p. 6<Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008
DOSSIER
>
>PLFSS 2009
LE PIRE A ÉTÉ ÉVITÉ Tarifs : des sueurs froides, mais…
Il n’y aura pas de tarifs flottants… du moins pas sous la forme de
stabilisateurs économiques. C’est une victoire claire de la CSMF,
qui aura arraché la concession du gouvernement dans la dernière
ligne droite. Le PLFSS prévoyait en effet que l’assurance maladie
pouvait décider unilatéralement de baisser les tarifs des
« honoraires, rémunérations, actes et prestations » en cours
d’année en cas de dérapage des dépenses. Deux versions étaient
même proposées. Dans la première, le directeur procédait à la
baisse après en avoir « averti » les syndicats et « laissé la
possibilité de présenter leurs observations ». Dans la deuxième,
encore plus « hard », le processus se déclenchait après mise en
garde du comité d’alerte. Là, les syndicats n’étaient même pas
consultés. Autant dire que ces nouvelles règles du jeu auraient
totalement vidé de leur contenu les négociations conventionnelles
autour des tarifs, et créé une insécurité financière permanente
pour les médecins libéraux.
Exit, donc, les lettres-clé flottantes. Mais, en contrepartie, le
gouvernement veut des économies sur le poste honoraires dès
début 2009. Et les partenaires conventionnels vont devoir rajouter
au
menu chargé des négociations, qui doivent aboutir avant le
10 décembre, des baisses ciblées de tarifs sur quelques
spécialités, dont les radiologues et les biologistes. Le montant
d’économies attendues oscillerait entre 100 et 150 millions
d’euros.
Hiérarchisation des actes :
on continue comme avant
Là encore, le couperet de « l’étatisation » n’est pas passé loin.
Début septembre, le PLFSS envisageait en effet d’étendre le
principe du « service médical rendu » à l’ensemble des actes et
prestations, sur le modèle du dispositif en place pour les
médicaments. Un chantier titanesque, et qui se serait traduit par
une modulation du taux de remboursement en fonction du niveau
de service médical rendu. Ce travail aurait été réalisé par un
comité comparable au CEPS, et composé uniquement de
représentants de l’Etat et de l’assurance- maladie. Par ailleurs, la
fixation du tarif appliqué à chaque acte ou prestation aurait été du
ressort du seul directeur de l’Uncam. Les commissions paritaires
actuelles, elles, n’auraient plus eu qu’un rôle consultatif. Surtout,
un tel dispositif aurait eu pour effet de changer totalement de
logique : la hiérarchisation se serait faite selon « l’utilité »
supposée de chaque acte, au lieu de reposer sur l’évaluation du
travail médical (durée, complexité, coût, pénibilité), tel que c’est le
cas aujourd’hui. Finalement, le dispositif en question n’a pas été
retenu, et le travail de hiérarchisation reste en l’état.
“
Dr FRANCK DEVULDER, GASTRO-ENTÉROLOGUE,
DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DE L’UMESPE DANS LA MARNE :
« On casse les efforts des libéraux »
« Je suis vraiment choqué par ce qui se
prépare au gouvernement. Je conçois
que la situation financière soit critique,
mais de là à mettre par terre tout ce qui
a été édifié depuis quatre ans ! Bien
sûr, la maîtrise médicalisée n’a pas
produit tous les résultats escomptés,
mais les efforts ont été réels, comme
l’a reconnu lui-même le directeur de
l’assurance-maladie. Il y a une
dynamique qui est bonne, et le PLFSS
risque de la stopper brutalement.
Comment voulez-vous que les
médecins s’engagent plus avant dans
la maîtrise médicalisée s’ils sont
menacés à tout moment par une baisse
de leurs tarifs ? Il existe un climat de
suspicion général autour des médecins
libéraux, alors que ceux qui dépassent
le tact et la mesure sont une infime
minorité. Il faut nous mobiliser pour
faire pression sur les députés et les
sénateurs et faire changer cette loi. »
>
TÉMOIGNAGNE
Les complémentaires
prennent du galon
Outre l’entrée en jeu des complémentaires
dans les négociations conventionnelles
entre médecins et assurance-maladie
(voir ci-contre), le gouvernement
veut améliorer, comme il le fait depuis
2004, les possibilités d’accès à la
complémentaire pour les citoyens
y renonçant pour motif financier.
C’est ainsi que l’aide à l’acquisition d’une
complémentaire santé (ACS) sera relevée
de 100 euros pour la tranche la plus
élevée, soit 500 euros au lieu de 400 euros
actuellement. Par ailleurs, l’âge d’accès à
cette tranche la plus élevée sera abaissé
de 60 ans à 50 ans. Plus de clients en
perspective, donc, pour les complémentaires,
et plus de co-gestion aussi. En effet, pour
les mesures conventionnelles concernant
les dentistes et les opticiens, les accords
peuvent être subordonnés à la signature
de l’Unocam ou de un ou plusieurs de ses
membres. A défaut de signature, l’Etat peut
agréer l’accord ou demander la poursuite
des négociations. Enfin, et en échange
de sa contribution financière (1milliard
d’euros de taxe), le secteur obtient
la généralisation du partage des données
médicales avec l’assurance-maladie,
à condition que ces données soient
anonymisées.