Quatrième lecture analytique= La prise d’otage
Situation du passage= Le Tableau X se situe en plein jour dans un jardin public. Zucco
s’assoit sur un banc à côté d’une « dame élégante » qui surveille son fils occupé à jouer . Ils
échangent quelques paroles puis Zucco exige qu’elle lui donne les clés de sa voiture. Devant
les réticences de la dame, Zucco braque un pistolet sur elle et menace de tuer l’enfant
Nous allons voir En quoi cette scène représente une scène d’action à part entière
Dans une première partie nous verrons un renversement tragique puis une scène
dédoublée
I) Renversement tragique=
Comme nombre de tableaux de la pièce celui-ci s’appuie sur un renversement des rôles.Ici
Zucco prend la place de la mère et du fils.
a) Un criminel craintif=
Cette scène de prise d’otages ne repose pas sur la figure d’un criminel triomphant et terrifiant.
Le champ lexical de la peur ne se retrouve pas dans la bouche du fils mais dan celle du
preneur d’otage et l’enfant lui demande « Mais pourquoi avez-vous peur de moi » Les
badauds font la même constatation « Regardez comme il tremble » La figure de Zucco n’est
pas redoutable mais méfiante et craintive. Les recommandations assénées à l’enfant attestent
de la fragilité du héros : « tu jures de ne pas bouger » Il essaie de se rassurer « oui je suis plus
fort que toi »
b) Du coupable à la victime=
Ce renversement des rôles qui installe le fils de la dame en dominant et Zucco en dominé,
n’est pas sans rappeler le couple David et Goliath, Zucco étant assimilé à Goliath et l’enfant
David. Dans la bilble le géant Goliath affronte le jeune berger David, leur combat repose sur
un coup de théâtre. De la même façon, le dialogue avec l’enfant crée un retournement de
situation qui montre que la faiblesse est inscrite dans tout héros : « si vous tremblez, vous
tremblez. J’entends bien que vous tremblez » Le sens du tragique est renversé : le criminel
devient une victime digne de pitié et de compassion. Impuissant, Zucco glisse du statut de
sujet et d’acteur principal de la scène à celui d’objet impuissant. Il perd la maîtrise du langage
et devient l’otage : « C’est l’enfant qui lui fait peur » dit une femme.
II) Une scène dédoublée=
Portée par les paradoxes conjugués de la personnalité de Zucco et du renversement tragique,
la structure dramatique de la scène se dédouble. L’épisode de la prise d’otages, théâtre dans le
théâtre, installe une mise en abyme qui isole le héros.
a) La mise en abyme=
La mise en abyme dédouble la représentation en reproduisant sur la scène une image de la
pièce elle-même. Inspirée d’une scène d’Hamlet, le tableau X redouble l’agencement de toute
scène de théâtre : les badauds constituent un véritable public. Ce procédé a une portée
symbolique qui renforce le vacillement du héros. Le redoublement du public isole encore plus
Zucco. Ici il ne rencontre que le contraire de ce qu’il cherche= la discrétion et la disparition.
« Maintenant, il va avoir des raisons de trembler »
b) Un chœur antique=
La foule des badauds rappelle le dispositif du choeurV Collectif de personnages intéressés par
l’action, le chœur antique a pour fonction de renseigner sur l’intrigue de manière objective. Or
ici les remarques se distinguent par leur bassesse et leur dérision. Normalement le chœur a
une tonalité pathétique ici c’est plutôt comique et les badauds ne semblent pas vraiment
touchés par la scène tragique à laquelle ils assistent.
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