Rencontre avec Aurélia Lassaque Rencontre amb Aurelià Lassaca Traduction complète En ce qui concerne les jeunes qui écrivent en occitan, que ce soit de la poésie ou de la prose, il est vrai qu’il y en a peu. C’est peut-être est aussi à l’image du peu de… jeunes qui… parlent la langue d’oc : surtout des hommes. Et nous sommes un petit groupe qui se retrouve autour de la revue Oc, qui est une revue ancienne qui… qui publie à la fois des poètes, des écrivains célèbres et les jeunes qui débutent.Quant à moi, mon recueil s’appelle Cinquena Sason et c’est le premier que…, qui est publié aux Letras d’Òc qui est une maison d’édition qui… qui vient de publier une pièce de théâtre mais qui publie surtout de la poésie. C’est une maison d’édition toulousaine. Alors j’écris aussi de la prose, mais pour l’instant il n’y a pas de publication. Voilà. Mais je suis en train d’écrire un… un récit. J’espère que… Je suis en train d’écire, j’espère donc que je vais le terminer. Bon, c’est un projet. Bon, j’écris depuis l’enfance : j’ai toujours aimé écrire, évidemment j’écrivais en français parce que l’occitan n’est pas ma langue maternelle. Pourtant, je l’ai appris avec mon père, en vérité, j’avais treize ans quand j’ai commencé à apprendre à parler en Italie. Il est vrai que, la poésie par contre, c’est en occitan que j’ai commencé à écire de la poésie. En français, je ne faisais que de la prose, des récits, des histoires un peu folles de policiers ou des choses de ce genre, mais alors, la poésie est en occitan. Bon, c’est une langue qui est poétique et ensuite j’ai aussi lu beaucoup de poésie en occitan. Il y a une grande quantité d’auteurs qui m’ont touchée et je pense que c’est entré dans mon esprit, je l’ai conservé, et un jour… En fait, j’ai commencé. C’était un… - en y pensant maintenant-, c’est un ami anglais qui m’a demandé de lui écrire un poème pour un concours qui avait lieu à Bath en Angleterre et…, il y avait une…, un prix pour la poésie anglaise et un prix pour la poésie dans d’autres langues. Je me suis dit, moi je vais lui écrire un poème en occitan et il faudra qu’il trouve le moyen avec son jury de juger le poème occitan au même titre que les autres. Et finalement il y a eu des poèmes en français et en occitan et pas dans les autres langues. Et bon, j’ai gagné le prix de… ; il s’appelait « Poésie en Langue Étrangère » et il a du, demander des professeurs de langues romanes dans le jury, des gens de ce genre pour juger l’occitan comme le français en Angleterre… Le thème de… du concours était… bon en anglais il s’appelait « Through the windows », et c’était… c’est un poème (« Solitude ») qui décrit les derniers moments d’une vieille femme et de la branche d’un mûrier qui frappe à sa fenêtre. Bon. Je ne l’ai pas mis dans ce recueil par ce que…, mon écriture a changé. En même temps c’est un poème important pour moi, mais il était, à la réflexion, trop ancien. C’est peut-être une erreur mais voilà, je ne l’ai pas mis. Là, il est aussi question de mort, mais à un autre niveau, vous allez voir… Crime La pale cognait Contre le mur, Elle était seule Dans sa maison Pour veiller près du mort Dans sa chambre, la sienne. Seule avec lui Sa peur Et ses jouets Eparpillés sur le sol. Elle se dit qu’elle le veillerait Jusqu’à l’aube Puis qu’elle ferait une tombe Et un enterrement Pour le lézard qu’elle avait tué. Peut-être que les poètes qui… : il y en a qui me touchent. Il y en a qui me touchent mais qui ne m’inspirent pas particulièrement quand j’écris, par exemple Bernard Manciet ou … : c’est un poète que j’aime énormément mais je ne l’ai pas en tête quand j’écris. Par contre, un poète comme Max Rouquette ou Marcelle Delpastre, Sully-André