
global forme un échappatoire à l’hégémonie américaine (en effet, s’il y a hégémonie
pour Shaw, il s’agit d’une hégémonie « occidentale » ou de l’ouest, et pour Krasner
le régime international est un échappatoire à l’hégémonie tout court.
Comment expliquer alors que pendant la guerre irakienne, les interventions de 1991
furent menées par les Etats-Unis ? Martin Shaw (1997, p.505) justifie ceci par le fait
que les Etats-Unis représentent le centre de l’ Etat global ou du western state. Et les
relations politico-économiques « rayonnent » du centre par l’intermédiaire de l’OCDE,
de OIT, des Nations Unies en autres. Qu’est-ce qu’un Etat global où les Etats
nationaux qui le composent sont sensés se substituer à l’ Etat global ? Selon Shaw,
les Etats-Unis agissaient en fonction de l’intérêt global.
Pour Shaw, le SEM serait polycentrique et se composerait de trois pôles ou trois
Etats globaux : le pôle des Etats post-modernes (les pays de l’Ouest), les Etats
modernes (les pays semi-industrialisés) et les Etats qui n’ont pas atteint la maturité d’
Etat -nation (Afrique).
Ainsi, l’ Etat reste toujours au centre de leurs théories, il est seulement transformé et
« agrandi » au-delà des frontières d’une nation sous l’effet de la mondialisation. La
présence d’autres acteurs économiques tels que les FMN (firmes multinationales),
les banques internationales sont peu évoquées.
En réalité, le pouvoir économique mondial compris au sens global du terme, est
diffus (Strange, 1988) et se partage entre ces acteurs et les Etats.
Le domaine de la sécurité (où s’exerce la force militaire) s’accompagne des
domaines financier, bancaire, productif (et technologique) et des savoirs. Autrement
dit plus qu’un pouvoir relationnel (entre Etats), il règne sur le SEM un pouvoir
structurel (Strange, 1988 et 1996) que Strange définit comme le pouvoir de saisir et
de déterminer les structures de l’économie politique internationale à l’intérieur
desquelles des Etats, leurs institutions politiques, leurs entreprises économiques,
leurs scientifiques et leurs professionnels ont à opérer.
L’étude des relations politico-économiques au sein du SEM et par delà voir quels
acteurs gagnent ou perdent le plus, ne peut se résoudre à l’étude des guerres inter
étatiques étant donné que les violences et dommages sur un individu, groupe
d’individus ou autre acteur du SEM peuvent être causés par d’autres moyens que les
guerres entre les Etats. Le nombre de moins en moins grand de guerres inter-
étatiques nous renforcent dans l’idée de refuser le stato- centrisme de l’EPI
orthodoxe. Les guerres civiles, les conflits ethniques, les crimes causent autant de
dommages que les guerres entre les Etats.
Toutefois les acteurs ne sont pas en concurrence pure et parfaite dans le SEM, et S.
Strange le présente plutôt comme reflétant une concurrence oligopolistique.
Autrement dit certains acteurs sont plus forts que d'autres. On peut citer par exemple
l'influence des organisations internationales sur les Etats du sud et leurs entreprises.
Ces influences ne doivent pas être perçues comme "un triomphe de la raison" (M.C.
Smoots, 1998, p.268) mais plutôt comme le résultat de pressions financières.
A l’affaiblissement du rôle de l’ Etat, Susan Strange avance l’argument selon lequel,
les citoyens d’un pays en général font plus confiance à la loyauté de leur famille, de
leur parti politique ou de leur club de football qu’ à celle de l’ Etat de leur pays. Et elle
précise : « A part des soldats professionnels, les citoyens d’ une société politique
stable, n’espèrent pas avoir à sacrifier leur vie pour quiconque peut-être exceptées
leurs familles » (S. Strange, 1996, p.72).
Cependant, même si le poids des Etats diminue dans les relations politico-
économiques du SEM, cela ne veut pas dire que les actions et décisions des FMN
des Organisations et Banques Internationales sont séparés des intérêts des Etats.