FICHE D’INFORMATION DE L’ACPM ACTION EN POUR DES SOINS SÉCURITAIRES La période peropératoire : lorsqu’un corps étranger est laissé par inadvertance Environ un quart des dossiers médico-légaux de l’ACPM conclus entre 2009 et 2013 concerne une intervention chirurgicale. Une analyse de ces dossiers, qu’il s’agisse d’actions en justice ou de plaintes auprès d’un hôpital ou d’un organisme de réglementation de la médecine (Collège), révèle que même si des problèmes peuvent survenir à toutes les étapes des soins chirurgicaux, la plupart se produisent pendant l’intervention. Un des problèmes importants est l’oubli d’un corps étranger au cours d’une intervention. Ce problème a été décrit comme « un incident grave lié à la sécurité des patients, qui ne devrait jamais se produire et qui est, dans une large mesure, évitable si les mesures de prévention à disposition sont mises en œuvre par les professionnels de la santé ».1 Bien que ce genre d’incident soit rare, sa prévalence au Canada est l’une des pires parmi celles des pays membres de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).2 CONSIDÉREZ CE QUI SUIT ... Un chirurgien général opère un homme de 46 ans pour suspicion d’appendicite. L’appendice, très enflammé, se rompt au moment de l’ablation, ce qui souille les tissus environnants. Au moment de fermer l’incision, les infirmières de la salle d’opération indiquent que toutes les éponges chirurgicales ont été dénombrées. Le chirurgien effectue une inspection visuelle et manuelle de l’incision avant de procéder à la fermeture. Le patient reçoit son congé quelques jours plus tard. Au cours des semaines et des mois qui suivent, le patient éprouve des douleurs abdominales qui le conduisent à plusieurs reprises à se rendre à l’urgence ou à consulter son médecin de famille. Six mois après l’intervention, une radiographie exploratoire met en évidence la présence d’une éponge munie d’un marqueur radioopaque dans la cavité abdominale du patient qui doit subir une intervention pour l’en retirer. Le patient intente une poursuite contre le chirurgien et l’hôpital. Les experts sont généralement d’avis que prévenir l’oubli d’un corps étranger lors d’une intervention est une responsabilité partagée entre le chirurgien et les infirmières. QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE POUR LES MEMBRES DE L’ACPM? Pour les patients, l’oubli d’un corps étranger peut avoir de graves conséquences dont ils peuvent ne ressentir les effets que des mois ou des années plus tard. Les complications les plus souvent rapportées sont la douleur et l’infection, ce qui entraîne le recours à des interventions supplémentaires. Toutefois, dans certains cas, les conséquences ont été plus graves, voire fatales. Ces incidents entraînent généralement des résultats médico-légaux défavorables. Il arrive souvent que les transactions soient partagées avec l’hôpital, car le cas concerne un autre professionnel de la santé ou un problème lié au système en place. Réparon des dossiers conclus de l’ACPM meant en cause une intervenon chirurgicale en foncon de la période périopératoire (n = 938) Période préopératoire 30 % Période peropératoire Période postopératoire 42 % 80 % À l’exclusion des dossiers d’obstétrique. Les dossiers peuvent concerner plus d’un domaine des soins chirurgicaux ce qui explique pourquoi l’addion des valeurs en pourcentage ne donne pas 100 %. Que disent les stasques? Au Canada, la prévalence des cas de corps étranger laissé dans l’organisme au cours d’une intervenon a augmenté pour passer de 118 en 2006 à 167 en 2012. 