PARTIE 3 : CRISES et CHOMAGE

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TES 2013-2014
Chap6 Croissance et crises
1
PARTIE 3 : CRISES et CHOMAGE
Chapitre 6 : Croissance et Crises
Introduction
1/ Des crises économiques
11- L’ambigüité de « la » notion de crise économique
111- Définir la crise
Document 1
« Emprunté au vocabulaire médical, le terme de « crise » désigne un dysfonctionnement du
système économique. Ses symptômes sont connus ; baisse soudaine de l’activité, forts
mouvements de prix à la hausse ou à la baisse, augmentation du chômage.
L’origine du terme est pourtant paradoxale si l’on considère son acception actuelle. Dans la
médecine hippocratique, en effet, la crise désigne la phase de guérison/rémission./…/
L’économie rejoint ici la médecine. Au début du XIXè siècle, en effet, la constatation des
premières crises de surproduction et de sous-consommation impulse les débats théoriques.
Parallèlement, le caractère récurrent /…/ de la survenue de ces crises, invite les différents
penseurs à fonder une analyse cyclique de l’économie. [Clément Juglar considère] la crise est
alors considéré comme un moment du cycle, un point de retournement qui permettrait la
correction à la fois la correction du déséquilibre et l’assainissement du système./…/
De façon plus générale – et plus contemporaine – la crise correspond donc à une rupture, à un
retournement brutal de la conjoncture économique brisant une phase d’expansion. A l’image
d’un krach boursier par exemple, la crise est donc le court moment où tout bascule.
Néanmoins, le mot crise a pris aujourd’hui une signification plus large, puisqu’il désigne la
phase de dépression ou de récession elle-même. Toutefois, les avis divergent lorsqu’il s’agit
de caractériser ce basculement, cette entrée en crise, afin d’expliciter les facteurs déclencheurs
de la crise. »
Vincent Duchaussoy, « Une histoire des crises », Problèmes économiques hors série, n°2,
novembre 2012, p 5.
Quand on évoque la crise actuelle, de quoi parle-t-on ?
Quel est l’origine de la notion ? Que signifie le passage souligné ?
Quelles sont les deux sens de la notion de crise ?
La crise est-elle négative ?
Vrai ou faux ? Tous les économistes sont d’accord sur les explications de la crise.
112- Des crises différentes ?
Document 2
« Comme on peut le constater [dans le tableau ci-dessous], la récession du début des années
90 présente un visage qui ne peut être assimilé ni à celui de la crise des années 30, ni à celui
de la crise des années 70. Il en résulte des analyses différentes. Au refus de certains d’évoquer
le terme même de crise, d’autres estiment qu’au mieux elle marque « la fin d’un cycle de
ralentissement plus long que d’habitude » (Kenneth Arrow, 1993). A l’inverse, pour d’autres,
« c’est une vraie crise de système. Comme à la fin du siècle dernier au moment du
ralentissement général de la croissance et de la généralisation des pratiques protectionnistes
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Chap6 Croissance et crises
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comme dans les années 30 avec la Grande Dépression suivie du New Deal, nous vivons une
période de passage. /…/» (Michel Aglietta, 1993).
Comparaison des « crises » des années 1930, 1970 et 1990
Années 1930
« La
grande
dépression »
Krach boursier à New
York (jeudi noir, 24
octobre 1929) /…/
Fait initiateur
Intensité
crise
de
la Forte baisse de la
production
et
de
l’emploi /…/
Evolution
des
prix, des salaires,
des taux d’intérêt
et du crédit
Accumulation,
productivité,
rentabilité
Baisse
rapide
supérieure à celle des
salaires ce qui explique
paradoxalement
la
hausse du pouvoir
d’achat.
Les taux d’intérêt réels
sont
positifs.
Ils
amplifient
le
surendettement (thèse
de Fisher). Le crédit
est restreint.
Accumulation
du
capital
importante
avant le déclenchement
de la crise avec
productivité élevée.
Partage de la valeur
ajoutée en faveur des
profits.
Taux de profit élevé.
Années 1970
Années 1990
Choc
pétrolier
(16
octobre 1973 en pleine
guerre
du
Kippour,
l’OPEP
annonce
le
quadruplement du prix
du pétrole).
