À l'heure actuelle, l'une des questions qui nous préoccupe le plus dans tout le continent américain, et
qui fait partie du débat sur la qualité de la démocratie, est constituée par les revers infligés à la liberté
syndicale et la négociation collective. En effet, certains pays dotés de forces sociales et syndicales
insuffisantes sont à la merci de leurs gouvernements et ces pays et gouvernements sont à leur tour à la
merci des intérêts économiques qui, comme nous le savons, ne sont pas orientés vers le bien commun
mais vers l'intérêt et le gain, ce qui contribue parfois au bien commun mais pas obligatoirement.
La liberté syndicale et la négociation collective sont des droits essentiels pour toute organisation
syndicale ; ce sont des droits qui doivent être protégés et respectés, et toute action menée par des
acteurs privés ou des gouvernements et qui leur porte atteinte directement ou indirectement doit être
considérée comme une violation grave des droits de la personne et les auteurs doivent être
sanctionnés. Malheureusement, dans le continent américain, les décennies néolibérales et récemment
la crise financière et économique ont donné lieu à des mécanismes, normes et mesures qui portent
atteinte à ces droits et ont diminué la capacité qualitative et quantitative du syndicalisme à défendre
les droits des travailleurs des Amériques. Nous dénonçons devant les ministres du travail des
Amériques les "contrats de protection patronale" au Mexique, les "contrats syndicaux" en Colombie,
le "solidarisme" au Costa Rica et dans d'autres pays d'Amérique centrale, les formes promotionnelles
de coopératives (qui ouvrent le champ à une mauvaise utilisation de ces formules dans plusieurs pays,
à commencer par la Colombie), les assassinats et la violence perpétrés contre les dirigeants syndicaux
au Guatemala, au Honduras, en Colombie et dans d'autres pays. Il en est de même des lois contre la
négociation par secteur au Chili, l'externalisation et la sous-traitance endémique à travers la région
ainsi que les mesures directes contre les syndicats qui sont encouragées au Panama, au Canada et
dans certains États des États-Unis.
Il existe actuellement une hypocrisie constante et persistante : dans les discours, on dit une chose et,
dans les mesures prises par les États, on en fait une autre : dans tous les cas de figure, il existe une
absence constante de dialogue social réel dans la région. C'est la raison pour laquelle nous
demandons non pas un dialogue social quelconque mais un dialogue social qui encourage la
réalisation de nos droits, le respect de nos textes constitutifs et la négociation collective assortie de
liberté syndicale, ce qui nous servira de feuille de route vers le respect du patrimoine que constituent
les droits des travailleurs.
Au vu de tout ce qui précède, le mouvement syndical des Amériques appelle les ministres du travail
des Amériques à entamer à partir de la présente CIMT les trois processus essentiels ci-après :
1- Un débat profond avec la participation du syndicalisme des Amériques sur les sorties de crise
et leurs mesures concrètes ainsi que sur le caractère du modèle de développement que nous
souhaitons pour nos pays. Dans ce débat, l'un des axes principaux sera la Conférence Rio+20,
durant laquelle le mouvement syndical sera présent et actif ; le mouvement invite les