DANS CE NUMÉRO : > Dossier PLFSS > Le pire a été évité LE JOURNAL DE LA CSMF 30 septembre 2008 n°1111 > Positions JEUNES MÉDECINS > Aides à l’installation Fiction ou réalité ? > Infos pratiques > Rédaction des ordonnances De l’importance de la forme LES CONFÉDÉRÉS MOBILISÉS XIVe université d’été > Vie du cabinet > AGAPS Le revenu des médecins en 2007 > Document XIVe Université d’été de la CSMF LES CONFÉDÉRÉS MOBILISÉS Roselyne Bachelot a raté une occasion LES CONFÉDÉRÉS MOBILISÉS > > DOCUMENT > L’hôpital : une réforme prioritaire > Sur le grill : Christian Saout, pas franchement saignant Actu > Négociations conventionnelles > Étatisation du système de santé > Les dépenses maladie ISSN : 0399-385X Sommaire > >ÉDITO Dossier PLFSS 2009 Le pire a été évité .................Page 5 > Jeunes Médecins Aides à l’installation Fiction ou réalité ? ..............Page 11 > Infos pratiques Rédaction des ordonnances De l’importance de la forme .Page 13 > Vie du cabinet AGAPS - Le revenu des médecins en 2007 .........Page 14 > Document XIVe Université d’été de la CSMF Roselyne Bachelot a raté une occasion ......................Page 17 L’hôpital : une réforme prioritaire .........................................Page 19 Sur le grill : Christian Saout pas franchementt saignant ..Page 25 Il faut lutter contre l’emprise des technos es technocrates ne renoncent jamais. Dès qu’ils sentent une faille avenue de Ségur, ils reviennent en force pour imposer leur maîtrise comptable, même si celle-ci a été, par le passé, un échec cuisant sur le plan économique et une déroute politique pour le gouvernement qui en a porté la responsabilité. L Heureusement, la CSMF a tiré la sonnette d’alarme à temps et le gouvernement a renoncé aux lettres clés flottantes que lui avaient « vendues » les technos. Cette affaire nous montre combien il est important de nous mobiliser pour faire bouger les lignes. C’est ce que nous allons continuer à faire dans les semaines et les mois à venir pour défendre la médecine libérale, non seulement dans le PLFSS pour 2009 mais aussi pour l’imposer dans la future réforme « Hôpital, Patients, Santé, Territoires ». Pour l’instant, le PLFSS 2009 reste aux mains des technos qui ont tout misé sur la maîtrise comptable avec, une fois de plus, un ONDAM « ric rac » en contradiction avec les belles promesses des EGOS. Le masque est tombé : les EGOS devaient consacrer les soins de ville, sauf qu’aujourd’hui, aucun moyen n’est attribué. Les médecins libéraux ne sont pas dupes. Décidemment, quand les technos s’emparent du pouvoir, les politiques se trompent. Dr Michel Chassang, Président de la CSMF > Actu Négociations conventionnelles, étatisation du système de santé, les dépenses maladie .....Page 27 Abonnez-vous* 31 euros par an : 22 numéros Bimensuel 79, rue de Tocqueville 75017 Paris Tél. : 01 43 18 88 33 Fax : 01 43 18 88 34 E-mail : [email protected] Internet : www.csmf.org Les articles originaux du Médecin de France peuvent être reproduits par tout organisme affilié à la CSMF sans autorisation spéciale, à condition de faire figurer les mentions habituelles. Edité par la SEPMF, Sarl au capital de 32 000 euros Durée : 50 ans du 1er juin 1978 Associés : CSMF et ACFM Gérant : Michel Chassang Directeur de la publication : Michel Chassang Rédacteur en chef : Yves Decalf Crédits photos ; Philippe Chagnon, Sébastien Toubon, NL Shop fotolia.com, © Pascal THAUVIN - Fotolia.com Impression : Elyo - Saint-Denis Dépôt légal : 4e trimestre 2008 ISSN : 0399-385X Abonnement : 31,00 euros par an Prix du numéro : 1,60 euro Commission paritaire : 0209 T 82702. désire s’abonner à la revue Médecin de France pour un an. désire une facture Chèque de 31 € à l’ordre de Médecin de France et à adresser à : Médecin de France Service abonnement 79, rue de Tocqueville 75017 Paris (*) Tout abonnement donne droit à 2 crédits pour la formation professionnelle Dr................................................................. ... .................................................................. 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Avec le projet de loi de financement de la sécurité sociale d’un côté, et la loi Hôpital-Patients-Santé-Territoires de l’autre, les allers et retours sont incessants. Selon les versions successives, certains sujets passent d’un texte à l’autre, sans qu’il soit possible de saisir la cohérence d’ensemble de ces jeux de passe-passe. Le premier projet, exercice rituel de l’automne, est censé poser le cadre financier d’un retour à l’équilibre de la branche maladie en 2011, comme l’a “ promis Nicolas Sarkozy. Le deuxième, qui devrait être discuté au Parlement en novembredécembre, mène à une réorganisation « au forceps » de l’offre de soins, en consacrant une reprise en main ferme de l’Etat sur le pilotage du système de santé. En réalité, chaque projet de loi comprend des mesures qui pourraient figurer dans l’un et dans l’autre. Ce qui est certain, c’est que « l’hydre à deux têtes » ne prépare pas des lendemains qui chantent aux médecins libéraux. Et le PLFSS illustre le leitmotiv du gouvernement : des économies tous azimuts, y compris sur le poste honoraires. Un accès plus large à la contraception Prévus à l’origine dans la loi HPST, certains dispositifs de santé publique figurent finalement dans le PLFSS. C’est le cas notamment pour l’amélioration de l’accès à la contraception et à l’IVG médicamenteuse. Désormais, les sages-femmes auront le droit de prescrire la contraception et l’IVG médicamenteuse et d’assurer le suivi de prévention gynécologique, avec l’obligation notamment de proposer le frottis cervico-utérin. Les infirmiers auront également la possibilité de renouveler les prescriptions de contraceptifs oraux. Enfin, les pharmaciens seront autorisés à délivrer des contraceptifs oraux à partir d’ordonnances périmées, sauf opposition du médecin, pour une période de six mois non renouvelable. Dans son exposé des motifs, le gouvernement justifie cette extension de l’accès à la contraception par le nombre toujours élevé d’IVG, environ 200 000 par an, dont une partie est liée à l’insuffisance du taux de couverture contraceptive, chez les jeunes femmes notamment. TÉMOIGNAGNE > Dr ERIC COUÉ, GÉNÉRALISTE, PRÉSIDENT DE LA CSMF-AUDE : « Les médecins, variable d’ajustement » « En entendant la ministre de la santé, à Cannes, j’ai eu le sentiment qu’elle ne croyait même pas à ce qu’elle disait. On nous ressort le mécanisme des lettres-clé flottantes, que nous avons déjà rejeté il y a dix ans, et on y ajoute des restrictions à la liberté d’installation et un arsenal répressif de plus en plus lourd. Une fois de plus, les médecins libéraux sont accusés de tous les maux. Pourtant, les technocrates qui écrivent ces textes de lois savent très bien que ce n’est pas en baissant d’autorité les tarifs des médecins qu’on va renflouer les caisses. Ce qui coûte cher, ce sont les nouveaux traitements, les examens complémentaires, dont les patients ne comprendraient pas qu’on leur refuse. En revanche, la plupart sont étonnés en voyant le tarif de nos consultations, et nous demandent pourquoi il n’est pas encore à 23 euros. Les médecins libéraux sont pris en tenaille entre les gestionnaires, qui réclament des économies, et le public, qui veut continuer à être bien soigné. En tous les cas, si le tarif du C doit flotter, je préfère devenir salarié et faire 35 heures par semaine. » Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 > p. 5 > DOSSIER >PLFSS 2009 LE PIRE A ÉTÉ ÉVITÉ Les complémentaires prennent du galon Outre l’entrée en jeu des complémentaires dans les négociations conventionnelles entre médecins et assurance-maladie (voir ci-contre), le gouvernement veut améliorer, comme il le fait depuis 2004, les possibilités d’accès à la complémentaire pour les citoyens y renonçant pour motif financier. C’est ainsi que l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS) sera relevée de 100 euros pour la tranche la plus élevée, soit 500 euros au lieu de 400 euros actuellement. Par ailleurs, l’âge d’accès à cette tranche la plus élevée sera abaissé de 60 ans à 50 ans. Plus de clients en perspective, donc, pour les complémentaires, et plus de co-gestion aussi. En effet, pour les mesures conventionnelles concernant les dentistes et les opticiens, les accords peuvent être subordonnés à la signature de l’Unocam ou de un ou plusieurs de ses membres. A défaut de signature, l’Etat peut agréer l’accord ou demander la poursuite des négociations. Enfin, et en échange de sa contribution financière (1milliard d’euros de taxe), le secteur obtient la généralisation du partage des données médicales avec l’assurance-maladie, à condition que ces données soient