Le Fascia Transversalis sous

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE
2000-2001
UNIVERSITE DE NANTES
Le Fascia Transversalis sous-ombilical
Par
Martin Gaëlle
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Vice-Président :
Pr. J. LEBORGNE
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. C. BEAUVILLAIN
Dr. F. CAILLON
Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Pr. A. DE KERSAINT-GILLY
Pr. B. DUPAS
Pr. D. DUVEAU
Pr. Y. HELOURY
Pr. P.A. LEHUR
Pr. J.P. MOISAN
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. D. RODAT
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE
2000-2001
UNIVERSITE DE NANTES
Le Fascia Transversalis sous-ombilical
Par
Martin Gaëlle
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Vice-Président :
Pr. J. LEBORGNE
Pr. J.M. ROGEZ
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Pr. C. BEAUVILLAIN
Dr. F. CAILLON
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Pr. B. DUPAS
Pr. D. DUVEAU
Pr. Y. HELOURY
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Pr. J.P. MOISAN
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. D. RODAT
REMERCIEMENTS
Je tenais, avant toute chose, à remercier le Professeur O.Armstrong ainsi que les deux
moniteurs du laboratoire d’Anatomie, Stéphane et Yvan, pour leur aide et leur soutien
constants pendant toute la durée de mon travail.
INTRODUCTION
La région inguinale est composée d’un ensemble de plans cutanés, sous-cutanés, musculaires
et aponévrotiques qui se superposent et s’enchevêtrent, donnant au final une zone assez
souvent complexe à imaginer et à se représenter lorsqu’on l’aborde pour la première fois en
cours d’Anatomie, d’autant plus que nous n’avons pas suffisamment d’expériences concrètes
aidant à visualiser la réalité anatomique.
Le fascia transversalis sous-ombilical est un élément clé de cette région. Or, il est rarement
présenté dans son intégralité anatomique et clinique à la fois.
Ce mémoire tâche donc de présenter le fascia transversalis de la façon la plus exhaustive
possible : limites, renforcements, rôles, applications....
RAPPELS ANATOMIQUES
1. Définition - Situation (1,2,3,4)
La paroi antéro-latérale de l’abdomen correspond aux différents plans compris dans l’espace
limité : en haut, par l’angle xiphoïdien et le rebord chondro-costal, latéralement, par la ligne
axillaire moyenne, en bas, par la partie ventrale du squelette pelvien et la symphyse pubienne.
De la superficie à la profondeur, la paroi antéro-latérale de l’abdomen est constituée par quatre
plans :
- le plan superficiel : peau et tissu cellulaire sous-cutané
- les plans musculo-aponévrotiques composés :
- une sangle musculo-aponévrotique latérale, superposition des trois muscles larges :
oblique externe, oblique interne et transverse
- un plan antérieur solide constitué par les muscles droits contenus dans leur gaine
- un plan profond rétro-musculaire constitué par le fascia transversalis.
Le fascia transversalis est une mince lame aponévrotique qui tapisse toute l’étendue de la face
profonde de la paroi abdominale, interposée entre la face profonde des muscles transverses et
des muscles droits ( et de leur gaine ), et le péritoine. Une couche de tissu cellulo-conjonctif
lâche constitue l’espace prépéritonéal entre le fascia transversalis et le péritoine.
Le fascia transversalis s’individualise surtout à la partie antérieure et inférieure de la paroi
abdominale au-dessous de la ligne arquée (arcade de Douglas ).
2. Limites - Insertions
Le fascia transversalis se prolonge :
- en haut : avec le fascia diaphragmatique
- en arrière : avec le fascia des muscles carrés des lombes et psoas .
En haut et arrière, ce n’est qu’une mince toile celluleuse fragile et difficile à individualiser.
Sur la ligne médiane, au-dessous de l’ombilic, il adhère à la ligne blanche et à la ligne arquée.
Sous cette arcade, les muscles droits ne sont recouverts en arrière que par le fascia
transversalis ( tiers inférieur et postérieur des droits ).(5)
Par contre, en bas et en avant, il est épais et résistant, mais uniquement dans les zones où les
fibres musculaires striées sont absentes(6).
