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Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. I - n° 3 - juillet-août-septembre 2012
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* © Le Courrier de la Transplantation 2004;1:6.
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GUÉRISONS* Par Alain Rey, directeur de la rédaction
du Robert, Paris
La guérison est un état souhaitable et sou-
haité. Mais, à la différence de la santé, d’ail-
leurs plus difficile à définir que la maladie,
la guérison a un passé, qu’elle supprime, et ce passé
est un mal.
La maladie, l’accident corporel sont des attaques ; la
guérison est le résultat d’une défense. Car le verbe
guérir, qui vient des langues germaniques, tout
comme guerre, correspond à l’allemand wehren,
défendre. Les mots français guérir et guérison ont
été apportés dans notre langue de fonds latin par
les Francs, qui étaient plus portés sur le combat que
sur la médecine. Aussi guarir, en ancien français,
comme son modèle francique warjan, signifie-t-il
défendre, protéger ; s’il est devenu guérir, c’est par
l’influence du dialecte champenois. En se francisant
– on pourrait même dire en se champagnisant –,
guérir s’est dédoublé, pour dire à la fois recou-
vrer la santé et rétablir la santé de quelqu’un. De
même, la guérison peut être un processus naturel
et spontané – on guérit facilement d’un rhume, en
général – ou l’effet d’une thérapeutique, qui peut
être lourde, longue, complexe – en général, encore,
on ne guérit pas tout seul d’une cardiopathie : on
est guéri par la médecine. Guérison, le nom, efface
cette distinction ; il ne s’intéresse quau résultat.
Pourtant, ce résultat est lui-même multiple, à tel
point que la guérison d’un mal nest pas forcément
celle du malade, qui est un organisme, un tout. Ce
qui permet de dire, par une assez mauvaise plai-
santerie : il est mort guéri !
Dans le processus de guérison, il y a toute l’action
raisonnée de la médecine, de la chirurgie, mais il y
a aussi de l’inexplicable. “La guérison, mon amie, la
vraie guérison. Cela vient mystérieusement. On ne la
sent pas tout de suite. Cest ce qu’écrivait Colette,
dans un chapitre des Vrilles de la vigne, intitulé : “La
guérison. Il est vrai qu’elle parlait de la guérison
d’un amour malheureux. Mais n’y a-t-il pas dans
toute guérison une action secrète de la conscience
et de l’inconscient, de la force vitale ?
La guérison est une défense réussie, une levée de
siège contre les attaques ; la force du traitement est
protectrice, et il faut quelle s’appuie sur l’énergie
des assiégés. Pour guérir un blessé, un malade –
verbe transitif –, il faut quil veuille guérir – intran-
sitivement, absolument.
Il arrive que la grammaire parle vrai.
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