La responsabilité politique et économique face à la complexité du monde actuel Ces notes de conférences ont été prises le 31 janvier et le 1er février 2004 à Rimont. Intervenant : le père Samuel Rouvillois de la communauté de Saint Jean. Préalables Les évolutions de notre monde sont complexes, car plusieurs « univers » caractérisés par des vitesses d’évolution différentes, cohabitent : Classement des univers par vitesse d’évolution : Médiatique>économie>politique>social>personnel>civilisation Ce qui conditionne la vitesse de l’évolution c’est la rapidité de traitement et d’assimilation de l’information par l’ « univers ». L’économie va toujours plus vite que le social Ce qui va plus vite que l’économie, c’est le médiatique Un corps social a plus d’inertie que l’entreprise Le politique peut aller un peu + vite que le social, mais à peine (Ex : le voile) L’aspect personnel évolue encore plus lentement que le social. Ce qui évolue le plus lentement c’est la civilisation. La personne grandit avec l’intelligence et la volonté La civilisation c’est encore plus lent / des siècles mais elle peut être détruite très vite (Hiroshima) Mutations à 3 niveaux Les mutations commencent par être économiques, puis elles sont politiques avant d’être culturelles. 1-Economiques - industrie - consommation - information 2-Politiques 3-Culturelles La société traite les changements majeurs d’une façon bien singulière : elle en montre d’abord les gigantesques avantages ou inconvénients (à priori) puis plus rien une fois que la révolution est en cours, a eu lieu et que ses effets se font pleinement sentir. (Où sont passés les mouvements consuméristes des années 60 ?) Qu’est ce qui a été dit sur la révolution de la consommation depuis J. Baudrillard ? 1 I Les mutations 1- les mutations économiques 1A- La révolution industrielle la révolution industrielle a généré l’idéologie de la responsabilité. Qu’est-ce que c’est ? La révolution industrielle, c’est l’invention de la machine, c'est-à-dire l’utilisation de la raison scientifique, au service de la maîtrise de l’énergie. 1ère machine est la machine à vapeur qui représente un saut qualitatif. L’utilisation de l’abstraction scientifique a permis de concevoir la machine alors que l’outil est un prolongement de l’expérience. Avant l’outil démultipliait la force physique. La machine provient d’un usage quantitatif de la réalité. Elle permet de maîtriser la quantité dans le réel, notamment le mouvement physique, l’énergie. Par la machine, l’homme entrevoit la possibilité d’un progrès illimité dans la maîtrise de la matière. Plus profondément, c’est la promesse d’augmenter le pouvoir de l’homme sur le monde physique, en vue d’augmenter les biens matériels. C’est la certitude d’un progrès dans l’ordre du bien matériel. Idem pour les médicament. Cycles de type économique. La médecine est dans une logique industrielle. Promesse de la raison scientifique appliquée. La science actuelle vise directement la maîtrise du monde. Le type d’intelligence qui préside à la machine est totalement différent de l’intelligence issue de l’expérience naturelle. La révolution industrielle a changé l’artisanat et l’agriculture. Aujourd’hui l’agriculture est quasi exclusivement industrielle. Industrie agro-alimentaire est le donneur d’ordre de l’agriculture Française qui elle-même livre la grande distribution. Agriculture est un sous-traitant d’un sous-traitant… En un siècle, l’économie Française est passée d’une base agricole, à une base industrielle puis commerciale. Quelles conséquences sur la responsabilité ? En premier lieu, les personnes, les groupes, les sociétés sont dépendantes du progrès matériel. Ensuite, la raison a détourné l’homme de l’intelligence : propriété hallucinatoires de la raison. La révolution industrielle est une matérialisation de l’intelligence rationnelle. Je ne peux prendre une décision sans tenir compte des moyens fournis par la révolution industrielle. L’homme est conduit à assumer des quantités de phénomènes qui ne dépendant pas d’une logique humaine mais de la raison industrielle. La raison scientifique est rentrée dans notre vie prudentielle (l’intelligence prudentielle concerne les décisions qui touchent la personne) à très haute dose, car elle influence notre environnement. Des phénomènes qui ne dépendent pas d’une logique humaine mais de la raison économique se sont interposés au cœur de nos vies. La peur, qui est un phénomène affectif, a été technologisée, (en témoigne le développement des assurances). La logique industrielle introduit aussi une promesse qui est celle du progrès. Nous ne pouvons plus envisager nos vies en dehors de l’idée de progrès. La promesse de progrès polarise toute notre vie. Cependant, le progrès est un vieux projet personnel. Aujourd’hui lorsque la croissance passe en dessous de 1%, on le vit comme un appauvrissement. Les différents « univers » mentionnés plus haut sont touchés. C’est économique, social, puis cela devient personnel et enfin culturel. 2 1B - La révolution de la consommation La société de consommation faire dépendre le fonctionnement de la société de la consommation de masse. Cela conduit à centrer sa vie sur le plaisir immédiat et encourage le plaisir individuel qui accroît la consommation : (à chacun son téléviseur, son véhicule, …) J. Baudrillard a montré les conséquences de la consommation dans : « la société de consommation » et « l’échange symbolique et la mort » Le second livre montre les conséquences culturelles de la révolution de la consommation. La démultiplication des choix développe une dialectique de l’angoisse et de la récompense. L’angoisse ressentie devant un étalage trop impressionnant me pousse à choisir, coûte que coûte. Le supermarché est fait pour vous angoisser ; il y a 20 marques. Si une seule marque de yaourts, angoisse zéro. L’angoisse est aujourd’hui un des vecteurs essentiels de la consommation. Cela peut conduire au terrorisme – syndrome de Stockholm des otages qui sympathisent avec les terroristes. L’angoisse du choix conduit à se rendre par peur, et à consommer. 