Schoulzäit - Kannerzäit
2. Mesures de réforme
2.1. Les programmes (objectifs de formation/d’apprentissage)
« Il va falloir, au fond, faire de la révision des programmes une composante permanente des systèmes
d'enseignement. »
- Bien entendu, l’apprentissage des langues et du calcul resterait un point essentiel à l’ordre du jour. La capacité
fondamentale de lecture reste la base indispensable à l’acquisition ultérieure de tout savoir et de toute
connaissance. Mais nous insistons sur le fait que l’enseignement primaire ne peut se limiter qu’aux seules
compétences de lecture, d’écriture et de calcul (compétences cognitives, logiques, arithmétiques …).
Quant aux méthodes d’enseignement des langues (en particulier aux niveaux inférieur et moyen de l’enseignement
primaire), elles devraient promouvoir en premier lieu le maniement des langues. L’analyse poussée des finesses
orthographiques, grammaticales, etc. peut être développée ultérieurement. Les enfants seraient ainsi rapidement
en mesure d’utiliser les langues pour la compréhension et l’expression des idées et de la pensée.
- L’accumulation de connaissances parcellaires ne peut pas constituer le seul objectif de l’enseignement. Il
conviendrait de renoncer à exprimer les programmes exclusivement en termes de « contenus » (manuel X, page
Y …) ou de les agencer par matières/branches isolées :
* les contenus/connaissances ne représentent pas la fin en soi de l’enseignement. Ils constituent la partie des
savoirs qui est à acquérir, à être construite et ajustée par l’individu lui-même, grâce à certaines habilités
intellectuelles et pratiques qui seraient à développer, conjointement à toutes les autres potentialités de l’enfant
(sociales, affectives, artistiques et créatives, …).
* Les objectifs d’apprentissage devraient plutôt être formulés en termes de compétences et de capacités à
développer (p. ex. « apprendre à apprendre » : rechercher, synthétiser, analyser, filtrer, relier et assimiler les
connaissances, apprendre à les actualiser, à les situer dans un contexte, à leur donner un sens et à les appliquer… ;
mais aussi « se connaître », s’évaluer, se situer par rapport à soi et aux autres, …).
* Le choix et l’élagage des matières à traiter (connaissances à acquérir) se feraient minutieusement en fonction
de leur actualité et de leur utilité ; ils serviraient de « véhicules » au développement des compétences et des
capacités. On évitera de stresser les enfants en leur imposant un volume de connaissances écrasant qui de ce
fait n’accrochent pas.
* Un des objectifs serait aussi d’en arriver à des « … matières distinctes, mais non plus isolées, puisque toujours
inscrites dans leur contexte … ».
L’enseignement serait transversal (« fächer-, disziplinübergreifend »), reliant
les contenus entre eux, en leur donnant ainsi un sens. A cet effet, il faut veiller à une congruence interne des
programmes. Par ailleurs, cette approche présuppose des modes de travail plus diversifiés des enseignants comme
le « team teaching », la concertation continue, l’élaboration de projets interdisciplinaires et interclasses, etc.
- La construction et l’agencement des programmes devraient laisser une marge à la différenciation (possibilité de
fixer des objectifs selon les besoins individuels de l’enfant). Un système scolaire qui met l’élève au centre de ses
préoccupations se doit aussi de laisser à celui-ci la possibilité de formuler ou de négocier ses objectifs
d’apprentissage pour une période donnée (aussi bien en termes de compétences que de contenu). L’enseignant
assistera l’élève à déterminer les contenus et les méthodes appropriés qui lui permettront d’atteindre ses objectifs
(plan d’études « différencié » ; éviter d’imposer le même volume à chaque enfant).
En ce qui concerne les manuels et le matériel didactique, il faudrait « … en vue d’une différenciation plus poussée,
favoriser l’emploi de livres et de matériel scolaires différenciés et répondant aux besoins des différents élèves
de la classe. »
- Notons aussi que la charge de travail scolaire des enfants au Grand-Duché de Luxembourg (mesurée en
nombre d’heures par année) est une des plus grande par rapport à celles dans les autres pays de la communauté
européenne. En outre, le système scolaire luxembourgeois n’accorde que peu d’importance à l’éducation civique et
à l’acquisition de compétences sociales en début de l’enseignement primaire (à ne pas confondre avec l’éducation
morale et religieuse).
HUTMACHER, W.: "Compétences-clés pour un nouveau monde: entre opportunité et faisabilité", in Courrier de l'Education Nationale, Cycle de
conférences 1996, Luxembourg, Publication du Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle, 1997, p. 90.
MORIN, E.: op. cit., p.88
FAPEEP, FAPEEPP, Aktioun Human Schoul : « Proposition de mesures concrètes à prendre dans le cadre de la politique scolaire au cours des cinq ans
à venir
CRAHAY M.: « Peut-on lutter contre l’échec scolaire ? », comparaison synthétique des programmes établis, dans quelques Etats membres de l’Union
Européenne, pour l’enseignement primaire à son début et à mi-parcours (Eurydice 1994), De Boeck, 1996, p. 9, 10, 12