Proposition de plan n°1 La littérature peut se définir de manière très

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Proposition de plan n°1
La littérature peut se définir de manière très générale comme un art du langage La problématique
peut donc être formulée de cette façon (après analyse de la citation) : le théâtre est-il un art du
langage ? En première partie, on montre que le théâtre classique mobilise en effet toutes les
ressources du langage dans sa plénitude. En deuxième partie, on met en évidence l'autonomie de
l'ensemble des moyens d'expression scénique. En troisième partie, on constate la mouvance des
frontières de la littérature.
I Le théâtre est un art du langage et émane de lui dans une très large mesure
1. Qualités poétiques de nombreux textes de théâtre, utilisation des capacités du langage dans toute
son expressivité pour raconter (récit de Théramène), exprimer un sentiment (jalousie de Phèdre), à
l'égal des meilleurs poèmes
2. La prévalence du langage donne sa forme au théâtre, qui repose pour beaucoup sur la psychologie
des personnages et est de ce fait entièrement soumis à la parole depuis la Renaissance et enfermé
dans une représentation de l'homme. Dimension psychologique des pièces de théâtre, jusqu'à la
quasi prise d'autonomie de certains personnages: "un" Tartuffe, immense postérité du personnage de
Phèdre.
3. Le théâtre, en tout cas la tragédie, est une exploration des rapports entre action et parole, ex : la
tragédie racinienne, très peu d'événements extérieurs à partir du début de la pièce, l'action progresse
dans et par les dialogues, rapports de pouvoir, mots qui tuent (malédiction de Thésée envers son
fils, aveu de Phèdre qui cause sa mort), ex aussi : les oracles ambigus qui déterminent l'action
(Iphigénie)
II Cependant, un théâtre délivré du primat de la parole est possible
1. Il existe une grande liberté de la mise en scène, une pièce de théâtre est un texte à trous.
Une mise en scène est libre à partir du moment où elle ne change pas les dialogues et ne contredit
pas les didascalies
2. La langage perd sa prédominance même dans certaines pièces classiques. C'est le cas de
nombreux effets comiques, que le texte est incapable de réaliser. Ex: comédies de Molière, jeu avec
le corps correspondant à des passages très répétitifs où, manifestement, l'action ne progresse plus,
influence de la commedia dell' arte.
3. Possibilité d'une autre utilisation des ressources du théâtre : gestes, costumes, décors, et même
voix, etc... forment un ensemble cohérent dont les capacités d'expression débordent infiniment le
domaine restreint du théâtre européen classique.
III Un théâtre qui ne serait pas de la littérature est peut-être possible, mais ce n'est pas le cas du
théâtre de Ionesco. Les frontières de la littérature sont mouvantes
1. Même subordonné à la représentation de situations absurdes voire inexprimables, le langage de
Ionesco, Beckett, etc... n'en est pas moins l'objet d'un travail qui fait de leurs textes des oeuvres
littéraires utilisant plus les défaillances du langage que sa plénitude. Un nouveau langage est créé
qui exprime une autre facette de la condition humaine.
2. Ionesco rejette en bloc la "littérature": sans doute entend-il par là un corpus figé de textes
classiques destinés à servir de modèles (cf. étymologie du mot "classique"). Mais c'est oublier que
ce bloc comporte lui-même plusieurs ruptures fondamentales, comparables à celle qu'impose ici
Ionesco. Personne ne parlait comme Racine à l'époque où il écrivait ses tragédies. De même, les
romantiques ont également marqué une rupture avec le théâtre traditionnel en leur temps, ex:
bataille d'Hernani, Hugo introduit de l'oralité et de la trivialité, comme le fameux « C’est bien à
l’escalier / dérobé » de la première scène d’Hernani, qui brise l’alexandrin et souligne la trivialité de
l’entrée du roi par la petite porte… Ionesco et le théâtre de la modernité marquent donc une
nouvelle rupture, certes importante, mais comparable à d'autres qui ont eu lieu à l'intérieur de la
"littérature".
3. Peut-être faut-il donc renverser la citation de Ionesco. Le théâtre rend littéraire ce qui ne l'est
pas : sacralisation et mise en lumière de situations humaines par le fait même de la mise en scène,
mais, toujours, stylisation de ces situations et du langage utilisé, ne serait-ce qu'en raison des
contraintes du théâtre (ex : monologue, convention qui n'a rien à voir avec la réalité)
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