Info-Aphasie Sources: -CSA, Communauté Suisse travail pour l’Aphasie, Lucerne http://www.aphasie.org/francais/wie/homewie.htm -APIA, Association des personnes intéressées à l'aphasie, Québec http://apia.id-network.com/ L'APHASIE 1.L'aphasie, qu'est ce que c'est ? 2.Les causes de l'aphasie 3.L'organisation du langage dans le cerveau 4.Les symptômes, les différents types d'aphasie 5.Les troubles souvent associés à l'aphasie 6.Questions fréquentes a) L'aphasie peut-elle être confondue avec des désordres mentaux ou une déficience intellectuelle ? b) Peut-on prévenir ou guérir l'aphasie ? c) La personne aphasique peut-elle faire des progrès pendant plusieurs années ? d) La personne aphasique peut-elle retourner travailler ? e) Quels changements de comportement l'aphasie peut-elle entraîner ? f) Quelles sont les conséquences de l’aphasie sur la vie quotidienne de la personne ? g) Quelles sont les conséquences de l’aphasie sur l'entourage ? h) L'aphasie peut-elle s'aggraver ? i) La personne aphasique récupère-t-elle sa langue maternelle avant une langue seconde ? j) Pourquoi ne pas enseigner systématiquement aux personnes aphasiques à communiquer par signes ou à utiliser un tableau de communication ? 1.L'aphasie, qu'est ce que c'est ? En médecine, le mot APHASIE désigne un TROUBLE DU LANGAGE consécutif à un accident vasculaire cérébral (A.V.C), un accident, une tumeur. En Suisse, il y a environ 3.500 à 5.000 nouveaux cas d’aphasie chaque année. Des personnes de tout groupe d’âge peuvent être atteintes d’aphasie. L’Office fédéral de la statistique estime le nombre des aphasiques vivant en Suisse à quelque 30.000. On dit qu’une personne est aphasique quand elle éprouve des difficultés à comprendre ce qu’on lui dit ou ce qu’elle lit. S’exprimer au moyen de la parole ou de l’écriture s’avère également difficile. L’aphasie limite la communication et par conséquent, a un impact sérieux sur la vie personnelle, sociale et professionnelle, de même que sur le fonctionnement des individus. L’aphasie peut s’accompagner d’une paralysie ou d’une réduction de la mobilité de la moitié droite du corps (hémiplégie ou hémiparésie), d’un déficit de la sensibilité et/ou de la perte du champ visuel à droite (hémianopsie). Puisqu’il y a différents types d’aphasie (de Broca, de Wernicke, de conduction, etc.) et différents degrés de sévérité, il est important d’être bien informé sur sa propre condition afin de bien comprendre et de s’adapter aux déficits associés. 2.Les causes de l'aphasie L’aphasie est toujours liée à un dommage au cerveau dans les zones du langage, généralement situées à gauche. Ce dommage résulte le plus souvent d’un accident vasculaire cérébral, d’une tumeur cérébrale ou d’un traumatisme crânien. L’aphasie peut survenir à tout âge, mais dans les pays occidentaux, sa fréquence augmente passé la cinquantaine, comme d’ailleurs le risque de maladie vasculaire, qui en est la principale cause. L’accident vasculaire cérébral (A.V.C.) consiste en une diminution ou en un arrêt de la circulation sanguine dans une partie du cerveau; les cellules qui ne reçoivent pas de sang sont endommagées ou détruites. La tumeur consiste en une multiplication désordonnée des cellules du cerveau. En se développant, elle comprime ce qui l’entoure, par exemple les cellules de la zone du langage. On appelle traumatisme crânien un choc reçu sur la tête ou une fracture du crâne, avec ou sans enfoncement, qui risque d’entraîner une hémorragie, une blessure au cerveau ou une commotion cérébrale Quand il y a interruption de courte durée du flot sanguin dans une artère cérébrale, entraînant un arrêt de la circulation dans la partie du cerveau qu’il doit nourrir, on dit qu’il y a ischémie. Dans l’ischémie transitoire, le dommage n’est habituellement pas permanent et les troubles du fonctionnement peuvent disparaître rapidement. Si cette interruption dure plus longtemps, il s’ensuit un dommage permanent (ou ramollissement cérébral) et des troubles qui mettent plus de temps à s’atténuer. Dans