Un autre fait est mis en
avant : décision de Nixon
de
suspendre
la
convertibilité du dollar
en or (15 août 1971)
Moins grave au moment
du
choc
pétrolier
(récession), mais rupture
du rythme de croissance
et
volatilité
plus
importante /…/
Hausse des prix, mais les
salaires
nominaux
progressent plus vite,
d’où une hausse du
pouvoir d’achat. Les taux
d’intérêt
réels
sont
négatifs./…/
Enchaînement
d’événements /…/ : crise
des caisses d’épargne aux
Etats-Unis,
réunification
allemande,
guerre
du
Golfe, éclatement de la
bulle
spéculative
au
Japon…
Accumulation du capital
importante, la baisse de
la productivité selon les
indicateurs
commence
avant, au moment ou
après
le
1er
choc
pétrolier.
Partage de la valeur
ajoutée en faveur des
salaires
Augmentation
des
dépenses de recherchedéveloppement mais la
productivité reste faible
/…/
Partage de la valeur ajoutée
favorable aux profits.
Taux de profit élevé.
Moins grave (récession)
qu’en 1930 et 1973 mais la
croissance demeure atone
/…/
Désinflation, baisse de
certains
prix.
Taux
d’intérêt réels positifs/…/.
Daniel Delalande, « Crise », Cahiers français, n°279, janvier-février, 1997, p 34 et 35.
Les trois crises surgissent-elle dans les mêmes économies ?
Comparez les « faits initiateurs ».
Les symptômes sont-ils identiques ?
Comparez l’inflation et la désinflation.
Pourquoi appelle-t-on la crise de 1929 « la grande dépression » ?
Comparez les propos de Kenneth Arrow et ceux de Michel Aglietta.
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12- La crise comme récession
121- La récession selon le NBER
Document 3
« The NBER* does not define a recession in terms of two consecutive quarters of decline in
real GDP. Rather, a recession is a significant decline in economic activity spread across the
economy, lasting more than a few months, normally visible in real GDP, real income,
employment, industrial production, and wholesale-retail sales. For more information, see the
latest announcement from the NBER's Business Cycle Dating Committee, dated 9/20/10.”
NBER,
http://www.nber.org/cycles/US_Business_Cycle_Expansions_and_Contractions_20120423.p
df, posté le 23 avril 2012.
* « Le National Bureau of Economic Research /…/ est un organisme privé américain, sans but
lucratif, politiquement indépendant, consacré aux sciences économiques et aux recherches
empiriques associées, particulièrement à l'économie américaine./…/ Il a été fondé en 1920.».
Wikipedia, http://fr.wikipedia.org/wiki/National_Bureau_of_Economic_Research
Quelles sont les deux définitions possibles de récession ?
122- Les récessions dans la zone euro et aux Etats-Unis
Document 4 récession aux Etats-Unis
Début
December 1969
November 1973
January 1980
July 1981
July 1990
March 2001
December 2007
Fin
November 1970
March 1975
July 1980
November 1982
March 1991
November 2001
June 2009
Durée (mois)
11
16
6
16
8
8
18
Source des données : NBER, 2013.
Depuis 1970 combien le NBER dénombre-t-il de récession aux Etats-Unis ?
Comparez-les.
2/ L’impact des chocs sur la croissance
21- Une typologie des chocs
Document 5
« On peut définir un choc économique comme une modification imprévue de l’offre et/ou
de la demande agrégées (au niveau macroéconomique donc). Les chocs sont, dans une large
mesure, imprévus et non anticipés sur les marchés. De nombreux économistes utilisent le
modèle d’offre et demande agrégées pour expliquer les fluctuations économiques de court et
moyen terme.
Les chocs sont positifs lorsqu’ils se traduisent par une accélération de la croissance à court ou
long terme. Ils peuvent être négatifs lorsqu’ils provoquent un ralentissement de la croissance
voire une récession. Les chocs conjoncturels ont des conséquences sur la production, les prix
et l’emploi. Les économistes considèrent que ces conséquences disparaissent plus ou moins
rapidement en fonction du degré de flexibilité des marchés. Pour certains cependant ils
peuvent laisser des traces durables car ils peuvent altérer durablement les facteurs de
production/…/ »
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Cours de Marjorie Galy, 2012.
Recensez les chocs possibles et leurs effets sur la croissance.
Expliquez le passage souligné.
22- La hausse du SMIC
Document 6
« Le SMIC, à l’instar des autres salaires, a un statut ambivalent : il peut être considéré comme
une variable de demande si l’on se place du côté des salariés mais constitue une variable
d’offre pour l’entrepreneur. Par conséquent, une hausse du SMIC correspond à un choc de
demande favorable pour les salariés et à un choc d’offre défavorable pour les chefs
d’entreprise hors effet d’allègements de charges. »
Éric Heyer, Mathieu Plane, « Quelles conséquences économiques d’un coup de pouce au
Smic ? », Les notes de l’OFCE, n° 22, 17 juillet, 2012, p 4.