L’orifice musculo-pectinéal est une zone de faiblesse dans laquelle seul le fascia transversalis,
qui l’occulte en profondeur, est résistant aux pressions intra-abdominales.(7)
Cet orifice musculo-pectinéal est limité :
- en haut : par le tendon conjoint, partie basse de l’union des fibres des muscles oblique
interne et transverse
- médialement : par le bord latéral du muscle droit de l’abdomen dans sa portion suspubienne
- en bas : par la branche crâniale du pubis
- latéralement : par le ligament inguinal qui le divise en deux étages : inguinal en haut et
fémoral en bas.
C’est dans cette zone que le fascia transversalis prend toute son importance.
Le fascia transversalis descend bas et se prolonge avec le périoste de la crête iliaque et du
corps du pubis ; il va d’ailleurs s’insérer au niveau de la crête pectinéale participant à la
formation du ligament pectiné.
En dehors, au niveau de l’espace inter-ilio-pariétal, il adhère aux vaisseaux iliaques externes,
puis fémoraux ( artère en dehors et veine en dedans ) se confond avec leurs gaines vasculaires.
En dedans des vaisseaux, il adhère à la face postérieure de l’arcade fémorale, puis de l’anneau
fémoral et du ligament lacunaire ( Gimbernat ) ; il forme à ce niveau une mince cloison qui
obture l’espace laissé libre par les vaisseaux fémoraux au sein de l’anneau fémoral : c’est le
septum fémoral qui est soulevé par un noeud lymphatique connu sous le nom de ganglion de
Cloquet. En dehors des vaisseaux, il se perd au-dessus et en arrière de l’arcade fémorale sur le
fascia iliaca, de même qu’en arrière de l’épine iliaque antéro-supérieure. Le fascia iliaca étant
l’aponévrose de recouvrement du muscle psoas-iliaque, il est, lui aussi, adhérent à la gaine des
vaisseaux ilio-fémoraux.
Dans la région inguinale, il est le siège d’un orifice, l’orifice inguinal profond, dû à une
évagination du fascia à travers le canal inguinal. Cette évagination entoure le cordon
spermatique et l’accompagne , se prolongeant ensuite avec le fascia spermatique interne,
tunique fibreuse du cordon spermatique et du testicule(4,8). Cet orifice est situé au-dessus du
tiers moyen de l’arcade inguinale entre le ligament interfovéolaire et la terminaison des
muscles oblique interne et transverse.
La paroi postérieure du canal inguinal présente une zone triangulaire translucide constituée
par le fascia transversalis : c’est le triangle inguinal ( de Hesselbach ),appelé aussi fossette
inguinale moyenne, limité :
- en bas : par la bandelette ilio-pubienne ( de Thompson )
- en dedans : par le bord latéral du tendon conjoint
- en dehors par le bord médial du ligament interfovéolaire ( Hesselbach )
Le triangle inguinal correspond à la zone de faiblesse de la paroi postérieure du canal
inguinal : c’est à ce niveau que s’engagent les hernies inguinales directes.
Le fascia transversalis correspond au plan le plus profond de la paroi postérieure du canal
inguinal, pour la partie médiale(2,9).
Il constitue à lui seul la partie latérale du canal, renforcé par le ligament interfovéolaire
latéralement et la bandelette ilio-pubienne en bas.
Entre cette zone médiale résistante et le ligament interfovéolaire, il existe une zone
particulièrement faible formée par le seul fascia transversalis, point de passage des hernies
directes.