les cas où les cellules ont été détruites, la récupération est possible jusqu’à un certain point et repose sur un phénomène de prise en charge ou de compensation des cellules avoisinantes : des cellules qui, jusque-là, servaient de réserve, peuvent prendre la relève. C’est ce qui fait qu’un individu peut récupérer en tout ou en partie certains aspects de son langage. Il existe plusieurs types d’A.V.C. L’embolie, la thrombose L’embolie : un caillot de sang se forme quelque part dans le système circulatoire à la suite, par exemple, d’une maladie cardiaque ou d’une intervention chirurgicale, et peut se loger dans une artère du cerveau, empêchant le sang de circuler. La thrombose : elle survient lorsqu’une artère est bloquée graduellement par un dépôt qui se forme sur sa paroi interne. L’hémorragie cérébrale L’hémorragie cérébrale : elle est souvent déclenchée par la rupture d’une artère cérébrale lors d’une poussée d'hypertension. Dans certains cas, cette artère se rompt parce qu’elle est atteinte d’une malformation (anévrisme, angiome). Le sang répandu envahit et comprime les tissus environnants. Le spasme artériel Le spasme artériel : une artère cérébrale peut se contracter et empêcher momentanément le sang de circuler. Si le spasme dure trop longtemps, les cellules privées de sang peuvent être détruites. 3.L'organisation du langage dans le cerveau Le cerveau est constitué de deux hémisphères: le gauche et le droit. Chez presque tous les individus, les zones du langage sont situées dans l'hémisphère gauche. Deux de ces zones sont particulièrement importantes: l'aire de Broca et l'aire de Wernicke. L'aire de Broca est située dans la partie antérieure du cerveau; elle est surtout responsable du langage articulé (expression). L'aire de Wernicke se trouve dans la partie postérieure du cerveau; elle est surtout responsable de l'aspect réceptif du langage (compréhension). Une lésion dans l'une ou l'autre de ces zones cause généralement une aphasie. Le type d'aphasie sera précisé par les symptômes observés lors de l'évaluation du langage. Par ailleurs, une lésion à l'hémisphère droit, bien que ne donnant pas une aphasie proprement dite, peut produire certains troubles de la communication. 4.Les symptômes, les différents types d'aphasie Avant d'aborder les différentes sortes d'aphasie, nous allons décrire les difficultés que peut éprouver une personne aphasique. Les symptômes LES TROUBLES DE COMPRÉHENSION: la personne aphasique a de la difficulté à comprendre ce que les gens lui disent, même si elle entend bien. Certaines personnes aphasiques comprennent mieux les phrases courtes que les mots, d'autres interprètent mieux les mots isolés. La personne aphasique ne se rend pas toujours compte de ses difficultés de compréhension. LA RÉDUCTION DE L'EXPRESSION: la communication, chez la personne aphasique, est réduite de façon importante; la quantité de mots produits est moindre, surtout au début. La personne aphasique répond souvent aux questions par un "oui" ou un non", elle cherche ses mots et n'arrive pas toujours à faire des phrases. LES PARAPHASIES : souvent, la personne aphasique se trompe de mot (ex. : "Passe-moi mon manteau" - quand elle veut dire "chapeau") ou elle déplace les sons dans un mot (ex. : "culvitateur" pour "cultivateur"). On dit qu'elle fait des paraphasies. LE MANQUE DU MOT: la personne aphasique a très souvent de la peine à trouver ses mots, un peu comme quand on a un mot "sur le bout de la langue". Elle arrive parfois à donner un synonyme ou à décrire par une courte phrase ce qu'elle cherche à nommer. Dans ce cas, elle n'a pas nécessairement perdu le sens des mots, c'est l'accès au mot lui-même qui est défectueux. Souvent, la personne n'arrive pas à trouver le mot, elle démissionne et laisse sa phrase inachevée. Il ne s'agit pas d'un trouble de la mémoire comme tel, mais d'une difficulté à trouver le bon mot au bon moment, que ce soit oralement ou par écrit. D'ailleurs, le mot cherché peut parfois être produit sans