En quoi le SMIC est-il ambivalent ?
Vrai ou faux ? Une hausse du SMIC est à la fois un choc de demande positif et un choc
d’offre négatif.
3/ Les cycles
31- Les phases du cycle
32- Des cycles différents
Document 7
« Les cycles sont des mouvements plus ou moins réguliers d’accélération et de ralentissement
de l’activité économique. On distingue généralement les cycles suivants :
Le cycle court ou Kitchin : reconnu en 1923, par Joseph Kitchin, le cycle court s’étend sur
trois ou quatre ans. Il se traduit par des phases de stockage et de déstockage de produits finis.
Aux Etats-Unis, il est pratiquement remplacé par le cycle électoral présidentiel.
Le cycle Juglar : le cycle dit des affaires, généralement d’une durée de 7 à 10 ans, a été mis en
lumière par Clément Juglar. Dans un même système technique, on améliore et on étend
l’appareil de production, dans une phase d’expansion. Et inversement. Luigi Scandella
souligne opportunément que « le moteur principal du Juglar est l’évolution des dépenses en
biens d’équipements » (Scandella, 1998, p.14). Pour beaucoup d’économistes, c’est même le
cycle tout court.
Le cycle Kondratieff : Nicolaï D. Kondratieff publie en 1928 une étude intitulée Les grands
cycles de la conjoncture. Il établit l’existence de grands cycles d’une durée de 45 à 50 ans.»
B. Tonglet, « Les cycles Kondratieff : une philosophie critique », Innovations, vol 1, n°19,
2004, p 9-10.
Document 8 Les cycles Kondratiev selon Schumpeter
Prospérité
Récession
Dépression
Reprise
« Le Kondratiev de la
Révolution
Industrielle 1787-1800
1801-1813
1814-1827
1828-1842
(textile, fer, vapeur)
« Le Kondratiev bourgeois »
18701843-1857
1858-1869
1886-1897
(chemin de fer)
1884/1885
«
Le
Kondratiev néo1912mercantiliste » (automobile, 1898-1911
1926-1938
1924/1925
électricité, chimie)
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D’après Schumpeter, 1940 dans : R. Swedberg, Schumpeter. A biography, Princeton
University Press, 1991, p 226-227.
Remarque : Schumpeter précise que les dates sont indicatives.
Quels sont les différents cycles ? Comment peut-on les différencier ?
Comment peut-on les expliquer ?
Dans quel Kondratiev et dans quelle phase se situent la « Révolution industrielle » ? La
crise de 1929 ?
Comment Schumpeter explique-t-il les Kondratiev ? De quoi dépend alors la reprise ?
33- Le cycle du crédit
Document 9
« La théorie du "cycle du crédit" est simple : les récessions sont aggravées par le
comportement des banques. Lorsque l'activité recule, les banques deviennent plus restrictives
dans la distribution du crédit »
Artus, Flash éco, 6 novembre 2008, n°504, p 2
Quel est le comportement des banques au cours de la phase de récession ? Quelle est la
conséquence sur l’économie ?
Mêmes questions pour les phases d’expansion.
Document 10 la croissance dans la zone euro
4
3.5
3
2.5
2
1.5
1
0.5
0
-0.5
-1
-1.5
-2
-2.5
-3
-3.5
-4
-4.5
-5
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Source des données : Alternatives économiques hors série, n°98, 4è trimestre 2013, p 92.
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Chap6 Croissance et crises
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Document 11
/…/
/…/
Si la distribution de crédit des entreprises de la zone euro reste faible (graphique 9), ce n’est
pas en raison d’un durcissement de l’offre de crédit par les banques mais en raison de la
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Chap6 Croissance et crises
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faiblesse de l’investissement. Depuis 2011, le taux d’investissement productif des sociétés
non financières n’a cessé de décliner dans les quatre grands pays de la zone euro et, début
2013, il a retrouvé son point bas de 2009, sauf en Espagne où il s’améliore depuis fin 2012.
En Italie, après une chute de près de 2 points de l’investissement productif au premier
trimestre 2013, le taux d’investissement s’est retourné positivement au deuxième trimestre
(graphique 10). «
OFCE, « La zone euro écartelée. Perspectives 2013-2014 pour l’économie européenne »,
Revue de l’OFCE, n° 130, 2013, p70 et 72.
Comment évolue la distribution du crédit dans la zone euro ?
Pourquoi ?
En quoi ces documents illustrent-t-ils la théorie du cycle du crédit ?
