Corpus théorique
Les représentations, sont construites à partir de l’environnement dans lequel
est née l’individu, le groupe auquel il appartient et du genre auquel il appartient.
Quand nous parlons de construction des représentations nous parlons d’éducation.
Cette éducation prédétermine le devenir des individus et son appartenance à un
groupe. La capacité d’influence et d’acceptabilité du groupe envers l’individu et le
fait que cet individu s’y adapte naturellement permet la normalisation de cette
société, c’est, à mon sens, la notion de norme sociale. C’est rendre normal un mode
de vie. Les premières questions qui me sont venues à l'esprit étaient " Mais quels sont
les écarts entre nos deux cultures? Comment je peux amener un outil qui soit clair,
ludique et concis sans être en rupture total avec leurs représentations culturelles? Je
me permets de croire en me référent aux travaux de Paul Demunter
1
, qu’il y a bien
des éléments qui nous réunissent. Que nos besoins et nos envies ne sont toutefois pas
si différents, besoins liés à la survie sociale et physiologique mais aussi individuelle
tel que l'accomplissement de soi. L’objectif dans cette recherche est de repérer ces
écarts et comprendre leur action sur l’individu et le groupe. J'espère ainsi que mon
projet ne s'éloigne pas trop de leur conception du monde de la formation.
Afin de mieux comprendre les objectifs de cette recherche, quelques
définitions s’imposent.
Définitions :
Les représentations :
En sociologie, les représentations sont associées au système d’idées. Cela
comprend les idées politiques, sociales, économiques, religieuses, morales,
philosophiques, juridiques, esthétiques, professionnelles, etc. On appelle « idée » une
représentation abstraite et sommaire de quelque chose. On appelle « représentation »
une image mentale dont le contenu se rapporte à un objet, une situation, à un
rapport. Les images mentales accèdent à l’esprit soit par perception des sens, soit par
faculté imaginative, soit par raisonnement spéculatif
2
.
1
Paul Demunter, Comprendre la société, Paris, l'Harmattan, janvier 2002 , 9-42 p
2
Paul Demunter, op.cit. p215
En psychologie, les représentations font parties des fonctions de l’être humain.
« C’est la capacité d’évoquer des objets absents perceptivement, de traiter des
informations les concernant ». De façon plus étendue, « la représentation peut se
rapporter non plus à un objet mais à une classe d’objet définie par un ensemble de
caractères qui appartiennent à ces objet et à eux seulement ». Elle est alors un
concept. « Le mot concept ne s’applique pas à des catégories d’objet concrets. Il peut
s’étendre à des notions abstraites à propos desquelles on pourra continuer à parler de
représentations, plus éloigné de toutes références perceptives »
3
. Ceci explique la
diversité des perceptions et des représentations, elles sont fragmentées en fonction de
la diversité des individus.
Le terme de représentation peut prendre deux sens. « Dans le premier on
parlera d’éléments (images, concept, notion) stockés en mémoire à long terme et
utilisés par l’individu lorsque les circonstances l’exigent. Ce premier sens est
considéré comme l’ensemble des acquisitions, d’un individu, traduites dans ses
structures mentales et l’ensemble de ces éléments est disponible dans un système
latent. L’aspect subjectif de l’expérience vécue par l’individu détermine les
représentations à un moment donné.
Dans le deuxième sens, les représentations sont des processus, une construction
cognitive. Ce fonctionnement est indépendant des éléments concernés (ceux défini
dans le premier sens) »
4
Les représentations sociales :
Pour comprendre ce concept, il faut emprunter à la psychologie sociale.
Denise Jodelet
5
définit les représentations comme "des constructions du réel dans la
communication". Elles sont donc des créations individuelles et collectives. Cette
forme de « connaissance pratique » permet la maîtrise de l’environnement, la
compréhension et l’explication des faits. "C’est un acte de pensés socialement élaboré
qui aboutit au partage d’un système de codage du réel, d’un système de références
qui permet à chacun d’interpréter les faits, d’appréhender le monde, de les classer"
6
.
