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HORMONOLIGIE - REPRODUCTION – Folliculogenèse et réserve ovarienne ; aspects pratiques et exemples de
dysfonctions
24/04/2014
MORELLO Lea L3
Hormonologie - Reproduction
Dr Perrin ([email protected])
Relecteur 11
12 pages
Folliculogenèse et réserve ovarienne ; aspects pratiques et exemples de dysfonctions
Plan
A. Rappels sur la folliculogenèse
I. Les différents stades
II. Évolution des cellules germinales et des follicules ovariens au cours du temps
III. La croissance folliculaire
B. Notion de réserve ovarienne
C. Évaluation de la réserve ovarienne
I. Pourquoi ?
II. Comment ?
D. Exemples de dysfonctions ovariennes
I. Syndrome des ovaires polymicrokystiques
II. Insuffisance ovarienne prématurée
E. L'essentiel
A. Rappels sur la folliculogenèse
La folliculogenèse se déroule dans l’ovaire. Elle a pour but d’amener à maturité un follicule dans lequel se
trouve un ovocyte qui va devenir mature et apte à être fécondé. Elle se déroule au niveau du cortex ovarien
(dans la médullaire on retrouve plutôt la vascularisation).
I. Les différents stades
Attention : cette coupe schématique de
l'ovaire montre un seul follicule de
chaque stade.
Dans la réalité, il y a beaucoup plus de
follicules primordiaux que de follicules
matures.
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dysfonctions
a. Les follicules primordiaux (1)
Ce sont les follicules les plus nombreux.
Ils mesurent 50 microns de diamètre (très petit : c’est moins gros que l’ovocyte du follicule mature).
Ils sont formés par :
–
Un ovocyte qui fait à peu près 30 microns de diamètre. Il a un grand noyau central, la vésicule
germinative, qui est un noyau diploïde. Cet ovocyte est au diplotène de la prophase I de la méiose.
Dans tous les follicules, l’ovocyte est au stade diplotène de la prophase I ! (La prof a insisté là
dessus plusieurs fois dans le cours !)
–
Une seule assise de cellules folliculaires aplaties, située autour de l’ovocyte.
b. Le follicule primaire (2)
C’est le premier stade d’évolution à partir du follicule primordial.
Ce follicule mesure entre 60 et 80 microns.
–
On a toujours un ovocyte I, qui a grossi et mesure maintenant 40 à 50 microns.
–
Autour, la couche de cellules folliculaires est toujours présente, mais les cellules sont ici cubiques et
plus hautes.
–
A ce stade, on commence à voir la membrane de Slavjanski (membrane qui se trouve entre les cellules
folliculaires et le reste du stroma ovarien -même s’il n’y a pas encore les thèques à ce stade, la
membrane commence quand même à apparaître).
c. Le follicule secondaire (3 et 4)
Les follicules sont secondaires à partir du moment où il y a plus d’une couche de cellules folliculaires.
Ce follicule mesure entre 80 et 200 microns de diamètre.
–
L’ovocyte au milieu fait 60 à 70 microns. Il possède une zone pellucide apparente en microscopie
optique. La zone pellucide est une enveloppe glycoprotéique qui entoure l’ovocyte, à travers laquelle
passent des prolongements cytoplasmiques qui couplent métaboliquement les cellules folliculaires
(présentes à l’extérieur de l’ovocyte) à l’ovocyte.
–
Autour de l’ovocyte on retrouve plusieurs assises de cellules folliculaires qui constituent la granulosa.
Au fur et à mesure qu’elles se multiplient, des petites cavités commencent à apparaître.
–
En périphérie de la granulosa, on retrouve toujours la membrane de Slavjanski.
–
De l’autre coté de la membrane de Slavjanski apparaît la thèque interne qui produit les stéroïdes
ovariens.
d. Le follicule tertiaire (5)
Ce qui caractérise le follicule tertiaire c’est la cavité folliculaire, remplie de liquide folliculaire synthétisé par
les cellules de la granulosa. Dès qu’il y a une vraie cavité organisée, c’est un follicule tertiaire (ou follicule
cavitaire).
