Association des Enseignants de Biochimie et Biologie Moléculaire des Facultés de Pharmacie AE2BM Association des Enseignants-Chercheurs en Biologie Cellulaire et Biologie Moléculaire des Facultés de Pharmacie de Langue Française EXON JOURNEES SCIENTIFIQUES ET PEDAGOGIQUES Athérosclérose et Athérothrombose Lille – 9 et 10 septembre 2004 Résumés des Communications - Epidémiologie de l'athérothrombose Thierry BROUSSEAU. Inserm unité 508, Biochimie, Université Lille 2 Initialement centrée sur l'accumulation de lipides dans la paroi artérielle, la description de l'athérogenèse évoque actuellement un mécanisme chronique très dynamique impliquant, de l'étape d'initiation aux stades les plus évolués des lésions vasculaires, de multiples interactions cellulaires et moléculaires. Des processus équivalents sont progressivement identifiés dans la phase aiguë, thrombotique, de la maladie déclenchés par la rupture de la plaque. Cette connaissance élargie des mécanismes moléculaires de l'athérothrombose est accompagnée d'une évolution de l'étude épidémiologique des facteurs de risque impliqués à toutes les étapes de la maladie. En particulier, les données issues d'études épidémiologiques d'envergure internationale ont conduit les sociétés savantes à affiner les recommandations en termes de prévention primaire et secondaire de l'athérothrombose, dont les cibles restent, à l'heure actuelle, des facteurs de risque de type environnementaux. Dans ce contexte, l'épidémiologie génétique participe, par une approche originale, à cette recherche des mécanismes moléculaires et de leurs impacts respectifs sur les composantes chronique et thrombotique de la maladie. Elle devrait, à terme, permettre une optimisation des stratégies de prévention et d'abord thérapeutique en contribuant à l'identification de groupes de patients constitutionnellement susceptibles de bénéficier, dans les meilleures conditions, de ces prises en charge. - Stress oxydant et athérosclérose Dominique BONNEFONT-ROUSSELOT, JL BEAUDEUX, P THEROND, J PEYNET, J DELATTRE, A LEGRAND. EA3617, Biochimie, Université Paris V L’implication du stress oxydant dans l’athérogenèse et dans la progression des lésions d’athérosclérose est désormais bien établie. Les espèces réactives de l’oxygène (ERO : O2·-, H2O2, ·OH) peuvent être produites dans les différents types cellulaires de la paroi vasculaire (cellules endothéliales, monocytes-macrophages, cellules musculaires lisses), notamment lorsque ces cellules sont activées. Le déséquilibre entre production et neutralisation des ERO provoque un stress oxydant qui induit la formation de lipoprotéines oxydées, en particulier de LDL oxydées, participant au développement des lésions. En outre, ce stress oxydant, favorisé par certains facteurs tels que l’angiotensine II ou l’hyperglycémie rencontrée au cours du diabète, provoque un déséquilibre redox responsable d’une modification des fonctions cellulaires, par le biais d’une modulation des voies de signalisation intracellulaires redox-sensibles. Parmi les stimuli de la production d’ERO, on peut citer les facteurs activant les NAD(P)H oxydases des cellules vasculaires ou la chaîne respiratoire mitochondriale, mais aussi les facteurs diminuant la biodisponibilité du monoxyde d’azote ·NO (formation de peroxynitrite ONOO- par réaction avec O2·-, piégeage du ·NO par les produits de glycation avancée chez les sujets diabétiques, ou découplage de la NO-synthase endothéliale), et responsables d’un dysfonctionnement endothélial. La modulation des voies de signalisation redox-sensibles favorise la libération de facteurs proinflammatoires ou de facteurs de prolifération cellulaire, et induit des processus d’apoptose ou de nécrose, dont on sait qu’ils participent à l’évolution de la lésion artérielle. - Influence des caractéristiques de la membrane plasmique dans le stress oxydant induit par l'éthanol. Odile SERGENT. Biologie Cellulaire, Université de Rennes Le stress oxydant généré dans les hépatocytes peut participer à l'installation de la maladie alcoolique du foie. Il est donc important de bien caractériser les mécanismes de développement du stress oxydant par l'éthanol. Les relations entre l'effet fluidifiant de la membrane plasmique par l'éthanol et le stress oxydant sont toujours inconnus. Au cours de ce travail, la fluidité de la membrane plasmique des hépatocytes est donc étudiée par résonance paramagnétique électronique (RPE) après inhibition du stress oxydant induit par l'éthanol tandis que le stress oxydant (peroxydation lipidique et génération d'espèces activées de l'oxygène) est évalué après incorporation d'agents stabilisants des membranes [acide ursodésoxycholique ou ganglioside GM1] ou de composés fluidifiants comme le tween 20 ou l'A2C. Nos résultats suggèrent que le métabolisme de l'éthanol et les espèces activées de l'oxygène sont impliquées dans l'élévation précoce de la fluidité de la membrane plasmique et que secondairement, cette augmentation de fluidité peut potentialiser la production d'espèces activées de l'oxygène. Grâce à la RPE, nous avons également montré que la fluidité membranaire favorise la production d'espèces activées de l'oxygène en entraînant une élévation du contenu cellulaire en fer actif, catalyseur des réactions de production d'un radical très réactif, le radical hydroxyle. Par la suite, nous nous sommes intéressés à certains microdomaines de la membrane plasmique, les radeaux lipidiques, puisqu'il se révèle, à l'heure actuelle, que la membrane plasmique est partagée en microdomaines de fluidité variable, les radeaux lipidiques étant des domaines à fluidité réduite. Sous l'effet de l'éthanol, ceux-ci subissent des modifications de fluidité