9 LES FIRMES MULTINATIONALES DANS L’ECONOMIE MONDIALE Repérer et analyser les flux d’IDE. Analyser les effets des stratégies des FMN sur les pays d’accueil et les pays d’origine Les FMN sont les acteurs modernes de la mondialisation puisqu’elles contrôlent au minimum un tiers du commerce mondial et échappent en partie au contrôle de l’OMC par le jeu des échanges inter-filiales. Une FMN ou SMN (groupe ou conglomérat) est une entreprise de très grande dimension implantée dans de nombreux pays par le biais de très nombreuses filiales, opérant soit sur une zone géographique déterminée, soit sur le monde entier. Les FMN agissent au niveau mondial comme s’il s’agissait désormais d’un marché unique : c’est l’heure de la mondialisation. Les stratégies d’implantation des FMN passent par des investissements directs à l’étranger (IDE) dont les conséquences économiques et sociales sont importantes aussi bien pour les pays d’accueil que pour les pays d’origine. I- LA DIVISION INTERNATIONALE DU PROCESSUS PRODUCTIF (DIPP) A- DEFINITION DE LA D.I.P.P SELON LES TRAVAUX DE KRUGMAN 1- Le rôle des économies d’échelle Elles expriment une réduction du coût moyen ou unitaire du produit lorsque la quantité produite augmente c'est-à-dire un étalement des coûts sur une plus grande échelle de production. Les entreprises les plus compétitives vont pouvoir se maintenir et s’internationaliser ce qui explique la présence de FMN sur un marché mondial et oligopolistique. 2- La différenciation des produits Les consommateurs sont de plus en plus exigeants et pour répondre à ce besoin de variété, les FMN différencient leur production et confèrent à leur produit un caractère unique, la concurrence devient monopolistique. Grâce aux TIC permettant une plus grande visibilité internationale, l’échange international satisfait ce besoin de variété des consommateurs. En conséquence, les FMN organisent et structurent leurs activités au niveau mondial : c’est la décomposition internationale du processus productif (DIPP) du fait de la délocalisation par les FMN de segments de la chaîne de production d’un bien qui peut être technologiquement complexe (automobile, micro-informatique, etc.) dans plusieurs pays pour tirer des avantages de chacun d’eux en termes d’approvisionnements et de main d’œuvre peu coûteux. Pour simplifier, les pays du Sud fabriquent des produits dont la technologie appartient aux pays du Nord. Selon la CNUCED, une FMN doit au minimum avoir une filiale à l’étranger, c’est-à-dire qu’elle doit détenir au moins 10 % du capital d’une entreprise d’un autre pays. Sur le plan juridique, une filiale est une entreprise dont 50% du capital sont formés par des apports réalisés par une « société mère » ou un « holding » qui en assure généralement la direction, l’administration et le contrôle généralement dans le pays d’origine ou de localisation du siège social. Une partie importante du chiffre d’affaires de la FMN est réalisée à l’extérieur de ce pays. Le plus souvent, les deux tiers du commerce mondial sont assurés par les FMN, avec pour un tiers d’échanges intra-firmes ou inter-filiales d’une même multinationale et un tiers d’échanges extrafirmes (entre clients et fournisseurs qui ne dépendent pas de la même FMN). Lorsque le capital d’une société est composé d’apports dont la valeur est supérieure à 10% mais inférieure à 50%, on parle de simple participation. En délocalisant leurs activités, les FMN recherchent des avantages comparatifs. En effet, pour réduire leurs coûts de production, les FMN s’implantent dans des pays d’accueil ou font sous-traiter en fonction d’avantages comparatifs nécessaires à chaque segment du fait de la DIPP : Facilités d’approvisionnement en matières premières Utilisation d’une main d’œuvre pas chère (« dumping social ») et docile Contournement des barrières tarifaires Proximité des marchés acheteurs et des infrastructures (ports, aéroports, routes, etc.) Bénéfice tiré des incitations fiscales Aujourd’hui, des pays comme la Corée du Sud (NPI) ou le Brésil (BRICS) exportent des automobiles, des missiles, des ordinateurs… De même, un petit « dragon » comme Taïwan (23 millions d’habitants) est le troisième exportateur mondial de produits électroniques et la quatorzième puissance commerciale du monde. B- IMPORTANCE DES IDE DANS LA MONDIALISATION Les IDE correspondent à un poste comptable du compte financier de la balance des paiements. La B.P permet de retracer l’ensemble des flux ou transactions économiques et financiers entre les résidents d’un pays et les non-résidents, au cours de l’année. La BP comporte : La balance des transactions courantes : biens, services, revenus et transferts courants. Le compte de capital : transferts, acquisitions ou ventes d’actifs non financiers non produits Le compte financier (cf. Infra) Le compte d’ajustement « erreurs ou omissions » Le compte financier est justement le compte qui, selon les recommandations du FMI, enregistre l’ensemble des flux monétaires selon les 5 rubriques suivantes : Les investissements directs à l’étranger (IDE) correspondent à des opérations financières qui ont pour objectif le contrôle d’entreprises (investissements immobiliers, rachats d’entreprises, prises de participation, etc.