Il mesure entre 200 microns et 12 mm (il est donc visible à l’œil nu et en échographie).
Il subit une croissance rapide sous contrôle hormonal.
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–
A l’intérieur, on retrouve un ovocyte I qui mesure à peu près 100 microns. Cet ovocyte a toujours une
zone pellucide qui a maintenant une épaisseur bien visible (entre 15 et 20 microns).
–
Le follicule possède toujours une thèque interne et il a désormais une thèque externe fibreuse.
e. Le follicule antral
C’est le follicule mature ou follicule de De Graaf. C’est LE follicule qui va ovuler.
–
Il contient un ovocyte toujours au stade I, qui fait à peu près 180 microns.
–
La granulosa s’organise :
• Les cellules autour de l’ovocyte deviennent les cellules de la corona radiata. Elles constituent,
avec l’ovocyte, le complexe cumulo-ovocytaire : ce sont ces cellules qui vont partir avec
l’ovocyte lors de l’ovulation.
• Les cellules folliculaires qui servent à rattacher le complexe cumulo-ovocytaire aux cellules de la
granulosa constituent le cumulus oophorus.
• Il y a une telle augmentation de volume de liquide folliculaire que le reste de la granulosa est
plaqué contre les parois du follicule.
–
Puis, on retrouve la thèque interne et la thèque externe.
Lors de l’ovulation, il y a une expulsion du complexe cumulo-ovocytaire.
Toutes les autres cellules restent dans l’ovaire et subissent une lutéinisation : elles donnent le corps jaune (8),
qui persiste dans l’ovaire pendant la 2ème partie du cycle et qui involuera au cycle suivant pour donner le
corpus albicans (9).
Puis un nouveau cycle recommence.
f. Résumé
- Follicule primordial et primaire : 1 seule couche de cellules folliculaires (plates puis cubiques).
- Follicule secondaire : plusieurs couches, apparition de la membrane de Slavjanski et de la zone pellucide.
- Follicule tertiaire : apparition d’une cavité organisée.
- Follicule de De Graaf : le seul follicule restant à la fin de la croissance folliculaire.
II. Évolution des cellules germinales et des follicules ovariens au cours du temps
a. Les cellules germinales
Avant la 5ème semaine, les ovogonies migrent et colonisent la gonade. Puis, à partir de la 5ème semaine, elles
commencent à se multiplier et deviennent, dans le fœtus femelle, des ovocytes I.
Cette multiplication se déroule entre la 5ème et la 20ème semaine.
Puis, elles vont s’entourer d’une couche de cellules folliculaires aplaties et donc former des follicules
primordiaux : ceci se passe à partir de la 14ème semaine.
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b. Les follicules présents dans l’ovaire
→ Les premiers follicules sont les follicules primordiaux, qui apparaissent à partir de la 14ème semaine et seront
présents dans l’ovaire jusqu’à la ménopause.
Ils constituent un stock qui ne reconstituera plus jamais : la multiplication des ovogonies et la formation des
follicules primordiaux se fait pendant la vie intra utérine, et ne se refera plus jamais après.
A la 20ème semaine, on retrouve entre 4 et 7 millions de follicules primordiaux à l’intérieur de l’ovaire.
→ Puis, pendant la vie intra-utérine (entre la 14ème semaine et la naissance), il y a un phénomène d’atrésie
folliculaire puisqu’à la naissance seulement 2,5 millions de follicules primordiaux sont présents dans l’ovaire.
→ Lors de la naissance, il y a de nouveau un phénomène d’atrésie massif : on passe de 2,5 millions à 500 000
follicules primordiaux.
→ Puis, on arrive à l’enfance. C’est le début de la croissance folliculaire : des follicules primaires commencent
à se former (les cellules folliculaires deviennent cubiques). On voit même des follicules secondaires à la fin de
l’enfance.
Durant ces années, il y a également une atrésie importante : on passe de 500 000 à 50 000 follicules dans les
ovaires.