problème, quelque temps après, dans une autre situation. LE LANGAGE AUTOMATIQUE: le langage utilisé par la personne aphasique est, au début, en grande partie du langage automatique, fréquemment utilisé dans certaines situations. Ainsi, la personne parvient à dire des expressions sans y penser, comme "Merci, Je ne sais pas, Bonjour", quand la situation le demande. Mais lorsqu'on veut lui faire redire ces mots, elle est souvent incapable de le faire parce que ce n'est plus spontané. Compter, réciter l'alphabet, chanter, jurer sont d'autres exemples de langage automatique. Il faut comprendre que le langage qu'on utilise pour s'exprimer est plus complexe et, par conséquent, plus difficile à maîtriser que ces expressions automatiques. LES STÉRÉOTYPIES: parfois, une personne aphasique parle très peu, et les seuls mots qu'elle arrive à produire, quelle que soit la situation, sont toujours les mêmes (ex.: "Mon Dieu, mon Dieu" ou "ta, ta, ta"). Même si on essaie de lui faire dire autre chose, ce sont toujours les mêmes mots ou syllabes qui reviennent. LES PERSÉVÉRATIONS: c'est un phénomène fréquemment associé à l'aphasie. Quand la personne aphasique ne peut s'empêcher de redire constamment le même mot alors qu'elle essaie d'en dire un autre, il s'agit d'un phénomène de persévération. Par exemple, c'est ce qui se produit quand elle a réussi à nommer "fourchette" et qu'elle continue à appeler les autres objets par ce même mot. LES TROUBLES ARTHRIQUES : la prononciation des sons est anormale; elle peut être "molle" ou trop "rigide". La personne qui a un trouble arthrique parle plus lentement. Il peut être parfois difficile de la comprendre parce que les sons ne sont pas articulés clairement ou parce qu'ils sont déformés. LE JARGON: on parle de jargon quand la personne aphasique déforme et mêle ses mots, ou même en invente de nouveaux, à tel point qu'il devient impossible de la comprendre. LES TROUBLES DE L'ECRITURE ET DE LA LECTURE. L'aphasie étant un trouble du langage, elle apparaît aussi dans l'écriture et dans la lecture. En règle générale, l'atteinte du langage écrit est plus importante que celle du langage oral, étant donné que l'écriture est apprise plus tard et qu'elle est généralement moins utilisée dans la vie courante. Parfois même, la personne parvient à peine à écrire son nom ou à copier quelques lettres. Souvent, elle ne sait plus comment écrire des mots qu'elle écrivait bien avant de devenir aphasique. Par contre, certaines personnes aphasiques arrivent plus facilement à écrire des mots qu'à les dire. Il est donc important de voir si ce mode de communication peut aider et, si tel est le cas, de l'encourager. La lecture peut également devenir difficile pour la personne aphasique qui n'arrive plus à comprendre le sens de ce qu'elle lit. Les différents types d'aphasie Il existe plusieurs sortes d'aphasie qui se différencient par la présence ou l'absence des symptômes que nous venons de décrire. L'aphasie peut être légère, modérée, sévère ou même totale selon le lieu et l'étendue du dommage cérébral. L'APHASIE DE BROCA: elle se reconnaît par une réduction de l'expression, à laquelle s'ajoute habituellement un trouble arthrique : l'individu parle peu, lentement, et cherche ses mots. Il peut avoir des difficultés semblables lorsqu'il essaie d'écrire. Ces difficultés à écrire ne sont pas uniquement liées au fait de devoir réapprendre à écrire de la main gauche 1), l'autre main étant souvent paralysée, mais sont plutôt comparables aux difficultés observées dans le langage parlé. La compréhension est généralement assez bien conservée. (On l'appelle aussi aphasie d'expression, aphasie antérieure, aphasie motrice, aphasie expressive.) 