3. Renforcements
Le fascia transversalis présente quatre renforcements ligamentaires principaux.
a. Le ligament de Henlé (10)
Il renforce à sa partie toute inférieure le bord latéral et postérieur de la gaine des droits. C’est
une formation fibreuse triangulaire qui se détache de la gaine des droits et va se fixer à la crête
pectinéale en adhérant au passage au tendon conjoint et au fascia transversalis.
b. Le ligament pectiné ou ligament de Cooper (2,7)
Le fascia transversalis qui descend plus bas que le bord inférieur du muscle transverse va
s’insérer sur le ligament pectiné. Celui-ci est un épais renflement fibreux qui double le
périoste coxal. Il est formé par la fusion du tendon conjoint avec les ligaments lacunaire, de
Henlé et le piler latéral ( tendon de Colles ) sur la crête pectinéale. Il est extrêmement résistant
et offre donc un point d’ancrage aux sutures dans la chirurgie des cures de hernie.
c. Le ligament lacunaire ou ligament de Gimbernat
Lorsque le fascia transversalis descend sur les vaisseaux ilio-fémoraux, formant en partie leur
gaine, il est renforcé médialement par le ligament lacunaire formé par les fibres du pilier
latéral qui rejoignent la crête pectinéale.
d. Le ligament interfovéolaire ou ligament de Hesselbach (3,10)
Il prolonge la ligne arquée latéralement. Après un trajet sinueux en S italique, oblique en bas
et en dedans, il se termine au niveau de la partie moyenne de l’arcade fémorale. Il contourne
donc l’orifice inguinal profond, formant avec netteté son rebord médial, et est compris entre
cet orifice en dehors et les vaisseaux épigastriques en dedans. Il sépare l’anneau inguinal
profond du triangle inguinal.
Par ailleurs, la bandelette ilio-pubienne ( de Thompson ) renforce le fascia transversalis à sa
partie inférieure au niveau de l’arcade fémorale tendue entre l’épine du pubis et l’épine iliaque
antéro-supérieure(7).
4. Rôles
Le facia transversalis faisant partie de la paroi abdominale antéro-latérale, il a principalement
un rôle de couverture et de maintien des viscères abdominaux. Il permet la résistance aux
pressions intra-abdominales, notamment dans la région inguinale dans les zones, comme le
triangle inguinal , où il est seul.
D’autre part, le fascia transversalis est une lame vasculaire, la lame vasculaire pariétale ; cette
lame contient en effet dans son épaisseur les vaisseaux épigastriques et de nombreuses
branches tributaires de ces derniers.
EMBRYOLOGIE
1. Embryologie de la paroi abdominale antérieure (11,12)
La paroi abdominale antérieure est formée par l’ectoderme et le mésoderme pariétaux,
mésoderme qui forme la somatopleure ( mésoblaste somatopleural qui donne naissance au
revêtement interne de la paroi du corps entre autres ). A ce stade, aucun muscle, vaisseau ou
nerf n’est présent.
Les muscles droits de l’abdomen sont formés les premiers ; puis les feuillets mésodermiques
musculaires se scindent en trois couches. Au milieu de la septième semaine de vie foetale, les
trois paires de muscles larges et les droits de l’abdomen sont reconnaissables. A la douzième
semaine de gestation, l’abdomen est presque entièrement fermé, excepté l’anneau ombilical.
Un diaphragme formé par le ligament inguinal, le fascia transversalis, les ligaments lacunaire
et pectiné , est responsable de la séparation de la cuisse et de la cavité abdominale permettant
la fermeture de cette dernière.
2. Embryologie de la région fémorale (12)
La formation du canal fémoral a lieu après celle des muscles larges, du fascia transversalis et
après la descente des structures qui traversent le canal. Le fascia transversalis, les ligaments
pectiné, inguinal, lacunaire sont impliqués dans cette formation.
3. Embryologie de la région inguinale ( canal et orifice inguinal profond ) (13)
L’orifice inguinal profond se développe en deux étapes.
- La première est la formation de l’orifice due à la croissance vers l’extérieur du processus
vaginal autour de l’attachement du gubernaculum à la paroi ventrale du foetus. Ceci a lieu
vers la fin du deuxième mois de vie foetale.
- La seconde étape est la formation d’un anneau en forme de U du fait de l’épaississement
du fascia transversalis autour de l’orifice. Ce phénomène commence à apparaître vers le
cinquième mois de gestation.
Chez le foetus, le canal inguinal est un simple trou dans la paroi abdominale. Le canal
inguinal n’est pas produit par la descente du testicule ; il est préformé et le gubernaculum
testis vient s’insérer à son niveau.