On dispose donc de 50 000 follicules pour la vie génitale. Cependant, au cours de la vie génitale, pas plus de
500 follicules atteindront le stade d’ovulation.
→ Vient ensuite la puberté, c’est à dire la mise en route de l’axe gonadotrope et des ovulations.
→ La vie génitale se termine par l’arrêt de la fonction ovarienne, qui est dû à une déplétion du stock
folliculaire. Elle se manifeste par la ménopause qui survient en moyenne à 51 ans (avec des extrêmes entre 40
et 60 ans).
III. La croissance folliculaire
Il y a 4 phases. Parmi ces 4 phases, on retrouve deux phases continues et deux phases cycliques.
→ Les phases continues sont celles que l’on voit pendant l’enfance et qui ne dépendent pas de l’axe
gonadotrope :
–
La phase de recrutement : correspond au passage du stade primordial au stade primaire.
–
La phase de croissance basale : correspond au passage du stade primaire au stade secondaire, elle dure
65 jours dans l’espèce humaine.
Ce sont des phases qui commencent pendant l’enfance et qui dépendent de facteurs ovariens.
→ Les phases cycliques dépendent de l’axe gonadotrope et ne se passent donc qu’après la puberté :
–
La phase de sélection : correspond à la sélection du follicule qui devient dominant et qui va ovuler. Elle
est basée sur la sensibilité folliculaire à la FSH (hormone hypophysaire qui entraîne la prolifération des
cellules de la granulosa).
–
Une fois qu’il est sélectionné c’est la phase de dominance.
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Ce schéma représente l’évolution du taux d’hormones
hypophysaires (en haut) et d’hormones synthétisées par
le follicule (en bas) au cours du temps.
La partie cruciale du cycle est encadrée.
En début de cycle, plusieurs follicules sont sélectionnés.
Pour permettre leur développement, la FSH augmente.
Puis, juste avant l’ovulation, la FSH baisse un tout petit
peu : c’est le moment crucial, moment de la sélection
du follicule dominant.
C’est le follicule qui possède la meilleure sensibilité à la
FSH qui va rester. Les autres sont en pleine croissance,
du coup, si la FSH baisse, ils ne peuvent pas continuer
à évoluer.
Le follicule dominant, lui, va continuer à croître.
On assiste donc à une augmentation rapide des estrogènes
(synthétisés par les cellules de la granulosa), responsable
d’un switch du rétrocontrôle, qui devient alors positif,
et qui entraîne le pic de LH et de FSH.
B. Notion de réserve ovarienne
La réserve ovarienne c’est un stock définitif de cellules germinales formé pendant la vie pré natale et
pour toute la vie reproductive.
Les follicules de réserve (primordiaux et primaires) constituent ce stock. Si on fait une coupe du tissu ovarien,
ils représentent 95% des follicules. Ils sont insensibles aux gonadotrophines hypophysaires : quelque soit
l’activité de l’axe gonadotrope, ces follicules de réserve sont présents.
Mais, petit à petit, ce stock diminue.
C’est comme la salle du trésor de l’oncle Picsou : au 5ème mois de la vie intra utérine, il y a une abondance de
follicules primordiaux, c’est le trésor. A 20 ans, le stock est moins important puis diminue irrémédiablement.
On ne pourra jamais reconstituer ce stock.
La diminution se fait par deux mécanismes :
–
Le recrutement folliculaire : on perd les follicules recrutés pour la croissance folliculaire. Ce
phénomène est responsable de peu de perte (maximum 500 follicules).
–
L’atrésie folliculaire : on perd tous les follicules qui aident le follicule dominant à arriver à maturité.
C’est un « travail d’équipe » : pour un follicule sélectionné, qui va arriver à la dominance et ovuler, il y
a toute une cohorte de follicules qui vont disparaître, qui se sont développés pour aider à la croissance
du follicule dominant.
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Cinétique de la diminution de la réserve ovarienne.