anonymisées. “ Tarifs : des sueurs froides, mais… Il n’y aura pas de tarifs flottants… du moins pas sous la forme de stabilisateurs économiques. C’est une victoire claire de la CSMF, qui aura arraché la concession du gouvernement dans la dernière ligne droite. Le PLFSS prévoyait en effet que l’assurance maladie pouvait décider unilatéralement de baisser les tarifs des « honoraires, rémunérations, actes et prestations » en cours d’année en cas de dérapage des dépenses. Deux versions étaient même proposées. Dans la première, le directeur procédait à la baisse après en avoir « averti » les syndicats et « laissé la possibilité de présenter leurs observations ». Dans la deuxième, encore plus « hard », le processus se déclenchait après mise en garde du comité d’alerte. Là, les syndicats n’étaient même pas consultés. Autant dire que ces nouvelles règles du jeu auraient totalement vidé de leur contenu les négociations conventionnelles autour des tarifs, et créé une insécurité financière permanente pour les médecins libéraux. Exit, donc, les lettres-clé flottantes. Mais, en contrepartie, le gouvernement veut des économies sur le poste honoraires dès début 2009. Et les partenaires conventionnels vont devoir rajouter au menu chargé des négociations, qui doivent aboutir avant le 10 décembre, des baisses ciblées de tarifs sur quelques spécialités, dont les radiologues et les biologistes. Le montant d’économies attendues oscillerait entre 100 et 150 millions d’euros. Hiérarchisation des actes : on continue comme avant Là encore, le couperet de « l’étatisation » n’est pas passé loin. Début septembre, le PLFSS envisageait en effet d’étendre le principe du « service médical rendu » à l’ensemble des actes et prestations, sur le modèle du dispositif en place pour les médicaments. Un chantier titanesque, et qui se serait traduit par une modulation du taux de remboursement en fonction du niveau de service médical rendu. Ce travail aurait été réalisé par un comité comparable au CEPS, et composé uniquement de représentants de l’Etat et de l’assurance- maladie. Par ailleurs, la fixation du tarif appliqué à chaque acte ou prestation aurait été du ressort du seul directeur de l’Uncam. Les commissions paritaires actuelles, elles, n’auraient plus eu qu’un rôle consultatif. Surtout, un tel dispositif aurait eu pour effet de changer totalement de logique : la hiérarchisation se serait faite selon « l’utilité » supposée de chaque acte, au lieu de reposer sur l’évaluation du travail médical (durée, complexité, coût, pénibilité), tel que c’est le cas aujourd’hui. Finalement, le dispositif en question n’a pas été retenu, et le travail de hiérarchisation reste en l’état. TÉMOIGNAGNE > Dr FRANCK DEVULDER, GASTRO-ENTÉROLOGUE, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DE L’UMESPE DANS LA MARNE : « On casse les efforts des libéraux » « Je suis vraiment choqué par ce qui se prépare au gouvernement. Je conçois que la situation financière soit critique, mais de là à mettre par terre tout ce qui a été édifié depuis quatre ans ! Bien sûr, la maîtrise médicalisée n’a pas produit tous les résultats escomptés, mais les efforts ont été réels, comme l’a reconnu lui-même le directeur de l’assurance-maladie. Il y a une dynamique qui est bonne, et le PLFSS risque de la stopper brutalement. p. 6 < Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 Comment voulez-vous que les médecins s’engagent plus avant dans la maîtrise médicalisée s’ils sont menacés à tout moment par une baisse de leurs tarifs ? Il existe un climat de suspicion général autour des médecins libéraux, alors que ceux qui dépassent le tact et la mesure sont une infime minorité. Il faut nous mobiliser pour faire pression sur les députés et les sénateurs et faire changer cette loi. » Complémentaires : le « troisième homme » conventionnel Désormais, il faudra compter avec un nouvel acteur sur la scène conventionnelle. En échange d’une taxe de un milliard d’euros, les complémentaires santé ont obtenu le droit de participer aux négociations avec les professionnels de santé, via l’UNOCAM ou des représentants des principaux organismes. Avec les médecins, elles n’auront qu’un rôle consultatif, sans pouvoir de signature. En revanche, les accords avec les dentistes et les opticiens seront validés par la signature de l’UNOCAM. Si elle ne signe pas, l’UNCAM peut transmettre l’accord au ministère pour approbation, qui peut décider de demander une nouvelle négociation. Cette mesure renforce les capacités de gestion du risque des OC, et pourrait aider à la mise en place du secteur optionnel. A condition que tout le monde joue le jeu… “ > DOSSIER < Eric Woerth, ministre du Budget et Roselyne Bachelot, ministre de la Santé présentent le PLFSS 2009. TÉMOIGNAGNE > Dr BÉATRICE FAZILLEAU, GÉNÉRALISTE, PRÉSIDENTE DE LA CSMF-CHARENTE-MARITIME : « La dictature comptable » « Les mesures du PLFSS s’ajoutent à toutes les entorses au contrat conventionnel qui s’accumulent en ce moment : sanctions renforcées, contrats individuels avec l’assurance-maladie ou l’ARS, contraintes d’installation… Je crois qu’on se moque des médecins, parce qu’on leur dit par ailleurs « continuez à maîtriser les dépenses » tout en changeant les règles du jeu sans leur accord. La vérité, c’est que notre exercice professionnel est désormais soumis à la dictature des chiffres et des statistiques. La consultation n’est perçue qu’à travers son coût, sans que les pouvoirs publics s’interrogent sur son contenu. Nous avons de plus en plus de consultations longues et complexes, avec des patients en retard de soins et des polypathologies. Ce travail n’est pas rémunéré à sa juste valeur. Pire, on nous menace de baisser les tarifs en cours d’année. Ya-t-il d’autres professions où l’on diminue les salaires sous prétexte qu’on ne peut pas les payer ? » Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 > p. 7 > DOSSIER Un nouvel opérateur unique pour l’informatisation Tirant les leçons des « ratés » du DMP depuis quatre ans, le gouvernement a annoncé la création d’un groupement d’intérêt public, l’ASIP, regroupant les missions de trois organismes existants : le GIP-DMP, le GIP-CPS (carte du professionnel de santé) et le GMSIH (informatique hospitalière. L’ASIP sera chargé du développement de l’informatisation du système de santé : normalisation et évaluation de référentiels d’interopérabilité, homologation des outils, certification des professionnels et conduite du projet DMP. Un article du PLFSS prévoit son financement pas l’assurance-maladie. Les produits onéreux à l’hôpital encadrés Les produits de santé de la « liste en sus », ceux qui sont facturés par l’hôpital en dehors des GHS, connaissent une forte croissance, soit + 15% depuis deux ans. Afin de mieux contrôler la dépense, le dispositif prévoit un taux d’évolution pour chaque établissement, avec « ristourne » à l’assurance-maladie en cas de dérapage. Et chaque prescription devra être identifiée par l’identifiant personnel du médecin, sous peine de non-prise en charge par la CPAM. “ La chirurgie extra-hospitalière en expérimentation A partir du 1er janvier 2009, l’UNCAM est autorisée à expérimenter de nouveaux modes de prise en charge et de financement des frais d’anesthésie et de chirurgie pour des interventions effectuées en cabinet libéral. Un décret fixera les conditions d’obtention d’un agrément pour les cabinets médicaux, sous réserve d’une visite de conformité et d’un dossier certifiant le respect de normes techniques édictées par la HAS. La liste des actes concernés sera établie par arrêté. Notons que cette mesure concerner essentiellement l’opération de la cataracte, en plein essor dans le domaine de l’ambulatoire, mais pourrait aussi s’appliquer à certains actes d’endoscopie et de chirurgie dermatologique. TÉMOIGNAGNE > Dr JEAN-CLAUDE GROS, DERMATOLOGUE, PRÉSIDENT DE LA CSMF-MIDI-PYRÉNÉES : « La dictature comptable » « Ce PLFSS, c’est comme d’habitude, avec encore un peu plus de pression sur les médecins libéraux. Ce texte est à l’image du climat économique du pays : déprimant. Les rentrées fiscales s’annoncent insuffisantes, alors on va chercher dans les poches les plus faciles à retrousser. Pendant ce temps, l’hôpital va continuer tranquillement son petit bonhomme de chemin, parce que les politiques n’osent pas s’y attaquer. C’est pourtant 52% des dépenses, et là il y a de vraies marges de manœuvre. Les libéraux, eux, sont peu syndiqués, peu mobilisés, et les politiques savent qu’ils n’iront pas faire peser les économies sur le dos des patients. A plus long terme, je suis néanmoins inquiet pour la qualité des soins. Car toutes ces mesures ne risquent pas de rehausser l’attractivité de la médecine libérale. Et moins il y aura de libéraux, plus les difficultés d’accès à des soins de qualité vont se multiplier. » Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 > p.9 À L’INSTALLATION FICTION OU RÉALITÉ ? Les discours et la réalité sont parfois différents, les aides à l’installation en sont le meilleur exemple. Nos dirigeants nous clament à quel point tout a été fait en matière d’incitatif, mais que cela ne marche pas, et que la coercition reste la seule solution efficace pour assurer une bonne répartition des médecins. Pourtant, les jeunes médecins sur le terrain, ont un ressenti tout autre. Quelle est la réalité de l’incitatif en France ? Est-ce suffisant ? Peut-on mieux faire ? 