1C - La révolution de la communication Nouvel espace-temps La technologie accélère les échanges d’information et crée des espaces-temps virtuels. L’information et le monde médiatique sont devenus inséparables du monde économique Mais la révolution de la communication n’est pas encore achevée. C’est, au sens fort, la fabrication, ou la création, d’un espace et d’un temps qui se substitue au temps réel – thème de Matrix. L’informatique permet de s’évader de la réalité. Elle permet la vie intégrale en temps réel dans plusieurs espaces temps. On assiste à la dislocation du sujet agissant. Philo du droit Base du droit = personne au sens juridique. Personne juridique = 1 nom et un domicile Moyen d’identifier les personnes qui constituent la communauté. Pour la loi, il faut des sujets de la loi. Dans le moderne, son nom et son domicile. Les deux choses n’existent plus dans le monde de l’informatique. Plus d’identité et toutes les adresses que l’on veut. Plus territorialement repérable. Grand jeu = repérer votre domiciliation fondamentale. Traquer les gens sur la toile. Repérer physiquement derrière la toile qui est là. C’est essentiellement de l’image, qui est consommée jusqu’à présent. Grande question actuelle : quelles conséquences économiques ? Conclusion sur les mutations économiques Révolution industrielle: Idéologie de la puissance et du progrès. Révolution de la consommation : Sur-valorisation du bonheur individuel et du plaisir immédiat. Révolution de la communication : duplication d’identités et changement de logique spatio-temporelle. On assiste au développement de moyens dont la puissance de substitution par rapport à la réalité est de plus en plus forte. - L’industrie touche la puissance - Consommation touche le bonheur et l’affectivité - Communication touche la connaissance – rapport au réel dans ce qu’il a de plus radical. 3 Ces moyens se présentent comme une alternative à la finalité de l’homme. Ce sont des moyens de très bonne qualité, leur degré de capacité à générer l’illusion est très élevé. Se rappeler qu’un moyen n’est pas mauvais en soi, c’est le rapport ambigu que l’individu entretient avec qui peut l’être. Optimisation des moyens On est rentré collectivement dans le mythe et le fantasme de l’optimisation des moyens. Tout moyen efficace doit un jour être utilisé. Sinon c’est faillir – Sorte de pré-destination matérialiste. « C’est inévitable, fatalement, on ne peut pas faire autrement » Beaucoup a été dit en 1978 par Soljénytsine dans un texte prononcé à Harvard : le Courage de la vérité. Le déclin du courage… le courage de la vérité, ce qu’il y a d’illusoire dans la fausse réalité proposée par la révolution industrielle et la consommation. 1er acte responsable : consentir au réel au-delà de l’illusion. Le choix de la réalité devient un acte héroïque. L’intelligence est affaiblie dans son rapport au réel. En comparaison, les sirènes d’Ulysse étaient une aimable plaisanterie. 2 - Mutations sociales 2A -Individualisation et collectivisation Nous assistons au développement simultané de l’individualisation maximale et de la collectivisation maximale. Sur-valorisation de l’individu, mais pour que tout le monde achète la même chose ! Jusqu’où ira l’industrialisation du bio ? Comment valoriser industriellement la valorisation du produit fait « main » ? La nouveauté à Davos c’est que les «responsables» ont pris conscience que le pouvoir leur a échappé. Tant que les personnes maîtrisent le système, on ne peut pas vraiment parler de système. Le système existe lorsqu’il n’y a plus de maîtrise. Pour mémoire, ambition de Marx. Société sans classe : chacun est complètement lui-même dans un harmonie collective plénière. Capitalisme et marxisme : mêmes présupposés – même finalité…qq moyens différents – et discours mythologiques différents Libéralisme : libre initiative Marxisme : humanité au-delà des individus Aspiration aux droits de l’homme Tension vers une aspiration aux droits de l’homme. Sensibilité aux droits de l’homme et à l’égalité. Acquis psychique et social du monde contemporain. Sans doute contagieux (Chine…) – aspiration pulsionnelle…j’ai le droit de faire ce que je veux…. Logique des droits de l’individu entre dans la mentalité japonaise. Cependant cette forte sensibilité aux droits de l’homme est accompagnée en fait d’une faible compréhension de ces mêmes droits. Souci d’une efficacité collective maximale. La société doit être un prestataire de service maximal. L’organisation doit être maximale, ce qui sous entend l’optimisation de sa logique fonctionnelle. Je veux tout à ma disposition, tout de suite et en même temps. Je préfère me sentir libre, même si je ne le suis pas vraiment, plutôt que d’être libre et de ne pas le sentir (à nouveau la problématique de Matrix) 2B - Nous avons quitté le modèle rural et républicain Rural pour la 1ère fois, l’homme n’est plus adossé à la nature. Nous sommes sortis du monde rural. 