
les psychologues sociaux ont adapté le modèle animal à l'homme pour
théoriser l'influence de la publicité. L'application du modèle animal à la
persuasion publicitaire a bien sûr fait naître une multitude de débats entre,
d'un côté, les chercheurs qui défendent l’idée de la mise en œuvre, à l’instar
du chien, de mécanismes simples (conditionnement classique par médiation
affective) et, de l'autre, les défenseurs d'une conception bien différente qui
met en exergue un fort degré d'activité cognitive (conditionnement classique
par médiation cognitive). Le deuxième objectif est donc de montrer
comment, en fonction de la complexité de l'être humain, de ses spécificités
psychologiques et sociales, le modèle animal initial a été scindé en sous-
modèles caractérisés par des mécanismes médiateurs différents. Après ces
premières réflexions appliquées à la publicité, nous étudierons de manière
empirique le rôle du conditionnement classique dans l’influence d'un second
moyen de communication externe des organisations. À travers l'étude du
parrainage télévisuel, nous essayerons de savoir dans quelle mesure le
modèle du conditionnement classique fonctionne dans la vie quotidienne,
c'est-à-dire hors du laboratoire, lieu où il a été initialement créé. Nous
analyserons enfin les récents résultats d'une expérience réalisée sur le
parrainage télévisuel qui montre que le nouveau modèle du conditionnement
classique, interprété dans le cadre théorique de la cognition sociale implicite,
semble valide pour expliquer certains modes de persuasion. Dès lors, il
s'agira de discuter l'utilité professionnelle du conditionnement classique pour
les praticiens, d’avancer quelques limites du modèle et d’ouvrir de nouvelles
perspectives de recherche.
Du modèle animal au conditionnement des attitudes humaines par la
publicité
Le modèle initial : conditionnement animal et réflexe conditionné
Si le nom de Pavlov est systématiquement associé aux recherches sur le
réflexe conditionné et au béhaviorisme, c’est en physiologie et en médecine
qu’il fut récompensé en 1904 par un prix Nobel. Ce médecin russe,
également pharmacologue et physiologiste, consacra l’essentiel de ses
travaux à l’activité nerveuse supérieure. En 1903, il présente pour la première
fois, lors d’un congrès international sur la psychologie animale
expérimentale, ses travaux sur le réflexe conditionné et le conditionnement.
Dans l’expérience initiale, il donne un plat de nourriture à un chien qui, par