ou régulier. D’autre part, l’essor des services et le maintien de l’artisanat
conduisent à mettre l’accent sur le rôle du travail indépendant (Klatzmann, 1982)
En troisième lieu, les facteurs favorables au maintien voire à l’extension de
l’économie informelle et les théories explicatives proposées méritent d’être
étudiés. Il s’agit, entre autre, de s’interroger sur l’existence et la nature de
relations entre chômage et économie informelle, charges fiscales (et sociales) et
“travail au noir”. La flexibilité accrue du travail et la précarité des formes d’emploi
encouragent-elles les activités informelles? Le poids des prélèvements
obligatoires, notamment au regard du coût salarial, est un argument souvent
invoqué: à cet égard, les approches inspirées par la courbe de Laffer sont-elles
pertinents? (D’Arvisenet, 1984; Fleurbaey, 1987; Théret & Uri, 1988)
En dernier lieu, l’examen des effets engendrés par l’économie informelle- en
matière de concurrence, d’emploi, et de revenu-, et les remèdes qu’ils
conviendrait d’envisager- au regard des critères d’efficacité et d’équité- doivent
être pris en considération. Certains économistes considérant que les activités
informelles sont inhérentes à l’économie de marché et qu’il serait vain, voire
nuisible, de réglementer; ou estiment qu’ils s’agissent d’activités qu’il convient de
“blanchir” dans certains cas. En tout état de cause, l’économie informelle
constitue un enjeu non négligeable de politique économique (Houston, 1987)
2) Pays en développement et pays en transition vers l’économie de marché
Dans les pays en transition vers l’économie de marché, qu’il s’agisse de pays en
développement ou qu’il s’agisse des pays rompu avec la planification
centralisée, se posent les même questions relatives à l’évaluation, aux acteurs,
aux facteurs explicatifs et aux enjeux de l’économie informelle. Cependant, le
cadre institutionnel et la situation économique différent, tant au regard du
marché du travail et du marché des biens, qu’en ce qui concerne les modalités
de financement.
Dans les pays en transition vers l’économie de marché, autrement dit les pays
d’Europe Centrale et Orientale (PECO), l’importance et les fonctions que
recouvrent l’économie et la finance informelle varient notamment selon les
rémanences de “l’économie de rationnement” et le degré d’avancement des
réformes d’envergure susceptibles de faire émerger l’économie de marché
embryonnaire. A cet égard, l’ex RDA- maintenant partie intégrante de
l’Allemagne réunifiée- représente l’exemple le plus avancé.
Dans les pays en développement, là encore, il convient de distinguer entre les
pays dont la logique antérieure de rationnement tend à se perpétuer, à l’exemple
de l’Algérie, et ceux qui tendent à assurer une promotion rapide de l’économie
marché, à l’exemple de la Tunisie et du Maroc.
Dans ces pays, notamment en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest, les
études du BIT et de la Banque Mondiale ont mis en évidence l’importance du
“secteur non structuré” et le rôle de la “finance informelle” à cet égard.
Le secteur non structuré est le plus souvent constitué de micro-entreprises de
nature artisanale ou commerciale, dont il convient de se demander si elles
relèvent d’activités traditionnelles, voire de survie, ou bien si elle préfigurent
l’émergence d’une économie de marché moderne(Turnham et alii, 1991)
La finance informelle recouvre des formes variées et parfois très sophistiquées
de mobilisation de l’épargne et de distribution du crédit, dont les associations
rotatives d’épargne et de crédit (“tontines”) sont l’une des plus répandues, voire
une forme universelle (Adams & Fitchett, 1994). S’agit-il d’institutions archaïques