Le décalage entre les deux orifices inguinaux est peu prononcé ; après la naissance, l’orifice
profond se déporte en dehors à la suite du développement du bassin.
MATERIEL ET METHODES
Afin d’étudier cette région du fascia transversalis sous-ombilical, six dissections de six sujets
différents ont été réalisées au laboratoire d’Anatomie.
1. Matériel utilisé
Six sujets masculins ont été disséqués. Parmi ces six pièces, cinq étaient fraîches et une avait
été conservée dans le formol.
Les six sujets masculins étaient âgés respectivement de 66, 83, 90, 72, 92 et 83 ans.
Pour ce qui est des instruments, il a été utilisé les matériaux suivants :
- bistouris, lame de 23
- pinces à disséquer
- ciseaux
- pinces à clamper
- porte-aiguilles
- fils et aiguilles
- fils de couleur
- écarteurs de Farabeuf
- lampe
- congélateur
- scie circulaire
- mélange de latex coloré et d’acide acétique.
2. Méthodes
La première dissection a été réalisée sur une pièce formolée, sujet masculin de 83 ans. Après
avoir soulevé les plans cutanés et cellulo-graisseux, la face antérieure de la gaine des droits et
l’aponévrose antérieure de l’oblique externe ont été réséquées, faisant apparaître les fibres
musculaires correspondantes. Puis les trois plans des muscles larges, ainsi que le plan
musculaire des droits ont été, les uns après les autres réclinés pour pouvoir aborder la face
antérieure du fascia transversalis.
Cette dissection a été réalisée sur les côtés droit et gauche de l’abdomen.
Du côté droit, le canal inguinal ayant été préservé, on a pu l’ouvrir pour aborder sa paroi
postérieure.
La deuxième pièce était un sujet frais, sujet masculin de 66 ans.
La dissection a été réalisée du côté droit par une voie d’abord antérieure, voie d’abord utilisée
en pratique chirurgicale.
Une incision des plans cutanés et sous-cutanés suivant la ligne cutanée de Malgaigne, allant
de l’épine iliaque antéro-supérieure au pubis, a été suivie de l’ouverture de l’aponévrose de
l’oblique externe dans le sens de ses fibres. L’exploration du fascia transversalis a donc été
conduite de l’orifice inguinal profond à la symphyse pubienne et au ligament inguinal.
La cinquième dissection a été réalisée de la même façon sur un sujet masculin frais de 72 ans ;
les deux côtés, droit et gauche, ont été abordés.
Les troisième et quatrième pièces ont nécessité des préparations supplémentaires.
Ces deux sujets masculins frais de, respectivement, 83 et 90 ans ont été congelés après avoir
été démembrés, les membres thoraciques étant réséqués au niveau de l’articulation glénohumérale, et les membres pelviens au niveau de l’articulation coxo-fémorale. Après quarantehuit heures de congélation, les pièces ont été coupées à la scie circulaire afin d’isoler
uniquement la paroi abdominale antérieure entre le processus xyphoïde et la symphyse
pubienne verticalement, du plan cutané au plan péritonéal sagitalement et d’une épine iliaque
antéro-supérieure à l’autre transversalement.
Après la décongélation des pièces et l’ablation des viscères abdominaux restants, elles ont pu
être abordées par voie antérieure de la même façon que les autres sujets, mais aussi par voie
postérieure : après avoir soulevé le plan péritonéal et réséqué le tissu cellulo-graisseux de
l’espace prépéritonéal, le fascia transversalis a été exploré de la ligne arquée au ligament
inguinal ; ses rapports avec les vaisseaux ont pu être envisagés plus facilement.
Au cours de la troisième dissection, une transillumination du fascia transversalis a été réalisée.
La paroi abdominale antérieure ayant été isolée, et l’incision, par voie antérieure, des plans
cutanés et sous-cutanés selon la ligne de Malgaigne, ainsi que l’ouverture de l’aponévrose de
l’oblique externe ayant été pratiquées, une lampe a été placée en avant de la face externe de la
paroi, de manière à éclairer le fascia d’avant en arrière et à visualiser les points de faiblesse de
la paroi sur sa face profonde.