1) Lorsqu'il s'agit, de personnes qui étaient droitières avant le traumatisme ou l'accident. L'APHASIE DE WERNICKE: elle se caractérise par des difficultés importantes à comprendre ce qui est dit et ce qui est écrit. La personne atteinte de l'aphasie de Wernicke parle facilement ou même abondamment, elle fait des paraphasies et, parfois même, elle jargonne. Si elle essaie d'écrire, elle rencontre généralement les mêmes difficultés que lorsqu'elle parle. Il arrive que certaines personnes, tout au moins au début, ne soient pas toujours conscientes de leurs erreurs. (On l'appelle aussi aphasie de réception, aphasie sensorielle, aphasie réceptive, aphasie postérieure.) L'APHASIE DE CONDUCTION: elle se manifeste par un langage entrecoupé d'hésitations, d'arrêts occasionnés par une difficulté à trouver les mots et, surtout, par la production de nombreuses paraphasies : l'individu mêle les sons dans les mots et, comme il en est habituellement conscient, il tente de se corriger au fur et à mesure par des essais successifs. Quelquefois, les paraphasies sont tellement abondantes qu'elles peuvent donner lieu à un jargon. Contrairement à l'aphasie de Wernicke, à laquelle elle peut parfois ressembler, l'aphasie de conduction ne s'accompagne généralement pas de troubles importants de la compréhension. Elle peut être le résultat d'une aphasie de Wemicke ayant évolué positivement. L'APHASIE MIXTE: on parle d'aphasie mixte quand il y a à la fois une réduction de l'expression et des difficultés importantes de compréhension. L'APHASIE GLOBALE: c'est la forme la plus sévère de l'aphasie. L'expression est quasi nulle et les troubles de compréhension sont très importants. 5.Les troubles souvent associés à l'aphasie Une personne devenue aphasique à la suite d'un dommage cérébral présente souvent d'autres déficits. LES PERSÉVÉRATIONS: comme on l'a dit plus haut, il arrive que la personne aphasique ne puisse s'empêcher de redire constamment le même mot alors qu'elle essaie d'en dire un autre. Ce phénomène se manifeste également dans d'autres domaines que le langage, par exemple lorsque la personne aphasique continue d'exécuter la même tâche ou le même mouvement alors qu'on lui en demande un autre. L'APRAXIE: il s'agit de l'impossibilité ou de la difficulté à exécuter des mouvements volontaires, alors que ces mêmes mouvements peuvent être accomplis sans problème de façon automatique. Par exemple, un malade présentant une apraxie pourrait lécher normalement un cornet de crème glacée mais être incapable de sortir la langue volontairement quelques secondes plus tard. Dans certains cas, ce phénomène peut. expliquer qu'un malade soit incapable d'utiliser efficacement son bras même si celui-ci n'est pas paralysé. LA PARALYSIE: le déficit le plus fréquent chez la personne aphasique est la paralysie du côté droit affectant la face, le bras et la jambe; on dit alors que la paralysie est complète. Elle est partielle si elle ne touche que l'une ou l'autre de ces parties. Cette paralysie peut être sévère (hémiplégie) ou légère (hémiparésie). Cela implique qu'en plus d'une rééducation du langage, des traitements de physiothérapie et d'ergothérapie peuvent être nécessaires. LES TROUBLES SENSITIFS: des troubles de ce type peuvent également être présents chez la personne aphasique. Elle ne sent pas très bien son côté atteint, ce qui explique en partie, sa tendance à laisser tomber les objets qu'elle a en main. Parfois, elle peut négliger complètement de s'occuper de son membre atteint. L'HÉMIANOPSIE : la vision de la personne aphasique peut être affectée par la présence d'une hémianopsie, c'est-à-dire la perte d'une partie du champ visuel. Les objets situés dans la partie affectée ne sont pas vus, ou la personne ne les perçoit que partiellement. Au début, la personne aphasique n'est pas toujours consciente de ce phénomène; elle doit apprendre à compenser en tournant la tête. Son entourage peut l'aider en le lui rappelant au besoin 6.Questions fréquemment posées a) L'aphasie peut-elle être confondue avec des désordres mentaux ou une déficience intellectuelle ? Dans l'aphasie, les difficultés à s'exprimer et à comprendre sont des manifestations d'un trouble du langage et ne signifient pas que la santé mentale soit atteinte ou qu'il y ait détérioration de l'intelligence. Peu importe la sévérité