Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire – Pôle socio-économique Assemblée Finale – Findhorn – 9 au 16 Juin 2001 Chantier 12 : Développement durable Projet de synthèse Un développement durable intégral suppose la mise en question de deux concepts: 1) la pseudo loi de "l’autorégulation du marché" ; 2) la notion de “l’insatiabilité humaine” comme base de la notion de "besoins" ; une culture durable doit placer la richesse de l’être devant la richesse de l’avoir. Constats 1. La globalisation est un contexte nouveau ; nouveau en tant que changement brusque et 2. 3. 4. 5. 6. 7. discontinu d'échelle, mais pas en tant que tendance. Soit la durabilité est globale, soit elle n'existe pas, et n'existera jamais. La durabilité socioéconomique des êtres humains les plus défavorisés de la planète requiert des développements endogènes locaux du Sud ; leur croissance économique devra aller de pair avec des décroissances complémentaires du Nord, afin qu'une durabilité globale soit possible. Les nouvelles technologies de la communication provoquent des modifications qui vont des systèmes et rapports de production, de travail et de commerce, jusqu'aux systèmes de rapports entre les cultures, les idées, les personnes. La biodiversité, y compris celle de la culture, est plus en danger que jamais. L'Etat-Nation a permis que l'économie réelle se dérègle. D'après le discours dominant, c'est le “Marché”, deus ex machina , qui a usurpé la place de l'Etat. La structure d'institutions internationales est basée, comme son nom l'indique, sur les états nationaux, ce qui, par conséquent, dérègle l'économie globale réelle. Tant que des propositions comme l'abolition de la dette extérieure, de l'impôt Tobin, la réduction de la journée de travail, la durabilité de secteurs productifs, le transfert de connaissances et de technologie, etc., seront basées sur le pouvoir de l'Etat-Nation, elles se heurteront aux deux prémisses précédentes. Un modèle alternatif au néolibéralisme n'implique pas une pensée alternative unique. L'histoire détermine des différences (culturelles, de systèmes de valeurs étiques et morales, d'idiosyncrasie, de “conditions initiales”), qui permettent d'imaginer le pas de la souveraineté de l'Etat-Nation vers la Souveraineté Populaire dans le monde globalisé, avec la réaffirmation et la coexistence tolérante des nationalismes culturels. La diversité culturelle est une source de durabilité globale. Socialement durable implique un modèle socialement juste et la possibilité de vivre en paix ; ces deux dimensions doivent marcher à l'unisson. La détérioration de l'environnement et l'augmentation de la pauvreté doivent être traitées de façon intégrée. Economiquement durable signifie distinguer entre développement et croissance et, d'autre part, entre économie et chrématistique. C'est l'économie physique qui nous intéresse, celle qui tient compte de ce que l'on a produit, et également de ce que l'on a détruit en produisant, et de ce que l'on a gaspillé en consommant.. En plus, il faut tenir compte de l'énergie qui nous renvoie à l'entropie. La croissance globale doit se subordonner à la durabilité écologique. Il ne faut pas sacrifier la qualité de vie des générations actuelles, ni hypothéquer la capacité des futures générations de satisfaire leur propre qualité de vie. Document de travail – Merci de ne pas diffuser. 12/1 Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire – Pôle socio-économique Assemblée Finale – Findhorn – 9 au 16 Juin 2001 Ecologiquement durable signifie que la tendance de développement n'attente pas contre le type d'équilibre dynamique de l'écosystème terrestre nécessaire à la survie de l'espèce humaine. Ceci implique que les moyens de production remplissent certaines conditions restrictives par rapport aux taux d'exploitation ou émission durables par unité de temps. Politiquement durable implique que la dynamique du système social, économique et écologique ne crée pas de tensions conflictuelles accumulatrices de mécontentement, ce qui le rendrait non fonctionnel pour la société. La base de la participation politique effective est l'indépendance économique, qui délivre de l'état de besoin, au moyen d'une rente en tant que droit de citoyenneté, destinée à ceux qui ne possèdent que la vente de leur force de travail comme moyen d'assurer leur subsistance physique. La durabilité nous renvoie à un débat sur la société, à l'exercice de la démocratie, au retour à la suprématie de la politique. La durabilité politique a besoin d'une redéfinition de la participation en partant des municipalités. Un objectif moral et politique est nécessaire pour mener à bien le développement