Cahier juridique – Année 2004 311
VENTE D’UN TERRAIN COMMUNAL
ET RÉTROCESSION APRÈS CONSTRUCTION
Quelles sont les règles applicables à la vente par la commune d’un terrain à un
promoteur, avec rétrocession ultérieure d’une parcelle dudit terrain après
construction par l’acheteur d’un hangar ?
Alors que, la vente du terrain a été constatée par acte notarié et que le hangar a été
construit, puis rétrocédé à la commune pour l’installation de ses services municipaux, cette
rétrocession n’a pas été constatée par acte notarié. La parcelle, où se situe le hangar et dont
la commune pensait avoir pleine possession, semble être considérée comme propriété de
l’acheteur, par le trésor public, qui a acquis des droits sur cette parcelle du fait de la mise en
liquidation judiciaire du promoteur.
Le fait que le notaire, qui a procédé à la vente du terrain entre la commune et le
promoteur, reconnaisse de manière implicite une faute de sa part, en proposant que la
commune rachète la parcelle et que lui rembourse le prix d’achat (s’il y a vente), est un
indice pour présumer que la procédure est viciée et que la commune ne peut être considérée
comme propriétaire de la parcelle en question.
En effet, un acte sous seign privé du notaire constatant la rétrocession de terrain
(c’est-à-dire la remise de la parcelle, sur laquelle le hangar a été construit) à la commune
aurait vraisemblablement du être fait, ce lors de la rétrocession, qui a bien eu lieu puisque
les services municipaux occupent le hangar.
Le transfert de propriété, du fait de la rétrocession prévue dans le contrat de vente,
aurait du être constatée par acte notarié, suite au « retour » dans la commune de cette
parcelle.
Le fait qu’il n’y ait pas eu de publicité foncière (par cet acte notarié) rend le transfert de
propriété inopposable aux « tiers ». En effet, la vente immobilière produit des effets à l’égard
des « tiers », s’il y a publication.
La notion de « tiers » en matière foncière s’entend par « personne ayant des droits
concurrents sur le même bien ». En l’espèce, le trésor public semble avoir acquis des droits
sur la parcelle en question, du fait de la mise en liquidation judiciaire du promoteur et est de
ce fait à considérer comme « tiers ayant des droits concurrents sur le même bien ».
A défaut de publicité foncière (acte notarié constatant la rétrocession) la parcelle en
question est considérée comme étant encore une propriété du promoteur.
Ainsi, le transfert de propriété, n’ayant pas été constaté légalement, semble être
inopposable au trésor public, qui a acquis des droits sur cette parcelle du fait de la mise en
liquidation judiciaire du promoteur.