Peyre, il y a des choses, qui me font vraiment pleurer. Pour ce qui est des Langues Etrangères la prose, je pense qu’elle peut… : je prends des choses, enfin je prends ! Il y a des choses qui me touchent, que je peux lire dans la prose et…, finalement c’est une nourriture qui va revenir d’une certaine façon dans ma poésie en occitan. Il y en a un que je vais lire parce qu’il me permettra de vous parler d’un poète actuel que j’aime énormément, c’est un ami. Nous en parlerons après. Il s’appelle « La jeune mariée attristée » et il est dédié à Jean-Marie Petit : La jeune mariée attristée à Jean-Marie Petit Vêtue de dentelle et de lumière La jeune mariée attristée Se retourna lentement Vers le prêtre Avec un regard À faire pleurer Les saints de bois Qui priaient pour elle En silence. Je l’ai donc dédié à Jean-Marie Petit qui est un poète montpelliérain qui n’avait rien publié depuis une trentaine d’années, que j’ai donc découvert à travers ses…, ses recueils des années soixantedix : Non aver o èsser, Lo pan…, La poma, lo pan e lo cotèl ou l’inverse, et c’est Florian Vernet qui…, qui me l’a fait découvrir, et qui est aussi un auteur occitan. Et j’ai trouvé que c’était tellement beau et que c’était tellement ce que je cherchais aussi bien au niveau poétique en dehors de la langue mais aussi bien qu’au niveau de… de la sensibilité, du rythme. Ce sont de petit poèmes forts et c’est ce que j’aime le plus. Enfin la poésie de Jean-Marie Petit ressemble ce qui…, me touche le plus et, ce sont des poèmes clairs, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont naïfs. Et je suis donc allée le rencontrer pour faire une émission de radion, parce que de thèse en cours, je fais des émissions pour Radio Occitania et… finalement je suis resté chez lui deux jours. Nous avons trouvé un petit moment pour faire l’émission et pour le reste, nous avons parlé de…, d’écriture et de Dieu dans la mesure où il est… diacre. Il a été…, il a été enseignant, professeur à l’Université de Montpellier et bon…, maintenant il est diacre et… je pense que je l’ai convaincu d’éditer à nouveau et il a donc récemment sorti un recueil à Jorn. Hippocampes Ils faisaient danser Leurs corps de cire Dans ce désert De chair et d’eau. Vagabonds de la grande mer, Ils s’aimaient au rythme des vagues Dans l’indolence du désir. C’est un peu copyright Max Roquette ! Aurelià Lassaue : poésie, recherche, théâtre, poésie… J’aimerais bien vous en lire un qui est plus vieux, qui n’est pas aussi court…, et qui a un jeu de sonorités plus grand. Cela ressemble moins à ce que je fais maintenant, mais c’est un poème que j’aime et qui s’appelle « La Sansoina de la femna-sèrp » et que j’avais dédié à Xosé Louís Méndez Ferrín qui est un poète galicien que j’avais rencontré en Galice. Le refrain de la femme-serpent à Xosé Louís Méndez-Ferrín Deux doigts filent la folle touffe qui frôle mon front, Tes doigts effleurent ma frange comme l’eau d’une source, Mais « femme-vipère » tu m’appelles. Tes bras pressent mes hanches, Tes bras gelés d’un amour Toujours plus amer, parce que J’ai caché mon corps derrière une targe d’étain. Je t’ai confié mon cœur sans clé, pourtant Tu l’as maintenant fermé pour l’éternité Sur ma peau j’ai gardé ton reflet. Je disparaîtrai seule une fois encore, Mais dans l’obscurité je t’attendrai. Voilà, grâce à Fatima Rodriguez qui enseigne à l’Université du Mirail, responsable de la Casa de Galícia. J’ai justement le projet de la faire éditer… en version bilingue galicien et occitan. C’est donc elle qui organise à Toulouse les rencontres entre poètes galiciens, catalans et occitans et moi j’y suis allé… Là c’était le Pen Club de…, de Galice qui a organisé