durable parce que celui-ci exige une justice intergénérationnelle. Il n'existe pas d'institutions politiques qui incluent la représentation du futur et qui défendent le droit des générations à venir. Seule notre morale peut défendre les droits des générations qui ne sont pas encore nées, ou les droits des autres espèces vivantes. Il n'est pas possible de généraliser le style de vie consumériste à toute la planète. La recherche d'une production durable exige une recherche d'une consommation durable, ce qui requiert une culture de la suffisance, et non de l'insatiabilité. Ni la croissance infinie de la consommation, ni même le maintient éternel des niveaux actuels de consumérisme ne sont durables . Il n'est pas viable non plus de mettre fin à la pauvreté dans le monde en nivelant le modèle consumériste par le haut , à travers la croissance durable du modèle industriel, même si on y ajoute une préoccupation en ce qui concerne l'environnement. La durabilité présuppose l'harmonie globale de la diversité de développements, l'adaptation des différentes organisations humaines à leur environnement écologique, et, par conséquent, la diversité de styles de vie et de niveaux de consommation. Il faut abandonner l'idée d'un développement historique uniforme et linéaire, pour viser la diversité de sociétés historiquement possibles et écologiquement désirables. Il est techniquement possible de respecter les limites physiques de l'écosystème en réduisant le flux de ressources consommées et de substances polluantes émises, en augmentant simultanément la qualité de vie, au moyen de l'accroissement de l'efficacité du point de vue écologique. Le pourcentage d'amélioration de l'efficacité de la technologie en termes écologiques doit être plus grande que le taux de croissance économique. Les limites de la croissance imposent aussi bien la nécessité d'une efficacité systémique qu'une efficacité microéconomique. La première exige un modèle de globalisation durable allant de pair avec un nouvel ordre économique international juste, solidaire et coopératif, basé sur la diversité. Du point de vue microéconomique, l'on peut promouvoir une révolution de l'efficacité durable en ce qui concerne les exigences écologiques, les progrès technologiques et le changement du consumérisme. L'axe de cette globalisation se trouve dans la perte de la souveraineté monétaire, tombée dans les mains du capital financier. Une globalisation de la solidarité exige un nouveau Système Monétaire International, basé sur une souveraineté monétaire mondiale partagée, pour subordonner la globalisation financière à une globalisation productive juste et durable. Ceci corrigera également la détérioration des termes de l'échange dont souffre le Sud, et qui tend à être compensée par le dumping fiscal, social et écologique. Document de travail – Merci de ne pas diffuser. 12/2 Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire – Pôle socio-économique Assemblée Finale – Findhorn – 9 au 16 Juin 2001 Une nouvelle institutionnalisation pour la gouvernance de la globalisation doit accepter que la durabilité globale exige quelque degré de coopération qui remplace certaines pratiques de concurrence ; les avantages coopératifs ont un rapport direct avec l'efficacité systémique et écosystémique. Dans le développement économique du Sud, la préservation de l'environnement n'est pas indépendante de la préservation des droits sociaux et de la suppression structurelle de la dépendance financière. L'indépendance et l'autodétermination sont des conditions nécessaires pour un développement durable. Le payement des “intérêts des intérêts” provoque un génocide social dans les nations les plus pauvres. La simple annulation de la dette n'ouvre pas la voie à la durabilité, parce qu'elle ne change pas le concept de développement que l'on a imposé aux pays du Sud. Un développement global durable exige une diminution du flux de matières premières et d'énergies bon marché, qui continue à circuler du Sud vers le Nord, tout comme au temps du colonialisme, pour modifier la base matérielle du consumérisme des plus riches et des plus polluants. Le nouvel ordre monétaire devrait naître sans le poids de la dette financière et comptable du Sud, et en commençant à réparer la dette écologique contractée par le Nord. L'éducation pour la durabilité doit mettre l'accent sur de nouvelles formes de percevoir les besoins et l'usage des ressources. Elle doit orienter vers ce qui suit: a) la formation de certaines valeurs qui renforcent la conscience de responsabilité nécessaire pour un développement intégral durable et b) la formation de connaissances utiles pour résoudre des problèmes