4 Dans le modèle rural la solidarité était obligatoire et égoïste. C’était un individualisme dans une dépendance mutuelle concédée. La destinée religieuse était collective. La manière de vivre était liée à des repères géographique et locaux Le fonctionnement social était stable, voire sclérosé. La société était stratifiée de façon rigide et justifiée par une mythologie religieuse. Principe de tradition, et de continuité dans le temps Dans l’éternel retour des saisons la révolution ne veut rien dire. Aujourd’hui les exploitations agricoles sont complètement industrialisées Ce n’est plus un monde rural. Il n’y a plus de paysans. Républicain Contrat social – Rousseau La république française a doublé l’homme rural d’une identité citoyenne à laquelle tout le monde accède de droit. C’est une sorte de paradis où tout le monde est égal et qui dynamise la société. Acceptation renonciations avantages individuels au profit de la volonté collective nationale République a une fonction mystique Doit des comptes au peuple Etat / fonctionnement du monde rural Instauration d’une mythologie collective – Mythologie du citoyen Je suis quelque chose qui transcende tout ça Laïcisation de l’Evangile Accède à un niveau supérieur (de droit) Explique le dynamisme et les contradictions internes Réalisation d’une Nation Avant la base c’était le chef, la famille, la tribu Idéalisme quasi mystique Cette organisation conférait un sentiment d’appartenance à une destinée collective forte. Contractualisation Le contrat social ou moral est devenu un contrat commercial. Avant, société de la parole. Aujourd’hui, il n’y a plus de culture commune. Même chez les anglais. Modèle d’aujourd’hui serait le « prestataire multi-cartes ». L’Etat est responsable de l’organisation de la prestation de services physiques, psychiques, … Proximité locale et rapport aux autres Notre espace n’est plus un espace local, mais mondial Nous sommes d’abord membre du système mondial, puis européen et enfin peut être français. Très concrètement, cela se manifeste par le déplacement des personnes. La conscience d’une appartenance au réseau mondial est très forte La vie collective dans un monde artificiel qui est celui de la ville, est à option ; c’est moi qui choisis mon quartier, mon école, mon entreprise. Le rapport aux autres est optionnel : problème de l’appartenance à un groupe n’est plus territorial, il est affinitaire. Optimisation de l’autre La vie est un grand jeu d’alliances. Il faut tirer le maximum de profit des autres. On évolue vers le pragmatisme à court terme. La notion de destinée collective n’existe plus. Les valeurs religieuses sont considérées comme inefficaces. Les valeurs du fonctionnement social sont en voie d’érosion. La responsabilité et l’engagement n’ont plus le même contenu depuis 10 ans… 5 3 - Mutations culturelles 3A - La perte d’un modèle culturel homogène (et de son arrimage à la ruralité) On est plus adossé au bon sens rural. Les cultures sont mises en concurrence. Cela entraîne une perte radicale de la capacité à donner du sens (la culture donnait du sens). Il y a aujourd’hui autant de modèles culturels que de personnes. C’est ce qu’on appelle le bricolage culturel. La culture revêt une dimension utilitaire. Chacun doit se raconter son histoire en même temps qu’il la vit. Si bien que la vie est un long échec (dans une perspective de fin idéale) ou une grande tentative (dans celle d’une finalité pragmatique). Cela entraîne un refus des institutions qui peuvent ordonner, conseiller. Les institutions sont fondées sur des logiques de pouvoir. Personne n’a le droit de me dire ce que je dois faire.. Il y a une sorte de cynisme serein. Les jeunes jugent uniquement sur le réel, pas sur les intentions. La confiance est validée par la vérification du réel, et non a priori. L’érosion de la confiance entraîne l’érosion de la socialité. 3B - Fin de l’humanisme rationaliste, idéaliste ou romantique L’occident a enregistré que la Raison a commis au nom de l’Homme les plus grands massacres. Comment l’humanisme peut il empêcher l’homme d’être un barbare ? La science sert plutôt au pire qu’au meilleur. Les science ne peuvent rien dire de ce qu’est l’homme. Elles ne peuvent qu’expliquer le fonctionnement. Le romantisme consiste à croire que l’on est l’incarnation de l’idéal. Aujourd’hui, Bush incarne un romantisme religieux…caricature de la mystique ? 3C- Vers un pragmatisme Nous allons vers un pragmatisme plus simple, plus dans le réel. Ne serait-ce pas la forme contemporaine du bon sens ? Mais c’est difficile dans un monde qui évolue rapidement et qui fragilise la personne humaine. Aujourd’hui, retour aux questions de Socrate. L’occident revient à son point de départ. Y a-t-il quelqu’un ? C’est la question de l’identité de soi, de l’homme mais aux prises avec l’angoisse. Il faut trouver les preuves que l’on existe (du fait de l’angoisse). Ce n’est plus une évidence pour les nouvelles générations. Y allons nous ensemble ? Question d’Abraham à mettre en regard avec l’individualisme Aujourd’hui, nous sommes sous pression psychique. Nous avons l’informatique pour déléguer la gestion de la complexité. Ensuite, nous pourrons être dans le ludique… La promesse de l’informatique : le ludique va absorber le rationnel. Les ordinateurs augmentent-ils ou diminuent-ils la complexité ? Le plaisir de la consommation est devenu devoir de consommation…et nous observons un peu la même chose en informatique Les 3 - questions actuelles identité : qui je suis ? vocation : pour quoi faire ? (buts personnels) espérance : l’espoir est mort ; y a-t-il une autre manière de se projeter dans l’avenir, dans une anticipation positive du futur ? 6 II - la responsabilité La responsabilité commence par la question de l’identité de l’homme. Il faut se réapproprier ce qu’est l’homme. L’homme peut prendre deux chemins : 1- Un modèle fonctionnel : c’est une situation de crise qui passera. Stratégie du surfeur. L’homme se réinvente à chaque seconde. Il est la résultante de son conditionnement. La question est alors : comment optimiser la situation dans le sens du plaisir et de l’utile ? C’est une optique purement pragmatique. 