Il y a deux théories :
–
La cinétique classique décrite par Gougeon en 1994. C’est une cinétique régulière jusqu'à 38 ans. Puis, à
partir de 38 ans, il y a un point de cassure avec une accélération des phénomènes d’atrésie. Elle a été
décrite en faisant des analyses histologiques de coupes d’ovaires à différents stades de la vie.
–
Elle a été remise en cause récemment par une cinétique moderne, datant de 2010. C’est une cinétique
plus régulière qui suggère que la diminution de la réserve est progressive et qu’il n’y a pas vraiment
d’accélération après 38 ans.
Si on regarde le pourcentage de follicules qui restent en réserve dans l’ovaire en fonction de l’âge :
–
–
A la naissance 100% du stock.
A 30 ans il reste dans les ovaires à peu
près 12% du stock initial.
– A 40 ans à peu près 3-4%.
Ça va vite entre 30 ans et 40 ans !
Cette courbe montre 2 choses :
–
–
La fonction ovarienne d’une femme
dépend du stock initial
(trésor qu’on a au départ).
La fonction ovarienne d’une femme
dépend de la cinétique de l’atrésie
folliculaire
(vitesse à laquelle on le dépense).
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Qu’est ce qui détermine le stock et la vitesse de disparition ?
–
Le déterminisme génétique : on observe une concordance significative mère-fille, et également entre
sœurs jumelles. Cependant, les gènes ne sont pas encore tous identifiés.
–
Les facteurs environnementaux : il faut les connaître car ce sont les seuls sur lesquels on peut agir !
•
Tabac : Le benzopyrène est le cancérigène principal du tabac mais il entraîne également une
destruction irréversible du stock des follicules chez la femme. Les femmes fumeuses ont donc une
ménopause plus précoce que les femmes non fumeuses. Chez les hommes, le tabac est responsable
d’une altération des paramètres du sperme, réversible s’ils arrêtent de fumer !
•
IMC
•
Parité (nombre d’accouchements).
C. Évaluation de la réserve ovarienne
I. Pourquoi ?
C’est intéressant car il n’y a pas de signes objectifs non biologiques qui permettent d’évaluer la réserve
ovarienne. La diminution de la réserve ovarienne ne veut pas forcément dire aménorrhée et troubles du
cycles : on peut avoir des cycles réguliers et une réserve ovarienne diminuée.
a. Augmentation de l’âge de la première grossesse
Évaluer la réserve ovarienne, ça peut être intéressant pour conseiller les femmes. C’est important, mais ce n’est
pas assez fait. On informe beaucoup les jeunes filles sur la contraception, mais on ne les informe pas sur la
diminution inexorable de la réserve ovarienne.
répartition des premières naissances selon l’âge de la mère en fonction du temps
(dans les pays industrialisés).
En 1967, la majorité des femmes avaient leur premier enfant entre 21-24 ans.
En 2010, la majorité des femmes ont leur premier enfant à 29 ans.
Or la réserve ovarienne n’est pas du tout la même à 21 ans et à 29 ans : les chances de grossesse spontanée
diminuent.
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b. Augmentation des demandes de procréation médicalement assistée (PMA)
Lors d'une PMA, on va devoir prescrire un traitement de stimulation de l’ovulation (qui consiste à administrer
des doses de FSH). Or, pour adapter les doses, il faut qu’on connaisse la réserve ovarienne :
–
Si la réserve ovarienne est bonne, peu de FSH est nécessaire (on leur en donne juste pour savoir quand
est ce qu’elles ovulent).
–
Si la réserve ovarienne est mauvaise, il faut un fort taux de FSH pour les faire ovuler.
L'âge moyen des femmes qui reçoivent des soins de procréation médicalement assistée est de 34 ans (35 ans
pour les FIV, 33 ans pour les ICSI -Injection Intra Cytoplasmique de Spermatozoïdes : plutôt dans le cas d’un
problème masculin).
II. Comment ?
a. Les marqueurs biologiques
→ Dosage de FSH
Il se fait au 3ème jour du cycle (pendant les règles) !