1 Du plutôt bon… Les aides parmi les plus efficaces ne sont malheureusement pas spécifiques au monde médical, et n’ont pas du tout été créées pour nous. Il s’agit des avantages fiscaux octroyés pour les installations en ZRR (Zone de Revitalisation Rurale) ou en ZFU (Zone Franche Urbaine). Ces zones touchent soit le milieu rural, soit les banlieues périurbaines défavorisées, et ont pour but d’y relancer la création d’entreprises. Elles apportent des avantages fiscaux importants : exonération de taxe professionnelle pendant plusieurs années, et une réduction fiscale jusqu’à 100 000 € en générale sur l’impôt sur le revenu pendant 5 ans. 2 Du peut mieux faire… Les aides conventionnelles s’illustrent par les modalités prévues dans l’avenant 20 de la convention. Il prévoit une majoration de 20% des honoraires des médecins installés dans des zones sous médicalisées, uniquement s’ils exercent en groupe, et s’ils participent à la PDS. Malgré l’aspect très attractif de la forte majoration des honoraires, cet avenant n’apporte pas la réponse espérée car il soumet cela à trop de conditions : les zones concernées sont peu nombreuses et mal dessinées, l’installation en cabinet de groupe n’y est pas toujours simple, et la participation à la PDS exclue les zones où les installés n’y participent pas (comme une bonne partie de l’île de France par exemple). 3 Du plutôt mauvais… Ensuite, les réjouissances commencent avec les aides locales, régionales, départementales, voire communales ! Devant le besoin de faire venir des médecins, on voit fleurir tout et n’importe quoi partout en France, les collectivités locales se livrant une véritable surenchère. On retrouve ainsi quelques aides apportées par les URCAM, souvent modestes, proposées pour l’informatisation, ou la création de maisons de santé par exemple, et sont soumises à une paperasserie bien française. Bref, rien de bien attrayant, et le plus souvent les jeunes installés y renoncent au final. Ensuite les départements ont créé les > JEUNES MÉDECINS >AIDES « bourses à l’installation », le principe étant d’aider financièrement un étudiant ou un interne de sa région, ce dernier s’engageant en contrepartie à s’installer plusieurs années dans le département en question. C’est par exemple le cas de l’Allier, qui propose 1000 € par mois pendant 3 ans aux internes de médecine générale auvergnats. Bien entendu, ce contrat est cassable à tout moment, l’interne n’ayant qu’à rendre l’argent reçu. Ces bourses sont encore trop récentes pour être évaluées, mais leur efficacité restera très modeste c’est évident. D’autres aides locales existent ça et là, souvent peu attractives et désorganisées : offre d’un local inadapté aux besoins, exonération de taxe professionnelle, prime de quelques milliers d’euros, etc. Incitons bien, incitons mieux ! > On constate donc que les aides réelles à l’installation médicales en France sont en fait faibles, et surtout totalement désorganisées. Certaines sont attractives mais correspondant à des zonages non médicaux, d’autres doivent être améliorées, quant au reste, il nous faut au plus vite uniformiser tout cela et arrêter ce marketing médical départemental malsain. C’est pourquoi nous aimerions remettre à plat tout le système des aides à l’installation, et en créer une seule, efficace, connue de tous, et adaptée à une cartographie des besoins réels. En ce sens, la CSMF Jeunes Médecins préconise la création de Zones Franches Médicales (ZFM), qui reprendraient les avantages fiscaux des ZFU ou ZRR, cumulés à ceux de l’avenant 20 de la convention, tout en modifiant les modalités d’obtention actuelles. La cartographie des ZFM devra correspondre à la réalité des besoins et être intelligente. Cette aide serait bien plus attractive, pas forcément plus coûteuse pour la société, et surtout elle serait sans nul doute rapidement efficace ! Car avant la coercition, il serait bon de réellement nous inciter. CSMF Jeunes Médecins Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 > p. 11 DES ORDONNANCES DE L’IMPORTANCE DE LA FORME… Parce qu’une mauvaise rédaction, illisible ou ambigüe, peut engendrer des conséquences graves, vous trouverez dans ce focus un rappel des dispositions légales. QUELLES INDICATIONS ÊTES-VOUS AUTORISÉ À MENTIONNER SUR VOS ORDONNANCES ? L’article 79 (article R.4127-79 du code de la santé publique) fixe la liste des seules indications personnelles qu'un médecin est autorisé à mentionner sur ses feuilles d'ordonnances et qui sont : > ses nom, prénoms, adresse professionnelle, numéros de téléphone et de télécopie, jours et heures de consultation ; > si le médecin exerce en association ou en société, les noms des médecins associés ; > sa situation vis-à-vis des organismes d'assurance-maladie ; > la qualification qui lui aura été reconnue conformément au règlement de qualification établi par l'Ordre et approuvé par le ministre chargé de la santé ; > ses diplômes, titres et fonctions lorsqu'ils ont été reconnus par le Conseil national de l'ordre ; > la mention de l'adhésion à une société agréée; > ses distinctions honorifiques reconnues par la République française QUEL DOIT ÊTRE LE CONTENU DE VOS ORDONNANCES ? Le Code de la santé publique (article R.5132-3) dispose clairement que la prescription de médicaments ou produits destinés à la médecine humaine doit être rédigée, après examen du malade, sur une ordonnance et indiquer lisiblement : > Le nom, la qualité et, le cas échéant, la qualification, le titre, ou la spécialité du prescripteur, son identifiant lorsqu'il existe, son adresse, sa signature, la date à laquelle l'ordonnance a été rédigée ; > La dénomination du médicament ou du produit prescrit, ou le principe actif du médicament désigné par sa dénomination commune, la posologie et le mode d'emploi, et, s'il s'agit d'une préparation, la formule détaillée ; > La durée de traitement ou, lorsque la prescription comporte la dénomination du médicament, le nombre d'unités de conditionnement et, le cas échéant, le nombre de renouvellements de la prescription ; > Le cas échéant, la mention « non substituable » ; > INFOS PRATIQUES >REDACTION > Les nom et prénoms, le sexe et l'âge du malade et, si nécessaire, sa taille et son poids. MODALITÉS DE DÉLIVRANCE ET DE RENOUVELLEMENT Par ailleurs, le Code de déontologie rappelle que «le médecin doit formuler ses prescriptions avec toute la clarté indispensable, veiller à leur compréhension par le patient et son entourage et s'efforcer d'en obtenir la bonne exécution. » De même, « Tout certificat, ordonnance, attestation ou document délivré par un médecin doit être rédigé lisiblement en langue française et daté, permettre l'identification du praticien dont il émane et être signé par lui. Le médecin peut en remettre une traduction au patient dans la langue de celui-ci ». > Les médicaments inscrits sur la liste I : Pour la délivrance, seules les ordonnances datant de moins de 3 mois sont valables. Tout renouvellement est interdit, sauf mention expresse contraire du prescripteur, sachant que la durée de la prescription ne peut excéder 12 mois. > Les médicaments inscrits sur la liste II : Sauf mention contraire du prescripteur, le malade peut obtenir sur sa demande une nouvelle délivrance. Toutefois, la durée de prescription obéit à la règle générale d’un maximum de 12 mois. > Les médicaments inscrits sur la liste des stupéfiants : On ne peut prescrire des médicaments classés comme stupéfiants ou soumis à leur règlementation pour une durée de traitement supérieur à 28 jours (14 jours ou 7 jours dans certains cas). Les produits ne peuvent être délivrés que si l’ordonnance est présentée au pharmacien dans les 24 heures suivant la date de sa rédaction. Présentée audelà de ce délai, elle ne peut être exécutée que pour la durée de la prescription qui reste à couvrir. > Les médicaments inscrits sur la liste des psychotropes : la durée maximale de chaque prescription est limitée à 4 semaines (substances à propriétés hypnotiques et dont