4/ La crise actuelle : « la Grande Récession »
41- La première phase de a la Grande Récession : de la crise des subprimes à la crise
financière
Document 12
« La Grande Récession a été déclenché par une crise financière mondiale partie d’un segment
très particulier du crédit immobilier aux Etats-Unis : celui des crédits subprime, proposés à
des ménages américains ne présentant pas de garanties financières nécessaires pour accéder
aux crédits « normaux », dits « prime ». Compte tenu du profil des emprunteurs, ces crédits
présentent plusieurs spécificités par rapport aux emprunts normaux :
- les taux d’intérêt sont plus élevés /…/ ;
- dans de nombreux cas, les remboursements sont faibles les premières années puis
s’alourdissent./…/
Ce type de crédit s’est abondamment développé aux Etats-Unis au cours de la dernière
décennie : l’encours des prêts subprime est ainsi passé d’une centaine de milliards de dollars
en 1998 à 1300 milliards en 2006./…/
les crédits subprime ont été fractionnés et incorporés à différents titres (d’où le terme de
titrisation et revendus sur les marchés financiers. Cette opération permet de partager les
risques : si un ménage se retrouve dans l’incapacité de rembourser son emprunt, comme sa
dette a été « partagée » entre de nombreux créanciers aux portefeuilles diversifiés, le défaut de
paiement est presque indolore pour le créancier. En contrepartie, la titrisation dissémine le
risque dans l’ensemble du système financier./…/
le scénario où de nombreux défauts de paiement se produisent simultanément et mettent en
difficulté plusieurs institutions financières devient vraisemblable ; c’est précisément ce qui
s’est produit pour la crise des subprime »/…/
Le marché immobilier se retourne au second semestre 2006. Immédiatement les conséquences
de l’explosion de la bulle se font sentir sur les emprunteurs et les défauts de paiement
augmentent dans le secteur des subprimes : le taux moyen de défaut passe ainsi d’environ 11
% au début de 2006 à environ 14 au début de 2007, pour dépasser 20 % en 2008.
La diffusion d’informations sur la détérioration des crédits subprime provoque une méfiance
croissante envers les produits titrisés qui s’amplifie avec les premières alertes lancées par les
agences de notation ; celles-ci dégradent en effet à partir de mi-2007 les notes de centaine de
produits liés aux crédits subprime. Dans ce contexte, beaucoup de produits [financiers] /…/ ne
trouvent plus preneur, même à des prix dérisoires, et les institutions financières se mettent à
craindre qu’une banque fasse faillite : cette méfiance entre banque est la conséquence directe
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Chap6 Croissance et crises
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de l’opacité provoquée par la titrisation, qui rend impossible la connaissance de l’exposition
réelle des banques à ces produits./…/
Un véritable cercle vicieux se met alors en place : la crise de confiance exerce une pression à
la baisse sur la valeur d’un nombre croissant d’actifs détenus par les banques. Face à ces
moins values latentes, les banques sont forcées de vendre des actifs pour détenir des
liquidités. Elles se retrouvent devant l’alternative suivante : vendre des actifs dépréciés,
réalisant ainsi des moins-values en capital et accentuant la chute des prix ou vendre des actifs
qui n’ont pas encore été touchés par la crise. Logiquement, les banques choisissent
massivement la seconde option. »
Nicolas Couderc, Olivia Montel-Dumont, « Les mécanismes de la Grande Récession »,
Problèmes économiques hors série, n°2, novembre 2012, p 84-85.
Qu’est-ce que les « subprimes » ?
Expliquez le passage souligné.
Quel est le lien entre la crise immobilière et la crise financière ?
42- De la crise financière à la crise économique
Document 13
« La crise financière de 2007 s’est transmise à l’économie réelle par plusieurs canaux : la
contraction du crédit issue de la panique bancaire ; la chute de la demande liée à la perte de
richesse des ménages ; le brutal retournement des anticipations d’activité (qui pèse sur
l’investissement ou l’achat de biens d’équipement pour les particuliers)./…/
Partie de l’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis et des pertes encaissées par les
banques des pays développés sur le marché américain des subprimes, la crise a d’abord touché
les pays développés. Ce sont en effet des économies plus financiarisées, où le système
bancaire joue un rôle central et dans lesquelles le patrimoine financier comme non financier
des ménages est très élevé. Logiquement, le choc financier a plus durement frappé, ces payslà. Les pays émergents ont, quant à eux, subi l’impact du choc principalement par la chute de
l’activité industrielle, le commerce international en étant un relais important. D’autres pays,
enfin, ont subi les conséquences du retournement des marchés de matières premières, en
particulier le pétrole. »
Xavier Timbeau, « Le monde face à la crise : comparaisons internationales », Problèmes
économiques hors série, n°2, novembre 2012, p 93-94.