Ce taux est un indicateur de l’activité de l’hypophyse : la FSH est synthétisée dans l’hypophyse pour stimuler la
croissance folliculaire.
Donc, si le taux de FSH est bas à J3, ça veut dire que l’hypophyse n’a pas besoin de stimuler énormément
l’ovaire, c’est donc synonyme d’une bonne réserve ovarienne.
Par contre, si le taux de FSH est haut, l’hypophyse doit stimuler l’ovaire de manière importante pour faire
croître les follicules.
C’est comme si l’ovaire était comparé à un cheval. Si le cheval est en pleine forme, il faut donner un petit coup
de cravache pour le faire avancer. Si le cheval est fatigué, il va falloir beaucoup cravacher.
Si le taux est inférieur à 6 mUl/mL : l’ovaire répond bien.
Si le taux est supérieur à 12 mUl/mL : l’ovaire ne répond pas très bien.
Si le taux est supérieur à 40 mUl/mL : la femme est en quasi ménopause. En pratique dans les laboratoires
d’AMP, si la FSH est autour de 12 mUl/mL, c’est à peine si on les prend en charge car on sait qu’elles ne vont
pas bien répondre. Donc, si elles sont aux alentours de 40 mUl/mL, ce n'est même pas la peine de tenter une
PMA.
→ Dosage de l’inhibine B :
Il se fait également à J3.
L’inhibine B est synthétisée par les cellules de la granulosa. Elle exerce un rétrocontrôle négatif sur
l’hypophyse. Elle est donc inversement corrélée au taux de FSH à J3.
Elle est variable au cours du cycle, comme la FSH.
Normalement elle doit être élevée : si elle est inférieure à 45 mUL/mL, ce n’est pas bon.
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→ Taux d’AMH (hormone anti-mulérienne)
C’est le marqueur le plus utilisé actuellement pour trois raisons :
–
L’AMH est synthétisée par les follicules primaires et secondaires dans l’ovaire. C’est donc un reflet
direct de la réserve ovarienne, contrairement à la FSH et à l’inhibine B qui sont des marqueurs
indirects.
–
Les follicules primaires et secondaires sont présents en permanence dans l’ovaire, le taux d’AMH est
donc stable au cours du cycle. Si la femme vient nous voir et qu’elle est au milieu de son cycle, on n’a
pas besoin d’attendre le 3ème jour du cycle suivant pour faire le dosage.
–
C’est le marqueur biologique le plus sensible.
L’AMH a un effet inhibiteur sur la synthèse de FSH.
Son taux doit être élevé. S’il est inférieur à 1ng/mL, cela veut dire qu’il n’y a plus beaucoup de follicules
primaires et secondaires dans l’ovaire.
b. Marqueurs échographiques
Pour évaluer la réserve, on peut aussi faire une échographie ovarienne (par voie endovaginale le plus souvent)
afin de compter les follicules antraux à J3 (CFA). Les follicules antraux sont les follicules qui forment la
cohorte qui va permettre l’ovulation d’un seul dominant.
–
J3 : si la réserve ovarienne est bonne, 5 à 8 follicules antraux de 2 à 9 mm par ovaire sont visibles en
début de cycle.
–
J14 (avant l’ovulation) : il ne persiste qu’un seul follicule dominant, les autres ont disparu.
On considère qu'un CFA est normal s'il y a au moins 5 follicules de plus de 6 mm par ovaire.
D. Exemples de dysfonctions ovariennes
I. Le syndrome des ovaires polymicrokystiques (SOPK)
C’est le désordre endocrinien le plus fréquent, il affecte 5 à 10% des femmes ++++. C’est l’étiologie la plus
fréquente des troubles de l’ovulation (on en voit tous les jours dans les labos d’AMP).