de son problème de communication, la personne aphasique doit donc être traitée comme une personne adulte et ses capacités intellectuelles ne doivent pas être sous-estimées. Il revient à une personne qualifiée de lui expliquer au plus tôt la nature de ses difficultés. Il ne faut pas craindre de dire au malade qu'il est atteint d'aphasie et non de maladie mentale, de déficience intellectuelle ou d'amnésie. Le fait de rassurer le patient à ce sujet, même s'il semble plus ou moins comprendre, contribue à diminuer son angoisse et peut stimuler sa motivation. b) Peut-on prévenir ou guérir l'aphasie ? L'aphasie peut difficilement être prévenue ou guérie par des médicaments. Toutefois, certains médicaments diminuent la tension artérielle et régularisent la circulation sanguine, mais ils ne guérissent pas l'aphasie. On peut difficilement prévenir une lésion cérébrale qui occasionnera des troubles aphasiques. c) La personne aphasique peut-elle faire des progrès pendant plusieurs années ? La personne peut certainement continuer de s'améliorer pendant longtemps, même après l'arrêt de la thérapie en orthophonie, surtout si son entourage la stimule à parler. Cependant, les progrès les plus évidents se font dans les premiers mois suivant l'installation de l'aphasie. d) La personne aphasique peut-elle retourner travailler ? Le retour au travail dépend, d'une part, de la sévérité de l'aphasie et, d'autre part, du genre d'emploi que la personne occupait avant sa maladie. Si l'emploi exige qu'elle parle couramment, qu'elle lise et qu'elle écrive, la personne aphasique peut être obligée de changer de travail ou même de renoncer à travailler. Même si elle a bien récupéré, la personne aphasique demeure plus sensible au stress et se fatigue plus vite. Le retour au travail peut aussi être rendu plus difficile par la présence de d'autres facteurs, par exemple l'hémiplégie. Les possibilités de retour au travail sont habituellement évaluées par les membres de l'équipe multidisciplinaire lorsque la réadaptation tire à sa fin, et discutées avec l'employeur, s'il y a lieu. e) Quels changements de comportement l'aphasie peut-elle entraîner ? On peut remarquer chez la personne aphasique des changements de personnalité et de comportement. Ces modifications ne sont pas nécessairement permanentes et on ne les observe pas obligatoirement chez toutes les personnes aphasiques. La personne aphasique se fatigue vite, surtout au début de la maladie; son attention et sa capacité de concentration sont diminuées. Elle manque d'intérêt pour son entourage et pour ses activités antérieures, n'ayant pas l'énergie pour s'intéresser à autre chose qu'à ses problèmes, du moins au début. Elle peut se montrer plus irritable, surtout à cause de ses difficultés à communiquer avec son entourage. Elle a de la difficulté à s'adapter aux imprévus: changements d'horaire, de lieu, de décor, de routine. Elle peut se montrer soucieuse et susceptible sur certains points et attacher beaucoup d'importance à des détails. Ses réactions de joie et de tristesse sont souvent exagérées et ne sont pas toujours appropriées à l'événement. Elle peut rire ou pleurer pour un rien de façon incontrôlée. Elle peut avoir tendance à s'isoler par peur d'affronter certaines situations où il lui faudrait communiquer. Elle peut paraître moins préoccupée par son apparence. Soulignons enfin que certaines de ces modifications du comportement et de la personnalité sont plus fréquentes que d'autres. f) Quelles sont les conséquences de l’aphasie sur la vie quotidienne de la personne ? Étant limitée dans sa capacité de communiquer, la personne aphasique est susceptible de vivre beaucoup de perturbations dans sa vie quotidienne. Ses rapports avec les gens et même certaines activités domestiques sont plus compliquées : lire le journal, demander une information ou encore utiliser le micro-ondes ou la laveuse, peuvent devenir de grands défis. La négation, l’anxiété, la baisse d’estime de soi, la solitude et l’isolement, l’agressivité