Pour la sixième dissection, une injection artérielle et veineuse de latex coloré, en rouge pour
les artères et en bleu pour les veines, a été effectuée.
Le but de cette injection était de colorer les vaisseaux fémoraux, les vaisseaux épigastriques et
leurs branches.
A cette fin, l’artère et la veine iliaques externes en haut, et l’artère et la veine fémorales
communes en bas, après avoir été disséquées, ont été clampées, et ce du côté gauche comme
du côté droit. Puis des cathéters ont été introduits dans les artères et les veines fémorales audessus des clamps : ceux-ci ont permis, tout d’abord un « lavage des vaissea
ux » par
injection d’eau et aspiration de l’eau et des caillots présents dans ces vaisseaux ; puis, les
cathéters ont permis de pratiquer l’injection.
Celle-ci a été réalisée en deux temps :
- premièrement, il a été injecté 35 millilitres de latex coloré liquide, en correspondance avec
le code conventionnel de couleur, dans chaque artère et chaque veine.
- puis, dans un deuxième temps, une quantité égale à 5 millilitres d’acide acétique a été
introduite, de façon à ce que le latex prenne en masse dans les vaisseaux et forme un solide
moulant leur paroi.
Après avoir réalisé cette injection, la pièce a été congelée pendant quarante-huit heures puis
découpée à la scie circulaire de façon à isoler la paroi abdominale antérieure. Le fascia
transversalis a pu être envisagé dans ses rapports avec les vaisseaux épigastriques.
RESULTATS
La première dissection, réalisée sur un sujet formolé a permis d’avoir une « vue générale » du
fascia transversalis qui forme la partie postérieure du tiers inférieur de la gaine des droits, et
de visualiser par la même occasion la paroi postérieure du canal inguinal.
Après avoir soulevé les différents plans des muscles larges les uns après les autres, et avoir
soulevé les droits , on voit apparaître le fascia transversalis avec la ligne arquée située à une
dizaine de centimètres au-dessus de la symphyse pubienne.
Latéralement, la paroi supérieure du canal inguinal a été conservée et celui-ci est matérialisé
par un fil de couleur.
Photo n°1 : Vue générale du fascia transversalis et du canal inguinal
muscle
droit récliné
vaisseaux
épigastriques
inférieurs
matérialisation du
canal inguinal
fascia
transversalis
muscle
transverse
récliné
aponévrose de
l’oblique externe
insérée sur le
ligament inguinal
muscle
crémaster
Après ouverture de la paroi antérieure du canal inguinal, on peut visualiser la paroi postérieure
et le cordon spermatique.
La paroi postérieure ou fascia transversalis se prolonge avec la fibreuse commune du cordon
au niveau de l’orifice inguinal profond.
Photo n°2 : Paroi postérieure du canal inguinal et cordon spermatique
fascia
transversalis se
prolongeant
avec fibreuse
commune
muscle crémaster
tenu par la pince
Paroi
postérieure
du canal
inguinal
cordon
spermatique
La deuxième dissection a été la plus fructueuse dans l’approche du fascia transversalis et a
permis de visualiser la majorité des rapports et renforcements de celui-ci.
Cette dissection a mis en évidence un fascia transversalis extrêmement solide dans la région
inguinale qui représentait une véritable lame aponévrotique. Il est probable que les sujets
présentant un fascia aussi épais que celui-ci encourent moins de risques vis à vis des
problèmes herniaires.
Ainsi, l’ouverture de l’aponévrose de l’oblique externe a montré le fascia transversalis lame
aponévrotique blanc nacrée solide.
Celui-ci a été incisé et disséqué. Puis ces différents rapports et renforcements ont pu être
envisagés.
Photo n°3 : Insertion de la partie basse du fascia transversalis sur l’arcade inguinale
tendon
conjoint
orifice
inguinal
profond
ligament
inguinal
vaisseaux
épigastriques
matérialisés par
des fils de couleur
cordon
spermatique
fascia
transversalis
On voit très bien sur cette photo l’insertion solide du fascia sur le ligament inguinal et ses
rapports postérieurs avec les vaisseaux épigastriques.
