Approches Statistiques de la Dynamique des Systèmes Microbiologiques Complexes
Application à la Maîtrise des Risques Alimentaires
1. Question de recherche et contexte scientifique
Les systèmes biologiques considérés dans ce projet concernent les systèmes de type
alimentaire constitués de colonies bactériennes en interaction, hôtes souhaités ou non, des
aliments en cours de fabrication ou de conservation. Ils correspondent en particulier aux
systèmes pathogènes pour le consommateur (e.g. Listeria, pathogène cible de ce projet).
La « complexité » de ces systèmes est à la fois de nature structurelle (écosystèmes) et de
nature fonctionnelle, conséquence de la distribution de leur dynamique selon au moins trois
niveaux hiérarchiques que l’on peut approximativement résumer par
un niveau externe, seul accessible aux mesures (comptages en milieu de culture après
prélèvement et séries de dilutions).
un niveau intermédiaire, correspondant aux dynamiques de croissances ou
décroissances bactériennes proprement dites, non mesurables dans le substrat alimentaire
considéré, mais a priori modélisables sous forme de modèles stochastiques dits
primaires.
un niveau plus profond, caractérisé par des variables cinétiques qui conditionnent les
dynamiques précédentes, et elles-mêmes résultats d’interactions de différents facteurs
biotiques et abiotiques (conditions de milieux). Ces éléments cinétiques peuvent quelques
fois être modélisables sous forme de modèles stochastiques dits secondaires.
Ces caractéristiques fonctionnelles rendent toute modélisation prédictive de ces
dynamiques bactériennes par les approches classiques (e.g. moindres carrés non linéaires),
particulièrement difficile sinon impossible.
L’objectif de ce projet à moyen terme est d’étudier le développement d’approches
statistiques originales de ces systèmes dynamiques complexes, permettant leur identification
paramétrique et l’estimation des densités prédictives de l’évolution des concentrations
bactériennes dans le substrat d’intérêt. Et ce, dans un but de supervision, de détection et de
prévention des risques de prolifération critique des agents pathogènes.
En s’appuyant sur ces premiers résultats, et à plus long terme, ce projet devrait se
prolonger par la caractérisation et la formalisation des hiérarchies d’interactions dynamiques
complexes (inhibitions, synergies, régulations et auto-régulations) entre espèces bactériennes
co-existantes dans le substrat considéré, du point de vue de leur pathogénéicité.
Ce projet associe étroitement dimension statistique et dimension microbiologique,
notamment dans l’étude et l’optimisation des procédures de recueil de mesures (comptages).
2. Etat de l’art
Aujourd’hui, les microbiologistes appartenant au domaine de la microbiologie prévisionnelle,
font face à des difficultés importantes d’appréhension des grandeurs d’intérêt (typiquement les
vrais effectifs des bactéries en bouillon de culture ou dans un aliment véritable) d’une part, et
d’estimation des paramètres cruciaux (typiquement les températures et les pH, minima, optima
et maxima) conditionnant la croissance ou la non croissance bactérienne, d’autre part. Ces
difficultés les contraignent à se concentrer sur des approches de modélisation largement
incomplètes et insuffisantes pour expliquer et prédire l’évolution des populations
bactériennes. Ainsi, l’aspect dynamique est pris en compte uniquement quand on observe
l’évolution d’une population bactérienne à une température fixée, un pH fixé, une activité de
l’eau fixée, etc…et non pas quand ces précédents facteurs, dits environnementaux, varient
dans le temps. On peut facilement imaginer que considérer la variation dans le temps du
facteur température peut améliorer grandement la qualité de la prévision d’un modèle de