Nadège Biojout Décembre 2002
MST202
Université de Limoges
La seconde grande figure de la pensée stratégique qui nous est présentée, est
celle de John Dean. En 1950, celui-ci délaisse quelque peu l'entreprise pour s'orienter
tout particulièrement vers le produit qui, pour lui, est le centre de la stratégie de
l'entreprise.
En effet, pour John Dean, le produit paraît dominer par rapport à l'entreprise.
Alors que précédemment, l'entreprise était importante au point qu'un cycle de
vie rigoureux devait être suivi, ici, les premiers frémissements des Trente Glorieuses et
les prémices de la société de consommation placent le produit "en tête de gondole"
socio-économique.
Cependant et à l'instar d'Alfred Marshall, John Dean considère que le produit est
une entité qui naît, vit et dépérit, voire meurt.
Néanmoins et si Marshall n'envisageait pas la possibilité d'échec, la défaillance d'un
produit n'est pas étudiée non plus : le produit est lancé avec succès jusqu'à ce que les
ventes ralentissent et que le produit soit retiré au terme d'une fructueuse carrière.
Mais pour qu'il vive et soit rentable aussi longtemps que possible, une nouvelle donnée
fait son entrée de manière active : la publicité, autrement dit et selon les termes de
l'époque, la réclame à laquelle on peut ajouter le concept d'actions promotionnelles qui
servent à amplifier temporairement mais fortement les ventes.
Alors que précédemment, la communication n'était pas réellement envisagée, une
entreprise se suffisant à elle-même pour se développer et façonner un produit de qualité,
ici, le marché s'est élargi au rythme des demandes à facture exponentielle notamment en
réponse à la grande dépression économique des années 1930 et particulièrement suite à
la Seconde Guerre Mondiale.
La société a faim de nouveautés et en conséquence, le marché se multiplie et s'agrandit ;
il est donc indispensable de s'y adapter et d'envisager de communiquer afin de faire
connaître un nouveau produit. Cependant, répétons-le, dans l'enthousiasme général qui
se développe alors, l'échec n'est pas envisagé comme une possible alternative.
Alors que dans le premier cas, la concurrence n'était pas un item vraiment
développé, on peut argumenter ici que la communication a aussi une acceptation de lutte
concurrentielle. En effet, la concurrence semble être un élément fondamental lorsqu'il est
question de stratégie d'entreprise.
De même, le produit est susceptible d'évoluer au cours de sa période de maturation
jusqu'à présenter sa forme finale. Il s'agit encore d'une différence avec les observations
d'Alfred Marshall pour lequel le produit était issu d'une entreprise déjà mature : le
produit était, en quelque sorte, déjà défini et fini, alors même que la solvabilité de l'idée
de départ était vérifiée.
Une autre différence entre ces deux premiers cas est la présentation d'une phase
de déclin. Or chacune est dissemblable avec peut-être davantage de réalisme pour l'une
que pour l'autre.
Pour Alfred Marshall, le vieillissement d'une entreprise ne peut apparemment pas se
conjuguer avec la disparition de celle-ci, mais avec l'ultime étape de la maturation, à
savoir une succession et/ou l'addition de nouveaux associés.
Pour John Dean, il est tout à fait logique qu'un produit finisse par sortir du marché …
vieillissement trop important vis-à-vis de la concurrence ou simplement de la demande, il
est, pour lui, dans l'ordre des choses qu'un produit tire sa révérence à un moment ou à
un autre, lorsque les efforts de renouvellement et de publicité ne sont plus suffisants
pour en assurer la rentabilité (sans pour autant imaginer possible, croissance
économique oblige, un échec initial).
Ces deux premiers cas sont donc relativement différents dans leur
développement. L'un s'attache exclusivement à l'entreprise alors que l'autre s'intéresse
au produit. Certes tous les deux travaillent à partir de cycles de vie, mais ceux-ci, en
dehors du fait que le succès est quasi assuré, ne réagissent pas de la même manière
notamment vis-à-vis de la part communicationnelle.