Document 14
« Etre juin 2007 et le début de 2009, les banques ont perdu près de 700 milliards de dollars et
les principaux indices boursiers ont chuté de 40 à 60 %. La succession spectaculaire des
faillites de grands établissements bancaires a pu donner l’impression que la crise n’affectait
que le monde de la finance, et qu’elle ne concernait pas le quotidien des gens ordinaires. Il
n’en est rien : la transmission de la crise à l’économie réelle a reposé sur deux mécanismes
complémentaires.
Le premier canal de transmission est la contraction de l’offre de crédit : comme les banques
éprouvent les plus grandes difficultés à trouver des liquidités et des fonds propres, elles sont
moins en mesure d’octroyer des prêts aux entreprises et aux ménages. Le coût des emprunts –
le taux d’intérêt – est également accru, car l’ensemble des créanciers exigent des primes de
risque plus élevées en raison de la crise de confiance qui s’est installée. Les PME sont les
premières à souffrir de cette situation /…/.
Le second canal réside sans la dépréciation des actifs mobiliers et immobiliers. La baisse des
prix de l’immobilier et la chute des cours boursiers dévalorisent les patrimoines des ménages.
Ils voient donc leur richesse réelle baisser et peuvent avoir tendance à épargner davantage afin
de reconstituer la valeur initiales de leur patrimoine./…/ Cet effet est particulièrement visible
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Chap6 Croissance et crises
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aux Etats-Unis, car les ménages américains sont très sensibles aux dépréciations d’actifs, du
fait de leur épargne retraite investie pour moitié en Bourse. »
Nicolas Couderc, Olivia Montel-Dumont, « Des subprimes à la crise mondiale », Cahiers
français, n°359, novembre-décembre, 2010, p 5.
Qu’est-ce que l’économie « réelle » ?
Que signifie le passage souligné ?
Quelles conséquences les éléments précédents ont-ils sur « l’économie réelle » ?
Que signifie « une dévalorisation du patrimoine » ? Quelle conséquence a-t-elle sur la
croissance ?
43- La troisième phase de la crise : la crise des dettes souveraines
Document 15
« La sortie de la récession a été amorcée au deuxième trimestre 2009 pour l’économie
mondiale et au troisième trimestre pour les Etats-Unis et la zone euro. Néanmoins, la sortie de
crise est retardée par les inquiétudes croissantes face à la dégradation des finances publiques,
qui débouche en Europe sur une véritable crise des dettes souveraines, dont l’aboutissement
est le défaut de la Grèce en mars 2012.
Les plans de soutien au secteur bancaire et à l’activité ont considérablement creusé les déficits
publics. A cela s’est ajouté le recul du PIB, qui a mécaniquement diminué les rentrées fiscales
et augmenté les ratios de déficit./…/
Dans la zone euro, la dette publique passe ainsi de 66 % du PIB en 2007 à 88 % en 2011./…/
C’est même parmi les pays dont la gestion des finances publiques avait été la plus vertueuse
dans les années 2000 (Irlande, Espagne, Portugal) que la crise a été la plus aigue, révélant près
coup un principe de vase communicants entre endettement privé et endettement public /…/.
Si l’alourdissement des ratios d’endettement public ne pose pas de problème majeur aux
Etats-Unis – même depuis la perte du triple A en août 2011 -, ni au Japon – malgré le
franchissement du seuil symbolique des 200 % -, ni même au Royaume-Uni, il n’en est pas de
même au sein de la zone euro. La crise grecque fait apparaître au grand jour des failles
institutionnelles de l’Union monétaire. Il en résulte une nouvelle crise de confiance entretenue
par les tergiversations des dirigeants européens, particulièrement grave puisque c’est l’avenir
de la monnaie unique qui est en jeu. Le revirement durable vers la rigueur budgétaire, destiné
à mettre fin à la crise des dettes souveraines, pèse fortement sur la croissance … ce qui
détériore encore les ratios de finances publiques. »
Nicolas Couderc, Olivia Montel-Dumont, « Les mécanismes de la Grande Récession »,
Problèmes économiques hors série, n°2, novembre 2012, p 88-89.
Expliquez le passage souligné.
Comment peut-on expliquer la hausse des déficits publics ?
Les Etats-Unis et la zone euro sont-ils dans la même situation ?
Notions à retenir
Crise économique, fluctuation, déflation, inflation, désinflation, dépression, choc d’offre,
choc de demande, cycle, dette souveraine
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