Il associe :
–
une hyperandrogénie clinique et biologique d’origine ovarienne ;
–
des troubles du cycle ;
–
un signe échographique : la présence d’ovaires polymicrokystiques.
a. L’hyperandrogénie
Cette hyperandrogénie d’origine ovarienne est due à un fonctionnement excessif des cellules de la thèque
interne par dysrégulation (c’est la thèque interne qui synthétise les stéroïdes ovariens, en particulier les
androgènes).
Elle donne un hirsutisme et une acné.
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HORMONOLIGIE - REPRODUCTION – Folliculogenèse et réserve ovarienne ; aspects pratiques et exemples de
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Elle est majorée par une hyper insulinémie et par une augmentation de la LH : c’est un phénomène autoentretenu.
–
L’augmentation de la LH stimule encore plus la thèque interne qui synthétise encore plus d’androgènes :
c’est un cercle vicieux.
–
L’hyper insulinémie entraîne un surpoids fréquent (l’insuline fait entrer le sucre dans les cellules donc
ça fait augmenter le poids).
b. La présence d’ovaires polymicrokystiques à l’échographie
On parle du signe du collier de perle, aspect caractéristique de cette pathologie en échographie. Si on regarde
l’ovaire en coupe, on distingue la médullaire au centre et le cortex en périphérie, au niveau duquel se trouvent
de nombreux petits kystes qui forment comme un collier de perle.
–
En fait, les androgènes ovariens ont un effet trophique qui augmente le nombre de follicules en
croissance : aspect « poly ».
–
Mais, la croissance folliculaire est ralentie. Il y a donc plus de kystes mais ils grossissent moins : aspect
« micro ».
–
De plus, l’effet trophique des androgènes diminue l’atrésie folliculaire.
→ De petits follicules persistent et s’accumulent.
c. Les troubles du cycle
L’excès de follicules entraîne un excès d’AMH. Cet excès d’AMH est responsable d’une absence d’élévation
cyclique de la FSH (l’AMH a un effet négatif sur la synthèse de FSH). Les pics de FSH se font alors moins
bien, par conséquent il n’y a plus de phénomène de sélection : les follicules s’accumulent, ce qui donne des
troubles de l’ovulation.
De plus, il y a une acquisition prématurée du récepteur à la LH dans ces follicules, donc une lutéinisation
prématurée. Or, si les cellules de la granulosa se lutéinisent, elles arrêtent de se multiplier, c’est pour ça que les
follicules ne grossissent pas.
Ces deux phénomènes expliquent les troubles du cycles que l’on retrouve chez ces femmes (aménorrhée ou
spanioménorrhée).
d. Critères diagnostic de Rotterdam (2003) (NDCR : la prof a dit que c'était « illustratif » donc je suppose
pas à apprendre pour cette année)
Pour dire qu’une femme a un SOPK, il faut 2 de ces critères sur 3 :
–
Oligoménorrhée (règles peu abondantes) ou aménorrhée : moins de 8 menstruations par an.
–
Hyperandrogénie clinique (hirsutisme, acné, alopécie –perte des cheveux) et/ou biologique
(augmentation du taux de testostérone ou rapport FSH/LH supérieur à 2)
–
Ovaires polykistiques à l‘échographie (attention, c’est un signe non spécifique : 20% des échographies
sont normales) : volume de l’ovaire supérieur à 10 cm3, et au moins 12 follicules de 2 à 9mm par
ovaire.
Bien sur, il faut également exclure d’autres pathologies qui peuvent être responsables de ces signes
(hypercorticisme ou bloc surrénalien par exemple).
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II. L'insuffisance ovarienne prématurée (IOP)
Elle se définie par la survenue avant 40 ans d’une aménorrhée d’au moins 4 mois avec un hypogonadisme
hypergonadotrope (c’est à dire qu’on a une diminution des hormones d’origine ovarienne et une augmentation
des hormones d’origine hypophysaire : la FSH à J3 est supérieure à 40 Ul/L, à contrôler deux fois à 1 mois
d’intervalle).
Il faut avoir tous ces critères pour entrer dans la classification de l’insuffisance ovarienne prématurée.
Cette pathologie touche 1 à 2 % des femmes, elle est donc relativement fréquente.