167 cas de corps étrangers oubliés en 2012 118 cas de corps étrangers oubliés en 2006 Ces stasques s’appuient sur les données 2004-2012 publiées par l’ICIS pour le Canada, à l’exclusion du Québec. PROBLÈMES À PRENDRE EN CONSIDÉRATION L’expérience de l’ACPM révèle : • Conformément à la documentation sur le sujet, les caractéristiques des patients, telles que l’obésité ou les antécédents chirurgicaux, ont été associées à l’oubli de corps étranger dans l’organisme. C’est également le cas pour les interventions complexes ou qui se compliquent (par ex. importante hémorragie peropératoire, ou encore nécessité de changer d’abord chirurgical). Suite A14-002-F © CMPA 2014 Suite EN ACTION POUR DES SOINS SÉCURITAIRES La période peropératoire • Dans la majorité des dossiers, aucun problème n’a été soulevé lors du dénombrement des éponges et des instruments, ce qui signale que les systèmes en place sont inadéquats. • Dans certains dossiers, les protocoles de sécurité étaient inexistants ou n’ont pas été suivis par l’équipe en salle d’opération. Il n’a pas toujours été possible de déterminer si un protocole était en vigueur au moment de l’incident si un long intervalle de temps s’est écoulé entre l’intervention chirurgicale et la découverte du corps étranger. • Il arrive également qu’un corps étranger ne faisant pas partie du dénombrement chirurgical habituel soit laissé dans l’organisme d’un patient. Le suivi inadéquat de matériel chirurgical laissé intentionnellement et devant être retiré à une date ultérieure a également représenté un problème. • Le défaut de dénombrement des instruments après l’intervention, tel que prescrit dans toute procédure adéquate, a également constitué un facteur contributif de ces cas. AIDE-MÉMOIRE POUR RÉDUIRE LES RISQUES L’oubli d’un corps étranger dans l’organisme d’un patient continue de représenter un grave problème touchant la sécurité des patients. En prévenir l’incidence est généralement considéré comme la responsabilité partagée d’une équipe constituée des chirurgiens et infirmières en salle d’opération, bien qu’il y ait des exceptions. APPRENEZ-EN DAVANTAGE EN ACCÉDANT AUX RESSOURCES SUIVANTES Articles • Listes de vérification d’une chirurgie sécuritaire : une approche d’équipe à la sécurité des patients Guide • La communication avec le patient lors d’un préjudice ─ La divulgation d’événements indésirables Guide des bonnes pratiques de l’ACPM • Événements indésirables — Divulgation • Réduire les risques lors d’une chirurgie 1. National Patient Safety Agency. « Never events annual report 2009/2010, October 2010 ». Consulté le 14 mars 2014 à l’adresse : http://www.nrls.npsa.nhs.uk/resources/?entryid45=83319 2. ICIS. « Analyse comparative du système de santé du Canada : comparaisons internationales ». Novembre 2013. Consulté le 17 mars 2014 à l’adresse : https://secure.cihi.ca/free_products/ Benchmarking_Canadas_Health_System-International_ Comparisons_FR.pdf Les éléments suivants peuvent aider les chirurgiens à gérer les risques : 1. Pour prévenir les complications liées aux oublis d’un corps étranger au cours d’une intervention chirurgicale, il peut être utile de respecter des procédures claires qui décrivent en détail le moment et la manière de procéder au dénombrement des compresses et de l’équipement, les éléments à dénombrer et à vérifier par rapport au nombre initial, la procédure de suivi d’un dénombrement négatif (par ex. radiographie, inspection de la plaie) ou de matériel laissé temporairement en place. 2. Documenter tout matériel chirurgical ou dispositif temporaire devant être retiré ultérieurement peut diminuer les risques. Par exemple, un chirurgien peut temporairement mettre en place une endoprothèse avec l’intention de la retirer après un certain temps. En documentant la nécessité de retirer l’endoprothèse, le chirurgien s’assure que ce retrait ne sera pas oublié. De même, les chirurgiens doivent envisager la possibilité qu’un patient présentant une infection postopératoire ou un retard de cicatrisation pourrait avoir un corps étranger laissé par inadvertance. 3. La survenue d’un tel incident doit être divulguée au patient et faire l’objet d’une déclaration conformément aux politiques et procédures en vigueur. Tél. : 613-725-2000, 1-800-267-6522 cmpa-acpm.ca 3R1300-001-E © CMPA 2013 AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ : Les renseignements publiés dans le présent document sont destinés uniquement à des fins éducatives. Ils ne constituent pas des conseils professionnels spécifiques de nature médicale ou juridique et n’ont pas pour objet d’établir une « norme de pratique » à l’intention des professionnels des soins de santé canadiens. L’emploi des ressources éducatives de l’ACPM est sujet à ce qui précède et à la totalité du Contrat d’utilisation de l’ACPM.