et la fatigue sont tous des nouveaux sentiments ou comportements que la personne aphasique peut vivre. Ces réactions sont tout à fait normales compte tenu des bouleversements vécus par ces personnes. g) Quelles sont les conséquences de l’aphasie sur l'entourage ? L’aphasie, celle qui vient chambouler l’existence de la personne atteinte, perturbe aussi son équilibre familial. L’adaptation à l’aphasie de l’autre est aussi difficile pour les proches puisqu’ils doivent apprendre à vivre avec une personne différente, apprendre à assumer de nouvelles responsabilités, apprendre de nouvelles façons de communiquer, sans oublier l’éventuel changement de situation financière, de milieu de vie, de réseau social, etc. Les proches ont besoin d’être bien informés, rassurés et soutenus. h) L'aphasie peut-elle s'aggraver ? Habituellement, l'aphasie résultant d'un accident vasculaire cérébral ou d'un traumatisme ne s'aggrave pas; au contraire, elle a tendance à s'atténuer avec le temps. Toutefois, il se peut, certains jours, que l'aphasie semble temporairement s'accentuer sous l'effet de la fatigue, de l'énervement ou d'une inquiétude passagère. Il ne faut pas s'alarmer outre mesure de ce phénomène: le langage de la personne aphasique, encore plus que celui de l'individu en bonne santé, est très sensible aux situations stressantes. Cependant, si l'on constatait une augmentation importante des difficultés, il faudrait alors retourner voir rapidement le médecin traitant. Il arrive que des troubles de langage apparaissent de façon progressive et constituent les premiers symptômes de certaines maladies neurologiques dégénératives ou de certaines démences. Ces troubles peuvent présenter des similitudes avec ceux qui sont habituellement associés à l'aphasie: on parle alors d'aphasie progressive. D'autre part, dans les maladies de type Alzheimer, des difficultés de langage sont susceptibles de se manifester à un stade plus ou moins avancé de la maladie. Ces symptômes s'apparentent souvent aux difficultés liées à l'aphasie. En conséquence, lorsque l'aphasie est associée à une maladie dégénérative, les déficits auront plutôt tendance à s'aggraver avec le temps. i) La personne aphasique récupère-t-elle sa langue maternelle avant une langue seconde ? Habituellement, la personne aphasique retrouve d'abord l'usage des mots de sa langue maternelle, sauf peut-être si elle ne l'utilisait pas régulièrement depuis un certain nombre d'années. La rééducation doit se faire dans une seule langue à la fois. Malgré ce principe général, il peut arriver qu'il soit nécessaire de tenir compte du contexte linguistique où évolue la personne aphasique. Il ne faut pas non plus se surprendre de l'apparition occasionnelle d'un mot ou d'une phrase appartenant à une langue seconde j) Pourquoi ne pas enseigner systématiquement aux personnes aphasiques à communiquer par signes ou à utiliser un tableau de communication ? L'apprentissage d'un nouveau système de communication, comme, par exemple, la langue des signes employée par les personnes sourdes, constitue une tâche très difficile pour la personne aphasique. C'est comme si on lui demandait, pour ainsi dire, d'apprendre une nouvelle langue, alors qu'elle a déjà du mal à utiliser les mots pourtant familiers de sa langue maternelle. Pour cette même raison, un tableau de communication, s'il est composé d'images ou de dessins trop abstraits ou trop symboliques, serait tout aussi difficile à maîtriser. D'ailleurs, la personne aphasique se sentira mal à l'aise d'avoir recours à des signes ou à des symboles auxquels ni elle ni son entourage ne sont habitués. Lorsque les capacités gestuelles de la personne aphasique le permettent, on l'encouragera plutôt à développer et à se servir de gestes familiers pour communiquer. Par ailleurs, dans certains cas, un tableau de communication, conçu à partir de photos significatives ou d'images d'objets familiers, permettra à la personne présentant une aphasie sévère de mieux communiquer ses besoins élémentaires.