Les représentations sociales sont l’image et les concepts que l’on se fait de la
société. Elles sont construites et transmises par cette société. En arrivant en France,
ces jeunes chinois viennent avec leur paradigme, avec un ensemble d'idées
3
Maurice Reuchlin ; Psychologie , Vendôme, PUF, Fondamental, avril 1990 p 345
4
Maurice Reuchlin ; op.cit
5
Denise Jodelet, Représentations sociales: phénomènes, concepts et théorie, dans Serge. Moscovici ; La
psychologie sociale. Paris, PUF 1988 p.357-379
6
Serge. Moscovici ; La psychologie sociale. Paris, PUF 1988
correspond à leur culture, fondées sur des informations ou stéréotypes transmis dans
leur pays.
Les stéréotypes :
Les stéréotypes sont des représentations (jugement, sentiment, opinion,
image) simplifiée et déformée d'une réalité par une ou plusieurs caractéristiques
d'une personne ou d'un groupe. Le stéréotype a un caractère réductionniste, et cette
réduction a pour effet d'éliminer les nuances, d'attribuer une image générale à toutes
les personnes d'un me groupe
7
. Les stéréotypes sont des «images dans nos têtes»,
images qui nous font voir le monde social non pas tel qu’il est mais tel que nous
croyons qu’il est, et/ou tel que nous voudrions qu’il soit. Les stéréotypes sont des
croyances collectives visant à attribuer une caractéristique à un individu en raison de
son appartenance à un groupe, une nationalietc Il a un effet de généralisation.
Le stéréotype est un élément de représentation. Dans le cas des stéréotypes de sexe,
tout individu est réduit à des caractéristiques biologiques. Les stéréotypes résistent
au changement : « Nous recherchons les informations qui confirment nos vues en
négligeant celles qui pourraient les infirmer. En fait, nous utilisons les preuves dont
nous disposons pour étayer nos "stéréotypes"
8
. »
Les stéréotypes sont à l’inverse des représentations, non fondés. Ils font
uniquement partis du système imaginaire de l’être humain. Il n’y a ni
conceptualisation, ni construction cognitive, objectives. S’il y a construction, elle est
subjective. Lors de mes observation, j'ai pris du recule avec les stéréotypes asiatique
ou la conscience directe. J'ai observé peut-être timidement, avec la volonde ne pas
intervenir, ce public. Ce qui m'a le plus frapper, c'est la concentration et le sérieux
que ces étudiants mobilisent pour réussir leur apprentissage. En prenant pour
exemple mon expérience d'apprentissage de la langue de Shakespeare, un peu
chaotique, j'ai cru que le défit serait bien plus compliqué. Je n'ai pas cru, de façon très
naïve, qu'ils auraient évolué si vite.
Les représentations professionnelles :
Les représentations professionnelles se définissent comme une catégorie
particulière de représentations sociales
9
. Ce sont des savoirs communs, partagés et
7
Giselle. Delylle ; cours d'épistémologie DUFA 2006-2008.
8
Serge Moscovici, L’ère des représentations sociales , Ed. Delachaux et Niestlé,1996
9
A. Piaser ; Représentations professionnelles à l’école. Particularités selon le statut : enseignant, inspecteur .
Thèse de doctorat en science de l’éducation, Universi de Toulouse- le Mirail p381. 1999
socialement élaborés par les membres d’un groupe, mais qui ne concernent que des
groupes professionnels et des objets saillants dans le champ d’activité occupé par ce
groupe
10
. Ces savoirs sont des ensembles structurés de cognitions, d’attitudes et de
croyances qui définissent la réalité et régulent les pratiques des groupes qui en sont
porteurs
11
. En ce qui concerne ma mission je vais devoir m'imprégner du champ
professionnel des métiers de l'audiovisuel.