2- Passer d’un philosophie idéaliste à une philosophie de l’expérience : passer de l’idée à l’apprentissage et passer de l’Homme à l’homme. C’est l’autre pragmatisme, mais sur le terrain, pas dans la tête. Un pragmatisme fondé sur l’interrogation du réel. passer d’une philosophie de l’idéal à une philosophie du réel passer d’une philosophie de l’Homme à une philosophie de l’homme passer de l’idée à l’apprentissage de l’homme. Réapprivoiser le réel. Se poser les questions au raz du réel. Quels sont les chemins d’apprentissage concret de la responsabilité ? Pas de responsabilité sans ces chemins. C’est un peu comme l’ingénieur et le compagnon. L’ingénieur, on lui explique d’abord, il n’aura peutêtre jamais à le mettre en pratique. Le compagnon, on lui explique après. L’apprenti et le compagnon font, avant de théoriser. Nous existons par rapport à notre responsabilité. Et si je ne suis pas responsable, je n’existe pas culpabilité. Nous verrons qu’il existe beaucoup de choses avant la responsabilité ce qui permet de dégonfler cette culpabilité. Nous sommes écrasés par la complexité. Simplifier, revenir au réel. Place du conditionnement – degré d’exigence sur la responsabilité. La complexité du conditionnement permet de comprendre : - l’inquiétude - la désertion par rapport à la responsabilité Recherche de l’origine de ce constat Il faut descendre de manière très radicale sur le terrain de la personne humaine. Responsabilité = f(volonté) = g(engagement) La responsabilité est liée à un engagement et à la volonté. La maladie occidentale = volontarisme Dans le monde cartésien - intelligence de l’abstraction qui vit de définitions - vie pratique où il s’agit d’appliquer les idées abstraites en question L’intelligence et l’abstraction projettent de façon volontariste leurs vues sur le réel. Avant de s’engager, l’homme contemporain a des milliers d’idées de ce qu’est la responsabilité et l’engagement Il faut donc resituer la place de la volonté par rapport à ce qui est antérieur à la volonté et l’engagement. A- L’involontaire et l’irresponsable précèdent largement la responsabilité. 1- La responsabilité n’a aucun sens si elle n’est pas fondée sur ce qui est (1er acte de ré-éducation philosophique) Identifier tout ce sur quoi il ne faut pas agir car cela ne sert à rien. L’agir n’a de sens que sur le fond de l’être. Vouloir sans être c’est ne pas savoir ce que l’on veut. 7 Souvent la volonté n’a pas pris le temps de s’enraciner dans la personne mais seulement dans l’efficience (risque d’une volonté efficiente et a-personnelle). Leurs idées existent, leurs projets existent, mais pas eux. Personnes qui définissent leur réalisation dans la réalisation de leurs projets. Compensation de son impuissance à être par le faire. Pour se distraire de la question de ce qu’on est. a- Commencer par consentir à ce qui est. Aucun sens de prétendre prendre en compte les choses comme elles sont si je ne les accueille pas comme elles sont. Ecoute, accueil et consentement à ce que les choses sont. Que ça me plaise ou pas n’y change rien. Dans la réalité, triple accueil qui est nécessaire. - accueil de la chose - accueil de moi-même - accueil des conditions La responsabilité humaine n’existe que sur un fond d’irresponsabilité fondamentale. Ou alors c’est Dieu. L’Etre n’est pas du domaine éthique. L’être ou la vérité sont infra-éthiques. « la vérité nous échappe dès qu’on cesse de la chercher » (Soljénytsine) b- autre acte éthique fondateur = être là ! Dégager dans son imaginaire de l’espace et du temps pour ce qui est. Etre présent, en direct. Etre là. L’existence de la personne, ce n’est pas savoir, c’est être. Aller voir les choses telles qu’elles sont. (Dieu qui est). Etre d’abord soi-même avant de jouer son rôle. Le problème de la vérité, souvent c’est la peur d’être là. Nous ne prenons pas le temps de voir les choses. Peur d’aller voir les choses comme elles sont. Notre première responsabilité, c’est de descendre à la vérité des choses. Sinon de quoi parlons nous ? L’aurore de la responsabilité, c’est commencer par être là. Essayer de descendre dans la vérité des choses 2-Irresponsabilité fondamentale de ce qui est a- La plupart du temps, les choses se portent bien sans moi… Ex : invention chemin de fer – traversait des champs – faisait étincelles qui mettaient le feu aux champs. Qui est responsable : fabricant roue, traceur du chemin, usager, patron, paysan qui n’a pas anticipé ? …Complexification depuis deux siècles …part du principe qu’il y a toujours quelqu’un de responsable. Pourquoi y aurait-il toujours un responsable ? - La Providence regarde tout, jusque dans le détail…Dieu. Si Dieun’est plus là, qui supporte tout ça… 1ère raison de l’hypertrophie de l’omni-responsabilité. - Puisqu’il faut qu’il y ait toujours un responsable pour chaque chose, je suis potentiellement responsable de tout. Si tout est interconnecté, je suis responsable de tout, ou de rien !!! Diviser tout en séquence. Vous êtes malade, vous accusez votre médecin…mégalomanie de la rationalité. Il y a nécessairement quelqu’un qui est coupable. Ex : qui est responsable de la canicule ? Vous pouviez savoir…animé par une gigantesque peur, délire pur… Tout ce qui est naturel, le physique, les personnes, je n’y peux rien. L’art réclame fondamentalement une Intelligence du mouvement naturel (analogie). Même à l’égard des réalités artificielles, il y a une part de non-responsabilité. Je ne suis pas responsable de ce qui est. 8 Les choses me précèdent. Irresponsabilité fondamentale. Je ne suis pas responsable de tout ce que j’ai fait, de ce que je pense… Quantité de choses où vous n’y êtes pour rien du tout. Les idées que nous avons-nous sont venues. Si je suis responsable des choses dont je suis source à 100%, je ne suis responsable de rien. Qu’est-ce qui fonde la responsabilité ? L’Occident cherche à fonder métaphysiquement la responsabilité. La rationalité de la science conduit à la croyance en la maîtrise de tout. La science nous fait croire à la transparence rationnelle des phénomènes. (Voir Taoisme…Agir et non Agir, les 2 facettes d’une même sagesse humaine) La responsabilité s’inscrit dans le fait que les choses nous précèdent. Mais c’est une utopie de vouloir être responsable de tout. Dieu est responsable de tout. Ce n’est donc pas évident de régresser jusqu’au seuil de la