ainsi que des altérations oxydatives, le traitement par l'éthanol entraînant la formation de ponts disulfures. En outre, des travaux préliminaires semblent montrer leur implication dans le stress oxydant induit par l'éthanol. En conclusion, ces résultats soulignent le rôle pivot de la fluidité de la membrane plasmique dans le stress oxydant induit par l'éthanol. - Apolipoprotéines C-III et E chez les patients infectés par le VIH : l’étude APROCOTM Jean-Marie BARD, pour le groupe d'étude APROCO. Biochimie, Université de Nantes Les thérapeutiques hautement actives contre le VIH provoquent des modifications morphologiques et métaboliques chez les patients traités. On observe notamment une redistribution des graisses, appelée lipodystrophie et des perturbations du métabolisme des glucides et des lipides, avec principalement une insulinorésistance et/ou une hyperlipidémie pouvant se présenter sous la forme d’une hypercholestérolémie, d’une hypertriglycéridémie ou d’une hyperlipidémie mixte. Chez le sujet non infecté obèse ou insulinorésistant, ces perturbations métaboliques peuvent être associées à une accumulation de lipoprotéines enrichies en apolipoprotéines (apo) C-III et E. Nous avons donc déterminé, chez 189 sujets de la cohorte APROCO, la relation entre la concentration plasmatique de ces apolipoprotéines et la présence d’une anomalie du métabolisme des lipides ou des glucides ou les symptômes de lipodystrophie. La présence d’une hypercholestérolémie et/ou d’une hypertriglycéridémie est associée à une augmentation de la concentration des apo C-III et E présente à la fois dans les HDL et les lipoprotéines non HDL. Les sujets ont également été séparés sur la base de la sévérité de leur perturbation du métabolisme glucidique. On observe ainsi une augmentation progressive de l’apo C-III associée ou non aux HDL avec la sévérité des perturbations glucidiques. De la même manière, les sujets présentant les critères de diagnostic du syndrome métabolique subissent une augmentation de cette apolipoprotéine par rapport aux sujets ne présentant pas ces critères. Contrastant avec ces résultats, l’apo E n’est pas modifiée lorsque le syndrome métabolique est présent. Lorsque des signes de lipodystrophie sont présents, l’apo C-III associée ou non aux HDL est augmentée. Une régression logistique multiple permet même de démontrer que cette association aux signes de lipodystrophie est indépendante des autres paramètres du métabolisme lipidique, notamment les triglycérides et les HDL. Ces résultats suggèrent que le développement des anomalies du métabolisme des lipides et des glucides au cours du traitement de l’infection par le VIH, s’accompagne de modifications de la concentration de l’apo C-III et, dans une moindre mesure, de l’apo E. Ces modifications reflètent vraisemblablement de profonds remaniements de la composition des lipoprotéines circulantes. Ces modifications sont étroitement reliées aux signes de lipodystrophie et d’insulinorésistance. - Signalisation par LRP : Contrôle de la prolifération cellulaire et protection contre l'athérosclérose Philippe BOUCHER. UMR-CNRS 7034, Biochimie, Université de Strasbourg L’athérosclérose se caractérise par un dysfonctionnement endothélial, une inflammation, une accumulation de lipides dans la paroi artérielle et une prolifération vasculaire. Au début des années 90’s, R. Ross et al. démontrent que le platelet-derived growth factor (PDGF) induit la prolifération des VSMC. Récemment, nous avons pu montrer que le récepteur du PDGF (PDGFRb) co-précipitent dans un même complexe avec le LDL receptor-related protein (LRP) et que la formation de ce complexe induit la phosphorylation du domaine cytoplasmique du LRP. Afin d’examiner le rôle de ce récepteur dans la formation des lésions athéroscléreuses, nous avons supprimé son expression au niveau des VSMC. Les animaux déficients en LRP au niveau des VSMC présentent une hyperplasie sévère de la paroi des vaisseaux et une hypersusceptibilité à développer des lésions athéroscléreuses. La prolifération des VSMC s’accompagne d’une hyperactivité de la voie du PDGF et du transforming growth factor-b (TGFb). Le traitement de ces animaux par le Gleevec®, un inhibiteur de la voie du PDGF, ou par la rosiglitazone, un agoniste du récepteur nucléaire PPARg, inhibiteur de la voie de TGFb, diminue l’hyperplasie et la formation des lésions d’environ 50% dans l’aorte et pratiquement complètement dans les artères mésentériques. Ainsi, le contrôle de la voie du PDGF et de TGFb est un des mécanismes par lequel LRP protège contre l’athérosclérose. - PPARs et athérosclérose Bart STAELS. Inserm unité 545, Biologie Cellulaire, Université de Lille 2 Les maladies cardiovasculaires (MCV) sont devenues l’une des causes majeures de mortalité dans les sociétés occidentales. Des nombreux facteurs de risque sont associés à ces pathologies, parmi lesquelles le diabète, l’obésité, la résistance à l’insuline, les dyslipidémies et l’hypertension. La prise en charge de ces pathologies est devenue un enjeu majeur de santé publique et tout un arsenal thérapeutique a été développé afin de lutter efficacement contre ces anomalies. Les fibrates permettent de corriger efficacement les dyslipidémies et diminuent le risque d'accidents cardiovasculaires. Les thiazolidinediones (TZD) ou glitazones, agissent efficacement sur le diabète en augmentant la sensibilité à l’insuline et diminuant la glycémie. Ces deux familles de médicaments agissent au niveau moléculaire en activant les récepteurs nucléaires Peroxisome ProliferatorActivated Receptors (PPARs). Ces récepteurs nucléaires jouent un rôle central dans la régulation du métabolisme lipidique et le contrôle de la glycémie.