D’autre part, malgré l’incision du FT, on comprend l’origine du cordon spermatique à travers
l’orifice inguinal profond, en rapport avec le tendon conjoint.
Photo n°4 : Le fascia transversalis adhère à la face postérieure du ligament inguinal
tendon
conjoint
vaisseaux
épigastriques
inférieurs
matérialisés par
des fils
ligament
inguinal
fascia
transversalis
En mettant en tension la partie supérieure du fascia transversalis incisé, on peut recréer
l’orifice inguinal profond et visualiser de cette manière la face profonde du canal inguinal qui
est essentiellement constituée par le fascia transversalis. Le trajet en chicane du cordon est
assez nettement perçu.
Photo n°5 : Cordon spermatique, orifice inguinal profond et fascia transversalis
tendon
conjoint
cordon
spermatique
orifice inguinal
profond
fascia
transversalis
vaisseaux
épigastriques
Vers le bas, la prolongation du fascia avec la gaine des vaisseaux ilio-fémoraux a pu être
retrouvée ; ce sujet présentait, en outre, une artère mais deux veines, vaisseaux qui ont été
identifiés par des fils de couleur ,en respectant le code international.
Photo n°6 :
ligament
inguinal
artère
épigastrique
inférieure
deux veines
épigastriques
cordon
spermatique
noeud
lymphatique :
ganglion de
Cloquet
fascia transversalis se
prolongeant avec la
gaine des vaisseaux
ilio-fémoraux
En dedans des vaisseaux, l’insertion sur le ligament lacunaire a été retrouvée. Même le noeud
lymphatique appelé ganglion de Cloquet, qui soulève ce ligament a été visualisé.
Photo n°7 : ligament lacunaire et ganglion de Cloquet
vaisseaux épigastriques
inférieurs
ganglion de
Cloquet
ligament lacunaire
soulevé par les ciseaux
ligament
inguinal
En mettant le fascia transversalis, adhérant au ligament inguinal, en tension, le ligament
lacunaire est lui aussi tendu et permet de montrer ce renforcement médial du fascia
transversalis.
Au niveau du pecten du pubis, l’insertion du fascia participe à la formation du ligament
pectiné. Ceci est très net sur ce sujet. De plus, on peut remarquer que ce ligament pectiné a été
utilisé dans la pose d’une prothèse du côté gauche.
Photo n°8 : Ligament pectiné et prothèse
ligament
pectiné mis
en évidence
par les
ciseaux
fascia
transversalis
plaque,
prothèse
posée du côté
gauche
Ligament
inguinal
Photo n°9 : Ligaments lacunaire et pectiné - plaque
cordon
spermatique
ligament
pectiné mis en
évidence par
un fil
plaque
ligament
lacunaire
fascia
transversalis
ligament
inguinal
Le troisième sujet a permis de mettre en évidence une structure de renforcement du fascia qui
est peu souvent retrouvée : le ligament interfovéolaire ( Hesselbach ).
De plus, cette dissection a mis en avant d’autres aspects pratiques du fascia transversalis dans
les problèmes herniaires.
Ainsi, au cours de l’approche antérieure de cette paroi abdominale isolée, après l’ouverture de
l’aponévrose de l’oblique externe et l’ablation du cordon spermatique, l’orifice inguinal
profond est apparu ceint du ligament interfovéolaire.
D’autre part, le fascia était soufflé dans la région faible de la fossette inguinale moyenne : ce
sujet présentait un déficit médial du fascia typique des hernies inguinales directes.
Photo n°10 : Orifice inguinal profond, ligament interfovéolaire et déficit médial
fascia
transversalis
orifice
inguinal
profond
ligament
inguinal
ligament inter
fovéolaire
déficit médial, siège
des hernies inguinales
directes
Lorsque l’on passe un doigt dans ce fascia soufflé, de l’arrière vers l’avant, on peut recréer la
hernie inguinale directe due à la protrusion de viscères à travers ce point faible.