question : comment apparaît ma responsabilité ? Dominer pour l’homme ne signifie pas maîtriser. B- Réapparition de la responsabilité dans l’ordre pratique Réapparition relative La responsabilité apparaît dans l’ordre pratique avec l’action humaine. Dans l’ordre de l’être, je ne suis pas responsable. Irresponsabilité fondamentale de ce qui est. Avant toute action, il y a la connaissance. Nous sommes accueillis dans l’être. Notre vocation serait contemplative avant d’être active. L’action, c’est quoi ? C’est la manière dont l’homme agit sur le réel. Dans la mesure où j’agis sur moi-même et sur le monde entier. Même la manière dont l’homme agit sur quelque chose, il n’en est pas totalement source. Pourquoi ? Car l’homme est capable de marcher, mais ne l’a pas inventé. Il y a une pré-détermination des actions qui est très forte. On regardera deux choses : Travail et relation à autrui. Deux activités fondamentales dans lesquelles l’homme fait l’expérience de la responsabilité. Le monde a priori fait peser une responsabilité énorme sur chacun, mais au fond, de quoi suis-je vraiment responsable ? On devrait dénoncer la sur-valorisation pathologique. Se désintoxiquer par rapport à la survalorisation de la responsabilité. Le monde survalorise de façon écrasante. Il est donc nécessaire d’objectiver la responsabilité. Dans les actes, je ne suis pas responsable de moi, ni des personnes auxquels ils s’appliquent. En revanche, je suis responsable d’en être l’auteur. 1- La responsabilité apparaît dans le travail. Le travail consiste à réaliser quelque chose suivant un dessin. Même s’il s’agit d’une réalité immatérielle, même s’il s’agit d’idées. Doit pouvoir se présenter sous la forme d’une réalisation. Mais ce quelque chose est inséparable de l’idée dans laquelle elle a été conçue. 9 Spontanément propriétaire de mon oeuvre Je me considère comme spontanément propriétaire de ce que j’ai fait. Sous ce rapport-là, il y a un lien direct. Travailler, c’est mettre l’intelligence de ce que je vais faire dans ce que je fais. La volonté va être là pour mettre en oeuvre. Je suis donc intrinsèquement relié à ce que je fais. Rapport d’avoir. Donc de propriété. Propriété intellectuelle. La chose demeure à l’intérieur de moi, bien qu’extérieure à moi. Bienveillance pratique et spontanée. On protège son œuvre. Est-ce un amour ? Spontanément, je réponds de ce que j’ai fait. L’œuvre est quelque chose dont je suis source. Enfant qui vient montrer ce qu’il a fait. En découvrant ce rapport fondamental à l’égard de l’objet, il découvre une forme de responsabilité à l’égard de lui-même. Responsabilité envers l’objet et envers soi vont ensemble. Relation intrinsèque au travail. Relation d’avoir (illustré par la propriété intellectuelle). La chose demeure à l’intérieur de moi, bien qu’elle soit extérieure. Attachement affectif. Cet attachement est il la première forme de responsabilité, car j’ai mis quelque chose de moi dans cette œuvre ? En veillant sur l’œuvre, l’homme veille sur lui-même. La bienveillance engendre la responsabilité : Intégrer du côté du volontaire cette relation intrinsèque de la chose Passer de la bienveillance à une volonté de veiller sur…c’est là qu’apparaît la responsabilité. Quelque soit la « matière » de l’œuvre : Aussi fort dans le travail manuel ou intellectuel ? Virtualité aussi forte. On éduque l’enfant à la parole. Concrètement la responsabilité à l’égard de la réalité physique matérielle ou à l’égard du geste ou de la parole (réalité immatérielle) est la même. 1ère forme de responsabilité : parce que je comprends ce que je fais, et je ne le fais que dans la mesure où je le comprends, je peux en rendre compte. Répondre des conséquences ? La responsabilité à l’égard des conséquences est plus complexe. Elle dépend de la prévisibilité, de ma capacité à prévoir. Quelle est la prévisibilité intrinsèque ou connexe à l’objet ? Bienveillance intrinsèque envers quelque chose ou quelqu’un. La responsabilité doit être intrinsèque et non pas fondée sur la volonté mais la relation entre l’intelligence et la chose : l’idea. Le degré de responsabilité est directement lié au degré d’intelligence de la chose. Cela ne se situe pas du côté de la volonté. La responsabilité c’est le passage de la bienveillance à la volonté de veiller sur. L’adulte peut se mentir sur les conséquences, l’enfant non. L’adulte segmente sa responsabilité. Beaucoup plus complexe est la prévisibilité des conséquences, qui ne sont pas forcément présentes dans ce que j’ai conçu. Quelle prévisibilité intrinsèque de l’objet ? Comment revenir à la racine objective ? Responsabilité à l’égard des réalités avant de regarder la responsabilité à l’égard des personnes. Relation entre la personne et ce qu’elle fait. La responsabilité aujourd’hui est d’abord légale et animée par la peur La responsabilité ne devrait pas être considérée d’abord en terme de légalité, mais être envisagée comme un lien intrinsèque positif. Manière d’intégrer à l’intérieur de soi autre chose. A ce moment-là ça devient complètement différent. Il ne s’agit plus de rendre des comptes. Assumer les conséquences c’est un deuxième niveau. Intelligence et responsabilité La responsabilité est formellement du côté de la volonté mais elle a pour origine l’intelligence. Plus je comprends ce que je fais, plus j’en suis intrinsèquement responsable. La matière dont vous vous êtes servi, vous n’en aviez pas une connaissance absolue. Le marbre que vous sculptiez casse…quelle est votre responsabilité ? Degré de responsabilité directement lié au degré de connaissance de la chose 10 Le fondement de la responsabilité est donc du côté de l’intelligence. Responsable dans le travail - relation à l’objet - volonté qui l’assume Donc, il est absurde de prétendre être responsabilité sur le plan pratique de quelque chose que je ne connais pas. On n’assume pas l’inconnu. première