Il arrive que ce soit des formes familiales (4 à 30% des cas). Mais, dans la grande majorité des cas (85%),
aucune cause n’est retrouvée.
–
Les formes familiales sont plus faciles à prendre en charge : la femme nous consulte à 25 ans parce que
sa mère et sa grand mère ont été ménopausées à 35 ans. On peut lui proposer une préservation de la
fertilité féminine : congélation de ses ovocytes ou même de son tissu ovarien. En général, pour ces
femmes là, on congèle les ovocytes (vitrification des ovocytes).
–
Quand aucune cause n’est retrouvée, c’est plus difficile. En effet, quand les femmes viennent consulter
elles sont en général déjà ménopausées donc c‘est trop tard.
Deux mécanismes sont possibles :
–
Réserve ovarienne initiale insuffisante (défaut de formation de la réserve ovarienne) ;
–
Atrésie folliculaire accélérée.
a. Réserve ovarienne initiale insuffisante
C’est une pathologie liée à une mutation du gène ATM (11q22-23)
Ce gène sert à la réparation de l’ADN, en particulier lors de la prophase I de la méiose.
En effet, pendant la prophase I de la méiose il y a des échanges d’ADN entre les chromatides sœurs, et ces
échanges se passent par des cassures. Si ces cassures ne sont pas réparées, la prophase s’arrête et la cellule
meurt.
Si on a une mutation de ce gène, il y a un défaut de réparation de l’ADN pendant la prophase I donc un arrêt de
la méiose. L’ovocyte I involue et le follicule primordial ne peut pas se former.
Ces femmes ont donc une absence de follicules primordiaux dans l’ovaire.
b. Atrésie folliculaire accélérée
La formation des follicules primordiaux se fait bien, mais ils vont disparaître très rapidement.
→ Elle s’observe chez les patientes qui présentent soit une absence soit une dysfonction de la région Xq21.3 à
q27 du chromosome X (syndrome de Turner ou délétion de cette région du gène).
Jusqu’au 3ème mois de la vie intra utérine, le développement est normal. Mais une atrésie accélérée survient
avant le 3ème trimestre de la grossesse. Il y a donc formation d’un stock de follicules qui va involuer
précocement. A la naissance, on retrouve une fibrose stromale et une déplétion folliculaire.
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dysfonctions
→ Cette pathologie se retrouve également lors du syndrome de l’X fragile.
C’est une anomalie au niveau du gène FMR-1 (situé en Xq27.3).
Les malades sont des hommes (1 seul chromosome X donc un seul allèle, qui ici est malade). On observe plus
de 200 répétitions CGG en amont du gène. Cette anomalie est responsable d’un retard mental et d’une
dysmorphie (visage très long).
Mais, ce X avec ces répétitions leur a été transmis par leur mère, porteuse de la prémutation. Elles ont entre 55
et 200 répétitions CGG en amont du gène, mais ne sont pas malades car l’autre allèle est normal.
Les seuls problèmes observés sont une IOP dans 25% des cas et un risque important de transmission de la
maladie à leur fils.
Ce sont des maladies détectables en diagnostic pré implantatoire.
E. L'essentiel
–
Constitution de la réserve ovarienne précocement pendant la vie intra-utérine.
–
La réserve ovarienne est maximale au 5ème mois de la vie intra-utérine (7 millions de follicules).
–
Il y a une atrésie importante jusqu'à la naissance, où il en reste à peu près 1 million.
–
Après la naissance, il y a une atrésie progressive et régulière (selon le nouveau modèle) jusqu'à la
ménopause (= arrêt des cycles lié à une disparition de la réserve ovarienne).
–
Évaluation de la réserve ovarienne par l’AMH et le CFA.
–
SOPK : trouble de l’ovulation le plus fréquent (7% des femmes) causé par une hyperandrogénie
d’origine ovarienne auto entretenue.
–
IOP : touche 1 à 2% des femmes, du à un stock initial insuffisant ou à une atrésie accélérée.
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