de durabilité ; il est obligatoire de revaloriser les connaissances traditionnelles accumulées par l'humanité pendant des millénaires. Le changement global est possible si, au sein des Etats-Nations, des forces sociales et des projets capables de véhiculer les réformes nécessaires se cristallisent. Toutefois, la corruption généralisée a rongé la capacité de transformation des forces politiques qui administrent l'Etat. L'opposition au changement ne réside plus dans les partis politiques traditionnels, ni dans les syndicats. D'autres agents ont assumé une nouvelle opposition qui remet l'ordre hégémonique en question. Les Organisations Non Gouvernementales, les mouvements sociaux et les organisations de la société civile assument une importance croissante ; toutefois, ils n'atteindront leurs objectifs que lorsqu'ils se matérialiseront en un projet politique, ce qui ne veut pas dire qu'ils formeront un parti politique dans le style traditionnel. La mise en marche d’encadrements juridiques et de dispositifs de conciliation et d'action au sein de la société civile, avec des attributions qui incident sur les décisions politiques étatiques, et en tant que façon de participer à la vie communautaire au niveau local, est un chemin nouveau qui pourrait reformuler la participation démocratique pour reconstruire une nouvelle globalité. D'abord, les réactions globalisées exprimées à Seattle ont surgi. Maintenant, c'est le Forum Social Mondial à Porto Alegre qui apparaît, visant une globalisation alternative. Document de travail – Merci de ne pas diffuser. 12/3 Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire – Pôle socio-économique Assemblée Finale – Findhorn – 9 au 16 Juin 2001 Propositions 1. Avancer vers un nouveau système mondial de procédures et d'institutions de gouvernance. 2. Réformer le système d'institutions internationales pour favoriser un équilibre démocratique de pouvoirs globaux. Compléter l'organisation interétatique de l'ONU avec la notion d'un parlement mondial. Convoquer une conférence mondiale pour la reformulation du Système Monétaire International et la restructuration des agences créées dans le système désormais caduc de Bretton Woods. 3. Ainsi, les institutions politiques d'un nouvel ordre global administreraient un vaste secteur définitivement public, les biens publics mondiaux, comme, par exemple, l'atmosphère, l'espace extérieur, les océans, la biodiversité, la paix, y compris les cultures. 4. Implantation, perception et gestion des impôts internationaux, comme par exemple l'impôt Tobin, qui financeraient des processus de développement local endogène durable dans le Sud. Etablissement de charges sur l'importation contre le dumping social et contre le dumping écologique. 5. Réglementation globale des Principes de sauvegarde de l'écosystème, d’humanité, de modération de la consommation, de précaution, de protection de la diversité, de citoyenneté, de minimisation de l'émission de substances polluantes, de coopération, de pollueur-payeur, non seulement au niveau microéconomique mais également au niveau d'Etats et d'organisations continentales. La figure de la “citoyenneté globale” peut aider à corriger le déséquilibre entre capital et travail au niveau global. 6. Introduction d'une taxe sur les recettes de publicité des médias et un impôt progressif sur la rente d'activités liées à la publicité pour mitiger la culture de l'avoir et la production de la valeur symbolique des marchandises, tout en stimulant une plus grande indépendance des moyens de communication face à leurs recettes publicitaires. 7. Ce qui précède permet la création/diffusion d'une information moins tendancieuse, et augmenterait également la compétitivité relative de la presse autonome, non mercantile. Les canaux alternatifs de communication sociale interactifs doivent jouer un rôle important dans le développement durable. 8. Tant que l'on crée des systèmes productifs durables, et des systèmes d'usage de la terre rationnels, il est nécessaire d'optimiser les mécanismes de prévention et de mitigation de catastrophes naturelles et anthropogéniques. 9. S'opposer à l'offensive monopolisante en ce qui concerne les brevets, et au mécanisme d'appropriation du savoir populaire et de l'imposition immédiate de ses droits de brevets sur le patrimoine social. 10. Promouvoir un Tribunal International sur la Légitimité de la Dette Extérieure du Sud. Un moratoire du payement de la dette jusqu'à ce que ce Tribunal distingue la dette légitime de la dette illégitime, ce qui permettra au Sud de financer à son tour les processus de développement local endogène durable. Document de travail – Merci de ne pas diffuser. 12/4