chose angoissante dans la responsabilité est de ne pas comprendre. Engagement dans un projet commun. Qui est responsable de ce que l’on fait ? Chacun est responsable dans la mesure de sa connaissance et de son pouvoir. La connaissance engage. Donc, ne pas se tromper sur le pouvoir réel que l’on a et y proportionner sa responsabilité. Toute connaissance engage dans la mesure où elle est liée à une capacité d’agir. Dans un projet commun, chacun est responsable dans la mesure de sa connaissance et de son pouvoir. Il est important de ne pas instrumentaliser les personnes afin de pouvoir partager la responsabilité. Celui qui dirige est il responsable? Pas évident. Pas le pouvoir, peu la connaissance. Celui qui coordonne le projet : - soit il est le maître absolu (W. Herzog) alors il assume la totalité de ce qu’il fait - si coordonne leurs actions alors chacun doit assumer (Milgram 66% des personnes tuent le cobaye humain avant d’assumer leur responsabilité contre l’institution I comme Icare) Processus expérimental avec délégation de responsabilité Aujourd’hui, un projet peut être construit sans que quelqu’un en ait l’intelligence. Comment analyser la responsabilité d’une oeuvre dont personne n’a l’intelligence ? Centrale nucléaire, navette spatiale. Très séquencé. Objet dont personne n’a vraiment l’idea. Pyramide, non. Idea était là. Théâtres antiques. Résonance, sonorité parfaite. On analyse techniquement, morceau par morceau. En fait, c’est l’intelligence de l’ensemble de ces éléments qui permettait de savoir. Situations-limite : médecine armée vie religieuse 2- La responsabilité à l’égard de l’autre Commencer par être éduqué à la responsabilité de quelque chose avant d’assumer la responsabilité de quelqu’un. Différence par rapport à la responsabilité à l’égard de l’œuvre : responsabilité au-delà de la connaissance Consentement à m’engager envers l’autre fonde une véritable responsabilité. Accueil de l’autre, de sa personne, non pas la connaissance que j’en ai. J’accepte d’être responsable au-delà de la connaissance que j’ai. Je ne suis engagé qu’envers quelqu’un que je considère comme un certain bien pour moi. Encore faut-il que le sache. Si je ne le sais pas, je ne suis pas engagé. Le propre de la vraie relation personnelle : la personne est mon bien au-delà de ce que j’en connais. Elle est ma finalité. 11 Cette dimension de toi, je ne la connaissais pas, maintenant que la découvre, dehors…même la relation personnelle, a tendance a devenir un contrat commercial, il n’était pas mentionné que…résiliation du contrat. On voit bien qu’il y a une différence -est dans la volonté -à la mesure de ce qu’est un engagement personnel -porte sur la personne comme telle, comme ma fin C’est la prise de risque souveraine. Je deviens responsable de quelque chose que je ne connais pas. Fou ! On accueille plus que la connaissance de la personne. On accueille la personne complète. Il y a un risque. Qu’est-ce qui le permet ? Connaissance et coopération. D’abord une connaissance de la personne, certes. L’engagement volontaire de la personne elle-même. Je ne peux être responsable de quelqu’un qui ne choisit pas de coopérer à cette responsabilité que j’ai sur lui. Qui ne consent pas de manière responsable à ce que je sois responsable de lui. Qui n’accepte pas de devenir responsable de moi (car consentir c’est devenir responsable de l’autre). Dans l’amitié, chacun coopère à la responsable de l’autre. Je ne peux être responsable de quelqu’un qui ne souhaite pas que je sois responsable de lui. Et du coup la responsabilité est inversée. Je deviens responsable de l’autre. Responsabilité réciproque (cf le petit Prince, description des conditions de la responsabilité perso). Lucidité de l’engagement réciproque, vérité de l’engagement. La responsabilité que l’on a par rapport à quelqu’un vient achever celle qu’il a par rapport à lui-même. Aristote : amour de l’autre présuppose l’amour de soi. Je ne peux m’engager dans la durée avec quelqu’un qui ne veut pas s’engager pour lui-même (sinon, complexe océanique). Mais bienveillance envers moi-même n’est pas que le fruit de l’engagement de l’autre. La responsabilité n’est donc pas univoque. Coopération réciproque. Mais mesure de la responsabilité est au-delà de la connaissance. La mesure de la responsabilité, c’est l’engagement envers l’autre qui consiste à l’accueillir tel qu’il est. Dimension anticipatrice et prospective de l’autre dans la responsabilité. Accueillir l’autre tel qu’il est c’est s’engager à l’accompagner dans son devenir, dans la durée. M’engager dans la durée. Ce n’était pas vrai dans le domaine du travail. Engagement sur le devenir Pourtant l’engagement est mesuré par ce qu’est l’autre (et donc son devenir). L’autre cherchant le bien, et avide d’un engagement vrai. Temporiser la notion de risque. J’assume l’autre avec son devenir. Celui qui embauche, si alcoolique…fait partie de son devenir, et pas dans le contrat… Quelles sont nos clauses de résiliation ? (perso…) – les regarder en face, car l’engagement envers quelqu’un n’est pas totalement inconditionnel. Que l’autre cherche le bien dans la vérité. Mais à sa manière. Il reste une responsabilité, mais il n’y a plus de réciprocité, il reste un engagement. Capillarité de la responsabilité Bienveillance volontaire. On finit par accepter des choses qu’on aurait pas fait soimême… les goûts… extension de la responsabilité. Ce qu’est l’autre peut réclamer tout de moi (Lévinas)…jusqu’au sacrifice de moi-même. C’est pour nos fautes que Jésus souffre. Jusqu’où peut aller le fait que je me porte responsable de l’autre ? Responsabilité du dirigeant, de l’institution…pédophilie et Eglise. Si la RATP devait être responsabilité de tous les crimes commis… Retournement sacrificiel (René Girard). Eglise, normal à cause du corps mystique (bien que pas philosophiquement). Contrat social de Rousseau = laïcisation du corps mystique. L’état a une fonction hypostatique spirituelle. 