Photo n°11 : Visualisation d’une hernie inguinale directe
orifice inguinal profond
fascia transversalis
Hernie inguinale
directe dans le
triangle fémoral
ligament inguinal
Or, du fait de l’isolement de la paroi abdominale antérieure, une transillumination de la région
inguinale a pu être réalisée, mettant ainsi directement en évidence les points faibles de la
région, les aires pariétales les moins épaisses. Cette technique avait déjà été mise en pratique
par l’équipe de J.Y. BARBIN en 1993 ( GREPA ) (14)
Photo n°12 : Transillumination de la région inguinale ( vue postérieure )
muscle droit
fascia transversalis
orifice inguinal
profond
ligne
blanche
externe
symphyse
pubienne
zone de déficit
médial : fossette
inguinale moyenne
Ces zones de faiblesses correspondent donc à l’orifice inguinal profond, à la fossette inguinale
moyenne qui seront susceptibles d’être le siège des hernies.
A la fin de cette dissection, la partie inguinale du fascia transversalis, c’est à dire celle où il
n’est pas doublé par des fibres musculaires, a été isolée.
Le ligament inguinal a été incisé, le fascia désinséré de l’épine iliaque antéro-supérieure, de
l’épine du pubis et incisé sous le tendon conjoint.
Une pièce de fascia transversalis comprenant l’orifice inguinal profond, la fossette inguinale
moyenne, l’arcade inguinale avec les vaisseaux fémoraux a pu être disposée sur la table.
Photo n°13 : Fascia tranversalis isolé
Fascia
transversalis
fossette inguinale
moyenne
Ligament
inguinal
Sur cette pièce, le rôle du ligament interfovéolaire de fermeture de l’orifice profond lors des
poussées a essayé d’être mis en évidence : la traction sur le ligament réduit théoriquement le
calibre de cet orifice, ce qui est difficile à visualiser sur la pièce isolée.
Photo n°14 : Rôle du ligament interfevéolaire
Ligament
interfovéolaire
en traction
le calibre doit être réduit
Au cours de l’exploitation de la face profonde de la paroi abdominale antérieure isolée, sur le
quatrième sujet qui présentait un FT extrêmement musculaire, la ligne arquée ainsi que le
ligament de Henlé ont été extrêmement bien visualisés.
La ligne arquée marque en effet une limite sous laquelle la gaine des droits n’est constituée
que par le fascia transversalis. Elle se trouve à une distance variable du pubis selon les
individus mais généralement dans le tiers inférieur de la paroi abdominale.
Photo n°15 : Ligne arquée
fascia
transversalis
ligne arquée
vaisseaux
épigastriques
muscle droit
vaisseaux
fémoraux
symphyse
pubienne
orifice inguinal
profond
D’autre part, l’insertion basse du fascia transversalis est renforcée par le ligament de Henlé
qui se détache de la gaine des droits. Cette vue postérieure a permis de le retrouver.
La cinquième dissection a, elle aussi, permis de visualiser les conséquences cliniques du rôle
du fascia tranversalis.
Alors que le quatrième sujet présentait un fascia très solide avec un tendon conjoint très
important qui fermait complètement l’orifice musculo-pectinéal, cette cinquième dissection a
montré du côté gauche, les vestiges d’une cure de hernie. En effet, du côté gauche, le patient
présentait une plaque qui était complètement rétractée.
Photo n°16 : Plaque complètement rétractée
Après ablation de cette plaque qui présentait des adhérences avec les anses grêles, il a subsisté
un orifice béant entre le tendon conjoint et le ligament inguinal qui laissait apparaître les anses
intestinales.
Photo n°17 : Orifice béant laissé par l’ablation de la plaque
tendon conjoint
anses
intestinales
orifice béant
laissé par
l’ablation de
la plaque
ligament
inguinal
Enfin la sixième dissection a montré les rapports postérieurs du fascia transversalis avec les
branches issues des vaisseaux épigastriques inférieurs. Ces vaisseaux passent entre les deux
lames du fascia.