l’indication de l’AMM est l’insomnie) ou 12 semaines (médicaments qui contiennent des substances à propriété anxiolytiques.) Au-delà de la règlementation spécifique à la prescription de médicaments, il existe des règles simples de rédaction des ordonnances. Il est impératif de garder à l’esprit le fait que l’ordonnance est avant tout un outil de communication entre le médecin et son patient et que sa rédaction peut s’avérer lourde de conséquences. Service juridique de la CSMF Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 > p. 13 > VIE DU CABINET >AGAPS LES REVENUS DES MÉDECINS EN 2007 La tendance générale de 2007 est plutôt à la stabilisation des revenus des spécialités techniques alors que ceux des spécialités cliniques progressent. Dans le cadre de sa mission de prévention des risques économiques, l'AGAPS (association de gestion agréée des professions de santé www.agaps.com) a fourni en juillet à ses adhérents, des tableaux statistiques relatifs à leur profession. Ces études ont été établies sur la base d'échantillons représentatifs de la population adhérente, les chiffres étant extraits des déclarations n° 2035 établies en 2007 par les praticiens exerçant à titre individuel. Par exercice individuel on entend exercice seul, en Société Civile de Moyens (SCM) ou Convention de Partage de Frais (CPF). Les chiffres des praticiens partageant des honoraires en Sociétés de Fait (SDF) ou Sociétés Civiles Professionnelles (SCP) n’ont pas été pris en compte, ce qui peut avoir des incidences sur la représentativité des revenus des anesthésistes et radiologues qui recourent plus fréquemment à ces modes collectifs d'exerciceLes tableaux reprennent des moyennes > qui indiquent les tendances de revenus de nos adhérents. Les chiffres exprimés en euros courants ne tiennent pas compte de l'inflation qui s'est élevée à 1,5 % en 2007. Une analyse plus précise de nos statistiques montre que le revenu varie fortement en fonction : ■ ■ Des conditions d'exercice : ainsi, les médecins exerçant en SCM ou CPF gagnent en moyenne 16 % de plus que leurs confrères exerçant seuls, du fait des économies réalisées par la mise en commun des dépenses. Du secteur d'exercice : les praticiens du secteur 2 ont des revenus supérieurs de près de 20 % à ceux du secteur 1, hormis les généralistes pour lesquels la tendance est inversée. Les écarts de revenus entre secteurs sont particulièrement visibles pour les chirurgiens, obstétriciens et ORL. Du lieu géographique : sur l'ensemble des adhérents, le revenu moyen en province est supérieur de 4,8 % à celui déterminé pour la région parisienne. Cette tendance est particulièrement vraie pour les dermatologues et les ORL. En revanche, les chirurgiens et les obstétriciens de province ont des revenus inférieurs à ceux de leurs homologues parisiens. ■ Du sexe : la différence de revenus entre les hommes et les femmes est frappante même si elle tend à diminuer. Les femmes médecins gagnent en moyenne 33,7 % de moins que les hommes en 2007 alors que la tendance était de près de 40 % en 2006. Toutes les spécialités sont concernées par cet écart de revenus hommes – femmes mais il culmine chez les ophtalmologistes, chirurgiens et rhumatologues. Une hausse modérée du résultat soutenue par la progression du chiffre d'affaires … L'excédent d'exploitation représente le montant des recettes nettes diminuées du total des dépenses. Son évolution est souvent plus significative que celle du bénéfice, notamment pour les spécialités ayant une forte proportion de médecins du secteur 1. En effet, contrairement au bénéfice, l'excédent ne tient pas compte des diverses corrections fiscales : déduction forfaitaire de 2 %, abattements conventionnels, exonération ZFU... EXCÉDENT Anesthésistes Biologistes Radiologues Anatomo-pathologistes Chirurgiens Ophtalmologistes Stomatologues Cardiologues Obstétriciens Gastro-entérologues Orl Rhumatologues Généralistes Dermatologues Pédiatres Gynécologues Psychiatres Endocrinologues p. 14 < ■ Moyennes 2007 176.034 € 170.727 € 156.429 € 129.647 € 128.322 € 118.970 € 113.494 € 97.932 € 96.515 € 89.290 € 85.951 € 82.793 € 80.625 € 76.803 € 74.050 € 64.618 € 62.397 € 51.158 € Evolution 2006/2007 - 1,8 % - 16,2 % + 3,3 % 0% - 3,2 % + 1,3 % + 9,5 % - 0,1 % - 2,0 % + 6,3 % + 6,1 % + 13,1 % + 3,2 % + 6,9 % - 5,3 % - 2,1 % + 3,6 % + 6,8 % Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 CHIFFRE D'AFFAIRES * Moyennes 2007 283.847 € 678.277 € 392.685 € 310.826 € 250.447 € 235.213 € 268.636 € 190.762 € 190.580 € 181.010 € 180.321 € 153.195 € 139.936 € 156.140 € 133.349 € 137.708 € 114.231 € 98.699 € Evolution 2006/2007 - 1,8 % - 12,3 % + 0,9 % + 4,6 % + 2,4 % + 2,5 % + 6,4 % + 1,0 % - 1,5 % + 4,3 % + 4,6 % + 7,9 % + 2,4 % + 4,2 % - 3,4 % + 0,6 % + 0,7 % 0% * = recettes nettes à se stabiliser en 2007. Il en est ainsi pour les radiologues, anesthésistes, cardiologues, biologistes et chirurgiens. Pour ces derniers, la hausse modérée des recettes ne se répercute pas sur le bénéfice qui diminue de 3,2 % en raison de l’aggravation des dépenses. Notons le cas des anesthésistes qui enregistrent une stagnation de leur revenu après une année 2006 marquée par une hausse de près de 10 % des recettes. Les cardiologues voient leur excédent diminuer de 0,1 % du fait de la faible évolution du chiffre d'affaires (+ 1 %). Enfin, les obstétriciens sont les perdants des spécialités techniques : leur chiffre d’affaires et leur résultat baissent respectivement de 1,5 % et 2 %. Les spécialités cliniques se classent, quant à elles, dans le peloton de queue de l'échelle des revenus. La série de mesures décidée en 2006 pour soutenir financièrement les spécialités « perdantes » du parcours de soins ont permis de faire progresser les revenus des rhumatologues (+ 13,1 %) et des dermatologues (+ 6,9 %). Les ophtalmologistes tirent leur épingle du jeu en présentant un résultat, dont l’évolution suit l'inflation, supérieur de plus de 30.000 ¤ à celui des généralistes. Leur activité est soutenue à un niveau élevé par la carence en praticiens, notamment en province. Les gynécologues et pédiatres ont un revenu qui diminue (- 2,1 % et – 5,3 %) tandis que les psychiatres maintiennent leur bénéfice en légère hausse. Enfin, les endocrinologues présentent les revenus les moins élevés, leurs honoraires ayant stagné voire baissé si on tient compte de l'inflation : ils pâtissent des dysfonctionnements concernant la mise en place du complément d'honoraires prévu dans la Convention nationale des médecins et spécialistes en 2006. > VIE DU CABINET L'AGAPS confirme l'évolution des revenus des généralistes de 3,2 % avec un excédent de 80.625 € pour 2007. Ce revenu se situe en milieu de tableau, les spécialités techniques et les ophtalmologistes occupant les premières places, les spécialités cliniques occupant les dernières. Le revenu et les recettes suivent la même courbe. La multiplication des mesures tarifaires a permis de soutenir la croissance des recettes d’une façon plus ou moins importante selon les spécialités. La corrélation entre la croissance des recettes et celle de l'excédent se retrouve dans toutes les spécialités hormis chez les cardiologues, les gynécologues et les chirurgiens. Les professions facturant des actes techniques avaient bénéficié d'une augmentation de leurs tarifs grâce à la mise en place de la Classification Commune des Actes Médicaux. Cela tend … expliquée par la maîtrise des charges professionnelles. INVESTISSEMENTS Dotations aux amortissements Anesthésistes Biologistes Radiologues Anatomo-pathologistes Chirurgiens Ophtalmologistes Stomatologues Cardiologues Obstétriciens Gastro-entérologues Orl Rhumatologues Généralistes Dermatologues Pédiatres Gynécologues Psychiatres Endocrinologues Location de matériel Moyennes 2007 Tendance Moyennes 2007 Tendance 1.123 € 5.248 € 17.806 € 18.900 € 10.311 € 26.394 € 5.109 € 9.293 € 1.670 € 11.198 € 4.440 € 7.346 € 4.151€ 5.657 € 3.322 € 10.138 € 2.920 € 4.681 € 2.829 € 7.987 € 2.848 € 4.215 € 3.418 € 1.897 € 2.353 € 1.554 € 3.231 € 3.507 € 1.912 € 622 € 2.641 € 2.164 € 1.925 € 250 € 1.144 € 0€ CHARGES SOCIALES PERSONNELLES Anesthésistes Biologistes Radiologues Anatomo-pathologistes Chirurgiens Ophtalmologistes Stomatologues Cardiologues Obstétriciens Gastro-entérologues Orl Rhumatologues Généralistes Dermatologues Pédiatres Gynécologues Psychiatres Endocrinologues Moyennes 2007 34.310 € 36.736 € 28.703 € 19.754 € 36.698 € 32.843 € 24.230 € 24.835 € 27.769 € 23.510 € 26.346 € 22.006 € 18.013 € 21.541 € 23.189 € 22.906 € 21.360 € 18.194 € Tendance PRIMES D'ASSURANCE La maîtrise des dépenses professionnelles explique la bonne tenue des résultats 2007. En effet, les dépenses totales des médecins