12 Je suis responsable : -dans la mesure où je connais -si j’ai le pouvoir d’action Les motifs pour lesquels on tape sur l’Eglise ne sont pas fondés, mais qu’elle même souhaite donner l’exemple en se portant responsable de ses membres. OK Patrie : qui se considère comme appartenant à sa patrie ? Puis-je appartenir à un corps social ? Est-ce que ça veut dire quelque chose ? Etat ? Peuple ? La responsabilité dans les situations dissymétriques - enfant, élève, disciple Jamais de responsabilité sans coopération Je ne suis jamais totalement responsable de l’autre Je coopère à ce qu’il est sans être source de ce qu’il est. La responsabilité est à la fois, plus et moins grande. Plus grande qu’à l’égard d’un adulte…connaissance et maturité de la volonté moindre. Capacité d’engagement dans la responsabilité est moindre. Ma responsabilité est de compenser le déficit de connaissance et de volonté. Responsable du maître, des parents, de l’enseignant. J’assume le déficit de responsabilité. Chacun est responsable, mais à sa mesure. Responsabilité peut paraître plus grande. Mais comme il n’y a pas de réciprocité, la connaissance de l’enfant est plus obscure que celle de l’ami et donc la responsabilité / enfant est moins grande. Plus grande extension, moindre profondeur La responsabilité plus grande en extension, mais moindre en profondeur. Elle implique une intelligence de la compréhension du décalage. Plus en extension. Peut-on être responsable seul d’un être qui ne l’est pas encore ? Quelles sont les circonstances qui posent que la limite de mes responsabilités réclame d’être compensée par une co-responsabilité… Se pose par rapport aux handicaps mentaux, soins palliatifs…Besoin d’un milieu qui soit responsable d’eux…en prolongement de ma responsabilité. La responsabilité se conçoit-elle seule en dehors d’un milieu de vie ? La famille n’est elle pas une nécessité pour le développement de la personne ? Autrement dit, une personne seule ne peut assumer le développement d’une personne fragile. La coresponsabilité devient nécessaire lorsque ma bienveillance commence a être mise en défaut. Il faut un milieu pour les malades, les enfants. La famille est plus que de la chair et du sang. C’est un corps organisé dans la logique de la responsabilité autour des êtres les plus fragiles. La co-responsabilité est le propre de l’exercice commun. Comment la co-responsabilité peut elle être le propre de la responsabilité économique et politique ? Grand défi par rapport à la : - déresponsabilisation - sur-responsabilisation Passer à la co-responsabilité Ne pas déresponsabiliser l’autre car le paternalisme est infantilisant. Clarifier la coresponsabilité dans laquelle on se trouve La responsabilité n’est pas la juxtaposition de 2 manières d’agir, mais l’engagement réciproque. Les déficiences de la responsabilité C’est un lieu dans lequel on expérimente rapidement ses propres limites. Dans quelle mesure suis-je réellement responsable ? Finalement très peu. Ne pas juger la qualité de l’engagement par les résultats, car l’autre comprend forcément un risque. Risque éducatif : ouvrir la personne à quelque chose qu’elle n’a jamais fait. 13 Ce n’est pas le médecin, mais la personne qui guérit. Avec une chose, il y a des voies déterminées de la responsabilité. Avec une personne, c’est l’improvisation perpétuelle. Organigramme : ne dit rien de la responsabilité. Chacun compense dans la réalité les déficits. La coopération, c’est du même ordre. Même les pièces mécaniques ne s’ajustent pas entre elles de manière exactement identique ! On ne conçoit pas suffisamment la responsabilité comme un engagement entre deux personnes. Evidemment, pas facile de considérer qu’on est engagé auprès de 500 personnes… L’engagement est stable, mais pas du tout les personnes. La croissance de chacun + la croissance du couple… Ne pas désespérer de l’engagement à cause de la complexité de l’exercice. Co-responsabilité est antérieure au projet commun Vraie question : découverte de la coresponsabilité des personnes les unes avec les autres comme quelque chose d’antérieur au projet commun. Unifier ce qui est avant le projet. La coresponsabilité doit être plus fondamentale que le projet. Les personnes ayant choisies d’être co-responsables, on leur confie un projet. Les personnes sont-elles embauchées pour ce qu’elles ont à faire, ou leur embauche estelle l’engagement institutionnel de leur engagement dans l’entreprise ? Est-ce que vous souhaitez travailler avec nous ? Si oui, alors, on vous embauche. Contrat précède l’engagement, ou l’engagement précède le contrat ? L’embauche n’est elle pas la concrétisation d’une envie de travailler ensemble ? (sinon c’est du mercenariat et il faut prévoir un arsenal juridique). Discernement de la responsabilité des personnes dans le « modèle du mercenaire ». Vous ne discutez pas le projet, vous appliquez. Inhumain. Abstraction du fait qu’ils sont avec d’autres personnes humaines. Pallier les déficits de la responsabilité. La véritable raison de cette démarche, c’est l’efficacité dans le court terme. La seule intelligence pertinente aujourd’hui, c’est le court terme ! La Chine capable de gérer le LT et le CT…va être une « machine à tuer » !!! Philosophie…jeu de Go. On pose un pion…rien de moins intelligent. L’éternité leur appartient. A toujours été un acquis. L’irresponsabilité des hommes politiques, c’est le sondage. Une sorte de seconde colonisation se vit actuellement, grâce à l’université, au capitalisme (organisation libérale) et aux médias (culture). Seule alternative au modèle chinois, la co-responsabilité, l’ouverture à l’être, je m’ouvre à la sagesse en m’ouvrant à l’autre ; et en même temps, c’est vrai dès le court terme. Le chemin qui mène à l’autre a été découvert par l’occident et perdu par les religieux au XVe siècle. En perdant le chemin vers l’autre, on perd le chemin vers soi et vers Dieu. Merleau Ponty, Lévinas, mais aussi Marie Dominique Philippe et Karol Wojtyla ont réouvert cette voie. Viser l’éternité dans l’engagement à autrui. C’est dans la personne qu’il y a quelque chose de véritablement éternel. Premier pas vers la sagesse. La sagesse, l’intelligence de l’éternel dans l’instant. La relation à l’autre ouvre sur l’infini dans l’instant. 