Ce que l’on sait en psychologie : J.Piaget et Lev.Vygotsky :
En psychologie, je fais référence aux recherches de J.Piaget
12
sur la
construction intellectuelle de l’individu et ses représentations du monde
13
. Cette
étude me permet de mieux comprendre comment se construit l'individu
intellectuellement, quels sont les schémas en termes d'apprentissage? Comment se
sont-ils construis dans leur milieu sociale? Vais-je rencontrer des mécanismes
d'apprentissage complètement différents des nôtres? Quelles sont leurs habitudes
face à l'environnement "scolaire"? Une de ses études concernées, présente « la théorie
de l’intelligence ». Cette théorie a pour objectifs de comprendre quel est le processus
de développement de l’intelligence. Elle me permet de croire qu'il y à des
mécanismes que je ne pourrais pas changer car bien trop incorporés. Pour J.Piaget, ce
développement comporte des phases bien distinctes qui ne s’expliquent pas
uniquement par l’accumulation des progrès antérieurs. C’est-à-dire par la
construction des connaissances. Il distingue pour chaque stade du développement
des « changements qualitatifs typiques ».
Cette indication me semble intéressante car elle permet de bien comprendre
d'où et comment se construis les écarts mesurés par XU Yan et ROBERT Jean-michel.
Mais aussi de faire le lien entre les deux études, c'est à dire les corrélations entre les
acteurs, la société, la culture, les méthodologies, qu'ils soient français et chinois.
Ces stades sont
14
:
10
Serge Moscovici, ISA, l’induction par scénario ambigu. Une méthode pour l'étude des représentations
sociales, 1976.
11
J-C. Abris, « les représentations sociales : aspect théorique » ed, pratiques sociales et représentations, PUF
paris 1994
12
J.Piaget ; Y.Georges, P.Higele , La présentation de la théorie de l’intelligence, Paris Delachaux et Niestlé ,
1989
13
J.Piaget, ed Delachaux et Niestte le jugement et le raisonnement chez l’enfant, Neuchâtel, Paris 1924
14
J.Piaget ; Y.Georges, P.Higele , La présentation de la théorie de l’intelligence, dans Maurice Reuchlin ;
Psychologie , Vendôme, PUF, Fondamental, avril 1990 p 229-248
Le stade sensorimoteur : qui se développe de la naissance à l’acquisition de la
langue. L’enfant résout les problèmes par l’action. L’espace et les rapports spatiaux
se construisent sur le plan perceptif. C’est l’apprentissage par imitation.
Cette étape est importante car l’enfant intériorise les signifiés. Ces signifié sont
incomplets dans l’imitation mais complets dans l’image mentale. L’intériorisation des
signifiés ouvre la voie aux opérations d’actions intériorisées. L’acquisition de la
fonction sémiotique apparaît comme une sorte de passage obligé entre le stade
sensorimoteur (où il n’y à pas de représentations) et la pensée opératoire. Pendant le
stade sensorimoteur, l’imitation ne constitue d’abord qu’une sorte d’assimilation
automatique, de contagion. Puis l’enfant imite par intérêt, l’imitation devient une
représentation en actes ». Les représentations proprement dites apparaissent lorsque
l’imitation est différée (une ou deux heures après). L’imitation est intériorisée
15
.
Le stade préopératoire : qui se développe de l’acquisition du langage à 7-8 ans, est
l’intelligence représentative. L’enfant se représente les choses. C’est l’intériorisation
des actions, mais il n’y a pas d’opérations logiques. J.Piaget fait la co-relation avec la
notion d’égocentrisme sur l’enfant, il ne fait pas la différence entre son propre point
de vue et celui des autres. Il se représente les choses en fonction de l’environnement
dans lequel il vit. L’enfant apprend « par ur », il s’approprie les représentations. Il
crée des concepts en fonction de ce qui lui est transmis. Il y a construction des
représentations. C’est l’acquisition des représentations environnementales, l’enfant
prend les informations pour sienne.
Le stade des opérations concrètes : est caractérisé par la réversibilité (7-8 ans à 11-
12ans). Le fait que l’enfant est capable de revenir sur ce qu’il ne sait pas, il devient
alors capable d’en analyser ses conséquences. L’enfant fait des opérations logiques et
infra logiques (dans le temps et l’espace). Ces opérations ne sont pas formalisées par
l’enfant et la réversibilité est de court terme. L’enfant entre dans un processus de
réflexion, il se pose des questions. Il fera évidement, référence aux représentations
qu’il a construites auparavant.
15
Maurice Reuchlin, op.cit , p 349
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