…) et donc s’inscrivent dans la durée c’est à dire dans une logique économique c’est à dire à long terme et les déterminants des IDE sont : La compétitivité-prix Les C.S.U (couts salariaux unitaires) L‘attractivité du marché (création de filiales ex nihilo ou investissements « Greenfield » ou investissements sur sites vierges) La fiscalité incitative (« zones franches », etc.) Les investissements de portefeuille correspondent plutôt à des achats de titres financiers et donc s’inscrivent dans une logique plus financière caractérisée par une certaine volatilité. Les produits financiers dérivés (primes sur options, appels de marges et intérêts sur swaps de taux ou échange de taux) Les autres investissements regroupent les crédits commerciaux accordés lors d’exportations et les prêts accordés par le secteur bancaire. Les avoirs de réserve représentent les variations des réserves de change de la banque centrale. Donc, l’IDE est l’acquisition d’un intérêt durable (la prise de participation ou la création d’une entreprise à l’étranger) par une entreprise non résidente dans le pays d’accueil. Selon l’OCDE, il y a IDE « dès lors qu’un investisseur résident d’une économie possède, directement ou indirectement, au moins 10% des droits de vote d’une entreprise résidente d’une autre économie ». En 2007, le montant des IDE était proche de 2000 milliards de dollars. Les opérations de fusion-acquisition, qui portent le plus souvent sur de grandes entreprises se sont développées ces dernières années et pèsent un poids important dans le montant des IDE. Elles sont surtout importantes en Europe (région dans laquelle sont réalisées les deux tiers des IDE dans les pays développés). Les trois premiers pays d’accueil des IDE sont les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. L’année 2014 marque un recul de l’investissement en France d’après le Forum de Davos (Suisse). II- LES EFFETS DES STRATEGIES DES FMN A- DANS LES PAYS D’ACCUEIL Quels que soient les pays d’accueil des pays industrialisés ou, au contraire, des pays en développement, les IDE des FMN ont pour effet : La création d’emplois L’augmentation du PIB (en particulier pour les pays émergents) Le transfert de compétences et de technologies : les FMN sont les principaux vecteurs de transfert des techniques par la vente de biens d’équipement, la cession de brevets et les accords de licence, la vente d’usines clés en main, l’assistance technique, les échanges entre scientifiques. Le développement économique par effet d’entraînement : l’implantation d’une FMN dans une région a de nombreux effets indirects (création d’unités périphériques en amont ou en aval, constitution d’un tissu industriel). L’augmentation des exportations. La plupart des États cherchent à attirer les investissements étrangers, dans le cadre de leur politique d’aménagement du territoire, pour bénéficier de leurs effets positifs. Pour cela, ils offrent des aides diverses, font connaître leurs atouts, mettent en place des réseaux d’information, de promotion, de prospection et d’accueil des entreprises étrangères. En France, l’AFII (Agence française pour les investissements internationaux) est chargée de cette mission. Les principaux atouts de la France sont : la taille de son marché, l’accès au marché européen, la qualité de ses ressources humaines, la densité de son tissu industriel, la qualité de ses infrastructures et le soutien à l’investissement industriel. B. DANS LES PAYS D’ORIGINE 1. Les conséquences négatives des délocalisations Elles portent essentiellement sur : Les suppressions d’emplois et donc le chômage pour les salariés les moins qualifiés qui ne retrouvent pas d’emploi, et pour tous les salariés dans les régions en crise, même si leurs qualifications leur permettraient de retrouver du travail dans une autre région. La baisse ou la stagnation des salaires face au « chantage à la délocalisation », c’est-à-dire aux menaces de délocaliser si les syndicats sont agressifs dans le domaine des rémunérations. La désindustrialisation du pays d’origine, avec le risque de perte de contact avec l’innovation qui se diffuse entre les entreprises d’une même région, d’un même pôle. Dans un avenir proche, un risque important est celui de la délocalisation de la matière grise alors que, jusqu’à maintenant, seuls les emplois peu qualifiés étaient touchés. 2. Les conséquences positives des délocalisations Les effets positifs des délocalisations sont surtout observables à long terme. On peut citer, pour l’entreprise : Des gains de productivité et une augmentation des compétences. Une diminution du risque de change puisque, en produisant dans un pays au lieu d’y importer des marchandises, l’offre et le règlement sont effectués dans la même monnaie, il n’y a pas de crainte de voir fluctuer les monnaies entre la commande et le règlement, comme c’est le cas dans les opérations de commerce international. Et, pour le pays, on observe : Une meilleure exploitation de ses avantages comparatifs, qui lui permet de renforcer sa spécialisation dans les échanges internationaux ; Une hausse du pouvoir d’achat induite par une baisse des prix, les prix des produits importés diminuant du fait de la concurrence internationale ; Des recettes fiscales plus importantes apportées par les profits élevés des multinationales qui ont délocalisé leur production.