14 Développement communautaire de l’intelligence analogique – création de réseaux Etant donné la complexité du conditionnement, il n’y a pas trop d’une véritable intelligence collective. Notre monde est dans la confusion mentale et affective. La coresponsabilité simplifie. Porte d’abord sur le développement communautaire d’une intelligence analogique, qui ne s’enferme pas dans un concept, et qui discerne les points d’articulation de la complexité. Générer la confiance pour assumer des situations complexes et critiques. Le sage ne suffit plus il faut s’y mettre à plusieurs. Développement d’un réseau de confiance, de co-responsabilité qui excède l’entreprise. Création de réseaux fondés sur la co-responsabilité. L’institution doit présenter le même visage à des milliers de gens. Problème de l’Encyclique. Le réseau de communication social doit être devancé par celui de la communication inter-personnelle, intelligente et analogique. Passage des réseaux institutionnels aux réseaux interpersonnels Problème de la DSE…Qui lit la Doctrine sociale de l’Eglise ? Comment la comprendre : par un réseau de réflexion de type philosophique. Plein de sagesse, mais difficilement recevable en dehors d’un milieu de vie. Passer du réseau institutionnel au réseau personnel (les jeunes et internet l’ont bien compris). Les corporations, c’était ça, la tribu, la famille… Principe de subsidiarité ne se comprend jamais à partir du sommet. L’institution ne peut le comprendre. C’est ascendant. Tout ce que je peux faire, je l’assume. Quand vous voyez ce dont les gens sont capables, le quatrième degré hiérarchique dans les institutions n’est pas nécessaire. L’intelligence du réseau coresponsable serait plus intelligente que l’institution qui est univoque. Comprendre ensemble de façon existentielle et concrète. Les réseaux institutionnels ne fonctionnant plus, passer au réseau personnel. Le réseau est un lieu d’apprentissage intrinsèque. Le propre du réseau humain : se découvrir proches les uns des autres. Apprentissage de l’intelligence de la complexité et développement d’une responsabilité capable de l’assumer. Ces réseaux se développent dans l’entreprise. Fédération Française du Bâtiment. Souhaite devenir un réseau. Forme d’un réseau informel. Pas organisé. Dans le monde associatif aussi. Celui qui a un véritable engagement humanitaire se découvre proche des autres. Question de la fragilité humaine Monde contemporain l’est plus que les autres civilisations traditionnelle, car est globalement dans un milieu de vie artificiel…propose richesse excessive, la sollicite dans toutes ses dimensions. Le monde propose tout. Kit de A à Z. Personne humaine…Le monde les « zorblondisent »… Angoisse par rapport à la responsabilité. Le monde contemporain fragilise la personne à tous les niveaux de son identité. Le monde nous veut tellement notre bien qu’il nous formate. La fragilité découle des surconditionnements. Nul ne peut prétendre assumer la responsabilité qui est la sienne. Il est nécessaire de s’appuyer les uns sur les autres pour être responsables ensemble avec Dieu qui nous rencontre au cœur de la fragilité responsable. Le monde doit perdre sa prétention à sa responsabilité divine assumée depuis les romains. L’Eglise devient un partenaire de l’humanité fragile et responsable. Aujourd’hui, nul ne peut prétendre assumer vraiment la responsabilité qui est la sienne. Ne peut qu’espérer l’assumer. La fragilité nous met dans une humilité plus grande. Transformation de mon humilité en espérance : m’appuyer sur les autres, les circonstances, la Providence. Nous rapproche de Dieu. Le monde perd sa prétention divine à la responsabilité (hérité de l’Empire romain). L’Eglise devient un partenaire de la responsabilité que les hommes essaient de vivre. Différence fragilité – faiblesse L’homme est intrinsèquement fragile. Il a essayé de supprimer la faiblesse, en vain. Car sous la faiblesse, il y a la fragilité qui ne se gère pas. 15 Voir Jérémie…Dieu se complaît dans sa faiblesse, car c’est là qu’apparaît sa fragilité (rempart de bronze est analogique). D’où la nécessité de se faire aider…Jeanne d’Arc a été un rempart de bronze… L’épreuve d’entrée dans la fragilité est l’entrée dans la question théologique. L’homme souhaite neutraliser sa corporéité (…Matrix), car le corps a toujours des limites. Notre monde nous éloigne de la réalité. Nous ne faisons plus l’expérience de nous. Le monde met à vif la fragilité et la corrompt en faiblesse. L’originalité humaine c’est sa fragilité. L’expérience où la fragilité est bienvenue est la relation à l’autre. Nous sommes heureux que nos amis soient fragiles. Notre fragilité résulte de l’alliance entre un corps et un esprit. Elle est constitutive de la nature humaine. C’est une caractéristique positive de l’homme. La fragilité est positive. Elle ne se gère pas. C’est un cadeau d’être fragile. Sans fragilité, nous serions sourds à l’amour de Jésus. Comment le Christ se porte-t-il responsable de nous-mêmes ? Développer une intelligence de la fragilité qui donne lieu à une responsabilité nouvelle. Bibliographie : Contes et légendes au pays du management – Sandra Bellier – Vuibert (Voir aussi le dernier sur l’anticipation) Le temps de la responsabilité - Fayard 91… Hans Jonas – le principe responsabilité - 79 La Boétie : Traité de la servitude volontaire J. Baudrillard : la société de consommation, l’échange symbolique et la mort » 16