n'ont augmenté que de 0,2 %. A titre d'exemple, malgré la stagnation de leur chiffre d'affaires, les endocrinologues ont pu augmenter leur résultat grâce à une baisse drastique de leurs dépenses de 6,5 %. Seuls les chirurgiens et les cardiologues voient leurs dépenses totales augmenter, en raison, pour les premiers, de la hausse de leurs charges sociales et redevances et, pour les seconds, d'une augmentation des investissements. Contrairement aux années précédentes, les charges sociales se sont stabilisées à – 0,7 % pour les médecins et - 9,7 % pour les biologistes. IMPÔTS ET TAXES * Moyennes 2007 Tendance Tendance 8.290 € 1.998 € 3.357 € 1.285 € 9.352 € 2.013 € 2.450 € 1.702 € 6.140 € 2.024 € 3.359 € 1.168 € 855 € 1.481 € 973 € 2.596 € 979 € 1.034 € * Somme de la CSG déductible, taxe professionnelle et autres impôts Parmi elles, les charges sociales obligatoires se maintiennent à + 0,7 % et les charges sociales facultatives augmentent de 10 %, illustrant la tendance à un recours accru aux cotisations volontaires au titre de la Loi Madelin. Dans l'ensemble, la masse salariale est en augmentation depuis 2006 ainsi que les investissements, sauf pour les généralistes, les pédiatres et les endocrinologues. La hausse des investissements est soutenue par l'utilisation renforcée de la location de matériel. Enfin, la mise en place d'un système d'aide à la souscription des primes d'assurance a contribué à une baisse de cellesci pour les chirurgiens, les obstétriciens et les radiologues. En revanche, les anesthésistes ont vu leurs primes continuer d'augmenter malgré ce système d’aide. Celles-ci représentent dorénavant près de 2,9 % de leur chiffre d'affaires alors que ce taux n'atteignait pas 2,5 % les années précédentes. Les autres postes de dépenses se sont, dans l'ensemble, maintenus à leur niveau antérieur. L'évolution des revenus 2007, globalement en hausse, est soutenue par la maîtrise des dépenses professionnelles. L’écart traditionnel de revenu perdure entre les disciplines à forte densité d'actes techniques qui perçoivent les revenus les plus élevés et ceux à forte densité d'actes cliniques. On constate néanmoins une évolution à la baisse des revenus des spécialités techniques pendant que ceux des spécialités cliniques semblent en voie de rééquilibrage, orientées à la hausse. L’analyse des chiffres 2008 permettra de confirmer ou d’infirmer cette tendance. Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 > p. 15 Claude Maffioli en grande conversationXX xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx Un moment de détente entre les ateliers HOPITAL Des débats particulièrement animés entre la salle et les intervenants des tables rondes XIVe université d’été de la CSMF Une université d’été marquée par l’amende infligée à la CSMF par le conseil de la concurrence. Le moment crucial de l’inscription La nouvelle formule du Médecin de France a été dévoilée à Cannes p. 16 < Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 Les sur chaussures blanches pour marquer la protestation des confédérés face à une année 2008 blanche en matière de revalorisation. ROSELYNE BACHELOT A RATÉ UNE OCCASION > DOCUMENT >XIVe UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DE LA CSMF Placée sous la lumière de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2009, la ministre de la Santé n’est pas parvenue à rassurer sur les véritables intentions de son projet « Hôpital, patients, santé et territoires » > En se rendant à Cannes à l’Université d’été de la CSMF, Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a certainement mesuré ellemême les effets fâcheux d’une inversion de calendrier. Comment apaiser les craintes des médecins au sujet du projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires », lorsqu’en même temps l’on promet qu’il sera l’objet de concertation, on s’apprête à présenter un projet de loi de financement de la sécurité sociale drastique et que l’on met aux revalorisations tarifaires, déjà actées, des conditions rigoureuses auxquelles les partenaires conventionnels sont sommés de se conformer. La feuille de route qui leur est assignée est claire. Le président de la République l’a d’ailleurs rédigé récemment : mettez en place une régulation de la démographie médicale et des dépassements d’honoraires. Sinon l’État s’en chargera à votre place et les revalorisations tarifaires attendront encore un peu. Dans ce contexte, il est évident que les propos de la ministre ne pouvaient pas passer. Pourtant, avant de lui céder la parole, Michel Chassang, lui avait posé un certain nombre de questions précises. « Pourquoi vouloir étatiser (le système) en confiant les agences régionales de santé et leur pilotage national à l’État ? Quel avenir allez-vous donner à la convention nationale dont on sait qu’elle sera déclinée régionalement, que des contrats régionaux, voire individuels avec les professionnels pourront être signés ? Quelles articulations entre le national et le local, en particulier avec les Cpam, lieu pertinent du suivi des conventions. Profession de foi Le président de la CSMF a également redit sa crainte de voir le schéma régional de l’offre de médecine ambulatoire devenir opposable, instaurant une carte sanitaire comme il y a une carte scolaire. Le mécontentement des médecins à propos des sanctions envisagées à tout propos à l’encontre du corps médical, ne peut pas ne pas être parvenu aux oreilles de la ministre. La peur de revoir venir les lettres clefs flottantes également. Bref, la ministre avait là l’occasion de prendre des engagements précis. Elle s’est contentée d’une profession de foi dont on vérifiera sous peu si elle était sincère ou non. « Comment douter de mon attachement à la relation conventionnelle qui unit les professionnels de santé libéraux à l’assurance maladie ? », s’est-elle exclamé la main sur le cœur. « Les conventions nationales seront sanctuarisées. Il n’est pas question d’objectifs régionaux de dépenses d’assurance maladie ni de conventions locales ». Le schéma régional de l’offre de soins ambulatoires ne sera opposable… Puisse les successeurs de l’actuel gouvernement avoir le même point de vue, car tout est en place pour qu’ils le deviennent. Ils serviront « de fondement » aux mesures de régulation conventionnelles qui pourront être prises au niveau national, explique la ministre. Comment ? On verra. La ministre de la Santé ne nie pas que les professionnels et les maisons de santé pourront passer directement des contrats avec l’agence régionale de santé « pour percevoir les aides et subventions disponibles qui seront simplifiées et développées », mais, promis, juré, « cette démarche ne signifie en aucun cas la fin de la liberté d’installation… » Omniprésence des ARS ? L’agence régionale sera-t-elle toute puissante ? Elle sera « l’interlocuteur unique » des professionnels de santé, nuance… Elle aura des délégations départementales, « au plus près des réalités territoriales ». Et l’ensemble des professionnels de santé est appelée à « collaborer » avec elle. Chaque union de professionnels pourra « contracter » avec elle « pour l’accomplissement de différentes missions ». Enfin, les professionnels de santé pourront s’organiser au niveau local « de la manière la plus adaptée à leurs environnements et à leurs pratiques ». Mais pas question de tout chambouler. « L’assurance maladie, les syndicats de professionnels de santé, la convention, le ministère, tous ces acteurs restent au niveau national dans leur pureté de cristal ». Mais, le cristal, c’est beau… c’est aussi extrêmement fragile quand on veut lui faire jouer une autre partition que la sienne. > La valse des sur chaussures Les cadres de la CSMF avaient, pour accueillir la ministre, passé des sur chaussures blanches en référence à l’année blanche que sera 2008 en matière de revalorisations. C’était bien évidemment un clin d’œil, destiné à détendre l’atmosphère, mais aussi à savoir de quoi sera fait 2009. Las ! Les 300 praticiens réunis dans la salle dans l’espoir d’entendre quelques bonnes nouvelles sont restés sur leur faim… Le montant de l’objectif national des dépenses d’assurance maladie n’était pas toujours fixé. La ministre s’est contentée - arbitrage oblige – de dire qu’elle souhaitait qu’il soit « équilibré entre la ville et l’hôpital » et que l’enveloppe consacrée aux soins de ville soit « réaliste ». Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2009 éclairera sur le sens concret qu’il faut donner à ces termes. Et l’on saura, si l’an prochain, à la même époque, les cadres CSMF devront conserver leurs sur chaussures blanches pour accueillir la ministre des comptes ou les ôter pour accueillir la ministre de la Santé. Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 > p. 17 L’HÔPITAL : UNE RÉFORME PRIORITAIRE > DOCUMENT >XIVe UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DE LA CSMF La CSMF le redit avec force par la voix de son président. « Il n’est pas question que la médecine de ville soit la variable d’ajustement du système et la force d’appoint de l’hôpital ». Un hôpital qu’il est grand temps de réformer. Mais comment ? La question a été débattue avec de nombreux experts au cours de quatre ateliers. Synthèses. > « LES MÉDECINS LIBÉRAUX, L’HOSPITALISATION ET LA RÉORGANISATION DU SYSTÈME DE SANTÉ… » UNE QUESTION TRÈS POLITIQUE Quelle place demain pour les médecins libéraux et qui sera leur interlocuteur ? La réponse ne peut être exclusivement technique. Elle est avant tout politique. En effet, comme le souligne Yves Bur, député UMP du Bas-Rhin et membre de la commission des Affaires sociales, la santé est devenu « un fait politique », et les mesures prises pour améliorer le système de santé, ne peuvent se contenter d’être techniques. En douterait-on que le projet de loi de Roselyne Bachelot, « Hôpital, patients, santé et territoire » serait là pour le rappeler. Que peut-on en attendre ? C’est la question qui a été posée à chacun des intervenants à cet atelier. Pour le député UMP du Loiret et secrétaire de la commission des Affaires sociales, JeanPierre Door, l’urgence est de répondre aux préoccupations des Français sur l’accès aux soins de premier recours ; encore faut-il préciser ce que l’on entend par là. La loi en donne une définition. « Mais rien n’est figé », souligne le député du Loiret qui souhaite également que la réforme hospitalière soit menée à bien et que la prévention devienne « un véritable objectif ». Quant au médecin libéral, il est, selon lui, « le chef d’orchestre » du système de soins. Responsabiliser les acteurs Yves Bur, de son côté, estime que « le système fonctionne dans une certaine irresponsabilité ». Il convient donc, selon lui, de responsabiliser les acteurs à tous les niveaux, à commencer par les hommes politiques qui seront comptables devant les Français. Si le député du Bas-Rhin s’inquiète de la cohérence nationale des politiques menées par les futures agences régionales de santé (ARS), il souhaite en revanche qu’elles jouissent d’un espace d’autonomie, sans lequel la nouvelle organisation échouerait. En revanche, il faut les doter d’outils. Aussi souhaite-t-il que les schémas régionaux d’organisation des soins soient « opérationnels ». Le constat que fait le directeur de l’assurance maladie, Frédéric Van Roekeghem, selon lequel « l’augmentation des dépenses de santé est complètement imputable à l’augmentation des pathologies lourdes et chroniques », impose « de mieux s’organiser » et d’améliorer l’efficience du système. Il faut, selon lui, agir dans trois directions. Développer la prévention d’abord. Améliorer le recours aux soins ensuite, ce qui, selon le directeur de l’Uncam, nécessite de réfléchir à une hiérarchisation des traitements et obligera sans doute à faire des choix. Mais, - et c’est le troisième axe – il convient aussi de résorber les écarts de coûts qui peuvent exister au sein de l’hospitalisation. « Il y a des marges d’optimisation », affirme-t-il. Pierre-Louis Bras qui fut directeur de la Sécurité sociale au ministère de la Santé, s’interroge sur les leviers dont disposeront réellement les directeurs d’ARS sur la médecine de ville. Il est de ceux qui pensent, que les partenaires des médecins libéraux resteront les caisses d’assurance maladie. Il est sans doute tôt pour dessiner ce que sera l’organisation des ARS, mais, quoi qu’il en soit, le directeur de l’Uncam pense qu’elles seront « désireuses de s’appuyer sur l’assurance maladie », laquelle a « une culture de contractualisation ». Il appartient aux politiques, aux parlementaires, d’en dessiner les contours et préciser les missions. > Négociations la corde au cou Il était difficile de parler de la réorganisation du système de santé et de la place qu’y prendront les médecins libéraux et les hôpitaux sans évoquer les enveloppes respectives qui seront allouées aux uns et aux autres dans le cadre de l’objectif national des dépenses d’assurance maladie, ce fameux Ondam que les parlementaires adoptent en même temps que la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS). Force est de reconnaître que, jusqu’à présent, il a toujours été fixé de façon « pifométrique ». Yves Bur, député UMP du Bas-Rhin, rapporteur du PLFSS, le reconnaît lui-même, celui de 2007 par exemple a été un « Ondam électoral ». Pour le prochain, les marges de manœuvre seront étroites, « compte tenu du contexte économique et financier », constate Yves Bur. Le redressement des comptes de l’assurance maladie ne se fera pas en une année. « Il faudra trouver des ressources nouvelles, mais aussi de nouvelles formes de régulation », prévient celui qui fut le rapporteur du PLFSS pour 2008 pour les recettes et l’équilibre général. Selon lui, les négociations conventionnelles devront s’inscrire « dans une trajectoire de retour à l’équilibre ». Et comme le souligne le directeur de l’Uncam, Frédéric Van Roekeghem, les partenaires conventionnels « ont l’ardente obligation » de parvenir à un accord. Sous entendu : sinon, quelqu’un d’autre se substituera à eux et les décisions risquent d’être « plus brutales »… Les médecins sont prévenus. Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 > p. 19 < Table ronde : Comment la place du médecin dans le système hospitalier peut-elle évoluer ? Experts : Marc ATTIA, Président Directeur Général de CAPIO France, Francis FELLINGER, Président de la Conférence des Présidents de CME des hôpitaux généraux, Elisabeth HUBERT, Présidente de la Fédération Nationale des Etablissements d’Hospitalisation à Domicile, Guy VALLANCIEN, Secrétaire Général du Conseil National de la Chirurgie, Philippe LEDUC, Directeur Général du Pôle Presse et Edition de CMP Medica France, Jean HALLIGON, Président de la Conférence Nationale des Présidents de CME de l’Hospitalisation Privée. > SORTIR LES HÔPITAUX DE LEUR CITADELLE « Quels les nouveaux leviers pour améliorer la relation entre la médecine de ville et l’hôpital ? » Décloisonner, le mot reviendra souvent dans la bouche des participants à cet atelier. L’hôpital est, de tous les services publics, celui qui tient le plus à cœur aux Français. Mais le conseiller du délégué général de la Fédération hospitalière de France, Pierre Lesteven, ne s’y trompe pas : si l’hôpital veut conserver ce succès d’estime, « il doit changer sa façon de travailler » et trouver des modes de coopération avec la médecine de ville. C’est d’autant plus nécessaire que, comme le rappelle Gérard Galliot, médecin généraliste à Saint Piat (Eure et Loir), un médecin sur deux participe aux activités hospitalières en y assurant des vacations, en participant à la régulation des urgences, en suivant ses patients à l’hôpital local… Si les relations ont été améliorées grâce au parcours de soins, beaucoup reste à faire. A commencer par mettre fin aux caricatures. Non l’hôpital local n’est pas « un hôpital au rabais » ; il est soumis aux mêmes règles de sécurité que le CHU, rappelle Daniel Bigard, vice président de l’association des médecins généralistes de l’hôpital local, mais à l’inverse, il offre une prise en charge de proximité. Il pourrait même être un exemple de souplesse pour les autres hôpitaux, puisque les libéraux peuvent y suivre leurs patients, tout en restant payés à l’acte. A missions identiques, moyens identiques, revenus identiques. En effet, à l’heure où les cliniques privées rempliront des missions de service public, comme la formation ainsi que l’appelle de ses vœux, Jean Loup Durousset, président de la Fédération de l’hospitalisation privée, et où, inversement, on cherche à intéresser les praticiens hospitaliers à l’activité de leur service, il faudra bien trouver des modes de rémunération adéquats. A missions identiques, moyens identiques et revenus identiques… Plus facile à dire qu’à faire. Néanmoins, Luc Allaire, représentant de la direction de l’hospitalisation et de l’offre de soins au ministère de la Santé, insiste sur la démarche de décloisonnement inscrite dans la future loi « Hôpital, patients, santé et territoires ». Le projet de loi, affirme-t-il, « ouvre la possibilité de recruter des médecins libéraux dans l’ensemble des hôpitaux publics », il tend « à rapprocher les modes de financement », et permet de « détacher des missions de service public pour les confier aux cliniques ». Quant aux futures agences régionales de santé (ARS), elles seront désormais l’interlocuteur de la médecine ambulatoire, des