des énergies de chiens de chasse : on court instinctivement après ce qui attire,
mais la volonté qui ose ne pas se laisser attirer pour rester digne de l'esprit où
la trouve-t-on ? Personne ne se soucie plus d'occuper son poste, son poste aux
frontières : l'armée, son poste aux berceaux : les mamans, son poste d'homme
: rester capable d'honorer sa femme. Nous ne sommes plus une société qui
pense suivant la responsabilité et l'honneur. La passion humaine légitime ce
qui lui plait, l'intelligence démontre avec des sophismes qu'il est parfaitement
possible avec des livres et même des livres religieux de se passer de volonté.
Or satan a perdu la partie à coup d'intelligence : avec une volonté qui était
devenue prisonnière de sa haine. Il est incapable d'aimer.
Dès que vous sentez que vous n'êtes plus capables de vouloir aux dépens de la
sensibilité ou de l'extérieur, dites-vous que vous n'avez plus d'amour. L'amour
est un mot qu'on profane; il faut regarder Le Christ pour comprendre ce que
c'est que d'aimer.
La volonté est une faculté spirituelle remplie d'une liberté qui sait dire non là
où l'esprit est absent. Regardez cette admirable petite fille qu'est Sainte
Thérèse de Lisieux : ce qu'elle a pu souffrir avec volonté, sans aucun plaisir,
sans être comprise, dans la nuit totale de la sensibilité, mais dans
l'illumination de l'amour; elle l'a dit elle-même : «Je suis au Calvaire, sans
aucun mélange de consolation. Si c'est cela l'agonie, qu'est-ce donc que la
mort, mais je ne voudrais pas moins souffrir». Elle a tenu ses engagements, sa
foi, sa charité, son sourire...
Dans le domaine de la pensée simplement humaine, mais totalement humaine,
la volonté joue encore son rôle purement spirituel. Prenez le Cid : cette
volonté farouche admirable qui descend dans le visible d'un amour humain
combien cher, alimenté par la beauté d'un amour spirituel : l'honneur. Prenez
Polyeucte qui montre la splendeur, l'innocence, la beauté de l'amour de Dieu
aux dépens de l'extérieur. Prenez, plus près de nous, l'héroïsme de ces jeunes
officiers, sacrifiant, pendant nos dernières guerres, leur propre vie pour
l'honneur de la patrie. Ce jeune aviateur que j'ai personnellement connu, en
1940, animé par la volonté héroïque du salut d'une armée aux dépens du
visible extérieur de son foyer, de sa vie, se laissant tomber volontairement
avec son avion chargé de bombes sur un pont dont la destruction totale et
immédiate stoppe l'avance de l'ennemi stupéfait; il s'était, avant de monter aux
commandes, enveloppé dans le drapeau, et nul n'avait pu l'arrêter... Vous
pouvez vous aligner, les mal-élevés au verbe haut qui vous prélassez au
terrasses des cafés, fiers de succès scolaires faciles et même pas gagnés... Et
vous; les bons pratiquants, sans esprit, sans volonté, incapables de lever