Quelques notes succinctes sur Le théâtre, et Ionesco
Le théâtre : étymologie : thêomaï = voir, contempler. Vision fascinante. Donc théâtre =
spectacle et non texte. Ionesco, lui-même, le considère avant tout comme étant un spectacle.
Le texte est accessoire (cf. Antonin Arthaud).
Petit historique du théâtre et de ses traditions
Le théâtre a des origines sacrées. Il sort du culte. Racine sacrée que l'on retrouve dans le
théâtre français. Le théâtre français est sorti de la religion chrétienne, populaire. On joue dans
des lieux clos et payants (XVlI°s.). Le peuple est écarté du spectacle (à partir du Cid à peu
près). Le théâtre ressurgit dans la périphérie de Paris, dans les foires et, à l'occasion des foires,
sur les boulevards (sera prolongé par le théâtre de boulevard). Pendant la Révolution, les
théâtres prolifèrent à Paris. On Joue des drames (proches du mélodrame).
Ce théâtre reste vivant Restauration.
En même temps, résurrection de la tragédie (avec Napoléon). Deux théâtres ont donc coexisté
(Comédie Française // théâtre de boulevard).
Le théâtre romantique n'est qu'une récupération de la tragédie classique et du mélodrame.
Peu à peu, les boulevards sont occupés par les bourgeois ; le peuple est écarté. Une certaine
dignité est conférée au théâtre de boulevard.
Au XIX°s., de plus en plus de pièces ridiculisent les bourgeois.
Généralisation de la salle à l'italienne (loges etc.)
La présentation des pièces : pas de mise en scène assez catastrophique. On jouait avec un
souffleur (cf. trou du souffleur), ou, peut-être pire, sans souffleur.
Vers un théâtre de rupture
On rompt avec cette tradition désastreuse avec Antoine, non issu de la bourgeoisie. Il a monté
vers 1870 un "théâtre libre" qui a changé la destinée du théâtre français. Il a établi la
domination du metteur en scène, unifié la troupe. Il supprime l'habitude de jouer face au
public (il a joué en tournant le dos). Son répertoire : ce n'est pas du théâtre de consommation
mais de culture. Il crée un appétit culturel ; va chercher des auteurs à l'étranger plus des
« classiques » comme Shakespeare ou encore des pièces naturalistes.
Dans la 1ignée d'Antoine : en Angleterre, Gordon Craig, le Suisse Appia, en Russie,
Stanislaski, en France, Grenier et Lugne-Poe (le premier, créateur d’Ubu Roi ; le second qui a
joué les premières pièces de Claudel), Jacques Copeau (un des fondateurs de la Nouvelle
Revue Française). Tous les grands auteurs des années 30 sont passés chez Copeau (Jouvet par
exemple). Copeau a supprimé la rampe séparant la scène de la salle. Il a également supprimé
le rideau et le décor.
La richesse du théâtre contemporain
Entre les deux guerres, le théâtre de boulevard est florissant. Exigences financières. Par
exemple, Jouvet joue aussi bien Molière que Giraudoux. Dullin, Barrault ont eu des temps
durs. En 1945, les conditions ont été modifiées par la création du centre dramatique de Jeanne
Laurent.
Avant I950 : Anouilh continue les traditions de Giraudoux. On reprend Les Mains sales de
Sartre théâtre fondé sur le langage, les caractères (= un théâtre de boulevard qui essaie
d'élever un peu plus haut les exigences dramatiques et intellectuelles).
En I950 : C'est la date de La Cantatrice chauve, Ionesco. I953 : c'est l'époque de Beckett.
C'est le "théâtre de la dérision". Absence d'intrigue, de psychologie de caractère, de
personnages, de vraisemblance. Il a des prédécesseurs : Jarry (Ubu-Roi I896) qui ne percera
d'ailleurs qu'avec les Surréalistes. Apollinaire (I9I7 Les Mamelles de Tiresias). Dada : Tristan