établissements de santé et du médico-social. Des conventions pourront être conclues entre ces secteurs pour « fluidifier les flux » tant en amont qu’en aval de l’hôpital. La présidente de l’intersyndicat national des praticiens hospitaliers, souligne que les jeunes souhaitent exercer un temps en libéral, un temps à l’hôpital. Il faut donc, selon elle, rénover le statut des temps partiels. Mais Rachel Bocher met en garde les médecins, tant libéraux qu’hospitaliers, de « ne pas se laisser enfermer dans des contrats avec des objectifs et une évaluation dont nous ne serions pas parties prenantes…. » Liberté de prescription… liberté de choix Pascal Champvert, président de l’association des directeurs d’établissements pour personnes âgées, a attiré l’attention sur un risque sérieux, à savoir la demande faite au médecin coordinateur d’un établissement pour personnes âgées de contribuer à la bonne adaptation des médicaments à la gériatrie, ce qui entre en contradiction avec la liberté de prescription. La tendance, selon lui, risque encore de s’aggraver puisque le projet de loi de financement de la sécurité sociale prévoit d’intégrer les médicaments au budget des établissements. Comme le fait remarquer un médecin bordelais, on commence par retirer la liberté de prescription et l’on revient sur la liberté donnée au résident de choisir son médecin traitant. Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 > p. 21 > DOCUMENT > LE MÉDECIN, GARDE-FOU DES DÉRIVES PRODUCTIVISTES « Comment la place du médecin dans le système hospitalier peut-elle évoluer ? » Une question majeure dans les années qui viennent. Deux évolutions de l’exercice de la médecine sont envisageables. D’un côté, le praticien tend à devenir, selon les mots de Guy Vallancien, « un producteur de soins » dont l’activité peut et doit s’évaluer à l’aide d’indicateurs objectifs. De l’autre, le médecin aura à répondre à une demande de prise en charge globale, dont la réponse ne peut, selon Francis Fellinger, président de la conférence nationale des présidents de CME des hôpitaux généraux, entrer aisément dans « une équation d’industrialisation ». Mais dans l’un et l’autre cas, le médecin est appelé à exercer au sein d’une équipe hospitalière ou en collaboration avec d’autres professionnels de santé. Et dans les deux cas, il lui faudra probablement s’impliquer dans le management de la structure hospitalière, au sein de la commission médicale d’établissement ou dans l’équipe de direction, pour, dans le premier cas, offrir un contre poids éthique aux risques de dérive « productiviste », et dans l’autre, apporter la plus value du regard médical. Dans les deux cas, « l’établissement de santé ne peut fonctionner », nous dit Francis Fellinger, que s’il y a une cohérence concrète, d’où l’importance du « couple » formé par le directeur général et le président de la CME. Si le mot de « productivité » est volontiers prononcé par Guy Vallancien pour responsabiliser les acteurs, le principe de « l’intéressement » ne fait pas peur à Francis Fellinger qui demande toutefois à ce qu’en soient précisées les modalités d’action. Et surtout, ce dernier met en garde contre l’illusion qui consiste à croire « que la simple amélioration de la productivité permettra de résoudre les problèmes financiers » des établissements et du système de santé. Structurer les CME dans les établissements privés L’ensemble de ces évolutions amène tout naturellement à poser la question de la place des médecins dans les établissements privés. Jean Halligon, président de la conférence de CME de l’hospitalisation privée souhaite d’une part que « le projet médical soit placé sous la responsabilité de la CME » et que, d’autre part « les fonctions transversales soient identifiées et reconnues ». Selon lui, la CME est là pour garantir la qualité des soins. Aussi demande-t-il que la loi instaure une exigence de structuration des CME dans le secteur privé. La place des médecins se pose encore davantage lorsqu’il s’agit d’établissements appartenant à des groupes financiers. Pour Marc Attia qui préside aux destinées de Capio France, l’arrivée des financiers « ne s’est pas fait au détriment du système de santé, mais pour le tirer vers le haut », en mutualisant les moyens et les équipes. Mais, reconnaît-il, « l’émergence du corps médical dans la gestion des hôpitaux est essentielle ». Et pour rassurer sur les craintes d’une recherche de rentabilité financière immédiate, le PDG de Capio France se dit convaincu que sans vision d’entreprise, « on ne tient pas longtemps ». Vision idyllique ? Certains praticiens le pensent. Surtout que les formes de représentation des médecins dans les hôpitaux privés laissent à désirer. A l’hôpital comme en clinique, la relation nouée entre les praticiens et les établissements de soins devient un véritable enjeu. Hospitalisation à domicile : le médecin traitant est le bienvenu Présidente de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile, Elisabeth Hubert est un ardent défenseur de cette nouvelle forme d’hospitalisation, qui, selon elle, peut être « un instrument de reconquête et de réappropriation par les médecins d’une pratique médicale différente ». Aussi invite-t-elle le médecin traitant à s’y investir et souhaite-t-elle qu’il soit « totalement impliqué », associé en amont à la décision d’admission en HAD, associé au projet de soins et impliqué dans le suivi du patient. A la demande de l’Unof de trouver une convention type pour les médecins libéraux impliqués dans l’HAD, elle conseille de ne pas en laisser le soin aux pouvoirs publics et invitent les médecins « à trouver ensemble une voie » qui ne tourne pas exclusivement autour de la rémunération. TROIS TÉMOIGNAGES, TROIS MISES EN GARDE Il est toujours difficile de prendre les systèmes étrangers comme modèle. En revanche, les expériences étrangères peuvent servir d’enseignement. On retiendra donc des propos de Gaétan Barrette, président de la fédération des médecins spécialistes québécois, la mise en garde suivante : « l’annonce de création d’agences n’est pas une bonne nouvelle car elles instituent un nouveau niveau de pouvoir ». Au Québec, dit-il elles sont un filtre d’informations entre l’État et les établissements. « Elles sont faites pour diviser le corps médical. » Dit placidement avec l’accent québécois, cela laisse à réfléchir. De même en Allemagne, l’expérimentation de structures intermédiaires entre la médecine ambulatoire et la médecine hospitalière n’emporte pas l’enthousiasme des médecins libéraux, car si ces derniers font leur entrée à l’hôpital, les hôpitaux, eux, placent leurs spécialistes dans le secteur ambulatoire. Sur 1200 structures de ce genre, 60 % sont entre les mains de sociétés ou d’hôpitaux. « Les médecins libéraux craignent d’être cannibalisés par les hôpitaux », commente en un français impeccable Wolfgang Meunier, vice-président du KVS. Enfin, en Belgique, où tous les médecins sont payés à l’acte, des mécanismes incitatifs ont été introduits dans les établissements sous la forme de bonus ou de jours de congé. Mais comme la plupart des médecins ne sont pas propriétaires de leur outil de travail, les honoraires servent d’abord à payer le matériel mis à leur disposition par le gestionnaire. « Le suivi des malades porteurs d’affections chroniques », « assurance et finance : outils de la stratégie patrimoniale », tels sont les deux autres thèmes de table ronde abordés à Cannes. Médecin de France en fera le compte rendu dans le prochain numéro. Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 > p. 23 > DOCUMENT >SUR LE GRILL, CHRISTIAN SAOUT... PAS FRANCHEMENT SAIGNANT « Cuisiné » par cinq journalistes, le président du collectif inter associatif sur la santé a fait montre d’un art certain à manier « le chaud et le froid ». > Christian SAOUT président de la Conférence nationale de santé sur le partage des données de santé ». Christian Saout annonce qu’il contestera « cet accord illégal », conclu, selon lui, « dans le dos » des citoyens. On connaît par ailleurs l’hostilité du CISS à l’égard d’un secteur optionnel qui signerait, selon cette organisation, la mort du secteur un. La protection des données de santé est « un vrai souci », aura-t-il l’occasion de redire au sujet du dossier médicale personnel. Et celle-ci ne se marchande pas. Pour protéger le patient contre l’intrusion éventuelle de tiers, il propose que soient adoptées « des sanctions majeures contre ceux qui auraient mésusé des données de santé ». « Responsabilisation contractuelle » Y aurait-il deux Christian Saout, l’un, qui tient dans la presse des propos parfois peu amènes à l’écart des médecins, l’autre qui fait preuve de diplomatie. C’est ce second visage que le président du collectif inter associatif sur la santé (Ciss), a dévoilé à l’Université d’été dont il était l’invité pour « passer sur le grill ». Cinq journalistes en effet l’ont interrogé sur des questions d’actualité, où les positions du représentant des patients et de ceux des praticiens libéraux sont sensiblement divergentes. A Cannes, l’actuel président de la conférence nationale de santé s’est avéré ouvert au dialogue, tout en restant combatif. D’ores et déjà, il a annoncé le prochain combat qu’il mènera. Le CISS en effet a très mal vécu « l’accord passé entre l’assurance maladie, l’État et la Mutualité française Pourtant les sanctions, Christian Saout n’y est pas habituellement favorable. A celles qui sont prévues à l’égard des médecins, il préfère « une responsabilisation contractuelle ». Toutefois, il n’est pas choqué par l’inversion de la charge de la preuve en cas de refus de soins, instaurée par la loi Bachelot, car dit-il « si la police d’une profession n’est pas faite par l’Ordre », elle sera faite par le juge. Même chose pour la démographie médicale : les mesures incitatives sont préférables aux sanctions, mais en cas d’échec, il faudra y recourir, car, dit-il en substance, « la population ne peut accepter qu’une offre de soins soit solvabilisée par la collectivité et qu’on ne puisse y accéder ». Va-t-on vers une étatisation du système ? Le représentant des usagers ne le croit pas, mais, il ne regrettera pas la disparition d’un système d’où les usagers étaient exclus. « Actuellement nous sommes tributaires de négociations conventionnelles auxquelles nous ne prenons pas part », explique-t-il en appelant à un dialogue entre patients et médecins…. > LE GRAND JURY JUGE LE PROJET DE RÉFORME Le « grand jury », amené à se prononcer sur ce qui a été dit par les experts et la ministre de la Santé à Cannes, a exprimé clairement ses réserves à l’égard de la réforme qui se profile. La contractualisation avec les agences régionales de santé ? « Un danger » pour Didier Quacchia (ORL à Troyes), « une perspective d’étatisation ; une menace pour les relations conventionnelles » pour Jean-Luc Baron (chirurgien à Montpellier). Le sort réservé aux médecins ? Pas fameux : « si les praticiens ne se sentent pas bien dans leur métier, la qualité des soins s’en ressentira », affirme Sophie Ramel (généraliste, vice-présidente de la CSMF dans la Drôme). La réforme de l’hôpital ? Véronique Fauchier (généraliste, présidente du conseil de l’ordre d’Eure et Loir) doute qu’elle sera rapidement mise en place. La place des libéraux dans les établissements publics ? « De bonnes intentions, selon Nathalie Carlotti (gynécologue à Rennes, présidente de la CSMF d’Ille et Vilaine ), mais force est de constater que les médecins attachés… peinent à se faire reconnaître. » L’Ondam 2009 ? « Aucune réponse n’a été apportée à cette question », déplore Bruno Catalan (généraliste, secrétaire général CSMF de la Haute-Saône). Le futur statut du spécialiste libéral ? « Flou », estime Philippe Durandet (cardiologue, secrétaire général de la CSMF de Charente maritime). Le paiement au forfait, envisagé pour certaines missions ? Shashi Bachun (généraliste à la Réunion, secrétaire général de la Csmf Jeunes) redit clairement son opposition à ce mode de rémunération. Bref, ce n’est pas l’enthousiasme. Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 > p. 25 Dans le Jura, le Chef de l’Etat a prononcé un discours sur la politique de santé et la réforme du système de soins. Après avoir défendu les franchises, il demande que « le débat au Parlement permette d'améliorer encore le contenu de la réforme » Hôpital, patients, santé et territoires. Pour les médecins libéraux, Nicolas Sarkozy souhaite revoir les conditions d'installation sur le mode incitatif et attend des mesures opérationnelles « pour la fin de l'année » de la part des partenaires conventionnels. Le chef de l’Etat a également pressé les syndicats de médecins et l'assurance maladie de mettre en place le secteur optionnel avant la fin de l’année et envisage « une forme de régulation adaptée » pour les médecins de secteur 2 qui n'opteraient pas pour le secteur optionnel. La CSMF s’est dite rassurée notamment par la position du président en faveur des mesures incitatives sur démographie médicale qui préserve la liberté d’installation et constate que les engagements pris sur le secteur optionnel au début de l’année ont été tenus. La CSMF qui refuse l’éventualité de mesures coercitives à l’égard du secteur 2 participera à l’amélioration du contenu de la réforme « HPST» . > Le Medef s’inquiète de l’étatisation du système de santé via les ARS Après le président UMP de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, Pierre Méhaignerie, qui avait a jugé trop « étatiste » le projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires », le MEDEF s’inquiète à son tour. Si le MEDEF juge la réforme « ambitieuse » pour l’Hôpital, en revanche, l'organisation patronale note « que les agences régionales de santé (ARS) viendraient donner davantage de pouvoir à l'Etat dans la gestion et la régulation du système de santé, ce qui constitue un retour en arrière préjudiciable par rapport à la réforme de 2004 qui a porté ses fruits ». > ACTU LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE PRIVILÉGIE L’INCITATION POUR LA DÉMOGRAPHIE MÉDICALE ET PRESSE LA MISE EN PLACE DU SECTEUR OPTIONNEL … pendant que le CNOM dénonce une étatisation sans précédent et s’interroge sur la pertinence de la définition du médecin généraliste de premier recours Dans une lettre adressée à la ministre de la santé, le Conseil National de l'Ordre des Médecins a exprimé ses inquiétudes sur l'avant-projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires » estimant que le pilotage par les ARS constituait une « étatisation sans précédent » du système de santé. Très critique sur le projet, le Président du CNOM, Michel Legmann précise que la continuité des soins doit passer par d’autres voies « qu'une planification sanitaire construite sur la défiance envers les professionnels de santé et leur capacité à s'organiser et à répondre aux besoins de la population ». Le CNOM s’interroge également sur la pertinence de la définition du contenu de la médecine générale de premier recours, et sur l'intérêt de « lui assigner des missions ». Pour le CNOM, il est « dangereux de distinguer plusieurs catégories de médecins généralistes, les uns de premier recours entrant dans une organisation étatique, les autres y échappant ou en étant exclus, c'est selon ». Les négociations conventionnelles seront finalisées le 26 novembre Les négociations conventionnelles ont repris le 25 septembre entre l’UNCAM et les syndicats médicaux signataires dont la CSMF. Elles avaient été suspendues sur la signature d’un point d´étape le 24 juillet. La première séance a permis de mettre en application les recommandations du Président de la république en matière de démographie médicale. Les mesures coercitives, semblent abandonnées. Les parties signataires ont travaillé à la définition de mesures incitatives comme ne cessait de le demander la CSMF. Il est notamment question de revoir l’avenant n°20, qui consiste à verser un bonus de 20% aux médecins exerçant dans les zones sous-médicalisées, afin, de l’élargir pour le moduler selon les zones d’exercice plus ou moins déficitaires. Les partenaires conventionnels ont établi un programme de travail sur trois séances pour boucler les négociations le 26 novembre. Les dépenses maladie en augmentation de 4,1% sur les 12 derniers mois, mais les soins de ville restent dans les clous Les dépenses maladie du régime général de la Sécu ont augmenté de 4,1% sur les 12 derniers mois, selon les dernières statistiques de la CNAM. Sur les 8 premiers mois de l'année 2008, les soins de ville connaissent une évolution modérée avec une augmentation de +2,2%, pour un ONDAM ville fixé pour l’année à + 2,8 % (hors franchises). Les soins de ville sont donc « dans les clous » comme l’avait déjà souligné la Commission des comptes de l’Assurance Maladie. Les étudiants recrutent leurs maîtres de stage Pour enrayer la pénurie, les étudiants en médecine de l'ANEMF et les internes de médecine générale de l'ISNAR-IMG ont lancé mercredi, avec le soutien du ministère de la Santé, une campagne nationale de recrutement de maîtres de stages en médecine générale. L’objectif de cette campagne est de recruter 5 000 maîtres de stage, dont le nombre est aujourd'hui insuffisant, parmi les médecins généralistes en exercice, pour assurer une formation de qualité aux internes de médecine. Le Médecin de France I n° 1111 I 30 SEPTEMBRE 2008 > p. 27