cette rencontre dans un couvent de Savos qui est, bon, remarquable. Ensuite nous nous sommes… rencontrés ici à Toulouse. J’ai aussi participé à des rencontres avec…, en Catalogne, parce que avec les catalans, nous sommes très proches au niveau linguistique, culturel. Et il y a énormément de rencontres qui se…, qui ont lieu entre les occitans et les catalans. J’ai choisi de travailler sur un dramaturge de l’époque barroque, j’en fais l’édition critique. Parce que…, je suis aussi comédienne, et donc… j’aime beaucoup travailler sur le texte théâtral et j’ai trouvé un auteur qui… me plaisait et qui n’était pas… ; il y a peu de recherche qui a été faite sur lui, donc… Mais il est vrai que cet auteur… Enfin, moi c’est dans cette dimension que j’y pense, cet auteur : son œuvre théâtrale ressemble un peu la production européenne de cette époque parce qu’il s’inspire de Cervantes, de la Commedia dell’Arte et, c’est certain, aussi de la production française de l’époque. C’est certain, il y a de nombreuses choses à voir sur les productions de cette époque. Je pense donc que je vais rester sur ce sujet. Il y a déjà une grande quantité de travail à faire rien que sur cet auteur, parce que je fais l’édition critique des trois pièces. C’est donc déjà un lourd travail et l’analyse, l’analyse littéraire, je crois que, lorsque j’aurai terminé ma thèse, cela ne signifiera pas que j’aurai terminé ma recherche sur…, sur l’auteur. J’ai commencé le théâtre à sept ans, cela faisait donc un an que je savais lire et je faisais du théâtre… J’ai joué du Feydeau, Mais ne te promènes donc pas toute nue, j’ai aussi joué du Shakespeare, j’ai joué de tout, enfin de tout, oui, oui. J’ai fait une opérette de Jean-Baptiste Fabre, L’Opera d’Aubais. Alors c’était intéressant parce que c’était un mélange de chants et de théâtre. Je l’ai jouée au théâtre de l’Université de Montpellier. Oui, j’ai aussi joué un petit rôle dans la comédie de Max Rouquette : je jouais le…, le facteur ! Et maintenant je joue Antigone. C’est donc Antigone de Sophocle qui a été traduit par Marcel Esquieu et mis en scène par Maurice Andrieu de la Comédia Occitana Tolosana, lequel joue Créon et qui… , qui a fait la mise en scène. Et donc, dans cette semaine culturelle occitane de l’Université du Mirail, nous allons…, -enfin, oui-, nous allons jouer un morceau d’Antigone, c’est-à-dire la « marche vers la mort », à la fin, le dernier monoloque d’Antigone. Tout est étroitement lié mais, je passe principalement mon temps à travailler sur ma recherche. J’y travaille presque chaque jour, d’autant plus que je suis en thèse pour trois années donc… Bon, je ne sais pas parce qu’après… Là où j’ai le plus le sentiment d’être moi-même, et où je me sens être, c’est quand j’écris. Je le ressens encore plus quand je fais du théâtre, mais le sentiment d’être sur une scène au moment de jouer est un sentiment qui m’est cher. C’est pour cela que je continue de…, d’en faire, parce que j’ai finalement peu de temps à y consacrer, mais c’est tellement plaisant et il y a tellement de temps que j’en fais et que je continue, qu’il serait difficile d’arrêter mes recherches ou l’écriture ou le théâtre. Voilà pourquoi je dis que c’est lié, tout m’est nécessaire. Je pense que je vais terminer par…, celui que j’ai choisi de mettre à la fin s’appelle « Apocalypse » et qui est dédié à Felip Gardy que j’apprécie à la fois comme poète et comme directeur de recherche : Apocalypse à Felip Gardy Le ciel cette nuit-là Avait avalé la lune. L’homme aimait Le corps de sa femme. Leur fils jouait à la balle Contre le mur. Il n’y a que la vieille Et le chien qui ont compris Cette nuit-là Que la fin était proche. Ils n’ont rien dit.