cliniques et médicales. Analyse du vocabulaire à partir de l'histoire :
invalide, déficience, handicap et infirmité ; inclure ici mon article CNRS sur infirmité avec la lecture des
"4C" et les témoignages.
Lalande A., Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Alcan, 4e édition, Paris, 1938.
Page 77 : "Nous pensons que la médecine existe comme art de la vie parce que le vivant humain qualifie
lui-même comme pathologiques, donc devant être évités ou corrigés, certains états ou comportements
appréhendés, relativement à la polarité dynamique de la vie, sous forme de valeur négative."
Mon analyse : Eviter de vouloir corriger ou guérir les autres à tous prix, éviter par tact et soin de rentrer
dans des lieux où ne nous sommes point conviés. Le handicap doit encore se cacher car on lui fait
comprendre par une douce pression sociale qu'il coûte cher, il véhicule donc des valeurs négatives. Citation
du philosophe P.A Dupuis : "…Chercher les valeurs dans des lieux elles brillent encore d'un très faible
éclat..." On trouvera chez L.S. Vigotsky et A. Luria une école pour repérer l'intactologie défectologie des
déficiences de toutes sortes, on parle aujourd'hui de compensations de toutes factures pour égaliser dans le
social ; la situation de handicap au sens large.
Pages 87 et 88 : "Quand l'anomalie est interprétée quant à ses effets, relativement à l'activité de l'individu,
et donc à la représentation qu'il se fait de sa valeur et de sa destinée, l'anomalie est infirmité. Infirmité est
une notion vulgaire mais instructive. On naît ou on devient infirme. C'est le fait de devenir tel, interprété
comme déchéance irrémédiable, qui retentit sur le fait de naître tel. Au fond, il peut y avoir pour un infirme
une activité possible et un rôle social honorable."
"Une norme unique de vie est ressentie privativement et non positivement. Celui qui ne peut courir se sent
lésé, c'est à dire qu'il convertit sa lésion en frustration, et bien que son entourage évite e lui renvoyer
l'image de son incapacité, comme lorsque des enfants affectueux se gardent de courir en compagnie d'un
petit boiteux, l'infirme sent bien par quelle retenue et quelles absentions de la part des ses semblables toute
différence est apparemment annulée entre eux et lui."
Mon analyse : Faire jouer ici notre article historique sur l'infirmité entre la faute divine, la suspicion
sociale, et la dette humaine ainsi que la limite entre normalité / anormalité et maladie réversible et
irréversible (B. Allemandou, H.J. Stiker …). G. Canguilhem nous signale que l'image en négatif est
toujours tenace et ces traces bien présentes dans les entretiens.
Page 117 : "De l'univers de tout vivant on peut dire ce que Reininger dit de l'univers de l'homme : "Unser
Weltbild ist immer zugleich ein Wertbild ", notre image du monde est toujours aussi un tableau de valeurs".
Reininger R., Wertphilosophie und Ethik, p 29, Braumüller, Vienne Leipzig, 1939.
Mon analyse : Les deux citations montrent que le handicap mobilise ce tableau de valeurs en fonction des
différentes niches et réseaux sociaux. On pourrait au niveau éducatif réfléchir et apprendre à penser ces
valeurs très tôt pour changer le regard et le déplacer sur …
Page 133 : "L'homme, même physique, ne se limite pas à son organisme. L'homme ayant prolongé ses
organes par des outils, ne voit dans son corps que le moyen de tous les moyens d'action possibles. C'est
donc au-delà du corps qu'il faut regarder pour apprécier ce qui est normal ou pathologique pour ce corps
même. Avec une infirmité comme l'astigmatisme ou la myopie on serait normal dans une société agricole
ou pastorale, mais on est anormal dans la marine ou dans l'aviation."
Mon analyse : Voici une belle démonstration de l'arbitraire et de la relativité des choses et des situations
sociales. La compensation matérielle et humaine pour l'accès de tous à tout (loi sur le handicap 2004).
Le handicap tout au long de la vie nous approche c'est une question de temps, de regard anthropologique et
de situation sociale ou culturelle : P. Bourdieu parle d'économie du bonheur et de son chiffrage par
l'économie (Voir son film sur la sociologie comme sport de combat en 2000). C'est aussi le sens de ma
question sur le temps et la fragilité ; notions à retravailler pour les groupes sociaux.
Page 135 : "D'abord parce que le concept de normal n'est pas un concept d'existence, susceptible en soi de
mesure objective. Ensuite, parce que le pathologique doit être compris comme une espèce du normal,
l'anormal n'étant pas ce qui n'est pas normal, mais ce qui est un autre normal."
Mon analyse : le handicap est aussi une sorte, une catégorie du normal ; c'est en ce sens que l'éducation
devrait travailler et le diffuser partout. C'est bien le concept de situation qui est anormale et non pas
l'humain qui subit, il faut renverser le regard et notre travail le montre. Une vraie sociologie de la
souffrance et de l'exclusion recouvre "la misère du monde" mis à jour par P. Bourdieu et son équipe.
Pages 139 et 149 : "C'est l'anormal qui suscite l'intérêt théorique pour le normal. Des normes ne sont
reconnues pour telles que dans des infractions. Des fonctions ne sont révélées que par leurs ratés. La vie ne
s'élève à la conscience et à la science d'elle-même que par l'inadaptation, l'échec et la douleur."
"Avant la science, ce sont les techniques, les arts, les mythologies et les religions qui valorisent
spontanément la vie humaine. Après l'apparition de la science, ce sont encore les mêmes fonctions, mais
dont le conflit inévitable avec la science doit être réglé par la philosophie, qui est expressément philosophie
des valeurs "
Mon analyse : Très belle phrase pour la situation des handicapés, à ajouter à celle sur le fauteuil de EPCO
"On est tous fait pour aimer la vie !"
C'est la force des approches transdisciplinaires avec le handicap comme vélateur d'une philosophie des
valeurs prenant origine dans les traces "douloureuses et difficiles" des situations sociales d'exclusion. Les
sciences humaines et sociales comme langage universel et transversal entre les espaces scientifiques durs et
la culture.
Dans une recherche microsociologique quelles sont les valeurs qui remontent pour interroger la sociologie
du handicap ? Les recherches sur les cas éthiques et les limites des concepts ne sont ni des approches
inductives ni déductives car l'humain résiste et c'est d'une intégration scientifique dont il faudrait parler.
Page 156 : "La guérison est la reconquête d'un état de stabilité des normes physiologiques. Elle est d'autant
plus voisine de la maladie ou de la santé que cette stabilité est moins ou plus ouverte à des remaniements
éventuels. En tout cas, "aucune guérison n'est retour à l'innocence biologique" Guérir c'est se donner de
nouvelles normes de vie, parfois supérieures aux anciennes. Il y aune irréversibilité de la normativité
biologique."
Mon analyse : c'est le rêve ultime de guérir, d'être comme avant ou comme les autres : une renaissance
pour certains et un autre départ pour les autres. Quand tout est stable et équilibré qui doit guérir les autres
ou la société ?
Voilà ce qu'il écrivait en 1943 et voyons maintenant en 1966 les apports.
Page 173 : "Le sens des concepts de norme et de normal dans les sciences humaines, en sociologie, en
ethnologie, en économie, entraîne à des recherches qui tendent finalement, qu'ils s'agissent des types
sociaux, des critères d'inadaptation au groupe, des besoins et des comportements de consommation, des
systèmes de préférence, à la question des rapports entre normalité et généralité. Si j'emprunte, au départ,
quelques éléments d'analyse aux leçons dans lesquelles j'ai examiné, à ma manière, quelques aspects de
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