Photo n°18 : Vaisseaux épigastriques inférieurs
muscle droit
branches artérielles
issues des artères
épigastriques inférieures
et allant dans le
dédoublement du FT
Vaisseaux
fémoraux
vaisseaux
épigastriques
inférieurs
NB : seules les artères ont été injectées, l’injection veineuse n’ayant pas fonctionné
certainement du fait que la veine saphène n’avait pas été clampée.
Ainsi ces dissections ont permis de visualiser la majorité des rapports et des renforcements du
fascia transversalis.
De plus, une partie importante des applications cliniques et chirurgicales a été mise en
évidence.
Il existe des zones de faiblesses naturelles ( fossette inguinale moyenne, orifice inguinal
profond ). Cependant, la solidité du fascia tranversalis ( sujet 2 ) ou la présence d’un tendon
conjoint important ( sujet 4 ) laissent supposer que ces patients auront moins de risques vis à
vis des problèmes herniaires, d’autant plus qu’il a été montré que le fascia transversalis est
plus extensible chez les sujets qui ont présenté des hernies directes(15).
Ceci conduit donc à la consolidation de ces fasciae trop dépressibles.
APPLICATIONS CHIRURGICALES
Il est possible de distinguer deux types de hernies : les hernies congénitales et les hernies de
faiblesse.
1. Les hernies congénitales sont dues à la persistance du canal péritonéo-vaginal et sont
donc toujours indirectes ( obliques externes ).
2. Les hernies de faiblesse sont déterminées par la poussée abdominale, le point de
faiblesse étant représenté par l’orifice musculo-pectinéal. Elles sont le plus souvent
directes , mais peuvent également se présenter sous la forme de hernies indirectes (
obliques )ou fémorales.
Cependant cette distinction entre ces deux types de hernies n’est pas suffisante et il existe des
classifications qui permettent aussi d’apprécier le résultat des différentes interventions.
La classification de Nyhus distingue quatre types de hernies (15) :
- les hernies de type 1 sont des hernies inguinales indirectes où l’orifice inguinal profond
est de taille et de structure normales.
- les hernies de type 2 sont des hernies inguinales indirectes dans lesquelles l’anneau
inguinal est élargi, mais la face postérieure du canal est normale.
- Les hernies de type 3 comportent trois catégories :
- le type 3a représente les hernies inguinales directes, extériorisées à travers un fascia
transversalis affaibli.
- le type 3b correspond à des hernies inguinales indirectes avec une dilatation
importante de l’anneau inguinal profond.
- les hernies de type 3c sont les hernies fémorales.
- les hernies de type 4 sont les hernies récidivées.
Toutes les techniques chirurgicales visent à consolider les points faibles, c’est-à-dire à rétrécir
l’anneau inguinal profond et à renforcer la paroi postérieure du canal au niveau du fascia
transversalis.
Il y a deux grandes classes de méthodes chirurgicales thérapeutiques : celles qui n’utilisent pas
de matériel étranger prothétique et celles qui en utilisent.
Les techniques n’utilisant pas de prothèse ne se servent pas constamment du fascia
transversalis que l’on peut retendre de différentes façons.
Celui-ci est utilisé dans diverses techniques, notamment dans celle de Shouldice ( Shouldice
hospital of Toronto ) (16), dans laquelle il est incisé et disséqué, puis suturé de façon à
empêcher l’apparition de nouvelles hernies ; au cours de cette opération, il est :
- suturé en différents plans recouverts en paletot afin que la fibrose post-opératoire crée un
plan postérieur solide
- et retendu par rapport à l’arcade fémorale.
CONCLUSION
Ainsi, le fascia transversalis qui représente le plan profond de la paroi abdominale antérolatérale , la face postérieure du canal inguinal, la prolongation avec la fibreuse commune du
cordon spermatique et avec la gaine vasculaire ilio-fémorale, et, surtout, le seul plan de
résistance dans l’orifice musculo-pectinéal, est une lame aponévrotique anatomiquement
complexe.
De plus, outre l’importance dans l’anatomie de cette région inguino-fémorale, ce fascia est
une structure indispensable à connaître puisqu’il est directement impliqué dans la
physiopathologie des différents types de hernies, ainsi que dans leur traitement chirurgical.
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